Skip to main content

Full text of "Enquête sur la condition des classes ouvrières et sur le travail des enfants"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  thaï  was  preservcd  for  générations  on  library  shclvcs  before  il  was  carcfully  scanncd  by  Google  as  part  of  a  projecl 

to  makc  the  workl's  books  discovcrable  online. 

Il  lias  survived  long  enough  for  the  copyright  lo  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  publie  domain  book  is  one  thaï  was  never  subjeel 

lo  copyright  or  whose  légal  copyright  lerni  lias  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  locountry.  Public  domain  books 

are  our  gateways  lo  the  past.  representing  a  wealth  of  history.  culture  and  knowledge  thafs  oflen  dillicull  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  marginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  lile  -  a  reminder  of  this  book's  long  journey  from  the 

publisher  lo  a  library  and  linally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  lo  digili/e  public  domain  malerials  and  make  ihem  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  wc  are  merely  iheir  cuslodians.  Neverlheless.  ihis  work  is  ex  pensive,  so  in  order  lo  keep  providing  ihis  resource,  we  hâve  taken  sleps  to 
prevent  abuse  by  commercial  parties,  iiicluciiiig  placmg  lechnical  restrictions  on  aulomaied  querying. 
We  alsoasklhat  you: 

+  Make  non -commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals.  and  we  reuuest  lhat  you  use  thesc  files  for 
pcrsonal,  non -commercial  purposes. 

+  Refrain  from  autoiiiatcil  (/uerying  Donot  send  aulomaied  uneries  of  any  sort  lo  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  characler  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  large  amount  of  texl  is  helpful.  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  malerials  for  thèse  purposes  and  may  bc  able  to  help. 

+  Maintain  attribution  The  Google  "watermark"  you  see  on  each  lile  is  essential  for  informing  people  about  this  projecl  and  hclping  them  lind 
additional  malerials  ihrough  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use.  remember  thaï  you  are  responsible  for  ensuring  lhat  whai  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
becausc  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  Uniied  Staics.  thaï  the  work  is  also  in  ihc  public  domain  for  users  in  other 

counlries.  Whelher  a  book  is  slill  in  copyright  varies  from  counlry  lo  counlry.  and  we  can'l  offer  guidanec  on  whelher  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  thaï  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringemenl  liabilily  can  bc  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google 's  mission  is  lo  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.  Google  Book  Search  helps  readers 
discover  ihe  world's  books  wlulc  liclpmg  aulliors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  eau  search  ihrough  llic  lïill  lexl  of  this  book  un  ilic  web 
al|_-.:.  :.-.-::  /  /  books  .  qooqle  .  com/| 


Google 


A  propos  de  ce  livre 

Ceci  est  une  copie  numérique  d'un  ouvrage  conservé  depuis  des  générations  dans  les  rayonnages  d'une  bibliothèque  avant  d'être  numérisé  avec 

précaution  par  Google  dans  le  cadre  d'un  projet  visant  à  permettre  aux  internautes  de  découvrir  l'ensemble  du  patrimoine  littéraire  mondial  en 

ligne. 

Ce  livre  étant  relativement  ancien,  il  n'est  plus  protégé  par  la  loi  sur  les  droits  d'auteur  et  appartient  à  présent  au  domaine  public.  L'expression 

"appartenir  au  domaine  public"  signifie  que  le  livre  en  question  n'a  jamais  été  soumis  aux  droits  d'auteur  ou  que  ses  droits  légaux  sont  arrivés  à 

expiration.  Les  conditions  requises  pour  qu'un  livre  tombe  dans  le  domaine  public  peuvent  varier  d'un  pays  à  l'autre.  Les  livres  libres  de  droit  sont 

autant  de  liens  avec  le  passé.  Ils  sont  les  témoins  de  la  richesse  de  notre  histoire,  de  notre  patrimoine  culturel  cl  de  la  connaissance  humaine  cl  sont 

trop  souvent  difficilement  accessibles  au  public. 

Les  notes  de  bas  de  page  et  autres  annotations  en  marge  du  texte  présentes  dans  le  volume  original  sont  reprises  dans  ce  fichier,  comme  un  souvenir 

du  long  chemin  parcouru  par  l'ouvrage  depuis  la  maison  d'édition  en  passant  par  la  bibliothèque  pour  finalement  se  retrouver  entre  vos  mains. 

Consignes  d'utilisation 

Google  est  fier  de  travailler  en  partenariat  avec  des  bibliothèques  à  la  numérisation  des  ouvrages  appartenant  au  domaine  public  cl  de  les  rendre 
ainsi  accessibles  à  tous.  Ces  livres  soni  en  effet  la  propriété  de  tous  et  de  toutes  cl  nous  sommes  tout  simplement  les  gardiens  de  ce  patrimoine. 
Il  s'agit  toutefois  d'un  projet  coûteux.   Par  conséquent  et  en  vue  de  poursuivre  la  diffusion  de  ces  ressources  inépuisables,  nous  avons  pris  les 

dispositions  nécessaires  afin  de  prévenir  les  éventuels  abus  auxquels  pourraient  se  livrer  des  sites  marchands  tiers,  notamment  en  instaurant  des 
contraintes  techniques  relatives  aux  requêtes  automatisées. 
Nous  vous  demandons  également  de: 

+  Ne  pas  utiliser  les  fichiers  à  des  fins  commerciales  Nous  avons  conçu  le  programme  Google  Recherche  de  Livres  à  l'usage  des  particuliers. 
Nous  vous  demandons  donc  d'utiliser  uniquement  ces  fichiers  à  des  lins  personnelles.  Ils  ne  sauraient  en  ell'et  être  employés  dans  un 
quelconque  but  commercial. 

+  Ne  pas  procéder  à  des  requêtes  automatisées  N'envoyez  aucune  requête  automatisée  quelle  qu'elle  soit  au  système  Google.  Si  vous  effectuez 
des  recherches  concernant  les  logiciels  de  traduction,  la  reconnaissance  optique  de  caractères  ou  tout  autre  domaine  nécessitant  de  disposer 
d'importantes  quantités  de  texte,  n'hésite/  pas  à  nous  contacter.  Nous  encourageons  (tour  la  réalisation  de  ce  type  de  travaux  l'utilisation  des 
ouvrages  et  documents  appartenant  au  domaine  public  et  serions  heureux  de  vous  être  utile. 

+  Ne  pas  supprimer  l'attribution  Le  filigrane  Google  contenu  dans  chaque  fichier  est  indispensable  pour  informer  les  internautes  de  notre  projet 
et  leur  permettre  d'accéder  à  davantage  de  documents  par  l'intermédiaire  du  Programme  Google  Recherche  de  Livres.  Ne  le  supprimez  en 
aucun  cas. 

+  Rester  dans  la  légalité  Quelle  que  soit  l'utilisation  que  vous  comptez  faire  des  fichiers,  n'oubliez  pas  qu'il  est  de  votre  responsabilité  de 
veiller  à  respecter  la  loi.  Si  un  ouvrage  appartient  au  domaine  public  américain,  n'en  déduisez  pas  pour  autant  qu'il  en  va  de  même  dans 
les  autres  pays.  La  durée  légale  des  droits  d'auteur  d'un  livre  varie  d'un  pays  à  l'autre.  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  mesure  de  répertorier 
les  ouvrages  dont  l'utilisation  est  autorisée  et  ceux  dont  elle  ne  l'est  pas.  Ne  croyez  pas  que  le  simple  fait  d'afficher  un  livre  sur  Google 
Recherche  de  Livres  signifie  que  celui-ci  peut  être  utilisé  de  quelque  façon  que  ce  soit  dans  le  monde  entier.  La  condamnation  à  laquelle  vous 
vous  exposeriez  en  cas  de  violation  des  droits  d'auteur  peut  être  sévère. 

À  propos  du  service  Google  Recherche  de  Livres 

En  favorisant  la  recherche  et  l'accès  à  un  nombre  croissant  de  livres  disponibles  dans  de  nombreuses  langues,  dont  le  franoais.  Google  souhaite 
contribuer  à  promouvoir  la  diversité  culturelle  grâce  à  Google  Recherche  de  Livres.  En  effet,  le  Programme  Google  Recherche  de  Livres  permet 
aux  internautes  de  découvrir  le  patrimoine  littéraire  mondial,  tout  en  aidant  les  ailleurs  cl  les  éditeurs  à  élargir  leur  public.  Vous  pouvez  effectuer 
des  recherches  en  ligne  dans  le  texte  intégral  de  cet  ouvrage  à  l'adressefhttp  :  //books  .qooql^  .  ■:.■-;. -y] 


idB,  Google 


I 


Profcssor  Karl  ^cinridj  Kau 


PRESENTES    TO    THE 
UNIVCRSITY    Or     UICHIOAN 

2Hr.  pl}i!o  parsons 

or    DlTBOIT 


-.«vGooglc 


WfTV 
■AS" 


a»,  Google 


idB,  Google 


"Se^u.*.  (A;  ftis-Vère^e.  \'cntàïw/  I  r? 

R®VAy»tB  SE  BELeOS^E.  —  MUBHOTÈKE  DE  L'flSCTBRDEUR. 


LA  CONDITION 


CLASSES  OUVRIÈRES 


LE  YRftWWL  ©ES  INFANT* 


Réponses ,  Hémoires  et  Rapports  des  Chambres  de  commerce, 
des  Ingénieurs  des  mines  et  des  Collèges  médium. 


•  BU  X  ELLES.  —  IMPMHKBIG   DE  Tl.   LES1GNE, 

Rue  X-D.-«u«-!ïeige»,  Jardina  rt'Idalie,  4- 

184<i 


3iSii,.dB,  Google 


idB,  Google 


LA  CONDITION  DES  CLASSES  OUVRIÈRES 

M,B    TRAVAWK,  SES  JE1VFA1VT8. 


ggl;6|ttn»s  d  ^Apports 
DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

fi  &  de*  fabrique*  de  UrnxeUe». 

El  Moouaieut  te  Qouveiueut.  De  fa  pioviuce  5e  wtaiîati».. 

trotta,  li  t»  KrmHSU. 

MOHSIEUK    LK   GoUVERAEUK, 

Nous  avons  reçu,  avec  votre  dépêche  du  18  août  dernier,  les 
trente-cinq  questions  qui  tous  ont  été  adressées  par  M.  le  Ministre 
de  l'intérieur,  relatives  au  travail  des  entants  et  à  la  condition  des 
ouvriers. 

Nous  avons  compris  de  suite  l'étendue  des  difficultés  que  nous 
allions  rencontrer,  pour  résoudre  des  questions  dont  la  solution 
rationnelle  devait  nécessairement  dépendre  des  réponses  que  nous 
feraient  les  industriels  qu'il  devenait  indispensable  de  consulter. 

Nous  avons  donc  nommé  dans  notre  sein  une  commission  que 
nous  avons  chargée  de  cette  lâche  difficile. 

Dès  le  commencement  de  son  travail,  elle  a  senti  que  quelque 
rut  le  temps  considérable  qu'elle  se  proposait  d'y  consacrer,  elle  ne 
parviendrait  pas  a  mire  une  enquête  complète  sur  celle  grave 
matière,  en  j  employant  même  une  année  entière. 


*by  Google 


2        REPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

Elle  adoncété  pénétrée  de  la  nécessité  de  circonscrire  cette  enquête 
et  de  se  borner  à  entendre  les  chefs  des  principales  industries  de 
notre  ressort  ;  c'est  dans  ce  sens  qu'elle  a  dirigé  ses  investigations. 

Elle  n'a  point  été  médiocrement  étonnée  d'apprendre,  dès  ses 
premières  démarches ,  qu'elle  se  trouvait  non-seulement  sur  les 
traces  d'une  autre  commission  nommée  par  le  gouvernement  et 
qui  l'avait  précédée ,  mais  en  présence  d'une  série  de  questions 
posées  dans  le  même  but  par  l'administration  communale  de 
Bruxelles. 

Nos  délégués,  étonnés,  découragés  par  ces  circonstances,  consi- 
déraient avec  raison  leurs  démarches  comme  insolites,  et  ils  les 
eussent  abandonnées,  par  suite  de  la  répugnance  que  témoignaient 
les  industriels  de  répondre  a  des  questions  qui  leur  avaient  déjà 
été  faites  deux  fois,  s'ils  n'eussent  eu  la  conviction  qu'agissant 
au  nom  de  la  chambre  de  commerce ,  ils  pourraient  encore , 
par  son  influence,  les  déterminer  à  répondre  a  cette  troisième 
enquête  et  compléter  ainsi ,  autant  que  possible ,  les  renseigne- 
ments dont  le  gouvernement  désir*  s'entourer. 

Notre  commission  ayant  comparé  les  questions  posées  par  le  gouver- 
nement avec  celles  envoyées  à  domicile  par  l'administration  la  Aie, 
a  cru  devoir  donner  la  préférence  à  celles-ci ,  parce  que  celles  du 
gouvernement,  trop  générales,  eussent  mis  les  industriels  dans 
l'impossibilité  d'y  répondre,  tandis  que  les  autres  leur  permettaient 
d'en  faire  une  application  directe  au  genre  d'industrie  que  chacun 
d'eux  professe. 

C'est  donc  dans  cet  ordre  que  le  rapport  de  nos  délégués  a  été 
conçu ,  et  pour  qu'il  présentât  toute  la  clarté  désirable ,  ils  ont 
consigne  à  chaque  question  les  réponses  qui  leur  ont  été  faites  par 
chacun  des  industriels  consulté.!, 

1"  question. —  Quel  est  te  nombre  d'ouvriers  des  deux  sexes  que 
vous  employez? 

KÉPOHSE-  —  Ii6  principal  établissement  consacré  à  la  ruba- 
nerie ,  au  tissage  de  la  laine  et  de  m  soie ,  occupe  : 

t«l  KMM.  Toru.. 

Au-dessous  de  8  ans 20  0  S* 

De    9  à  12 SU  3  35 

De  12  a  16 39  19  58 

De  16  à  21 20  19  39 

De  21  et  au-dessus ISS  27  160 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  3 

L'unique   fabricant  de  tuile  que  nous  possédons  dans   notre 


De   8  à  12  an *  30  30 

De12  k  16  ans »  10        ►        10 

De  21  et  au-dessus.    .....        16  14  30 

~7Ô" 

Les  deux  chefs  d'ateliers  de  mécaniques  consultes  ont  répondu, 
savoir  le  premier  t 

■MM.  RU*.  TotlL. 

De  12  à  16  ut 2  •  2 

De  16  a  20  soi 30  »  30 

De  21  sus  et  au-dessus.   ....      170  ,     *  170 

202 
Le  second  : 

De   »  a  12  au 2  »  2 

De  12  à  16 2  »  2 

De  16  à  21 4  »  4 

De  21  et  au-dessus 61  »  61 

6» 

Nous  n'aTons  qu'une  filature  de  lin  dans  notre  ressort ,  et  elle 
emploie  quatre  cent  trente-six  ouvriers,  classés  comme  suit  : 

(■H.  tmwm.  l'ont. 

De    0  a  12  ans 3  29  32 

De  12  a  16 3  60  65 

De  16  à  21 4  147  1»! 

De  21  et  au-dessus 66  124  190 

«6 
La  ganterie,  dont  un  seul  établissement  emploie  à  l'extérieur  de 
trois  cent  cinquante  à  quatre  cents  ouvriers  et  ouvrières,  n'a  pu 
répondre  à  la  première  question ,  parce  que  la  presque  totalité, 
comme  on  le  voit,  travaillent  ou  chez  eux,  a  la  campagne  ou  dans 
de  petites  villes  plus  ou  moins  éloignées. 

Le  chef  de  l'une  de  nos  principales  manufactures  de  papiers 
peints  nous  a  déclaré  employer  trente-trois  ouvriers  du  sexe  mas- 
culin ,  savoir  : 

De   8  a  13  ans 3 

De  12  a  19 10 

De  21  etau-dessus 20 

33 


^y  Google 


4        RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

Les  fabriques  de  papier  sont  comptées  parmi  celles  qui,  par  les 
procédés  nouveaux,  ont  réduit  le  nombre  de  leurs  ouvriers,  comme , 
nous  aurons  occasion  de  le  remarquer  plus  tard  :  celle  qui  nous 
occupe  ici  emploie  aujourd'hui  : 

ltnau.  Feamo".  Terni. 

Au-dessous  de  9  ans 2  ■  2 

De    9  a  12 2  »  2 

De  21  et  au-dessus 12  45  S7 

L'industrie  dentellière  qui  a  acquis,  à  juste  litre,  une  célébrité 
européenne,  et  qui  occupe  dans  Bruxelles  seulement  de  mille  à 
douze  cents  ouvrières  (1),  n'a  pu  répondre  à  la  première  question, 
parce  qu'aucun  chef  d'atelier  ne  les  emploie  directement  chez  lui, 
et  qu'ainsi  elles  travaillent  toutes  chez  elles  (2).  Le  plus  grand 
nombre  se  trouve  dans  les  quartiers  de  la  rue  Haute,  vers  les 
portes  de  Schaerbeék  et  de  Flandre,  où  nos  délégués  se  sont  rendus 
jusque  dans  les  plus  misérables  réduits,  pour  obtenir  les  rensei- 
gnements qui  se  trouvent  ci-après. 

L'impression  des  indiennes  est  une  branche  industrielle  irès- 
développée  dans  notre  arrondissement ,  mais  nous  ne  consignons 
ici  que  la  réponse  de  l'un  de  nos  principaux  fabricants  qui  occupe 
cent  quarante-sept  ouvriers,  répartis  comme  suit  : 

!«■«.  loua.  Total. 

De    9  •  12  ans 15  »  15 

Del2  à  1B 10  »  10 

De  16  à  21.     ......    .         3  7  10 

De  21  et  au-dessus 102  10  412 

147 
L'impression  des  foulards,  de  la  soie  et  de  la  mousseline  de  laine, 
est  une  industrie  toute  nouvelle  qui  emploie  soixante  et  dix  ouvriers, 
classés  dans  l'ordre  suivant  : 

Ututs.  Te— m.  Toru- 

De  9  a  12  ans.  .....    .       23    .  »  25 

De  12  à  10.    . »  4  4 

Dcl6  à  21 3  »  3 

De  21  et  au-dessus.    .....        38  »  38 

70 

(1)  D  J  a  erreur  dam  cette  évaluation.  Le  nombre  de<  dentellière*  i  Bruiellei 
peut  être  ênluê  i  troii  on  quetre  mille.  (Note  du  rapporteur  de  la  CommuttOH 
inilùuée  par  le  gouvernetiunt.) 

(2)  Pii  toute!,  maii  la  plupart.  Quelque»  fabricant!  emploient  chai  oui  un  cer- 
tain nombre  d'ouTrière*.  11  exiite  auiii  pluiieuri  ecolei  ou  atelier*  d'apprentiuage, 
où  le*  dentellière*  tont  réunie*  en  plu*  ou  moïni  grand  nombre,  (/rf.) 


3l<  i,.dB,  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  5 

Le»  imprimeurs  en  caractères  n'occupent  que  très-peu  d'enfants; 
on  eu  trouve  rarement  plus  de  deux  ou  trois  dans  une  imprimerie, 
et  bien  qu'ils  portent  le  titre  d'apprentis ,  on  ne  s'en  sert  généra- 
lement que  pour  faire  les  commissions. 

L'établissement,  de  teinturerie  que  nous  avons  visité  emploie 
soixante  ouvriers,  qui  se  classent  de  la  manière  suivante  : 

ÏWO.  ÏIBIM.  loin. 

De   9  à  13  ans 3  »  3 

Delà  à  16 5  »  5 

Delfi.  à  21 18  3  21 

De  21  et  au-dessus 29  2  31 

60 
.La  manufacture  de  colonneLles,  mouchoirs,  pilous,  etc.,  fait 
travailler  de  douze  à  quatorze  cents  ouvriers  que  le  chef  ne  saurait 
classer,  parce  qu'ils   travaillent  pour  la  plupart  dans  les  cam- 
pagnes et  chez  eux. 

La  fabrique  d'acides  et  de  produits  chimiques,  dont  nous  avons 
visité  le  chef,  emploie  en  ville  dix  ouvriers ,  hors  ville  quatorze. 

Le  chef  de  la  seule  filature  de  coton  que  nous  possédions  ici,  a 
déclaré  qu'avant  adressé  sa  réponse  aux  questions  que  nous  nous 
proposions  de  lui  faire,  directement  à  M.  le  Ministre  de  l'intérieur, 
il  n'était  pas  disposé  à  recommencer  une  troisième  fois  le  travail 
très-long  qu'il  avait  déjà  fait  j  de  sorte  que  dans  toutes  les  réponses 
ultérieures  aux  autres  questions,  il  ne  sera  plus  fait  mention  de  la 
filature  de  coton. 

Le  directeur  d'un  atelier  de  tissage  d'étoffes  de  tous  genres  nous 
a  dit  occuper  soixante-cinq  ouvriers,  classes  comme  suit  : 

Au-dessous  de  9  ans 8 

De   9  à  12 7 

De  16  à  21.    . 18 

De  21  et  au-dessus 5S 

~65 
2°  qubstiob.  —  Pendant  combien  de  mois  et  en  quelles  saisons 
de  l'année  occupez-vous  vos  ouvriers? 

afeOHSB.  —  Les  fabricants  de  rubans,  de  tulle,  les  ateliers  de 
mécaniques,  la  filature  de  lin,  les  fabriques  de  gants,  de  papiers, 
de  papiers  à  meubler,  de  dentelles,  d'impression  de  foulards,  de 
cotonneltes,  et  les  ateliers  de  tissage  travaillent  toute  l'année  ;  chez 
les  chefs  d'ateliers  d'impression  d'indiennes,  le  travail  se  ralentit 
pendant  les  trois  derniers  mois  de  l'année  1  cause  de  la  mauvaise 


ly  Google 


fi         RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
saison  et  du  trop  plein  qu'ils  n'ont  malheureusement  que  trop 
souvent.  La  fabrique   d'acides  emploie   également  ses  ouvriers 
pendant  toute  l'année ,  sauf  huit  de  ceux-ci  qu'elle  n'occupe  pas 
pendant  les  mois  de  juin  et  de  juillet. 

3*  ovbstiok.  —^  t*  Vos  ouvriers ,  spécialement  les  enfants,  tra- 
vaillent-ils à  la  journée  où  à  forfait? 

2"  Les  enfants  sont-ils  directement  engagés  par  le  chef  d'indus- 
trie ou  par  les  ouvriers  ? 

S"  Quel  est  le  nombre  d'enfants  employés  avec  leurs  parents? 

békihse.  —  Il  nous  a  été  répondu  par  l'industrie  de  la  rubanerie 
que  les  tisserands,  les  faiseurs  de  lacets,  les  dévideuses  et  les  ourdis- 
seuses  travaillent  à  forfait,  mais  que  les  teinturiers,  les  cylindreurs 
et  les  empaqueteurs  sont  a  la  journée  ;  que  tous  les  ouvriers  sont 
engagés  par  le  chef,  à  l'exception  des  enfants  qui  font  les  époules 
des  tisserands ,  que  ceux-ci  les  engagent  eux-mêmes,  et  que  quinze 
enfants  sont  employés  avec  leurs  parents. 

Les  ouvriers  en  tulle ,  les  mécaniciens ,  les  fileuses  de  Un ,  les 
imprimeurs  d'indiennes,  ceux  en  caractères,  les  teinturiers,  tra- 
vaillent tous  1  la  journée;  les  tisserands  de  cotonnettes  a  la  pièce  ; 
les  enfants  sont  engagés  par  eux  ;  les  gantiers  à  la  paire  j  dans  les 
papeteries,  les  hommes  sont  payés  par  jour  et  les  femmes  à  forfait; 
dans  les  manufactures  de  papiers  peints,  les  ouvriers  sont  salariés 
en  partie  à  la  journée  et  en  partie  a  la  pièce  ;  les  dentellières  tra- 
vaillent toutes  à  forfait;  dans  l'imprimerie  de  foulards,  les  enfants 
et  les  filles  sont  à  la  journée  et  les  hommes  â  la  pièce;  dans  les 
ateliers  de  tissage  d'étoffes,  tous  les  ouvriers  travaillent  à  forfait  ; 
ils  sont,  comme  ceux  des  industries  précédentes,  engagés  par  les 
chefs,  à  l'exception  des  enfants  s'occupant  de  l'impression  des 
foulards  et  mousselines  de  laine,  ainsi  que  ceux  des  ateliers  de 
tissage  qui  sont  engagés  par  les  ouvriers. 

Dans  la  première  de  ces  deux  dernières  catégories,  les  enfants 
seulement  travaillent  avec  lenrs  parents;  dans  la  seconde  la  moitié, 
et  un  très-grand  nombre  travaillent  dans  la  fabrique  d'indiennes. 

Dana  le»  imprimeries  en  caractères ,  tous  les  ouvriers  sont 
engagés  par  le  chef  ainsi  que  dans  la  teinturerie  et  la  fabrication 
des  cotonaettes  où  quelques  entants  sont  employés  avec  leurs 
parents. 

Dana  la  fabrique  d'acides  et  de  produits  chimiques,  tous  les 
ouvriers  travaillent  a  la  journée  ;  eUe  n'occupe  point  d'enfants. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  7 

4*  question.  — .  Voua  procurez-vous  facilement  les  jeunet  ouvrier» 
iloni  vous  avez  besoin  ? 

bépossb.  — Sur  les  quinze  industriels  consultes,  onze  ont  répondu 
affirmativement,  et  le  fabricant  d'acides  a  répondu  négativement, 
comme  nous  venons  de  le  dire. 

Dans  la  rubanerie,  les  tisserands  payant  les  enfanta  qui  font 
les  époules ,  se  plaignent  constamment  de  ne  pouvoir  que 
difficilement  s'en  procurer  de  dociles,  et  de  devoir  souvent  en 
chercher  d'autres  parce  que  beaucoup  de  parents  préfèrent  les 
voir  courir  les  rues  que  de  les  contraindre  &  un  travail  assidu , 
mais  proportionné  à  leurs  forces  et  à  leur  âge,  travail  qui  leur 
rapporterait  cependant  de  un  à  deux  francs  par  semaine. 

La  ganterie  déclare  nettement  qu'elle  ne  peut  trouver  ni  ouvriers 
ni  enfants  dans  le  pays,  et  qu'elle  est  forcée  de  faire  venir  les 
premiers  de  l'étranger;  nous  en  trouveront  les  motifs  dans  les 
observations  générales  qui  terminent  ce  travail. 

Les  fabricants  de  papier  s'en  procurent  quelquefois  autant  qu'ils 
en  veulent,  et  dans  d'autres  moments  ils  n'en  trouvent  point,  selon 
les  saisons;  ils  attribuent  cette  variation  aux  travaux  de  la  cam- 
pagne où  toutes  ces  fabriques  sont  situées. 

Les  fabricants  de  dentelles  nous  disent  que  beaucoup  d'enfants 
apprennent  à  confectionner  les  tissu»  dans  un  grand  nombre  de 
petites  écoles  où  l'on  enseigne  à  les  faire  ;  mais  qu'il  résulte  de 
cette  circonstance  que  les  maîtresses  d'ateliers  trouvent  difficile- 
ment des  élèves,  parce  que  let  enfants  obtiennent  suffisamment 
d'ouvrage  dans  les  petites  écoles  dont  nous  venons  de  parler  ;  que, 
quant  aux  ouvrières  faites,  elles  affichent  une  telle  indépendance, 
que  loin  de  les  commander,  il  faudrait  pour  ainsi  dire  passer  par 
leurs  exigences. 

Pour  rendre  ceci  intelligible ,  il  est  nécessaire  de  faire  remar- 
quer'que  le  fabricant  de  dentelles  ne  traite  pas  directement  avec 
let  ouvrières  ;  il  s'entend  avec  ce  qu'il  appelle  une  maltresse ,  a 
laquelle  il  confie  ses  dessin»  qu'elle  pique  et  qu'elle  distribue  ensuite 
aux  ouvrières  ;  c'est  à  elle  que  celles-ci  rapportent  l'ouvrage,  et 
c'est  encore  elle  qui  les  paye  (1). 

Ces  maîtresses,  qui  sont  d'anciennes  et  bonnes  ouvrières,  tien- 
nent elles-mêmes  une  école  pour  former  des  élèves. 

(I)  la  chambre  de  commerce  parle  ici  dam  un  leni  bciaeoup  trop  ahtola.  Un  grand 
nombre  d'ouvrières  travaillent  directement  pour  lea  fabricant!.  (.VoVa  du  rapporteur 

lie  la  Commis! l'un  iiutituce  par  (o  giiHVamiimenl.) 


a»,  Google 


8        RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

5'  obestîom  . —  Quel»  sont  Tes  travaux  auxquels  sont  spécialement 
occupés  les  jeunes  ouvriers  des  deux  sexes? 

refohse.— -Le  fabricant  de  ruban* a  dit  qu'il  emploie  les  garçons 
à  faire  les  époule»,  les  filles  a  bobiner,  a  peloter,  à  surveiller  les 
machines ,  à  monter  et  mesurer  les  pièces  ,  à  ferrer  les  lacets-, 
à  empaqueter ,  à  doubler  le  coton ,  etc. 

Dans  la  fabrication  des  tulles,  on  fait  travailler  les  enfanta  à  défiler, 
a  découper  les  fils,  à  les  raccommoder  et  les  apprêter;  dans  la 
filature  du  lin ,  à  surveiller  les  métiers  en  examinant  et  en  rac- 
commodant les  fils  qui  se  cassent  ;  dans  la  ganterie ,  a  coudre  les 
gants  ;  dans  les  fabriques  de  papier  ,  a  lever  les  feuilles  sortant  de 
la  mécanique;  dans  celles  de  papiers  peints  ,  a  tirer  les  châssis; 
dans  la  fabrication  des  dentelles ,  les  jeunes  ouvrières  commencent 
déjà  a  apprendre  dès  l'âge  de  six  ans;  dans  l'impression  des  indien- 
nes ,  les  enfants  sont  employés  au  pliage  des  pièces  ;  dans  celle 
des  foulards,  ils  sont  tireurs  ou  aides  des  imprimeurs;  dans  les 
imprimeries  en  caractères  ,  le  petit  nombre  qui  s'y  trouve  fait  les 
commissions;  dans  la  teinturerie,  on  les  fait  éplucher  le  coton  et 
le  préparer  a  être  mis  en  paquet;  dans  la  fabrication  des  coton- 
nettes  ,  on  les  utilise  au  devidage  ,  et  dans  celle  des  tissus  d'étoffes 
à  faire  les  époules  pour  les  tisserands. 

6*  question. —  Quel  avantage  ou  quelle  économie  trouvez-vous  a 
employer  des  enfants  de  préférence  a  des  ouvriers  adultes? 

BÉPOnsE.  —  Tous  les  industriels  ont  répondu  qu'il  y  a  un  grand 
avantage  à  employer  les  enfants ,  non-seulement  parce  que  leur 
salaire  est  moins  élevé  que  celui  des  adultes,  mais  encore  parce  que 
par  la  délicatesse  et  l'agilité  de  leurs  doigts  ils  sont  beaucoup 
plus  aples  que  les  derniers  à  certains  genres  de  travaux  tels  que 
le  défilage  des  tulles,  1  epluebage  des  cotons ,  le  bobinage,  etc. 

7'Quasn05.—  Ya-t-ileu,  depuis  quelques  années, augmentation 
ou  diminution  du  nombre  des  jeunes  ouvriers ,  par  suite  de  chan- 
gements apportés  dans  le  mode  de  travail  ou  l'emploi  de  certaines 
machines  ? 

réponse. — Sur  les  quinze  industriels  qui  ont  répondu  à  notre 
appel,  nous  n'avons  à  signaler  de  changements  survenus,  quant  au 
nombre  des  ouvriers,  que  relativement  à  quelques-uns  d'entre  eux. 
Nous  allons  les  indiquer. 

La  filature  de  lin  ,  qui  n'existe  que  depuis  peu  d'années',  cotnpK: 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  9 

aujourd'hui  quatre  cent  trente-six  ouvriers  qui  devaient  trouver 
leurs  moyens  d'existence  ailleurs. 

La  ganterie  a  pris  un  accroissement  considérable,  qui  n'est  arrêté 
que  par  la  circonstance  que,  ne  pouvant  se  procurer  dans  le  pays 
les  ouvriers  dont  elle  manque ,  elle  est  obligée  de  se  soumettre  aux 
exigences  de  ceux  qu'elle  se  trouve  forcée  de  faire  venir  de  l'étran- 
ger. Mous  en  dirons  plus  tard  la  cause. 

Les  fabriques  de  papier,  au  contraire ,  ont  subi  dans  leur  per- 
sonnel une  réduction  notable ,  due  au  remplacement  du  travail 
des  anciennes  cuves  par  la  mécanique  ;  cette  réduction  est  de  plus 
des  deux  tiers. 

Avant  la  perte  du  déboucbé  du  Limbourg  et  du  Luxembourg, 
la  fabrique  de  coton  ne  Iles,  mouchoirs,  pilous,  etc.,  qui  occupe 
aujourd'hui  soixante  et  dix  ouvriers,  en  employait,  tant  dans  la 
ville  que  dans  les  environs,  cinquante  de  plus. 

La  fabrique  d'acides  a  aussi  subi  une  réduction  d'ouvriers ,  qu'on 
peut  évaluer  a  un  tiers,  réduction  qui  est  due  aux  perfectionnements 
apportés  aux  ustensiles. 

8*  question.  —  Indiquez  approximativement  dans  quelle  propor- 
tion celte  augmentation  ou  cette  diminution  a  eu  lieu,  en  précisant 
autant  que  possible  les  motifs  qui  l'ont  déterminée? 

(Comme  on  le  voit,  cette  question  est  résolue  par  les  réponses 
Élites  à  la  précédente.) 

9°  question.  —  Quelle  est  la  durée  des  travaux  journaliers? 

siponsB.  —  En  été  comme  en  hiver  pour  la  rubanerie ,  douze  à 
treize  heures  pour  les  adultes ,  et  huit  à  neuf  pour  les  enfants  ; 

Les  tulles,  onze  a  douze  heures  pour  tous  les  ouvriers; 

Les  ateliers  de  mécaniques,  douze  à  treize  heures  ; 

La  filature  du  lin,  une  brigade  de  sixheuresdu  matin  à  sept  heures 
du  soir,  et  une  autre  de  sept  heures  du  soir  à  six  heures  du  malin. 

Les  gantiers ,  travaillant  à  la  paire ,  n'ont  point  d'heure. 

Les  fabriques  de  papier  travaillent  onze  heures ,  en  été  comme 
en  hiver ,  sans  distinction  d'ouvriers. 

Celles  de  papiers  peints,  douze  heures  pour  tous  les  âges  en  été  ; 
en  hiver,  neuf. 

Les  dentellières,  étant  salariées  à  forfait,  travaillent  a  volonté. 
Cependant  elles  commencent  habituellement  a  six  heures  du  matin 
pour  finir  a  neuf  heures  du  soir. 

Dans  les  écoles,  les  apprenties  dentellières,  de  l'âge  de  sept  à  dix 


^'Google 


10       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

ans,  commencent  à  travailler  à  huit  heures  du  malin  et  finissent  a 
quatre  ou  cinq  heures  du  soir. 

Tous  les  ouvriers  imprimeurs  d'indiennes,  ceux  qui  impriment 
les  foulards  et  les  mousselines-] aînés ,  les  teinturiers,  travaillent 
tous  indistinctement  douze  heures  en  été  et  neuf  heures  en  hiver  ; 
les  adultes  tisserands  d'étoffes  sont  occupés  pendant  douze  heures 
en  été  et  les  enfants  pendant  dix  heures;  en  hiver  ils  ne  le  sont 
que  pendant  neuf  heures. 

Les  ouvriers  de  la  fabrique  d'acides  travaillent  douze  heures  et 
demie  en  été  comme  en  hiver. 

Les  tisserands  de  cotorinetles ,  étant  à  la  pièce,  travaillent  a 
volonté. 

1 0"  question.  —  A  quelle  heure  commence  et  finit  d'ordinaire  la 
journée  de  travail  en  été  et  en  hiver  ? 

KÉPOHSB.  —  La  mbanerie  commence  en  été  à  six  heures  du 
matin  et  finît  à  neuf  heures  du  soir  ;  en  hiver  avec  le  jour  jusqu'à 
huit,  quelquefois  neuf  heures  du  soir. 

Les  ouvriers  en  tulle,  depuis  six  heures  et  demie  du  matin  jusqu'à 
huit  heures  du  soir. 

Les  ateliers  de  mécaniques  sont  en  activité,  eu  hiver  comme  en 
été,  de  six  heures  du  matin  à  sept  heures  du  soir. 

La  ganterie,  travaillant  à  forfait,  n'a  pas  a  répondre. 

Les  papeteries  travaillent  depuis  six  heures  du  matin  jusqu'à  sept 
heures  du  soir,  en  hiver  comme  en  été. 

La  manufacture  de  papiers  peints  commence  à  six  heures  et 
demie  du  matin  en  été  et  finit  à  six  heures  et  demie  du  soir;  en 
hiver  à  sept  heures  du  malin  jusqu'à  la  chute  du  jour. 

Nous  avons  déjà  indiqué  les  heures  habituelles  du  travail  des 
dentellières. 

Les  imprimeurs  d'indiennes  commencent  leurs  travaux,  en  été, 
les  uns  à  cinq  heures  et  demie  du  matin ,  les  autres  à  six  heures 
du  malin  et  finissent  à  six  et  six  heures  et  demie  du  soir. 

Les  imprimeurs  sur  foulards  et  mousselines  de  laine  travaillent 
en  été  depuis  cinq  heures  et  demie  du  matin  jusqu'à  six  heures 
et  demie  du  soir  ;  en  hiver  au  point  du  jour  jusqu'à  sa  chute. 

Les  teinturiers  travaillent,  en  été  comme  en  hiver,  dès  six  heures 
du  matin  jusqu'à  sept  heures  du  soir, 

Nous  avons  déjà  vu  que  les  tisserands  de  colonnettes  sont  payés  à 
la  pièce  et  qu'en  conséquence  ils  commencent  cl  finissent  à  volonté. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  11 

Les  tisserands  en  étoffes  sont  au  travail  en  été  dès  cinq  heures 
et  demie  du  matin  jusqu'à  sept  heures  et  demie  du  soir  ;  en  hiver 
depuis  la  pointe  du  jour  jusqu'à  sept  heures  du  soir. 

Les  ouvriers  de  la  fabrique  d'acides  sont  k  l'ouvrage  à  six  heures 
et  demie  du  matin  jusqu'à  sept  heures  du  soir. 

11e  question.  —  Ces  limites  sont-elles  parfois  dépassées?  Dans 
quelles  circonstances  et  de  combien? 

réponse.  —  Tous  les  industriels  ont  répondu  qu'elles  ne  sont 
dépassées  que  dans  des  circonstances  extraordinaires  fort  rares; 
les  ouvriers  font  alors  ce  qu'on  appelle  cinq  quarts,  et  {ajour- 
née se  trouve  ainsi  augmentée  de  deux  heures. 

Il  arrive  bien  plus  souvent  qu'ils  ne  travaillent  que  (es  trois  quarts 
du  jour,  lorsqu'il  y  a  encombrement  de  produits  dans  certaines 
industries,  comme  cela  a  malheureusement  lieu  pour  celtes  qui 
souffrent  trop  par  la  concurrence  étrangère,  et  en  hiver  à  cause  de 
la  courte  durée  du  jour. 

Toutefois,  ces  limites  sont  dépassées  dans  la  fabrique  d'acides, 
quelques  jours  par  mois,  quand  l'ouvrage  presse. 

12*  question.  —  Le  travail  extraordinaire  est-il  étendu  à  tous  lés 
ouvriers  sans  distinction,  aux  enfants  comme  aux  adultes? 

KÉPOBsa.  —  Tous  les  industriels  ont  donné  une  réponse  négative, 
à  l'exception  des  fabricants  de  tulle,  de  papiers  peints  et  des  tein- 
turiers qui,  dans  des  cas  très-rares,  font  travailler  extraordinaïre- 
meiit  les  jeunes  ouvriers ,  parce  que  les  adultes  seraient  dans 
l'impossibilité  de  marcher  sang  eux. 

Dans  la  rubanerie,  même  dans  les  cas  exceptionnels,  les  enfanta 
ne  travaillent  jamais  la  nuit;  c'est  tout  autre  chose  dans  la  filature 
de  lin  où  nous  avons  déjà  remarqué  qu'une  partie  des  ouvriers  tra- 
vaille le  jour  et  l'autre  partie  la  nuit ,  et  c'est  par  ce  motif  qu'ils 
sont  divisés  en  deux  brigades. 

Dans  la  fabrique  d'acides,  te  travail  extraordinaire  est  appliqué 
à  tous  les  ouvriers  indistinctement;  ils  y  sont  appelés  non  tous  à 
la  fois,  mais  d'après  leur  tour  de  semaine. 

33"  question.  — La  durée  du  travail  était-elle,  il  y  a  quelques 
années,  plus  ou  moins  longue  qu'aujourd'hui? 

■iponsB.  —  Partout  tes  heures  sont  restées  les  mêmes  ;  il  n'est 
survenu  aucune  variation  à  cet  égard. 

14"  qeestiob.  —  Avez-vons  jamais  essayé  de  faire  travailler  Ica 


^y  Google 


12      RÉPONSES  ET,  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

enfants  successivement  par  brigades  ou  par  relais ,  de  manière  à 
n'occuper  les  mêmes  enfants  que  pendant  la  moitié  ou  les  trois 
quarts  de  la  journée? 

réponse.  —  Nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  un  seul  établisse- 
ment est  dans  ce  cas  ;  on  y  Fait  travailler  les  enfants  par  brigades, 
parce  qu'il  y  a  un  atelier  de  jour  et  un  atelier  de  nuit,  crées  par 
l'impossibilité  de  soumettre  les  ouvriers  aussi  bien  que  les  enfants 
à  un  travail  double  ;  et  comme  les  mécaniques  de  l'espèce  sont 
excessivement  coûteuses,  on  concevra  qu'il  est  très-important  de 
leur  faire  produire  tout  ce  qu'elles  peuvent.  ' 

1 5" question.  —  Quelle  est  votre  opinion  au  sujet  d'une  mesure 
qui  fixerait,  selon  le»  Ages,  un  maximum  de  durée  pour  le  travail 
des  enfants,  et  quelle  en  serait  la  limite? 

békwsi.  —  Tous  les  industriels,  chacun  pour  ce  qui  le  con- 
cerne, nous  ont  répondu  que,  sans  aucune-exception,  ils  soumettent 
les  enfants  qu'ils  emploient  A  des  travaux  proportionnés  A  leur  âge 
et  à  leurs  forces  ;  d'où  il  résulte  que  les  heures  d'occupation  qui 
leur  sont  aujourd'hui  assignées  par  tous  les  chef»  d'atelier»,,  pour- 
raient être  considérées  comme  maximum  de  la  durée  de  leur 
travail,  c'est-à-dire  douze  heures  en  général,  en  y  comprenant 
celles  de  repos  qui  leur  sont  accordées  soit  au  déjeuner,  soit  au 
dîner,  soit  au  goûter. 

Toutefois,  l'industriel  rabanier  estime  que  la  limite  devrait  être 
neuf  heures  de  travail  pour  les  enfants  jusqu'à  l'Age  de  douze  ans, 
et  onze  heures  pour  ceux  de  douze  A  seize  ans;  la  lisseranderîe 
est  du  même  avis  ;  les  maîtresses  dentellières  pensent  que  six  à  sept 
heures  suffiraient,  afin  de  pouvoir  consacrer  les  intervalles  A 
l'instruction  des  jeunes  élèves,  et  enfin  les  teinturiers,  les  impri- 
meurs sur  étoffes  et  sur  papier,  soutiennent,  avec  raison,  qu'on  ne 
pourrait  prendre  aucune  mesure  qui  serait  de  nature  A  interrompre 
le  travail  d'une  fabrique,  sans  lui  causer  le  plus  grand  préjudice, 
parce  que  les  travaux  étant  combinés  entre  eux,  ils  devraient  être 
suspendus  pendant  l'absence  des  jeunes  ouvriers. 

16"  question.  —  Travaillez-vous  la  nuit,  c'est-à-dire  après  neuf 
heures  du  soir  et  avant  cinq  heures  du  matin?  En  cas  d'affirmative, 
pendant  combien  d'heures  dure  ce  travail,  et  quelles  sont  les  cir- 
constances qui  le  rendent  nécessaire  ? 

'  BiiwinsB.  —  Cette  question  a  reçu  sa  solution  par  les  réponses 
faites  A  la  douzième,  et  il  n'y  a  d'exception  à  cet  égard  que  pour 


DiglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  13 

les  établissements  où  les  mécaniquessont  multipliées,  fort  coûteuses, 
et  ou  les  chefs  ont  par  conséquent  Un  intérêt  fort  grave  à  leur  faire 
produire  tout  ce  qu'elles  peuvent;  telles  sont  ici  les  machines  a 
fabriquer  le  tulle  et  à  filer  le  lin.  Telle  est  aussi  la  fabrique  d'acides, 
où  deux  ouvriers  sont  occupes  toutes  les  nuits,  parce  que  les  travaux 
de  cette  industrie  sont  continus  par  leur  nature. 
'  17°  ytnâTioïf.  —  EmployfiE-vous  les  enfants  de  nuit  comme  de 
jour?  Dans  ce  cas,  comment  est  réparti  entré  eux  le  travail,  et 
pendant  combien  d'heures  l'enfant  est-il  occupé  le  jour  et  la  nuit  ? 

1 8" question. — Les  mêmes  enfants  sont-ilsconstammerit employés 
la  nuit,  ou  changent-ils  périodiquement  avec  ceux  qui  travaillent 
pendant  le  jour? 

(Ces  deux  questions  sont  aussi  résolues  par  les  réponses  précé- 
dentes.) 

19*  question. — L'interdiction  du  travail  de  huit  pour  les  enfants 
serait-elle  préjudiciable  a  l'ordre  et  à  la  distribution  des  travaux,  et 
pour  quelle  raison? 

«ÉPOUSE.  —  Nous  avons  déjà  vu  qu'à  une  ou  deux  exceptions 
près,  aucun  de  nos  établissements  manufacturiers  ne  travaille  la 
nuit.  La  position  de  notre  industrie  n'est  malheureusement  point 
assez  brillante  pour  qu'elle  soit  obligée  d'avoir  recours  à  ce  moyen 
extraordinaire,  et  nous  verrons  bientôt  qu'elle  s'estimerait  fort 
heureuse  si  elle  pouvait  employer  complètement  (es  heures  ordi- 
naires consacrées  au  travail. 

Ainsi ,  dans  l'état  actuel  des  choses,  une  mesure  qui  inter- 
dirait strictement  et  sans  exception  le  travail  de  nuit  aux  enfants 
serait  non-seulement  insolite,  n'atteindrait  point  le  but  qu'on  se 
propose  ,■  mais  serait  très -préjudiciable  au  petit  nombre  d'éta- 
blissements industriels  qui  les  emploient,  en  les  forçant  k  ren- 
voyer les  enfants  pour  prendre  des  adultes  dont  le  salaire  est  plus 
élevé  et  dont,  pour  certaines  branches,  la  force  ne  saurait  rem- 
placer l'habileté  et  la  légèreté  des  premiers. 

Hais  il  y  a  plus  :  supposons  un  instant  que  l'une  ou  l'autre  de 
nos  industries  parvienne  à  se  créer  un  débouché  à  l'étranger  et 
acquière  par  là  une  grande  activité  qu'elle  n'obtiendra  bien  cer- 
tainement que  par  le  bon  marché  de  ses  produits ,  et  que,  pour 
arriver  à  cette  condition,  le  travail  de  l'enfance. lui  soit  indispen- 
sable ;  quel  sera  >  dans  ce  cas ,  le  résultat  inévitable  de  la  mesure 
que  vous  aurez  prise? 


dpv  Google 


M      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

C'est  que  vous  aurez,  d'une  part,  détruit  l'espoir  de  l'industriel, 
tout  en  causant  un  tort  incalculable  au  pays ,  et  que,  de  l'autre, 
tous  aurez  privé  les  enfants  de  travail  et  d'apprentissage  indus- 
triel ,  en  les  mettant  a  la  charge  de  leurs  parents  qui  bientôt ,  à 
leur  tour,  les  mettraient  a  la  charge  du  maître  des  pauvres. 

20*  questiok.  — -  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  ? 

«irons*.  —  Tous  les  établissements  industriels  accordent  géné- 
ralement en  été  une  demi-heure  pour  le  déjeuner,  une  heure  pour 
le  dîner  et  une  demi-heure  pour  le  goûter.  Il  n'y  a  de  différence 
qu'en  hiver ,  époque  à  laquelle  le  travail  ne  commence  ordinaire- 
ment qu'a  sept  heures  du  matin ,  c'est-à-dire  avec  le  jour  ;  il  n'est 
accordé,  dans  cette  saison,  aucun  repos  pour  le  déjeuner,  l'ouvrier 
étant  censé  l'avoir  pris  avant  de  se  mettre  à  l'ouvrage. 

Dans  la  fabrique  d'acides,  les  repos  accordés  sont  de  neuf  heures 
à  neuf  heures  et  demie,  et  de  une  heure  à  deux  heures  et  demie. 

21' question. — Les  jeunes  ouvriers  prennent-ils  leurs  repas  dans 
l'atelier  ou  dehors  ? 

kbtonse.  —  Dans  les  ateliers  de  mécaniques ,  dans  quelques 
établissements  d'impression  d'indiennes,  de  filature  de  lin  et  de 
tissage,  tous  les  ouvriers  prennent  leurs  repas  dehors  ;  il  en  est  de 
même  pour  la  rubanerie ,  excepté  pour  le  goûter.  Les  ouvriers  en 
tulle  déjeunent  et  goûtent  dans  l'établissement,  mais  dînent  dehors  j 
il  en  est  de  même  dans  la  fabrication  des  papiers  peints,  tandis  que 
dans  les  papeteries,  leurs  repas  se  font  en  partie  dedans  et  en  partie 
dehors  ;  dans  l'impression  des  foulards,  la  plupart  dînent  dans  l'ate- 
lier; dans  les  teintureries,  les  repas  se  font  en  partie  dans  l'établis- 
sement et  en  partie  dehors. 

On  conçoit  que  nous  ne  parlons.pas  ici  des  ouvriers  travaillant 
à  forfait  et  chez  eux ,  parce  qu'ils  ont  la  liberté  de  prendre  leurs 
repas  où  bon  leur  semble,  et  dans  la  fabrique  d'acides ,  ils  déjeu- 
nent à  rétablissement  et  dinent  chez  eux,  sauf  sept  ouvriers  qui  ne 
peuvent  quitter  la  besogne. 

22°  question.  —  Travaillent-ils  parfois  le  dimanche,  et  sont-ils 
dans  l'habitude  de  chômer  le  lundi? 

tâvORBt.  —  Cette  question  est  du  plus  haut  intérêt  ;  nuis  nous 
ne  la  traiterons  pas  ici  dans  tous  ses  développements  ;  nous  nous 
bornerons,  pour  le  moment,  à  laisser  parler  les  industriels. 

Sur  les  quinze  établissements  que  nous  avons  visités,  dix  ne  tra- 
vaillent jamais  le  dimanche ,  et  si  cela  arrive  dans  les  cinq  autres , 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  15 

ce  qui  eM  d'ailleurs  fort  rare ,  c'est  par  force  majeure  ;  ce  ne  sont 
alors  que  quelques  ouvriers  appelés  à  terminer  un  ouvrage  pressé, 
déjà  commencé,  et  dont  le  non-achèvement  immédiat  causerait  un 
préjudice  notable;  ou  c'est,  comme  ce  qui  arrive  dans  un  seul  éta- 
blissement, parce  que  la  nature  de  l'industrie  ne  permet  pas  une 
cessation  complète  des  travaux. 

Quant  au  chômage  du  lundi  et  à  celui  des  kermesses,  c'est  là  ce 
que  nous  pouvons  appeler  la  lèpre  de  la  classe  ouvrière  ;  cependant 
nous  allons  voir  que  quelques  industriels,  par  leur  persévérance 
et  leur  fermeté ,  sont  parvenus  à  déraciner  en  partie  un  mal  qui 
était  général. 

L'industriel  rubanîer  nous  déclare  que  pour  obtenir  que  ses 
ouvriers  ne  chôment  pas  le  lundi  tout  entier,  il  a  été  obligé  de  leur 
abandonner  un  quart  de  jour,  et  que  ce  n'est  que  depuis  lors  qu'il 
est  parvenu,  par  cette  concession,  à  les  faire  travailler  le  restant 
de  la  journée. 

Le  fabricant  de  tulle  n'est  parvenu  à  arrêter  que  la  moitié  du 
chômage  du  lundi. 

Dans  l'un  des  deux  ateliers  de  mécaniques ,  les  ouvriers  ne  font 
que  trois  quarts  de  jour;  dans  l'autre,  au  contraire,  s'ils  ne  se  pré- 
sentent pas  au  travail  le  lundi ,  ils  sont  punis  d'une  amende  qu'on 
verse  dans  une  caisse  destinée  à  leur  procurer  des  secours  lorsqu'ils 
sont  malades. 

Dans  la  filature  de  lin,  le'  chômage  du  lundi  est  interdit,  et,  s'il 
y  a  récidive,  l'ouvrier  est  renvoyé.  La  papeterie  ne  l'a  jamais  permis. 
Dans  la  manufacture  de  papiers,  cela  arrive  rarement. 

Les  dentellières,  quoique  travaillant  a  forfait,  font  assez  habituel- 
lement le  lundi  ;  cependant  il  est  à  remarquer  que  les  ouvrières  en 
plat  et  en  point  à  l'aiguille  chôment  peu  les  lundis;  il  en  est  de 
même  dans  l'impression  des  indiennes  ;  dans  celle  des  foulards,  ce 
n'a  été  qu'avec  la  plus  grande  peine  que  l'industriel  est  parvenu  à  les 
foire  travailler;  dans  l'impression  en  caractères,  c'est  là  surtout  que 
les  ouvriers  et  principalement  les  bons  ne  se  contentent  pas  de  chômer 
les  lundis ,  mais  même  une  bonne  partie  de  la  semaine;  on  en 
trouve  qui  ne  se  rendent  aux  ateliers  que  trois  jours,  et  que  les  chefs, 
qui  ne  peuvent  s'en  passer,  sont  obligés  d'envoyer  chez  eux,  dans 
des  moments  pressés,  pour  les  faire  venir  à  l'ouvrage;  ceux  qui 
tiennent  celle  conduite  débauchée  sont  ceux  dont  le  salaire  est  le 
plus  élevé  et  par  conséquent  les  meilleurs  ouvriers. 

La  teinturerie  ne  permet  pas  le  chômage  du  lundi  ;  les  tisserands 


^y  Google 


16  RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
de  cotonnettes,  si  nombreux  et  travaillant  cependant  à  forfait ,  se 
distinguent  par  leur  application  au  travail  ;  il  est  vrai  que  ce  sont 
des  ouvriers  campagnards,  qui  n'ont  point  autant  d'occasions  de 
dissipation  que  ceux  des  villes  ;  la  fabrique  de  tissus  leur  impose 
une  amende  lorsqu'ils  ne  se  rendent  pas  a  l'ouvrage,  et  la  fabrique 
d'acides  ne  souffre  pas  davantage  qu'ils  manquent  a  leur  travail. 
23*  qwbstkhc.  —  Quel  est  le  salaire  de  la  journée  de  travail  : 

A.  Pour  les  hommes  faits? 

B.  Pour  les  femmes?  • 

C.  Pour  les  enfants? 

réponse.  —  Dans  la  rubanerie,  les  hommes  faits  ont  fr.  1   50 

Les  femmes —  1     » 

Les  enfants  de  douze  à  seize  ans —  »    60 

Id.       au-dessous  de  douze  ans.      .-    .  .  —  <■   40 

Dans  la  fabrication  des  tulles,  les  hommes  faits  ont    ..  —  2  50 

Les  femmes.     . —  1     » 

Les  enfants  de  douze  à  seize  ans —  "75 

Id.       au-dessous  de  cet  âge —  «   40 

Dans  l'un  des  ateliers  de  mécanique*  où  l'on  n'emploie  que  peu 

ou  point  d'enfants ,  la  moyenne  des  salaires  est  de  2  fr.  50  ;  dans 

l'autre  elle  varie  de  1  fr.  50  a  4  fr.  50,  selon  la  capacité  des  ouvriers. 

Le  directeur. de  la  filature  de  lin  n'a  pas  jugé  convenable  de 

répondre  à  celte  question. 

Dans  la  ganterie  ,  c'est-à-dire  pour  les  ouvriers  découpeurs  , 
appréteurs,  etc.,  la  moyenne  est  de  5  francs,  et  pour  les  plus 
habiles  jusqu'à  7  francs. 

Dans  les  fabriques  de  papier,  les  hommes  faits  ont       fr.  1    50 

Les  femmes —  *  90 

Les  enfants.      . .     .     .  —  «45 

Dans  la  fabrication  des  papiers  peints ,  il  y  a  une  telle  variété 
de  salaire  dépendant  de  la  nature  des  travaux,  que  nous  n'en  avons 
pas  la  moyenne. 

Les  dentellières  faites  gagnent  de  1  fr.  à  1  fr .  50  par  jour,  selon 
leur  habileté;  les  enfants  de  douze  à  seize  ans  ont  de  60  à  70  cen- 
times; ceux  en  dessous  de  cet  âge  de  36  à  45  centimes,  et  ceux  de 
six  a  dix  ans,  qui  font  leur  apprentissage,  gagnent  de  10  à  20  cen- 
times par  semaine. 

Les  imprimeurs  d'indiennes  ont fr.  1   30 

Les  femmes —  «80 

Les  enfants —  «   35 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  17 

Le*  imprimeurs  sur  foulard*  ont  en  été —  8  60 

En  hiver —  3» 

Les  jeune»  garçons. .  —  a   50 

Les  filles. —  .    60 

Les  imprimeurs  en  caractères  gagnent,  en  moyenne ,  5  fr.  50  ; 
toutefois  ce  salaire  est  très-variable ,  puisqu'il  est  fixé  d'après  la' 
capacité  et  l'habileté  de  l'ouvrier. 

Dans  la  teinturerie,  les  hommes  faits  ont   .     .     .      .  fr.  S     * 

Les  femmes —  2  50 

Les  enfants , —  »    90 

Il  pourrait  paraître  étrange  que,  dans  cette  industrie,  les  femmes 
sont  mieux  salariées  que  les  hommes;  mais  la  disproportion  dis- 
paraîtra, lorsqu'on  saura  que  les  premières,  ainsi  que  les  enfants, 
travaillent  soit  en  qualité  de  ficeleuses,  soit  en  qualité  de  bobineuses, 
et  que  cet  ouvrage  étant  payé  au  poids ,  leur  habileté  et  leur  con- 
stance au  travail  sont  cause  de  cette  élévation  du  prix  de  la  journée. 
Dans  la  fabrique  de  cotonnettea,  bien  que  les  ouvriers  travaillent 
à  forfait ,  l'industriel  nous  a  donné  pour  moyenne  de  leur  salaire  : 

Hommes  faits,  de fr.  1  50  a  8    » 

Femmes. —  1    »  à  1  50 

Enfanta —  .   50  4  .   75 

Dans  la  tisseranderie  des  étoffes,  les  hommes  faite  sont  salaries, 

en  moyenne,  4  raison  de fr.  1  36 

Les  enfants »  50 

Nous  avons  déjà  vu  que  la  fabrique  d'acides  et  de  produits  chi- 
miques se  trouve  en  partie  en  ville  et  en  partie  à  la  campagne , 
et  qu'elle  n'occupe  pas  d'enfants. 

En  ville,  le  salaire  est  de fr.  S  » 

Et  à  la  campagne ■    1   80 

94'  Qjownon .  — •  Le  salaire  a-t-il  éprouvé  des  variations  depuis  un 
certain  nombre  d'années?  Dans  l'affirmative,  quelles  sont  ce*  varia- 
tions? 

nbomE.  —  Dana  l'industrie  rubanière,  le  salaire  des  tisserands 
a  plutôt  augmenté  que  diminué,  depuis  l'emploi  des  fils  méca- 
niques en  remplacement  des  fils  à  la  main,  parce  que  les  premiers 
se  tissant  plus  facilement,  L'ouvrier  fait  plus  d'ouvrage. 

Les  ateliers  de  mécaniques  ont  diminué  le  salaire  d'un  franc  par 
jour  depuis  cinq  ans  ;  dans  la  fabrication  de*  papiers  peints,  la 

1. 

Digilizedby  GOOgle 


18  RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
variation  est  en  plus;  dans  celle  des  dentelles,  le  salaire  a  diminué  de 
moitié  depuis  trente  ans ,  par  le  motif  qu'on  est  moins  difficile-sur 
la  perfection  de  l'ouvrage;  le  salaire,  dans  l'impression  des  in- 
diennes, est  également  diminué,  dans  La  proportion  de  vingt  cen- 
times en  moyenne  et  par  jour  ;  dans  celle  des  foulards,  [es  bons 
ouvriers  qui  ne  se  sont  pas  expatriés,  ne  sont  restés  dans  le  pays, 
que  parce  que  leur  salaire  tend  chaque  jour  à  une  augmentation 
graduelle. 

La  main-d'œuvre  du  tissage  des  étoffes  et  des  coton  nettes-»  subi 
en  moyenne,  depuis  quelques  années,  une  diminution  de  moitié, 
et  tout  fait  craindre  qu'elle  diminue  encore,  si  cette  intéressante 
industrie  ne  parvient  point  à  trouver  un  débouché  extérieur  ;  toute- 
fois l'arrêté  du  14  juillet  1843  a  fait  naître  l'espoir  d'un  meilleur 
avenir. 

Dans  toutes  les  autres  industries  qui  font  l'objet  de  ce  rapport, 
il  n'est  survenu  aucune  variation  dans  le  salaire  de  l'ouvrier. 

£5"  question.  —  Les  enfants  sont-ils  payés  directement  par  les 
chefs  d'industrie  ou  par  les  ouvriers  qui  les  emploient? 

lirons!.  —  Dans  la  rubanerie ,  les  enfants  nommés  espoiileurs 
sont  payés  par  leurs  tisserands  respectifs  j  tous  les  autres  le  sont 
par  lé  chef. 

Les  dentellières  reçoivent  leur  salaire  des  chefs  d'ateliers  ou  des 
maltresses  auxquelles  elles  rapportent  leur  ouvrage. 

Les  jeunes  enfants  aidant  les  imprimeurs  de  foulards  et  de 
mousseline-laine  sont  payés  par  les  ouvriers ,  de  même  que  ceux 
employés  au  tissage  des  étoffes  et  des  cotonnettes.  Pour  toutes  les 
autres  industries ,  ils  reçoivent  leur  salaire  du  chef  de  l'établisse- 
ment auquel  ils  sont  attachés. 

26*  qdxbtior. — L'emploi  donné  aux  enfants  leur  laisse-tille  temps 
de  fréquenter  les  écoles  ?  En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  nombre 
d'enfants  qui  fréquentent  les  écoles? 

aiFOKSE.  —  Tous  les  industriels  sont  unanimement  d'accord  que 
les  enfants  pourraient  fréquenter  les  écoles ,  par  le  motif  que  leur 
travail  cesse  généralement  de  six  à  sept  heures  du  soir  en  été,  et  à  la 
nuit  tombante  en  hiver  ;  mais  tous  aussi  pensent  que  pour  atteindre 
un  but  qu'ils  considèrent  comme ' éminemment  utile,  il  faudrait 
que  les  classes  s'ouvrissent  après  les  heures  de  travail ,  c'est-à-dire 
le  soir. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  -■COMMERCE  DE  BRUXELLES.  1» 

On  conçoit  que  tous  les  jeunes  ouvrière  qui  travaillent  à  forfait 
'  pourraient. fréquenter  les  écoles,  si  tel  était  le  bon  plaisir  de  leurs 
parente,  ■     . 

.  Nous  allons  voir  par  .les  réponses  qui  nous  ont  été  faites  au 
second  membre  de-la  vingt- sixième  question  et  à  la  vingt-septième, 
-  combien  il  est  déplorable  qu'au  xix'siècle  une  foule  d'ouvriers  et 
de  jeunes  enfants  soient  privés  de  toute  instruction' 

Il  est  douloureux,  en  effet,  d'apprendre,  que  sur  quinze  chefs 
d'établissements  manufacturiers,  neuf  vous  diront  que  très- peu  ou 
point  d'enfants  fréquentent  lés  écoles,  et  lorsque  vous  leur  deman- 
derez les  causes  d'une  aussi  coupable  négligence,  ils  vqus  répondront 
que  cet  état  d'ignorance  doit,  en  général,  être  attribué  aux  parents, 
qui  ne  les  forcent  ou  ne  les  engagent  point  à  aller  aux  écoles, 
parce  qu'ils  ne  connaissent  pas  eux-mêmes  le  bienfait  de  l'instruc- 
tion. 

Nous  avons  toutefois  quatre  exceptions  honorables  à  citer.;  nous 
rencontrons  la  .première  dans  les  ateliers  de  mécaniques,  où  la 
moitié  au  moins  des  ouvriers  savent  non-seulement  lire,  écrire, 
maie  où  qui  pie  sur  deux  cent  deux  ont  des  notions  de  dessin.  , 

Nous  trouvons  la  seconde  chez  les  tisserands  en  tulle,  dont  l'édu- 
cation est  assez  formée,  pour  qu'ils  sachent  presque  tous  lire  et 
écrire  ;  la  troisième  ebez  les  ouvriers  gantiers  ;  enfin  la  quatrième 
dans  la  fabrique  d'acides,  et  c'est  la  plus  remarquable,  car,  sur  dix 
ouvriers  dont  le  personnel  est  composé,  en  ville,  tous  savent  lire 
et  sept  d'entre  eux  écrivent. 

Nous  ne  parlerons  pas  des  imprimeurs  en  caractères  parce  que, 
dans  cette  profession,  savoir  lire  est  une  condition  presque  insépa- 
rable de  leur  état  ;  il  est  vrai  néanmoins  que  plusieurs  d'entre  eus 
ne  savent  point  écrire. 

Nous  ne  terminerons  pas  cet  article  sans  faire  remarquer 
que  la  plus  profonde  ignorance  règne  précisément  dans  la 
classe  la  plus  nombreuse,  celle  des  dentellières;  nous  avons  déjà 
vu  que  le  chiffre  de  celles-ci,  pour  Bruxelles  seulement,  s'élève 
de  mille  à  douze  cents.  Qui  le  croirait?  le  nombre  de  celles  qui 
savent  lire  et  écrire  est  si  restreint  qu'on  n'a  pas  pu  nous  indiquer 
la  moindre  proportion. 

Ce  fâcheux  état  de  choses  tient  a  deux  causes:  dès  la  plus  tendre 
enfance,  on  lés  met  en  apprentissage,  et  elles  travaillent  ensuite 
chez  leurs  parents,  qui  s'inquiètent  beaucoup  moins  de  leur  instruc- 
tion que  de  l'argent  quelles  leur  rapportent.     - 


tizedby  GOOgle 


20      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

37* question. — Quel  est  le  degré  d'instruction  de  vos  ouvriers? 

repobsk.  —  Il  est  fâcheux  d'avoir  à  constater  que  sur  trois  cent 
dix-huit  ouvriers  qui  forment  le  personnel  d'un  établissement  indus- 
triel, deux  cent  soixante-trois  ne  savent  ni  lire  ni  écrire  ;  quarante- 
neuf  ne  le  savent  qu'imparfaitement  ;  nuit  savent  lire,  écrire  et 
compter,  et  deux  seulement  ont  quelques  notions  du  dessin  ;  ce 
sont  des  mécaniciens. 

Dans  une  autre  fabrique  où  travaillent  soixante  et  dix  ouvriers, 
on  en  compte  A  peine  quatorze  qui  possèdent  quelques  notions  de 
la  lecture  et  de  l'écriture;  le  reste  ne  sait  absolument  rien.  Même 
ignorance  parmi  plus  de  quatre  cents  individus  des  deux  sexes  qui 
peuplent  un  troisième  établissement.  Un  autre  industriel  répond 
que  quant  aux  soixante  ouvriers  qu'il  occupe ,  leur  instruction 
laisse  tout  A  désirer;  un  cinquième  vous  dira  que  snr  les  trente- 
trois  individus  qui  composent  ses  ateliers,  bien  peu  savent  lire  et 
encore  moins  écrire  ;  nous  savons  déjA  que  les  dentellières  se  font 
remarquer  par  un  manque  presque  total  d'instruction  ;  un  septième 
fabricant  vous  avouera,  avec  franchise,  que  sur  les  cent  quarante 
ouvriers  auxquels  il  donne  du  travail,  il  n'en  compte  pas  dix  qui 
sachent  lire  ;  un  huitième  vous  déclarera  que  sur  un  nombre  de 
soixante  et  dix  individus  qui  forment  le  personnel  de  ses  ateliers,  il 
s'en  trouve  cinq  qui  savent  lire  et  écrire  imparfaitement  ;  si  noue 
nous  adressons  A  un  neuvième  industriel,  il  va  nous  dire  que  dans 
le  nombre  de  ses  ouvriers,  il  ne  s'en  trouve  qu'un  sur  soixante 
qui  sache  lire.  Enfin  un  dernier  chef  d'atelier,  très-éclairé,  noua 
donnera  pour  moyenne  du  nombre  des  hommes  qui  savent  lire, 
quatorze  sur  soixante- cinq. 

ïïous  avons  cité  les  honorables  exceptions  que  nous  avons  ren- 
contrées à  ce  sujet. 

28"  questioh.  —  Les  ouvriers  des  deux  sexes,  enfants  comme 
adultes,  sont-ils  réunis  dans  les  mêmes  ateliers? 

répoïhk. — -Dans  tous  les  établissements  industriels,  les  ouvriers 
des  deux  sexes  sont  séparés,  à  l'exception  des  imprimeries  d'in- 
diennes où  tout  le  monde  travaille  dans  le  même  atelier,  et  de 
la  teinturerie  où  des  femmes  et  des  enfants,  en  petit  nombre,  sont 
réunis  aux  autres  ouvriers  dans  certaine  partie  de  l'établissement. 

29*  qvmtior.  —  Quelle  est,  en  général,  la  conduite  des  jeunes 
ouvriers  ?  Sont-ils  adonnés  A  certains  vices,  et  A  quelle  cause  faut-il 
principalement  les  attribuer  ? 

réponse.  —  Dans  huit  établissements  nous  avons  reçu  pour 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  St 

réponse  que  la  conduite  des  jeunes  ouvriers  est  généralement 
bonne. 

Dans  la  rubanerie ,  le  chef  de  cette  grande  fabrique  nous  a 
déclare  qu'ils  sont  la  plupart  peu  dociles,  et  que  leur  conduite 
exige  une  surveillance  très-active  ;  qu'ils  sont  d'autant  plus  difficiles 
a  corriger,  qu'en  dehors  de  la  fabrique  leurs  parents  ont  le  défaut 
d'écouter  leurs  plaintes  et  le  plus  souvent  de  leur  donner  raison 
dans  leur  insubordination,  lorsqu'une  punition  leur  est  infligée  par 
l'un  des  chefs  d'atelier;  il  faudrait,  dans  leur  opinion,  qu'elle  ne 
pût  jamais  émaner  que  du  chef  même  de  l'établissement,  parce  que 
les  ouvriers  se  croient  les  égaux  du  contre-maître  ou  du  chef 
d'atelier. 

Le  fabricant  de  tulles  a  eu  assez  souvent  à  se  plaindre  de  l'in- 
conduite  de  ses  ouvrières  en  dehors  de  l'établissement.  Cette  incon- 
duite résulte  de  la  fréquentation  des  kermesses. 

Il  est  à  remarquer  que  les  maîtresses  ouvrières  en  dentelles  que 
nous  avons  interrogées,  rendent  justice  à  la  régularité  de  la  con- 
duite des  dentellières  qu'elles  emploient  et  dont  elles  n'ont  quel- 
quefois à  se  plaindre  qu'à  cause  des  kermesses.  Nous  reviendrons 
plus  tard  sur  ce  sujet. 

Nous  ne  répéterons  plus  ici  ce  que  nous  avons  déjà  eu  l'occasion 
de  signaler  quant  aux  imprimeurs  en  caractères;  d'après  nos  rensei- 
gnements, le  libertinage  et  l'ivrognerie  sont  assez  souvent  le 
partage  de  cette  classe  d'ouvriers. 

Le  chef  de  l'importante  fabrique  de  cotonoettes  n'a  pu  nous 
donner  à  cet  égard  aucun  renseignement,  parce  que  la  plus 
grande  partie  de  ses  douze  à  quatorze  cents  ouvriers  n'étant 
pas  sous  ses  jeux  et  se  trouvant  disséminés  à  Wavre,  Braine- 
Lalleud  et  dans  les  environs,  il  ne  peut  les  surveiller  dans  leur 
conduite. 

30'  question.  —  Existe- 1- il,  en  rapport  avec  votre  établissement, 
quelque  institution  utile  en  faveur  des  ouvriers,  telle  qu'une  école 
gardienne,  primaire  ou  d'adultes,  une  caisse  d'épargne  ou  de 
prévoyance,  un  fonds  de  réserve,  etc.?  En  cas  d'affirmative, 
veuillez  décrire  en  détail  tout  ce  qui  concerne  cette  institution. 

réponse.  —  Nous  allons  d'abord  entendre  ce  que  va  nous  dire 
à  ce  sujet  le  chef  de  l'importante  fabrique  de  rubans.  Il  regrette, 
dit-il,  qu'il  n'y  ait  aucune  institution  utile  et  favorable  aux  ouvriers, 
en  rapport  avec  son  établissement;  à  défaut  d'une  ressource  si 


^y  Google 


22  RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
nécessaire,  dans  certaines  circonstances,  a  ceux-ci  et  à  leur  famille, 
il  a  engagé  tous  les  ouvriers  au-dessus  de  vingt  et  un  ans  à  con- 
courir à  la  formation  d'une  caisse  de  prévoyance  ;  cinquante  seu- 
lement ont  répondu  à  son  appel  philanthropique  et  y  contribuent 
depuis  trois  ans  a  raison  dé  5  centimes  par  semaine,  Le  fonds  de 
caisse  est  de  1.00  fr.  ;  pendant  ce  laps  de  temps,  ils  y  ont  versé 
876  fr.  ;  H  leur  en  a  été  distribué  275,  et  comme  cette  distribution 
est  de  %  fr.  par  semaine  lorsqu'ils  sont  malades,  il  en  résulte  qu'en 
moyenne  proportionnelle,  chaque  ouvrier  aurait  reçu  6  fr.  50  et 
aurait  dû  avoir  été  malade  ou  incapable  de  travailler  pendant  à 
peu  près  trois  jours  en  trois  ans. 

Le  chef  de  l'établissement  que  nous  citons  n'a  pu  parvenir  a 
déterminer  les  célibataires  à  contribuer  à  cette  bonne  œuvre,  parce 
que,  en  devenant  malades-,  ils  entrent  à  l'hôpital,  et  qu'ils  n'ont 
pas  de  famille  qui  ait  besoin  de  secours  pendant  qu'ils  y  sont. 

Dans  le  tissage  des  tulles ,  il  n'y  a  aucune  institution  de  ce 
genre;  mais  on  peut  citer  des  cas  où  des  ouvriers  habitués  a 
s'adonner  a  la  boisson  en  ont  été  corrigés  par  le  chef,  et  qui,  bien 
que  n'ayant  qu'un  salaire  de  1S  fr.  par  semaine,  en  ont  économisé 
trois;  ils  se  sont  ainsi  formé  un  capital  de  400  fr.,  tout  en  étant 
mieux  nourris  et  mieux  vêtus  qu'au  temps  de  leur  ivrognerie. 

Dans  l'un  des  deux  établissements  métallurgiques  qui  ont  répondu 
à  notre  appel,  on  fait  une  retenue  de  3  p.  "/„  sur  tous  les  salaires  ; 
quand  les  ouvriers  sont  blessés,  on  leur  accorde,  sur  ce  fonds,  une 
demi-journée  par  semaine  ;  s'ils  sont  malades,  on  leur  donne  une 
gratification  d'après  leur  conduite  et  la  situation  de  leur  famille. 
Si,  par  une  multiplicité  extraordinaire  d'accidents,  cette  retenue 
devenait  insuffisante,  la  différence  serait  fournie  par  le  chef  de 
l'établissement. 

Dans  le  second  atelier  de  mécaniques,  il  se  fait  une  retenue  de 
12  centimes  par  semaine  sur  le  salaire  de  chaque  ouvrier;  il  y  a, 
de  plus,  une  caisse  où  l'on  verse  les  amendes  encourues  soit  pour 
avoir  manqué  aux  heures  de  travail,  soit  pour  toute  autre  cause, 
d'après  le  règlement  existant.  Les  blessés  ou  les  malades  reçoivent 
8  francs  par  semaine  sur  cette  caisse'  doublement  dotée. 

Dans  la  filature  de  lin,  les  ouvriers  sont  secourus  par  l'établis- 
sement même. 

Dans  la  papeterie ,  on  n'est  pas  parvenu  jusqu'ici  à  créer  une 
caisse  de  prévoyance  ;  des  secours  sont  donnés  aux  nécessiteux 
par  le  chef  de  la  fabrique. 


ly  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  .83 

Toutefois,  il  est  à  remarquer  qu'il  existé  dans  le  village  ou  elle 
est  située,-  use  école  gratuite,  fondée  par  le  prédécesseur  du  pro- 
priétaire actuel.  .   . 

Dans  la  fabrique  de  cotounettes ,  mouchoirs ,  etc. ,  il  existe  une 
caisse  de  prévoyance,  formée  au  moyen  d'une  légère  retenue  faite 
chaque  semaine  sur  le  salaire  de  l'ouvrier  ;  s'il  tombe  malade,  ou 
vient  à. son  aide,  et  si  la  caisse  ne  suffit  pas ,  le  chef  de  l'établisse- 
ment pourvoit  à  la  différence. 

Dans  l'imprimerie,  de  foulards  et  mousselines-laines,  on  n'a  pu 
jusqu'à  présent  établirune  caisse  d'épargne,  et,  à  son  défaut,  l'indus- 
triel s'est  vu  forcé  de  venir  lui-même  au  secours  de  ses  ouvriers 
malades. 

Dans  toutes  les  autres  fabrique*  il  n'y  a  point  de  semblables 
institutions ,  soit  parce  que  les  chefs  n'y  ont  pu  déterminer  les 
ouvriers,  soit  parce  que  le  salaire  de  ceux-ci,  comme  dans  la  tisse- 
randerie  d'étoffes ,  est  si  minime  qu'il  suffit  a  peine  a  leur  existence. 

Nous  ne  pouvons  passer  sous  silence,  en  rapport  avec  la  tren- 
tième question ,  un  fait  unique  qui  nous  est  affirmé  par  le  chef 
éclairé  de  l'une  de  nos  fabriques  de  produits  chimiques-;  sur  les 
dix  ouvriers  qu'il  emploie  dans  son  établissement  situé  en  ville, 
sept  ont  des  livrets  à  la  caisse  d'épargne. 

Nous  nous  estimerions  trop  heureux  si  nous  avions  eu  beaucoup 
d'exemples  semblables  à  citer  ;  ils  sont  d'autant  plus  honorable* 
qu'ils  sont  rares. 

31'  question.  —  Quel  -est ,  en  général ,  l'état  de  santé  de  vos 
ouvriers ,  et  en  particulier  celui  des  enfants  ? 

bÉroRsu.  —  Léa  réponses  ici  sont  unanimes  ;  tous  les  ouvriers 
jouissent  en  général  d'une  bonne  santé,  et  plus  particulièrement 
encore  les  enfants  ;  cette  circonstance  est  due  sans  doute  à  ce  que, 
comme  on  a  pu  le  voir  aux  réponses  à  la  cinquième  question,  tous 
les  industriels,  sans  exception,  ne  soumettent  les  enfants  qu'à  des 
travaux  légers,  proportionnés  à  leur  âge  et  à  leurs  forces. 

32*  questiok.  —  La  nature  et  la  durée  du  travail  assigné  aux 
enfants  exercent-elles  une  influence  défavorable  sur  leur  état 
physique  et  sur  leur  développement? 

aiponsK.  —  On  vient  de  voir  par  ce  qui  a  été  répondu  à  la 
question  précédente,  que  les  enfants  jouissent  en  général  d'une 
bonne  santé  et  par  quels  motifs  ;  nous  y  ajouterons  que  le  travail 


DiglizedOy  GOOgle 


U      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

facile  qui  leur  est  partout  assigné  est  uu  exercice  manuel  utile, 
propre  à  les  développer  et  nécessaire  pour  en  former  plus  tard  de 
bons  ouvriers  dans  la  branche  qu'ils  ont  embrassée. 

33*  question.  —  Quelles  sont  les  maladies  et  les  infirmités  aux- 
quelles sont  le  plus  souvent  exposés  les  ouvriers  en  général,  et  les 
enfants  en  particulier?  Quels  moyens  avez-vous  employés  ponr  les 
prévenir  et  y  porter  remède? 

bbpoitsi.  —  Bien  que  cette  question  et  quelques  autres  de  même 
nature  ne  soient  évidemment  pas  du  ressort  d'une  chambre  de 
commerce ,  mais  bien  du  domaine  de  la  médecine ,  nous  n'avons 
pas  cru  devoir  les  passer  sous  silence,  afin  de  compléter  notre 
travail  autant  qu'il  nous  a  été  possible. 

Mous  avons  vu  qu'eu  général  l'état  sanitaire  des  ouvriers  et  des 
enfants  travaillant  dans  les  fabriques  est  très-satisfaisant;  cepen- 
dant le  chef  intelligent  de  l'industrie  du  tissage  des  étoffes  a 
remarqué  que,  pendant  plusieurs  étés,  les  ouvriers  étaient  atteints 
de  coliques,  suivies  de  fièvre;  il  a  fait  rechercher  les  causes  de  cette 
maladie,  et  on  les  a  fait  disparaître  par  l'emploi  du  chlorure  de 
chaux  pour  l'assainissement  des  locaux. 

On  voit  que  le  mal  dont  nous  venons  de  faire  mention  n'a  été 
que  passager  ;  mais  il  existe  une  cause  de  maladie  chez  les  ouvriers 
de  la  capitale  et  de  tea  environs ,  à  la  destruction  de  laquelle  il 
faudrait  employer  de  puissants  remèdes  :  c'est  la  boisson. 

34*  qubstiok.  —  Avez-vous  eu  à  déplorer  des  accidents  depuis 
quelques  années?  En  cas  d'affirmative,  dites-nous  la  nature  de  ces 
■  accidents,  leurs  causes,  le  nombre,  l'âge  des  victimes. 

aiponsB.  —  Les  accidents  dans  les  ateliers  de  mécaniques  sont 
causés  par  l'imprudence  des  ouvriers  qui  se  brûlent  quelquefois. 

Dans  la  papeterie,  on  n'a  eu  ,  pendant  une  période  de  plus  de 
quarante  ans,  a  déplorer  qu'un  seul  accident. 

Dans  l'impression  des  indiennes,  un  seul  accident  est  arrivé  par 
l'imprudence  d'un  ouvrier  de  quarante  ans,  qui  a  eu  le  bras  engagé 
entre  deux  cylindres;  il  est  mort  des  suites  de  ses  blessures,  et 
comme  il  n'y  a  point  de  caisse  de  prévoyance,  l'industriel  fait  une 
pension  à  sa  veuve. 

35*  QŒSTion.  —  Quel  est  le  nombre  de  vos  ouvriers  inscrits  sur 
les  listes  des  pauvres,  et  à  quelles  causes  peut-on  attribuer  leur  état 
d'indigence  ? 

keponsk.  —  Cette  question  est  d'autant  plus  pénible  à  traiter, 

Digilizedby  GOOgle, 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  45 

que  les  résultats  de  nos  investigations  sont  loin  d'être' à  l'avan- 
tage de  la  classe  ouvrière  de  notre  populeuse  cité  et  de  ses  envi- 
rons. 

En  effet,  l'industrie  de  la  rubanerie  compte  trente-quatre  hommes 
et  dix-sept  femmes  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres.  Le  chef  attri- 
bue leur  indigence  à  leur  nombreuse  famille  et  a  leur  âge  avancé  ; 
mais,  dans  sa  réponse  a  la  trente-troisième  question,  il  dit  que 
ses  ouvriers  ne  sont  jamais  malades,  excepté  les  lundis  par  suite 
des  excès  de  la  veille. 

Dans  la  fabrique  de  tulle,  on  évalue  au  vingtième  le  nombre 
d'ouvrières  inscrites  sur  ces  listes ,  et  la  cause  de  leur  misère  est 
attribuée  à  leur  nombreuse  famille ,  souvent  composée  de  dix  & 
douze  enfants,  dont  la  plupart  sont  trop  jeunes  pour  être  employés 
dans  les  établissements  manufacturiers. 

Dans  l'un  des  ateliers  de  mécaniques,  on  en  compte  tout  au  plus 
un  dixième,  et,  chose  remarquable,  ce  sont  précisément  ceux  de  la 
ville;  tandis  que  les  autres  venant  de  Liège,  ayant  femme  et  enfants 
à  nourrir,  ne  sont  pas  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres. 

Dans  le  second  atelier,  situé  au  faubourg ,  le  nombre  des 
assistés  est  très- restreint  ;  ce  sont  ceux  dont  le  salaire  est  le  plus 
modique. 

Nous  n'avons  pu  obtenir  des  renseignements  positifs  sur  la  fila- 
ture de  lin,  parce  que  la  plus  grande  partie  des  ouvrières  appar- 
tiennent-aux  communes  environnantes. 

Dans  la  ganterie,  aucun  des  ouvriers  travaillant  dans  l'établisse- 
ment n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres,  et  cela  se  conçoit  :  d'abord, 
parce  qu'ils  sont  presque  tous  étrangers,  et  ensuite  par  le  motif  qu'ils 
sont  fortement  salariés. 

Dans  la  fabrique  de  papier,  on  n'en  connaît  pas,  parce  qu'elle 
n'est  point  en  ville. 

Dans  la  classe  ri  nombreuse  des  dentellières,  le  chiffre  de  celles 
qui  sont  inscrites  n'a  pu  nous  être  donné,  comme  on  le  pense  bien, 
avec  exactitude;  il  est  vraiment  effrayant,  car  on  l'estime  aux  trois 
quarts,  ce  qui  en  élèverait  le  total  à  environ  neuf  cents. 

Il  est  de  notre  devoir  de  signaler  ici  un  abus  qui  n'est  malheu- 
reusement que  trop  fréquent;  les  maîtres  des  pauvres  se  présen- 
tent chez  les  ouvriers  ;  s'ils  s'aperçoivent  qu'il  règne  dans  la  maison 
un  peu  d'ordre  et  de  propreté,  ils  en  tirent  la  conséquence  qu'aucun 
secours  ne  leur  est  nécessaire,  tandis  qu'ils  en  accordent  a  un  autre 


^y  Google 


26     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

ouvrier  dont  la  maison  est  malpropre  et  dont  le  chef  s'adonne  habi- 
tuellement à  l'ivrognerie. 

La  fabrique  d'indiennes  qui  nous  a  occupés  dans  le  cours  de  ce 
travail,  étant  située  a  la  campagne,  peu  d'ouvriers  *e  trouvent  sur  ■ 
les- listes  des  pauvres. 

Dans  la  teinturerie,  également  située  dans  un  village  voisin,  il 
ne  s'en  trouve  qu'un  seul,  et  cela  parce  qu'il  est  chargé  d'une 
nombreuse  famille.        ■  - 

Dans  la  fabrique  de.  cotonneltes,  tous  les  ouvriers  étant  campa- 
gnards, nous  n'avons  pu  obtenir  aucun  renseignement  à  cet  égard. 

Il  en  est  fort  peu  dans  la  fabrique  d'impression  de  foulards,  mais 
en  revanche,  dans  la  tisseranderîe  d'étoffes  on  en  compte  le  quart  ; 
ils  sont  domiciliés  à  Bruxelles ,  et  ceux  qui  habitent  les  environs 
s'y  feraient  également  inscrire,  s'ils  le  pouvaient. 

Après  avoir  ainsi  soumis  à  vos  lumières  les  faits  de  toute  espèce 
que  nous  avons  recueillis  dans  la  difficile  enquête  dont  nous  étions 
chargés,  notre  lâche  n'est  point  accomplie  ;  ils  nous  reste  encore 
a  vous  exposer  les  considérations  générales  qui  en  résultent, 
ainsi  que  celles  que  le»  industriels  eux-mêmes  nous  ont  soumises, 
et  a  vous  proposer  enfin  les  mesures  que  nous  croyons  les  plus 
propres  a  la  sécurité  des  chefs  d'établissements  industriels  et  à  assu- 
rer le  bien-être  de  la  classe  ouvrière  elle-même. 

Si' nous  ouvrons  les  pages  de  notre  enquête  qui  contiennent  les  . 
observations  générales  qui  nous  ont  été  Faites,  nous  trouverons 
qu'elles  signalent  partout  une  absence  presque  générale  d'instruc- 
tion, qui  prend  sa  source  dans  l'ignorance  même  des  parents  des 
jeunes  ouvriers  et  dans  ce  que,  dès  leur  plus  tendre  enfance ,  il* 
les  forcent  à  leur  rapporter  tin  mince  et  sordide  salaire. 
;  Ils  ne  considèrent  pas  que  l'instruction  que  leurs  enfants 
recevraient  dans  leur  jeune  âge ,  formerait  non-seulement  leur 
jugement ,  leur  moralité,  mais  leur  donnerait  encore,  de  bonne 
heure ,  plus  d'aptitude  pour  exercer  l'état  auquel  ils  se  destine- 
raient ensuite. 

Cependant  la  position  est  telle  ;  il  faut  l'accepter  et  tâcher  de 
trouver  un  remède  pour  concilier  à  la  fois  les  exigences  des1 
parents  et  le  bien-être  des  enfants;  nous  l'indiquerons  plus  lard. 

II  résulte  encore  des  faits  que  nous  avons  recueillis  qu'il  est 
vrai,  en  général,  que  ce  sont  les  ouvriers  des  villes  qui  se  trouvent 
en  presque  totalité  sur  les  listes  des  pauvres. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  37 

Aquoi  attribuer  cette  détresse?Àl'insuffiaance  de  leuraalaire?  Non. 
A  la  cherté  des  loyers  et  des  denrées  nécessaires  à  l'existence  ?  Certes, 
cela  y  contribue  pour  quelque  chose  ;  mais  la  véritable  lèpre  de  la 
classe  ouvrière,  c'est  sa  démoralisation,  l'ivrognerie  à  laquelle  elle 
se  livre  généralement,  et  les  occasions  qu'elle  trouve  trop  fréquem- 
ment de  dépenser  le  fruit  de  son  travail ,  soit  dans  les  débits  de 
boissons  distillées,  soit  dans  les  cabarets,  soit  dans  les  trop  nom- 
breuses kermesses  qu'elle  fréquente  toujours  avec  un  extrême 
empressement. 

En  rêut-on  un  exemple  7  On  le  trouvera  d'autant  plus  frappant 
qu'il  est  donné  par  la  classe  la  plus  nombreuse  et  en  même  temps 
la  plus  pauvre,  les  ouvrières  dentellières.  Elles  travaillent  avec 
assiduité  du  matin  au  soie;  elles  se  créent  des  épargnes  que  vous 
ailes  croire  destinées  a  pourvoir  à  des  besoins  éventuels.  Pas  du 
tout;  survient  une  kermesse,  la  fête  patronale  de  leur  état,  c'est 
alors  que  vous  les  verrez  pendant  trois  ou  quatre  jours  de  suite 
se  promener  dans  des  voitures  ornées  de  drapeaux,  chantant  à  lue- 
tête  et  dissipant  ainsi  en  quelques  moments  leurs  économies.  A  la 
«uite  de  ces  excès ,  elles  tombent  dans  la  plus  profonde  misère, 
obligées  de  demander  des  avances  aux  maîtresses  qui  les  emploient, 
et  d'implorer  même  l'assistance  des  maîtres  des  pauvres. 

Nous  serions  heureux  si  nous  n'avions  que  ces  faits  a  citer; 
mais  ils  se  reproduisent  malheureusement  chez  tous  les  ouvriers  en 
général  ;  nous  en  connaissons ,  dans  l'imprimerie  de  foulards  qui, 
malgré  un  salaire  élevé,  ne  rougissent  pas  d'exposer  leurs  femmes 
et  leurs  enfants  aux  plus  dures  privations  ;  préférant  dissiper, 
dans  les  cabarets,  lé  irait  de  leur  travail,  plutôt  que  d'élever  hono- 
rablement leur  famille. 

Vous  verrez  encore  que,  dans  la  bonne  saison,  lorsque 
l'ouvrage  est  pressé,  s'ils  parviennent  a  s'en  apercevoir,  sans 
aucune  espèce  de  raison,  ils  restent  oisifs,  se  coalisant  et  exigeant, 
pour  reprendre  leur  travail,  une. augmentation  de  salaire.  Malheur 
au  fabricant  s'il  se  soumet  à  leurs  exigences  I  Ce  n'est  que  lorsque 
l'aiguillon  de  la  faim  se  fait  sentir,  après  s'être  enivrés  et  avoir 
contracté  des  dettes,  qu'ils  se  remettent  a  l'ouvrage,  au  risque  de 
le  gâter  dans  les  premiers  moments,  parce  que  la  débauche  leur 
rend  la  main  mal  assurée  ;  et  bien  qu'ils  sachent  qu'ils  auront  à 
supporter  une  partie  du  dommage  causé,  ils  restent  néanmoins 
Incorrigibles. 

Mais,  nous  dira-t-on,  pourquoi  le  fabricant  ne  chasse-t-ïl  pas 


<    !       :    yCoOglC 


28  RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
d'aussi  mauvais  sujet*  ?  Parce  que  cela  ett  impossible,  par  le  motif 
que  le  peu  de  bons  ouvriers  qui  se  trouvent  encore  eu  Belgique, 
dans  celte  branche,  sont  précisément  ceux  qu'on  ne  pourrait 
punir  comme  on  le  désirerait,  a  défaut  de  pouvoir  les  remplacer 
convenablement,  attendu  qu'il  faut  trop  de  temps  pour  en  former 
de  nouveaux. 

On  conçoit,  en  effet,  que  dans  toutes  les  professions  pour  l'exer- 
cice desquelles  les  industriels  trouvent  facilement  des  ouvriers, 
ceux-ci  sont  beaucoup  plus  dociles,  parce  que,  certains  de  leur 
renvoi,  a  la  première  inconduite ,  ils  ont  intérêt  à  ne  pas  mécon- 
tenter leurs  maîtres. 

Dans  le  cours  de  notre  enquête ,  nous  avons  aussi  entendu  de 
graves  plaintes  concernant  l'inexécution  de  la  loi  sur  les  livrets , 
et  notamment  dans  la  rubanerie,  la  fabrication  des  papiers  et 
l'industrie  dentellière,  où  aucune  des  ouvrières  n'en  est  munie, 
circonstance  calamiteuse  pour  les  maltresses,  parce  que  les  ou- 
vrières tes  quittent  quand  elles  veulent  pour  aller  travailler  ail- 
leurs, en  emportant  quelquefois  les  dessina  qui  leur  étaient  confiés. 

Nous  avons  à  vous  entretenir  maintenant  d'une  industrie  qui 
a  pris,  dans  le  pays,  un  essor  assez  considérable,  mais  dont  le 
développement  complet  est  arrêté  par  le  manque  d'ouvriers  indi- 
gènes ;  nous  voulons  parler  de  la  ganterie.  Nous  avons  vu  qu'une 
seule  fabrique  de  gants  occupe  de  trois  cent  cinquante  à  quatre 
cents  ouvriers,  et  que  tous  ceux  qui  travaillent  dans  l'établisse- 
ment même,  salariés  à  5  et  7  francs  par  jour,  sont  presque  tous 
des  étrangers,  dont  l'industriel  voudrait  se  rendre  indépendant. 

Pour  7  parvenir,  il  faudrait  pouvoir  former  des  élèves;  mais 
malgré  la  hauteur  du  salaire  que  ceux-ci  pourraient  obtenir  après 
deux  ans  d'apprentissage,  te  fabricant  n'a  pu  en  trouver  qu'un  seul 
encore,  et  cela,  parce  que  souvent  les  parents  ne  peuvent  faire  le 
sacrifice  de  300  fr.  qu'il  faudrait  avancer  une  seule  fois  pendant 
ces  deux  années,  à  l'ouvrier  chargé  du  soin  d'instruire  l'élève,  pour 
le  dédommager  de  la  perte  de  son  temps  et  du  travail  défectueux 
de  l'apprenti. 

En  France,  les  parents  comprennent  mieux  la  position  future 
de  leurs  enfants  ;  aussi  ne  balancent-ils  pas  à  payer  jusqu'à  300  fr. 
pour  leur  apprentissage. 

En  Belgique,  on  vaincra  bien  difficilement  cette  répugnance, 
parce  qu'il  est  vrai  de  dire  que  peu  de  parents  sont  en  position  de 
s'imposer  un  semblable  sacrifice. 


^y  Google 


CHAMBHE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  39 

Nous  arrivons  h  un  point  que  les  fabricants  de  dentelles  nous 
signalent  comme  fort  important,  et  que  nous  rapportons  ici  eo 
acquit  de  notre  devoir. 

Vous  avez  ru,  par  les  réponses  qui  nous  ont  été  faites  a  la 
vingt-quatrième  question,  que  le  salaire  des  ouvrières  dentellières 
est  diminué  de  moitié  depuis  trente  ans,  et  qu'on  attribue  ce  fait 
à  la  circonstance  qu'on  est  aujourd'hui  beaucoup  moins  difficile 
qu'autrefois  «ur  la  perfection  de  l'ouvrage. 

Cette  cause,  d'après  les  fabricants  de  dentelles,  n'est  pas  la  seule. 
Il  en  est  une  autre  qui  menace  cette  précieuse  industrie  d'une  des- 
truction complète,  en  lui  faisant  perdre  aux  yeux  de  l'Europe  la 
brillante  réputation  dont  elle  jouit  : 

Il  y  avait  autrefois ,  disent-ils,  d'habiles  ouvrières  qui,  par  leur 
longue  expérience,  méritaient  qu'on  les  désignât  pour  former  de 
bonnes  élèves  dans  la  profession  qu'elles  avaient  elles-mêmes  exer- 
cée; elles  étaient  appelées  à  diriger  des  écoles  dont  le  nombre 
était  limité. 

Il  n'était  pas  permis  alors  à  leurs  élèves  de  devenir  elles-mêmes 
maîtresses ,  avant  de  posséder  toutes  les  connaissances  néces- 
saires, et  d'être  capables  d'exécuter  des  ouvrages  perfectionnés; 
«'est  alors  seulement  que  les  maîtresses  les  présentaient  aux  fabri- 
cants qui  leur  donnaient  du  travail. 

Il  n'en  est  plus  de  même  aujourd'hui ,  ajoutent  les  industriels 
dentelliers  ;  les  parents  envoient  leurs  enfanta  en  apprentissage  dès 
l'Age  de  six  ans  ;  ils  contractent  un  engagement  de  quatre  années, 
pendant  la  durée  duquel  l'enfant  gagne  de  10  à  20  centimes  par 
semaine,  selon  son  aptitude. 

L'apprentissage  terminé,  la  jeune  ouvrière  continue  encore  a 
travailler  pendant  quatre  à  six  ans  pour  sa  maîtresse  ;  mais  arrivée 
à  l'âge  de  quatorze  à  seixe  ans,  elle  prend  son  essor.  Poussée  par  les 
conseils  de  ses  parents  et  guidée  par  l'espoir  d'un  salaire  plus 
élevé,  elle  s'établit  elle-même  maîtresse,  alors  qu'elle  n'est  pas 
bonne  ouvrière,  et  la  voilà  tenant  école  pour  son  propre  compte. 

Le  nombre  des  écoles  de  l'espèce  s'est  tellement  multiplié,  sur- 
tout depuis  l'augmentation  d'activité  de  cette  industrie,  que  dans 
le  seul  quartier  de  la  rue  Haute  on  en  compte  plus  de  vingt-cinq, 
occupant  chacune  de  dix  à  douze  jeunes  enfants. 

On  comprendra  facilement,  disent  ces  fabricants,  que  cet  état  de 
choses  doit  nécessairement  tendre  à  diminuer  la  perfection  de 
l'industrie  dentellière,  et  que,  s'il  continue,  le  moment  arrivera  où 


^y  Google 


30      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCÉ. 

les  bonnes  ouvrières  disparaîtront  successivement,  el,  avec  elles,  la 

renommée  de  l'industrie  elle-même.  .  , 

Voici  les  moyens  que  proposent  les  fabricants  de  dentelles,  dont 
nous  ne  faisons  ici  que  consigner  l'opinion.  Il  faudrait,  selon  eux, 
réunir  leS  élèves  de  toutes  ces  petites  écoles,  éparses  sous  la  direc- 
tion d'un  nombre  donné  de  maltresses  expérimentées,  auxquelles 
on  aurait  préalablement  fait  subir  un  examen  de  capacité  devant 
une  commission  composée  de  fabricants  de  dentelles. 

Mais,  disent-ils,  comme  sous  l'empire  de  la  constitution  qui  nous 
régit,  il  serait  impossible  de  supprimer  les  écoles  existantes,  il 
deviendrait  nécessaire  que  le  gouvernement  intervint  et  accordât 
soit  un  encouragement,  soit  une  légère  augmentation  de  salaire 
aux  élèves  qui  fréquenteraient  les  écoles  qu'il  aurait  lui-même 
instituées. 

Cet  appât,  pensent-ils,  ferait  déserter  les  anciennes  écoles  et 
refluer  bientôt  les  élèves  vers  les  nouvelles  qui  présenteraient  ainsi 
le  triple  avantage  d'un  ensemble  de  travail  mieux  dirigé,  plus  par- 
fait, d'une  meilleure  surveillance  quant  a  la  moralité  des  entants, 
et  offriraient  enfin  les  moyens  de  les  astreindre  à  acquérir  l'instruc- 
tion dont  ils  manquent  aujourd'hui  complètement  (1).  ' 

Après  avoir  signalé  les  vices  et  les  abus  qui  contribuent  le  plus 
puissamment  à  la  misère  des  ouvriers  des  divers  établissements 
industriels  que  nous  venons  de  visiter,  permettez-nous  de  vous 
rappeler  que  vous  nous  aviez  également  chargés  de  1'enqtiéte  rela- 
tive à  l'institution,  a  Bruxelles,  d'un  conseil  de  prud'hommes.  Pour 
la  rédaction  de  ce  premier  travail,  nous  avons  eu  l'occasion  de  voir 
d'autres  industriels  que  ceux  qui  sont  signalés  dans  le  présent 
rapport. 

■  Nous  avons  entendu  alors  les  orfèvres,  les  chapeliers,  les.  cor- 
donniers, les  tailleurs,  les  menuisiers,  les  ébénistes,  etc.,  et  il 
nous  est  pénible  de  devoir  dire  que  l'inconduite  des  ouvriers 
employés  par  ces  divers  fabricants  est  aussi  caractérisée4  que  celle 
des  ouvriers  des  diverses  industries  dont  nous  Venons  d'avoir 
l'honneur  de  vous  entretenir. 

Nous   devons  ajouter  que  les  ouvriers  employés  par  ces  fabri- 

(1)  Depuii  que  ce  rapporta  été  rédigé,  deai  dcaUu  denlellife™  ont  été  établki 
à  Bruiellu  pal  dei  associa  lion  religieuse»  et  charitable*,  qui  ont  été,  à  cet  effet, 
tubaidïéei  par  le  gouvernement  :  l'une  ait  dirigée  par  lei  iwurs  de  Saint-Vincent  de 
Feule,  l'autre  par  le)  aœura  de  Kotre-Deme.  {Nolt  4u  rapporteur  ifs  la  Commission 
iniHInée  par  le  gouvernenumt.) 


D,g,ized0y  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  BRUXELLES.  31 

fiants  sont  beaucoup  plue  nombreux  que  ceux  occupée,  dans  ce» 
dernières  industries. 

l'Nous  avons  mûrement  réfléchi  aux  mesures  qu'il  conviendrait 
d'adopter  pour  ramener  insensiblement,  la  classe  ouvrière  à  un 
état  normal,  et  noue  pensons  d'abord  que  l'institution  d'un  conseil 
de  prud'hommes,  qui  ■aurait  dans  ses  attributions  le  soin  de  faire 
observer  les  lois  et  règlements  relatifs  aux  livrets,  serait  très-salu- 
taire, en  opposant  une  barrière  aux  déréglemente  des  ouvriers, 
qui,  outre  la  crainte  de  ne  plus  trouver,  de  travail  après  avoir  été 
renvoyés  d'un  atelier,  seraient  encore  retenus  par  celle  des  puni- 
tions qu'on  pourrait  leur  infliger  pour  leur  inconduite. 
.  2*  Nous  considérons  encore  comme  pouvant  être  utîje,  la  for- 
mation de  réunions  dans  lesquelles,  tous  les  lundis,  de  cinq  à  huit 
heures  du  soir,  les  ouvriers  adultes  pourraient  recevoir  gratuite- 
ment certaine  instruction  et  trouver  en  même  temps  quelque 
récréation. 

5*  Nous  recommandons  surtout  l'organisation  uniforme  d'écoles 
pour  le»  enfants  au-dessous  de  l'âge  de  seize  ans ,  tenues  le  soir , 
gratuitement,  et  après  la  cessation  dés  travaux  des  établissements 
industriels.  Cette  institution  bienfaisante  pourrait  n'être  point 
efficace,  si  l'on  n'y  ajoutait  comme  corollaire  une  disposition 
statuant  que  tous  les  parente  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  en 
seraient  rayés  s'ils  ne  fournissaient  point  la  preuve  que  leurs 
enfants  fréquentent  les  écoles  ;  il  faudrait  statuer,  en  outre,-  que, 
poury  être  inscrit  à  l'avenir,  cette  preuve  deviendrait  indispensable.' 

Toutefois,  veuillez  le  remarquer,  lorsque  noue  parlons  de  l'éta- 
blissement de  ces  écoles,  nous  n'entendons  pas  en  restreindre  le 
bienfait  à  la  ville,  seulement;  nous  désirons  que  cette  mesure  soit 
générale  et  appliquée  a  tous  les  villages  populeux  du  ressort, 
d'où  nous  arrivent,  tant  pour  la  ville  que  pour  les  fabriquée  des 
environs,  un  grand  nombre  d'ouvriers. 

4*  Il  serait  non  moins  utile  de  mettre  les  chefs  d'établissement» 
en  rapport  avec  les  maîtres  des  pauvres,  afin  qu'ils  pussent,  au 
besoin,  les  informer  du  véritable  état  d'indigence  de  leur*  ouvriers, 
par  suite  de  maladies,  de  malheurs ,  ou  d'inoonduite.  - 

fi*  Il  serait  également  a  désirer  que  l'usage  généralement  adopté 
de  payer  les  ouvriers  le  samedi ,  fut,  aboli  ;  car  il  y  a  beaucoup 
d'exemples  d'ouvriers  qui ,  comptant  sur  le  repos  du  dimanche , 
commencent  dès  le  samedi  même  à  dépenser  dans  les  cabarets 
sinon  le  tout,  au  moins  une  bonne  partie  de  leur  salaire  de  la 


D,g.1ized0yGOOgle 


33      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
semaine,  et  retournant  ivre»  au  sein  de  leur  famille,  se  livrent  à  des 
excès  et  même  à  des  voies  de  fait  déplorables. 

6"  Nous  pensons  enfin  qu'il  est  de  la  dernière  urgence  de  Faire 
réviser  les  listes  des  pauvres.  Nous  avons  la  conviction  que  de 
grave*  abus  s'y  sont  glissés ,  et  que  l'on  trouverait  des  individus 
qui  s'y  sont  fait  porter,  dans  le  seul  but  de  s'exempter  du  payement 
des  impôts. 

Telles  sont  les  dispositions  que  nous  croyons  devoir  proposer  ; 
si  elles  ne  mettent  pas  un  terme  aus  maui  que  nous  avons  signalés, 
elles  sont  du  moins  de  nature  à  les  atténuer  et  à  ramener  la  classe 
ouvrière  a  des  sentiments  de  prévoyance  et  de  moralité. 

Tous  les  cbeb  d'ateliers  consultésvoudraient  plus  encore,  et  si  nous 
exprimons  ici  leurs  vœux,  ce  n'est  que  dans  la  pensée  d'éclairer  le 
gouvernement  sur  l'étendue  et  la  profondeur  de  la  plaie  que  nous 
cherchons  à  cautériser. 

Ils  voudraient  que  l'on  supprimai ,  par  une  disposition  légale, 
le  nombre  infini  des  kermesses  qui  existent  aujourd'hui  ;  Us  pré- 
tendent que  cette  suppression  diminuerait  considérablement  les 
occasions  trop  fréquentes,  pour  l'ouvrier,  de  dépenser  en  débauobes 
le  fruit  de  son  travail,  et  ils  estiment  que  la  fête  patronale  de  la 
ville  et  les  fêtes  nationales  devraient  être  seules  maintenues. 

Ils  considèrent  encore  comme  de  la  plus  haute  importance  de 
veiller  a  la  stricte  exécution  des  lois  et  règlements  sur  les  heure* 
de  fermeture  des  cabarets  et  autres  endroits  publics ,  afin  que  la 
classe  ouvrière  ne  s'y  abrutisse  plus  en  y  restant  bien  avant  dans 
la  nuit,  et  qu'elle  soit  ainsi  plus  propre  au  travail  du  lendemain.  Ces 
funestes  exemple*  sont  surtout  particuliers  a  la  capitale  où  la  police 
est  a  cet  égard  plus  tolérante  que  dans  la  banlieue. 

Ils  ajoutent  enfin  qu'il*  comprennent  que  cette  mesure  pourra 
paraître,  de  prime  abord,  d'une  difficile  exécution  ;  mai*  qu'avec 
de  la  persévérance  on  parviendra  a  surmonter  les  obstacles,  et  qu'en 
présence  des  -faits  qu'ils  nous  ont  signalés,  nul  doute  que  le»  bienfaits 
de  cette  exécution  des  lois  et  règlements  n'ait  une  portée  immense 
autant  pour  k  classe  ouvrière  que  pour  la  société  tout  entière. 

Nous  avons  unanimement  adopté  ce  rapport ,  que  nous  avons 
l'honneur  de  vous  adresser,  en  vous  priant,  H.  le  Gouverneur, 
d'agréer  de  nouveau  l'hommage  de  notre  considération  la  plus  dis- 
tinguée. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

Lamouet.  P.-J.  Vahimui  Elst. 

Digilizedby  GpOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  LOUVAW.  53 

II.  —  Oiadm'  de  commerce  de  Loncaln. 

1™quistkw. — Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  industries  qui 
emploient  de  jeunes  ' ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et  dans 
quelle  proportion  s';  trouvent-ils? 

hépoubs.  —  Ce  sont  les  imprimeries ,  les  fabriques  de  papiers 
peints,  les  filatures,  les  fabriques  d'étoffes  de  laine,  les  teintureries. 
Les  jeunes  ouvriers  y  sont  dans  la  proportion  d'un  quart  ou  d'un 
tiers. 

2*  question.  —  A  quel  âge  admet-on ,  en  général ,  les  enfants 
dans  ces  établissements  ? 

isiponsE.  —  Nous  croyons  que  c'est  de  douze  a  treize  ans. 

8*  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  a  leur  santé? 

xÉPonsB.  ■ —  Leurs  travaux  consistent  à  aider  les  ouvriers  ;  maie 
ils  ne  font  rien  qui  nuise  à  leur  santé. 

4e  question.  —  Quelle  est  la  durée  .habituelle  du  travail  journa- 
lier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive. 

aironsB. — La  durée  est  de  douze  heurts  en  été  et  de  huit  heures 
en  hiver ,  ce  qui  ne  nous  paraît  pas  excessif. 

5*  question.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants? 

sipOHsx.  —  De  huit  heures  et  demie  à  neuf  heures ,  de  midi  a 
une  heure  et  demie  en  été  ;  de  midi  à  une  heure  en  hiver,  et  de 
quatre  heures  à  quatre  heures  et  demie  l'après-dinée  :  ce  qui  nous 
paraît  suffisant. 

6*  QnRSTion.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfais 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se 
combine-t-U  atec  le  travail  de  jour? 

aironsx.  —  Mous  ne  connaissons  pas  d'établissement  où  ils  tra- 
vaillent pendant  la  nuit. 

7*  ovKsnoA.  —  T  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche  ?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  a  ce  que  les 
ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  remplissent  leurs  devoirs 
religieux? 


^y  Google 


54      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

keporse.  —  Les  ouvriers,  dans  quelques  brasseries,  distilleries , 
moulins ,  et  ceux  de  la  station  du  chemin  de  fer  travaillent  le 
dimanche,  ce  qui  les  empêche  souvent  de  remplir  leurs  devoirs 
religieux  ;  toutefois  ceci  n'est  pas  applicable  aux  enfants. 

8*  odestiok.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers ,  en  spécifiant,  autant  que  possible ,  les  industries , 
les  sexes  et  les  Ages  ? 

képofsk.  —  Le  salaire  varie  de  vingt  a  trente  centimes  dans 
les  industries  mentionnées  à  la  première  réponse. 

9*  question.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches,  l'avantage 
que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfants,  de  préfé- 
rence aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment  de 
l'augmentation  des  salaires ,  les  avantages  que  retirent  les  Familles 
d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

«épouse.  —  L'avantage  qu'on  y  trouve  est  le  bas  prix  du  salaire  ; 
et,  de  l'autre  eôté,  pour  les  familles  d'ouvriers,  c'est  que  les  enfants 
font  leur  apprentissage  et  que  les  parents  en  sont  débarrassés  pen- 
dant le  jour. 

10*  'Oubstiqf.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige -t- il 
impérieusement  que  tes  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

«épouse. —  En  général,  comme  les  enfants  servent  d'aides  aux  ou- 
vriers adultes,  ils  doivent  rester  au  travail  aussi  longtemps  qu'eux. 

11'  question.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position?  Quelle  est 
aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut? 

EKPOB8E.  —  Elles  peuvent  très-bien  se  concilier,  et  ils  sont  a 
même  de  recevoir  gratuitement  une  très-bonne  éducation  dan»  les 
écoles  du  jour  et  du  soir,  ohex  les  frères  de  Charité ,  les  sœurs  de 
Marie-aux -Minimes ,  les  sœurs  de  Charité  à  Saint- Jacques,  aux 
écoles  pour  les  garçons  pauvres  honteux  de  sept  A  douze  ans,  à  celles 
des  filles  du  même  Age  ;  à  celle  pour  adultes  le  soir,  à  l'école  gar- 
dienne de  la  paroisse  de  Saint-Jacques,  à  l'Académie  des  beaux-arts 
où  l'on  apprend  les  éléments  du  dessin ,  d'architecture  ,  de  mode- 
lage et  de  musique. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  LOUVA1N.  35 

Le  besoin  d'une  école  dominicale  pour  les  garçons  ainsi  que  de 
plusieurs  écoles  gardiennes  pour  les  enfants  se  lait  fortement  sentir, 
et  il  serait  à  désirer  que  cette  lacune  put  être  remplie. 

1 2*  question.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'âge,  la 
limite  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux? 
•.epousb.  —  Pas  au-dessous  de  douze  ans. 

13*  qhmtiok.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants?  Gomment  gradue- 
riec-vous  cette  durée  selon  l'âge  ? 

rêpoïisk.  —  Mous  nous  en  référons  aux  réponses  Faites  a  la  troi- 
sième et  a  la  quatrième  questions. 

14*  QtrusTiow.  —  Jusqu'à  quel  Age  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers  7 

répokse.  — •  Le  travail  de  nuit  n'existe  pas  ici  pour,  les  jeunes 
ouvriers. 

15*  oms-noir.  —  Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  Age  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifies  ces  établissements. 

ïiApokse.  —  Nous  ne  connaissons  pas  d'établissements  de  cette 
espèce. 

16*  question.  —  A.  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques,  etc.,  sans  qu'aucune  restriction 
fût  apportée  à  la  durée  de  son  travail  ? 

aiponsB.  —  De  seize  a  dix-huit  ans. 

17*  oOKBTion  —  Pour  satisfaire  à  tous  les  intérêts,  ne  pourrait-on 
pas  former ,  comme  en  Angleterre ,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement ,  en  m  relayant  à  de  certains 
intervalles? 

B.ÉPONSB.  —  La  nature  des  industries  qui  existent  dans  notre 
ressort  ne  nous  permet  pas  de  répondre  à  celte  question,  non  plus 
qu'à  la  dix-huitième  et  a  la  dix-neuvième. 

Questions  hygiéniques  et  économiques. 

30*  QtrESTioiT.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
méats  industriels  de  votre  ressort? 

kbpohsb.  —  En  général,  leur  santé  est  assez  bonne. 


-    !od,vCoOg[e 


56       RÉPONSES  ET -RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

21'  question. —  Quels  «ont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmât;»,  tes  difformité»  auxquelles 
ils  sont  sujets  ? 

aipowsx.  —  Nous  n'en  connaissons  pas  :  les  industries  qui  s'exer- 
'  cent  ici  n'y  donnent  pas  lieu.  , 

23"  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier? 

jubwmsk.  —  Les  pommes  de  terre,  le  pain  de  seigle,  une  fois  par 
semaine  de  là  viande,  l'été  du  beurre,  et  en  hiver  du  lard  fondu.  . 

■   35*  question.  ■*—  Comment  est-il  logé  d'ordinaire,  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 

hbpoiïsh.  —  Assez  bien;   en   général,   l'ouvrier  payé  1  franc 
a  1  franc  50  centimes  :  ceux  qui  donnent  2  francs  forment  les 
.  exceptions. 

34*  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia-' 
lions  sensibles  depuis  un  certain-  nombre  d'années,  et  quelles  sont  ■ 
ces  variations  ? 

pépousk.  -""Le  salaire  des- ouvriers  n'a  subi  que  peu  de 'varia- 
tions depuis  nombre  d'années. 

25*  orESTioif.  ■ — Le  salaire  actuel  suffit-îl  en  général  pour  que. 
l'ouvrier  ail  une  existence  convenable?  Peut-il  faire-dés- économies? 

bxpoicsb.  —  Oui,  le  salaire  suffit,  mais  l'ouvrier  ne  peut  pas  faire 
d'économies,  par  la  raison  que  le 'salaire  est  resté  a  peu  près  le 
même,  tandis  que  le  prix  des  objets'  d'alimentation  a  augmenté. 

36*  question.  — ■  A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour. 
ou  par  semaine ,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de 
celui  de  sa  famille? 

aipoirsB.  —  Nous  estimons,  en  moyenne,  le  coût  de  son  entretien 
et  de  celui  de  sa  famille  à  1  franc  50  centimes  au  minimum. 

27'  question.—  Quelle  est,  en  général,  ta  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort? 

réponse.  —  Il  n'y  a  pas  trop  à  s'en  louer.  .     . 

38*  question,  -r-  Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie? 
aftromnc.  —  Oui,  surtout  les  dimanches,  et  a  causé  du  mâteit- 
contreux  chômage  du  lundi)  qu'il  serait  désirable  de  voir  supprimer. 


DiglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  LOUVJUN.  37 

L'établissement  projeté  d'un  conseil  de  prud'homme*  aéra  peut- 
être  le  moyen  d'y  réussir,- du  moine,  en  partie.' 

Nous  devons  signaler  aussi  l'abus  scandaleux  de  la  bière  que  l'on 
permet  aux  ouvriers  dans  la  plupart  de  nos  brasseries,  abus  qui 
abrutit  presque  tous  les  ouvriers  brasseurs  et  engendre  de  nom- 
breuses maladies,  qui  occasionnent  des  morts  prématurées.  Ceux 
qui  y  sont  fortement  adonnés  périssent  le  plus  souvent  avant  la 
quarantaine,  laissant  ainsi  dans  la  plus  profonde  misère  leurs  veuves 
et  leurs  nombreux  enfants  qui  sont  les  tristes  victimes  de  cette 
brutale  passion  et  de  la  coupable  négligence  des  maîtres.  Ceux  qui 
ne  périssent  pas  sont  pour  ainsi  dire  perdus  a  cet -âge,  et  d'une 
manière  comme  de  l'autre,  le  ménage  entier  tombe  à  la  charge  des 
bureaux  de  bienfaisance. 

'  L'établissement  des  Brasseries  Belges  a  pris  à  cet  égard  une  . 
louable  initiative  en  supprimant  entièrement  l'usage  de  la  bière; 
plusieurs  de  nos  brasseries  y  ont  depuis  mis  quelques  restrictions, 
et  H  serait  à  désirer  que  tous  les  brasseurs,  en  modifiant  cet  usage, 
comprissent,  non-seulement  leur  propre  intérêt,  mais  en  même 
temps  l'intérêt  matériel  et  -moral  de  leurs  ouvrier).    - 

89*  question. — T  en  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage? 

■épouse.  —  Quelques-uns  seulement.  . 

30*  question.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 
nairement bonnes  ?  Jusqu'à  quel,  point  le  rapprochement  et  ta  con- 
fusion des  sexes  dans  lés  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  leur  être 
nuisibles? 

sipoirSB. — Pas  trop  bonnes,  par  ticulièrementchez  les  dentellières. 

31*  question.  ■ —  Quelles  sont  les  principales  eauses:  de  l'incon- 
duite  de  l'ouvrier?  *  ■      " 

réponse.  —  Le  mauvais  exemple,  le  luxe,  le  chômage  du  lundi 
et  le  grand  nombre  des  cabarets. 

32*  question.  —  Existe-t-.il,  tant  sous  lé  rapport  physique  que' 
sons  le  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  -Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  delà  campagne; ... 

B .  Entre  fourrier  qui'  travaille  en  grande*  réunion  et  celui  qui 
çxerce  son  métier  en  petite- réunion  Ou  isolément;    . 

C. Entre  l'entant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître?  ;      . 

■.Atome. — Oui,  il  existé  une  grande  différence  sous  Je  rapport, 
de  la  santé  et  dés  mœurs  en  laveur  des  ouvriers  de  la  campagne/ 


asfzedbr  Google 


38       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

35"  QEBSTios.  —  Quels  sont  le*  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
•êtes?  Quelles  seraient  les  reformes  à  y  apporter? 

eepoubb.  —  Nous  ne  connaissons  pas  d'abus  sous  ce  rapport. 

34"  otestioh.  —  T  a-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  pro- 
tectrices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  tes  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  a  domicile? 

bbfonse,  —  Nous  ne  pourrions  répondre  positivement,  à  cette 
demande. 

35*  ovestio».  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son 
bien-être  physique  et  moral  ? 

KRPoasï.  —  Outre  les  écoles  que  nous  avons  citées  a  la  onzième 
réponse,  nous  signalerons  les  écoles  de  dentelles  et  particulière- 
ment celle  des  Minimes  qui  mérite  d'être  favorisée. 

56"  QuKSTio.i.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail,  tes  moyens  propres  à  améliorer  la  con- 
dition des  jeunes  ouvriers? 

répomse.  —  De  veiller  à  leur  éducation  religieuse. 
Ainsi  arrêté  eu  séance  du  28  octobre  1843. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

Eue  Stappaeetb,  J.  Hakbbouck. 


1"  ouBBTioit.  —  Quelles  sont ,  dans  votre  ressort ,  les  industries 
où  l'on  emploie  des  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et 
dans  quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

befonse.  —  Ce  sont  principalement  :  les  filatures,  les  tissages, 
les  imprimeries  de  coton  et  les  filatures  de  lin.  Il  nous  est  difficile 
d'en  déterminer  la  proportion  exacte. 

S*  question.  —  A  quel  âge  admet-on ,  en  général ,  les  enfants 
dans  ces  établissements  ? 

bépome.  —  Généralement  dans  les  filatures  on  commence  à  les 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  GAND.  38 

admettre  h  neuf  ans  ;   quelques  parents   amènent  leurs  enfants 

au-dessous  de  cet  âge. 

3°  QUE8T10H.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  au* 
enfants  ?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  tous  regardez 
comme  nuisibles  à  leur  santé? 

KÈpoflsB,  —  Dans  les  établissements  susdits,  ce  travail  est  fort 
léger.  Il  n'est  point  nuisible  à  leur  santé,  dans  les  ateliers  élevés 
et  convenablement  aérés ,  ni  dans  les  salles  de  battage  ou  les 
Tentilateurs  sont  établis. 

4*  question.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants?  Signalez  tes  cas  où  cette  durée  vous 
paraît  excessive. 

kbpoxsb.  —  En  été,  depuis  cinq  heures  du  matin  jusqu'à  midi, 
et  de  une  heure  jusqu'à  huit  heures  du  soir.  En  hiver,  dès  la  pointe 
du  jour  jusqu'à  midi,  et  de  une  heure  jusqu'à  neuf  et  dix  heures  du 
soir.  Il  nous  parait  que  le  travail  poussé  au  delà  de  neuf  heures 
peut  être  nuisible  à  leur  santé. 

5*  QTJESTioM.  —  Quels  sont  le*  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  te  travail  journalier? Sont-ils  suffisants? 

airoKSi.  —  Une  demi-heure  le  malin,  pendant  l'intervalle  de 
cinq  à  douze  heures,  et  une  demi-heure  l'après-midi,  pendant 
l'intervalle  de  une  à  huit  ou  neuf  heures  du  soir.  Ces  intervalles 
paraissent  suffisants. 

6*  question.  —  Les  enfants  et  les  ouvriers  sont-ils  parfois  occupés 
la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se  coro- 
bioe-t-il  avec  le  travail  de  jour  ? 

axpoirsx.  —  Quelquefois;  dans  ce  cas,  on  cesse  à  neuf  heures 
du  soir,  pour  reprendre  à  dix  heures,  et  le  travail  est  continué  avec 
un  intervalle  d'une  demi-heure  à  minuit  jusqu'au  jour. 

7*  omsTiOR.  —  T  a-l-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche  ?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux? 

HiroifSE.  —  Dans  les  établissements  dont  il  est  question ,  on 
nettoie  seulement  les  machines  ;  les  enfants  participent  peu  à  ce 
travail.  Il  prend  environ  deux  à  trois  heures  dès  le  commence- 


^y  Google 


40      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

ment  de  la  journée ,   et ,  par  conséquent,   ne  met  point  obstacle 
à  l'accomplissement  des  devoirs  religieux. 

8"  qubbtioh.  —  Quel  est.  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries, 
les  sexes  et  les  Ages  ? 

HipoRSB.  —  Le  salaire  est  de  33  c.  à  1  fr. ,  sans  distinction  pour 
les  deux  sexes. 

9*  ocbstiok  .  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie, 
l'avantage  que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfants, 
de  préférence  aux  hommes  adultes  ?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent  les 
familles  d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants  ?  "      ■ 

B.ÉPoirsE.  —  L'avantage  consiste  dans  un  salaire  inférieur,  et, 
dans  quelques  cas,  l'aptitude  des  enfants,  surtout  des  rattacheurs 
et  des  monteurs.  Indépendamment  du  bénéfice  des  salaires  de 
leurs  enfants,  les  parents  en  retirent  cet  avantage,  qu'ils  ont  leurs 
enfants  sous  leurs  yeux,  qu'ils  les  forment  peu  a  peu  au  travail,  et 
enfin  qu'ils  ont  un  motif  pour  les  retirer  des  rues,  où  l'on  sait  qu'ils 
né  peuvent  contracter  que- de  mauvaises  habitudes. 

10*  questiok.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-il 
impérieusement  que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que. les  adultes? 

réponse.  —  Sans  aucun  doute,  a  moins  qu'ils  ne  soient  remplacés 
par  d'autres. 

11*  QûBSTion.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité"  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers 
l'instruction  et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position  ?  Quelle 
est  aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut? 

bkpoksb.  -*■  Nous  ne  le  pensons  pas,  si  l'on- veut  qu'ils  appren- 
nent à  lire  et  à  écrire  ;  quant  à  l'époque  de  leur  première  com- 
munion, l'on  permet  toujours  aux  enfants  qui  sont  dans  ce  cas, 
d'assister  aux  instructions  religieuses  qui  la  précèdent.  La  grande 
majorité  ne  reçoit  pas"  d'autre  éducation. 

12'  question.  —  Quelle  devrait  être,   sous  le  rapport  de  l'Age, 

la  limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux  ? 

bîporbi.  —  Relativement  à  leur  santé,  nous  ne  saurions  la  pré- 


igtizedoy  GOOgle 


CUAHB&K  DE  COMMERCE  DE  GAND.  41 

ctser;  cela  dépend  de  la  constitution  dès  enfants  et  surtout  de 
l'état  dé  salubrité  des  ateliers  qu'ils  fréquentent.  Dans  notre 
opinion,  si  les  parents  étaient  à  même  de  donner  une  certaine 
éducation  a  leurs  enfants  ou  de  les  employer  d'une  manière  utile, 
ailleurs  que  dans  nos  établissements,  nous  fixerions  &  douze  ans 
l'âge  d'admission;  pour  leur  santé,  comme  pour  leur  instruction, 
peut-être  vaudrait-il  encore  mieux  le  reculer  jusqu'à  quinze  ans. 
Hais,  dans  ce  cas,  nous  ne  mettons  pas  en  doute  que  ce  serait 
porter  un  dommage  très-notable  aux  industries  dont  il  s'agit.. 

13*  Question.  — Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfante?  Comment  gra- 
dueriet-vous  cette  durée  selon  les  Ages? 

réponse.  —  Dès  que  l'on  n'admettrait  les  enfante  qu'au-dessous 
de  douze  ou  quinze  ans,  dès  que  l'on  forcerait  les  fabricants  à 
assainir  leurs  ateliers,  nous  ne  voyons  aucun  inconvénient  à  ce 
qu'ils  travaillent  au  maximum ,  et  en  été  pendant  treize  heures  le 
jour,  moyennant  une  demi-heure.de  relâche  pour  le  déjeuner, 
une  heure  pour  le  dîner  et  une  demi-heure  pour  le  goûter.  Au 
lieu  de  graduer  le  travail  selon  l'âge,  ne  serait-il  pas  plus  rationnel 
.de  le  graduer  selon  l'état  de  la  santé  de  l'individu?  Hais ,  dans  l'un 
comme  dans  l'autre  cas,  il  nous  parait  .bien  difficile  d'assurer 
l'exécution  de  la  loi  qui  interviendrait  &  cet  égard,  et  de  faire  en 
sorte  que  le  travail  n'en  fût  pas  considérablement  entravé. 

14*  gcsSTion.  —  Jusqu'à  quel  âge  le  travail  de  nuit  devrait-il 
.   être  interdit  aux  jeunes  ouvriers  ? 

bkfoïiss.  —  Nous  croyons  que  le  travail  de  nuit ,  trop  souvent 
répété,  est  nuisible  à  tout  Age. 

15"  qdestioh.  — Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  âge  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

BEFOirsE.  —  Nous  ne  connaissons  pas  ces  établissements.     . 

16"  question.  —  À  quel  âge  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans' les  fabriques,  etc. ,  sans  qu'aucune  restriction 
fut  apportée  à  la  durée  de  son  travail  ? 

sÉponsE.  —  Admission  de-douze  à  quinze  ans,  travail  comme  il 
-   est  dit  en  réponse  à  la  treizième  question. 

17'  00E8TIOH.  — Pour  satisfaire  à  tous  les  intérêts,  ne  pourrait - 


DgtizedOy  GOOgle 


a      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

on  pas  former,  comme  en  Angleterre ,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement,  en  se  relayant  à  de  certain»  inter- 
valles? 

kepokse.  —  L'expérience  seule  pourrait  répondre  ;  cela  nous 
paraît  difficile,  et,  dans  tous  les  cas,  onéreux  pour  l'industrie. 

18°  question.  —  En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  système 
que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?En  formant,  par  exemple, 
deux  brigades  d'enfants  qui  travailleraient  l'une  le  matin  ,  l'autre 
l'après-midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail  avec  ceux 
de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers? 

BKPonsR.  —  Si  l'on  voulait  tenter  ce  moyen  pendant  le  jour, 
on  concevra  qu'il  faudrait  un  nombre  double  d'enfants  au  courant  . 
du  travail,  et  que  cette  mesure  ne  pourrait  être  généralement  éta- 
blie qu'avec  le  temps.  De  plus,  il  serait  à  craindre  que  si  le  fabricant 
diminuait  le  salaire  en  proportion  de  la  diminution  du  travail,  les 
parents  ne  retirassent  leurs  enfants  de  tout  travail  manufacturier. 

19*  ouestiok.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers 
et  l'augmentation  de  leur  aptitude  ; 

B.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 
âgés? 

BifomiK.  —  A.  Quant  au  physique,  nous  ne  croyons  pas  que 
l'air  des  habitations  de  nos  ouvriers,  que  celui  même  des  écoles 
qu'ils  fréquenteraient,  soit  plus  salubre  que  celui  de  nos  ateliers, 
bien  aérés  et  ventilés.  Du  reste,  ceci  pourrait  être  soumis  à  une 
enquête  plus  approfondie.  Quant  au  moral,  quant  a  leur  aptitude 
ultérieure,  nous  ne  mettons  pas  en  doute  que  les  avantages  com- 
penseraient bien  des  inconvénients  ;  mais  encore  faudrait-il  que 
ces  avantages  fussent  bien  réels  ;  ainsi ,  en  fixant  à  douze  ou  à 
quinze  ans  l'âge  d'admission  dans  les  manufactures,  on  devrait 
exiger  que  les  admis  sussent  lire  et  écrire  et  qu'ils  eussent  une 
conduite  régulière. 

B.  Ceci  serait,  a  notre  avis,  peu  marquant  dans  les  filatures  où 
l'on  ne  peut  pas  se  passer  d'enfants.  Nous  croyons  qu'en  effet  dans 
les  tissages ,  cette  mesure  forcerait  d'employer  un  plus  grand 
nombre  d'ouvriers  plus  Agés;  mais  (nous  le  craignons  a  juste  litre) 
ce  serait  au  détriment  des  maîtres. 


DiglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  GAND.  45 

20*  question.  —  Quel  est  l'étal  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

BBPtmsB. . —  Nous  trouvons,  en  général ,  l'état  de  santé  de  nos 
ouvriers  satisfaisant;  celui  des  enfants,  en  particulier,  l'est  également, 
et  l'on  peut  se  convaincre  que  le  travail  auquel  ils  sont  assujettis 
est  peu  fatigant  lorsque,  dans  les  heures  de  repos,  ils  se  livrent 
aux  jeux  de  toute  espèce,  qu'ils  ne  quittent  que  pour  rentrer  dans 
les  ateliers. 

21*  question.  — Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  aux- 
quelles ils  sont  sujets? 

Ripons*. — Les  accidents  auxquels  ils  sont  exposés  sont  rarement 
d'une  nature  grave;  en  général,  ce  sont  des  blessures  aux  doigts, 
produites  par  les  engrenages.  Les  maladies,  les  infirmités,  les  diffor- 
mités, sont  le  résultat  de  leur  constitution,  ou  quelquefois  d'une 
mauvaise  nourriture,  mais  rarement  elles  proviennent  de  l'atmo- 
sphère qu'ils  respirent,  si  ce  n'est  cependant  dans  les  ateliers  mal 
tenus  et  mal  aérés. 

23*  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de  l'ou- 
vrier? 

&&POK3E.  —  Nous  croyons  qu'il  dépend  en  général  du  salaire 
qu'il  reçoit. 

23*  question.  —  Comment  est-îl  logé  d'ordinaire  et  combien 

paye-l-il  par  semaine  pour  son  logement? 

bkponsb.  —  Il  existe  a  cet  égard  tant  de  différences,  qu'il  est 
impossible  de  répondre  d'une  manière  générale  à  cette  question. 

24°  question. — Le  salaire  des  ouvriers  a-Uil  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations? 

h  épouse.  —  Dans  les  filatures  de  coton,  ce  salaire  est  depuis 
nombre  d'années  stationnaîre  ;  en  général,  il  n'y  a  eu  aucune  varia- 
tion marquante.  Cependant  le  salaire  des  tisserands  à  la  campagne 
a  considérablement  diminué  depuis  l'établissement  des  lissages 
mécaniques  dans  la  ville. 

25*  question. — Le  salaire  actuel  suffit-il,  en  général,  pour  que 

l'ouvrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-il  faire  des  économies? 

sxfonsb.  —  Le  salaire  actuel,  sauf  celui  des  tisserands  dont  nous 


^y  Google 


U      RÉPONSES  .ET  RAPPORTS  OES  CHAMBRES  BE  COMMERCE. 

venons  de  parler,  est  suffisant  ;  mail  il  n'y  a  que  les  ouvriers  con- 
structeurs, les  fileurs  de  colon  et  quelques  ouvrières  à  qui  il  soit 
permis  de  faire  des  économies. 

26*  question.  —  A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de  celui 
de  sa  famille? 

béponse.  —  Le  bénéfice  des  enfants  s'élève  de  52  à  82  c.  par 
jour  ;  celui  des  filles  et  des  femmes  de  91  c.  à  2  fr.  ;  celui  des 
hommes  faits  de  1  fr.  50  à  4  fr.  50.  le  coût  de  l'entretien  d'un 
ouvrier  et  de  sa  famille  est  très-variable;  il  dépend  du  nombre  des 
individus  qui  la  composent;  nous  ne  pourrions  en  fixer  le  chiffre, 
même  d'une  manière  générale. 

27*  ouestioit.' —  Quelle  est,  en  général,  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort? 

ajromjR.  —  Nous  pensons  que  la  condition  morale  des  ouvriers 
qui  travaillent  dans  les  grands  ateliers  est  meilleure  que  celle  de* 
ouvriers  qui  travaillent  isolément.  En  effet,  ces  derniers  ont  toute 
liberté,  tandis  que  les  autres  sont  assujettis  du  malin  au  .soir  à  une 
occupation  et  a  une  surveillance  de  tous  les  moments. 

28"  question.  —  Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie? 

képo-nse.  — '  A  peine  quelques-uns  s'y  adonnent-ils  le  dimanche. 
Du  reste,  on  les  signale  ;  leur  travail  s'en  ressent  le  lundi,  et  on  ne 
tarde  guère  a  les  renvoyer,  de  sorte  que  ce  vice  existe  peu. 

29"  question. — Y  en  a-l-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage  ? 

aéronSB.  —  Les  fileurs  sont  en  général  mariés,  et  nous  avons 
remarqué  que  le  plus  souvent  te  mariage  termine  l'état  de  concu- 
binage dans  lequel. vivent  quelques  ouvriers. 

50°  question.  — Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 
nairement bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la 
confusion  des  deux  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent- 
ils  être  nuisibles  ? 

réponse.  —  Attendu  que  le  travail  empêche  la  mauvaise  con- 
duite des  jeunes  ouvrières ,  nous  croyons  que  leurs  mœurs,  sans 
être  très-pures,  ne  sont  pas  précisément  dépravées. 

Le  rapprochement  des  sexes  dans  les- ateliers  n'y  provoque  aucun 
désordre.  L'ouvrière  qui  se  rend  au  travail  au  commencement  de 
la.  journée,  et  quitte  à  huit,  neuf  ou  dû  heures  du  soir,  doit  néoes- 


D,g,iz'ëd0y  GOOg[e 


CHAMBRE  DE  .COMMERCE  DE  GAND.  45 

MÎrement  avoir  peu  de  temps  et  d'occasions  pour  se  livrer  au 
libertinage.  Toutefois  leur  moralité,  en  général,' D'est- pas  très- 
exemplaire. 

51"  qubstios.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'incon- 
duite  de  l'ouvrier?  /" 

béponsb.  —  Le  manque  de  travail.. 

52'  question.  —  Existe-t-il ,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
soiis  le  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes  ; 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  80»  métier  en  petite  réunion  ou  isolément; 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
mettre?' 

B-iwjBSE.  — -L'air  salubre  que  l'ouvrier  respire  a  la  campagne, 
surtout  si  le  salaire  qu'il  reçoit  est- suffisant  pour  lui  procurer  une 
nourriture  saine  et  abondante,  le  met  sans  doute,  sous  le  rapport 
physique,  dans  une  position  plus  favorable  que  l'ouvrier  dés  villes. 
Néanmoins  nous  ne  remarquons'  pas  une  différence  bien  tranchée. 
Celle  qui  pourrait  exister  entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande 
réunion  et  celui  qui  travaille  isolément  est  inappréciable.  Nous 
croyons  que  l'enfant  des  fabriques  est  généralement  moins  adonné 
à  toutes  sortes  d'excès  que  l'apprenti  travaillant  chez  un  maître. 

33"  question.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes  ?  Quelles  seraient  les  réformes  a  'y  ajouter  ? 
•  aitomJB;  ■ —  S'il  ;  a  des  abus,  nous  les  ignorons. 

34'QUxanos. —  Ya-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  eûfenta  employés  dans  le*  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  a  tons 
les  jeunes  ouvrier*  mus  distinction ,  qu'il»  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion ,  a  l'extérieur  ou  a  domictk? 

szvomi.  —  Nous  croyons  qu'il  faudrait  les  étendre  à  tous  les 
jeunes  ouvriers  sans  distinction,  surtout  si  l'on  «e  propose  l'amélio- 
ration de  la  condition  morale  de  la  population  ouvrière.* 

35"  QtrfisTioK.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  a  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son  bien- 
être  physique  et  moral? 

anroHSE.  —  Nous  avons  le»  école»  gratuites  de  la  viMe,  le»  éoote» 


*by  Google 


46       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

dominicales,  le*  écoles  des  frères  de  la  doctrine  chrétienne,  les 
écoles  paroissiales  des  pauvres ,  l'académie  de  dessin,  l'école  indus- 
trielle ,  les  hospices  des  orphelins  et  orphelines. 


IV     -Chambre  i 


A.  —  Question*  spéciale*  au  travail  des  enfant». 

\"  question.  —  Quelles  sont ,  dans  votre  ressort ,  les  industries 
où  l'on  emploie  déjeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers 7 

réponse.  —  Ce  sont  les  ateliers  de  tissage,  les  filatures  de  coton 
et  de  laine,  les  fabriques  de  tabacs,  les  fabriques  d'épingles;  ils 
s'y  trouvent  dans  la  proportion  d'un  tiers. 

2*  question. — A  quel  Age  admet-on,  en  général,  les  enfants  dans 
ces  établissements? 

nxpoirsE.  —  On  les  admet  A  l'âge  de  neuf  A  douze  ans, 

3*  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé? 

BJsPOirsi.  —  Les  garçons  sont  occupés  A  rattacher  et  dévider 
dans  les  filatures  ;  les  filles  à  assortir  et  éplucher  les  laines ,  etc.  ; 
aucun  des  travaux  auxquels  ils  sont  occupés  n'est  nuisible  A  la  santé. 

4*  QinuTioK.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive. 

ibpohsk En  été,  on  travaille  de  cinq  heure»  à  huit  heures  du 

matin  ;  de  neuf  heures  A  midi  ;  de  une  heure  après-midi  A  quatre 
heures  de  relevée,  et  de  quatre  heures  et  demie  de  relevée  jusqu'à 
huit  heures  du  soir. 

En  hiver,  de  sept  heures  et  demie  du  malin  jusqu'à  midi;  de  une 
heure  après-midi  jusqu'à  quatre  heures  de  relevée;  et  de. quatre 
heures  et  demie  de  relevée  jusqu'à  huit  heures  du  soir. 

5*  question.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisant*? 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  SAINT-NICOLAS.  47 

i.  —  Là  durée  du  travail,  ainsi  partagée,  ne  saurait  guère 
paraître  excessive!,  d'autant  plus  qu'il  y  a  des  intervalles  de  repos. 

6*  QUBSnoif*  —  les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se 
eombine-t-il  avec  le  travail  de  jour? 

b£pohse.  —  Cela  arrive  fort  rarement. 

7*  QUESTios.  —  Y  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux? 

ekponsb.  — Aucun  établissement  n'admet  le  travail  du  dimanche 
et  des  fêtes  conservées. 

8*  QUESTios .  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries, 
les  sexes  et  les  Ages  7  • 

■.EVOflst.  —  Pour  les  enfants  des  deux  sexes,  de  neuf  à  seize  ans, 
le  salaire  moyen  est  de  30  &  60  centimes. 

9'  qurstioh.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie, 
l'avantage  que  l'on  trouve  a  employer  des  femmes  et  des  enfants, 
de  préférence  aux  hommes  adultes  ?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent  les 
familles  d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

aipOKSK.  —  1*  Parce  qu'on  les  trouve  à  meilleur  compte  ; 

2"  Parce  qu'ils  ont  la  main  plus  agile  pour  le  travail  auquel  on 
les  occupe; 

3*  L'avantage  que  retirent  les  familles ,  indépendamment  d'un 
surcroît  de  ressources ,  est  de  soustraire  les  enfants  au  vagabon- 
dage dans  les  rues. 

10*  qoestiok.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-il  impé- 
rieusement que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

«Épousa,  —  Dans  tous  les  ateliers,  cela  est  indispensable. 

11'QcwTiOK.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position?  Quelle  est 


^y  Google 


48       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
frit-elle  défaut?  ■ 

beponse.  — Ils  n'ont -d'autre  occasion  de  s'instruire  que  dans  les 
écoles  dominicales.  Cette  instruction,  du  reste,  paraît  suffisante. 

13°  question.  —  Quelle  devrait  être',  sous  le  rapport  de  l'Age,  la 
limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux  ? 
bkpqnsé.  —  Neuf  ans. 

13*  question.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par.  jour  le  travail  des  enfants  ?  Comment  gra- 
dueriez-vous  cette  durée  selon  les  âges  ? 

bbfohsb.  —  La  division  du  travail,  telle  qu'elle  est  indiquée  a  la 
quatrième  question,  peut  être  maintenue  pour  tous  les  âges. 

14"  question.  —  Jusqu'à  quel  Age  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers. 

réponse.  —  Jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans: 

15*  question.-: —  Ne  conviendrait- il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  Age  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

aeponbk.  — 11  n'y  a,  dans  ce  ressort,  aucun  atelier  on  industrie 
réputé  insalubre.  '  ■ 

16"  question.  —  A  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabrique»,  etc. ,  sans  qu'aucune  restriction 
fut  apportée  A  la  durée  de  son  travail? 

réponse.  —Lorsqu'il  a  satisfait  A  son  terme  d'apprentissage,  qui 
finit  ordinairement  de  seize  A  dix-sept  ans. 

17"  question.-;- Pour  satiifkii-e  A  tous  les  intérêts,  ne  pourrait-on 
pas  former,  comme  en  Angleterre,  des  brigades  d'enfants  qui  tra- 
vailleraient alternativement ,  en  se  relayant  A  de  certains  inter- 
valles? 

réponse.  —  Bien  que  l'usage  n'en  existe  pas  en  ce  ressort,  on 
pense  qu'il  ne  serait  pas  utile,  de  crainte  de  déranger  l'ordre  des 
travaux,  et  parce  que  le  travail  de  nuit  est  moins  satisfaisant  que 
celui  de  la  journée. 

.18*  ocisTioN.  — En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant,  par 
exemple, 'deux  brigades  d'enfants,  l'une  I*  Matin,  l'autre  l'après- 


DiglizedOy  GOOgfe 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  SAINT-NICOLAS.  49 

midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail  avec  ceux  de  la 
santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers  ? 
{Voir  la  réponse  qui  précède.) 

19"  question.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés: 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers 
et  l'augmentation  de  leur  aptitude? 

B.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 

(Voir  la  réponse  à  la  dix-septième  question.) 

B.  —  Question*  hygiéniques  et  économiques. 

20*  question.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

réponse.  —  L'état  de  tous  est  satisfaisant. 

21°  question. — Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  aux- 
quelles ils  sont  sujets?' 

réponse.  —  Les  mécaniques  en  général  sont  plus  ou  moins  dan- 
gereuses pour  les  ouvriers  imprudents. 

22*  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de  l'ou- 
vrier ? 

eefonsb.  —  Du  pain,  des  pommes  de  terre,  le  café  et  l'eau. 

25*  question.  —  Comment  est-il  logé  d'ordinaire,  et  combien 
paye-l-il  par  semaine  pour  son  logement? 

BiFON».  —  L'ouvrier  est  d'ordinaire  assez  bien  logé  ;  le  prix  du 
loyer  est  de  1  fr.  50  par  semaine. 

24*  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations? 

aipONSE.  —  Le  salaire  est  considérablement  diminué  depuis  la 
.révolution.  Cette  diminution  est  d'un  quart  au  moins,  à  cause  du 
malaise  des  fabriques. 

26"  question.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 


^y  Google 


50      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
l'ouTrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-il  faire  de»  économies  ? 
réponse.  —  Non. 

26*  question- — A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
on  par  semaine,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de  celui 
de  sa  famille? 

réponse.  —  1  fr.  20  ç,  par  jour. 

27*  question.  —  Quelle  est  en  général  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort? 

réponse.  —  Leur  condition  est  en  général  assez  bonne.  Cepen- 
dant il  y  a  dés  exceptions. 

28°  question.  —  Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie? 
réponse.  —  Oui,  quand  ils  en  ont  les  moyens;  mais  actuelle- 
ment les  moyens  leur  manquent. 

29*  question.  —  Y  en a-t-il  beaucoup  qui  Tirent  en  concubinage? 
réponse.  —  Fort  peu. 

30*  question.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 
nairement bonnes  ?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la  con- 
fusion des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  leur  être 
nuisibles  ? 

réponse.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  laissent  beaucoup  a 
désirer.  Le  rapprochement  est  surtout  à  éviter  à  l'entrée  et  a  la 
sortie  des  ateliers. 

SI*  question.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'iocon- 
duite  de  l'ouvrier  ? 

réponse.  —  L'inconduite  de  l'ouvrier  provient  en  général  des 
mauvais  exemples;  pour  les  femmes  et  les  filles  elle  a  pour  cause 
secondaire  le  goût  de  la  parure  et  souvent  la  misère. 

32°  question.  —  Existe-  t-il,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes? 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un* 
maître?  * 

réponse, —  L'isolement  des  ouvriers  est  toujours  préférable; 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  SAINT-NICOLAS.  SI 

la  réunion,  au  contraire,  de  plusieurs  ouvriers  des  deux-sexes,  pré- 
sente bien  des  dangers  qu'il  est  utile  d'éviter. 

A.  Ordinairement  L'ouvrier  des  campagnes  est  moins  adonné  aux 
vices  que  celui  dès  villes. 

B.  De  même,  l'ouvrier  qui  exerce  son  métier  isolément  est  moins 
vicieux  que  celui  qui  travaille  en  grande  réunion, 

C.  Cette  observation  s'applique  aussi  a  l'apprenti  qui  travaille 
chez  un  maître. 

33*  question.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes  ?  Quelles  serait  les  réformes  à  y  apporter  ? 

EÉPonsB.  —  Pourvu  qu'on  suive  consciencieusement  les  dispo- 
sitions légales  sur  la  matière,  il  n'y  a  pas  grande  amélioration  à 
introduire  dans  le  mode  actuel  d'engagement  et  d'apprentissage, 
.  qui  varie  presque  d'une  localité  à  l'autre. 

54'çtiestiof.  —  Y  a-l-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands  éta- 
blissements industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous  les 
jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  .travaillent  en  petite  ou  en 
grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile? 

KÉFON3E.  —  Si  les  mesures  à  prescrire  sont  exécutables  et  bonnes, 
il  n'y  a  pas  d'inconvénient  à  ce  qu'elles  soient  généralisées. 

35*  onssnon .  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son  bien- 
être  physique  et  moral? 

lirons?.  —  Noua  avons  des  caisses  de  prévoyance,  des  sociétés 
et  des  caisses  de  secours  mutuels  pour  les  cas  de  maladie,  etc.  Il 
conviendrait,  pour  le  bien-être  des  ouvriers,  que  les  autorités 
locales  eussent  le  droit  d'approuver  ou  de  désapprouver  les  règle- 
ments de  ces  sociétés. 

56"  question.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail,  les  moyens  propres  à  améliorer  la  con- 
dition des  jeu  nés  ouvriers? 

aivOHSi. — L'instruction  morale  et  des  primes  d'encouragement. 

Le  Secrétaire,  Le  Préaident, 

L.  Van  Ummbm.  P.-A-  Boàr*. 


DgtizedOy  GOOgle 


Si       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


A.  —  Cueillons  spéciales  au  travail  des  enfants. 

1"  question.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  industries 
où  l'on  emploie  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et  dan* 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

a£ponsR.  —  Dans  les  fabriques  de  fil  de  lin  et  de  coton,  dans  les 
imprimeries  d'indiennes,  les  aides  tisserands,  la  dentellerie.  Ils  s'y 
trouvent  dans  une  proportion  d'un  cinquième ,  et  de  moitié  pour 
la  dentellerie. 

2*  question.  —  A  quel  âge  admet-on,  en  général,  les  enfants 
dans  ces  établissements? 

réponse.  —  A  l'âge  de  neuf  ans  ;  on  en  prend  quelquefois  à  sept 
ans ,  mais  c'est  un  abus. 

3'  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants  ?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé? 

réponse.  —  Ces  travaux  sont  légers  et  consistent  principalement 
à  bobiner  le  fil  et  le  coton  ,  ainsi  qu'à  battre  le  fil ,  égaliser  les 
couleurs  dans  les  imprimeries  et  à  faire  des  commissions ,  enfin 
mille  autres  petites  choses  pour  lesquelles  ils  sont  indispensables. 
Ce  sont  des  travaux  que  la  chambre  ne  regarde  pas  comme  nui- 
sibles à  leur  santé. 

4"  question.  — Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 


réponse.  — En  été,  depuis  six  heures  du  matin,  et  en  hiver  depuis 
sept  heures  jusqu'à  huit  heures,  de  huit  heures  et  demie  jusqu'à  midi, 
de  une  heure  de  l'après-midi  jusqu'à  quatre  heures  ,  et  de  quatre 
heures  et  demie  jusqu'à  huit  heures  du  soir.  Cette  durée  ne  nous 
parait  pas  excessive. 

&*  question  .  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants? 

réponse.  —  A  Ninove,  une  demi-heure  avant  midi  et  une  heure 
et  demie  l'après-midi;  à  Alost,  un  quart  d'heure  avant  midi,  une 
heure  à  midi  et  un  quart  d'heure  après  midi  ;  dans  cette  dernière 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'ALOST.  33 

localité  on  distribue  du  thé  aux  ouvriers  filcurs,  le  matin  et  le  soir. 
Cet  intervalles  sont  suffisants. 

6*  qurstioh.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se 
combine-t-il  avec  le  travail  de  jour? 

nipows».  —  Il  n'existe  point  de  travail  de  nuit  pour  tes  enfants 
et  les  jeunes  ouvriers. 

7"  qusstiok.  —  Y  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  i  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leur* 
devoirs  religieux? 

xipwisB.  —  Tous  les  établissements  sont  fermés  le  dimanche,  de 
sorte  qu'il  n'y  a  pas  d'obstacle  a  l'accomplissement  des  devoirs 
religieux. 

8*  QOESTioiï.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries, 
les  sexes  et  les  Ages  ? 

réponse.  —  A  l'âge  de  sept  à  dix  ans,  15  à  30  centimes  ;  de 
onze  a  quinze  ans,  50  à  70  centimes,  chez  les  fabricants  de  fil  où 
l'on  n'emploie  que  des  enfants  du  sexe  masculin.  Pour  la  fabrication 
du  coton  et  les  tisserands,  où  les  deux  sexes  sont  employés,  de  neuf 
à  quinze  ans,  1 0  à  26  centimes.  Dans  les  imprimeries  d'indiennes , 
de  onze  à  quinze  ans,  de  20  A  40  centimes.  Dans  la  dentellerie, 
de  10  A  75  centimes. 

9*  question.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie, 
l'avantage  que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfants, 
de  préférence  aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires ,  les  avantages  que  retirent  les 
familles  d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

nipOBSB.  —  L'on  n'empjoie  des  femmes  que  pour  la  dentellerie 
et  pour  la  filature  des  cotons,  et  l'avantage  qu'on  trouve  A  employer 
des  enfants,  de  préférence  aux  hommes  adultes,  consiste  en  ce  que 
la  journée  ou  le  salaire  des  enfants  est  moins  élevé ,  et  qu'ils  font 
aussi  bien  les  petits  travaux  que  les  hommes  adultes.  Outre  le  gain 
journalier  des  enfants,  ils  contractent  par  là  des  habitudes  d'ordre 
et  de  travail. 

10*  question.— 'L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-il  impé- 
rieusement que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

airovsi.  —  Oui  ;  leur  travail  étant  coordonné  avec  celui  des 


^y  Google 


U      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

adulte*,  on  ne  pourrait  le  suspendre  qu'en  arrêtant  aussi  celui  de 
ces  derniers. 

1 1*  question.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elfes 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  S  leur  position?  Quelle  est 
aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut? 

ftfooKSE.  —  Difficilement.  Ils  Fréquentent  cependant  les  écoles 
dominicales.  C'est  avant  l'Age  où  ils  entrent  dans  les  ateliers  que 
les  enfants  devraient  recevoir  l'instruction  appropriée  à  leur  posi- 
.  lion.  Des  écoles  gardiennes ,  dans  lesquelles  les  enfants  seraient 
reçus  très-jeunes,  pourraient  seules  leur  donner  une  éducation 
qui  leur  manque  presque  totalement  aujourd'hui ,  en  les  sous- 
trayant aux-  influences  contagieuses  de  l'exemple.  De  pareilles 
institutions  n'existent  malheureusement  nulle  part  dans  ce  ressort. 

12"  0.BBSTIOH,—  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'âge,  la 
limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfanta  aux  divers  travaux? 

bbponse.  —  Neuf  ans.    ' 

13e  ooestioit.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants?  Comment  gradue- 
riez-vous  celte  durée  selon  les  âges  ? 

kjfonse.  —  Douze  heures.  Le  travail  des  enfants  étant  en  réalité 
proportionné  a,  leurs  forces,  la  même  durée  peut  être  admise  pour 
tous. 

14"  qubbtiou.  —  Jusqu'à  quel  âge  le  travail  de  nuit  devrait-il  être 
interdit  aux  jeunes  ouvriers? 

eepousb.  —  On  ne  devrait  permettre  le  travail  de  nuit  qu'aux 
adultes  ;  il  est  toujours  nuisible  aux  enfants. 

15'  ooBSTHW.^-Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  Age  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements.  . 

sirovm.'  —  Oui.  Il  n'existe  pas  de  ces  établissements  dans  notre 
ressort. 

.16*  gt-KsTion.  —  A  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques,  etc.,  sans  qu'aucune  restriction 
fut  apportée  a  la  durée  de  son  travail? 

répons*.  —  A  l'âge  de  vingt  ans. 


DiglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  1VALOST.  SS 

17*  Quwnoii.  —Pour  satisfaire  a  tous  les  intérêts,  ne  pourrait-on 
pas  former ,  comme  en  Angleterre ,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement  en  se  relayant  a  de  certains  inter- 
valles? 

airoKSB.  —  Cette  organisation  de  brigades  ne  pourrait  n'appli- 
quer dans  notre  ressort  sans  de  grand»  inconvénients.  Les  enfants 
sont  nécessaires  dans  nos  fabriques  pour  la  préparation  du  travail 
des  adultes ,  et  l'embrigadement  diminuerait  de  moitié  le  nombre 
des  enfants,  qui  est  déjà  trop  restreint.  Cette  organisation  aurait 
aussi  pour  conséquence  inévitable  de  diminuer  de  moitié  le  salaire 
des  enfants  et  de  priver  les  parents  d'une  ressource  nécessaire. 

18*  ortSTiOH.  —  En  cas  d'affirmative ,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant ,  par 
exemple,  deux  brigades  d'enfants  qui  travailleraient  l'une  le  matin, 
l'autre  l'après-midi ,  ne  concilierait- on  pas  les  intérêts  du  travail 
avec  ceux  de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers? 

{Voir  la  réponse  à  la  question  précédente.) 

19*  ocxstiok.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraine  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers  et 
l'augmentation  de  leur  aptitude? 

B.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers 
plus  Agés? 

lirons!.  —  A.  Le  travail  auquel  les  enfanta  sont  astreints,  dans 
notre  ressort,  n'est  pas  de  nature  à  arrêter  leur  développement 
physique  et  moral. 

fi.  Ainsi  qu'il  résulté  de  la  réponse  faite  à  la  dix-septième  ques- 
tion, le  travail  des  ouvriers  plus  Agés  souffrirait  au  contraire  de  la 
diminution  du  travail  des  enfants,  et  les  ouvriers  adultes  ne  peuvent 
remplacer  les  enfants  pour  le  travail  attribué  à  ceux-ci. 

B.  —  Question*  hygiéniques  et  économiques. 

20'  QDESTioH.  —  Quel  est  l'étal  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

kiromiB.  —  Bon. 

31*  QiîMTioM.  —  Quels  sont  les  dangers  et  accidents  auxquels 

Digilizedby  GOOgle 


£.6      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

ils  sont  exposés;   les   maladies,    les   infirmités,    les   difformités 

auxquelles  ils  sont  sujets  ? 

«épouse.  —  Ils  ne  sont  exposés  ici  a  aucun  danger  ni  accident, 
ni  sujets  à  aucune  maladie,  infirmité  ou  difformité  particulières, 
à  l'exception  des  jeunes  ouvrières  dentellières,  que  la  vie  sédentaire 
et  la  position  voûtée  exposent  au  rachitisme. 

22"  qbks'i'iqh.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier? 

HKFonsx.  —  Du  pain,  des  pommes  de  terre,  en  majeure  partie 
du  lait,  des  légumes  et  quelquefois  de  la  viande  le  dimanche. 

23"  ouïs-noir.  —  Comment  est-il  logé  d'ordinaire  et  combien 
pjiye-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 

héuohsk.  —  Les  ouvriers,  en  général,  occupent  de  petites  habi- 
tations séparées,  et  pavent  pour  loyer  de  1  fr.  à  1  fr.  50  centimes 
par  semaine. 

24'  questioh.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations  ? 

BÉponsK-  —  Non.  Il  y  a  trois  à  quatre  ans,  il  y  a  eu  une 
augmentation  momentanée ,  mais  te  salaire  est ,  en  général ,  resté 
à  un  taux  a  peu  près  uniforme  depuis  vingt  ans. 

25*  questioh.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-il  faire  des  économies  ? 

réponse.  — Oui,  pour  les  ouvriers  des  ateliers,  mais,  cependant, 
lorsqu'il  y  a  renchérissement  de  denrées,  comme  l'année  dernière, 
il  y  a  beaucoup  de  souffrance.  Ils  ne  peuvent  faire  des  économies. 

26'  question. —  À  combien  eslintex-vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine ,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de 
celui  de  sa  famille  ? 

aiponsB.  —  Nous  pensons  qu'il  ne  lui  reste  point  de  bénéfices. 
Cet  entretien  absorbe  son  salaire. 

27"  questioh.  — -  Quelle  est  en  général  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort  ? 

xiMHSB, — Bonne.  Elle  s'est  beaucoup  améliorée  depuis  quelques 
années. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  It'ALOST.  57 

38*  question.' —  Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie. 

siroHSB.  —  Non,  toutes  leurs  ressources  doivent  être  employées 
à  se  procurer  la  nourriture. 

89'  QUESTioir. —  Y  en  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage? 

XBPonai.  —  Non. 

30'  question.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 
nairement bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la  con- 
fusion des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  leur 
être  nuisibles? 

h épouse.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont  généralement 
bonnes,  par  la  raison  qu'il  n'y  a  ni  rapprochement  ni  confusion  des 
deux  sexes  dans  nos  ateliers. 

31'  QUESTioir.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'incon- 
duife  de  l'ouvrier? 

bjépoksk.  —  L'inconduite  exceptionnelle  est  causée  par  la  passion 
du  genièvre. 

8S*<on»nos,  —  Existe-t-il,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral ,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes  7 

S.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément  ? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître  ? 

bbporse.  —  Non. 

33"  ovbstiob.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes  ?  Quelles  seraient  les  réformes  à  y  apporter? 

aÉponsE.  —  Nous  n'avons  ici  aucun  abus  de  ce  chef  à  constater. 

54"  questio».  —  Y  a-t-il  lien  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels,  ou  convîendrait-il  de  les  étendre  a  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile? 

îEPonsE.  —  Ces  mesures  devraient  se  restreindre  aux  enfants 
employés  dans  les  grands  établissements  industriels. 

35*  question.. —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 


^y  Google 


58      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son 
bien-être  physique  et  moral? 

réponse.  —  Pas  d'autres  que  des  écoles  dominicales.  Nous 
n'avons  ni  écoles  gardiennes,  ni  caisses  d'épargne  ,  qui  cependant 
seraient  très-utiles. 

36"  question.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail ,  les  moyens  propres  à  améliorer  la 
condition  des  jeunes  ouvriers? 

réponse.  La  condition  des  jeunes  ouvriers  ne  nous  paraît  néces- 
siter aucune  amélioration  dans  notre  ressort ,  autre  que  celle  qui 
resulterait.de  l'institution  d'écoles  gardiennes  et  de  caisses  de 
prévoyance. 


1-  —   Réponses  de  M.  DelwàRT-Landas,  Président  4e  11  Chahs. 
A.  —  Questions  spéciales  au  travail  des  enfants'. 

1"  question.  —  Quels  sont,  dans  votre  ressort,  les  industries  où 
l'on  emploie  déjeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

BBFOHB8.  —  Dans  les  fabriques  de  couvertures,  les  corderies, 
filatures  de  coton,  rubaneries,  papeteries,  poudrière,  pour  U  con- 
fection du  fil  de  chanvre,  pour  la  cordonnerie  et  la  sellerie,  dans 
les  chantiers  de  construction  de  navires  et  bateaux,  pour  le  teillage, 
la  sérancerie  et  la  manipulation  des  lins  et  chanvres,  etc.,  on 
emploie  généralement  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans; 
la  proportion  moyenne  est  d'environ  trois  sur  dix  adultes. 

2*  question.  —  A  quel  âge  admet-on,  en  général,  les  enfants 
dans  ces  établissements? 

réponse.  —  A  huit  ou  dix  ans,  sauf  pour  la  fabrication  de  (a 
.poudre  et  la  construction  de  navires ,  où  les  plus  jeunes  ouvriers 
ont  au  moins  de  quinze  à  dix-sept  ans. 

3*  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé? 

nftroNSK.  —  La  grande  pauvreté  peut  pousser  çh  et  là  quelques 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  59 

famille»  qui  travaillent  isolément  che*  elles,  à  abuser  de  la  trop 
grande  jeunesse,  de  la  bonne  volonté  ou  de  la  force  physique  de 
jeunes  ouvriers,  afin  d'en  tirer  le  plus  grand  produit  possible  ;  mail 
cet  abus  n'a  guère  lieu  qu'à  domicile,  principalement  dans  la 
tisseranderie  et  la  confection  de  couvertures  de  coton  et  d'étoupes; 
on  le  remarque  aussi  chez  les  cordiers  qui  travaillent  à  pièce  ;  je 
le  crois  plus  général  chez  les  artisans  ferronniers,  plombiers,  menui- 
siers, cordonniers  et  tailleurs,  etc.,  où  les  jeunes  apprentis  doi- 
vent subir  les  conséquences  du  surcroît  de  travail,  qui  est  presque 
toujours  pressé,  de  sorte  qu'ils  dépassent  leurs  forces,  soit  par  de 
trop  longues  journées,  soit  par  des  efforts  trop  prolongés. 

Cet  excès  de  travail  n'a  pas  lieu  dans  nos  usines  ni  dans  nos 
Fabriques;  aussi  n'existe-t-il,  dans  l'arrondissement,  aucun  des 
inconvénients  indiqués  dans  l'enquête  en  question. 

4*  QUESTiOH.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants  ?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive. 

kAporsb.  —  La  durée  du  travail  pour  les  enfants  est  générale- 
ment la  même  que  pour  les  grandes  personnes,  parce  que  presque 
toujours  le  travail  des  enfants  se  rattache  à  celui  des  adultes, 
de  telle  sorte  que  la  journée  est  la  même  pour  tout  le  monde  :  de 
sis;  heures  du  matin  à  six  heures  du  soir,  avec  repos  de  huit  à  neuf 
heures  du  matin,  et  de  midi  à  une  heure  de  relevée. 

Ce  temps  me  parait  fort  long  pour  les  enfants  qui  tournent  la 
roue  du  cordier.  Il  est  plus  nuisible  dans  les  filatures,  où  la  masse 
d'ouvriers  réunis  des  deux  sexes  vicie  l'air,  et  dans  certains  locaux 
des  papeteries  où  l'on  trie  les  chiffon*  malpropres,  qui  exhalent 
de  mauvaises  odeurs  ;  mais  ce  travail  est  facile ,  peu  Fatigant ,  et 
par  conséquent  peu  rétribué.  C'est  pourquoi  les  femmes  et  les 
enfants  en  sont  chargés. 

La  fabrication  de  couvertures  présente  aussi  les  inconvénients 
d'un  trop  long  travail,  parce  que  certaines  préparations  du  déchet 
de  coton  produisent  une  grande  quantité  de  poussière  qui  entoure 
le  jeune  ouvrier  d'une  atmosphère  qu'il  doit,  bon  gré  mal  gré, 
respirer. 

5*  qubstwh.  —Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-il  suffisants? 

Rirons*.  —  Les  intervalles  de  repos  sont  généralement  les 
mêmes  pour  les  jeunes  ouvriers  que  pour  les  adultes. 

d,  ,  ,,  Cookie 


60       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

Ils  ne  suffisent  pas,  à  notre  avis,  pour  certains  travaux,  confiés 
A  de  très-jeunes  ouvriers,  forcés  de  conserver  trop  longtemps  une 
position  gênante,  un  m  ou  veinent  toujours  égal,  et  surtout  à  cause 
du  mauvais  air  qu'ils  respirent.  (Voir  la  réponse  précédente.) 

6*  question.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se 
combine-t-il  avec  le  travail  de  jour? 

&BPOHS8.  - —  Je  ne  connais  aucun  cas  régulier  ou  les  enfants 
soient  employés  la  nuit  dans  nos  usines  ou  fabriques. 

7*  question.  —  Y  a-l-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  A  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux  ? 

kbponsb.  —  Aucune  usine  de  notre  ressort  ne  travaille  le  diman- 
che, sauf  pour  un  cas  extraordinaire,  et  alors  même  on  ne  met  aucun 
obstacle  à  l'accomplissement  des  devoirs  religieux. 

8*  question.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries, 
les  sexes  et  les  ftges? 

réponse.  —  Il  est  généralement,  pour  la  filature  :  enfants  des 
deux  sexes  de  douze  à  seize  ans,  de  25  a  50  centimes  par  jour, 
selon  ce  qu'ils  savent  faire  ; 

Fabriques  de  couvertures  :  les  deux  sexes ,  même  Age  et  même 
salaire  ; 

Les  jeunes  campagnards ,  tisserands  de  siamoises ,  toiles  à  car  • 
reaux, toiles  A  voiles,  cotonnettes,  etc.,  par  jour.     .  30  à  70  c. 

Les  jeunes  filles  de  la  fabrique  de  tulles.    .     .     .  40  à  70  • 

La  cartonnerie  et  la  papeterie  occupent  beaucoup  de  jeunes 
ouvriers ,  qui  gagnent  de 70  c.  à  1  fr. 

Les  jeunes  ouvrières  de  douze  A  seize  ans.     .     25  A  50  c. 

Les  plus  jeunes  enfants  des  deux  sexes 15  * 

Dans  les  corderies,  beaucoup  de  jeunes  garçons  et  de  jeunes 
filles  sont  employés  par  leurs  parents  qui  travaillent  chez  eux  A  la 
pièce  ou  au  poids  ;  ces  enfants  tournent  la  roue  pendant  que  le  père 
file  le  chanvre;  leur  journée  peut  rapporter  au  père,  environ  30  c. 

Les  jeunes  ouvriers  employés  A  la  fabrique  ont  au  moins  seize  ans, 
et  ils  gagnent,  en  proportion  de  leur  capacité,  de  60  c.  à  1  fr. 


xuvCoo^le 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  61 

Dans  lea  chantiers  de  navires  et  bateaux,  les  jeunes  ouvriers  de 
treize  à  dix-huit  ans  sont  généralement  fort  bien  payés.  L'on 
n'abuse  aucunement  de  leurs  forces,  aussi  ne  résulte-t-il  aucun 
inconvénient  physique  de  ce  genre  de  travail  ;  mais  malheureuse- 
ment l'ouvrage  manque  la  plupart  du  temps  dans  nos  nombreux 
chantiers,  et  c'est  alors  que  la  pauvreté  vient  influer  physiquement 
et  moralement  sur  cette  classe  d'ouvriers. 

En  été,  ils  gagnent,  fort  jeunes  encore,  jusqu'à  2  fr.  par  jour  ; 
mais  le  plus  souvent  en  hiver  ils  n'ont  point  d'ouvrage.  La  plupart  - 
des  hommes  faits,  ouvriers  constructeurs,  vivent  de  la  pêche  lors- 
qu'ils manquent  de  travail. 

9*  question.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie , 
l'avantage  que  l'on  trouve  h  employer  des  femmes  et  des  enfants, 
de  préférence  aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent  les  familles 
d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

eeporse.  —  Le  travail  que  font  les  femmes  et  les  enfants 
demande  ordinairement  peu  de  force ,  ou  il  est  très-facile.  Les 
hommes  le  dédaigneraient.  Ils  sont,  d'ailleurs,  charmés  que  leurs 
femmes,  filles  et  enfants,  puissent  contribuer  en  quelque  chose  aux 
frais  du  ménage,  auxquels  ils  ne  pourraient,  le  plus  souvent,  suf- 
fire seuls  ;  d'un  autre  côté,  le  fabricant  ou  industriel  y  trouve  une 
économie  qui  lui  permet  de  soutenir  la  concurrence. 

Le  salaire  des  enfants  est  le  seul  avantage  que  les  Familles 
d'ouvriers  retirent  de  leur  emploi  dans  les  diverses  usines  ou 
fabriques ,  et  peut-être  ont-elles  l'espoir  que  l'habitude  du  tra- 
vail qu'ils  contractent  de  bonne  heure ,  leur  sera  avantageuse. 
Il  y  a  sans  doute  aussi  la  crainte  de  les  abandonner  tout  à  fait  à 
eux-mêmes,  pendant  les  heures  de  travail  des  parents,  ce  qui,  en 
effet,  les  rendrait  peut-être  plus  vicieux  encore,  que  l'éducation  de» 
fabrique». 

10"  question.  — L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-il  impé- 
rieusement que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

kxfohse.  —  Oui  ;  l'intérêt  de  presque  toutes  les  industries  qui 
emploient  des  enfants  exige  qu'ils  travaillent  pendant  le  'même 
temps  que  les  adultes,  d'abord  par  le  motif  de  l'économie,  et  ensuite 
parce  qu'il  arrive  souvent  qu'un  ou  plusieurs  enfants  aident'  un 
adulte,  de  manière  que  leur  travail  marche  de  pair,  et  qu'il  est 
alors  impossible  de  les  séparer. 


^y  Google 


62      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

11*  cous-noir.  —  Les  exigence!  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers 
l'instruction  et  l'éducation  qui  conviennent  A  leur  position  7  Quelle 
est  aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut  ? 

sironsi.  —  Les  exigences  du  travail  ne  laissent  guère  de  liberté 
i  nos  jeunes  campagnards;  tous  sont  occupés  dès  huit  A  neuf  ans. 
L'éducation  de  la  plupart  se  borne  donc  à  l'instruction  pour  la 
première  communion.  Dès  l'âge  de  quatre  ou  cinq  ans,  ils  fré- 
quentent l'école  gratuite,  IA  où  il  s'en  trouve,  jusqu'à  ce  que  leurs 
parents  puissent  retirer  quelqu'argent  dé  leur  travail  ;  ils  reviennent 
le- plus  souvent  A  l'école  pendant  l'hiver,  c'est-à-dire  jusqu'au 
moment  de  U  première  communion,  et  alors  l'éducation  ouvrière 
est  presque  toujours  achevée.  Ces  pauvres  enfants  savent  A  peine 
un  peu  lire,  encore  moins  écrire,  et  n'ont  pas  la  moindre  idée  du 
calcul  te  plus  simple  ;  ils  savent  par  coeur,  comme  des  perroquets, 
quelques  prières  et  quelque  peu  de  catéchisme,  dont  ils  ne  pour- 
raient expliquer  ni  le  sens  ni  l'intention.  Jamais  il  ne  leur  est  parlé 
des  devoirs  de   l'homme   envers  la  société  et  envers  lui-même. 

Le  meilleur  moyen  d'obvier  A  cette  grande  et  calamiteuse 
ignorance,  serait,  selon  moi,  l'établissement  d'écoles  d'apprentis- 
sage, qui  pourraient  être  subventionnées  par  les  caisses  de  bien- 
faisance, les  fonds  d'hospices  ou  par  des  bourses  destinées  à  l'édu- 
cation et  même  avec  le  produit  des  objets  manufacturés  ou 
fabriqués  dans  ces  écoles,  objets  que  l'on  vendrait  à  leur  profit  ;  au 
besoin  encore,  par  des  centimes  additionnels  spéciaux  sur  la  pro- 
priété ;  peut-être  serait-il  essentiel  d'intéresser  les  parents  à  faire 
fréquenter  ces  écoles  par  leurs  enfants,  où  l'on  soignerait  en  même 
temps  leur  éducation  industrielle  et  morale. 

12*  question.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'Age, 
la  limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux? 

képossb.  —  L'Age  le  plus  tendre  peut  être  utilisé  pour  le  tra- 
vail, surtout  dans  le  but  d'extirper  la  paresse,  mais  il  ne  faut  pas 
abuser  des  forces  physiques  de  l'enfant  :  accordez-lui  quelques 
heures  de  repos,  varies  les  exercices  du  corps,  par  delà  gymnas- 
tique par  exempte,  par  les  exercices  de  l'Ame  et  de  l'esprit,  c'est- 
à-dire  par  l'éducation  qui  te  prépare  bien  mieux  que  le  travail 
matériel  A  acquérir  l'intelligence  nécessaire  à  son  industrie.  C'est 


DiglizedOy  G'OOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TËRMONDE.  63 

donc  du  tempe  gagné  pour  l'industrie  f  que  celui  qu'ils  emploient 
il  l'étude. 

13"  questiok.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  journée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants  ?  Comment  gra- 
duerïez-vous  cette  durée  selon  les  âges  ? 

kepoksk.  —  Dans  les  fabriques  ou  ateliers  où  l'air  est  vicié,  et 
alors  que  le  travail  est  monotone  et  invariable,  qu'il  exige  une  posi- 
tion gênante  et  des  mouvements  toujours  uniformes ,  les  garçons 
devraient  être  âgés  au  moins  de  douze  ans,  et  les  filles  de  dix  ;  ils 
devraient  être  occupés  selon  leur  développement  physique  et 
l'état  de  leur  santé.  Il  serait  peut-être  désirable  de  voir  réduire 
les  journées  a,  trois  heures  le  matin  et  trois  heures  l'après-dinée, 
surtout  si  les  heures  de  repos  pouvaient  coïncider  avec  celles 
de*  classes  de  l'école  gratuite  la  plus  rapprochée ,  afin  que  le 
repos  ne  fut  pas  plus  pernicieux  que  le  trop  grand  travail. 

Après  l'âge  ci-dessus  indiqué,  on  devrait  pouvoir  graduer  les 
travaux  et  les  heures,  en  raison  du  développement  des  forces 
physiques  de  l'enfant  ou  du  genre  de  travail  ;  ceci  doit  rester  1 
l'appréciation  du  père  de  famille  et  du  médecin.  Hais  ces  pré- 
cautions et  ces  classifications  sont  impossibles  : 

1*  Parce  que  le  père  de  famille  doit  chercher  à  augmenter  ses 
moyens  d'existence; 

S*  Parce  que  les  parents  ne  se  décideraient  pas  à  abandonner 
tout  à  fait  leurs  enfants  pendant  le  temps  qu'ils  sont  au  travail  ;  ils 
préfèrent,  avec  raison,  les  voir  s'occuper  sous  leurs  yeux,  dans  la 
fabrique  ou  a  l'usine  ; 

S*  Et  finalement  parce  qu'il  serait  très-difficile  de  disjoindre 
les  heures  de  travail ,  pour  les  adultes  et  les  jeunes  ouvriers. 

Dans  les  écoles  d'apprentissage  ou  ateliers  spéciaux,  ou  l'air  est 
sain,  où  l'on  peut  mieux  apprécier  la  force  physique  de  chaque 
élève  ,et  où,  par  conséquent,  il  peut  être  admis  des  exceptions,  on 
pourrait  partager  les  heures  de  travail  et  d'études  en  diverses 
catégories  : 

Pour  l'enfance,  dès  huit  heures  du  matin  :  une  heure  de  travail , 
deux  heures  d'étude ,  une  heure  de  gymnastique.  Repos  de  midi  k 
une  heure  de  relevée;  puis  une  nouvelle  heure  de  travail ,  deux 
heures  d'étude  et  une  heure  de  gymnastique. 

A  l'Age  de  douxc  à  seize  ans,  dès  six  heures  du  matin  :  deux 


DglizedOy  GOOgle 


6-i  RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
heures  de  travail ,  une  heure  de  repos;  deux  heures  de  travail  et 
une  heure  d'étude.  Repos  de  midi  à  une  heure  :  quatre  heures 
de  travail  ;  une  heure  de  repos  ;  une  heure  de  gymnastique  et 
deux  heures  d'étude.  Il  serait  bon ,  autant  que  possible ,  d'exiger 
que  les  jeunes  apprentis  se  louchassent  de  bonne  heure. 

Après  seize  ans,  on  pourrait  graduellement  augmenter  les  heures 
de  travail  aux  dépens  des  heures  d'étude,  mais  il  conviendrait 
que  l'ouvrier  fat  complètement  Formé  avant  de  s'adonner  entière- 
ment à  un  travail  fatigant,  surtout  lorsqu'il  est  invariablement 
uniforme. 

Les  classes  de  dessin  devraient  être  surtout  fréquentées ,  et  le 
plus  longtemps  possible,  par  les  jeunes  ouvriers. 

14"  question.  —  Jusqu'à  quel  Age  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers? 

réponse.  —  Il  me  semble  que  jusqu'à  ce  que  l'homme  soit 
entièrement  formé,  le  travail  régulier  de  nuit,  fût-il  mému  d'une  nuit 
sur  trois,  doit  singulièrement  nuire  au  développement  physique  et 
moral;  je  ne  crois  pas  que  les  hommes  faits  y  résistent  longtemps 
sans  en  éprouver  un  affaiblissement  dans  leurs  facultés  physiques 
et  intellectuelles.  Du  reste,  tout  ceci  tient  au  tempérament  et  à 
des  causes  plus  connues  de  la  médecine  que  du  commerce. 

15*  question.  —  Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  Age  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

KKPoass.  —  Dans  tous  les  ateliers  ou  usines  quelconques  où  les 
femmes  se  trouvent  réunies  avec  les  hommes  en  assez  grand  nombre, 
le  plus  souvent  l'air  se  vicie  et  se  corrompt  par  la  malpropreté  des 
ouvriers  et  par  les  maladies,  suites  de  la  débauche  et  de  la  misère, 
auxquelles  ils  sont  malheureusement  sujets. 

Certes,  il  serait  heureux  pour  la  santé  des  enfants,  et  plus 
encore  pour  leur  moralité,  qu'ils  pussent  travailler  à  part,  de 
manière  à  n'entrer  dans  les  salles  communes  qu'à  l'Age  le  plus 
avancé  possible ,  alors  que  les  poumons  sont  assez  formés  pour 
résister  à  ces  miasmes  méphitiques  et  dangereux. 

16'  Qtrcsi'ion.  —  A  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques  ,  etc. ,  sans  qu'aucune  restriction 
fut  apportée  à  la  durée  de  son  travail? 

réponse.  —  A  sa  majorité  seulement,  afin  que  si  l'on  abusait  de 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  £5 

son  bon  vouloir ,  ou  de  ses  forces  physiques ,  la  loi  put  toujours 
venir  à  son  secours. 

17*  question.  —  Pour  satisfaire  à  tous  les  intérêts,  ne  pourrait- 
on  pas  former,  comme  en  Angleterre,  des  brigades  d'enfants  qui  tra- 
vailleraient alternativement  en  se  relayantà  de  certains  intervalles? 

18°  question.  —  En  cas  d'affirmative  ,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant,  par 
exemple,  deux  brigades  d'enfants,  qui  travailleraient  l'une  le  matin, 
l'autre  l'après-midi ,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail 
avec  ceux  de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers? 

HÉPonsE.  —  Partout  où  les  enfants  sont  en  quantité  suffisante 
pour  le  besoin  des  fabriques ,  il  serait  heureux  qu'ils  ne  pussent 
travailler  qu'alternativement  une  demi-journée,  et  fréquenter 
l'école  pendant  l'autre  moitié;  mais  là  où  il  n'y  a  pas  d'école ,  il 
vaut  mieux  qu'ils  travaillent  toute  la  journée ,  car  alors  ils  vaga- 
bonderaient dans  les  rues ,  ce  qui  leur  serait  très-préjudiciable 
sous  le  rapport  moral. 

19"  question.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraine  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers 
et  l'augmentation  de  leur  aptitude  ; 

B.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers 
plus  Agés? 

bépowsi.  ■*—  Le  travail  des  enfants,  tout  spécial,  est  aussi  néces- 
saire ,  aussi  vite  exécuté  et  infiniment  moins  coûteux  que  s'il  était 
fait  par  des  hommes  :  il  profite  donc  d'abord  au  fabricant  et  ensuite 
à  la  famille  de  l'enfant ,  à  laquelle  il  procure  un  surcroît  de  res- 
sources ;  il  profite  même  au  pays,  car  s'il  fallait  payer  certains 
travaux ,  qui  coûtent  maintenant  peu  de  chose ,  bu  taux  ordinaire 
que  gagne  un  ouvrier  fait ,  il  faudrait  nécessairement  augmenter 
le  prix  de  presque  tous  les  fabricats ,  de  sorte  que  la  concurrence 
étrangère,  déjà  si  difficile  à  vaincre,  se  trouverait  encore  favorisée 
par  le  coût  plus  élevé  de  la  main-d'œuvre  ;  il  y  aurait  donc  préjudice 
général  à  supprimer  en  trop  forte  proportion  le  travail  des  enfants. 

Cependant,  malgré  ces  inconvénients,  il  serait  utile  de  prendre, 
à  l'égard  de  la  jeunesse,  des  mesures  pour  l'amélioration  physique 
et  morale  des  ouvriers.  Mais,  par  les  raisons  que  je  viens  d'énu- 
mérer,  les  mesures  à  prendre  exigent  beaucoup  de  précautions. 


*by  Google 


66       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

B.  — -  Questions'  hygiéniques  et  économique*- 

■  20°  quxstioh.-  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier ,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

bApokbb.  —  En  général,  l'état  de  santé  des  ouvriers  de  nos 
contrées  est  assez  satisfaisant;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  des 
femmes  qui,  nourrissant  leurs  enfants,  sont  plus  sédentaires, 
moins  distraites ,  et  enfin  voient  la  misère  et  toutes  les  privations 
du  ménage  de  plus  près  et  plus  continuellement  que  leurs  maris. 

Les  enfants  travaillant  dans  les  fabriques  sont  généralement  ici 
moins  souffreteux,  moins  racbilîques,  que  ceux  des  grandes  villes; 
cependant  ils  sont  loin  d'être  aussi  sains  que  les  autres  enfants. 

31*  qubstioh.  — Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies ,  les  infirmités ,  les  difformités  aux- 
quelles ils  sont  sujets? 

aiponsB.  '-• —  Ce  sont  des  défauts  organiques  et  physiques,  une 
mauvaise  constitution,  la  faiblesse  de  poitrine  ,  et  des  maladies  de 
la  peau,  mais  plus  encore  des  maladies  morales,  telles  que  l'abru- 
tissement et  jusqu'à  l'idiotisme,  ou  du  moins  l'affaiblissement  de 
l'intelligence.  On  peut  remarquer  qu'une  grande  partie  des 
ouvriers  ne  sont  que  de  véritables  machines  et  ne  sont  capables 
de  rien  en  dehors  dn  cercle  de  leurs  habitudes. 

22°  quisïiok.  ■ —  Quel,  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
Fourrier? 

Réponse.  —  Le  régime  alimentaire  de  la  majeure  partie  des 
familles  ouvrières  doit  nécessairement  contribuer  à  la  lenteur  de 
la  Croissance  et  du  développement  physique  des  enfouis;  car 
l'ouvrier  vit  de  pain,  de  pommes  de  terre  et  de  lard;  sa  boisson 
habituelle  est  du  café  fort  léger;  les  plus  pauvres  sont  même 
privés  de  lard  ;  quant  k  la  femme  et  aux  enfants ,  ils  ne  vivent 
que  de  tartines,  de  Café  et  de  pommes  de  terre  au  vinaigre;  il 
est  rare  que  la'  famille  mange  une  soupe  ou  des  légumes. 

23"  QcïsnoR.  —  Comment  est-Il  logé  d'ordinaire  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 
-  iiiponsK.  —  Nos  ouvriers  de  ville  sont  passablement  logés  :  ils 
payent  de  1  franc  jusqu'à  1  franc  50  centimes  par  semaine,  selon 
qu'il  y  a  plus  ou  moin»  d'aisance  et  d'espace. 


ly  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  .        «7 

24'  QUnsTro».  —  Le  salaire  des  ouvriers  at-i!  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations  ? 

nfroasB.  —  Une  grande  réduction  des  salaires  s'est  principale- 
ment fait  sentir  sur  l'article  dentelles  et  broderies  de  tulles  :  les 
salaires  avaient  été  tellement  diminués,  qu'une  ouvrière  faite  par- 
venait à  peine  à  gagner  85  centimes  par  jour  ;  mais  actuellement 
cet  article  a  repris  faveur  :  aussi  toutes  les  femmes,  filles  et  même 
les  enfants,  peuvent  trouver  à  s'occuper  et  à  gagner  de  quoi  contri- 
buer aux  besoins  du  ménage. 

Les  salaires  des  tisserands,  en  général,  et  même  pour  les  couver- 
tures de  coton  et  d'étoupes,  dont  nous  avons  quatorze  fabriques, 
qui  occupent  plus  de  quinze  cents  personnes ,  hommes,  femmes  et 
enfants,  ont  été  réduits  de  beaucoup  :  il  manque  de  l'ouvrage  dans 
cette  branche  d'industrie,  dont  le  trop  plein  se  fait  péniblement 
sentir  à  Termonde. 

Un  bon  ouvrier  peut  encore  gagner  1  franc  et  jusqu'à  1  franc 
26  centimes  par  jour  ;  mais  malheureusement  c'est  l'ouvrage  qui 
manque,  et  les  ouvriers  se  trouvent  inoccupés. 

25"  ocbstioh.  —.Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-il  faire  des  économies? 

nipOKSE.  —  Non ,  le  salaire  actuel  de  l'ouvrier  ne  suffit  pas 
pour  le  nourrir  lui  et  sa  famille.  Il  ne  petit  pas,  par  conséquent, 
faire  des  économies.  '     '  » 

26*  QtnssTioir,  — -  A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
où  par  semaine,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  celui 
de  sa  famille? 

bemksb. — La  moyenne  du  salaire  de  l'ouvrier  des  fabriques  étant 
de  8  à  10  francs  par  semaine,  un  ménage  de  cinq  personnes,  pour 
logement,  feu,  lumière  et  vêtements,  dépense  au  moins  14  francs 
par  semaine  ;  il  est  donc  nécessaire  que  la  femme  et  les  enfants 
suppléent  par  leur  travail  à  ee  qui  manque  pour  la  plus  rigou- 
reuse nécessité.  Mais,  si  malheureusement  on  ne  vient  pas  à  gagner 
les  14  francs  indispensables ,  il  faut  économiser  aux  dépens  de  la 
santé  de  toute  la  famille,  ou  s'adresser  a  la  charité ,  qui  ne  fait 
point  défaut,  mais  qui  démoralise  celui  qui  doit  y  avoir  recours  ; 
car  la  seconde  démarche  lui  est  moins  pénible  que  la  première, 
et  il  est  tout  à  fait  éhonté  à  la  troisième;  de  sorte  que,  comp- 


>d  ^Google 


68     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
Uni  sur   les  secours  qu'il  reçoit ,    il   finit   par   se  livrer  à   la 
paresse. 

La  charité  a  donc  set  inconvénients.  Au  lieu  de  donner  de  l'ar- 
gent, mieux  vaudrait  prêter  sans  intérêt,  eu  n'exigeant  la  restitution 
que  lorsque  l'ouvrier  serait  dans  la  possibilité  de  la  faire. 

27*  question.  —  Quelle  est,  en  général,  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort  ? 

serons!.  —  La  condition  morale  des  ouvriers  se  ressent  beau- 
coup de  leur  condition  matérielle;  la  grande  misère  enfante  sou- 
vent des  querelles  dans  les  familles  ;  et  de  là  viennent  la  mendicité, 
la  paresse  et  l'immoralité. 

Dans  les  campagnes  de  l'arrondissement ,  où  les  ouvriers  vivent 
de  l'industrie  et  de  la  manipulation  des  lins  et  des  chanvres ,  il  y 
a  beaucoup  de  moralité;  ces  gens  ne  font  pas  d'épargnes ,  mais  ils 
ne  font  pas  de  dettes  non  plus,  et  on  n'y  rencontre  d'autres  men- 
diants que  des  infirmes  ou  des  vieillards, 

Termonde  et  Wetteren,  au  contraire,  fourmillent  de  mendiants, 
mais  avec  celte  différence  cependant,  qu'à  Termonde  ce  sont  des 
femmes  et  des  hommes  faits,  tandis  qu'à  Wetteren  ce  sont  presque 
tous  des  enfants  des  deux  sexes  qui  ne  peuvent  fréquenter  l'école, 
parce  qu'ils  doivent,  avant  tout,  apporter  au  logis  de  quoi  manger. 

28"  question.  —  Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie? 

réponse.  —  Moins  que  dans  beaucoup  d'autres  localités;  sans 
doute  parce  que  la  bière  est  à  bon  marché  et  fort  bonne  ;  le  genièvre 
n'est  pas  la  boisson  la  plus  commune  parmi  nos  ouvriers. 

29e  question.  —  Y  en  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubi- 
nage? 

réponse. — Je  ne  crois  pas  qu'il  y  en  ait  dans  les  campagnes; 
cela  est  même  rare  en  ville. 

30*  question.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont- elles 
ordinairement  bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la 
confusion  des  sexes  dans  les  ateliers  et  tes  travaux  peuvent-ils  leur 
être  nuisibles  ? 

réponse.  —  En  général ,  il  y  a  quelque  retenue  et  même  de  la 
décence  extérieure  dans  les  mœurs  de  nos  jeunes  ouvrières  ;  nous 
avons  peu  de  fabriques  ou  les  sexes  se  trouvent  confondus,  et  là 
encore  il  s'exerce  une  sorte  de  surveillance  mutuelle;  il  en  résulte 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  69 

que  cette  jeunesse ,  naturellement  plus  relâchée  dans  les  mœurs 
que  toute  autre  catégorie  d'ouvrières,  possède  cependant  l'instinct 
de  cacher  les  apparences. 

31"  question.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  t'incon- 
duîte  de  l'ouvrier? 

hzpohsk.  —  Le  contact  des  ouvriers  entre  eux ,  la  boisson  qui 
les  excite  à  s'entraîner  mutuellement.  C'est  comme  le  détenu  qui, 
par  le  contact  des  autres  prisonniers,  sort  de  la  prison  plus  per- 
verti qu'il  n'y  est  entré.  Souvent  aussi  les  reproches  trop  gros- 
siers ,  adressés  aux  ouvriers  par  leurs  femmes ,  ne  font  qu'empirer 
le  mal  et  les  poussent  tout  à  fait  à  l'ivrognerie.  Mais  c'est  surtout  le 
manque  d'éducation  morale;  la  grande  misère  y  est  aussi  pour 
quelque  chose  ;  elle  les  abrutit ,  leur  fait  prendre  la  société  en 
haine  ;  ils  finissent  par  considérer  leurs  maîtres  comme  des  tyrans, 
et  ils  se  persuadent  bien  vite  que  la  possession  est  une  injustice  à 
laquelle  ils  attribuent  leurs  souffrances  et  leurs  privations.  Cette 
idée  peut  les  conduire  au  vol ,  au  meurtre  et  à  l'incendie. 

Une  bonne  instruction  morale  pourrait  seule  prévenir  ces  maux; 
on  retirerait  aussi  de  grands  avantages  d'écoles  d'apprentissage, 
qui ,'  en  rendant  l'ouvrier  plus  adroit ,  plus  actif,  fourniraient  aux 
industriels  les  moyens  de  lutter  plus  efficacement  contre  la  concur- 
rence étrangère. 

Il  serait  aussi  nécessaire  de  chercher  a  extirper  complètement  la 
mendicité ,  qui  est  une  des  causes  principales  de  la  paresse  nu  de 
l'inconduite  de  l'ouvrier. 

32*  qcbstioit.  —  Existe-t-il ,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  de»  campagnes? 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  ou  isolément  ? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître? 

réfosse.  —  Il  y  a  une  différence  assez  marquante  entre  l'ou- 
vrier des  villes  et  celui  des  campagnes  ;.  ce  dernier  est,  en  général, 
plus  moral  et  plus  sédentaire.  Après  sa  journée,  il  cultive  son  petit 
jardin ,  et  si  celui-ci  ne  suffit  pas  aux  besoins  de  sa  famille ,  son 
premier  soin  est  de  louer  quelque  part  un  petit  coin  de  terre  à 
cultiver.  Les  autorités  civiles  et  ecclésiastiques,  qu'il  respecte,  exer- 


^y  Google 


70  RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
cent  sur  lui  une  influence  salutaire  que  les  mêmes  autorités  n'ob- 
tiennent pas  dans  lés  villes.  Le  salaire  de  la  journée ,  quoique 
moins  élevé  qu'en  ville,  peut  mieux  lui  suffire,  parce  qu'il  éprouve 
proportionnément  moins  de  besoins,  et  qu'il  lui  est  plus  facile  de 
les  satisfaire,  au  moyen  du  petit  coin  de  terre  qu'il  lui  est  permis 
d'exploiter  en  temps  perdu.  Le  bon  air  qu'il  respire,  une  nour- 
riture plus  saine,  moins  chère  et  plus  abondante,  le  rendent  plus 
dispos  et  d'une  santé  plus  robuste. 

Généralement  tous  les  métiers  exercés  en  petite  réunion  ou  a 
domicile  influent  sur  la  sociabilité  de  l'ouvrier;  il  est  plus  surveillé 
et  plus  eu  contact  avec  le,  maître  et  sa  famille;  enfin,  il  est 
moins  sujet  â  la  fréquentation  des  masses,  où  l'on  trouve  d'or- 
dinaire plus  d'entraînement  vers  la  débauche,  la  brutalité  et 
l'immoralité. 

Il  est  cependant  à  remarquer  que  certains  ateliers,  quoique 
pourvus  d'un  nombreux  personnel,  sont  composés  d'ouvriers  d'une 
moralité  et  d'une  conduite  exemplaires.  Je  citerai  lés  ouvriers  mar- 
briers, qui  sont  au  nombre  de  plus  de  cent  à  Tèrmonde.  Chez  eux, 
le  contact  ne  gâte  personne;  il  est  probable  que  cela  provient  de  ce 
qu'ils  ont  tous  un  fonds  d'instruction;  ils  savent  dessiner,  dresser 
les  plans  de  coupe  des  pierres  et  tout  ce  qui  est  relatif  à  leur  état  ; 
ils  doivent  savoir  un  peu  de  calcul ,  et  on  n'apprend  guère  ces 
choses  sans  comprendre  la  nécessité  de  savoir  lire  et  écrire ,  de 
sorte  que  dans  les  heures  qu'ils  consacrent  a  celle  instruction 
indispensable  a  leur  état,  ils  entendent  plus  ou  moins  parler 
morale.  Il  y  a  bien  par-ci  par-là  un  bon  livre  qui  leur  tombe  sous 
la  main,  et  ils  demeurent  sous  cette  heureuse  influence.  Il  est  aussi 
vrai  de  dire  qu'ils  ne  travaillent  pas  pèle- mêle  avec  des  femmes, 
qui,  prises  au  plus  bas  de  l'échelle  sociale,  sont  pires  que  les  hommes 
les  plus  abrutis. 

Il  résulte  de  ces  observations  que  les  plus  grands  éléments  d'im- 
moralité et  d'inconduite  sont  : 

1°  Le  manque  total  d'instruction  ;  ' 

2°  La  grande  misère  à  côté  des  besoins  incessants  de  la  vie  ;  et 
finalement  le  contact  des  masses,  notamment  lorsqu'il  y  a  mélange 
de  sexes  ;  car,  en  mit  d'ouvrières ,  ce  ne  sont  que  les  mauvaises 
qui  consentent  à  se  mêler  aux  hommes. 

L'enfant  des  fabriques,  qui  n'entend  que  mauvais  propos,   et 


ly  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TEHMONDE.  71 

qui  a  continuellement  de  mauvais  exemples  sous  les  jeux,  ne 
peut  certes  pas  être  comparé,  pour  la  moralité,  a  l'apprenti  qui 
travaille  ehea  ud  maître ,  et  qui  le  plue  ordinairement,  n'a  que  de 
bons  exemples,  ou  du  moins  en  a  peu  de  mauvais;  car,  si  son 
maître  a  des  vices ,  il  aura  bien  soin  de  les  lui  cacher.  D'ailleurs, 
puisque  les  réunions  nombreuses  d'hommes  sans  instruction  sont 
dangereuses,  puisqu'elles  sont  plus  dangereuses  encore  lorsqu'il  y 
a  mélange  de  sexes,  elles  doivent  être,  à  plus- forte  raison,  bien 
plus  funestes  encore  pour  de  jeunes  enfants ,  dotrt  les  premières, 
impressions  influent  tant  sur  le  reste  de  la  vie. 

Je  .pense  donc  que  les  réunions  en  communauté  ne  sont  pas 
favorable»  à  La  moralité,  même  dans  les  classes  où  il  ja  déjà  de 
bons  principes;  a,  plus  forte  raison,  ce  doit  être  pire  dans  celles 
où  il  n'y  en  a  pas.  ; 

Le  jeune  apprenti  qui  exerce  son  état  isolément  ou  eu  petite 
réunion,  est  donc  infiniment  meilleur  que  l'enfant  travaillant  dans 
les  fabriques. 

33°  question.  —  Quels  sont  lès  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  dés  deux 
sexes?  Quelles  seraient  les  réformes  à  y  apporter? 

lirons!-  —  L'apprentissage  devrait  marcher  de  pair  avec  l'édu- 
cation morale  et  intellectuelle. 

L'ouvrier  devrait  ne  pouvoir  prendre  d'engagement  avant  d'avoir 
atteint  l'Age  requis  pour  poser  un  acte  quelconque;  il  faudrait 
séparer  les  sexes  dans  les  ateliers. 

Ces  réformes  doivent  être  prudentes ,  modérées  et  lentes;  il 
importe  détenir  compte  des  localités ,  des  industries  et  du  nombre 
d'enfants  qui  y  sont  employés. 

54*  oubstior.—  Y  a-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion-, ,&  l'extérieur  ou  à  domicile? 

HKI-059E.  —  Il  serait  plus  heureux,  pour  la  société,  que  l'on  put 
étendre  les  mesures  prolectrices  à  l'enfance  ouvrière  en  général  ; 
mais  comment  priver  le  cordonnier,  le  tailleur,  de  ses  apprentis, 
et  comment  retirer  le  souffleur  au  forgeron? 


ygiaàay  GoOgle 


74      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

Il  serait  plus  facile  de  restreindre  ces  mesures  aux  seuls  enfants 
employés  dans  les  grands  établissements  industriels ,  surtout  pour 
ce  qui  regarde  la  séparation  des  sexes. 

35*  qdbstioi).  —  Quelles  sont,  dans  rotre  ressort,  les  institution» 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  sou 
bien-être  physique  et  moral? 

réponse.  — Il  existe  a  Termonde  une  excellente  école  de  pauvres 
et  d'enfants  d'ouvriers,  qui  renferme  environ  quatre  cents  élèves  qui 
s'instruisent  parfaitement;  mais,  comme  on  n'y  apprend  aucun 
métier,  on  perd  en  grande  partie  le  résultat  qu'on  veut  atteindre  ; 
les  enfants  abandonnent  bientôt  l'école,  afin  d'aller  travailler  pour 
la  famille;  de  sorte  que,  privé  de  surveillance  et  mêlé  a  d'autres 
jeunes  ouvriers  sans  principes ,  l'élève  reprend  bientôt  toutes  les 
mauvaises  habitudes  de  son  nouvel  entourage. 

Il  faudrait  pouvoir  joindre  l'apprentissage  à  l'instruction,  afin 
de  retenir  le  jeune  homme ,  au  moine  jusqu'à  quinze  ou  seize  ans, 
et  la  jeune  fille  jusqu'à  quatorze  ans ,  et  au  plus  jusqu'à  dix-huit 
ans  ;  après  cet  Age,  il  est  probable  que  les  enfants  conserveraient 
les  bons  principes  qu'ils  auraient  acquis. 

Il  y  a,  pour  les  malades,  un  hôpital  fort  bien  tenu  ;  mais  on  n'y 
admet  ni  filles  ni  femmes  enceintes,  fussent-elles  malades  et  dans 
la  plus  grande  misère.  On  n'y  admet  pas  non  plus  de  vénériens 
d'aucun  sexe. 

L'humanité  et  la  charité  exigeraient  cependant  que  des  salles  et 
des  secours  spéciaux  fussent  accordés  aux  malheureux  atteints  de 
ces  maladies. 

Nous  avons  un  hospice  d'orphelins ,  avec  école  intérieure  d'ap- 
prentissage. Cette  institution  laisse  peu  à  désirer. 

Notre  hospice  de  vieillards  est  aussi  parfaitement  administré; 
seulement  le  nombre  est  trop  limité,  de  sorte  que  beaucoup  de  mal- 
heureux vieillards  attendent  des  vacatures.  Ce  qu'il  y  a  de  plus 
étrange,  c'est  que  les  personnes  mariées  ne  sont  reçues  ni  ensemble 
ni  séparément  à  l'hospice.  On  dit  qu'il  est  indécent  que  des  époux 
vivent  ensemble  dans  l'hospice  en  présence  des  autres  vieillards  ; 
mais  il  est  plus  immoral  et  plus  indécent  de  voir  se  traîner  dans 
]a  rue,  de  porte  en  porte,  et  privé  presque  de  vêtements,  un 
pauvre  vieillard  chauve  et  débile! 

Si  dans  les  hospices  on  trouve  moyen  de  séparer  les  hommes 
d'avec  les  femmes,  pourquoi  ne  ferait-on  pas  de  même  à  l'égard  des 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.         73 

gens  marié» ,  si  toutefois  on  le  juge  nécessaire?  Il  serait  Traiment 
utile  de  prendre  des  dispositions  a  cet  égard. 

Il  y  a  à  Harame  une  école  de  dentellières  et  deux  à  Moerxeke: 
on  y  apprend  aussi  à  coudre ,  à  tricoter  et  d'autres  ouvrages  de 
main  nécessaires  aux  filles  ;  on  y  donne  aussi  une  bonne  éducation 
morale  et  religieuse.  Ces  écoles  font  un  grand  bien. 

Sî  on  pouvait  concilier  l'intérêt  matériel  des  familles  avec  l'ap- 
prentissage des  garçons,  de  telle  sorte  que  ceux-ci  ne  manquassent 
plus  aux  écoles,  il  faudrait  créer  de  ces  établissements  dans  toutes 
les  communes  de  la  Belgique,  ou  au  moins  un  pour  deux  ou 
trois  communes  rapprochées,  en  cas  d'insuffisante  population 
dans  une  seule. 

36"  QOKSTiOK.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduction 
de  la  durée  du  travail ,  les  moyens  propres  à  améliorer  la  condi- 
tion des  jeunes  ouvriers  ? 

bépoitse.  —  Séparer  les  sexes  ;  exiger  qu'il  soit  exercé  une  cer- 
taine surveillance  sur  eux;  établir  des  écoles  d'apprentissage, 
d'instruction  et  de  morale ,  tout  a  la  fois  ;  instituer  des  récom- 
penses solennelles  pour  les  actes  de  vertu ,  d'aptitude  et  de 
moralité  ;  créer  des  écoles  d'agriculture  ou  fermes  modèles ,  et 
prendre  des  dispositions  assez  avantageuses  a  la  jeunesse ,  pour 
que  ce  soit  une  faveur  que  d'y  être  reçu  ;  y  envoyer  toute  Ja 
jeunesse  sous  la  direction  du  gouvernement,  comme  les  orphe- 
lins ,  etc.  ;  et ,  enfin ,  prendre  des  mesures  pour  qu'une  bonne 
partie  de  la  jeunesse  ouvrière  soit  destinée  a  la  culture. 

Le»  moyens  de  communication,  pour  arriver  à  nos  terrains 
vagues,  seront  encore  une  ressource  de  longue  durée,  favorable  à 
de  nombreux  ouvriers  ;  peut-être  même  pourrait-on  tirer  parti  des 
condamnés  pour  vols  simples,  des  repentants  qui  se  conduisent 
bien  dans  les  prisons,  et  enfin  des  condamnés  militaires  qui  s'y 
trouvent  en  si  grand  nombre.  Un  coin  de  terre  donné  a  ces 
malheureux  repentants,  après  des  preuves  d'un  sincère  retour 
a  une  meilleure  conduite ,  serait  sans  doute  d'un  bon  effet  sur 
d'autres  condamnés ,  et  un  moyen  de  prévenir  quantité  de  crimes 
et  de  délits. 

S'il  était  possible  de  construire  des  villages  modèles  et  de  dis- 
tribuer aux  ouvriers  des  chalets  avec  une  portion  de  terre  à 
cultiver,  sans  qu'il  leur  fut  permis  de  la  céder,  la  jeunesse  y  trou- 


^y  Google 


7*     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE,, 
ferait  un  travail  utile' pour  tous,  tandis  qu'éparpillée  dans  toutes 
lés  industries  dont  le  pays  fourmille  t  elle  ne  fait  qu'accroître  le. 
trop  plein  qui  nous  encombre  déjà ,  et  augmenter  le  paupérisme 
qui  envahit  la  Belgique  d'une  manière  si  effrayante. 

Le  Président, 
Delwàut-La:hdas, 

Comme  annexe  à  la  trente-cinquième  question,  relativement  aux 
institutions  favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'aug- 
menter son  bien-être  physique  et  moral,  j'ajouterai  que  si  le  gou- 
vernement se  décidait,  non-seulement  à  améliorer  les  institutions 
existantes,  mais  encore  à  en  créer  de  nouvelles,  la  plus  utile  et 
celle  qui  rendrait  le  plus  de  services  matériellement  et  moralement, 
serait  une  caisse  de  secours  et  de  prévoyance ,  administrée  par 
le  bureau  de  bienfaisance ,  avec'  surveillance  spéciale  de  l'admi- 
nistration communale. 

Chaque  localité  devrait  être  pourvue  d'une  caisse  semblable, 
dont  le  fonds  serait  proportionné  à  la  population  ouvrière  et  indi- 
gente. La  première  mise,  pour  former  cette  caisse,  devrait  provenir 
du  gouvernement,  de  la  province  et  de  la  localité  intéressée;  on 
pourrait  encore  provoquer  [es  dons  volontaires  des  personnes 
charitables  et  admettre  enfin  les  ouvriers  participants,  au  moyen 
d'une  rétribution  minime  et  hebdomadaire. 

Pour  être  admis  participant,  au-dessus  de  l'Âge  de  dix-huit  ans,  il 
faudrait  être  natif  du  lieu  ou  y  être  domicilié  depuis  cinq  ans,  jouir 
d'une  bonne  réputation  d'honnêteté ,  d'activité  et  de  sobriété, 
avoir  ses  enfants  &  l'école,  n'avoir  subi  aucune  peine  infamante,  et 
enfin  n'avoir  pas  fait  de  la  mendicité  un  moyen  d'existence. 

A  dix-huit  ans  et  au-dessous,  on  ne  serait  admis  participant 
qu'au  moyen  d'une  sorte  d'examen.  Il  serait  obligatoire  de  savoir 
lire,  écrire,  calculer,  connaître  les  devoirs  de  l'homme,  non-seu- 
lement envers  Dieu ,  mais  encore  envers  la  société,  envers  sa 
famille  et  envers  lui-même. 

Le  but  de  l'institution  serait  d'accorder  des  secours  en  prêts 
gratuits,  des  secours  temporaires  ou  viagers. 

Toute  personne  sans  ressource  ou  gênée  momentanément,  qui 
réunirait  les  obligations  réglementaires  voulues,  pourrait  jouir  de' 
l'avantage  de  prêts  gratuits,  remboursables,  au  besoin ,  par  por- 


OglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TEBMONDE.  75 

lions,  eu  égard  aux  circonstances  plus  ou  moins  graves  dans 
lesquelles  se  trouverait  l'emprunteur. 

L'ouvrier  participant,  manquant  d'ouvrage,  recevrait  par  se- 
maine le  tiers  de  son  salaire  ordinaire,  pourvu  qu'il  présentât  des 
garanties  morales  suffisantes.  Ces  prêts  cesseraient  au  moment  de 
la  reprise  du  travail. 

Le  remboursement  se  ferait,  autant  que  possible,  de  la  même 
manière  que  les  emprunts,  ou  plus  promptement  s'il  convenait  a 
l'emprunteur. 

L'ouvrier  participant,  malade  ou  forcé  de  suspendre  son  travail, 
pourrait  toucher  te  tiers  de  ses  journées,  àtilre  d'emprunt, et  rembour- 
sable comme  il  est  dit  ci-dessus;  mais  après  oa  mois  de  maladie  ou 
de  privation  de  travail  bien  constatée,  il  toucherait,  lui  ou  s»  famille, 
à  titre  de  secours  gratuit,  pareil  équivalent  du  tiers  de  ses  journées. 
Ce  secours  pourrait  être  porté  à  une  demi-journée,  si  la  femme  et 
les.  enfants  sont  au  nombre  de  cinq  et  si  aucun  des  enfants  ne  peut 
travailler. 

L'emprunteur  qui  aurait  volontairement  manqué  aux  obligations 
d'honneur  qu'il  prendrait  en  ces  occasions,  serait  exclu,  à  l'avenir, 
de  toute  participation  à  ladite  caisse,  et  afin  de  conserver  le  sou- 
venir de  ce  méfait,  il  en  serait  dressé  une  sorte  de  procès-verbal 
sur  le  registre,  au  folio  même  du  délinquant. 

Lorsque  des  ouvriers  participants  deviendraient  incapables  de 
travailler,  par  l'Age,  les  infirmités  ou  des  accidents  quelconque», 
sans  que  pour  ces  motifs  ils  fussent  reçus  dans  un  hospice,  et  qu'enfin 
ils  manquassent  de  moyens  suffisants  d'existence,  la  caisse  susdite 
leur  devrait  une  pension  viagère,  équivalant  au  tiers  de  la  journée 
ordinaire. 

Si  cependant  un  de  ces  pensionnaires  venait  à  recouvrer  la 
possibilité  de  suffire  à  ses  besoins,  la  pension  viagère  cesserait. 

La  veuve  d'un  ouvrier  participant,  qui  aurait  quatre  enfants  au 
moins ,  incapables  de  travailler,  recevrait  une  pension  hebdoma- 
daire équivalant  a  la  moitié  du  gain  ordinaire  durant  la  semaine. 

Cette  pension  serait  augmentée  proportionnellement  au  nombre 
des  enfants;  elle  diminuerait  au  fur  et  a  mesure  que  les  enfants 
en  atteignant  seize  ans,  par  exemple,  seraient  capables  de  travailler. 
Elle  serait  supprimée  en  cas  de  nouveau  mariage. 

Les  enfants  orphelins  d'ouvriers  participants,  quoique  à  charge 
de  ia  commune  ou  d'un  hospice,  auraient  droit  :  les  garçons  jusqu'à 
seize  ans,  et  les  filles  jusqu'à  dix-huit  ans,  à  15  centimes  par  jour. 


DiglizedOy  GOOgle 


76  RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
Celte  redevance  capitalisée,  depuis  la  mort  du  dernier  parent, 
serait  remise  à  l'orphelin,  soit  au  Fur  et  à  mesure  de  ses  besoins, 
s'il  est  en  apprentissage  ou  ne  gagne  pas  suffisamment  pour  ses 
besoins,  soit  en  une  seule  fois,  s'il  est  marié,  ou  s'il  à  vingt  et  un  ans, 
et  qu'il  prouve  alors  avoir  un  état. 

Je  pense  qu'une  pareille  caisse,  sous  le  patronage  du  gouver- 
nement, serait  une  belle  et  bonne  institution. 

L'administration  n'en  coûterait  rien  ;  nous  avons  assez  de  per- 
sonnes pieuses  et  philanthropes  qui  s'en  chargeraient  volontiers. 

A.  l'occasion  de  l'enquête,  toute  philanthropique,  actuellement  ouverte 
par  le  gouvernement ,  dans  le  but  d'améliorer  la  condition  physique , 
matérielle  et  morale  de  la  classe  ouvrière,  je  m'enhardis  à  présenter 
encore  quelques  observations. 

Si  l'on  considère  que  l'industrie ,  l'agriculture  et  le  commerce 
pavent  tous  les  impôts,  on  comprendra  que  c'est  au  courage, 
au  labeur,  au  travail,  et  souvent  même  au  talent  de  l'ouvrier, 
que  sont  dues  les  richesses  et  la  force  morale  et  matérielle  d'un 
pays.  C'est  aussi  la  classe  ouvrière  et  celle  qui  y  touche  de  plus 
près  dans  la  société,  qui  fournissent  a  l'armée  les  soutiens  de  l'ordre 
intérieur  et  de  la  défense  du  pays  j  ainsi ,  ce  quart  environ  de  la 
population  consacre  ses  veilles  ,  ses  sueurs  et  son  sang,  au  profit 
de  la  société  entière,  tandis  qu'il  n'en  recueille,  pour  lui-même, 
que  bien  peu  d'avantages. 

Les  réponses  de  la  chambre  de  commerce  de  Termonde  tendent 
principalement  ; 

1*  À  la  propagation  de  l'éducation  morale  et  instructive  ; 

2°  A  l'établissement  d'écoles  d'apprentissage,  d'agriculture,  de 
métiers  et  d'industrie  ; 

3"  A  l'institution  de  caisses  de  prévoyance,  de  secours,  de  prêts 
gratuits,  qui  fourniraient,  en  certains  cas,  des  pensions  tempo- 
raires et  même  viagères; 

4*  A  apporter  des  changements  urgents  dans  les  règlements 
de  beaucoup  d'établissements  de  bienfaisance,  comme  par  exemple, 
de  ne  plus  exclure  de  l'hôpital  aucun  genre  de  maladies. 

Il  existe  un  plus  grand  abus  réglementaire  relativement  à  l'ad- 
mission des  vieillards  à  l'hospice  de  Termonde. 

Ces  malheureux  n'y  sont  reçus  que  veufs  ou  non  mariés.  Les 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  77 

époux,  que  la  mort  n'a  pas  séparés ,  auxquels  l'Age  et  l'incapacité 
donnent  droit  à  l'admission  ,  n'y  peuvent  entrer  ensemble;  et, 
d'un  autre  côté,  l'un  des  époux,  dont  le  conjoint  existerait,  n'est 
point  admis  seul  non  plus. 

Dans  le  premier  cas,  on  refuse,  parce  que  l'on  dit  qu'il  7  a 
inconvenance  de  vivre,  comme  époux,  dans  une  communauté  ;  dans 
le  second  cas,  parce  que,  par  une  fausse  interprétation  religieuse , 
on  prétend  que  ce  serait  délier  sur  la  terre  ce  que  Dieu  a  lié  dans 
le  crel. 

Ces  raisons  ne  me  semblent  pas  se  concilier  avec  les  sentiments 
d'humanité.  Peut-il  être  permis  de  priver  des  malheureux  des 
bienfaits  de  l'hôpital?  Peut-on  priver  des  vieillards  débiles  du  pain 
et  de  l'asile  de  l'hospice?  Non,  ce  serait  contrevenir  aux  inten- 
tions des  âmes  charitables  qui  ont  contribué  a  l'établissement  de 
ces  lieux  d'asile,  pour  les  malades  et  les  vieillards  en  général,  et  qui 
contribuent  encore  à  l'entretien  de  chaque  jour.  Il  y  aurait  injus- 
tice a  ne  pas  faire  respecter  ces  institutions  dans  leur  entier. 

N'est-ce  pas  une  barbarie  que  de  refuser  l'entrée  de  l'hospice  a 
deux  vieillards  qui  ont  passé  ensemble  de  longues  années ,  et  leur 
dire  que  la  mort  de  l'un  peut  seule  ouvrir  la  porte  à  l'autre  ? 

5°  Enfin ,  les  réponses  de  ta  chambre  de  commerce  tendent  a 
provoquer  l'organisation  du  travail  des  jeunes  ouvriers  et  des 
enfants  dans  les  fabriques  {  et  surtout  à  la  séparation  des  sexes 
et  a  restreindre  les  heures  de  travail  dans  certaines  usines 
insalubres. 

Je  ne  crois  pas  qu'il  ait  été  question  de  l'utilité  d'apporter 
quelques  changements  à  l'ordre  intérieur  de  la  prison;  il  serait 
cependant  nécessaire  d'exercer  une  surveillance  perpétuelle  sur  les 
prisonniers ,  de  les  classer  par  catégories  séparées,  de  leur  donner 
de  la  moralité  et  de  l'instruction  autant  que  possible.  De  bons 
prêtres  se  chargeraient  sans  doute  volontiers  de  ce  service  vérita- 
blement chrétien;  ils  devraient  surveiller  les  prisonniers  avec  les 
mêmes  soins  que  la  sœur  noire  surveille  ses  malades.  Les  prisonniers 
devraient  aussi  apprendre  un  métier  ou  se  perfectionner  dans  le 
leur;  enfin,  ils  ne  devraient  jamais  être  livrés  à  eux-mêmes,  en  grand 
nombre,  et  surtout  dans  l'inaction. 

Je  crois  devoir  émettre  ici  mon  opinion  relativement  k  l'extir- 
pation complète  de  ta  mendicité.  Cette  amélioration  urgente  est 
généralement  désirée;  dos  mœurs  la  réclament,  car  la  mendi- 
cité sert  de  manteau  à  la  paresse  et  à  tous  les  vices  qui  en  dérivent. 


^y  Google 


78      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 

II  serait  surtout  nécessaire  d'empêcher  l'exhibition  de  ces  mons- 
truosités vraies  ou  simulées ,  qui  servent  à  exciter  la  compassion 
publique. 

Cependant,  afin  de  ne  pas  punir  les  bons  arec  les  mauvais ,  on 
pourrait  ériger  dans  chaque  district,  un.  hospice  pour  les  vrais 
incurables,  idiots,  estropiés,  aveugles,  etc. 

U  conviendrait  qu'ils  y  fussent  bien  traités,  afin  de  compenser, 
autant  qu'il  est  au  pouvoir  de  la  société,  les  disgrâces  dont  la 
nature  les  a  affligés;  tout  le  travail  dont  ils  seraient  capables  vien- 
drait en  aide  a  l'établissement. 

Toute  famille  qui  aurait  dans  son  sein  un  de  ces  contrefaits 
monstrueux,  et  qui  ne  justifierait  point  de  soins  hygiéniques  et.de 
bon  entretien,  serait  obligée  de  le  placer  a  l'hospice. 

Le  choix  d'un  lieu  convenable,  pour  l'établissement  de  l'hospice, 
est  aussi  important  que  sa  distribution  intérieure.  Je  crois  qu'un 
grand  terrain  avec  bâtiments  de  ferme,  en  présentant  plus  d'éco- 
nomie ^remplirait  mieux  le  but. 

Les  frais  de  construction  et  d'ameublement  se  payeraient  par  le 
gouvernement ,  la  province  et  le  district,  par  dons,  expositions  et 
souscriptions;  et  les  (rais  d'entretien,  par  le  travail  des  pension- 
naires, par  les  subsides  des  communes  auxquelles  appartiendraient 
les  incurables  indigents,  par  les  pensions  et  demi -pensions  de 
ceux  qui  pourraient  payer,  par  les  bureaux  de  bienfaisance,  les 
hospices ,  ou  enfin  par  un  appel  a  la  charité  publique. 

Il  est  certain  que  de  pareilles  institutions  présentent  des  diffi- 
cultés; mais  elles  sont  de  nature  à  produire  assez  de  bien,  pour 
mériter  l'attention  sérieuse  du  gouvernement,  dont  les  efforts  doi- 
vent vaincre  tous  les  obstacles ,  afin  d'assurer  un  meilleur  sort  a 
la  classe  ouvrière  et  indigente. 

Le  Président  de  la  chambre  de  commerce, 
DixwA*T-LijfDÀS. 


Dglizedôy  G00g[e 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.        79 

!.  —  IcpiiMsfcH.  C.  Vehmeire,  Beatre  fe  I»  Chambre,  de  cemsuct  de  Teraœiie. 

A.  —  Questions  spéciales  au  travail  des  enfants. 

1"  question.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  industries 
où  l'on  emploie  des  jeunes  ouvriers,  et  dans  quelle  proportion  s'y 
trouvent  ces  derniers? 

■épouse.  —  Les  fabriques  de  ficelles  et  les  rubaneriea  de  fils , 
les  corderîes,  les  huileries,  et  les  amidonneries. 

Dans  les  deux  premières  la  proportion  est  de  un  à  cinq,  et  dans 
les  autres  de  un  à  dix. 

2"  gtmnotT.  —  A  quel  âge  admet-on ,  en  général ,  les  enfants 
dans  ces  établissements? 

kxmitbx.  —  Chez  les  fabricants  de  ficelles  et  les  rubaniers ,  dès 
Fige  de  six  ans;  chez  les  autres  à  dix  ans. 

3"  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants?  Quêta  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez,  comme 
nuisibles  à  leur  santé? 

aipo5SB.  —  Chez  les  fabricants  de  ficelles,  ils  tournent  la  roue 
du  fileur  ;  chez  tes  rubaniers,  ils  dévident  le  fil  sur  de  petites 
bobines  avant  d'être  employés  au  tissage;  et  dans  les  autres  fabri- 
ques on  les  emploie  à  divers  ouvrage»  secondaires. 

Aucun  de  ces  travaux  n'est  nuisible  à  leur  santé. 

4*  qdestioh.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  journa- 
lier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive. 

réponse.  —  La  durée  du  travail  des  enfants  est ,  en  été ,  de 
douze  heures,  et  en  hiver  de  sept  à  huit  heures  :  elle  n'est  pas 
excessive. 

5'  QOESTion.  —  Quels  sont  tes  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants? 

aiponsï.  —  Voici  la  division  de  la  journée  chez  les  fabricants  de 
ficelles,  les  rubaniers,  les  cordiers,  les  amidonniers  : 

En  été,  de  cinq  heures  à  huit  heures  du  matin,  travail  ;■  de  nuit 
heures  à  neuf  heures,  déjeuner  et  récréation;  de  neuf  heures  a 
midi,  travail;  de  midi  à  une  heure ,  dîner  et  -récréation  ;  de  une 
heure  a  quatre  heures,  travail  ?'  de  quatre  heure»  a  quatre  heures 


*by  Google 


80       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

et  demie,  goûleret récréation;  de  quatre  heures  et  demie  à  huit 
heures,  travail  ;  a  huit  heures,  souper;  a  neuf  heures,  coucher. 

En  hiver,  de  sept  heures  et  demie  du  matin  a  midi,  travail  ;  de 
midi  à  une  heure,  dîner  et  récréation  ;  de  une  heure  à  la  chute  du 
jour,  travail. 

Dans  les  huileries,  il  y  a  deux  brigades  :  l'une  commence  a  minuit 
pour  finir  à  midi  ;  l'autre  la  remplace  de  midi  à  minuit  ;  le  travail 
y  est  permanent  :  on  se  repose  pendant  le  temps  nécessaire  pour 
les  repas. 

Le  repos  accordé  aux  jeunes  ouvriers  est  suffisant, 
6"  question.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail ,  et  comment  se 
combine- t-il  avec  le  travail  de  jonr. 

KÉPonsE.  —  Chez  quelques  rubaniers ,  on  travaille  le  soir ,  en 
hiver,  de  sept  à  neuf  ou  dix  heures  ;  le  travail  est  le  même  que 
celui  de  jour. 

7"  question.  —  Y  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants ,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux? 

KBFOHSi.  —  Tous  nos  ateliers  sont  fermés  le  dimanche. 
S*  question.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries  , 
les  sexes  et  les  Ages? 

réponse.  —  Voici  l'échelle  du  salaire  moyen  approximatif  : 

De  6   à  8  ans,  par  jour 0  fr.  lfi 

—  8— 10  ans,        id.     .     .     .     , >   —  25 

—10— 12  ans,        id »   —  35 

—12—14  ans,         id. »   —  50 

—14—16  ans,         id -    —  75 

—16—18  ans,        id 1  —  00 

— 18 — 20  ans  et  au  delà,  par  jour 1  —  50 

Ouvriers  plus  habiles  et  exerçant  quelque  surveillance,  de  2  fr. 
à  2  fr.  50  c. 

Les  bons  ouvriers  travaillant  à  la  pièce  gagnent  à  peu  près  un 
tiers  de  plus  ;  on  n'emploie  pas  de  filles  dans  nos  fabriques. 

9*  question.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie, 
l'avantage  que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfants , 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  81 

de  préférence  aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment 
de  ('augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent  les 
familles  d'ouvriers  de  J  emploi  des  enfants? 

aspoifss.  —  On  n'emploie  pas  de  femmes  en  remplacement  des 
adultes  ;  les  enfants  d'ouvrier»  font  leur  apprentissage  très-jeunes  ; 
et  comme  le  pris  del  journées  n'est  pas  excessif,  les  pères  de  famille 
trouvent  quelque  soulagement  dans  le  salaire ,  quoique  fort  res- 
treint, de  leurs  enfants.  Ce  salaire  augmente  au  fur  et  à  mesure 
qu'ils  avancent  en  Age. 

10*  question.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-il 
impérieusement  que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes  ? 

&BFOBSB.  —  On  est  obligé  d'employer,  dans  nos  fabriques,  tous 
les  ouvriers  pendant  le  même  laps  de  temps. 

1 1*  qubstiok.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  a  leur  position  ?  Quelle  est 
aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement  et  en  quoi 
fait-elle  défaut  ? 

aipoxn.  —  Malheureusement  les  exigences  du  travail  des  jeunes 
ouvriers  sont  cause  qu'ils  ne  reçoivent  aucune  instruction,  et  les 
avantages  que  les  parents  retirent  de  leur  travail  sont  bien  peu 
de  chose  en  comparaison  du  tort  qui  résulte,  pour  les  enfants,  de 
Ieurignorance.Maislesparents,dépourvuseux  mêmes  d'instruction, 
n'apprécient  pas  l'avantage  d'une  bonne  éducation.  Du  reste,  le 
manque  d'école,  le  peu  d'égards  qu'on  semble  avoir  bien  souvent 
pour  ces  petits  malheureux,  l'impossibilité  où  ils  se  trouvent 
d'acheter  des  livres,  l'espèce  de  répugnance  qu'ils  inspirent  aux 
enfants  appartenant  à  une  classe  plus  aisée  (  car  les  exigences 
déplacées  de  notre  siècle  n'admettent  pas  celte  fusion  dans  le  même 
local),  sont  cause  qu'il  y  a  beaucoup  d'enfants  d'ouvriers  qui  ne 
reçoivent  aucune  éducation.  Un  local,  qui  leur  serait  spécialement 
destiné,  est  donc  d'une  première  nécessité.  Plus  loin  je  me  permet- 
trai de  tracer  un  plan  qui  me  semble  digne  de  la  sollicitude  bien- 
veillante du  gouvernement. 

Il  faudrait  une  loi  qui  facilitât  l'instruction  des  enfants,  et  la 
rendit  pour  ainsi  dire  obligatoire.  Il  est  vrai  qu'en  strict  droit  on 


^y  Google 


8Î      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  BE  COMMERCE. 

ne  peut  obliger  un  père  à  donner  de  l'instruction  à  son  fila ,  une 
mère  à  soigner  l'éducation  de  sa  fille  ;  mais  si ,  par  des  dispo- 
sitions particulières,  on  décrétait  que  nul  ouvrier  ne  pourrait 
dorénavant  jouir  des  secours  du  bureau  de  bienfaisance  com- 
munal ,  sans  présenter  un  certificat  constatant  que  ses  enfants 
fréquentent  l'école ,  dès  l'âge  de  six  à  onze  ans ,  époque  à  laquelle 
ils  font  leur  première  communion,  presque  tous  nos  ouvriers 
changeraient  d'idée  à  cet  égard. 

Dans  chaque  commune  dont  la  population  excède  cinq  mille 
âmes,  un  local  convenable  devrait  être  spécialement  destiné  à 
recevoir  ces  enfants. 

Un  bon  instituteur,  au  caractère  doux,  aux  mœurs  sévères, 
et  possédant  l'art  de  se  faire  respecter  et  aimer  de  ses  élèves, 
devrait  présider  à  celte  école.  Au  besoin,  il  se  ferait  aider  de  pro- 
fesseurs en  état  de  diriger  les  classes  inférieures.  Pour  admettre 
l'instituteur,  il  serait  nécessaire  qu'il  eût  passé  un  examen  devant 
une  commission  d'instituteurs  réunis,  comme  il  s'en  trouve  dans 
beaucoup  d'arrondissements;  car  de  la  méthode  d'enseignement, 
dépend  le  succès  de  l'école.  Ensuite,  l'émulation  étant  le  premier 
stimulant  de  tout  progrès,  une  distribution  annuelle  et  solennelle 
de  prix,  présidée  par  le  commissaire  d'arrondissement,  ou  par  son 
délégué,  devrait  clore  l'année  scolaire  et  encourager  les  enfants 
qui  fréquentent  l'école. 

Quand  h"  y  aurait  plusieurs  écoles  de  ce  genre  dans  les  diffé- 
rentes communes,  le  gouvernement  devrait,  pendant  les  vacances, 
réunir,  dans  le  chef-lieu  de  la  province,  les  lauréats  de  chaque 
école  ;  là,  dans  un  concours  général,  on  distribuerait  aux  vainqueurs 
des  médailles  royales,  en  y  joignant  des  indemnités  pécuniaires 
pour  leurs  parents. 

Ces  récompenses  et  ces  encouragements  inspireraient  l'amour 
du  pays  et  du  gouvernement,  dont  la  direction  sage  et  combinée 
avec  les  exigences  du  siècle  serait  bénie  jusque  dans  la  chaumière 
de  l'ouvrier,  ou  aujourd'hui  il  est  pour  ainsi  dire  totalement  oublié 
et  inconnu. 

Le  même  système  d'instruction  devrait  s'appliquer  aux  filles, 
en  faisant  cependant  une  exception  pour  celles  qui  fréquentent 
une  autre  école  de  travail,  dans  laquelle  l'instruction  leur  est  suffi- 
samment donnée. 

Il  est  inutile  d'ajouter  que  la  religion  étant  la  base  de  toute 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.         83 

bonne  éducation,  un  ministre  du  culte  serait  invité  à  soigner  l'in- 
struction religieuse  des  écoliers. 

Chaque  école  devrait  être  placée  sous  la  surveillance  directe 
d'une  commission  particulière  qui  serait  composée  : 

1'  Du  bourgmestre  de  la  commune  comme  président  ; 

2*  De  l'ecclésiastique  qui  surveillerait  l'instruction  religieuse  ; 

3*  De  trois  membres  notables  de  l'endroit  ; 

4e  D'un  secrétaire. 

Des  bulletins  mensuels,  constatant  l'état  de  l'école,  avec  les  obser- 
vations nécessaires  tendant  à  l'améliorer,  devraient  être  adressés 
au  gouvernement  par  les  soins  de  la  commission. 

Dans  les  localités  qui  n'atteignent  pas  le  chiffre  de  cinq  mille 
Ames ,  plusieurs  communes  seraient  réunies  ;  on  établirait  cette 
école  dans  la  commune  qui  se  trouve  au  centre,  ou  dans  celle 
dont  la  population  est  la  plus  nombreuse,  enfin  selon  les  besoins 
des  localités. 

L'instruction  primaire  étant  suffisamment  déterminée  par  la  loi 
sur  la  matière,  je  crois  pouvoir  me  dispenser  d'en  donner  ici  une 
nouvelle  définition. 

Les  frais  de  l'école  seraient  supportés  par  le  gouvernement,  la 
commune  et  la  province. 

Au  moyen  d'un  pareil  système  d'instruction  pour  la  classe  ouvrière, 
une  fois  bien  organisé,  il  est  certain  que  la  nouvelle  génération  qui 
aurait  reçu  une  semblable  éducation,  changerait  entièrement  la 
Belgique,  que  les  mœurs  s'amélioreraient  sensiblement,  et  que  les 
crimes  diminueraient  en  proportion. 

Les  rruits  qu'on  recueillerait  d'un  bon  système  d'éducation  sont 
incalculables;  et  chacun  en  est  tellement  convaincu,  que  je  crois 
inutile  d'entrer  dans  de  plus  longs  développements  à  cet  égard. 

12*  Qussnon.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'âge, 
la  limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  au*  divers  travaux? 

airoitsi.  —  Comme  suite  au  système  d'éducation  prescrit  dans 
la  réponse  précédente,  cet  âge  devrait  être  limité  à  onze  ans. 

13'  QDEsnon.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants?  Comment  gradue 
riez-vous  celte  durée  selon  les  âges? 

kitoksk.  —  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  fait  remarquer  à  la  dixième 
réponse,  le*  enfants  étant  obligés  de  travailler  pendant  le  même 


^y  Google 


8*      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

laps  de  temps  que  les  ouvriers,  les  besoins  de  la,  fabrique  l'exi- 
geant, je  ne  puis  établir  ici  l'échelle  graduelle  de  travail  jour- 
nalier. 

14*  o.gKSTion.  —  Jusqu'à  quel  âge  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdît  aux  jeunes  ouvriers? 

néponaB.  —  N'ayant  pu  recueillir  des  renseignements  suffisants 
à  cet  égard,  je  ne  puis  donner  une  réponse  satisfaisante.  Du  reste, 
sauf  les  huileries,  où  on  travaille  alternativement  par  brigades, 
on  ne  travaille  pas  ici  la  nuit, 

15*  question.  —  Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  Age  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

afroHBB.  —  Il  ne  conviendrait  pas  d'employer  dans  les  huileries, 
comme  nettoyeurs  de  meules,  batteurs,  etc.,  des  -ouvriers  ayant 
moins  de  seize  ans. 

16*  question.  —  A  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques,  etc.,  sans  qu'aucune  restriction 
fût  apportée  à  la  durée  de  son  travail? 

kkpousb.  —  A  seize  ans. 

17*  QUESTioit.  —  Pour  satisfaire  à  tous  les  intérêts,  ne  pourrait- 
on  pas  former,  comme  en  Angleterre,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraienlalternalivementen  se  relayant  à  certains  intervalles? 

aipoirsi.  —  Je  ne  pense  pas  que  des  brigades  d'enfants,  travail- 
lant alternativement,  conviendraient  dans  nos  fabriques,  chaque 
ouvrier,  même  l'enfant,  y  ayant  sa  spécialité  d'ouvrage. 

1 8*  QVKSTTOii. — En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  système 
que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant,  par  exemple, 
deux  brigades  d'enfants  qui  travailleraient  l'une  le  matin,  l'autre 
l'après-midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail  avec  ceux 
de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers? 

(Sans  réponse,  par  suite  de  l'opinion  négative  émise  à  ta  réponse 
précédente.) 

19*  QVBSTioir.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  Ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers  et 
l'augmentation  de  leur  aptitude  ? 


Dglizedl^  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  85 

S.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 

(Sans  réponse'  pour  les  mêmes  motifs.) 

B.  —  Questions  hygiéniques  et  économiques. 

20'  ouESTion.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établissements 
industriels  de  votre  ressort? 

képokse.  —  L'état  de  santé  des  enfants  et  de»  ouvriers  travail- 
lant dans  les  diverses  fabriques  de  notre  ressort  est  satisfaisant; 
ceux  cependant  qui  travaillent  dans  les  huileries  à  vapeur  ont  le 
teint  plus  pâle. 

81*QuisTtoR.  — Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  auxquelles 
ils  sont  sujets? 

kepoksk. — Les  industries  de  notre  .ressort  n'altérant  pas  Usante 
des  ouvriers,  ne  donnent  lieu  &  aucune  maladie  ni  infirmité;  les 
accidents  auxquels  ils  sont  exposés  sont  les  mêmes  que  ceux  des 
autres  fabriques  ayant  une  grande  force  et  des  roues  pour 
moteurs.  On  exige  beaucoup  d'agilité  et  de  prudence  des  ouvriers 
travaillant  dans  les  huileries;  quelques  huileries  a  vapeur  cepen- 
dant pourraient  être  mieux  aérées,  surtout  pendant  les  fortes 
chaleurs.  Il  pourrait  être  obvié  a  cet  inconvénient  par  l'emploi  facile 
et  peu  coûteux  de  ventilateurs. 

22*  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier? 

xepohsb.  —  Le  régime  alimentaire  habituel  de  l'ouvrier  est  sain  : 
il  consiste  principalement  eu  café ,  lait ,  beurre ,  pain  de  seigle  et 
de  froment  (  ce  dernier  en  petite  quantité) ,  et.  pommes  de  terre. 
La  viande  n'y  entre  quelquefois  que  pour  une  partie  bien  minime, 
le  salaire  peu  élevé  ne  lui  permettant  pas  d'en  faire  un  usage  fré- 
quent. 

23"  QUES-nOH.  — Gomment  est-il  logé  d'ordinaire,  et  combien 
pave-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 

aiPOtiSB.  —  La  plupart  de  nos  ouvriers  sont  logés  assez  propre- 
ment. Quelques-uns  cependant  le  sont  fort  mal ,  mais  ceux-ci 
font  exception  à  la  règle  générale.  Une  maison  occupée  par  une 


-,    .zedûyGOOgle 


86      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
famille  ouvrière ,  compte  ordinairement  deux  pièces ,  un  grenier 
et  une  petite  étable.  Le  loyer  varie  de  40  à  60  francs  par  an, 
selon  le  plus  ou  moins  d'espace  et  d'avantage  que  présente  la 


24°  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-îl  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations? 

atooKSE.  —  Non,  il  est  presque  toujours  le  même. 

25°, question.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-il  faire  des  économies? 

répousb. — Le  salaire  actuel  des  ouvriers  suffit  à  pourvoir  a  leur 
existence.  Hais  l'ouvrier  dont  la  famille  est  nombreuse,  ne  peut 
faire  aucune  économie  ;  au  contraire ,  lorsque  les  denrées  de  pre- 
mière nécessité  sont  chères ,  comme  l'année  dernière,  il  doit  s'en- 
detter ou  souffrir  de  la  faim.  Une  révision  de  la  loi  sur  les  céréales 
devient  une  nécessité  d'autant  plus  urgente  que  l'expérience  a 
constamment  démontré  les  vices  de  cette  loi. 

26"  qoestioh.  ' —  A  combien  estimez-vous ,  en  moyenne ,  par 
jour  ou  par  semaine,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de 
celui  de  sa  famille? 

h£ponsb. —  Cela  dépend  du  nombre  des  personnes  dont  est  com- 
posé son  ménage,- mais,  pour  s'en  faire  une  idée  posons  un  exemple: 
Une  famille  composée  de  cinq  personnes ,  mari ,  femme  et  trois 
enfants,  aura  besoin  par  jour  de  : 


Café. 

.     fr.  0 

15 

Lait(l).     . 

30 

Farine. 

.     .      » 

20 

Pain.     .     . 

.     .      ■ 

50 

Pommes  de 

terre.      » 

40 

15 

fr.  1     70  ;  pour  une  semaine  1 1  fr.  90 

Ainsi ,  un  ouvrier  gagnant  2  francs  par  jour  peut  à  peine  suffire 
à  l'entretien  de  sa  famille.  Je  ne  prends  ici  rien  pour  les  vêtements, 


(I)  Le»  ouirien  font  une  espèce  d«  soupe  de  lait  battu,  de  farine  et  Ae  pain, 
fit  un  alimont  noiirriiwnt  et  uin  an  mtme  tomps  :  on  le  nonma  communément  p 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  87 

mais  je  suppose  que  la  femme  et  les  enfants  gagnent  assez  pour 
y  pourvoir.  D'un  autre  côté,  ceux  qui  ne  peuvent  absolument 
se  les  procurer  trouvent  dans  la  charité  privée  les  moyens  de 
se  vêtir. 

27"  question.  —  Quelle  est,  en  général,  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort? 

niponsB.  —  La  condition  morale  de  l'ouvrier  travaillant  dans  les 
fabriques  est  généralement  bonne  ;  celle  des  portefaix  l'est  moins, 
ceux-ci  ayant  plus  de  liberté  et  n'étant  soumis  à  aucune  surveil- 
lance directe. 

28"  question.  —  Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie? 

kipoKSB.  —  Les  premiers ,  c'est-à-dire  ceux  qui  travaillent  dans' 
les  fabriques,  non.  Les  autres,  oui.  Il  y  a  cependant  des  exceptions 
à  faire  pour  les  deux  catégories. 

29"  question.  —  Y  en  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubi- 
nage? 

bbpome.  —  Je  n'en  connais  pas  dans  notre  ressort. 

30"  question.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont -elles 
ordinairement  bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la 
confusion  des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  leur 
être  nuisibles  ? 

KKPonss.  —  A  quelques  exceptions  près ,  les  mœurs  des  jeunes 
ouvrières  sont  bonnes.  Comme  il  n'y  a  pas  ici  d'ateliers  où  règne 
la  confusion  des  sexes,  je  ne  puis  donner  une  réponse  bien  con- 
cluante. 

31'  question.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  llncon- 
duiie  de  l'ouvrier  ? 

réponse. —  D'abord,  le  manque  d'instruction,  ensuite  le  mauvais 
exemple  de  parents  déréglés,  l'ivrognerie,  le  libertinage,  et  quel- 
quefois enfin  le  manque  d'ouvrage  ;  mais  ce  dernier  cas  est  rare  ; 
l'ouvrier  honnête  et  actif  trouve  toujours  de  l'occupation. 

32'  question.  —  Existe-t-il,  tant  sous  le  rapport  physique,  que 
sous  te  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A,  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes? 

B,  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément? 


^y  Google 


88       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître  ? 

Reposas.  —  Nos  Tilles  étant  assez  spacieuses  pour  loger  facile- 
ment et  convenablement  leurs  habitants,  l'atmosphère  y  est  pour 
ainsi  dire  aussi  pure  que  dans  nos  villages,  et  les  miasmes  nuisibles 
à  la  santé,  qu'exhalent  les  grandes  villes,  y  étant  presque  nuls,  nous 
ne  croyons  pas  qu'il  y  ait  une  différence  marquante  à  établir  entre 
ces  diverses  classes,  sous  le  rapport  physique.  Leur  moral  est  aussi 
à  peu  près  le  même,  nos  communes  manufacturières  ressemblant 
à  de  petites  villes. 

33"  question.  — Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes?  Quelles  seraient  les  réformes  a  y  apporter'/ 

néronsE.  —  Le  principal  abus  du  mode  actuel  d'engagement  con- 
siste en  ce  que  les  autorités  communales  n'exigent  pas  assez  régu- 
lièrement la  remise  des  livrets  des  ouvriers,  qui  souvent  sont  admis 
d'une  fabrique  dans  une  autre,  sans  avoir  satisfait  a  leurs  engage- 
ments chez  leur  premier  maître;  La  remise  des  livrets  constatant 
les  conditions  de  l'engagement  et  le  compte  courant ,  et  certifiant 
la  bonne  ou  la  mauvaise  conduite  de  l'ouvrier,  devrait  être  impé- 
rieusement observée  ;  aucun  ouvrier*  ne  devrait  pouvoir  tra- 
vailler chez  un  maître ,  ni  aucun  maître  accepter  d'ouvriers ,  sans 
qu'ils  fussent  munis  de  ces  livrets  dûment  régularisés,  et  cela  sous 
peine  d'amende  ou  de  prison,  en  cas  d'insolvabilité. 

L'autorité  communale  devrait  veiller  à  la  stricte  exécution  de  ce 
règlement. 

34*  question.  —  T  a-l-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous 
tes  jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile? 

béfoxse.  —  Si  l'on  croit  devoir  user  de  mesures  protectrices  en 
faveur  des  enfants  d'ouvriers,  il  conviendrait  de  les  étendre  à  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction. 

35*  question.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institu- 
tions favorables  a  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter 
son  bien-être  physique  et  moral  ? 

réponse.  —  Il  y  a  à  Hamme  une  école  de  travail  ou  des  demoi- 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TËRMONDE.  89 

selles  charitables  donneut  l'instruction  gratuitement  aux  jeunes 
filles  pauvres,  en  leur  apprenant,  outre  les  devoirs  religieux,  la 
lecture  et  l'écriture,  a  coudre,  tricoter,  broder,  et  a  faire  de  la 
dentelle.  Le  nombre  des  ouvrières  qui  y  sont  admises  est  trop  res-  ■ 
treint,  les  moyens  insuffisants  ne  permettant  pas  d'en  admettre 
davantage.  Celte  institution  mérite  tout  encouragement.  Ensuite 
il  y  a  une  école  dominicale,  dont  l'instruction  laisse  à  désirer,  en  ce 
que  les  progrès  des  élèves  sont  trop  lents.  Du  reste,  une  leçon 
par  dimanche  ne  suffit  pas  pour  donner  l'instruction  nécessaire 
aux  jeunes  ouvriers.  Il  j  a  aussi  un  hospice  pour  les  vieilles 
femmes.  Il  me  semble  que  pour  la  somme  qu'on  alloue  annuelle- 
ment pour  l'entretien  de  celles  qui  y  demeurent,  on  pourrait  avoir 
mieux.  Enfin,  nous  avons  aussi  un  hospice  de  vieillards  où  les 
ouvriers  Agés  sont  admis  du  moment  qu'ils  ne  sont  plus  capa- 
bles de  travailler.  On  y  a  joint  un  hôpital  pour  les  malades.  Cet 
hospice  est  sous  la  direction  immédiate  .du  conseil  communal,  et 
rend  de  grands  services  &  la  classe  nécessiteuse. 

L'institution  de  caisses  de  secours  dans  les  arrondissements 
manufacturiers,  comme  le  nôtre,  aurait  l'effet  le  plus  salutaire; 
l'ouvrier  craindrait  moins  l'avenir ,  et  en  cas  de  maladie  ou  de 
tout  autre  événement,  il  ne  se  trouverait  pas  sans  ressources.  La 
certitude  de  ne  gagner  que  pour  vivre  au  jour  le  jour ,  et  la 
crainte  de  laisser  sa  famille  en  proie  A  la  plus  affreuse  misère, 
tandis  qu'il  végéterait  A  l'hôpital,  enlèvent  A  l'ouvrier,  toute  idée 
de  bonheur  et  de  contentement,  et  le  laissent  dans  une  espèce  de 
torpeur  décourageante  dont  on  ne  peut  le  faire  sortir  :  l'insti- 
tution des  caisses  de  secours,,  à  l'instar  de  celles  qui  sont  établies 
dans  les  provinces  de  Hainaut ,  de  Liège  et  de  Namur,  aurait  pour 
résultat  de  relever  le  moral  des  ouvriers,  et  améliorerait  sensible- 
ment leur  bien-être  physique. 

56*  oubstiok.  —  Quels  seraient ,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail,  les  moyens  propres  A  améliorer  la  con- 
dition des  jeunes  ouvriers? 

b  épouse. —  La  durée  du  travail  n'étant  pas  trop  longue  ici,  il  est 
inutile  de  la  réduire. La  condition  des  jeunes  ouvriers  s'améliorera 
sensiblement  par  une  bonne  éducation  ;  car,  sans  l'éducation,  on 
restera  toujours  éloigné  du  but  qu'on  se  propose  d'atteindre. 

Ch.  Vkhmeihe. 


DglizedOy  GOOgle 


90   RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


3.  —  Réponses  de  M.  J.  d'Hollander,  de  loeneke,  mtmhre  de  la  (fauta 
de  commerce  de  lennonde. 


A.  —  Questions  spéciales  au  travail  des  enfants. 

1™  question.  —  Quels  sont,  dans  votre  ressort,  les  industries  où 
l'on  emploie  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

réponse.  —  Nous  n'avons  dans  notre  ressort,  d'autre  établisse- 
ment industriel  qu'une  école  de  dentellières. 

2"  question  . —  A  quel  âge  admet-on,  en  général,  les  enfants  dans 
ces  établissements  ? 

héponse.  —  On  admet,  en  général,  les  entants  à  l'âge  de  sept  à 
seize  ans. 

3'  question.  ■ —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé  ? 

réponse.  — Les  travaux  imposés  aux  enfants,  consistent  dans 
la  fabrication  de  la  dentelle  ;  ce  travail  manuel  pourrait  plus  ou 
moins  être  regardé  comme  nuisible  à  lasanlé,s'il  n'était  interrompu 
par  des  heures  de  repos  ou  de  récréation. 

4"  question.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive  ? 

réponse.  —  La  durée  habituelle  du  travail  journalier  pour  les 
enfants  est  de  six  heures  du  matin  jusqu'à  sept  heures  du  soir, 
sauf  les  intervalles  de  repos  ou  de  récréation  et  les  moments  où 
ils  reçoivent  un  enseignement  moral  et  religieux ,  et  où  on  leur 
apprend  à  lire  et  à  écrire. 

5*  question.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants? 

réponse.  —  Les  intervalles  de  repos  accordés  aux  élèves  sont ,  le 
matin ,  de  buit  à  neuf  heures ,  et ,  l'après-midi ,  de  quatre  à  cinq 
heures.  Ces  intervalle*  sont  suffisants. 

6"  question.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  91 

occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail ,  et  comment  se 
combine-t-il  avec  le  travail  de  jour  ? 

aipoirss.  —  Les  enfants  ne  travaillent  pas  la  nuit. 

7*  question.  —  T  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux. 

bépohse.  —  Les  enfants  ne  travaillent  pas  le  dimanche. 

8*  question. —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des  jeunes 
ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries,  les  sexes 
et  les  âges  ? 

sbpohsb.  —  Le  salaire  moyen  des  filles,  de  sept  a  dix  ans,  est 
de  10  à  là  centimes  par  jour;  de  dix  à  seize  ans,  de  35  à  27  centimes. 

Il  n'existe,  dans  notre  commune ,  aucun  atelier  d'apprentissage 
pour  les  garçons  ;  il  serait  cependant  à  souhaiter  qu'on  put  trouver 
le  moyen  de  former  des  établissements  où  les  jeunes  ouvriers,  tout 
en  s' instruisant,  pourraient  encore  apprendre  un  métier  dont  les 
ressources  les  mettraient  plus  tard  à  l'abri  de  la  mendicité. 

9*  question.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie, 
l'avantage  que  l'on  trouve  a  employer  des  femmes  et  des  enfants , 
de  préférence  aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent  les 
familles  d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

réponse.  —  N'ayant  dans  notre  commune  qu'un  seul  établisse- 
ment ou  école  de  dentellières,  qui  ne  peut  être  dirigé  que  par  des 
femmes,  la  question  reste  indécise.  Indépendamment  de  l'augmen- 
tation des  salaires,  les  familles  ont  l'avantage  de  voir  que  leurs 
enfants  se  conduisent  sagement;  que  le  gain  qu'elles  retirent 
déjà  de  leur  travail  les  dispense  de  mendier  comme  autrefois, 
de  porte  en  porte  un  morceau  de  pain ,  et  qu'en  outre  leurs  filles 
sont  encouragées  au  travail  par  des  prix  et  des  objets  d'habillement 
qu'on  donne  pour  récompenser  leur  zèle  et  leur  application. 
Indépendamment  de  ce  qui  précède ,  les  parents  ont  encore  cette 
consolante  idée,  qu'en  peu  d'années  le  gain  de  leurs  enfants  pourra 
suffire  à  l'entretien  du  ménage. 

10"  question.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-il 
impérieusement  que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

(Sans  réponse.) 


^y  Google 


92       REPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

11*  ootmtioh.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
te  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position  ?  Quelle 
est  aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement ,  et  en 
quoi  fait-elle  défaut? 

HÉKmsK.  —  Les  enfants,  tout  en. apprenant  un  métier,  reçoivent 
encore  dans  leur  établissement  une  instruction  et  une  éducation 
convenables  A  leur  position? 

On  donne  aux  enfants  un  enseignement  moral  et  religieux.  On 
leur  apprend  encore  à  lire  et  a  écrire  ;  aux  plus  avancées  on  donne 
des  leçons  d'arithmétique.  L'éducation  ne  fait  défaut  en  rien. 

12°  question.  — Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'Age,  la 
limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux  ? 

keponse.  —  Sous  le  rapport  de  l'âge,  la  limite  inférieure  pour 
l'admission  de»  enfants  devrait  être  sept  ans. 

13*  question.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants?  Comment  gra- 
dueries-vous  cette  durée  selon  les  âges? 

e  épouse.  —  Pour  ce  qui  concerne  les  établissements  de  dentel- 
lières, on  pourrait,  d'après  mon  avis,  borner  par  jour  le  travail  des 
enfants,  savoir  :  celles  de  dix  à  seize  ans,  dix  heures  par  jour,  et 
celles  de  sept  à  dix  ans,  huit  Heures,  y  compris,  pour  les  deux 
catégories,  une  heure  et  demie  pour  l'instruction  et  l'éducation. 

14*  question.  —  Jusqu'à  quel  Age  le  travail  de  nuit  devrait-il  élre  - 
interdit  aux  jeunes  ouvriers? 
(Sans  réponse.) 

15"  qubstiok.  —  Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  âge  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

bepohse.  —  Il  n'y  a  pas  lieu  d'interdire  jusqu'à  un  certain  Age 
l'emploi  des  enfants  dans  l'établissement  qui  existe  ici ,  puisqu'il 
n'est  ni  dangereux  ni  insalubre. 

16"  question.  —  À  quel  Age  pourait-on  laisser  l'ouvrier  libre  de 
s'engager  dans  les  fabriques,  etc.,  sans  qu'aucune  restriction  fût 
apportée  à  la  durée  de  son  travail? 

réponse.  —  Les  jeunes  ouvrières,  en  général,  ne  sont  pas  enga- 


;dky  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TEHMONDE.  95 

gées  pour  un  temps  limité  dan*  l'établissement  susmentionné.  On 
le*  y  laisse  travailler  aussi  longtemps  qu'elles  le  désirent. 

17*  ouBSTioft.  —  Pour  satisfaire  a  tous  les  intérêts,  ne  pourrait- 
on  pas  Former,  comme  en  Angleterre ,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement  en  se  relayant  &  de  certains  inter- 
valles?   ■ 

18*  question.  —  En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter,  pour  les  relais?  En  formant,  par 
exemple,  deux  brigades  d'enfants  qui  travailleraient  l'une  le  malin,, 
l'autre  l'après-midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail 
avec  ceux  de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers?  . 

&ÉFOH5K. — Jusqu'ici,  on  a  pu  admettre  dans  l'établissement  toutes 
les  jeunes  filles  qui  se  sont  présentées  ;  par  la  suite  il  se  pourrait  ■ 
qu'à  défaut  d'un  local  suffisamment  étendu ,  on  dût  fermer  dea 
brigades  d'enfants  qui  travailleraient  alternativement;  mais  cette 
mesure  ne  pourrait  être  prise  sans  une  extrême  nécessité ,  puis- 
qu'elle ne  serait  pas  conforme  à  l'intérêt  des  ouvrières,  surtout  de 
celles  qui  commencent  à  travailler  la  dentelle  ;  il  est  très-probable 
que  ce  qu'elles  auraient  appris  le  matin ,  elles  l'oublieraient 
le  soir.  Cet  intervalle  d'un  demi-jour  ne  concilierait  pas  les  inté- 
rêts du  travail  avec  ceux  de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes 
ouvrières  en  général ,  car  j'ai  remarqué  que  plus  les  jeunes  filles 
sont  relâchées  dans  leur  travail,  moins  elles  ont  de  zèle  et  d'apti- 
tude pour  s'y  appliquer. 

19e  question.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraine  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers  et 
l'augmentation  de  leur  aptitude  ? 

B.  Par  le  travail  que, cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 

.  ïiroHsi.  —  Je  ne  vois  en  .cela  aucun  avantage;  de  la  manière 
que  les  jeunes  ouvrières  travaillent  maintenant ,  on  a  tout  lieu 
d'être  content ,  tant,  sous  le  rapport  de  leur  aptitude  que  sous  le 
rapport  de  leur  amélioration  physique  et  morale. 

R  ■ —  Questions  hygiéniques  et  économiques. 

30*  QUBSTIOH.  —  Quel  est  l'eut  de  santé  de*  ouvriers  en  général 


*by  Google 


94      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
et  des  enfant»  en  particulier ,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

répons».  —  L'état  de  santé  des  ouvrières  ou  enfants,  en  général, 
est  très-satisfaisant. 

21*  question.  —  Quels  sont  les  dangers  et  accidents  auxquels  ils 
sont  exposés  ;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  auxquelles 
ils  sont  sujets? 

bépohse.  —  Les  accidents  auxquels  les  jeunes  ouvrières  sont 
exposées ,  sont  : 

1°  L'affaiblissement  de  la  vue  par  suite  du  travail  trop  prolongé 
le  soir  à  la  lumière  ; 

2°  La  déviation  des  reins  parcequ'elles  se  courbent  trop  sur 
leur  carreau  ou  se  penchent  trop  de  l'un  ou  de  l'autre  côté  :  c'est 
à  quoi  les  maîtres  devraient  surtout  veiller  avec  soin, 

22°  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier? 

kepokse.  —  Des  pommes  de  terre,  du  pain  noir  et  de  la  soupe 
au  lait. 

25'  question.  —  Comment  est-il  logé  d'ordinaire,  et  combien 
paye  l-il  par  semaine  pour  son  logement? 

répousb.  —  L'ouvrier  ici  est  d'ordinaire  pauvrement  logé  dans 
une  petite  maison  dont  il  paye,  pour  loyer,  2  francs  ou  à  peu  près, 
par  mois. 

24*  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années ,  et  quelles  sont 
ces  variations? 

KEPOEise.  —  Le  salaire  des  ouvriers  en  cette  commune  est  resté 
le  même  depuis  un  certain  nombre  d'années. 

25"  question.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-îL  faire  des  économies? 

réponse.  —  Le  salaire  de  l'ouvrier  ici  peut  à  peine  suffire  a 
l'entretien  de  son  ménage  ;  encore  arrive-t-il  souvent, que  l'ouvrage 
lui  manque;  alors  il  n'a  d'autre  ressource  que  de  mendier  son 
pain. 

26'  QOESTiOR.  —  A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine ,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de 
celui  de  sa  famille? 


xuvCoo^le 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  95 

réponse.  —  Le  gain  de  l'ouvrier  est  ici  ordinairement  de  1  fr. 
par  jour  (  j'entends  des  personnes  qui  s'occupent  du  labourage); 
lorsque  l'ouvrage  ne  lui  manque  pas ,  moyennant  cette  somme  il 
peut,  en  étant  très-économe,  pourvoir  à  son  entretien  et  a  celui  de 
sa  famille. 

27*  qtïbtioji.  — Quelle  est,  en  général,  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort  ? 

réponse.  —  La  condition  morale  des  ouvriers  dans  notre  ressort 
est  en  général  assez  bonne. 

28"  question •  —  Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie  ? 

kki>ohsk.  — Non. 

29*  question. — T  en  a-l-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage  ? 

réponse.  —  Il  n'y  en  a  pas. 

30*  question.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 
nairement bonnes  ?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la  con- 
fusion des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  être 
nuisibles? 

refoeise.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont  ordinairement 
bonnes.  La  confusion  des  sexes  n'a  pas  lieu  dans  notre  établisse- 
ment de  dentellières. 

31"  question.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'incon- 
duite  de  l'ouvrier  ? 

réponse.  —  Celle  surtout  la  boisson. 

32*  question.  —  Existe-t-i! ,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes? 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître? 

(Sans  réponse.) 

33*  question.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes  ?  Quelles  seraient  les  réformes  à  y  apporter  ? 

(Sans  réponse.) 

34*  question.  — Y  a-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  prolec- 


^y  Google 


96       RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
triées  de  l'enfance  '  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction ,  qu'ils  travaillent  en  petite  où 
en  grande  réunion ,  à  l'extérieur  ou  a  domicile? 

reposes.  —  Mon  avis  serait  d'étendre  les  mesures  protectrices  à 
tous  les  jeunes  ouvriers  sans  distinction ,  soit  qu'ils  travaillent  eu 
petite  ou  en  grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile. 

35*  question.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  a  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son  bien- 
étre  physique  et  moral? 

airotoB.  ■ —  L'école  de  dentellières. 

36'  question.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail,  les  moyens  propres  à  améliorer  la  con- 
dition des  jeunes  ouvriers? 

(Sans  réponse.) 

Sait  à  Moafsaka,  le  1 S  septembre  1843. 


-  Réponses  de  M.  C.  Vandeh  Steen,  Membre  de  la  Caanbpe  de  m 

ds  TerirwQdt. 


1™questhw.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  industries  où 
l'on  emploie  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans ,  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent-ils? 

bepokse. — Les  filatures  et  les  fabriques  de  couvertures  de  coton, 
les  fabriques  à  huile,  mues  par  la  vapeur,  les  corderies  et  les  pape- 
teries, dans  la  proportion  de  un  sur  trois  pour  les  deux  premières, 
et  pour  les  autres  de  un  sur  huit. 

2"  question.  —  A  quel  âge  admet-on ,  en  général ,  les  enfants 
dans  ces  établissements  ? 

KÉPOH9B.  —  A  fige  de  neuf  a  dix  ans. 

3*  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé? 

BxroirsE.  — -D'abord,  ils  font  des  bobines  ou  autres  bagatelles, 


xuvCoo^le 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  97 

et  au  fur  et  A  mesure  qu'ils  avancent  en  Age  on  les  emploie  A 
d'autres  travaux ,  afin  de  ne  pas  nuire  à  leur  santé. 

4*  question.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  journa- 
lier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive. 

repokse.  — Huit  à  dix  heures  ;  cette  durée  ne  parait  pas  excessive. 

5*  qcbstîos.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants? 

«épouse. — Le  matin,  de  buit  A  neuf  heures,  de  midi  à  une  heure  ; 
et  l'après-midi  de  quatre  heures  &  quatre  heures  et  demie}  oe  qui 


6*  question.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail ,  et  comment  se 
combine-t-il  avec  le  travail  de  jour? 

«épouse.  —  Ils  ne  travaillent  pas  la  nuit. 

7"  qcestiok.  —  T  a-t-tl  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche  ?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  A  ce  que  les 
ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  remplissent  leurs  devoirs 
religieux? 

KEPOiisx.  —  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  des  établissements  où  l'on 
travaille  le  dimanche. 

8°  question.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries, 
les  sexes  et  les  Ages  ? 

KKronsB.  —  De  25  à  50  centimes ,  pour  les  garçons  de  dix  h 
quatorze  ans. 

9*  QnxsTiOH.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie, 
l'avantage  que  l'on  trouve  A  employer  des  femmes  et  des  enfants, 
de  préférence  aux  hommes  adultes  ?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent,  les 
ramilles  d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants  ? 

ËÉPonsE. —  D'abord,  il  y  a  bénéfice  pour  le  fabricant  dans  le  bas 
prix  du  salaire,  et  ensuite  ce  travail  peut  aussi  bien  se  faire  par  des 
femmes  et  des  enfants  que  par  des  hommes  adultes.  Les  ouvriers 
qui,  dès  leur  jeunesse,  s'attachent  à  un  métier  quelconque,  sont 
d'autant  plus  vite  au  fait  de  leurs  occupations. 

10*  question.  —  L'intérêt  de   certaines    industries    exigc-t-il 


^y  Google 


08      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

impérieusement  que  les  enfant»  soient  employé»  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

rbpo»m.  —  Oui;  parce  que,  avec  des  adultes ,  il  faut  toujours 
des  enfant*  qui  aident  et  qui  préparent  des  petits  objets  nécessaires 
à  la  fabrication. 

11*  QtiESTiOK.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers 
l'instruction  et  ['éducation  qui  conviennent  &  leur  position?  Quelle 
est  aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en'  quoi 
fait-elle  défaut? 

b£mhisb.  —  Difficilement.  Étant  occupes  dés  leur  plut  tendre 
jeunesse,  ils  sont  privés  trop  tut  de  l'instruction  qu'ils  peuvent 
recevoir  à  l'école  gratuite  de  la  ville,  et  par  conséquent ,  ils  n'ont 
que  l'école  dominicale  a  fréquenter  les  dimanches.  Cette  école, 
quoique  bien  tenue,  ne  peut  suffire  à  leur  éducation, 

12*  QVBsnoa.  — ■  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'Age,  la 
limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux  ? 
■  miaonsi.  —  De  douze  à  quatorze  ans;  mais  les  parents  pauvret 
les  font  souvent  travailler  plut  jeunes ,  pour  augmenter  les  res- 
sources pécuniaires  de  la  famille. 

13°  qoestio*.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  îles  enfants  ?  Comment  gra- 
dueriea-vou*  cette  durée  selon  les  Âges? 

sironsE.  —  Dix  heures  par  jour. 

14°  question.  —  Jusqu'à  quel  Age  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers. 

skpoitse.  —  Jusqu'à  l'âge  de  seize  à  dix  sept  ans. 

15*  question.  —  Ne  conviendrait- il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  âge  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

&EPOKSE.  —  On  ne  connaît  pas  d'établissements  dangereux  ou 
insalubres  à  Termonde. 

16*  question.  —  A  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques,  etc.,  sans  qu'aucune  restriction 
■fut  apportée  à  la  durée  de  son  travail? 

■épouse.  —  De  dix-huit  à  vingt  ans,  selon  sa  constitution. 


-    !od,vCoOg[e 


(  Qniveraityut) 

CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMOSDE.  99 

'  17*QUBrnoir. —  Pour  satisfaire  à  tous  les  intérêts,  ne  pourrait-on 
pas  former,  comme  en  Angleterre,  des  brigade*  d'enfants  qui  to- 
rtilleraient alternativement,  en  se  relayant  à  de  certains  inter- 
valles ? 

KIP05SE.  — Cela  me  parait  inutile,  pour  autant  qu'on  n'exige   , 
pas,  des  enfants,  plus  que  leur  Age  ne  leur  permet  de  faire. 

18*qusstiok.  —  En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  système 
que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant, par  exemple, 
deux  brigades  d'enfants  qui  travailleraient  l'une  le  matin  ,  l'autre 
l'après-midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail  avec  ceux 
de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers? 

(Sans  réponse.) 

19*  QCKSTioif.  — En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compenses  : 

4-  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers 
et  l'augmentation  de  leur  aptitude? 

S.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 

(Sans  réponse,) 

20"  quKfSTioa .  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

kkpossb.  —  Généralement  bon  pour  les  uns  pomme  pour  les 
aytres. 

21*  quistiqh.  —.Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmité* ,  les  difformité»  aux- 
quelles ils  sont  sujets? 

(Bans  réponse.) 

22"  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de  l'ou- 
vrier? 

bépobsb.  —  Le  matin,  il  déjeune  ordinairement  avec  des  tartines 
et  du  café  ;  à  midi  il  mange  de*  pommes  de  terre ,  du  riz,  de  la 
soupe,  de  temps  en  temps  un  peu  de  viande,  du  lard  et  du 
poisson  sec  ;  il  boit  quelquefois  un  petit  verre  de  liqueur  spiritueuse 
le  matin,  et  un  verre  de  bière  le  soir,  quand  il  mange  ses  pommes 
déterre,  mais  surtout  le  dimanche.  .,----. 


*by  Google 


iOO     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

23*  qubstiok.  —  Comment  eat-il  logé  d'ordinaire  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  ton  logement? 
(Sans  réponse.) 

24*  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-îl  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
.  ces  variations? 

rbpousr.  —  Généralement  non. 

25*  question.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il ,  en  général ,  pour 
que  l'ouvrier  ait  une  existence  convenable  ?  Peut-il  faire  des  écono- 
mies? 

kéfonsb. — Le  salaire  actuel  peut  suffire,  sans  cependant  donner 
lieu  à  des  économies. 

26'  question.  —  A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine,  ses  bénéfices  et  lé  coût  de  son  entrelien  et  de  celui 
de  sa  famille? 

(Sans  réponse.) 

27"  question.  —  Quelle  est,  en  général,  [a  condition  morale  des 
ouvrier*  dans  votre  ressort? 

réponse.  —  En  général  assez  bonne. 

28'  question.  —  Sont-ils  adonnés  a  l'ivrognerie  ? 

repos  s*.  —  Peu  ou  point. 

29*  question. — Y  en  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage  ? 

retorse.  —  On  en  trouve  quelquefois ,  mais  très- rarement. 

30*  question.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 
nairement bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la 
confusion  des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  être 
nuisibles? 

réponse.  —  Le  rapprochement  et  la  confusion  des  sexes  dans 
les  ateliers  sont  toujours  nuisibles ,  surtout  sous  le  rapport  des 
mœurs,  qui  ordinairement  sont  assez  bonnes. 

31'  question.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  Pincon- 
duite  de  l'ouvrier? 

«wons*,  —  L'ivrognerie,  la  débauche  et  souvent  la  paresse. 

Digilizedby  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TERMONDE.  14H 

32*  question.  —  Existe-t-il,  tant  bous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral,  quelque  différence  bieu  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes? 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillait  ehex  un 
maître? 

(Sans  réponse.) 

33*  question.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
seies?  Quelles  seraient  les  réformes  à  y  apporter? 

(Sans  réponse.) 

34*  question.  —  Y  a-l-îl  lieu  de  restreindre  les  mesures  pro- 
tectrices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans,  les  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-îl  de  les  étendre  à  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile? 

(Sans  réponse.) 

35*  question.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son 
bien-être  physique  et  moral  ? 

réponse.  — Les  écoles  gratuites  de  la  ville,  les  écoles  dominicales 
et  l'académie  de  dessin. 

36°  question.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail,  les  moyens  propres  à  améliorer  la  con- 
dition des  jeunes  ouvriers? 

iiBfONSs.  —  Une  bonne  éducation. 

Ainsi  fait  et  répondu  par  le  soussigné  membre  de  ta  chambre  de 
commerce  de  l'arrondissement  administratif  de  Termonde. 

Termonde,  le  9  octobre  1815. 

C.  Vasber  Steak. 


^y  Google 


101    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


m.  —  Obcumbre   de    ■ 


A.  —  Questions  spéciales  au  travail  des  enfants. 

1™  question.  —  Quels  «ont,  dans  votre  ressort,  les  industries  ou 
l'on  emploie  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

kemiibb.  —  Les 'industries  de  notre  ressort  où  l'on  emploie  de 
jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans  sont  celles  des  : 

Sucreries  de  betteraves  ; 

Carrières  ; 

Laminoirs  et  usines  a  fer  ;   ' 

Faïenceries) 

Verreries  ; 

Filatures  de  coton  j 

Fabriques  de  laine  ;  < 

Fabriques  de  tabac  ; 

Fabriques  de  pipes  ; 

Et  les  houillères. 

Dans  les  sucreries  de  betteraves,  les  jeunes  enfants  des  deux 
sexes  sont  généralement  employés  en  grand  nombre,  eu  égard  à 
l'importance  totale  du  personnel  des  ateliers. 

Dans  les  carrières,  les  enfants  sont  peu  nombreux  et  n'y  sont 
admis  qu'A  titre  d'apprentissage. 

Il  en  est  de  même  dans  les  verreries,  les  laminoirs,  les  faïen- 
ceries et  les  fabriques  de  laine,  de  tabac  et  de  pipes. 

Dans  les  filatures  de  coton,  te  quart  des  ouvriers  à  peu  près  «ont 
figés  de  moins  de  seize  ans. 

Dans  les  houillères,  la  proportion  du  nombre  d'enfants  employés 
a  celui  des  ouvriers  adultes,  varie  d'un  cinquième  à  un  huitième, 
suivant  la  nature  des  travaux. 

3*  question.  —  A  quel  Age  admet-on,  en  .général,  le*  enfants 
dans  ces  établissements? 

hAponsk.  —  Dans  les  filatures  de  coton,  dès  l'Age  de  sept  A  huit 
ans;  dans  les  sucreries  de  betteraves,  dans  les  fabriques  de  pipes, 
les  faïenceries  et  les  verreries,  à  neuf  ans;  dans  les  fabriques  de 
laine  et  de  tabac,  les  carrières  et  les  laminoirs,  à  douze  ans;  dans 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  MONS.  103 

le»  houillères,  à  dix  ans,  pour  les  travaux  souterrain».  Quelques 
enfants  au-dessous  de  cet  âge  sont  employés  1  de  légers  ouvrages 
qui  s'exécutent  à  la  surface. 

5*  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé? 

bbpohse.  —  Dans  les  sucreries,  ils  sont  employés  à  sarcler  la 
betterave  quand  elle  est  sur  pied,  et  à  la  laver  lorsquelle  est  récoltée. 
Dans  les  carrières,  ils  taillent  la  pierre.  Dans  les  laminoirs,  ils 
forment  les  lopins  et  les  masses  Avec  la  ferraille.  Dans  les  faïen- 
ceries, ils  découpent  les  papiers  d'impression,  tournent  les  roues 
des  tours,  etc.  Dans  les  .verreries,  les  enfants  font  l'office  de  ma- 
nœuvres, ils  transportent  les  bouteilles  aux  fourneaux  a  recuire,  etc. 
Dans  les  filatures,  ils  remplacent  les  bobines  vides  par  des  bobines 
pleines  derrière  les  métiers  à  filer,  rattachent  les  fils  brisés,  etc. 
Dans  les  fabriques  de  laine,  ils  lavent  la  laine;  dans  celles  de  tabac, 
ils  délient  les  paquets,  écotent  les  feuilles  et  les  reforment  en 
paquets]  dans  les  fabriques  de  pipés  ils  s'occupent  de  travaux 
annuels  peu  fatigants.  Dans  les  houillères,  les  enfants  sont 
employés,  a  la  surface,  &  ramasser  les  pierres  dans  le  charbon  et  à 
porter  les  outils  des  ateliers  k  la  fosse.  Au  fond  des  bures,  ils 
balayent  les  galeries,  ferment  les  portes  d'aérage,  transportent  les 
bois,  les  outils,  etc.  Les  plus  Agés  traînent  les  terres  et  la  houille 
et  remblayent  les  tailles. 

Tous  .ces  divers  travaux  n'ont  rien  qui  soit  essentiellement  nui- 
sible a  la  santé,  si  ce  n'est,  pour  quelques  industries,  l'inconvénient 
attaché  à  la  réunion  constante  d'un  grand  nombre  d'individus 
dans  un'  espace  fermé.  Cet  inconvénient  existe  même  pour  la  plu- 
part des  écoles  nombreuses. 

Quant  aux  circonstances  particulières  du  travail  des  houillères, 
ce  qui  peut,  à  la  longue,  nuire  &  la  santé  des  enfants,  consiste 
principalement  dans  la  fatigue  de  la  descente  et  de  l'ascension  aux 
échelles  ;  dans  la  privation  momentanée  de  la  lumière  solaire,  et 
dans  t'aîr  plus  ou  moins  vicié  des  travaux  souterrains.  On  peut  dire 
cependant,  pour  ce  qui  concerne  l'aerage,  que  cette  partie  si 
importante  de  l'exploitation  des  mines  est  l'objet  constant  de  la 
sollicitude  des  sociétés  charbonnières  et  des  ingénieurs  de  l'État. 

Si  la  condition  hygiénique  des  houilleùrs  laisse  souvent  beaucoup 
a  désirer,  la  cause  principale  n'en  est  pas  <  le  trop  de  fatigue  des 


DgtizedOy  GOOgte 


10+     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
travaux  auxquels  ces  ouvriers  te  livrent  dans  l'enfance,  mais  bien 
leur  mauvais  régime ,  leur  inconduite,  l'abus  des  liqueurs  fortes, 
l'insalubrité  de  leurs  habitations  et  surtout  la  constitution  scrofu- 
leuse  de  la  plupart  d'entre  eux. 

4*  QtJESTios.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  entants  ?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive. 

rhpowbe.  —  Bans  les  divers  établissements  industriels,  qui  sont 
énumérés  plus  haut,  la  durée  du  travail  journalier  des  enfants  est 
la  même  que  celle  du  travail  des  adultes.  Cette  durée  n'est  pas 
excessive,  et  partout  le  travail  est  proportionné  aux  forces  de  l'indi- 
vidu. 

Hormis  les  charbonnages,  les  autres  ateliers  sont  ouverts  le 
matin  à  six  heures  en  été  et  a  sept  heures  en  hiver,  et  formés  le 
soir  également  à  six  et  sept  heures,  suivant  la  saison. 

Dana  les  houillères,  la  journée  du  travail  d'extraction  propre- 
ment dît,  commence  a  quatre  heures  du  matin  et  finît  &  la  même 
heure  de  l'après-midi.  Un  accident  dans  la  marche  de  la  machine 
à  vapeur  qui  remonte  et  descend  les  cuffats,  prolonge  quelquefois, 
mais  rarement,  ce  terme  d'une  ou  de  deux  heures. 

5*  question.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants? 

béporse.  —  Dans  tous  les  ateliers  autres  que  ceux  de  l'exploita- 
tion des  houillères,  la  journée  de  travail  est  coupée  par  trois  temps 
de  repos,  savoir  :  de  huit  heures  à  buit  heures  et  demie  du  matin, 
pour  le  déjeuner  ;  de  midi  à  une  heure  pour  le  dîner,  et  de  quatre 
heures  à  quatre  heures  et  demie  de  relevée  poUr  le  goûter.  Ces 
intervalles  de  repos  sont  suffisants. 

Dans  les  houillères,  la  nature  du  travail  accorde  aux  enfants, 
comme  aux  ouvriers  adultes,  des  intervalles  suffisants  aussi,  quoique 
moins  réguliers.  Les  uns  et  Iês  autres  mangent  à  différentes  reprises 
pendant  la  journée  ;  mais  le  repas  principal  se  fait  au  logis. 

6"  question.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se 
combine-t-il  avec  le  travail  de  jour? 

réponse.  —  Excepté  dans  les  houillères,  les  enfants  ne  travaillent 
jamais  pendant  la  nuit.  Les  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans  qui  se 
livrent  aux  travaux  nocturnes  dans  (es  charbonnages,  sont  rarement 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  HONS.  i05 

âgés  de  moins  de  treize  ans.  Ceux-là.  ne  sont  pas  occupés  pendant 
le  jour,  et  leur  tâche  est  généralement  moins  longue  et  moins  fati- 
gante que  celle  qui  est  assignée  aux  enfants  du  même  Age  pendant 
la  journée. 

7"  question.  —  Y  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  a  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux  ? 

bkforsb.  — On  ne  travaille  généralement  dans  aucun  atelier  le 
dimanche.  II  n'y  a  d'exception  à  cette  règle  que  pour  des  travaux 
préparatoires  et  extraordinaires  que  la  marche  de  l'extraction  de 
la  houille  exige  quelquefois.  Dans  des  cas  semblables,  l'ouvrage  est 
naturellement  combiné  de  telle  manière  que  les  ouvriers,  enfants 
ou  adultes,  peuvent  facilement,  s'ils  le  veulent,  accomplir  leurs 
devoirs  religieux. 

8'  question.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant ,  autant  que  possible ,  les  industries , 
les  sexes  et  les  âges? 

napoasE.  —  Dans  les  sucreries  de  betteraves,  le  salaire  journa- 
lier des  enfants  est  de  60  centimes,  et  celui  des  jeunes  filles  «l'un 
franc  ;  dans  les  carrières,  ce  salaire  varie  de  50  à  80  centimes.  On 
n'y  emploie  que  des  garçons. 

Dans  les  usines  à  fer,  les  filles  et  les  garçons  au-dessous  de  seize 
ans  gagnent  journellement  de  60  à  80  centimes.  Dans  les  faïen- 
ceries, la  journée  des  jeunes  ouvriers  s'élève  quelquefois  jusqu'à 
90  centimes. 

Il  en  est  de  même  dans  les  verreries.  Dans  les  filatures,  la 
journée  varie  de  25  à  50  centimes  ;  dans  les  fabriques  de  laine,  de 
30  a  40  centimes  ;  dans  celles  de  tabac,  de  40  centimes  à  un  franc, 
et  dans  celles  de'  pipes,  de  80  à  90  centimes. 

Dans  les  houillères,  les  enfants  des  deux  sexes,  de  douze  à  seize 
ans,  sont  payés  à  raison  de  60  centimes  à  1  franc  40  centimes 
par  jour,  et  ceux  au-dessous  de  douze  ans,  de  40  à  70  centimes. 

9*  qdkstios.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie, 
l'avantage  que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfants, 
de  préférence  aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires ,  les  avantages  que  retirent  les 
familles  d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

aifonss.  —  Les  ouvrages  auxquels  on  emploie  les  femmes  et 


^y  Google 


106     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

les  enfants,  ne  sont  pal  de  nature  1  être  rétribués  assez  fortement 
pour  que  de*  homme»  fait*  puissent  y  gagner  leur  vie.  Ces  ouvrages 
•ont  d'ailleurs  toujours  proportionnés  à  la  force  des  individus  et  à 
la  hauteur  des  salaires,  et  quelques-uns  se  font  mieux  et  plus  vite 
par  déjeunes  ouvriers  que  par  des  ouvriers  plus  âgés. 

Dans  les  houillères,  les  enfants  sont  préférablement  occupés  à 
certains  travaux,  parce  que  leur  taille  leur  permet  de  parcourir, 
sans  fatigue,,  des  galeries  qui  n'ont  que  peu  d'élévation. 
.  L'admission  des  enfanta  dans  les  ateliers  étant  pour  eux  un  véri- 
table apprentissage,  les  parents,  en  les  faisant  travailler  de  bonne 
heure,  y  trouvent  le  double  avantage  de  leur  procurer  un  état  et 
d'augmenter  les  ressources  pécuniaires  de  la  famille. 

10*  question.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-il  impé- 
rieusement que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre. d'heures  que  les  adultes? 

répossb.  — .  Cette  demande  doit  être  résolue  affirmativement 
pour  les  différentes  branches  d'industrie  de  l'arrondissement'  de 
Mons.  En  effet,  leur  travail  journalier  est  combiné  de  telle  sorte 
que  tout  le  personnel  des  ateliers  y  concourt  en  même  temps. .Du 
reste,  la  division  de  ce  travail  est  telle  (on  croit  devoir  le  répéter 
ici)  que  chaque  tâche  est  proportionnée  a  la  force  de  l'individu  qui 
en  est  chargé.  .   . 

1  1"  question.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position?  Quelle  est 
aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut? 

KirQKSB.  —  D'après  les  renseignements  qui  résultent  des  réponses 
qui  précèdent,  on  conçoit  que  les  enfants  occupés  durant  toute  la 
journée  et  pendant  la  semaine  n'ont  d'autre  temps  à  donner  à  leur 
instruction  que  les  soirées  des  jours  ouvrables  et  les  dimanche». 
Mais  il  existe  peu  d'écoles  du  soir  dans  l'étendue  de  notre. ressort, 
et  moins  encore  d'écoles  dominicales.  Nous  sommes,  à  regret , 
forcés  de  dire  que  dans  beaucoup  de  localités  l'éducation  des 
jeunes  ouvriers  est  négligée  d'une  manière  déplorable.' 

12"  question.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'âge,  la 

limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux? 

hrpobse.  —  Sous  pensons  que  sous  ce  rapport  il  y  a  peu  de 


-codvCoOglo 


GSÀMBRE  DE  COMMENCE  DE  MÛNS.  1«7 

aboie  à  changer  à  ce  qui  existe  aujourd'hui.  Ce  qu'il  importe, 
suivant  nous,  c'est  qu'un  entant  ne  soit  jamais  chargé  d'un  travail 
au-dessus  de  «es  forces.  Ce  danger  n'est  réellement  a  craindre  que 
clans  les  houillères,  non  de  la  part  des  exploitants,  mats  de  la  part 
des  parents  qui  spéculent  quelquefois  d'une  manière  inhumaine  sur 
le  travail  de  leurs  enfants.  Il  nous  semble  qu'une  surveillance 
active,  paternelle,  exercée  convenablement  par  les  officiers  de. 
l'administration  des  mines,  devrait  donner  toute  garantie  à  cet 
égard.  On  pourrait,  en  outre,  fixera  douze  ans  l'Age  d'admission 
des  enfants  dans  leshouillères  pourle  travail  de  jour,  et  à  treize  ans 
oehii-des  enfants  soumis  au  travail  de  nuit;  enfin  il  conviendrait  de 
défendre  de  recevoir  a.  l'intérieur  des  bures  les  enfants  qui,  bien 
qu'avant  l'âge  requis ,  ne  justifieraient  point,  au  moyen  de  certifi- 
cats délivrés  par  des  hommes  de  l'art ,  avoir  la  force  nécessaire 
pour  se  livrer  a  ce  genre  de  travail . 

13*  question.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants  ?  Comment  gradue- 
riez-vous  cette  durée  selon  (es  âges  ? 

îràronâB.  —  Dans  l'état  actuel  des  choses ,  le  maximum  de  la 
durée  du  travail  des  enfants  est  d'environ  quatorze  heures  par 
jour  dans  les  houillère»,  et  de  douze  heures  dans  les  autres  établis- 
sements industriels.  Cet  espace  de  temps  est,  comme  nous  l'avons 
dit  pliis  haut ,  divisé  par  des  intervalles  de  repos  suffisants.  Nous 
ne  pensons  donc  point  qu'il  soit  possible  de  restreindre  cette  durée. 

14'oubstiok.  —  Jusqu'à  quel  âge  le  travail  de  nuit  devrait-il  être 
interdit  aux  jeunes  ouvriers? 

aipONSS.  —  Les  jeunes  ouvriers  qui  descendent  la  nuit  dans  les 
charbonnages  sont  ordinairement  âgés  au  moins  de  treize  ans.  On 
pourrait  interdire  ce  genre  de  travail  aux  enfants  plus  jeunes. 
L'interdiction  absolue  est  impossible,  car  c'est  principalement  pour 
une  partie  notable  du  travail  de  nuit  que  des  ouvriers  de  petite 
taille  sont  nécessaires.  Ce  travail  se  fait  dans  des  galeries  fort  basses 
et  des  espaces  rétrécis  où  des  hommes  faits  seraient  fort  mal  à 
l'aise. 

15*  «vas-non.-*- Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
tin  certain  âge  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

«ePOssb.  —  M  n'y  a  pas  réellement  d'établissements  dangereux 


;dby  Google 


108    REPONSES  ET  RAPPORTS'  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

dans  notre  ressort.  Les  moins  salubres  sont  les  établissements 
charbonniers.  Or  il  est  reconnu  que  le  travail  de»  enfants  y  est 
indispensable  :  l'interdiction  prévue  par  la  quinzième  question  nous 
parait  dès  lors  impraticable. 

Les  inconvénients  inhérents  aux  houillères  au  point  de  vue 
sanitaire  sont  :  la  privation  de  la  lumière  solaire  ;  le  séjour  dans 
une  atmosphère  plus  ou  moins  viciée  ;  le  danger  que  présente 
l'exploitation  des  mines  dégageant  du  gaz  hydrogène  carboné  ,  et 
la  fatigue  de  la  descente  et  de  l'ascension  aux  échelles. 

Un  bon  régime  alimentaire ,  une  conduite  régulière ,  la  prohibi- 
tion des  liqueurs  fortes,  un  système  convenable  d'aérage  et  des 
échelles  suffisamment  inclinées,  sont  des  moyens  efficaces  pour 
obvier  à  ces  graves  inconvénients.  Les  uns  sont  à  la  disposition  des 
ouvriers  eux-mêmes ,  les  autres  dépendent  de  l'administration  des 
mines  et  des  exploitants.  Nous  pouvons  dire  que  sous  le  rapport 
d'une  bonne  ventilation  dans  les  houillères  et  d'échelles  solides  et 
faciles,  il  y  a,  chaque  année,  un  progrès  très-remarquable. 

16*  qcxstiok.  —  À  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques,  etc.,  sans  qu'aucune  restriction 
fût  apportée  à  la  durée  de  son  travail? 

k&poksx.  —  Cette  question  se  trouve  résolue  par  la  réponse  que 
nous  avons  faite  aux  demandes  précédentes. 

17*  QUESTion.  — Pour  satisfaire  a  tous  les  intérêts,  ne  pourrait-on 
pas. former,  comme  en  Angleterre,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement  en  se  relayant  à  de  certains  inter- 
valles? 

18*  ouest  ion.  —  En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant ,  par 
exemple,  deux  brigades  d'enfants  qui  travailleraient  l'une  le  matin, 
l'autre  l'après-midi ,  ne  concilierait -on  pas  les  intérêts  du  travail 
avec  ceux  de  fa  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers? 

héponse.  —  A  moins  de  cas  extrêmement  rares  et  auxquels  la 
volonté  du  maître  est  tout  à  fait  étrangère,  les  jeunes  mineurs  qui 
travaillent  pendant  fa  nuit  se  reposent  durant  le  jour  et  récipro- 
quement. La  nature  du  travail  de  nos  différentes  industries  ne 
permet  pas  le  mode  indiqué  par  la  dix-septième  question.  Le  motif 
est  le  même  que  celui  qui  se  trouve  allégué  a  la  dixième  réponse. 
Nous  devons  ajouter  pour  ce  qui  est  particulièrement  relatif  aux 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  MONS.  109 

houillères,  que  la  nécessité  de  descendre  et  de  remonter  aux 
échelles  pour  arriver  &  l'atelier  et  pour  en  revenir ,  ôle  toute  pos- 
sibilité de  faire  des  fractions  de  journée.  Cela  ne  pourrait  avoir 
lieu  sans  interrompre ,  d'une  manière  extrêmement  fâcheuse ,  ud 
ouvrage  qui  doit  absolument  être  fini  dans  un  temps  donné.  L'in- 
terruption du  travail  d'une  seule  catégorie  d'ouvriers ,  même  de 
quelques  instants ,  arrête  immédiatement  le  travail  de  toutes  les 
autres  catégories.  Des  fractions  de  journée  entraîneraient  néces- 
sairement des  réductions  de  salaires  proportionnelles,  et  dès  lors  le 
gain  journalier  des  jeunes  mineurs  deviendrait  si  modique,  que  tous 
renonceraient  inévitablement  à  un  état  trop  peu  lucratif,  eu  égard 
aux  dangers  qu'il  présente. 

19e  question.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers  et 
l'augmentation  de  leur  aptitude? 

B.  Par  le  travail  que  celte  mesure  procurerait  aux  ouvriers 

plus  âgés? 

réponse.  —  Nous  avons  déjà  dît  qu'en  général  les  ouvrages 
auxquels  on  occupe  les  enfants,  ne  peuvent  se  faire  convenablement 
par  des  ouvriers  plus  âgés;  ainsi,  sous  l'un  des  deux  rapports  prévus 
par  cette  question,  la  restriction  de  la  durée  du  travail  ne  servirait 
en  rien  à  ces  derniers. 

D'un  autre  côté,  si  cette  restriction  peut  offrir  quelques  avantages 
quant  à  l'amélioration  physique  et  morale  de  l'ouvrier ,  elle  serait 
nuisible  à  son  éducation  industrielle,  si  nous  pouvons  nous  servir 
de  cette  expression.  En  effet,  il  ne  faut  point  perdre  de  vue  que  les 
enfants,  tout  en  travaillant,  font  réellement  leur  apprentissage  et 
qu'on  ne  peut,  sans  inconvénient,  commencer  trop  tard  l'apprentis- 
sage du  métier  de  bouilleur  par  exemple.  Il  est  nécessaire  qu'un  indi- 
vidu, qui  se  destine  k  cette  profession,  soitde  bonne  heure  habilué  a 
descendre  et  a  monter  aux  échelles,  formé  au  régime  de  l'intérieur 
des  fosses  et  rompu  aux  attitudes  que  cette  espèce  de  travail  exige. 
Les  enfants  admis  dans  nos  charbonnages  sont  loin  d'être  exposés 
aux  fatigues  excessives,  aux  dangers  permanents  qui  compromettent 
sans  cesse  la  santé  et  la  vie  des  jeunes  ouvriers  des  deux  sexes. 
Dans  les  mines  d'Angleterre,  l'enquête  ordonnée  par  le  parlement, 
sur  la  position  de  ces  infortunés,  a  révélé  des  faits  dont ,  grâce  au 


^y  Google 


110  RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
ciel,  on  ne  trouvera  pu  d'exemple  en  Belgique.  Sans  doute  la  car- 
rière  des  charbonniers  est  périlleuse  ici  comme  partout  ailleurs , 
mais  les  précautions  prescrites  par  une  administration  bienveillante 
et  éclairée ,  et  la  bonne  volonté  des  exploitants  rendent  leur  con- 
dition physique  aussi  bonne  qu'elle  est  susceptible  de  l'être.  Ce  qu'il 
importe  aujourd'hui,  c'est  d'améliorer  leur  condition  inorale  ;  c'est 
surtout  de  leur  faire  sentir  que  les  excès  auxquels  ils  se  livrent,  sont 
plus  nuisibles  à  la  santé  que  le  travail  pénible  qui  leur  procure 
l'existence. 

B.  —  Questions  hygiéniques  et  économiques. 

20*  question.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

bépohse.  —  L'état  de  santé  des  enfants  et  des  adultes  employés 
dans  les  différents  établissements  industriels  de  l'arrondissement 
de  Mohs ,  ne  diffère  pas  de  l'eut  de  santé  des  autres  ouvriers  ou 
artisans  de  la  localité.  Toutefois ,  il  n'en  est  pas  de  même  des 
mineurs  ;  la  santé  de  ces  derniers  est  loin  d'être  parfaite ,  et  les 
affections  qu'ils  éprouvent  présentent  des  caractères  tout  parti- 
culiers. 

31"  question.  —  Quels  sont  les  dangers  et  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités 
auxquelles  ils  sont  sujets  ? 

réponse.  ■ —  L'exploitation  des  mines  expose  les  ouvriers  à  beau- 
coup de  dangers  :  les  chutes  à  bas  des  échelles,  l'affaissement  subit 
de  la  mine  ou  des  roches ,  l'explosion  du  gaz  hydrogène ,  l'irrup- 
tion des  eaux  souterraines,  etc. ,  font  malheureusement  chaque 
année  quelques  victimes. 

Les  maladies  auxquelles  les  charbonniers  sont  sujets ,  en  raison 
de  leur  profession,  sont  l'anémie,  les  palpitations  de  cœur,  le 
rhumatisme,  et  surtout  l'asthme. 

Ces  ouvriers,  dans  la  jeunesse,  ont  le  teint  pile,  le  corps  maigre 
et  l'attitude  Fatiguée  ;  plus  âgés,  ils  ont  la  taille  courbée,  les  jambes 
arquées  et  la  démarche  lente.  Ils  présentent  presque  toujours,  dès 
l'âge  de  quarante  à  cinquante  ans ,  les  marques  d'une  vieillesse 
anticipée. 

Cependant,  on  remarque  que  ceux  qui  mènent  une  yie  sobre  et 
régulière  ne  sont  pas  atteints  de  plus  d'infirmités  que  les  ouvriers 
livrés  à  d'autres  professions  moins  dangereuses. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  MONS.  Ui 

Deux  circonstances  fâcheuses  viennent  souvent  compliquer  les 
maladies  qui  attaquent  plus  spécialement  le*  charbonniers  :  c'est 
d'abord  le  libertinage  et  l'abus  des  liqueurs  fortes,  et  ensuite  la 
constitution  lymphatique  et  les  germes  scrofaleux.  que  la  plupart 
d'entre  eux  apportent  en  naissant.  On  rencontre  dans  certaines 
localités  du  Borinage  des  vallées  profondes  et  humides,  dont  le 
séjour  doit  certainement  influer  d'une  manière  funeste  sur  le  tem- 
pérament de  ceux  qui  les  habitent.    ' 

22*  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier? 

bbpoksi.  —  La  classe  ouvrière  de  notre  ressort  se  nourrit  habi- 
tuellement de  païn  de  méteil ,  de  pommes  de  terre ,  d'un  peu  de 
lard,  de  café  et  de  bière.  Les  charbonniers,  quand  la  hauteur  des 
salaires  le  permet ,  ont  généralement  un  régime  plus  substantiel  $ 
ils  mangent  assez  fréquemment  de  la  viande  de  boucherie,  ne  con- 
somment guère  que  du  pain  de  froment  et  boivent  beaucoup  de 
bière.  Ha  [heureusement  ils  font,  en  outre,  un  grand  usage  de 
genièvre  :  ils  en  boivent  avant  de  descendre  a  la  mine  et  quand  ils 
ont  terminé  leur  tâche.  Cette  déplorable  habitude  a  pour  consé- 
quence de  les  empêcher  de  prendre  autant  d'aliments  solides  que 
l'exigerait  le  besoin  de  réparer  leurs  forces  épuisées  par  un  rude 
travail.  Les  jeunes  ouvriers  ne  sont  pas,  sous  ce  rapport,  beaucoup 
plus  sobres  que  les  autres.  Il  est  pénible  de  devoir  consigner  ici  que 
les  filles  elles-mêmes  se  laissent  aller  à  l'abus  des  liqueurs  fortes. 

23*  question.  —  Comment  est -il  logé  d'ordinaire  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 

aipoicsB.  —  L'ouvrier  est ,  en  général ,  logé  dans  des  maisons 
basses,  humides  et  malsaines.  Mais  l'ouvrier  charbonnier  est 
d'autant  plus  mal  logé  qu'au  Borinage  la  population  est  très-consi- 
dérable, que  les  terrains  y  sont  chers ,  que  le  défaut  d'économie 
permet  à  peu  d'ouvriers  de  se  faire  construire  une  demeure,  et 
que,  dans  une  maison  a  peine  suffisante  pour  un  ménage,  on  en  voit 
s'entasser  quelquefois  jusqu'à  trois. 

Le  prix  des  loyers  varie  de  1  fr.  20  centimes  à  2  fr.  par  semaine. 

24*  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations  ? 

aspoitsK.  —  Hors  ceux  des  ouvriers  mineurs,  les  salaires  des 


DglizedOy  GOOgle 


112    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

ouvriers  de  notre  ressort  n'ont  éprouvé  que  des  variations  insigni- 
fiantes depuis  quelques  années.  Les  variations  du  prix  de  la  journée 
des  ouvriers  attachés  aux  charbonnages,  ont  été  brusques  et  fré- 
quentée. Nous  les  indiquons  dans  le  tableau  suivant. 


Taui  moyens  des  salaires  des  bailleurs  du  coucliaat  de  Ions, 

de  «SI*  *  1841  i 


innée   Année  Année  Innée   tuée  Innée  Année 


Chefs  porlons 

Portons  du  matin.  .... 
Marqueur»  du  matin.  .    . 
Id.       de  l'après-midi. . 

Su  rtn  filants  de  nuit.    _   .    , 
Coupeurs  de  «oies.  .    .    .    . 


Poseun  coulisses. 

Mineurs.     .    .    . 


Chargeurs,  remblayeun,  ra- 
ma Meurs  de  gall  lottes,  rele- 
Teurs  de  terre,  jamboli,  me- 
neur" de  bois ,  bou  leurs ,  sic. 

Chargeurs  à  la  taille 


Commis  de  place 

Mécaniciens  (machinistes).  . 

Ti  teneurs 

Moullneuses 

Filles  de  cliquago.  .  .  .  . 
Porteuses  de  gaitleltei.  .  . 
Tourneur) 


>dby  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  MOINS.  115  . 

25°  question.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-il  faire  des  économies? 

&ÉFOKSK.  —  Le  salaire  actuel  peut  suffire  pour  procurer  à  l'ou- 
vrier une  existence  convenable,  quand  celui-ci  ne  perd  aucun  jour 
de  travail  pendant  la  semaine.  Il  pourrait  même  permettre,  en  cer- 
tains cas,  de  faire  de  légères  économies,  particulièrement  lorsque 
le  prix  des  pommes  de  terre  et  des  céréales  est  très-modéré ,  «et 
que  l'hiver  n'a  pas  été  rigoureux.  Mais,  malheureusement,  'en  ce 
moment  le  ralentissement  des  travaux  des  houillères  est  cause  que 
beaucoup  d'ouvriers  mineurs  ne  travaillent  que  trois  à  quatre  jours 
par  semaine. 

26"  question. — A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de  celui 
de  sa  famille? 

réponse.  —  Nous  pensons  qu'on  peut  estimer,  comme  suit,  en 
moyenne,  le  salaire  journalier  des  ouvriers  des  diverses  industries 
de  notre  ressort. 

SOMME*.  FEMMES.  11W1NT8. 

fr.    c.  tr.     c.  fr.  c. 

Sucreries  de  betteraves.      ■     .     1     25  1       »  »  60 

Carrières 5»  »»  »  7B 

Laminoirs  et  usines  à  fer.  .     .     5    50  1       »  »  70 

Faïenceries 5      *  1»  »  80 

Filatures  de  coton 2    10  »     75  »  35 

Fabriques  de  laine 1     10  »       »  »  30 

Id.       de  tabac 2     30  »       »  »  70 

Id.       de  pipes 1     85  -  •       »  »  85 

Houillères 280  120  »  K 

Verreries 9       »  1     70  »  90 

Il  est  très-difficile  d'obtenir  des  renseignements  aussi  précis 
pour  déterminer  le  coût  de  l'entretien  de  l'ouvrier  et  de  sa  fa- 
mille. Il  faudrait ,  pour  y  parvenir,  pénétrer  dans  le  secret  de 
leur  vie  intime.  Parmi  les  malheureux ,  les  uns  exagèrent  leur 
misère  pour  exciter  la  compassion  et  la  charité,  les  autres  au  con- 
traire déguisent  leurs  souffrances,  parce  que  l'aumône  les  humilie. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  nous  sommes  parvenus  à  recueillir  sur  cet 
objet  quelques  données  dont  on  nous  a  garanti  l'exactitude  :  c'est 
l'indication  du  gain  réuni  d'une  famille  du  Sorinage  et  de  ses 
dépenses  annuelles. 

Cette  famille  se  compose  du  père,  de  la  mère,  de  sept  enfants  el 
d'un  élève  de  l'hospice  des  Enfants-trouvés  de  Mous,  reçu  en  nourrice. 


*by  Google 


tH    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

Des  sept  enfants,  quatre  sont  du  sexe  masculin  et  sont  Agés  de 
treize,  sept,  cinq  et  deux  ans. 

Les  trois  filles  ont  respectivement  quinze ,  neuf  et  un  ans. 
L'élève  de  l'hospice  a  onze  ans,  et  fréquente  l'école  communale. 

Le  père  gagne  par  semaine fr.  15  6.0 

La  fille  aînée, —    4  86 

•  Le  fils  aine.   ;    . .     —     5     » 

La  pension  de  l'enfant  de  l'hospice  rapporte.   .  —     ■   60 

Les  ouvrages  en  dehors  des  journées  régulières, 
le  travail  de  nuit,  etc.,  produisent  environ.    .     .     .    ■ —     2     » 

Tolal  par  semaine .     ...     fr.  26    » 

Par  jour .      -       5  71 

Par  an  (cinquante-deux  semaines).   .     ...  »    1,352 

Voici  l'aperçu  des  dépenses  : 

La  consommation  de  pain  est  de  vingt-quatre  à 

vingt-six  pains  par  semaine,  et  coûte fr.  13     » 

La  location  de  10  à  12  ares  de  terrain  permettant 
de  récolter  la  provision  de  pommes  de  terre,  on  ne 
tient  pas  compte  du  travail  de  la  famille ,  on  ne  ren- 
seigne qu'une  quotité  proportionnelle  du  loyer.     .     .     —     »   50 

La  dépense  du  beurre,  sel,  lait  et  café,  s'élève 
à.      ...............     -i-     2     - 

Et  celle  de  la  viande  pour  la  soupe  du  dimanche  k.     —  .  1     ■ 

Ensemble.    . .  .     .     .     .     .     fr.  16  50 

Ce  qui  revient  à  22  centimes  environ  par  tête  et  par  jour. 
Les  légumes  proviennent  d'un  petit  jardin  cultivé  par  tous  les 
membres  de  la  famille  en  Age  d'y  travailler. 

Les  autres  frais  du  ménage  consistent  en  : 

Vêtement». fr.  4  • 

Blanchissage,  1  kil.  50  de  savon  par  semaine  (la 
main-d'œuvre  est  comptée  pour  rien,  c'est  la  besogne 

de  la  mère).      . —  .  90 

.   Literies,  renouvellement  des  paillasses ,  etc.  ■  .     .  —  ■  50 

Chauffage ...     .  " ,     .  —  ■  -  7B 

Éclairage. —  «  50 

Loyer  de  maison  et  contributions.    .....  —  1  25 

fr.  7  90 


ly  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  MONS.  115 
La  dépense  totale  de  la  semaine  est   par  consé- 
quent de     . .  fr.   24  40 

ou  1  fi.  60  o.  de  moins  que  le  produit  des  salaires 

qui  s'élève  à .     .  fr.  S6  ■ 

La  dépense  des  vêtements  se  subdivise  ainsi  : 
Pour  le  père  : 

Une  veste  de  drap  qui  dure  deux  ans ,  soit  pour 

l'année ■ .     .  fr.   11  * 

Une  blouse.       .     ,     .     . —  10  » 

Un  gilet. —     3  . 

Deux  pantalons —  10  '    » 

Trois  chemises —  18  » 

Deux  paires  de  souliers  et  sabots —  18  » 

Bas,  cravates —     8  » 

fr.  78  > 

Pour  la  mère  : 

Deux  jaquettes fr.     6  » 

Deux  jupons.     ...........  —  10  » 

Bas,  souliers,  fichus —  20  » 

fr.  36  - 

Pour  les  enfants  : 

Les  vieux  vêtements  des  parents fr.     »  » 

Vêtements  neufs —  70  » 

Souliers  et  sabots — .  24  ■ 


fr.  94     - 

L'élève  de  l'hospice  reçoit  ses  vêlements  de  la  commission  admi- 
nistrative. 

Quand  les  dépenses  ne  peuvent  se  balancer  au  moyen  du  gain 
journalier,  c'est  celle  de  l'habillement  qu'on  réduit  d'abord. 

On  a  pu  voir,  par  l'aperçu  qui  vient  d'être  donné,  que  la  bière 
n'entre  point  dans  le  régime  alimentaire  de  cette  famille.  Il  n'en 
serait  pas  ainsi  si  elle  était  moins  nombreuse  ou  si  un  plus  grand 
nombre  d'enfants  étaient  en  Âge  de  travailler.  On  sent  que  l'état  de 
gêne  où  elle  se  trouve  actuellement,  décroîtra  au  fur  et  à  mesure 
que  chacun  de  ces  enfants  pourra  contribuer  a  augmenter  les 
ressources  au  moyen  de  son  gain  journalier, 

27°  QuxsTiofl.  —  Quelle  est  en  général  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort? 

aiponsi,  — La  condition  morale  des  ouvriers  dans  notre  ressort, 


^y  Google 


H6      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

est  en  général  réellement  déplorable.  L'ignorance  et  les  vices  qui 
en  sont  la  conséquence  forment  le  partage  de  la  plupart  d'entre  eux. 
Dans  les  villes ,  et  pour  ce  qui  regarde  les  différentes  usines  et 
fabriques  dont  nous  avons  parlé  précédemment,  la  condition  morale 
de  l'ouvrier  diffère  peu  de  celle  des  autres  artisan»;  mais,  dans  les 
communes  charbonnières,  les  mœurs  y  sont  plus  corrompues  encore. 
Nous  nous  bornerons,  pour  ces  dernières,  à  citer  les  termes  d'un 
rapport  fait  en  1842  par  la  commission  administrative  de  la  caisse 
de  prévoyance,  instituée  à  Mous  en  faveur  des  ouvriers  mineurs. 
Voici  comment  ce  rapport  s'exprime  : 

■  On  remarque,  cbez  un  grand  nombre  d'ouvriers  mineurs,  que 
«  l'absence  presque  totale  de  principes  religieux,  le  défaut  d'ordre 
«  et  d'économie  ,  l'imprévoyance  pour  les  besoins  à  venir ,  l'ivro- 

■  gnerie,le  libertinage,  le  relâchement  de  tous  les  liens  de  famille, 

■  marchent  de  pair  avec  le  manque  d'instruction.  ■ 

Nous  devons  ajouter  que,  suivant  nous, ce  tableau,  quellequ'en soit 
la  laideur,  n'a  rien  d'exagéré.  Il  arrive  fréquemment  que  les  filles 
et  les  garçons  ne  font  leur  première  communion  qu'au  moment  de 
se  marier,  et  presque  toujours  la  fille  est  enceinte  avant  que  la  loi 
et  l'Eglise  aient  consacré  l'union  des  époux. 

La  caisse  d'épargne  est  inconnue  au  Borinage.  Des  tentatives 
faites  par  le  propriétaire  d'un  grand  établissement  pour  l'intro- 
duire parmi  ses  nombreux  ouvriers,  même  au  prix  de  sacrifices 
dont  la  générosité  méritait  certes  un  résultat  plus  heureux,  furent 
cependant  repoussés  avec  une  répugnance  soupçonneuse  que  rien 
ne  put  vaincre.  Aujourd'hui,  il  est  peu  de  familles  d'ouvriers 
mineurs  au  couchant  de  Mons,  qui  n'aient  pas  de  dettes.  Il  en 
résulte  que  les  marchands  détaillants  de  tous  les  objets  nécessaires 
a  la  vie ,  connaissant  l'esprit  dissipateur  de  ces  ouvriers  et  s'atten- 
dant,  sous  ce  rapport,  à  des  pertes  fréquentes,  élèvent  le  prix  de  ces 
objets  a  des  taux  souvent  exorbitants.  Beaucoup  de  ces  débitants 
sont  a  la  fois  boulangers ,  épiciers ,  cabareliers ,  marchands 
d'étoffes,  etc.  Quelques-uns  possèdent  de  misérables  maisons 
qu'ils  louent  à  plusieurs  ménages  qui  s'y  logent  pêle-mêle ,  i  la 
condition  expresse  que  ces  ménages  achèteront  exclusivement 
chez  eux  tout  ce  qui  doit  servir  à  la  nourriture  et  au  vêtement. 
C'est  une  sorte  de  féodalité  de  bas  étage,  dont  l'odieux  et  la  tyran- 
nie se  trouvent  à  l'abri  des  atteintes  de  la  loi. 

28°  QuESTioH.  —  Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie? 

répoksk.  —  Le  penchant  a  l'ivrognerie  est  remarquable  parmi 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  MONS.  HT 

les  ouvriers  de  noire  ressort,  surtout  parmi  ceux  qui  se  livrent  aux 
travaux  de  l'exploitation  des  mines.  Les  jeunes  ouvriers  cèdent  de 
bonne  heure  à  cefunestepenchantque  fortifient  surtout  le  bas  prix 
du  genièvre  et  te  grand  nombre  de  cabarets  qui  s'élèvent  autour  des 
établissements  charbonniers.  On  cite  un  village  qui,  sur  une  popu- 
lation d'environ  cinq  mille  habitants,  comptait,  en  1842,  deux  cent 
soixante  et  dix-huit  cabarets,  ou  un  cabaret  par  dix-sept  habitants. 

29*  QCE8TIOH.  —  Y  en  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage? 

sjepohse.  —  Le  concubinage  est  fréquent  parmi  nos  ouvriers,  et 
dans  les  communes  charbonnières  plus  que  partout  ailleurs.  La 
prostitution  toutefois  n'y  existe  pas  ;  aiiMsi,  les  cas  de  syphilisy  sont- 
ils  extrêmement  rares.  Des  médecins,  dignes  de  foi,  et  habitant 
un  village  dont  la  population  s'élève  au  delà  de  huit  mille  Ame», 
ont  assuré  n'avoir  pas  dû  donner  leurs  soins  depuis  dix. ans  a  plus 
de  deux  individus  atteints  de  ce  mal.  Quand  ce  mal  se  déclare, 
c'est  ordinairement  quelque  milicien  congédié  qui  l'a  rapporté  de 
la  garnison. 

30*  QinutTiotf.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 
nairement bonnes  ?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la  con- 
fusion des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  leur  être 
nuisibles  ? 

aiponsE.  —  Cette  question  se  trouve  en  quelque  sorte  déjà 
résolue  par  les  renseignements  qui  précèdent.  On  conçoit,  en  effet, 
que  les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  doivent  se  ressentir  de  la  cor- 
ruption générale,  et  que  celte  corruption  est  d'autant  plus  précoce 
et  plus  profonde,  que  les  femmes  et  les  hommes  sont  plus  étroite- 
ment confondus  dans  les  travaux,  loin  de  la  surveillance  des  chefs 
de  famille. 

Les  filles  qui  travaillent  aux  houillères  ont  souvent  une  lieue  de 
chemin  a  faire  pendant  la  nuit  pour  se  rendre  à  leur  ouvrage  ou 
pour  revenir  chez  elles.  Ce  trajet  se  fait  communément  en  compa- 
gnie avec  des  mineurs  de  l'autre  sexe  ;  elles  vont  fréquemment  au 
cabaret  avec  ceux-ci,  et  cette  intimité  de  tous  les  jours  est  évidem- 
ment une  cause  permanente  de  désordre. 

Avant  de  descendre  au  fond  des  bures  d'extraction,  les  filles 
changent  leurs  vêtements  contre  des  vêtements  d'homme,  et  quoi- 
qu'elles aient  a  cette  fin  un  local  séparé ,  la  surveillance  des  chefs 
ouvriers  n'est  pas  telle  que  l'on  puisse  assurer  que  tout  s'y  passe 
suivant  les  règles  de  la  décence. 


DiglizedOy  G.OOg[e 


US     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

31*  question.  ■ —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'incou- 
duite  de' l'ouvrier? 

eefohsb.  —  Nous  pensons  que  les  causes  principales  sont  le 
défaut  d'instruction  et  l'absence  de  principes  religieux  ;  les  causes 
accessoires  sont  l'habitude  de  fréquenter  les  cabarets  et  le  rappro- 
chement de*  sexes  dans  les  ateliers. 

32*  question.  —  Existe-t-il,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  dés  campagnes? 
'B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
naître? 

befonsi.  —  Des  réponses  que  nous  venons  de  faire  aux  autres 
questions  qui  font  la  matière  de  l'enquête ,  on  peut  tirer  la  con- 
clusion que,  pour  l'arrondissement  de  Hons,  cette  différence  est 
fortement  tranchée  entre  les  ouvriers  des  mines,  hommes,  filles 
et  enfants ,  et  ceux  attachés  aux  autres  branches  d'industrie  de 
notre  ressort. 

33*  question.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes?  Quelles  serait  les  réformes  à  y  apporter? 

34"  question.  —  Y  a-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands  éta- 
blissements industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous  les 
jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou  en 
grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile  ? 

befonse.  —  Nous  ne  pourrions,  pour  satisfaire  a  ces  deux  ques- 
tions ,  que  répéter  ce  que  nous  avons  dit  dans  notre  réponse  à  la 
douzième  question. 

35*  QusBTton.  — Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son  bien- 
être  physique  et  moral? 

réponse.  — Nous  ne  connaissons,  dans  notre  ressort,  que  peu 
d'institutions  favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'aug- 
menter son  bien-être  physique  et  moral.  Nous  devons  noter,  cepen- 
dant, les  caisses  particulières  de  secours,  établies  près  de  chaque 
établissement  charbonnier  ;  la  caisse   de  prévoyance  dont  nous 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  MOiNS.  119 

Tenons  de  parler,  et  dont  l'organisation  ne  remonte  pas  an  delà 
de  1841  ;  quelques  écoles  du  soir  et  du  dimanche  fondées  ou  subsi- 
diées,  pour  la  plupart,  par  la  commission  administrative  de  cette 
caisse  ;  l'école  dominicale  et  l'école  gardienne  de  Mons,  et  enfin  les 
autres  écoles  quotidiennes  ouvertes  dans  les  diverses  communes  de 
l'arrondissement.  La  caisse  d'épargne  ne  sert  guère  qu'aux  ouvriers 
des  villes. 

36*  question.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail ,  les  moyens  propres  a  améliorer  la 
condition  des  jeunes  ouvriers? 

xtoonsH.  —  Nous  estimons  que  les  meilleurs  moyens  seraient  de 
multiplier  les  institutions  qui  viennent  d'être  citées,  et  de  popula- 
riser les  caisses  d'épargne  parmi  les  habitants  des  communes 
charbonnières.  Nous  croyons  devoir  rappeler  ici  quelques  réflexions  . 
faites  à  ce  sujet,  par  le  docteur  Villermé,  qui  s'est  livré  en  France 
à  des  recherchés  si  complètes  et  si  utiles  sur  l'état  physique  et  moral 
des  ouvriers  : 

s  Les  institutions  sont  impuissantes  contre  la  misère  produite 
»  par  la  paresse,  l'imprévoyance,  la  débauche;  mais  elles  peuvent 
«  atténuer,  retarder  ou  bien  même  prévenir  la  misère  qui  résulte 
k  d'une  maladie,  d'un  renchérissement  de  denrées,  d'une  diminu- 

■  tîon  dans  le  prix  de  la  main-d'œuvre,  ou  d'une  interruption 
i.  dans  le  travail,  eu  offrant  à  l'ouvrier  laborieux,  sobre,  économe, 
«  la  facilité  de  rendre  sa  condition  moins  indépendante  de  sa 
«  santé  et  du  premier  événement  qui  réagit  sur  l'industrie.  Le 

■  moyen  ne  consiste  pas  à  faire  une  aumône  humiliante  pour  celui 
«  qui  la  reçoit  et  que  l'homme  de  cœur  rejette,  mais  à  préparer, 
«  dès  l'enfance,  le  peuple  aux  bonnes  habitudes,  et  à  les  lui  faire 
«  pratiquer  plus  tard.  Les  institutions  considérées  comme  les  plus 
»  propres  à  atteindre  ce  but ,  sont  :  les  salles  d'asile ,  les  écoles , 
»  les  caisses  d'épargne  et  les  sociétés  de  secours  mutuels.  » 

Aussi  nous  n'hésitons  pas  à  placer  en  première  ligne  parmi  les 
moyens  d'amélioration  de  la  condition  des  jeunes  ouvriers,  les  salles 
d'asile  ou  les  écoles  gardiennes. 

■  La  salle  d'asile,  »  dit  encore  M.  Villermé,  «.  fondée  pour 
«  recueillir,  pendant  le  jour,  les  petits  enfants  de  la  classe  ouvrière, 
-  prévient  pour  eux  les  mauvais  exemples  de  la  rue  et  les  dangers 
«  qu'ils  y  courent.  En  outre,  elle  les  forme  à  l'obéissance,  à  l'ordre, 
*  a  la  propreté  ;  elle  commence  leur  éducation  morale  avec  leur 


ngtodoy  Google 


120     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
■  instruction ,  1  un  âge  où  lei  parents  n'y  songent  pas  encore. 

-  C'est  surtout  dans  les  Tilles  de  fabrique»,  où  les  travaux  de  l'ate- 

-  lier  absorbent  complètement  le  temps  des  mères,  que  la  salle 
«  d'asile  est  une  admirable  institution.  » 

Ce  que  H.  Villermé  dit  des  villes  de  fabriques  s'applique  parfaite- 
ment aux  communes  charbonnières.  Dans  ces  communes,  en  effet, 
où  les  travaux  périlleux  des  mines  font  chaque  année  tant  d'orphelins, 
le  chef  de  famille  qui  perd  sa  compagne,  ou  la  femme  qui  a  vu  périr 
son  mari,  doit  presque  toujours,  ou  renoncer  à  toute  espèce  de 
travail  pour  prendre  soin  de  ses  enfants  en  bas  Age ,  ou  les  laisser 
seuls  au  logis.  Dans  ce  dernier  cas,  ces  petits  malheureux,  abandon- 
nés à  eux-mêmes,  se  livrent  sans  frein  à  tous  les  caprices,  s.  tous  les 
penchants  que  l'éducation  doit  réprimer  dans  l'enfance,  et  périssent 
souvent  par  suite  d'accidents  que  leur  inexpérience  ne  peut  pré- 
venir. Chaque  hiver  on  voit  des  enfants,  restés  seuls,  mourir  dans 
d'atroces  tortures  pour  s'être  imprudemment  approchés  du  feu 
qui  a  enflammé  leurs  vêtements. 

On  reconnaît  facilement,  par  l'indication  de  ces  faits,  combien 
les  écoles  gardiennes  seraient  utiles  au  Borinage ,  et  cependant  il 
n'y  en  existe  pas  encore  une  seule.  La  commune  de  Frameries 
est  la  première  qui  ait  songea  fonder  une  institution  semblable, 
dans  l'intérêt  de  sa  population  ouvrière.  Mais  cette  commune, 
comme  beaucoup  de  communes  rurales ,  n'a  que  des  ressources 
très-restreintea,  et  il  est  à  craindre  que  cet  établissement  ne  se  sou- 
tienne que  difficilement  sans  le  concours  du  gouvernement  et  de  la 
province. 

Les  heureux  résultats  de  cette  institution  ne  manqueraient  pas 
d'être  promptement  appréciés  par  les  ouvriers  ;  aussi,  selon  nous, 
l'admission  de  leurs  enfants  a  l'école  gardienne  devrait  être  subor- 
donnée à  la  fréquentation,  par  leurs  enfants  moins  jeunes,  des  écoles 
d'un  rang  plus  élevé,  soit  quotidiennes  soit  dominicales.  Il  va  sans  dire 
que  dans  les  unes  et  les  autres  nous  entendons  que  l'enseignement 
religieux  marche  concurremment  avec  l'enseignement  primaire. 

Nous  conseillons  d'abord  les  moyens  moraux,  car,  par  ces  moyens, 
on  arrivera  à  doter  la  classe  ouvrière  de  l'esprit  d'ordre  et  d'éco- 
nomie. Or,  avec  ces  deux  qualités,  l'homme  laborieux  parvient 
toujours  à  se  soustraire  à  la  misère  et  à  procurer  a  sa  famille  et  à 
lui-même  un  bien-être  proportionné  a  sa  condition  sociale. 

Nous  croyons  aussi  qu'il  faudrait  défendre  aux  chefs  d'établisse- 
ments industriels  de  recevoir  dans  leurs  ateliers  des  enfants  qui 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  CHARLEROY.  121 

n'auraient  point  fait  leur  première  communion,  et  qui  ne  sauraient 
ni  lire  ni  écrire,  on  qui  ne  justifieraient  point  qu'ils  fréquentent  le 
catéchisme  et  une  école.  Pour  les  jeunes  ouvriers,  les  classes  domi- 
nicales nous  paraissent  devoir  obtenir  la  préférence.  Nous  consi- 
dérons ces  classes  comme  devant  tendre  sinon  à  détruire  entière- 
ment ,  du  moins  à  diminuer  de  beaucoup  l'habitude  ,  si  enracinée 
aujourd'hui  chez  l'ouvrier,  de  fréquenter  les  cabarets. 

En  outre,  nous  voudrions  que  l'intérieur  des  travaux  souterrains 
fut  interdit  aux  femmes  et  aux  jeunes  filles. 

Nous  désirerions  enfin  que  les  brasseurs ,  les  distillateurs  et  les 
débitants  de  boissons,  dont  les  intérétBSont  diamétralement  opposés 
aux  progrès  de  la  moralisation  de  la  classe  ouvrière,  pussent  ne 
plus  être  appelés  à  exercer  les  fonctions  municipales. 

Mon»,  le  18  fétrier  1844. 

Le  Secrétaire,  Le  Prérident, 

Frkd.  CoKzisiaa.  Legrabb-Gossart. 


A.  —  Question*  spéciale*  au  travail  de*  enfant*. 

1"  question.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  industries 
où  l'on  emploie  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

aipoHss.  — Ce  sont  :  les  mines  de  houille; 

Les  verreries  ; 

Les  usines  sidérurgiques  ; 

Les  carrières  ; 

Les  clouteries  ; 

Les  fabriques  de  sucre  ; 
La  sixième  partie  de  nos  jeunes  ouvriers  n'atteint  pas  seize  ans. 

S*  question  .  —  A  quel  Age  admet-on,  en  général ,  les  enfants 
dans  ces  établissements? 

réponse.  —  Les  enfants  commencent  à  être  employés  ordinai- 
rement à  dix  ou  onze  ans,  mais  plus  généralement  à  douze  ans. 
Les  filles  y  sont  admises  au  même  Age  que  les  garçons. 


^y  Google 


132    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

3e  QtiKSTion. — Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés,  aux 
enfants  ?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé? 

réponse.  —  Dans  les  mines ,  les  enfants  sont  employés  : 

1°  A  balayer  et  arroser  les  voies  et  galeries; 

2°  A  ramasser  les  pierres  qui  se  trouvent  dans  le  charbon; 

3°  A  traîner  des  waggons  où  à  les  pousser  dans  les  galeries  ; 

4"  À  fermer  les  portes  d'aérage. 

Il  est  une  partie  des  travaux  imposés  aux  enfants  dans  les  mines 
de  houille  qui  nous  parait  nuisible  à  leur  santé.  Souvent  ils  sont 
employés  à  hiercAer,  c'est-à-dire  à  tirer  ou  pousser  les  chariots 
chargés  de  charbon  pour  les  conduire  depuis  l'endroit  où  travaille 
le  mineur  proprement  dit ,  jusqu'au  puits  d'extraction  :  c'est  un 
travail  très -fatigant.  Obligé  quelquefois  par  le  peu  de  hauteur  de  la 
galerie,  à  ramper,  le  jeune  ouvrier  s'attache  au  corps  une  sangle, 
terminée  par  une  chaîne  accrochée  au  chariot  ou  waggon.  Il  se 
traîne  alors,  comme  il  le  peut,  sur  les  pieds  et  tes  mains,  tandis 
qu'un  autre  enfant ,  placé  derrière  le  chariot,  le  pousse  devant  lui 
avec  la  tète  et  les  mains.  Ceux-là  sont  écrasés  dans  les  fosses,  suivant 
l'expression  des  ouvriers.  Ce  travail  est  d'autant  plus  au-dessus  de 
leurs  forces ,  qu'ils  sont  obligés  de  l'accomplir  dans  des  galeries 
basses  et  étroites ,  exposés  tantôt  à  des  courants  d'air  très-frais , 
tantôt  à  une  température  assez  élevée ,  et  ayant  constamment  a 
lutter  contre  les  mauvais  effets  de  la  poussière  de  charbon  et  des  gaz 
délétères.  Heureusement  que  déjà  la  science  a  apporté  quelques 
changements  au  système  suivi  depuis  longtemps;  et,  dans  certaines 
exploitations,  des  chemins  de  fer  rendent  plus  facile  la  traction  des 
chariots  chargés  de  bouille.  Il  serait  à  désirer  que  ce  système  fut 
mis  indistinctement  en  usage  dans  toutes  nos  exploitations ,  notam- 
ment dans  les  remises  à  forfait.  Les  ouvriers  hiercheurs  se  font 
généralement  remarquer  par  leur  constitution  rachi  tique. 

La  sûreté  des  mines  exige  que  les  galeries  soient  coupées  par  des 
portes,  afin  de  prévenir  de  dangereux  courants  d'air,  qui,  dans  les' 
entrailles  de  la  terre,  pourraient  produire  de  terribles  accidents. 
Ce  sont  ordinairement  des  enfants  qui  sont  chargés  de  la  garde  de 
ces  portes ,  qu'ils  doivent  ouvrir  aussitôt  qu'un  ouvrier  ou  qu'un 
chariot  se  présente ,  et  qui  se  referment  d'elles-mêmes.  Ordinaire- 
ment dans  l'obscurité,  car  on  ne  leur  fournit  pas  toujours  de  la 
lumière,   et  dans  l'humidité  pendant  tout  le  temps  que  dure  la 


,'tizedoy  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  CHARLEROY.  123 

journée  de  travail ,  cet  enfants  arrivent  souvent  à  un  état  d'imbé- 
cillité qu'ils  conservent  toute  leur  vie,  indépendamment  de  l'altéra- 
tion de  leur  constitution  physique. 

Dans  les  verreries,  les  enfants  sont  employés  à  frotter  les  man- 
chons ou  cylindres  de  verre,  à  les  donner  aux  ouvriers  étendeurs, 
et  a  ramasser  le  coke  qui  se  trouve  dans  les  scories,  ou  à  des 
ouvrages  qui  n'exigent  que  peu  de  fatigue.  Dans  les  forges  et  dans 
les  carrières,  ils  viennent  en  aide  aux  ouvriers.  Ce  genre  de  travail 
ne  peut  nuire  que  faiblement  à  leur  santé.  II  n'y  a  peut-être  que 
la  trop  grande  chaleur  que  pourraient  redouter  les  enfants  ouvriers 
dans  les  verreries  ou  dans  les  établissements  de  forgerie. 

4"  question.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive. 

akponsi.  —  La  durée  du  travail  journalier  pour  les  enfants  dans 
les  mines  de  houille,  peut  être  fixée  au  minimum  a  neuf  heures,  et 
au  maximum  à  douze  heures,  y  compris  les  heures  de  repas. 
Anciennement,  dans  les  charbonnages,  les  ouvriers  ne  travaillaient 
que  huit  heures  par  jour,  sans  doute  à  cause  du  mauvais  air 
qu'ils  respiraient  dans  les  galeries.  Le  travail  de  huit  heures 
convenait  mieux  à  leur  santé ,  et  rendait  plus  rares  les  maladies 
de  poitrine  dont  les  ouvriers  mineurs  sont  atteints  dans  leur 
vieillesse. 

Dans  les  autres  industries,  le  travail  des  enfants  ne  paraît  donner 
lieu  à  aucun  inconvénient. 

5'  QtmsTioir.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants? 

bépohsb.  —  Les  heures  de  repos  sont  :  a  huit  heures  du  malin, 
une  demi-heure  ;  à  midi,  une  heure;  à  quatre  heures  de  relevée, 
une  demi-heure.  La  journée  finit  souvent  vers  six  à  sept  heures  du 
soir.  Ces  repos  paraissent  suffisants  aux  jeunes  ouvriers  pour 
réparer  leurs  forces. 


6"  ocxstioh.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se 
combine-l-tl  avec  le  travail  de  jour? 

aironss.  —  Dans  nos  principaux  établissements,  comme  les 
autres  ouvriers,  les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  alternent  hebdo- 
madairement et  par  nombre  égal  pour  le  travail  de  jour  et  de 


^y  Google 


124    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COHHERCE. 

nuit.  Ceux  qui  ont  travaillé  une  semaine  pendant  te  jour,  travail- 
lent la  semaine  suivante  pendant  la  nuit. 

7°  question.  —  Y  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux? 

aéponsE.  —  Dans  les  mines  de  houille ,  on  ne  travaille  point  le 
dimanche.  Il  n'y  a,  à  chaque  puits  d'extraction,  qu'un  surveillant 
qui-  peut  remplir  ses  devoirs  religieux.  Dans  les  fabriques  de  sucre, 
quelques  ouvriers  sont  nécessaires  les  jours  fériés,  mais  on  n'y 
emploie  jamais  les  enfants.  Dans  les  verreries  et  les  hauts  four- 
neaux l'on  est  obligé  de  travailler  les  dimanches.  La  fonte  du  fer 
et  du  verre  exige  que  l'on  ne  ralentisse  pas  les  opérations  de 
fusion,  si  l'on  ne  veut  pas  être  exposé  a  des  pertes  certaines. 

8*  question.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries, 
les  sexes  et  les  âges? 

réponse.  —  Dans  les  mines,  le  prix  moyen  des  salaires  pour  les 
enfants  est  de  75  centimes;  pour  les  autres  industries  86  centimes. 

9"  question.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie , 
l'avantage  que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfants, 
de  préférence  aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent  les  familles 
d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

hépohse.  —  Dans  les  houillères,  il  se  trouve  ordinairement  des 
galeries  qui  n'ont  pas  quatre  pieds  de  hauteur.  Il  est  physique- 
ment impossible  aux  grandes  personnes  d'y  traîner  le  charbon. 
L'on  choisit  de  préférence  pour  ce  genre  de  travail. les  jeunes 
ouvriers.  L'avantage  que  Ton  trouve  à  employer  des  femmes  et 
des  enfants  consiste  encore  dans  l'économie  de  la  main-d'œuvre. 
Cet  avantage,  pour  les  mines,  est  de  50  pour  "/„  dans  le  salaire 
comparé  à  celui  des  ouvriers  adultes.  La  pénurie  d'ouvriers  oblige 
aussi ,  dans  certaines  circonstances ,  à  recourir  aux  entants ,  et  il 
arrive  quelquefois  que  les  parents  de  ceux-ci  ne  voient ,  dans  leur 
emploi ,  que  l'expérience  qu'ils  peuvent  acquérir  pour  l'avenir. 

Si  les  femmes  et  les  enfanta  ne  travaillaient  pas  dans  les  mines, 
il  en  résulterait  nécessairement  une  augmentation  dans  le  prix  de 
la  main-d'œuvre.  Souvent  les  bras  manqueraient  :  la  journée  des 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  CHARLEROY.  143 

ouvriers  étant  plus  forte ,  une  plus  grande  élévation  aurait  lieu 
dans  le  prix  des  produits.  On  sait  qu'il  importe  que  les  produits 
s'obtiennent  au  contraire  avec  économie  et  qu'ils  se  vendent  à  des 
prix  qui,  n'étant  pas  élevés,  permettent  de  supporter  la  concur- 
rence des  établissements  situés  à  l'étranger. 

10*  question. — L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-H  impé- 
rieusement que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  mérou 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

jiÈKwisR.  —  Oui ,  pour  l'ensemble  du  travail.  En  général ,  les 
ouvriers  principaux  sont  habitués  au  travail  de  leurs  aides;  si  ces 
derniers  venaient  a  leur  manquer  ou  à  être  changés  à  certaine 
heure,  il  en  résulterait  pour  eux  une  perte  de  temps ,  et  la  régu- 
larité de  leur  service  serait  entravée. 

11*  question.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers 
l'instruction  et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position  ?  Quelle 
est  aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut  ? 

bkfokse.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent  se  con- 
cilier avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'instruction 
et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position.  Il  serait  bon  d'exa- 
miner quels  avantages  pourrait  leur  procurer  rétablissement  d'écoles 
du  soir.  Nous  croyons  que,  pour  assurer  le  succès  de  ces  écoles, 
il  faudrait  obliger  les  enfants  à  les  fréquenter  après  leur  journée. 

A  l'âge  de  douze  à  treize  ans,  les  jeunes  ouvriers  possèdent 
généralement  à  peine  les  premières  notions  de  leur  religion  ;  à 
peine  savent-ils  lire  et  écrire.  Les  écoles  de  village  qu'ils  peuvent 
fréquenter  sont  souvent  mal  organisées,  et  la  rétribution  que  l'on 
paye  pour  y  être  admis,  paraît  un  grand  sacrifice  aux  parents. 
La  nouvelle  loi  sur  l'instruction  primaire  ne  remédiera  à  cet 
état  de  choses  qu'autant  que  les  instituteurs  soient  tenus  d'ou- 
vrir leurs  cours  gratuitement.  Il  serait  aussi  à  désirer  que  les 
industriels  employassent,  pour  faire  sortir  de  leur  apathie  les  chefs 
de  famille,  tous  les  moyens  qu'ils  ont  a  leur  disposition. 

12'  question.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'Age, 
la  limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux? 
kevokse.  —  De  douze  a  quatorze  ans. 


laty  Google 


li6     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

13'  question.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  journée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants  ?  Gomment  gra- 
duerîez-vous  cette  durée  selon  les  Ages? 

kbpofsk.  —  A  tout  Age  le  travail  d'un  enfant  peut  durer  aussi 
longtemps  que  le  travail  d'un  autre  ouvrier ,  parce  que  le  travail 
de  l'enfant  est  proportionné  à  ion  âge  «t  &  ses  forces. 

Si  l'on  cherche  à  graduer  la  durée  du  travail  des  femmes  et  des 
enfants  employés  dans  toutes  les  industries  connues  dans  notre 
arrondissement ,  l'on  perdra  les  avantages  d'économie  que  pré- 
sente l'organisation  actuelle,  et  nous  ne  voyons  pas  trop  au  moyen 
de  quel  système  on  pourrait  le  remplacer. 

14"  question.  —  Jusqu'à  quel  Age  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers? 

réponse.  —  Nous  ne  voyons  pas  trop  quels  avantages  on  obtien- 
drait en  interdisant  le  travail  de  nuit  aux  jeunes  ouvriers.  Ce 
n'est  pas  ce  travail  qui  fatigue  la  jeunesse,  mais  l'excès,  ou  le  genre 
d'occupation  auquel  elle  se  livre.  Il  est  des  établissements  dans 
lesquels  un  enfant  peut  travailler  huit  heures  sans  aucun  incon- 
vénient pour  sa  santé,  tandis  que  dans  d'autres  il  ne  peut  être 
employé  que  la  moitié  de  ce  temps. 

15*  question.  —  Me  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  Age  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

réponse.  —  L'interdiction,  jusqu'à  un  certain  Age,  de  l'emploi 
des  enfants  dans  les  établissements  insalubres  ou  dangereux  doit 
avoir  lieu.  Mais  il  nous  est  impossible  de  ranger  dans  cette  caté- 
gorie les  verreries  et  les  établissements  qui  travaillent  ou  produi- 
sent le  fer.  Quant  aux  houillères,  dans  lesquelles  le  gaz  hydrogène 
carboné  se  dégage  en  trop  grande  quantité,  elles  présentent  des 
inconvénients  que  nous  ne  voulons  pas  contester.  Mais  comment  y 
remédier?  Là  est  la  question.  Il  nous  semble  que  l'on  pourrait 
recommander  aux  ingénieurs  des  mines  de  surveiller  scrupuleuse- 
ment les  exploitations  à  grisou ,  en  leur  donnant  la  faculté  d'y 
interdire  la  présence  des  enfants,  quand  ils  le  jugeraient  nécessaire. 

16'  question-  —  A  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques  ,  etc. ,  sans  qu'aucune  restriction 
fut  apportée  à  la  durée  de  son  travail? 

aéronsE.  —  A  quatorze  ans  pour  les  garçons ,  et  à  quinze  ans 
pour  les  filles. 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  CUARLEROY.  127 

17*  question. —  Pour  satisfaire  à  tout  les  intérêts,  ne  pourrait- 
on  pas  former,  comme  en  Angleterre,  des  brigades  d'enfante  qui 
travailleraient  alternativement  en  se  relayant  à  de  certains  inter- 
valles? 

18"  question.  — En  cas  d'affirmative  ,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant,  par 
exemple,  deux  brigades  d'enfants,  qui  travailleraient  l'une  le  malin, 
l'autre  l'après-midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail 
avec  ceux  de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers? 

19°  question.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers 
et  l'augmentation  de  leur  aptitude  ?  - 

B.  Par  le  travail  que, cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers 
plus  âgés? 

aspONSB.  ■ —  Ce  mode  nous  parait  impraticable  dans  la  plupart 
de  nos  industries.  Il  serait  peu  avantageux  de  changer  les  anciennes 
habitudes.  L'on  n'obtiendrait,  d'une  innovation,  qu'un  surcroît 
de  charges,  et  les  relais  ne  seraient  profitables  ni  aux  industriels, 
ni  aux  enfants  eux-mêmes.  Que  deviendraient  ils  pendant  les 
heures  de- repos?  Voilà  ce  que  nous  nous  demandons.  Seraient-ils 
abandonnés  a  eux-mêmes?  retourneraient-ils'  chez  eux,  quelque- 
fois a  une  distance  d'une  lieue?  les  mettrait-on  en  surveillance 
pour  les  empêcher  d'exécuter  les  idées  que  l'oisiveté  pourrait  leur 
suggérer?  Cela  nous  parait  impossible  à  réaliser  en  pratique  sans 
de  nouveaux  inconvénients.  • 

Nous  croyons  que  les  relais  seraient  en  généra)  peu  convenables 
pour  les  propriétaires  ou  industriels;  les  ouvriers  eux-mêmes 
paraissent  ne  pas  les  désirer.  Le  chef  de  famille  ne  fait  travailler 
ses  enfants  que  pour  en  tirer  bénéfice.  Si  l'on  diminue  la  durée  de 
leur  labeur,  le  taux  de  la  journée  s'amoindrira.  D'un  autre  côté, 
les  allées  et  venues  des  brigades  d'enfants  apporteront  la  pertur- 
bation dans  les  travaux.  A,  leur  remonte,  à  leur  descente,  l'enlè- 
vement de  la  marchandise  extraite  sera  suspendu  ;  puis,  la  perte 
de  temps  que  le  parcours  d'un  lieu  à  un  autre  peut  occasionner, 
n'est-elle  pas  aussi  de  nature  à  rendre  nul  le  repos  qui  leur  serait 
accordé? 

De  tout  ce  qui  précède, .il  résulte  que  nous  ne  voyons  aucun 


DglizedOy  GOOgle 


128     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  SE  COMMERCE, 
avantage  dans  la  réduction  de  la  durée  du  travail  pour  les  enfanta, 
■ni  pour  l'amélioration  physique  ou  morale  des  jeune*   ouvriers, 
ni  pour  le  surcroît  de  travail  que  cette  mesure  pourrait  procurer 
aux  ouvriers  plus  âgés. 

B.  —  Question»  hygiéniques  et  économiques. 

20"  qcestioh.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

répohse.  —  Les  travaux  si  pénibles  auxquels  se  livrent  les  ou- 
vriers des  mines,  occasionnent  un  développement  très-inégal  des 
différentes  parties  du  corps.  Les  organes  très-exercés  acquièrent  un 
énorme  développement,  les  autres  restent  faibles  et  chétifs.  La 
poitrine,  les  épaules,  se  fortifient  aux  dépens  des  jambes  ;  des 
déformations  se  manifestent  dans  la  colonne  vertébrale;  la  taille, 
enfin,  reste  au-dessous  de  ce  qu'elle  est  hors  des  mines.  Toutefois, 
ce  dernier  inconvénient  ne  se  manifeste  guère  que  dans  les  mines 
dont  les  galeries  très-basses  obligent  les  ouvriers  â  se  tenir  con- 
stamment courbés.  Enfin,  le  travail  à  l'intérieur  des  mines  altère 
et  détériore  leur  constitution  physique.  Souvent  leurs  membres 
deviennent  impotents.  En  général,  à  un  âge  où  ils  pourraient  encore 
travailler  s'ils  avaient  exercé  un  autre  métier,  leur  force  muscu- 
laire diminue,  et  ils  sont  incapables  de  continuer  leur  travail.  Ce  tra- 
vail est,  pour  eux,  la  source  de  souffrances  et  de  maladies  souvent 
mortelles,  dont  ils  contractent  les  germes  dès  leur  tendre  jeunesse, 
maladies  qui  s'aggravent  lentement,  prennent  un  caractère  formi- 
dable entre  trente  et  quarante  ans,  et  entraînent  communément  la 
mort  peu  après  l'âge  de  cinquante  ans.  Un  autre  effet  de  ce  travail 
funeste  est  un  retard  extraordinaire  de  la  puberté.  Le  travail  des 
enfants  dans  les  mines  de  bouille,  à  l'âge  trop  tendre  où  ils  com- 
mencent, ralentit  l'accroissement  de  ces  jeunes  ouvriers,  allonge 
ainsi  la  période  de  l'enfance,  raccourcit  celle  de  la  virilité,  en 
engendrant,  dès  les  premières  années  de  l'âge  adulte,  de  graves 
maladies  qui  affaiblissent  et  épuisent  bientôt  la  constitution  phy- 
sique et  accélèrent  la  perte  de  toutes  leurs  forces.  C'est  à  ce  point 
que,  pour  beaucoup  de  ces  ouvriers,  la  vieillesse  arrive  à  quarante 
ans,  et  que,  comme  nous  venons  de  le  dire,  ils  meurent  beaucoup 
plus  tôt  que  les  autres.  Mais,  comme  l'exploitation  des  mines  est  un 
fait  nécessaire,  ce  qu'il  faut  condamner  et  empêcher,  ainsi  que  nous 


^y  Google 


'  CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  CHÀRLEROÏ.  129 

Tarons  déjà  'dit,  ce  n'est  point  celte  exploitation  elle-même,  nais 
la  manière  dont  elle  se  fait;  le  manque  de  précautions  de  la  part 
des  propriétaires  ;  le  mélange  immoral  des  sexes;  ce  sont  des  travaux 
qui  excèdent  les  forces  des  enfants,  arrêtent  leur  croissance,  défor- 
ment leur  corps,  ruinent  leur  santé,  abrègent  leur  rie  et  éteignent 
même  leurs  facultés  intellectuel  les. 

Nous  avons  parié  de  la  santé  des  ouvriers  dans  les  mines  ;  il  nous 
reste  à  dire  un  mot  sur  l'état  sanitaire  des  ouvriers  employés  dans 
les  autres  industries. 

$1*  qobstioh.  — Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  aux?  . 
quelles  ils  sont  sujets? 

aiMKsx.  —  Des  accidents.  très>graves  ont  assez  souvent  lieu 
dans  les  mines  de  bouille  ;  1rs  plus  fréquents  sont  des  éboulements 
ou  cbutes  de  pierres  ou  de  houille  dans  l'intérieur  des  galeries, 
et  les  explosions  des  gaz  inflammables  qui  y  sont  très-communes. 
Ces  explosions  ébranlent,  renversent,  détruisent  tout,  asphyxient, 
brûlent  les  ouvriers,  les  tancent  au  loin  par.  la  forcé' du  courant 
qui  se  produit,  et  les  écrasent  sous  des  éboulements  de  terre  ou  de 
rochers.  Souvent  encore  les  cordes  employées  a  monter  ou  a  des- 
cendre les  ouvriers  ne  sont  pas  assez  fortes  ou  sont  trop  usées,  et 
d'effroyables  accidents  en  sont  quelquefois  la  conséquence.  Un 
ennemi  redoutable  de  l'ouvrier  mineur,  et  que  nous  ne  devons  pas 
oublier  de  citer,  est  l'eau ,  contre  laquelle  il  cherche  à  se  pré- 
munir; une  irruption  de  cet  élément  amène  là  mort  dans  les 
exploitations  houillères.  On  a  vu  dix,  vingt,  quarante  ouvriers 
périr  ainsi  .à  la  fois,  et  en  1828,  un  semblable  malheur,  arrivé 
dans  les  environs  de  Charleroy,  fit  soixante  victimes, 

Les  maladies  les  phis  fréquentes  des  jeunes  ouvriers  mineurs 
sont  les  perturbations  des  fonctions  du  canal  digestif,  les  affec- 
tions des  voies  de  la  respiration  ;  puis  les.  rhumatismes.  Un  autre 
genre  d'affection  chronique  existe  aussi  chez  l'ouvrier  mineur  : 
pous  voulons  parler  des  scrofules. 

Dans  les  autres  industries,  notamment  dans  les  verreries,  les 
souffleurs,  a  cause  de  l'exercice  forcé  et  permanent  de  l'organe 
respiratoire,  sont  éminemment  disposés  aux  inflammations  de 
poitrine,  à  la  pneumonie,  a  la  pleurésie,  à  la  pieuro- pneumonie. 
Les  affections  du  coeur,  sous  l'influence  de  la  même  cause,  ne  sont 
pas  rares  chez  eux  :  de  la,  les  dilatations  anévrismales  du  coeur  et 


v  xodvOoogle 


ISO    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


de*  gros  vaisseaux.  Le*  organe*  digestifs  «ont  aussi  fréquem 
malades,  par  suite  de  la  chaleur  intense  a  laquelle  ils  sont  cipoiés 
et  de  l'abondante  transpiration  qui  enlève  continuellement  au  sang 
une  quantité  de  son  sérum. 

Les  ouvriers  sont  aussi  très-disposés  aux  ophthalmies  aiguës  et  1 
plusieurs  autres  affections  de  Ijceil ,  telles  que  l'amaurose  et  la 
cataracte.  Il  va  de  soi  que  les  brûlures  doivent  être  assez  communes 
cbei  eux. 

Les  forgerons  sont  exposés  aux  mêmes  maladies  que  les  ouvriers 
verriers,  moins  les  maladies  de  poitrine  et  du  système  circulatoire, 
auxquelles  les  verriers  sont  plus  exposés,  par  la  raison  que  nous 
avons  mentionnée  plus  haut.  Outre  les  autres  affections  qui  leur 
sont  communes  avec  les  verriers,  ils  sont,  plus  qu'eux,  exposés  aux 
brûlures  et  aux  accidents  externes,  résultant  du  maniement  de 
fardeaux  plus  ou  moins  lourds. 

Indépendamment  des  affections  ci-dessus  indiquées,  auxquelles 
les  ouvriers  de  l'une  et  de  l'autre  catégorie  sont  exposés,  il  n'est  pas 
rare  de  les  voir  atteints  d'affections  rhumatismales,  suites  de  la 
transition  du  chaud  au  froid,  ou  de  la  suppression  de  la  transpira- 
tion, qui  provient  de  ce  qu'ils  s'exposent  aux  averses,  étant  en  sueur. 

22"  QTjESTiow.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier?    - 

réïonse.  —  Les  ouvriers,  en  général,  se  nourrissent  de  pain 
de  froment,  de  café  au  lait,  et  de  pommes  de  terre.  Le  dimanche 
ils  mangent  de  la  viande  ou  prennent  du  bouillon. 

25*  question.  —  Gomment  est-il  logé  d'ordinaire  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 

réponse.  —  Beaucoup  d'ouvriers  sont  logés  dans  des  maisons 
qui  leur  appartiennent  ;  d'autres  louent  des  maisons  qui,  le  plus 
souvent,  sont  la  propriété  des  établissements  dans  lesquels  ils  sont 
employés.  La  location  varie  de  4  à  6  francs  par  mois. 

24*  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-i!  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations  ? 

BÉPonsK.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a  varié  beaucoup  depuis 
trente  ans.  Il  était  peu  élevé  de  1815  à  1821;  il  a  augmenté  en 
suivant  le  prix  des  céréales  après  cette  époque.  De  1855  a  1838, 
il  avait  doublé.  Il  est  revenu  aujourd'hui  à  peu  prêt  au  même  taux 
qu'en  1850. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  CHARLEROÏ.  131 

Il  y  «  environ  vingt  ans,  le  Salaire  des  ouvriers  mineurs  était  : 

Pour  les  hommes  faits.      .     .     .     .       fr.     1  40  à  1  60 

Pour  les  femmes  et  les  enfants.    .     .     .     .     »    80  à  1  10 

En  1837-58-59,  il  était: 

Pour  les  hommes  faits 5     »  à  4    • 

Pour  les  femmes  et  enfants 1  80  à  2  50 

Il  est  maintenant  : 

Pour  les  hommes  faits ,  de. 1   80  4  2  25 

Les  ouvriers  qui  travaillent  a.  la  tache  Ou  à  la  pièce  peuvent 

gagner  de  3  fr.  25  a,  2  fr.  75. 

Le  salaire  est  plus  élevé  dans  les  établissements  de  métallurgie. 

Dans  les  verreries,  le  salaire  de  la  journée  des  ouvriers  souffleurs 

peut  être  évalué,  terme  moyen,  a  6  fr.  par  jour,  dimanches  et 

fêtes  compris. 

Depuis  1 836,  le  salaire  des  verriers  a  éprouvé  peu  de  variations. 
En  été  comme  en  hiver,  il  est  au  même  taux. 

25*  oownoa.  —  Le  salaire  actuel  sufljt-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-il  faire  des  économies? 


aironsE.  — •  En  1840,  l'ouvrier  ne  pouvait  guère  faire  d'éco- 
nomies. Son  salaire  suffisait  à  peine  pour  satisfaire  a  ses  besoins 
indispensables.  Plusieurs  avaient  non  tracté  des  dettes.  Aujourd'hui, 
s'ils  parviennent  à  les  couvrir,  il  faut  l'attribuer  à  l'emploi  qu'ils 
ont  trouvé  ailleurs  que  dans  nos  établissements  industriels,  par 
exemple,  dans  les  entreprises  de  chemins  de  fer. 

26*  guKsnofT.  —  A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entrelien  et  de  celui 
de  sa  famille? 

aifOKSE.  —  L'ouvrier  n'a  pas  l'habitude  d'économiser.  Quand 
le  salaire  augmente,  il  se  nourrit  mieux.  S'il  fait  des  économies,  elles 
sont  presque  nulles. 

27*  qdestion.  —  Quelle  est,  en  général,  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort  ? 

BirOKSi.  —  La  grande  majorité  des  ouvriers  ne  sait  ni  lire  ni 
écrire.  Cependant  depuis  quelque  temps  des  écoles  s'organisent. 
C'est  vers  ce  but  que  le  gouvernement  devra  faire  converger 
ses  moyens  d'action.  C'est  par  les  écoles  qu'on  pourra  obtenir 
l'amélioration  de  l'état  moral  des  ouvriers.  Les  jeunes  ouvriers 


^y  Google 


152      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

mineurs  sont,  en  général,  de -petits*  brute*,  si  nous  pouvons  nous 
exprimer  ainsi ,  et  la  plupart  apprennent  ce  qui  est  nécessaire  a 
leur  éducation  religieuse  plutôt  par  instinct,  par  imitation,  que  par 
intelligence. 

28'  question.  ■ —  Sont-ils  adonnés  a  l'ivrognerie  ? 

bétokse.  —  L'ouvrier  mineur  est  sobre  pendant  le  travail.  On 
peut  lui  reprocher,  cependant,  de  faire  régulièrement  de -trop 
grandes  libations,  les  dimanches  et  les  jours  fériés, 

29*  question.  — Y  en  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage  ? 

keponsb,  —  On  observe  des  cas  de  concubinage  dans  les  com- 
munes populeuses.  Nous  devons  cependant  dire  qu'ils  Sont  très- 
rares,  et  sous  le  rapport  du  mariage  civil,  l'ouvrier  mineur  cherche 
peu  a  éluder  les  prescriptions  légales.  Il  n'en  est  pas  toujours  de 
même  sous  le  rapport  religieux. 

30*  question.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont -elles 
ordinairement  bonnes  ?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la 
confusion  des  seies  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  leur 
être  nuisibles  ? 

nironsB.  —  Tous  les  témoignages  s'accordent  sur  la  démoralisa- 
tion qui  résulte  de  l'emploi  des  femmes  dans  les  travaux  souter- 
rains des  mines.  Les  ouvrières  tiennent  volontiers  des  propos  indé- 
cents, et  n'ont  pas  toujours  la  pudeur  qui  convient  aux  femmes. 
Un  grand  nombre  parmi  elles  sont  mères  ou  enceintes  avant  de  se 
marier. 

■  31*  Quignon.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'incon- 
duîlede  l'ouvrier? 

réponse.  —  La  cause  de  l'inconduite  de  l'ouvrier  provient  de 
l'abandon  dans  lequel  souvent  il  est  laissé,  de  son  défaut  d'instruc- 
tion et  des  mauvais  exemples  qu'il  a  parfois  sous  les  yeux. 

33*  questiok.  —  Exisle-t-il,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral ,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes? 

S.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  ou  isolé- 
ment? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître  ? 

kbpokse,  —  tl  existe  une  différence  marquée  entre  les  ouvriers 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  CBARLKROï.  135 

des  Villa  et  ceux  des  campagne».  Le  moral  des  premiers  est ,  en 
général ,  meilleur.  Les  ouvriers  Terriers  forment  cependant  une 
exception.  Ils  reçoivent  ordinairement  le  même  degré  d'instruc- 
tion que  certains  ouvriers  des  ville». 

35"  onitBTio».  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes?  Quelles  seraient  les  réformes  a.  y  apporter? 

iffOKSK.  —  Nous  n'en  voyons  aucun,  quand  les  livrets  sont  bien 
tenus. 

54*  QUBsnoH.  —  Y  a-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction  ,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion ,  à  l'extérieur  ou  à  domicile  ? 

kbtobse.  —  Les  mesures  protectrices  de  l'enfance  noua  parais- 
sent devoir  être  étendues  à  tons  les  établissements  d'industrie. 

55*  QugsTioif.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son 
bien-être  physique  et  moral? 

aipoRga.  —  Les  caisses  de  prévoyance  et  les  caisses  d'épargne. 

36"  question.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduction 
de  la  durée  du  travail ,  les  moyens  propres  i  améliorer  la  condi- 
tion des  jeunes  ouvriers  ? 

afiponsE.  —  L'établissement  d'écoles  primaires  j  la  nomination 
de  bons  instituteurs  pour  les  desservir. 

Cbarleroy,  le  S  novembre  1843. 

L»  Secrétaire,    ■  Le  Président, 

Hasabt.  Jules  Faison. 


Diglizedey  GOOgle 


154      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBHES  DE  COMMERCE. 


fil  JVtsmwtMW  it  Çoiumueuc  it  Sa  ywiiuu  de  Aomm 

Iiwuj,  li  îl  ikmkn  «Uî, 
Moasuna  lk  GouruaiuK, 

Les  branches  d'industrie  qui  s'exploitent  dans  notre  arrondîsse- 
menl  «ont  nombreuse»,  et  elle»  diffèrent  tellement  entre  elle»,  qu'il 
eût  été  impossible  de  formuler  une  réponse  qui  pût  convenablement 
•'appliquer  à  la  totalité  de  nos  jeunes  ouvriers. 

Nous  avons  donc  cru  convenable  de  prier  chacun  des  membres 
de  notre  collège  de  nous  transmettre  une  réponse  particulière. 
Nous  en  joignons  ici  la  copie ,  ce  qui  nous  permettra  de  réduire 
notre  résumé  et  nous  évitera  de  retomber  dan»  de»  redite»  nom- 
breuses. 

En  général,  la  condition  des  jeunes  ouvriers  dans  les  fabrique» 
de  notre  ressort,  ne  laisse  point  tant  à  désirer  qu'on  parait  habi- 
tuellement le  supposer.  Leur  nombre  est  assez  restreint ,  et  aucun 
ne  parait  chez  nous  assujetti  a  Un  travail  au-dessus  de  ses  forces 
physique».  Jamais  de  travail  de  nuit,  ni  de  travail  le  dimanche.  Le 
concours  des  enfants,  pendant  toute  la  durée  du  travail,  est  indis- 
pensable à  presque  tous  les  genres  de  fabrication  ;  il  est,  pour  les 
parents,  une  ressource  de  toute  nécessité ,  non-seulement  a  cause 
de  la  portion  de  salaire  qu'il  rapporte,  mais  aussi  parce  qu'il  allège 
le  poids  de  la  surveillance  que  l'on  doit  constamment  exercer. 
Impossible  de  songer  a  deux  brigades  de  jeune»  ouvriers;  on 
éprouve  mille  difficultés  pour  en  composer  une  seule.  Mais  fussent' 
ils  nombreux ,  nous  n'oserions  conseiller  encore  de  recourir  a  ce 
moyen.  Pendant  la  moitié  du  jour,  les  enfants,  le  plu»  souvent 
abandonné»  à  eux-mêmes,  courraient  mille  foi*  plu»  de  dangers 
que  dans  l'intérieur  de  no»  usines. 

Sans  nul  doute  ,  nous  applaudissons  aux  vues  philanthropiques 
qui  animent  les  homme»  qui  veulent  améliorer  la  condition  de 
cette  portion  ai  intéressante  de  notre  population.  Hais  nous  en- 
trevoyons certaines  difficultés  que  nous  croyons  insurmontables. 
Ce  que  nous  voudrions  pourtant ,  c'est  que  les  enfants  ne  fussent 
reçus  dans  les  fabriques  qu'après  leur  première  communion ,  et 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURÏUY.  15S 

que  jwque-14  tout  fut  mît  eu  oeuvre  pour  leur  apprendre  au  inoins 
à  lire  et  à  écrire.  Une  chose  des  plus  frappantes  dans  les  rensei- 
gnements que  nous  avons  recueillis,  c'est  que  plus  des  neuf  dixièmes 
de  no*  ouvriers  ne  savent  ni  lire  ni  écrire.  Un  pareil  étal  de  choses 
ne  peut  se  perpétuer  en  Belgique.  Ce  ne  serait  pat  trop,  ce  nous 
semble,  que  d'exiger  que  l'enfant,  avant  d'entrer  dans  une  fabrique, 
possédât  au  moins  cette  première  partie  de  l'instruction.  Puis,  s'il 
a  le  désir  de  continuer  a  s'instruire,  il  en  trouverait  le  moyen  dans 
les  écoles  dominicales  ou  dans  celles  de  midi  et  du  soir. 

Quant  aux  questions  hygiéniques  et  économiques,  voici  en  sub- 
■tance  notre  manière  de  voir.  Le*  jeunes  ouvriers  sont,  en  gé- 
néral ,  beaucoup  mieux  dans  les  vastes  locaux  de  nos  fabriques , 
qu'enfermés  chez  leurs  parents  dans  les  plus  tristes  cloaques. 
Employés  a  des  travaux  qui,  comme  nous  l'avons  dit,  ne  sont  point 
au-dessus  de  leurs  forces,  ils  ne  sont  pas  plus  exposés  qu'ailleurs 
aux  maladies  et  aux  infirmités.  Une  seule  choie  leur  manque  tou- 
jours, c'est  une  alimentation  plus  substantielle;  mais  c'est  aux 
parents  a  la  leur  donner,  et  ils  le  pourraient  le  plus  souvent,  si  un 
esprit  de  conduite  et  de  prévoyance  présidait  à  leur  ménage.  Hais 
malheureusement  il  n'en  est  point  ainsi  :  les  sept  huitièmes  de  nos 
ouvriers  mangent,  le  dimanche  et  le  lundi,  toutes  les  économies  de 
la  semaine ,  et  leur  position  ne  s'améliore  pas  ;  et,  chose  remar- 
quable encore ,  c'est  que  ceux  de  nos  ouvriers  qui  perçoivent  les 
salaires  les  plus  élevés  sont  presque  toujours  les  plus  gènes. 

Prise  en  masse,  la  journée  .de  l'ouvrier  est  augmentée,  et  il 
pourrait,  s'il  était  sage,  trouver,  sinon  à  faire  des  économies,  au 
moins  à  se  procurer  une  existence  convenable.  Malheureusement, 
et  c'est  peut-être  aussi  un  mal  sans  remède,  les  objets  qui  servent  à 
l'alimentation  de  l'ouvrier  lui  coûtent  cher,  parce  que,  par  impré- 
voyance ou  par  nécessité,  il  n'achète  qu'en  petite  quantité  et  tou- 
jours chez  des  revendeurs  qui  veulent  faire  de  gros  bénéfices.  Cette 
réflexion  ne  peut  manquer  de  se  présenter  à  l'esprit,  lorsque  l'on 
sait  que  dans  tous  nos  établissements  publics  on  parvient  a  donner 
aux  pauvres,  moyennant  29  ou  50  centimes  par  jour,  une  nourri- 
ture qui  comprend  la  viande,  le  pain  à  discrétion,  et  parfois  de  la 
bière.  Bans  notre  ville,  M.  le  Gouverneur,  les  institutions  utiles 
4  la  otasse  Ouvrière  ne  manquent  pas  :  outre  les  écoles  gratuites 
de  tout  genre ,  et  les  nombreux  refuges  ouverts  aux  malheureux 
par  la  commission  des  hospices  civils ,  Le  bureau  de  bienfaisance 
distribue,  chaque  année  ,  en  secours  mensuels,  une  somme  qui  a 


^y  Google 


138     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

varié  de  40  A  60,000  francs.  Et  pourtant,  c'est  chose  pénible  a 
dire:  quoi  que  l'on  fasse,  il  est  presque  toujours  impossible  d'in- 
culquer  cet  esprit  de  prévoyance  qui  sauverait  l'ouvrier,  s'il  prêtait 
l'oreille  aux  conseils  qui  lui  sont  donnés*  Ce  secours  est  presque 
toujours  dissipé  A  l'instant  même ,-  et  la  misère  reste. 

'Les  ouvriers  des  campagnes  gagnent  moins  que  ceux.de  nos 
fabriques,  et  pourtant  ils. sont  plus  i  l'aise,  parce  qu'ils  sont  plus 
économes  et  plus  sobres.  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont 
souvent  aussi  meilleures  au  village,  parce  qu'elles  travaillent  en 
famille;  aussi  eauil  A  désirer  que  les  ouvriers  de  fabriqué  des 
deux,  sexes  soient  séparés;  mais  c'est  encore  une  de  ces  impossi- 
bilités, devant  lesquelles  il  faudra  nécessairement  reculer,  dans  l'in- 
térêt de  l'industrie*  - 

En  général,  ce  n'est  pas  l'augmentation  des  salaires  qui  pourrait 
améliorer  la  condition  des  ouvriers,  car  l'expérience  nous  prouve 
que  ceux  qui  gagnent  assez  pendant  deux  ou  trois  jours  pour  fournir 
à  l'entretien  de  leur  famille  durant  la  semaine  entière,  restent  oisifs 
les  autres  jours,  et  se  livrent  le  plus  souvent  A  la  débauche.  Le 
moyen  le  plus  efficace,  selon  nous,  de  remédier  A  cet  état  de  choses, 
c'est  de  propager  l'instruction  morale  el  religieuse  dans  la  classe 
ouvrière.  Que  l'on  s'efforce  de  donner  A  l'ouvrier  le  sentiment  de 
sa  dignité  d'homme;  qu'on  lui  fasse  comprendre  qu'avec  de  l'ordre 
et  de  la  conduite  il  peut  rendre  sa  position  heureuse;  qu'on  institue 
des  récompenses  pour  ceux  qui  se  comportent  bien;  que  l'on  soit 
sévère  pour  ceux  qui  commettent  des  délits,  et  un  jour,  peut-être  t 
on  verra  s'opérer  une  réforme,  sinon  générale,  du  moins  dans  une 
grande  partie  des  ouvriers.. 

Parmi  les  institutions  susceptibles  d'augmenter  le  bien-être  phy- 
sique et  moral  de  l'ouvrier,  nous  avons,  en  première  ligne,  dans 
notre  ville,  une  caisse  d'épargne,  où  tous  les  avantages  lui  sont 
assurés.  Un  secours  proportionné  A  sa  mise  lui  est  garanti  en  cas 
de  maladie  ou  d'empêchement ,.  et  cela  indépendamment  de  l'in* 
térêt  annuel  qui  n'est  point  inférieur  A  4*/D.  Ce  secours  hebdoma* 
daire,  proportionnellement  assez  élevé,  devrait  paraître  très-avanta- 
geux A  l'ouvrier;  malheureusement  il  n'en  est  point  ainsi:  ce  secours; 
il  le  trouve  A  peu  près  égal  dans  une  foule  de  diverses  sociétés  créées 
en  ville  par  les  ouvriers  entre  eux.  LA ,  aur  moyen  d'une  retenue 
volontaire  de  quelques  centimes,  on  se  vient  naturellement  en  aide, 
s'il  y  a  maladie ,  et  le  fonds  de  caisse  est  employé  chaque  année  A 
célébrer  quelque  fêle  patronale,  qui  ne  dure  pas  moins  de  trois» 


ïsfeedtv  Google 


.    ■     .    CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNAY,  137 

ou  quatre  jours,  et  pendant  laquelle  i|  est  fait  de  nombreuse!  liba- 
'  lions.  Quels  que  soient  les  efforts  qui  aient  été  faits  en  notre  -ville 
pour  déterminer  l'ouvrier  à  participer  aux  caisses  d'épargne,  le 
plus  grand  nombre  des  déposants  se  compose  encore  de  domesti- 
ques et  de  petits  rentiers.    ■ 

Après  les  caisses  d'épargne ,  -viennent'  les  secours  du  bureau  de 
bienfaisance  et  les  distributions  par  les  maîtres  des  pauvres.  Mais 
là  encore  tout  le  bien  que  l'on  pourrait  espérer  n'est  point  atteint. 
L'esprit  d'imprévoyance  l'emporte,  et  souvent  l'ouvrier  a  dissipé 
d'avance  la  petite  somme  mensuelle  qui  lui  est  donnée,  et  qu'il  finit 
par  considérer  comme  un  droit  acquis.  Aussi ,  les  distributions  .en 
argent  diminuent-elles  chaque  année,  pour  être  remplacées  par  des 
dons  eh  vêtements  ou  en  objets  de  couchage.  Mais  il  reste  encore  plus 
d'un  genre  d'abus,  et  ce  Serait  une  belle  lâche,  pour  un  adminis- 
trateur, d'examiner  la  question  de  savoir  si  la  somme  considérable 
qui  est  distribuée  en  secoure  aux  ouvriers ,  ne  recevrait  pas  une 
meilleure  destination  si  on  l'employait  à  ériger  un  établissement 
quelconque  destiné  à  l'amélioration  ou  au  soulagement  de'  la  classe 
ouvrière.  . 

Veuilles  agréer,  M.  te  Gouverneur,  l'assurance  dé  nos  senti- 
ments distingués. 

Le  Secrétaire ,  Pour  le  Président  absent , 

ïft  ÀLLAKD.  E.    DaJ.111». 


Annexes  à  la  lettre  de  la  Chambre  de  commerce  de  Tourna}'. 


À.  —  Questions  spéciale»  au  travail  de»  enfants. 

fonasTioii.  .—  Quelles  sont,  dans  votre  ressort ,  les  industries 
où  l'on  emploie  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et 
dans  quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

2*  osbstioh.  —  A  quel  âge  admet-on ,  en  général ,  les  enfants 
dans  ces  établissements  ? 

5*  QcssTiofl,  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 


DglizedOy  GQOgle 


138    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

enfants  ?  Quels  sont  ceux  de  ce»  travaux  que  tous  regardez 
comme  nuisibles  à  leur  santé? 

4"  question.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants  ?  Signales  les  cas  où  cette  durée  vous 
parait  excessive. 

5*  question.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier? Sont-ils  suffisants? 

6*  question.  — Les  enfants  et  les  ouvriers  sont-ils  parfois  occupés 
la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se  com- 
bine-l-il  avec  le  travail  de  jour  ? 

7*  question  .  —  Y  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  roet-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux? 

8*  question.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers ,  en  spécifiant,  autant  que  possible ,  les  industries , 
les  sexes  et  les  âges  ? 

9*  question.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  brandies,  l'avantage 
que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfants,  de  préfé- 
rence aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment  de 
l'augmentation  des  salaires ,  les  avantages  que  retirent  les  familles 
d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

10*  QCBSTHw.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige- t-îl 
impérieusement  que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

1 1  *  question.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position  ?  Quelle  est 
aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut? 

12°  question.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'âge, 
la  limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux? 

13*  question.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants?  Comment  gra- 
dueriez-vous  cette  durée  selon  les  âges? 

14*  question.  —  Jusqu'à  quel  Age  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers  ? 

15*  question.  —  Me  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNAÏ.  159 

un  certain  âge  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

16*  qubstioit.  —  A  quel  âge  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques ,  etc. ,  sans  qu'aucune  restriction 
fut  apportée  a  la  durée  de  son  travail  ? 

17'  QCESTiofl.  — Pour  satisfaire  a  tous  les  intérêts,  ne  pourrait- 
on  pas  former,  comme  en  Angleterre ,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement,  en  se  relayant  a  de  certains  inter- 
valles? 

18*  QutanoH.  —  En  cas  d'affirmative ,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant,  par 
exemple,  deux  brigades  d'enfants  qui  travailleraient  l'une  le  matin, 
l'autre  l'après-midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail 
avec  ceux  de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers? 

19*  quxbtior.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés: 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers 
et  l'augmentation  de  leur  aptitude? 

h.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 

B.  —  Questions  hygiéniques  et  économiques, 

20*  question.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

SI*  question.  —  Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  auxquelles 
ils  sont  sujets? 

22*  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier? 

23* question.  ■ —  Comment  est-il  logé  d'ordinaire,  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 

24*  QtrxsTioii.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations  ? 

25'  question.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable  ?  Peut-il  faire  des  économies  ? 


^y  Google 


140     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

26*QtrssTio*. —  À  combien  estimez- vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine ,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de 
celui  de  sa  famille  ? 

27*  qdestiox.  —  Quelle  est  en  général  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  voire  ressort  ? 

28*  QDBSTioir.  —  Sont-ils  adonnés  &  l'ivrognerie. 

29'  ouebthm.— -  Y  en  a-t-il  beaucoup  qui  ment  en  concubinage  7 

30*  qukstios.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 
nairement bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la  con- 
fusion des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  leur 
être  nuisibles? 

31*  question.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  Tiucon- 
duite  de  l'ouvrier? 

32*  oossTion.  —  Exîste-t-il,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  ; 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes  ? 

S.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  Ou  isolément? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître? 

53"  QussTioif.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes  ?  Quelles  seraient  les  réformes  à  y  apporter? 

.  54*  qubstiok.  —  T  a-t-ïl  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  .industriels,  ou  conviendrai  lil  de  les  étendre  à  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction ,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile? 

55*  qcbstiôh.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son 
bien-être  physique  et  moral? 

56*  ooBSTion.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail,  les  moyens  propres  à  améliorer  la  con- 
dition des  jeunes  ouvriers? 


-codvCoogle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNÀY. 


i.  ~'E<p««»  faita  pir'MM.  Daluin  el  Vandeuborghï  ils, «np  cmccim 
U  nsrialin  de  bwsterie  à  Team*. 


lnREM8tt. — On  emploie  les  enfants  Agés  de  moins  de  seize  ans, 
dans  la  proportion  de  tin  sur  dix  environ  pour  le  sexe  masculin  , 
et  de  un  sur  quinze  environ  pour  le  sexe  féminin. 

2*.  — En  général,  les  ouvriers  bonnetiers  travaillent  à  domicile. 
Ceslvers  l'Age  de  douze  ans  qu'ils  commencent  leur  apprentissage. 

3*.  —  Les  garçons  font  leur  apprentissage  sur  les  métieri  à 
bas,  etc.  Les  filles  apprennent  à  coudre  et  à  bobiner. 

Ce  genre  de  travail  ne  peut  nuire  aux  garçons,  que  lorsqu'ils  , 
ont  un  mauvais  maître,  maïs  nullement  aux  filles. 

4*.  — .  Environ  douze  heures  :  celte  durée  n'est  pas  excessive. 

5'. — Une  demi-heure  au  déjeuner,  une  heure  et  demie  au  dîner 
et  une  demi-heure  au  goûter.  Ces  intervalles  de  repos  suffisent. 

6".  —  Non,  la  journée  finit  ordinairement  de  huit  à  neuf  heures 
du  soir. 

7*.  —Comme  il  est  dit  à  la  seconde  question,  les  ouvriers  tra- 
vaillent chez  eux'  et  non  dans  des  établissements;  il  est  très-rare 
d'en  trouver  qui  travaillent  le  dimanche. 

8°.  — Pendant  leur  apprentissage,  qui  dure  ordinairement  trois  à 
quatre  années  ,  les  garçons  peuvent  gagner  environ  5  francs  par 
semaine  ;  les  filles  1  franc  50  centimes. 

9\ — Il  est  très-avantageux,  dans  cette  industrie,  d'employer  les 
femmes  et  les  enfants  ;  comme  c'est  toujours  le  obef  de  famille  et 
ses  fils,  lorsqu'il  en  a  d'assez  Agés,  qui  travaillent  sur  les  métiers , 
la  femme  et  les  enfants  préparent  la  matière  première  et  achèvent 
aussi  les  articles  fabriqués,  en  les  cousant,  etc. 

Dans  les  familles  où  le  travail  est  bien  organisé,  on  trouve  plus 
d'aisance  et  plus  de  moralité,  les  enfants  étant  constamment  sous 
la  surveillance  de  leurs  parents. 

10'.  —  Non. 

il".  —  Rien  n'empêche  les  enfants  d'acquérir  l'instruction  et 
l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position  ;  et  s'il  en  est  qui  n'en 
profitent  pas,  c'est  parce  que  les  parents  négligent  de  les  forcer  à 
fréquenter  les  écoles. 


,dby  Google 


Ul     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

12*. — Comme  rien  n'est  force  dan»  cette  industrie,  il  n'y  arien 
à  changer. 

13*.  —  La  durée  du  travail  n'étant  pas  excessive,  il  n'y  a  rien  a 
changer. 

14*.  —  lies  jeunes  ouvriers  ne  travaillent  jamais  la  nuit. 

15".  — {Voir  la  septième  réponse.) 

16*.  —  (Sans  réponse.) 

17*.  —  Dans  cette  industrie  les  ouvriers  ne  dépendent  nullement 
l'un  de  l'autre. 

18*.  —  (Sans  réponse.) 

19*.  —  (Sans  réponse). 

30*.  —  Assez  bonne  dans  les  deux  Âges ,  mais  évidemment  elle 
pourrait  être  meilleure,  si  les  ouvriers  travaillaient  régulièrement 
les  six  jours  de  fa  semaine.  Malheureusement  un  grand  nombre 
non-seulement  ne  travaillent  pas  le  lundi ,  niais  dépensent  encore 
pendant  quelques  jours  de  débauche ,  une  bonne  partie  du  gain 
de  la  semaine  précédente,  qui  est  toute  la  ressource  de  leur 
famille.  Aussi  il  arrive  souvent  qu'ils  manquent  de  tout  à  la  fin  de 
la  semaine  ,  et  c'est  alors  qu'ils  doivent  forcer  le  travail  pour  cou- 
vrir leurs  dépenses  du  commencement  de  la  semaine.  Les  'excès  de 
boisson  d'une  part,  et  l'excès  du  travail  d'autre  part,  surtout  lorsque 
la  nourriture  leur  manque ,  sont  deux  causes  qui  doivent  nuire  à 
leur  santé.  Outre  cela,  les  objets  fabriqués  s'en  ressentent  toujours, 
ce  qui  nuit  au  fabricant. 

21*.  —  Les  ouvriers,  dans  cette  industrie,  sont  beaucoup  moins 
exposés  aux  maladies  et  aux  infirmités  que  dans  aucune  autre. 

22*.  —  Bu  pain,  des  légumes,  rarement  de  la  viande. 

25*.  — Le  logement  peut  coûter  de  1  fr.  à  1  fr.  50  c.  au  plus 
par  semaine,  suivant  la  quantité  de  places  qu'ils  occupent.  La  salu- 
brité laisse  beaucoup  à  désirer  chez  plusieurs  ;  cet  état  est  d'autant 
plus  préjudiciable,  qu'ils  sont  constamment  dans  leurs  habitations, 
dont  plusieurs  sont  peu  aérées,  et  que  leurs  métiers  se  trouvent  le 
plus  souvent  dans  la  même  pièce  où  couche  la  famille  et  où  l'on 
fait  le  ménage,  enfin  où  tout  se  fait,  pour  ceux  qui  n'ont  qu'une 
seule  pièce. 

24*.  —  Le  salaire  des  ouvriers  n'a  pas  changé. 

25*.  —Oui,  s'il  travaillait  régulièrement  les  six  jours  de  la 
semaine  ;  il  en  est  très-peu  qui  puissent  faire  des  économies. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNAT.  143 

26*.  —  Un  chef  de  famille ,  avec  des  enfants  eu  bas  âge  ,  peut 
gagner  environ  10  fr.  par  semaine.  Lorsqu'il  a  des  enfants  en  état 
de  travailler,  le  produit  s'accroît  en  raison  du  nombre  d'enfants,  de 
leur  capacité  et  surtout  de  leur  courage  ;  s'il  en  est  en  dessous  de 
ce  chiffre,  c'est  parmi  les  plus  Agés,  mais  il  en  est  aussi  qui  peuvent 
gagner  de  1 2  a  15  fr.  Cela  dépend,  il  est  vrai,  du  genre  de  travail 
qu'ils  ont  à  faire.  Le  coût  des  dépenses  du  ménage  est  aussi  en 
raison  du  personnel  ;  ii  absorbe  amplement  tout  le  produit  du 
travail  de  la  famille. 

27".  —  Passables. 

28".  —  En  général  assez. 

29".  —  Il  en  est  très-peu. 

30*.  —  Les  jeunes  ouvriers,  dans  cette  industrie,  travaillent  en 
grande  partie  sous  la  surveillance  de  leurs  parents  ;  leurs  mœurs 
sont  généralement  bonnes. 

51*.  —  Le  penchant  a  la  boisson  chez  les  hommes.  Très-peu 
chez  les  femmes. 

32*.  —  La  différence  est  très-grande  entre  les  ouvriers  des  villes 
et  ceux  des  campagnes  ;  ceux-ci  sont  généralement  plus  sobres  et 
d'une  constitution  plus  robuste;  on  trouve  aussi  généralement  plus 
de  moralité  chez  ces  derniers. 

(Pour  la  seconde  partie  de  cette  question,  voir  la  neuvième 
réponse.) 

3S*.  —  Il  existe  un  abus  fort  grave  dans  l'apprentissage  des 
ouvriers  bonnetiers  :  ils  s'engagent ,  en  général ,  chez  des  maîtres 
ouvriers ,  dont  plusieurs  n'ont  eux-mêmes  que  des  connaissances 
très-bornées.  Pour  défrayer  le  maître  du  temps  qu'il  perd,  l'élève 
doit  travailler  gratuitement,  ou  à  demi-façon,  pendant  deux  ans 
environ  ;  il  s'ensuit  que  le  maitre  s'attacbe  à  faire  produire  beau- 
coup à  son  élève,  sans  s'inquiéter  s'il  produit  bien  ;  il  en  résulte 
qu'après  le  temps  convenu  pour  l'apprentissage,  il  y  a  un  mau- 
vais ouvrier  de  plus. 

II  serait  bien  difficile  de  réformer  cet  abus  :  les  fabricants  font 
ce  qu'ils  peuvent  pour  le  combattre;  mais,  il  faut  l'avouer,  les 
résultats  obtenus  jusqu'ici  ne  sont  pas  encourageants. 

54".  —  Dans  cette  industrie  il  n'y  a  aucune  restriction  a  apporter. 

35*.  —  Les  institutions  favorables  aux  ouvriers  sont  très-nom- 
breuses; en  les  fréquentant,  les  enfants  augmenteraient  évidemment 
leur  bien-être  physique  et  moral. 


xuvCoo^le 


144    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
-  36*.  —  Le  travail  n'étant  pas  forcé ,  il  n'y  a  aucun  changement 
à  apporter. 


t.  —  Reps»  Ûulw  pu  H.  Over'man,  m  ce  qui  cckcth  Ii  Cibrictlioi 
fa  tapis  à  Tiiruj,  • 

1™  réponse.  —  La  fabrication  des  tapis  et  la  filature  des  laines  ; 
la  proportion  est  d'environ  un  tiers.   . 

2*.  — Dès  l'Age  de  neuf  A  dix  ans, 

3*.  —  Selon  leur  force  et  leur  intelligence.  Ces  enfants  ne  sont 
astreints  qu'à  un  travail  manuel  et  non  fatigant,  qui  ne  peut  aucu- 
nement leur  être  être  nuisible ,  et  qui  doit  au  contraire  contribuer 
A  l'amélioration  de  leur  sort  ;  car ,  s'ils  n'étaient  pas  occupés ,  ils 
passeraient  leur  temps  A  vagabonder  ;  et  d'ailleurs  le  peu  qu'ils 
gagnent,  sert  A  adoucir  l'existence  de  leurs  parents. 

4*.  —  Doute  heures  par  jour ,  et  certes  cela  ne  peut  nuire  aux 
enfants, 

5e.  —  Deux  heures  et  demie  en  tout,  dont  une  demi-heure  le 
matin  au  déjeuner,  une  heure  et  demie  au  dîner,  et  finalement 
une  demi-heure  au  goûter.  Cela  est  suffisant, 

.6*.  —  Non  jamais. 

7*.  —  On  ne  travaille  jamais  le  dimanche  ;  les  exceptions  sont 
tellement  rares,  qu'il  est  inutile  d'en  faire  mention. 

8".  ;—  De  50  A  80  centimes  par  jour,  et  suivant  leur  Age  et  le 
genre  de  travail. 

9*.  —  Pour  la  filature  de  laine ,  l'avantage  consiste  en  ce  que 
les  femmes  et  surtout  les  enfants,  une  fois  qu'ils  sont  au  courant 
du  travail  qu'on  exige  d'eux,  et  qui  ne  varie  jamais,  acquièrent  une 
agilité  et  une  facilité  que  les  hommes  ne  peuvent  avoir;  et  ensuite, 
ils  se  contentent  d'un  salaire  bien  moindre.  Le  pliis  grand  avantage 
que  les  familles  retirent  de  l'emploi  de  leurs  enfants,  consiste,  indé- 
pendamment de  l'augmentation  des  salaires,  en  ce  que  les  parents, 
qui  d'ordinaire  sont  des  ouvriers  aussi,  en  quittant  leur  domicile,  sont 
certains  que  leurs  enfants  sont  occupés,  et  ne  peuvent,  par  consé- 
quent, nuire  A  eux-mêmes  ni  aux  autres,  en  restant  dans  l'oisiveté. 

10*.  —  Pour  la  fabrication  des  lapis,  il  est  indispensable  que 
les  parents  soient  employés  pendant  le  même  nombre  d'heures  que 


DiglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNAY.  145 

les  adulte*,  oar  l'ouvrier  ne  peut  rien  faire  tans  l'enfant,  dont  toute 
la  besogne  consiste  à  faire  paraître,  par  un  procédé  mécanique, 
le  fil  de  laine  sur  le  canevas  qui  doit  produire  le  dessin.  L'enfant 
est,  en  un  mot,  la  cheville  ouvrière  du  tisserand  de  tapie,  et  sans 
lui,  l'ouvrier  ne  peut  travailler. 

11".  —  Cela  pourrait  avoir  lieu,  mais  il  est  indispensable  de 
combiner  les  heures  d'instruction,  de  façon  à  ne  pas  entraver  les 
travaux,  sinon  cela  jetterait  une  grande  perturbation  dans  ce  genre 
d'industrie,  où  l'emploi  des  enfants  est  de  toute  nécessité, 

12°.  —  Sans  réponse. 

15".  —  Idem, 

14".  —  Idem. 

15V  —  Idem. 

16°,  —  Ceci  est  assez  superflu ,  car  il  ne  se  trouvera  jamais  un 
maître  de  fabrique  qui  veuille  exiger  des  enfants  un  travail  au- 
dessus  de  leurs  forces,  quel  que  soit  leur  âge,  et  c'est  un  bienfait 
pour  les  enfants  que  d'être  occupés  le  plus  tôt  possible  ;  cela  leur 
donne  un  esprit  d'ordre  et  de  docilité*. 

17*.  —  Cette  mesure  serait  impraticable,  pour  notre  ville  sur- 
tout, ou  le  nombre  des  enfants  est  déjà  si  restreint,  qu'on  a  bien  de 
la  peine  a  s'en  procurer  suffisamment. 

18°,  —  Sans  réponse. 

J9".  —  Idem. 


3.  —  défoues  fuies  par  H.  Victor  Chekcquefosse,  es  a 
les  tanneries  et  les  Mmjeriw. 


1"  et  3"  KÉpopsis. — La  sixième  partie  des  ouvriers  est  composée 
d'enfants  de  l'âge  de  quinze  a  seize  ans. 

3°.  —  Ces  enfants  nettoient  les  éçorces  et  noircissent  les  cuirs. 

4*.  —  De  six  heures  du  matin  à  huit  heures  du  soir.  Rien  au 
delà  de  leurs  forces. 

5*.  —  Un  repos  de  deux  heures  ;  ce  qui  est  suffisant. 

fi*,  —  La  nuit  jamais, 

7".  —  Jamais  i|s  ne  travaillent  le  dimanche, 

iO, 


^y  Google 


146    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

8*.  —  Lear  salaire  est  de  75  centime».  On  n'emploie  que  des 
ouvriers  du  sexe  masculin. 

9";  —  Sang  réponse. 

10".  —  Idem. 

1 1*.  ■ —  Les  enfants  pourraient  quitter  quelques  heures.  Nos 
jeunes  ouvriers  ne  savent  pas  lire. 

12".  —  Douze  à  treize  ans; 

15°.  —  Dix  heures,  de  dix  à  douze  ans.  Douze  heures,  au-dessus 
de  douze  ans. 

14*.  —  (Foir  la  sixième  réponse.) 

15*.  —  Il  n'y  a, dans  notre  ville,  aucun  établissement  insalubre, 
du  moins,  à  ma  connaissance. 

16': —  Quinze  ans. 

17*,  18*  et  19".  —  On  trouve  très-difficile  ment  des  enfants. 

20*.  —  L'état  de  santé  des  ouvriers  n'est  guère  bon.  Beaucoup 
sont  scrofuleux. 

21*.  —  Ils  ne  sont  point  exposés  aux  accidents  dans  notre  fa- 
brique. 

22e.  —  Ils  ont  de  la  viande  provenant  des  peaux  de  la  tannerie. 

33°. — Très-mal  logé.  Une  chambre  le  plus,  souvent  pour  une 
famille.  4  &  5  francs  par  mois. 

24*.  —  Aucune  variation  dans  le  prix  de  la  journée. 

25*.  —  Il  peut  vivre  convenablement. 

26*.  —  9  à  10  francs  la  semaine.  15  francs  par  famille. 

27*.  —  Nos  ouvriers  sont  peu  nombreux  et  tous  du  même  sexe. 
Leur  moralité  est  assez  bonne. 

28*.  —  Non,  pour  nos  ateliers. 

29*.  —  Aucun  de  nos  ouvriers. 

30*.  —  Les  femmes  ne  sont  pas  employées  dans  nos  ateliers. 

31*.  —  L'absence  presque  complète  d'éducation  première  est  la 
seule  cause  de  l'inconduite  des  ouvriers  de  la  plupart  des  fabriques. 

32*.  —  Les  ouvriers  campagnards  sont  plus  forts  en  général. 
Leur  moralité  vaut  mieux.  Il  en  est  de  même  de  ceux  qui  travaillent 
isolément. 

33*.  —  Sans  réponse. 

34*.  —  Aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grandes  manufac- 


ture*. 


xuvCoo^le 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNAT.  447 

55».  —  A.  Les  écoles  gratuite»,  tant  celles  de*  frères  de»  écoles 
chrétiennes,  que  celle»  ouvertes  aux  frais.de  la  commune. 

B.  Les  écoles  dominicales  .où  les  jeunes  ouvriers  sont  instruits 
et  récompensés.       . 

C.  Les  caisses  d'épargne  sont  très-peu  utiles,  à  la  classe  ouvrière. 
■36*.  —  Exiger  un  certificat  de  moralité  et  d'instruction,  délivré  ■ 

par  les  instituteur»  primaires,  avant  de  les  admettre  dans  les  ateliers. 


4  —  BésHie*  fait»  pu  M.  Adolphe  TommiÊR,  «  m  qui  mq m 
I»  filfrieel  isrisuene. 

1™  Rirons*.  —  II  est  a  ma  connaissance  que  des  jeunes  ouvriers 
au-dessous  de  seize  ans  sont  employés  pour  la  fabrication  du  fil 
à  coudre  et  celle  des  cordons;  pour  la  première  industrie,  ils  sont 
employés  dans  la  proportion  du  quart  ;  dans  la  fabrication  des 
cordons,  chaque  ouvrier  qui  tisse  a  besoin  d'un'  enfant  de  l'âge  de 
huit  à  douze  ans;  un  plus  grand  nombre,,  âgés  de  douze  à  seize 
ans,  sont  occupés  pour  le  pliage,  paquetage,  etc.,  des  cordons. 

2*. —  Us  sont  admis  à  l'âge  de  sept  ans. 

3".  — Le»  travaux  confiés  aux  enfants  sont  ceux  de  préparation 
de  la  matière  première  à  placer  sur  les  .métiers;  ils  sont  aussi 
chargés  des  dernières  manipulations  que  l'on  fait  subir  aux  mar- 
chandises avant  de  les  livrer  à  la  consommation.  Aucun  de  ces. 
travaux  n'est  nuisible. 

4°.  —  La  durée  ordinaire. dû  travail  est  de  treize  heures;  dans 
aucun  cas  elle  n'est  excessive.  ' 

5'.  —  Il  y  a  repos  de  midi  à  une  heure;  ce  qui  est  suffisant. 

6*.  —  Daos  les  deux  industrie»  dont  il  est  parlé  plus  haut,  jamais 
les  ouvriers  ne  sont  employés  la  nuit. 

7".  -  -■  Je  crois  qu'en  général  l'on  ne  travaille  pa»  d'habitude 
le  dimanche  dans  les  établissements  de  l'arrondissement  de  Tour- 
nay.  J'en'  connais  quelques-un»  où  l'on  travaille ,  mais  je  pense 
que  c'est  par  exception.  Cependant  la  plupart  des  fabricants  font 
venir  les  ouvriers  le  dimanche  matin  pour  nettoyer  les  métiers,  et,  - 
parmi  ces  ouvriers ,  il  en  est'  qui  sont  tenus  d'une  manière  assez 
continue  pour  ne  pas  avoir  le  temps  de  remplir  leurs  devoirs 
religieux. 


-,!  ,d  vCoogle 


14B    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

8*.  —  Dans  la  fabrication  du  fil  &  coudre,  les  enfant»  du  sexe 
masculin,  de  l'âge  de  huit  à  douze  ans,  reçoivent  un  salaire  moyen 
de  30  centimes  ;  de  douze  à  seize  ans,  45  centimes  ;  et  de  seize  à 
vingt  ans ,  75  centimes. 

Dans  la  fabrication  des  cordons,  les  enfants  du  sexe  masculin 
reçoivent  le  salaire  de  20  centimes  par  jour  ;  ceux  de  douze  à  seize 
ans,  40  centimes;  et  ceux  de  seize  à  vingt  ans,  1  franc. 

9*.  —  Le  premier  avantage  que  retirent  les  fabricants  de  l'em- 
ploi des  femmes  et  des  enfants,  c'est  te  salaire  minime  au  moyen 
duquel  on  les  obtient.  En  second  lieu,  ils  ont  plus  d'aptitude  et  plus 
d'adresse  pour  des  manipulations  d'une  certaine  délicatesse.  Mais 
après  l'augmentation  de  ressources,  que  leur  emploi  procure  aux 
familles,  je  ne  connais  plus  d'autre  avantage,  sinon  que  les  parents 
sont  débarrassés  de  leurs  enfants  pendant  toute  la  journée. 

10°.  —  Oui,  certains  genres  de  fabrication  exigent  la  présence 
continue  des  enfants  auprès  des  ouvriers  dont  ils  préparent  les 
matières.  Mais  dans  la  fabrication  du  fil  et  des  rubans,  les  jeunes 
ouvriers  peuvent  mettre  par  avance  en  réserve  des  matières  pré- 
parées. 

11*.  —  Tout  homme  de  bien  doit  sacrifier  les  exigences  du  tra- 
vail actuel  au  bienfait  de  l'instruction  et  de  l'éducation  qu'une  loi 
voudrait  procurer  aux  jeunes  ouvriers  ;  mais  je  doute  qu'il  existe 
des  exigences  bien  sérieuses. 

Les  jeunes  ouvriers  ne  reçoivent,  pour  la  plupart,  aucune  édu- 
cation solide,  si  ce  n'est  celle  que  leur  procurent  les  ministres  de 
la  religion  a  leur  première  communion;  et  si  ce  devoir,  pour 
lequel  plusieurs  se  font  même  rechercher,  n'était  pas  rempli, 
les  jeunes  ouvriers  n'auraient  reçu  aucune  instruction ,  aucune 
éducation  religieuse.  Nous  n'avons  pas  deux  ouvriers  sur  cent  qui 
continuent  à  fréquenter  les  écoles  après  la  première  communion. 
12°.  —  Les  enfants  ne  devraient  pas  être  admis  aux  travaux 
avant  la  première  communion. 

13*.  —  De  onze  à  treize  ans,  les  enfants  devraient  travailler 
seulement  pendant  la  moitié  de  la  journée,  et  fréquenter  les  écoles 
pendant  l'autre  moitié  ;  de  treize  à  seize  ans  ,  les  jeunes  ouvriers 
devraient  encore  fréquenter  les  écoles  pendant  deux  heures  de  ta 
journée. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNAY  W 

14e.  —  Jusqu'à  l'âge  de  vingt  ans. 

15*.  —  Les  enfants  devraient  toujours  être  éloignés  des  établis- 
sements où  leur  bien-être  physique  peut  être  altéré  ;  l'académie  de 
médecine  doit  être  à  même  de  spécifier  tous  les  établissements 
présentant  des  dangers  pour  la  santé. 

16*.  —  A  vingt  et  un  ans. 

17".  —  On  ne  pourrait  mieux  faire  que  d'adopter  ce  mode. 

18".  —  Il  ne  pourrait  être  adopté  de  meilleur  système  que  la 
division  de  la  journée,  en  formant  des  brigades  selon  l'exemple 
cité  dans  la  question. 

19'.  ~-  Les  avantages  de  la  mesure  précitée  qui  sont  signalés  aux 
paragraphes  A  et  I),  ne  me  paraissent  pas  douteux. 

20°.  —  Les  ouvriers  sont  en  général  malingres  et  d'une  com- 
plexion  qui  annonce  peu  de  force  physique  ;  les  enfants  sont  dis- 
posés au  rachitisme;  beaucoup  sont  scrofuleux.  Cet  état  maladif  ne 
se  remarque  en  particulier  que  dans  la  classe  ouvrière  de  la  ville 
de  Tournay. 

21*.  —  La  commission  médicale  de  l'arrondissement  de  Tournay 
peut  satisfaire  à  cette  question. 

22*.  —  Le  pain,  les  pommes  de  terre,  quelquefois  la  soupe,  et 
très-rarement  la  viande. 

23*.  —  Il  est  ordinairement  très-mal  logé  ;  une  chambre  pour 
toute  une  famille ,  très-souvent  un  seul  lit  pour  père ,  mère,  filles 
et  garçons.  Sous  tous  les  rapports ,  l'habitation  du  pauvre  laisse 
beaucoup  à  désirer.  Le  prix  moyen  du  logement  est  de  1  franc 
par  semaine. 

24*.  —  Certains  ouvriers  manipulateurs ,  en  teinturerie  par 
exemple ,  ont  reçu  une  augmentation  de  salaire  de  20  à  30  p.  "/• 
depuis  environ  huit  ans.  Les  autres  ouvriers  ont  du  se  soumettre  aune 
diminution  dans  le  prix  des  façons;  mais  comme  la  plupart  sont  à  la 
pièce ,  ils  ont  un  peu  forcé  le  travail  ;  ils  sont  devenus  plus  habiles, 
et  par  conséquent  ils  rapportent  À  peu  près  autant  au  ménage. 

25*.  —  Non,  jamais  d'économies;  te  salaire  n'est  pas  même 
suffisant  pour  se  procurer  amplement   du  chauffage  en  hiver. 


*by  Google 


150    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

26'. — J'ai  pris  les  rapporta  de  salaire  et  les  dépenses  de  cinq 
ménages  composés  comme  suit  : 


Sans  enfuit 

lu       id. 

Le  salaire  a  rapporté  au 

Les  dépenses^  en 

Deux    id. 

ménage,  en  moyenne, 

moyenne,  ont  été  de 

Trois    îd. 

9  fr.  73  c. 

9fr.  18  c. 

Cinq    id. 

Dans  le  chapitre  des  dépenses  il  n'a  rien  été  mis  en  compte  pour 
les  cas  imprévus,. les  maladies;  plusieurs  ouvriers  ne  pouvaient  rien 
dépenser  pour  l'habillement  j  deux  seulement  mangeaient  de  la 
viande  le  dimanche > 

27°.  4-  La  condition  morale  de  l'ouvrier  est  celte  du  statu  quo 
de  l'ignorance;  il  fait,  en  industrie,  ce  qu'on  lui  a  commandé  de 
faire  ou  ce  qu'il  a  vu  faire,  mais  il  ne  produit  rien  de  mieux.  Cet 
engourdissement  apathique  ne  détermine  cbea  lui  aucun  sen- 
timent élevé,  même  en  religion  ;  il  n'a  aucun  désir  de  s'instruire,  et 
cela  est  si  vrai  que  l'on  ne  trouve  pas  six  ouvriers  sur  cent  qui 
sachent  lire  et  écrire.  11  est  remarquable  que  ceux  qui  se  distin- 
guent dans  I  accomplissement  de  leurs  devoirs  religieux,  sont  Ceux 
qui  ont  le  plus  d'ordre,  de  propreté  et  d'aptitude  au  travail.  Ils. 
sont  aussi  les  plus  faciles  à  conduire. 

28e.  . —  Ils  sont  peu  adonnés  à  ce  vice  ;  il  y  à  même  une  dimi- 
nution notable  dans  les  dispositions  à  là  boisson ,  depuis  environ 
huit  années. 

90*.  —  Très-peu. 

30°.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  ne  passent  pas  pour 
bonnes  ;  le  rapprochement  et  la  confusion  des  sexes  sont  des  dan- 
gers inévitables. 

31°.  - —  Le  manque  d'éducation  religieuse. 

32*.  —  La  différence  est  bien  tranchée  ,  tant  soUs  le  rapport 
physique  que  sous  le  rapport  moral,  entre  l'ouvrier  des  campagnes 
et  celui  des  villes;  l'avantage  est  pour  le  premier.  Il  n'existe  pas 
de  différence,  sous  le  rapport  physique,  entre  l'ouvrier  qui  travaille 
en  grande  réunion  et  celui  qui  travaille  isolément;  maïs,  sous  le 
rapport  moral,  j'ai  remarqué  que  celui  qui  travaille  en  fabrique  ai 
une  cobduile  plus  régulière  et  plus  d'exactitude  au  travail.  Ces  ob- 
servations, pour  le  physique,  doivent  être  appliquées  aussi  à  l'enfant. 
Mais,  sous  le  rapport  moral,  il  n'est  pas  à  désirer  qu'il  fréquente  les 


DgtoO  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNAT.  151 

fabriques;  par  son  contact  continuel  avec  les  adolescents,  il 
apprend  sourent,  dans  leur  conversation,  ce  qu'il  devrait  ignorer. 

33*.  —  Il  n'existe  presque  plus  d'engagements  et  d'apprentissage 
entre  les  maîtres  et  les  ouvriers.  La  plupart  des  ouvriers  ne  sont 
plus  porteurs  de  livrets.  Des  fabricants  les  reçoivent  dans  leurs 
ateliers  non-seulement  sans  livrets ,  mais  même  sans  certificats  de 
fidélité.  Il  est  très-important  de  remettre  en  vigueur  la  loi  sur  les 
livrets  et  d'établir  des  conseils  de  prud'hommes. 

34" . —  Tous  les  genres  de  mesures,  et  surtout  celles  qui  concer- 
nent l'éducation,  doivent  être  prises  pour  la  généralité. 

35e.  — Les  institutions  favorables  au  bien-être  physique  de  la 
classe  ouvrière  ,  sont  en  grand  nombre  dans  la  ville  de  Tournav. 
L'administration  des  hospices  a  ouvert  avec  générosité  des  maisons 
de  refuge  a  tous  les  genres  de  malheurs  ;  les  sourds-muets  seule- 
ment n'ont  pas  encore  une  maison  spéciale  pour  leur  éducation  : 
les  enfants,  jusqu'à  un  certain  Age,  ne  sont  pas  reçus  &  l'hôpital  ;  ce 
qui  est  à  regretter. 

Une  maison  de  santé  pour  le  traitement  particulier  des  scrofu- 
leux  est  ouverte  depuis  quelque  temps  ;  c'est  un  très-grand  bienfait 
pour  notre  population  ouvrière. 

Pour  l'amélioration  morale  de  l'ouvrier ,  il  existe  des  écoles 
dominicales  pour  les  filles  et  les  garçons  qui  vont  y  recevoir  de 
l'instruction,  des  conseils  et  des  secours;  pour  les  hommes  faits, 
on  a  fondé  des  congrégations  où  l'honnête  ouvrier,  après  avoir  rem- 
pli les  devoirs  religieux  des  jours  de  fête,  va  se  recréer  sous  la  sur- 
veillance d'hommes  influents  par  leur  caractère  ou  par  leur  position. 

Les  comités  de  charité  sont  des  institutions  qui  peuvent  répandre 
le  plus  grand  bien  dans  la  classe  ouvrière.  Le  maître  des  pauvres, 
en  distribuant  les  secours  matériels ,  s'occupe  de  tous  les  besoins 
de  la  famille,  et  est  à  même  de  procurer  les  plus  grands  bien- 
faits à  la  société  ;  ces  institutions  ne  sauraient  être  entourées  de 
trop  d'égards  et  d'encouragements. 

Les  écoles  gardiennes  établies  depuis  quelques  années  sont 
une  amélioration  très-notable  pour  le  bien-être  de  la  classe  ou- 
vrière; il  est  a  désirer  qu'elles  se  multiplient. 

86*.  —  L'instruction  et  l'éducation  religieuse,  des  mesures  d'or- 
dre et  d'encouragement. 


^y  Google 


153    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


5.  —  RépoiMs  failea  par  M.  Hehri  Debct,  bkicat,  1  ils,  a  a  asi  ronrame 
ks  diverses  imlnstnns  de  mi  ailss. 


1"  silOHSB.  —  Le»  jeune*  ouvriers  en  dessous  de  seize  ans  sont 
généralement  employés  dans  tous  les  établissements ,  pour  la 
grande  comme  pour  la  petite  industrie.  Dans  les  fabriques  d'in- 
diennes ,  leur  nombre  est  d'environ  le  quart  de  la  totalité  des 
ouvriers  employés;  Chez  les  exploitants  de  carrières,  il  est  d'en- 
viron un  dixième. 

2'.  — Il  n'y  a  point  d'âge  fixé  pour  l'admission  des  enfants; 
tout  dépend  du  développement  plus  ou  moins  actif  de  leurs  forces 
physiques,  et  de  leurs  facultés  intellectuelles. 

Dans  les  fabriques  d'indiennes,  il  est  peu  d'enfants  ayant  atteint 
leur  neuvième  année ,  qui  ne  puissent  faire  très-convenablement 
leur  travail  comme  tireurs,  c'est-à-dire  comme  aides  des  imprimeurs. 
Ils  font  ce  travail  aussi  bien  que  les  enfants  de  quinze  à  seize  ans, 
et  gagnent  autant  queux;  ils  n'ont  besoin  que  d'une  attention 
soutenue. 

Mais  chez  les  exploitants  de  carrières ,  soit  qu'on  les  emploie 
pour  l'extraction  ou  pour  la  taille  des  pierres ,  on  ne  peut  guère 
les  admettre  qu'après  l'âge  de  douze  ans. 

5'.  —  Dans  les  fabriques  d'Indiennes ,  leur  travail  consiste  à 
étendre,  au  moyen  de  petites  brosses ,  sur  des  tamis  en  drap ,  les 
couleurs  dont  on  se  sert  pour  imprimer;  ils  font  ce  travail  dans 
une  position  aisée ,  se  tenant  debout ,  et  n'en  éprouvent  aucune 
Fatigue. 

Quant  à  ceux  employés  aux  carrières  et  à  la  taille  des  pierres , 
ils  éprouvent  réellement  de  la  fatigue,  et  pour  ce  motif  on  ne  peut 
les  admettre  qu'après  douze  ans. 

Cependant  nous  pensons  que  ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  industries 
ne  peut  nuire  à  la  santé  des  enfants. 

4°.  —  De  huit  heures  en  hiver,  et  de  douze  heures  en  été. 

Si  la  journée  est  un  peu  longue  en  été,  elle  est  aussi  bien  courte 
en  hiver  :  il  y  a  compensation.  Du  reste,  une  expérience  de  plus  de 
trente  années  nous  a  appris  que  les  enfants  peuvent  très-bien  sup- 
porter ce  nombre  d'heures  de  travail.  Nous  avons  vu  croître  et  se 


^y  Google 


DE  TOURNAY.  155 

développer  tous  nos  yeux  un  nombre  considérable  d'individus ,  et 
nous  pouvons  affirmer  que  pas  un  n'a  éprouvé  d'infirmités  ni  de 
difformités  résultant  du  travail ,  et  que  leur  étal  sanitaire  est  par- 
fait. Une  grande  partie  se  trouve  encore  dans  nos  ateliers. 

Que  l'on  ne  s'y  trompe  pas ,  c'est  le  travail  de  nuit  ;  c'est  le  tra- 
vail des  houillères,  des  établissements  nuisibles  et  insalubres,  qui 
tue  les  ouvriers  :  voila  ce  qui  doit  fixer  l'attention  du  législateur. 

5*.  —  De  huit  heures  du  matin  à  huit  heures  et  demie  ;  de  midi 
à  une  heure  et  demie  de  relevée;  de  quatre  heures  à  quatre  heures 
et  demie. 

Ces  intervalles  nous  paraissent  suffisants. 

Ce  sont  ceux  accordés  dans  notre  fabrique  et  dans  les  autres 
établissements  de  notre  ressort. 

6".  —  Nous  ne  connaissons  point  d'établissement  où  l'on  tra- 
vaille la  nuit. 

7".  —  Dans  aucun  des  établissements  de  notre  ressort  on  ne 
travaille  le  dimanche. 

8".  —  La  hauteur  du  salaire  des  enfants  et  des  jeunes  ouvriers 
varie  dans  les  différentes  espèces  d'industries  ;  dans  les  fabriques 
d'indiennes ,  l'enfant  de  neuf  ans  gagne  25  à  50  c.  par  jour  ;  par- 
tant le  pris  de  son  salaire  est  exactement  le  même  que  celui  d'un 
enfant  de  quatorze  ans.  Gela  s'explique  par  le  fait  que  l'enfant  de 
neuf  ans  fait  exactement  le  même  genre  de  travail  que  celui  de 
quatorze  à  quinze  ans,  sans  qu'il  en  résulte  aucune  fatigue  pour  lui. 
Quant  aux  carrières  et  à  la  taille  des  pierres,  il  faut,  poury  travail- 
ler, des  sujets  plus  développés,  il  faut  de  la  force  physique  et  de 
l'intelligence.  Les  jeunes  ouvriers  gagnent  de  50  c.  à  2  fr.  lors- 
qu'ils taillent  la  pierre;  mais  nous  croyons  que  ceux  a  2  fr.  sont  une 
exception. 

On  peut  donc  estimer  le  salaire  des  enfants  dans  les  établisse- 
ments susmentionnés,  comme  suit  : 

De     9   à  12  ans 25  c. 

De  12  a  16  ans,   moyenne 75  c. 

Quant  aux  enfants  apprenant  un  métier  chez  un  maître ,  ils 
sont  traités  comme  apprentis  jusqu'à  seize  ans:  alors  on  leur 
paye  50  centimes  environ  par  jour  ;  ce  n'est  guère  qu'à  l'âge  de 
dix-huit  ans  qu'ils  parviennent  à  gagner  de  1  franc  à  1  franc 
50  centimes  par  jour. 

9".  — L'avantage  ne  consiste  qu'en  ce  que  le  salaire  des  enfants 
ou  des  femmes  est  toujours  moins   élevé  que  celui  des  hommes, 


*by  Google 


154    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

et  qu'il»  peuvent,  pour  certains  ouvrage*  qui  n'exigent  pu  une 

grande  force  physique,  faire  le  même  travail  et  à  meilleur  marché. 

Quant  aux  famille*  d'ouvriers,  nous  ne  voyons- d'autre*  avantages 
que  les  salaires  qu'elles  retirent  du  travail  de  leurs  enfants,  et 
c'est  important  pour  elles. 

10e. — Dans  cerLaïnes  industries,  notamment  dans  celle  des  impri- 
meurs sur  toiles  de  coton,  l'enfant,  l'adulte,  l'homme  fait,  doivent 
travailler  ensemble,  et  le  même  nombre  d'heures.  L'enfant  aide 
toujours  un  homme  ;  l'un  ne  peut  travailler  sans  l'autre. 

Pour  les  travaux  des  carrières  et  la  taille  des  pierres,  nous  n'y 
voyons  aucune  nécessité. 

11*.  —  Bien  difficilement.  D'abord,  c'est  au  préjudice  de  son 
salaire  que  l'enfant  reçoit  l'instruction  ;  car,  bien  que  l'enseigne- 
ment primaire  se  donne  gratuitement,  il  n'en  perd  pas  moins  sa 
journée,  puisqu'il  fréquente  les  écoles  au  lieu  de  travailler. 

Sous  le  rapport  du  travail  dans  les  fabriques,  l'ordre  en  est 
dérangé,  parce  qu'on  n'a  pas  ses  ouvriers  sous  la  main.  Force 
serait  alors  de  les  employer  par  relais  d'un  demi-jour:  l'un  travail- 
lerait le  matin,  l'autre  l'après-midi. 

Nous  pourrions,  pour  concilier  tous  les  intérêts,  établir  des 
écoles  où  la  leçon  se  donnerait  après  la  chute  du  jour  pendant  les 
six  mois  d'hiver  ;  elle  se  donnerait  de  sept  à  huit  heures  du  soir 
seulement,  pendant  les  six  autres  mois. 

De  cette  manière,  l'enfant  pourrait  tout  à  la  fois  s'instruire  et 
gagner  un  salaire.  Il  n'avancerait  pas  aussi  vile  dans  l'instruction, 
mais,'  par  contre,  il  apprendrait  en  même  temps  un  métier,  et 
il  contracterait  de  bonne  heure  l'habitude  du  travail. 

L'éducation  que  l'on  donne  aujourd'hui  dans  les  écoles  primaires 
gratuites  est  excellente,  mais  son  défaut,  a  notre  avis,  c'est  que 
les  leçons  ont  lieu  pendant  la  journée,  au  lieu  de  se  donner  le 
soir.  Combien  d'ouvriers  donneraient  l'instruction  à  leurs  enfants, 
et  qui  s'en  abstiennent,  parce  qu'ils  ont  besoin  du  salaire  que 
gagnent  ces  derniers. 

Dans  les  réponses  que  nous  avons  faites  aux  questions  qui  nous 
ont  été  adressées  comme  fabricant,  nous  avons  dit  que  si  l'intérêt 
des  classes  ouvrière*  exigeait  impérieusement  que  l'on  fixât  ta  limite 
de  ta  durée  du  travail  des  enfants,  on  ne  devrait  pas  hésiter  a 
sacrifier  tous  les  autres  intérêt*.  Nous  persistons  dans  cette  opi- 
nion. 


,dby  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOUREUY.  155 

12*.  —  Nom  oe  pensons  pat  qu'il  faille  fixer  une  limite  pour 
l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux ,  excepté,  pour  quelques 
établissements  dangereux  et  insalubres.  Si  on  prive  l'ouvrier  du 
travail  de  ses  enfants,  on  lui  doit  une  compensation ,  car  H  faut 
■bien  qu'il  mange.  En  ce  cas,  il  serait  de  toute  justice  de  lui  payer 
l'équivalent. 

Habituez  de  bonne  heure  les  enfants  au  travail,  si  vous  voulez 
éviter  d'en  faire  plus  tard  des  mendiants  et  des  vagabonds  ;  et  joignez 
à  cela  l'instruction,  en  tâchant  de  faire  succéder  les  heures  de 
leçons  aux  heures  de  travail ,  de  manière  à  ce  qu'ils  s'instruisent 
et  apprennent  un  métier  simultanément, 

13*.  —  Nous  croyons  que  l'on  doit  se  borner  à  interdire  le  travail 
de  nuit.  Cependant ,  dans,  certains  établissements ,  les  devoirs  de 
■  l'humanité  exigent  impérieusement  que  l'on  restreigne  la  durée  du 
travail  des  enfants  et  leur  admission  dans  ces  mêmes  établisse- 
ments; il  en  sera  parlé  dans  notre  réponse  à  la  quinzième  question. 
■1.4".  —  Jusqu'à  dix-sept  ans. 

15".  —  Noua  en  avons  ta  conviction,  et  c'est  un  devoir  qui  nous 
est  imposé  par  l'humanité.  Nous  citerons  parmi  les  établissements 
nuisibles  et  insalubres  t 

Les  établissements  de  produits  chimique»; 

Les  fabriques  de  glaces  ;  '. 

Les  fabriques  de  céruse,.  etc. 

Dans  ces  sortes  d'établissements ,  les  enfants  ne  devraient  être 
admis  qu'à  quinze  ans,  et  la  durée  de  la  journée  devrait  ne  pas 
excéder,  six  heures*  . , 

Nous  citerons  aussi  les  houillères  où  les  enfants  ne  devraient  être 
admis  qu'à  douze  ans,  et  ne  travailler  que  six  heures. 

La  Faculté  devrait  être  appelée  a  se  prononcer  sur  cette  question. 

16".  —  Cette  question  nous  parait  être  du  ressort  de  la  méde- 
cine. Il  nous  semble  cependant  qu'il  pourrait  être  libre  à  dix-huit 
ans.  Ses  forces  seraient  mieux  développées  à  vingt  et  un  ans.  Mais 
il  faut  pourtant  que  l'ouvrier  subsisté  avant  tout. 

17*.  —  C'est  a  notre  avis  le  seul  moyen  qui  soit  praticable. 

18*.  —  Pour  les  établissements  insalubres  et  pour  les  houillères,       ■ 
nous  pensons  que  c'est  ainsi  que  l'on  devrait  procéder. 

19".  —  Certes,  l'amélioration  physique  et  morale  de  la  classe 

DgtizedOy  GOOgte 


136     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
ouvrière  est  un  bienfait,  et  ce  n'est  que  par  de  bonnes  institutions 
que  l'on  pourra  améliorer  la  condition  de  l'ouvrier. 

Mais  vouloir  forcer  les  industriels ,  par  une  mesure  quelconque, 
à  faire  exécuter  par  des  adultes  ou  des  hommes  faits;  des  ouvrages 
que ,  sans  fatigue ,  les  enfants  font  aussi  bien  qu'eus ,  et  cela  dans  - 
le  but  d'une  augmentation  de  salaire,  ce  serait  la  plus  grande 
absurdité.  Si  l'on  augmente  les  salaires  par  suite  du  manque  d'en- 
fants pour  certains  ouvrages  où  ils  seraient  remplaces  par  des 
adultes  ou  des  hommes  faits ,  on  augmente  le  pris  de  revient  des 
produits  nationaux.  Et  comment  voudrait- on  que  les  produits 
belges  pussent  lutter  contre  les  produits  étrangers  ,  même  sur 
notre  propre  marché ,  alors  qu'on  aurait  augmenté  le  prix  de 
revient?  Loin  de  favoriser  l'ouvrier,  il  se  trouverait  bientôt  sans 
travail,  ce  qui  est  pour  lui  la  plus  pire  situation.  On  obtiendrait 
ainsi  un  résultat  tout  contraire  au  but  que  l'on  se  propose  ;  qui  est 
l'amélioration  de  la  condition  de  l'ouvrier. 

Nous  admettrions  volontiers  une  augmentation  de  salaire  pour 
l'ouvrier;  nous  la  désirerions  même;  mais  il  faudrait  qu'elle  fût  en 
même  temps  admise  chez  nos  voisins  avec  qui  nous  luttons,  dans 
des  conditions  déjà  assez  désavantageuses. 

20'., —  Parfaitement  bon. 

21".  —  Ils  ne  sont  exposés  à  aucun  danger  ni  accident  parlicu* 
liera,  Nous  n'avons  remarqué  parmi  eux  ni  infirmités,  ni  maladies, 
ni  difformités  résultant  de  leur  travail. 

22*.  —  Le  pain  de  froment,  la  soupe  aux  légumes,  les  pommes 
de  terre,  le  café,  la  bière.  Les  uns  ont  de  la  viande  de  bœuf  trois 
fois  la  semaine ,  d'autres  deux  fois,  d'autres  une  fois ,  et  il  en  est 
qui  n'en  ont  pas  du  tout. 

23°. —  L'ouvrier  travaillant  dans  les  grands  établissements  indus- 
triels dont  nous  avons  parlé,  est  généralement  assez  bien  logé, à  moins 
qu'il  n'y  ait  de  sa  part  inconduite  ou  défaut  d'ordre.  Son  logement 
lui  coûte  1  franc  la  semaine  au  minimum,  et  2  francs  au  n 


24".  — On  peut  estimer  à  un  sixième  l'augmentation  du  salaire  des 
ouvriers  depuis  quelques  années  dans  les  établissements  industriels 
de  notre  ressort  ;  mais  dans  les  fabriques  d'indiennes,  le  salaire  a 
subi  une  diminution  d'un  quart,  par  suite  du  perfectionnement 
apporté  aux  machines  à  imprimer,  et  de  la  dépréciation  des  fabri- 
cats ,  résultant  de  la  perte  des  débouchés  qui  n'ont  pas  été  rcm- 


*by  Google 


CHAMBRE- DE  COMMERCE  DE  TOUUKAY.  157 

placé*.  Cependant,  avec  leur  salaire  actuel,  ils  peuvent  assez  bien 
vivre ,  alors  qu'ils  ont  de  l'ordre  et  de  la  conduite. 

25°.  —  Pour  l'ouvrier  qui  ne  veut  point  sortir  de  sa  condition, 
et  qui  s'impose  l'économie  que  son  état  comporte,  le  salaire  actuel 
suffit.  Il  en  est  d'autres,  et  ce  sont  les  tailleurs  de  pierres,  qui,  par 
l'élévation  de  leur  salaire,  pourraient  réaliser  de  grandes  écono- 
mies. Mais  ils  font  abus  des  boissons  spîritueu ses,  et  chôment  jusqu'à 
ce  qu'ils  aient  mangé  leur  dernier  sou. 

Tel  est  l'ouvrier  en  général  ;*  pour  lui,  le  lendemain  ne  viendra 
jamais.  Si  vous  augmentez  son  salaire,  il  le  diminue  en  travaillant 
moins.  Fuissent  les  soins  que  l'on  prend  de  le  moraliser  par  l'in- 
struction et  par  l'éducation  religieuse  et  morale ,  l'arracher  à  ces 
pernicieuses  habitudes  ! . . . 

26". — Nous  ne  pouvons  répondre  que  pour  ce  qui  concerne 
l'ouvrier  des  grands  établissements  industriels  ;  et  pour  éviter  de 
nous  tromper,  nous  dirons  que  nous  avons  des  ouvriers  manœuvre* 
occupés  dans  notre  fabrique,  qui  ne  gagnent  que  10  francs  par 
semaine,  et  entretiennent,  sans  avoir  recours  à  la  mendicité,  une 
famille  composée  d'une  femme  infirme  et  de  trois  enfants ,  dont 
l'aîné  n'a  pas  neuf  ans. 

Voilà  ce  qui  donne  la  mesure  de  ce  que  peuvent  l'ordre,  l'éco- 
nomie et  la  bonne  conduite. 

Parmi  tant  de  salaires,  qui  varient  selon  le  courage  ou  la  capa- 
cité des  ouvriers,  il  est  difficile,  sinon  impossible,  de  fixer  une 
moyenne.  Cependant,  nous  pouvons  inférer  de  ce  qui  a  été  dit, 
qu'un  ménage  composé  de  cinq  individus  peut  vivre  à  raison 
de  50  centimes  par  jour  pour  chacun  d'eux.  Nous  ajouterons  que 
la  moyenne  des  salaires  étant  chez  les  imprimeurs  d'indiennes 
de  2  francs  par  jour,  soit  12  francs  la  semaine;  et  chez  d'autres 
de  2  fr.  50  ou  3  francs,  et  les  ouvriers  pouvant  retirer  quelque 
profit  du  travail  de  leurs  enfants  et  de  leurs  femmes ,  leur  condi- 
tion est  loin  d'être  malheureuse,  et  qu'à  aucune  époque,  les 
ouvriers ,  de  notre  ressort ,  n'ont  été  aussi  heureux ,  attendu 
qu'ils  se  nourrissent  et  se  vêtissent  à  plus  bas  prix  qu'à  aucune 
autre  époque,  et  gagnent  davantage.  Certes,  tous  les  ouvriers  sont 
loin  d'être  dans  celte  heureuse  position  :  l'ignorance,  l'inconduite, 
l'insouciance,  sont  d'abord  leurs  plus  cruels  ennemis.  D'autres 
manquent  de  travail  et  ne  peuvent  s'en  procurer,  quoi  qu'ils  fassent  ; 
ceux-ci  sont  les  seuls  qui  soient  réellement  malheureux.  Nous 
croyons,  toutefois,  que  ceux  de  cette  catégorie  sont  rares. 


*by  Google 


168  ..RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

27°.  ■ —  Elle  est  généralement  assez  bonne.  Dans  notre  arrondis- 
sement industriel,  beaucoup  de  nos  ouvriers  ajoutent  à  la  connais- 
sance de  la  lecture,  de  l'écriture  et. du  calcul,  quelques  notions 
de  dessin,  de  musique,  etc.,  et  leur  conduite  est  parfaite. 

Mais  dans  d'autres  établissements,  chez  les  exploitants  de  car- 
rières,  les  chefs  d'industrie  sont  à  la  merci  de  leurs  ouvriers  qui 
sont  plongés  dans  la  dernière  ignorance,  et  adonnés  à  l'ivro- 
gnerie ;  on  peut  dire,  de  ceux-ci ,  que  trop  de  prospérité  leur  nuit. 
S'ils  gagnaient  moins,  ils  se  comporteraient  mieux'.  ... 

28*.  —  Nous  avons  rencontré  cette  demande  &  la  vingt-septième 
question,  et  nous  y  avons  répondu. 

29*.  —  Ce  vice  n'est  guère  connu  d'eux. 

30*. — tes  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont  généralement  assez 
bonnes.  Il  n'y  a  point ,  dans  notre  ressort ,  d'établissement  où  les 
sexes  soient  confondus.  Nous  croyons,  toutefois,  que  ce  rapproche- 
ment doit  être  bien  dangereux  pour  lès  mœurs. 

SI0.- — Le  défaut  d'instruction  et  d'éducation  religieuse  et  morale. 
Dans  l'état  d'abrutissement  où  vivent  quantité  d'ouvriers ,  ils  ne 
comprennent  pas  d'autre  plaisir  que  celui  de  satisfaire  a  tous  leurs 
appétits.  Pour  eux,  le  loisir  est  plus  ennuyeux  que  le  travail  même. 
S'ils  se  proposent  de  s'amuser,  c'est  dans  l'ivrognerie  qu'ils  trouvent 
le  suprême  bonheur. 

'  Les  soins  que  l'on  donne  maintenant  à  l'instruction  et  à  l'éduca- 
tion des  classes  infimes  de  la  société  promettent  un  meilleur  avenir. 

32*.  — L'ouvrier  des  campagnes  et  celui  des  villes  sont  tout  à  fait 
les  mêmes  a  notre  avis  :  même  grossièreté,  même  ignorance.  Les 
ouvriers  travaillant  en  grande  réunion  sont  plus  mutins,  parce 
qu'ils  forment  une  espèce  de  corporation,  et  se  soutiennent  les  uns 
les  autres.  Quant  à  la  moralité ,  chez  les  uns  et  chez  les  autres 
elle  est,  à  notre  avis,  a  peu  près  la  même.  Quant  aux  enfants,  nous 
n'y  voyons  pas  non  plus  de  différence. 

'  33".  —  Nous  sommes  dans  l'impossibilité  de  satisfaire  à  cette 
question.  Nous  ignorons  si  des  engagements  existent  dans  d'autres 
établissements  ;  tout  ce  que  nous  pouvons  répondre,  c'est  qu'il  n'y 
en  a  dans  notre  fabrique  ni  de  la  part  de  l'ouvrier  ni  de  la  part  du 
maître.  L'enfant,  l'adulte  ,  l'homme  fait,  sont  payés  selon  ce  qu'ils 
savent  faire;  ils  ne  chôment  jamais  les  jours  ouvrables,  mais  c'est 
sans  assujettissement  de  notre  part. 

54*.  —  Nous  avons  déjà  fait  connaître  dans  notre  douzième 


^by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNAY.  159 

réponse  notre  opinion  sur  les  mesure.*  restrictifs  .du  travail  des 
enfants;  mais  si  de  semblables  mesures  sont  prises,  nous  ne 
voyons  pas  pourquoi  elles  ne  seraient  pas  appliquées  a  tous  les 
enfants  en  généra] ,  sans  distinction  aucune. 

.35*. — La  ville  d'Àth  est  riche  d'institutions  favorables  à  la  classe 
ouvrière;  ces  institutions  sont  : 

1  "Une  école  communale  primaire  gratuite,  où  sont  admis  environ 
trois  cents  élèves  des  deux  sexes  ; 

2*  Une  école  des  frères  de  la  charité,  qui  compte  le  même  nombre 
d'élèves  du  sexe  masculin  ;  ~ 

5*  TJne  école  des  sœurs  Saint-François,  où  l'on  admet  gratuite- 
ment les  filles  d'ouvriers; 

4*  Une  école  d'architecture  gratuite  communale; 

5°  Une  école  de  dessin  gratuite  communale  ; 

6"  Une  école  de  musique  gratuite  communale. 

Nous  persistons  dans  l'opinion  que  nous  avons  émise  aux  douzième 
et  treizième  réponses,  et  qui  nous  parait  satisfaire  a  la  question 
posée.  Habituer  l'enfant  à  travailler  de  bonne  heure,  en  empêchant 
le  travail  de  nuit  dans  tous  les  établissements  industriels  grands  ou 
petits;  limiter  le  nombre  d'heures  du  travail  dans  les  établisse- 
ments insalubres  et  dangereux,  et  l'âge  auquel  ils  pourront  y  être 
admis  ;  faire  marcher  simultanément  l'apprentissage  d'un  métier 
quelconque  avec  l'instruction  et  l'éducation  religieuse  et  morale, 
de  la  manière  que  nous  l'avons  proposé  aux  douzième  et  treizième 
réponses;  stimuler  les  enfants  par  des  récompenses  qui  seraient 
accordées  à  la  bonne  conduite  et  aux  progrès  qu'ils  feraient  dans 
les  diverses  institutions  ;  tels  sont ,  à  notre  avis ,  les  seuls  moyens 
par  lesquels  on  parviendra  a  améliorer  la  condition  physique  et 
morale  des  ouvriers ,  sans  que ,  dans'  leur  enfance  ,  leurs  parents 
doivent  se  priver  du  salaire  qu'ils  leur  rapportent,  salaire  qui, 
quoique  bien  minime,  ne  laisse  pas  que  de  leur  être  d'un  grand  : 
secours. 

L'assainissement  de  la  demeure  de  l'ouvrier  serait  encore  chose 
très-utile.  Ne  serait-il  pas  possible  de  forcer  les  propriétaires  de 
maisons  de  blanchir,  chaque  année,  au  lait  de  chaux,  l'intérieur  de 
leurs  habitations?  Les  maîtres  des  pauvres  devraient  obliger  les 
ouvriers  a  entretenir  la  propreté  chez  eux,  sous  peine  de  les  priver 
des  secours  de  la  commune. 


iqtizedoy  GOOgle 


160    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


6-  —  Réponses  faite  psi  M.  Nicolas  Delahsoy,  en  ce  qui  concerne 
Il  hbriatioii  dp.  chocolat  el  le  commerce  d'épiceries. 

1™  et  2°  réponses.  —  La  proportion  des  enfanta  employés  est 
d'un  tiers,  de  l'Âge  de  quinze  à  dix-huit  ans. 

3*.  —  Leur  travail  consiste  dans  la  mise  en  forme  des  chocolats 
et  menues  préparations. 

4*.  —  De  six  heures  du  matin  à  huit  heures  du  soir.  Leur 
travail  n'est  pas  excessif. 

5*.  —  Ils  se  reposent  deux  heures,  ce  qui  est  suffisant. 

6*.  —  Ils  travaillent  rarement  la  nuit ,  et  lorsque  cela  arrive , 
c'est  le  samedi,  de  manière  qu'ils  se  reposent  le  dimanche. 

7"  —  Ils  ne  travaillent  pas  les  jours  fériés. 

8a  —  Le  salaire  moyen  de  ces  enfants  est  de  70  centimes  la 
journée. 

9".  — A.  Toute  la  forée  étant  fournie  par  une  machine  a  vapeur, 
il  ne  faut  que  de  l'adresse ,  et  les  enfants  valent  mieux  pour  cela 
que  les  adultes. 

B.  Ces  enfants,  retenus  par  la  discipline  de  l'atelier,  sont  exempts 
de  vagabondage ,  et  ils  apprennent  des  principe*  d'ordre  et  de 
propreté  qu'ils  n'acquerraient  pas  chez  eux. 

10".  — Oui,  parce  que  sans  eux  rien  ne  peut  se  faire. 

11".  —  En  prenant  les  enfants  a  l'âge  de  quatorze  ans,  ils  ont  eu  le 
temps  d'aprendre  ce  qu'un  bon  ouvrier  doit  savoir.  Ceux  qu'emploie 
l'établissement  savent  lire  et  écrire. 

12".  —  Douze  ans,  âge  de  la  première  communion. 

13*.  —  Douze  heures  pour  tous  les  âges. 

14".  —  Il  est  permis,  lorsque  des  cas  très-rares  s'en  présentent. 

15".  —  Notre  ville  n'a  que  des  établissements  salubres. 

16°.  —  Quinze  ans, 

17'  et  18*.  —  Non  ,  attendu  la  grande  difficulté  de  trouver  de 
jeunes  ouvriers,  et  la  crainte  qu'ils  ne  profitent  du  reste  de  la  journée 
pour  courir  tes  rues,  et  échapper  a  la  surveillance  de  leurs  parents 
qui  sont  eux-mêmes  continuellement  au  travail. 

19*.  —  Non;  les  ouvriers  plus  âgés  n'ayant  pas  toute  l'adresse 
nécessaire  pour  ia  besogne  confiée  aux  enfants. 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOUIWAY.  161 

20*.  —Très-bon. 

SI'.  —  Aucun,  lorsqu'ils  apportent  de  lit  prudence  dans  leur 
travail. 

22*.  —  La  viande  et  les  légumes  au  repas  principal  ;  la  soupe  le 
matin  et  le  soir. 

23".  —  Fort  mal  ;  une  chambre  ou  deux  pour  Houle  une  Famille 
coûte  5  francs  par  mois. 

24*.  —  Sans  réponse. 

25*.—  Oui,  puisqu'il  est  prouvé  qu'un  ouvrier  qui  a  de.  l'ordre 
et  de  la  conduite  ne  manque  de  rien.  Quant  aux  économies ,  elles 
sont  impossibles,  attendu  que  la  plupart  des  ouvriers  se  marient  de 
bonne  heure  et  ont  beaucoup  d'enfants. 

26*.  —  Le- tout  dépend  du  métier  qu'il  exerce  et  de  l'ordre  qu'il    . 
apporte  dans  ses  dépenses.  ■ 

27«.  —  Bonne. 

28*.  —  Moins  en  ville  qu'à  la  campagne,  à  cause  de  la  sévérité 
des  obefs  de  fabrique.  . 

29*.  —  Nous  n'en  connaissons  pas. 

30'.  —  Je  n'emploie  que  des  hommes. 

31'.  —  Ses  contrariétés  intérieures. 

32*.  —  Aucune  que  l'on  sache.  ■.      ■   ■■ 

53*.  —  Aucune. 

34*.— Aucune  restriction  à  apporter. 

■Zh*..A.  —  La  caisse  d'épargne.  Peu  d'ouvriers  peuvent  en 
profiter. 

i?,Les  écoles  dominicales,  fréquentées  par. te  plus  grand  nombre 
de  jeunes  ouvriers. 

C.  Celles  des  frères  de  la  doctrine  chrétienne  où  les  garçons 
vont,  jusqu'à  l'âge  de  douze  ans,  recevoir  gratis  un  commencement 
d'instruction. 

36*.  Ne  les  admettre,  dans  les  ateliers  qu'avec  un  certificat  de 
moralité  donné  par  leur  instituteur,  et  constatant  qu'ils  savent  lire 
et  écrire. 


DglizedOy  GOOgle 


16*     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


7.  — Rppînsœ  faites  par  H.  Sacquelei;  père,  n  ce  qii  «usent 
In  arriéres  se  pierres  de  Buèdes  el  Qwuinurps. 

1  "  et  2*  réponses. — Dan*  cette  industrie,  on  emploie  des  garçons 
dès  l'Age  de  dix  ans,  et  des  jeunes  filles  à  l'âge  de  dix-sept  ans. 

3*.  —  Les  enfants  sont  employés  pour  ta  taille  des  pierres  ;  ils 
travaillent  à  la  pièce ,  abrités  sous  des  hangars  de  paille. 

Les  jeunes  filles  achèvent  la  polissure  des  carreaux  à  parer,  qui 
ont  subi  une  première  opération  au  moyen  du  manège. 

4*.  —  La  durée  du  travail  des  enfants  est  facultative ,  puisqu'il 
se  fait  à  la  pièce. 

Les  jeûnes  filles  travaillent  aussi  à  la  pièce  et  à  des  heures  indé- 
terminées ,  suivant  que  le  manège  leur  fournit  de  l'occupation. 

S*.  —  Sans  réponse. 

6°.  —  Jamais  la  nuit. 

7".  —  Jamais  le  dimanche. 

8*.  —  Le  salaire  des  enfants  peut  être  fixé  de  25  à  50  c,  celui 
des  jeunes  filles  est  en  moyenne  de  90  c. ,  pour  huit  heures  de 
travail . 

9*  a  21*.  —  Sans  réponse. 

22". — L'ouvrier  se  nourrit  habituellement  de  soupes,  soit  au  lait, 
soit  aux  herbes,  de  pain,  beurre,  fromage,  pommes  de  terre,  café. 

23*.  —  Son  loyer  peut  s'élever  de  10  a  12  centimes  par  jour. 

24°.  — L'ouvrier  chaufournier  et  le  manœuvre  ne  recevaient, 
il  y  a  cinq  à  six  ans,  que  63  c.  pour  une  journée  d'hiver,  et  82  c. 
pour  une  journée  d'été.  Depuis  lors ,  le  prix  de  la  journée  est  fixé 
a  82  c.  pour  l'hiver,  et  à  1  fr.  pour  l'été. 

Le  prix  des  travaux  d'entreprise  s'est  élevé  dans  la  même  pro- 
portion. 

25',  26°  et  27°.  —  Sans  réponse. 

28*.  —  L'ivrognerie  n'est  presque  pas  connue. 

29*  à  32*.  —  Sans  réponse. 

53*.  —  L'exécution  de  la  loi  sur  les  livrets  est  considérée  comme 
nécessaire. 

34°.  —  Sans  réponse. 

33*.  ■ —  Les  caisses   d'épargne  ne  sont  pas  connues  dans  les 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNA Y.  163 

t  dont  il  s'agit.  C'est  d'autant,  plus  regrettable  que  l'on 
voit  souvent  pendant  l'été  certains  ouvriers,  travaillant  par  entre- 
prise ,  gagner  jusqu'à  2  fr.  50  c.  et  2  fr.  75  c.  par  jour ,  ce  qui 
leur  permettrait  d'économiser  pour  l'hiver. 

36".  —  Il  conviendrait  que  les  enfants,  admis  à  travailler  à  la 
pièce  chez  les  maîtres  de  carrières,  fussent  forcés  de  fréquenter 
pendant  quelques  heures  les  écoles  gratuites  qui  existent  aujour- 
d'hui dans  presque  toutes  les  communes  rurales.  L'enfant  travail- 
lant à  pièce  se  fatigue  trop  souvent;  les  quelques  heures  consacrées 
à  son  instruction  seraient  des  heures  de  repos  pour  lui. 


8.  —  fitpmses  faites  ftt  H.  Petermck-Allar»,  en  «  qui  etnwrie 
la  fibricalioo  de  li  porceUice. 

1"  et  2"  réponses.  —  On  n'emploie  que  des  enfants  au-dessus  de 
seize  ans,  dans  la  proportion  de  un  sur  quinze. 

3°.  —  Ils  apprennent  leur  état,  et  rien  ne  nuit  à  leur  santé. 

4".  —  Douze  heures,  ce  qui  n'est  pas  excessif. 

5°.  —  Deux  heures  :  une  demi-heure  au  déjeuner,  une  heure  au 
dîner,  une  demi-heure  au  goûter. 

6'.  —  Non. 

7".  —  Quand  les  besoins  l'ordonnent.  Ils  peuvent  remplir  leurs 
devoirs  religieux. 

8*.  —  70  centimes.  Nous  n'employons  pas  de  femmes. 

9°.  —  Je  n'emploie  que  des  hommes. 
'  10".  —  Oui. 

1 1*.  —  Les  enfants  ne  peuvent  quitter  l'atelier  sans  interrompre 
le  travail  des  ouvriers.  N'entrant  qu'à  seize  ans,  la  plus  grande 
partie  savent  lire  et  écrire. 

12".  —  Sans  réponse. 

13*.  —  Ils  sont  assez  forts  pour  travailler  douze  heures. 

14".  —  Ils  ne  travaillent  pas  la  nuit. 

15".  —  Nos  ateliers  sont  très-aérés  et  salubres. 

16".  —  A  seize  ans. 

17",  18-  et  19«.  —  Sans  réponse. 


*by  Google 


104      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


20'.  —  Les  ouvriers  en  général  ne  portent  bien ,  lorsqu'ils  ne 
s'adonnent  pas  à  la  boisson  du  genièvre. 

21".  —  Aucun  danger  ni  accident. 

22".  —  La  viande  au  dîner,  les  légumes  te  soir. 

23°.  —  1  fr.  par  semaine,  pour  une  chambre;  la  plupart  ne 
sont  pas  fort  saines. 

24*.  —  Sans  réponse. 

25*.  —  Le  salaire  suffit  en  général  ;  et  ceux  qui  ont  de  la  con- 
duite peuvent  faire  des  économies. 

26*.  —  L'ouvrier' gag  ne,  eq  moyenne,  1 2  fr.  par  semaine.  On  ne 
peut  évaluer  le  compte  de  son  entretien  et  de  sa  famille. 

27*.  — Bonne. 

28*.  —Oui. 

29*.  —  Non. 

30e.  —  Je  n'emploie  que  des  hommes. 

31*.  — La  boisson. 

32°.  —  L'ouvrier  des  campagnes  étant  plus  sobre ,  a  une  con- 
duite plus  régulière. 

33".  —  Aucun. 

34*.  —  Il  ne  faut  faire  aucune  distinction. 

36*.  —  Les  écoles  gratuites. 


9.  —  Ijpoucs  Uto»  par  M.  Duhon-Dumortter,  a  a  qni  cssccnt 
la  UriotioR  k  h  taux  el  l'citndin  des  pierres. 

V*  et  2"  BipoHBis.  —  Dans  notre  industrie,  on  emploie  de  jeunes 
garçons  de  dix  &  quinte  ans,  dans  la  proportion  d'un  huitième 
environ. 

3*.  —  La  besogne  des  adultes  consiste  à  déblayer  le  banc  de 
rocher  des  petites  pierres  et  la  chaux  des  résidus  ;  ils  font  aussi  des 
marchés  de  terrassements.  Ces  travaux  ne  sont  pas  nuisibles  à  leur 
santé. 

4".  —  Dix  heures  environ  fin  été,  huit  heures  en  hiver.  Ce  n'est 
pas  excessif.  , 

5".  —  Les  ouvriers  se  reposent  aux  heures  fixées  pour  leurs 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  .COMMERCE  DE  TOURNA*.  163 

repu  :  une  demi-heure  au  déjeuner,  une  heure  au  dîner,  une 
demi-heure  au  goûter.  Cela  e»t  suffisant . 

6".  —  Jamais  la  nuit,  sauf  des  exception*  très-rares. 

7*.  —  On  ne  travaille  le  dimanche  que  pour  des  travaux  extra- 
ordinaires et  indispensables. 

8°.  —  Pour  les  enfants  au-dessous  de  douze  ans ,  50  à  75  c.j 
pour  tes  jeunes  gens  de  douze  à  seize  ans,  75  c.  à  1  fr.  On  com- 
prend, du  reste,  combien  ces  chiffres  sont  variables,  en  raison  des 
saisons,  et  surtout  pour  les  travaux  qui  se  font  à  la  tache. 

9*.  —  Ou  ne  trouve  pas  d'avantage  à  occuper  des  enfants;  le 
seul  but,  en  les  prenant ,  c'est  d'être  utile  à  la  famille  à  laquelle 
leur  gain  vient  en  aide;  et  puis  on  les  accoutume  ainsi  au  travail. 

10*.  —  Sans  réponse. 

11*.  —  Les  enfants,  qui  sont  tous  campagnards,  quittant  leur 
domicile  dès  le  matin,  ne  pourraient  guère  consacrer  à  leur  in- 
struction que  la  soirée  et  le  dimanche.  Aussi ,  fort  peu  savent  lire 
et  écrire.  A  l'époque  de  leur  première  communion  ,  on  leur  laisse 
la  facilité  de  profiter  des  instructions  données  par  les  curés. 

12e.  —  Sans  réponse. 

13°.  —  Quant  a  notre  industrie  ,  il  ne  semble  point  qu'il  y  ait 
lieu  de  modifier  les  heures  de  travail. 

14*.  —  V  oyez  ci  -de  «s  us  la  sixième  réponse. 

15*.  — ■  Nos  établissements  ne  sont  pas  insalubres. 

16*.  —  Sans  réponse. 

17*  et  1S*.  —  Les  journées  de  travail  étant  très-courtes,  il  n'est 
pas  nécessaire  d'avoir  recours  au  mode  proposé. 

19*.  —  Sans  réponse. 

20*.  —  L'état  de  santé  de  nos  ouvriers ,  jeunes  et  vieux ,  est 
fort  bon. 

21".  — La  nature  du  travail,  presque  toujours  eu  plein  air, 
contribue  &  leur  donner  une  santé  robuste  et  a  développer  leurs 
forces  physiques. 

Ils  ne  sont  atteints  d'aucun  genre  spécial  de  maladies. 

La  nature  de  nos  travaux  amène  des  accidents  assez  fréquents , 
soit  explosion  de  mines,  soit  chutes,  soit  éboulements.  On  apporte 
toute  la  prudence  nécessaire  pour  les  prévenir. 

En  cas  d'accidents,  les  ouvriers  sont  soignés  par  ta  Faculté,  aux 


,::,od;vCo(>£>Ie 


)66    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  P/E  COMMERCE, 
trais  de  l'établissement.  Des  secours  leur  sont  donnes  en  argent , 
ainsi  qu'à  leurs  veuves  et  à  leurs  enfants,  en  cas  de  décès. 

22*  et  23".  — Sans  réponse. 

24*.  —  Les  salaires  ont  été  longtemps  statïonnaires,  mais  ils  ont 
augmenté  d'un  quart  au  moins  depuis  les  grandes  entreprises  faites 
dans  les  industries  et  dans  les  travaux  publics. 

25"  et  26".  —  Sans  réponse. 

27s  et  28*.  —  La  conduite  des  ouvriers  est  généralement  bonne; 
on  n'aurait  guère  à  combattre  que  leur  penchant  pour  les  boissons 
spî  ri  tueuses. 

29",  —  Sans  réponse. 

50».  —  Nous  n'employons  pas  de  femmes. 

31*  à  34".  ■ —  SanB  réponse. 

35*.  — Nos  ouvriers  étant  tous  campagnards,  ne  peuvent  guère 
profiter  des  institutions  qui  existent  dans  les  villes  et  qui  sont  sus- 
ceptibles de  leur  donner  un  peu  d'instruction. 

Presque  tous  les  ouvriers  font  partie  de  sociétés  qui  leur  procu- 
rent des  secours  en  cas  de  maladie.  A  cet  effet,  ils  déposent,  chaque 
semaine,  une  légère  somme  pour  le  fonds  commun.  Ces  sociétés  sont 
bonnes  sans  doute  ;  mais  le  mauvais  côté  ,  c'est  qu'à  une  certaine 
époque  de  l'année ,  la  société  se  met  en  fêle  ;  alors  elle  mange  et 
surtout  boit  en  quelques  jours  une  bonne  partie  des  réserves. 


10.  —  PiUlire  et  tissage  du  cotes  (1). 

ln  b épouse.  —  Dans  la  filature  de  coton,  de  jeunes  ouvriers 
sont  employés  en  petit  nombre,  un  dixième  au  plus.  Dans  le  tissage, 
ils  sont  plus  nombreux  :  on  peut  les  estimer  à  un  cinquième. 

2".  —  Pas  avant  onze  ans. 

3*. — Dans  la  filature,  quelques  petites  soigneuses  et  rattacheiises; 
dans  le  tissage,  les  bobineurs  de  la  trame. 

4*  et  5".  —  Le  travail  des  enfants  dans  les  fabriques  est  entiè- 
rement lié  à  celui  de  l'ouvrier,  et  il  dure  aussi  longtemps. 


(I)  Il  nom  b  paru  peu  utile  de  nom  cteudre  lur  cei  deux  branches  d'indiutric; 
pluùeun  note»  de  détail   ont  dû  cire  fournie»,  dam  l'enquête,  ptr  nn»  fabricant». 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  TOURNAY.  107 

6e.  —  Jamais. 

7°.  —  Non. 

8°.  — En  filature,  50  à 60  centimes;  au  tissage, beaucoup  moins. 

9*.  —  On  trouve  chez  les  enfants  une  dextérité  manuelle  qu'on 
ne  rencontre  pas  chez  les  ouvriers  faits;  puis  il  y  a  une  économie 
considérable  pour  certaines  branches  de  fabrication. 

10°.  —  Oui,  le  contraire  est  impossible. 

11".  — Cela  est  difficile;  aussi  devrait-on,  selon  nous,  exiger  que 
l'enfant  ne  fût  admis  dans  les  usines  qu'à  un  âge  donné,  et  alors 
seulement  qu'il  aurait  reçu  une  certaine  instruction. 

12e.  —  On  pourrait  fixer  dix  ans. 

13*.  —  Impossible,  les  motifs  sont  et  seront  donnés. 

14".  —  Sans  réponse. 

15".  —  Nous  pensons  que  cela  serait  utile,  mais  seulement  pour 
celles  des  industries  évidemment  nuisibles  à  la  santé.  De  ce  nombre 
sont  peut-être  le  travail  des  mines,  les  fabriques  de  céruse  et 
d'autres  de  l'espèce. 

16'.  —  Dans  tous  les  cas,  à  seize  ou  dix-sept  ans. 

17»,  18°etl9*. — Impossible,  les  jeunes  ouvriers  sont  très-rares 
ici  ;  on  ne  trouverait  point  à  former  deux  brigades  ;  et  du  reste, 
celle  qui  serait  au  repos  échapperait  à  la  surveillance  des  parents, 
el  le  remède  serait  pire  que  le  mal. 

20°.  —  La  santé  de  nos  ouvriers,  en  général,  est  satisfaisante. 
Les  enfants  employés  à  des  travaux  proportionnés  à  leurs  forces 
physiques,  sont,  pour  la  plupart,  bien  portants.  Quelques-uns  sont 
atteints  de  scrofules  ;  la  cause  en  est  plutôt  dans  la  mauvaise  nour- 
riture et  le  vice  du  logement,  que  dans  la  fréquentation  des  usines. 

21*.  —  Ils  ne  sont  exposés  à  d'autres  accidents  qu'à  ceux  insé- 
parables de  toute  machine  à  vapeur. 

22°.  —  En  général,  te  régime  alimentaire  n'est  point  assez  bon. 

23*.  —  Assez  mal ,  et  pourtant  le  prix  du  loyer  est  élevé  :  il 
dépasse,  en  moyenne,  1  fr.  50  la  semaine. 

24*.  —  Le  salaire  des  ouvriers  fileurs,  en  fin  et  à  retordre,  con- 
tinue à  être  assez  élevé;  on  ne  peut  dire  toutefois  qu'il  soit  aug- 
menté depuis  plusieurs  années.  Hais  le  travail  se  trouve  allégé, 
car  la  machine  est  venue  prendre  la  grosse  part  du  fardeau. 

Les  ouvriers  de  corderie  sont  payés  beaucoup  plus  cher  qu'au- 
trefois. 


^y  Google 


168     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

Quant  aux  tisserands,  leuçs  produits  varient  à  tel  point  et  le» 
mains-d'œuvre  sont  si  différentes,  que  toute  comparaison  avec  le 
passé  est  devenue,  pour  ainsi  dire,  impossible: 

25°  et  26  .  —  Le  salaire  des  ouvriers  fileurs  est,  en  moyenne, 
de  2  fr.  50  à  5  fr.  par  jour,  ce  qui,  certes,  serait  bien  suffisant 
pour  leur  procurer  une  existence  convenable.  Mais  l'imprévoyance 
est  le  défaut  de  tous  nos  ouvriers  d'usine,  et  personne  ne  fait 
d'économies  :  nul  même  n'y  songe.  Les  tisserands  sont  presque  en 
totalité  des  campagnards;  ceux-là  gagnent  beaucoup  moins,  et 
pourtant  ils  sont  plus  à  l'aise. 

27*.  —  A  part  quelques  exceptions ,  la  condition  morale  de 
l'ouvrier  serait  satisfaisante,  s'il  voulait  quelque  peu  songer  au 
lendemain. 

28*.  —  En  assez  bon  nombre,  mais  seulement  le  dimanche  et 
le  lundi. 

29*.  —  Très-peu. 

30*.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  du  tissage  sont  généra- 
lement bonnes  ;  il  y  a  aussi  grande  amélioration  chez  tes  jeunes 
ouvrières  de  filature. 

Sans  nul  doute,  le  rapprochement  et  la  confusion  des  sexes 
sont  de  nature  &  provoquer  quelques  écarts,  niais  assez  souvent 
ils  sont  suivis  de  mariage.  Du  reste,  la  division  des  sexes  dans  une 
filature  est  chose  presque  impossible. 

31".  —  Le  plus  souvent  l'abus  des  liqueurs  spiritueuses. 

32*.  —  Il  a  été  dit  déjà  qu'il  existait  une  différence  assez  mar- 
quée, sous  le  rapport  moral,  entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des 
campagnes  :  celui-ci  est  plus  assidu  à  sa  besogne  et  plus  rangé.  Il 
existe  aussi  cette  même  différence  à  l'avantage  des  ouvriers  tra- 
vaillant isolément  et  presque  toujours  en  famille. 

33*.  —  Aucun. 

34*.  —  Les  mesures  protectrices  du  travail  de  l'enfance,  s'il  en 
était  pris,  ne  pourraient,  ce  nous  semble,  recevoir  leur  application 
que  pour  les  ouvriers  des  fabriques.  Surveiller  les  jeunes  ouvriers 
à  domicile,  à  la  ville  et  à  la  campagne,  nous  paraîtrait  une  lâche 
trop  lourde  pour  être  entreprise. 

35*  et  36*.  —  Il  sera  répondu  à  ces  deux  questions  dans  les 
considérations  générales  émises  par  la  chambre. 


D,g,ized0y  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  BE  LIÈGE. 


&,  JIAsommmu.  tt  QowMmMu*  de  ta.  yuMua  it  Sm^j. 

MOHSUSCB    LE    GoUVERNIUA, 

Nous  avons  l'honneur  de  voua  transmettre  le  résultat  de  no* 
délibérations  relativement  à  l'enquête,  ouverte  par  H.  le  Ministre 
de  l'intérieur,  sur  le  travail  des  entants  et  la  condition  desouvriers. 
Noua  y  avons  procédé  dans  l'ordre  des  questions  posées  comme  suit  : 

A.  —  Questions  spéciale*  au  travail  des  enfants. 

1™  question.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  industries 
où  l'on  emploie  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

xepohsb.  —  A  moins  que  la  force  physique  de  l'ouvrier  ne  soit 
la  condition  première,  on  compte  peu  d'industries,  et  particulière- 
ment  parmi  celtes  où  les  machines  jouent  un  rôle,  qui  n'emploient 
de  jeunes  ouvriers  en  dessous  de  seize  ans ,  dans  la  proportion  du 
quart,  du  tiers,  et  même  quelquefois  de  la  moitié.  En  général,  les 
enfants  d'ouvriers  destinés  à  une  profession  sont  appelés  à  l'exercer 
avant  d'avoir  atteint  l'âge  de  seize  ans. 

2*QTEBïioM. — A  quel  Age  admet-on,  en  général,  les  enfants  dans 
ces  établissements? 

réponse.  —  Dans  beaucoup  de  cas,  les  enfants  sont  utilisés  avant 
dix  et  douze  ans. 

3*  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants  ?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé? 

réponse.  —  Les  travaux  auxquels  les  enfants  sont  employés  ont 
moins  pour  effet  de  leur  imposer  une  fatigue  réelle  que  de  les  tenir 
dans  un  état  constant  d'occupation.  Parmi  ces  travaux,  nous  n'en 
avons  à  signaler  aucun  qui  soit,  de  sa  nature,  particulièrement 
nuisible.  Il  est  à  notre  connaissance  que  l'administration  com- 
munale de  Liège  n'est  pas  restée  indifférente  lorsque  des  cas  de 


*by  Google 


170    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
ce  genre  lui  ont  été  signalés  ;  c'est  ainsi  que,  sur  le  rapport  d'un 
médecin,  elle  a  hit  interdire,  il  n'y  a  pas  longtemps,  l'entrée  d'une 
fabrique  d'allumettes  phosphoriques  aux  enfants,  à  cause  des  effets 
nuisibles  qui  avaient  été  constatés. 

4°  question.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 


répoksb.  —  La  durée  du  travail  des  enfants  est  la  même  que 
celle  du  travail  des  adultes.  Habituellement  elle  est  de  douze 
heures  ;  mais  elle  n'est  que  de  huit  heures  dans  les  exploitations 
charbonnières. 

Cependant,  le  travail  est  fréquemment  porté  a  treize  et  a  qua- 
torze heures  pour  les  uns  et  les  autres ,  lorsque ,  à  cause  de  la 
saison  ou  d'autres  circonstances,  cette  industrie  reçoit  plus  de 
commandes.  Si  cet  état  était  normal ,  il  y  aurait  quelque  chose 
d'excessif;  mais  des  journées  inférieures  a  douze  heures,  et  même 
des  chômages,  succèdent  bientôt  à  ce  travail  extraordinaire. 

5*  question.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier  ?  Sont-ils  suffisants? 

réponse.  —  Ordinairement  on  accorde  une  demi-heure  pour  le 
déjeuner;  une  heure  pour  le  dîner,  et  une  demi-heure  ou  un 
quart  d'heure  pour  le  goûter  :  ces  temps  de  repos  sont  communs  4 
toutes  les  localités  et  à  toutes  les  professions  ou  métiers.  Cette 
distribution  est  consacrée  par  un  usage  immémorial,  et  nous  la 
croyons  bien  établie. 

6"  question.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se 
combine-t-il  avec  le  travail  de  jour? 

réponse.  —  C'est  une  exception.  Quand  cela  arrive ,  pour  une 
industrie  et  dans  des  circonstances  extraordinaires  de  prospérité  , 
le  travail  de  nuit  se  fait  de  deux  nuits  l'une  par  le  même  individu. 

D'autres  fois,  et  le  plus  généralement,  l'ouvrier  de  nuit  se  repose 
pendant  le  jour. 

7*  question.  —  Y  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  que!  point  ce  travail  met-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux? 

hbfohse.  —  Ce  travail ,  excepté  dans  quelques   usines  qui  ne 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  LIÈGE.  171 

peuvent  jamais  chômer,  est  encore  une  exception,  et  n'a  lieu, 
la  plupart  du  temps ,  que  pendant  une  partie  du  dimanche.  Dans 
les  grands  établissements,  où  il  est  à  noire  connaissance  qu'un  tel 
travail  se  fait ,  les  ouvriers  ont  une  heure  fixée  pour  l'accomplisse- 
ment des  devoirs  religieux  du  matin. 

8"  question.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries, 
les  sexes  elles  âges? 

réponse.  —  Les  salaires  varient  à  l'infini,  suivant  les  industries, 
les  localités  et  le  degré  d'aptitude.  Il  serait  aussi  difficile  de  fixer 
des  chiffres,  qu'il  serait  long  d'énumérer  toutes  les  industries  enga- 
gées. On  voit  pour  les  garçons  et  les  filles ,  suivant  les  âges ,  la 
journée  descendre  à  20  c.  et  monter  à  1  franc. 

9*  question.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie, 
l'avantage  que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfants, 
de  préférence  aux  hommes  adultes  ?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent  les 
familles  d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

RÉPOifSB.  —  Le  besoin  qu'une  concurrence  incessante  fait  éprou- 
ver d'avoir  une  main-d'œuvre  peu  coûteuse.  Dans  beaucoup  de  cas, 
quand  la  force  physique  est  sans  importance  pour  la  production , 
ou  bien  quand  la  motion  est  fournie  par  des  machines ,  l'emploi 
des  femmes  et  des  enfants  présente  des  résultats  matériels  satis- 


Le  principal  avantage  que  retirent  les  familles  du  travail  donné 
à  leurs  enfants,  est  une  augmentation  de  ressources  pour  les  be- 
soins du  ménage;  de  plus,  les  enfants  se  trouvent  plus  prompte- 
ment  aples  à  exercer  la  profession  a  laquelle  ils  sont  destinés. 

10"  question.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-tl  impé- 
rieusement que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

aipowsE.  —  Celte  nécessité  est  impérieuse  :  les  deux  genres  de 
travail  sont  simultanés,  se  confondent  et  ne  peuvent  se  diviser. 
Il  n'y  a  d'exception  que  dans  les  rares  fabriques  où  l'ouvrier  peut 
travailler  seul. 

1 1  *  question.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 


*by  Google 


173    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

«truclion  et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position?  Quelle  est 
aujourd'hui  l'éducation  qu'il»  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut? 

urépoHSB.  —  A  moins  de  fournir  des  moyens  spéciaux  d'instruc- 
tion par  des  écoles  du  soir  ou  du  dimanche ,  cette  idée  est  irréa- 
lisable ;  d'un  autre  côté,  l'éducation,  pour  te  commun  des  enfants 
d'ouvriers,  ne  peut  leur  venir  que  de  l'école  et  des  instructions 
religieuses  qui  ont  lieu  pour  la  première  communion. 

1 3*  giranoir.  — Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'âge,  la 
limite  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux? 

RKPOitsa.  —  L'âge  de  dix  ou  de  onze  ans  pourrait,  sans  incon- 
vénient, être  la  dernière  limite.  Cependant,  si,  avant  cet  âge,  les 
parents  négligeaient  (ce  qui  serait  le  cas  pour  un  grand  nombre) 
de  les  placer  dans  un  établissement  d'enseignement,  ces  enfants, 
relégués  dans  des  quartiers  resserrés,  ou  dans  des  habitations 
malsaines ,  y  seraient  peut-être  plus  à  plaindre ,  sous  le  rapport 
de. l'hygiène  et  de  la  sécurité,  que  dans  les  ateliers  mêmes;  et 
au  point  de  vue  moral,  ils  courraient  plus  de  risques  encore  en 
restant  abandonnés  entièrement  à  eux-mêmes  en  l'absence  des 
parents. 

13*  «uBSTioir.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants?  Comment  gradue- 
riez-vou»  cette  durée  selon  les  âges? 

kepoiue. — Par  les  mêmes  motifs  que  ceux  consignés  à  la  dixième 
question,  cette  gradation  est  tout  à  fait  impossible. 

14"ouestios.  —  Jusqu'à  quel  âge  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers? 

HÉPonsB.  —  Le  travail  purement  de  nuit  ne  devrait  atteindre 
que  les  jeunes  gens  qui  ont  quinze  ans;  mais,  il  ne  faut  pas  se  le 
dissimuler,  une  défense  absolue  présenterait,  dans  certaines  cir- 
constances ,  des  inconvénients  réels. 

lo*  question.  —  Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  âge  remploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

bépohss.  —  Oui.  Alors  un  règlement  spécial  de  police  générale 
aurait  à  régir  cet  objet  qui  doit  éveiller  la  sollicitude  de  l'autorité 
publique.  Mais  des  personnes,  plus  compétentes  que  nous,  par 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  LIEGE.  473 

leur»  études  et  lea»  observations,  auraient  à  spécifier  le«  genres 
de  manipulations  qu'il  faudrait  comprendre  dans  l'interdiction. 

16*  oVkbtiok.  - —  A  quel  âge  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques,  etc.,  sans  qu'aucune  restriction 
fut  apportée  à  la  durée  de  «on  travail? 

«épouse.  —  Cela  pourrait  avoir  lieu,  sans  inconvénient,  à  dix- 
sept  ans. 

17*  question  —  Pour  satisfaire  à  tous  les  intérêts,  ne  ponrraît-on 
pas  former,  comme  en  Angleterre,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement ,  en  se  relayant  à  de  certains 
intervalles? 

lipome. — Cette  organisation  rencontrerait  pins  d'une  difficulté, 
et  nous  pourrions  dire  qu'elle  est  tout  à  fait  irréalisable^  D'abord, 
ici,  on  ne  parviendrait  pas  à  réunir  un  nombre  suffisant  d'enfants 
pour  chaque  genre  de  fabrication.  - 

D'un  autre  côté,  les  fabricats  qui  demandent  une  longue  manu- 
tention et  qui  exigent  une  grande  régularité  dans  tout  le  cours  du 
travail,  n'admettraient  pas,  sans  compromettre  gravement  les 
intérêts  du  maître,  des  brigades  qui  s'alterneraient  ;  ou  bien  il 
faudrait  créer  autant  de  séries  de  métiers  qu'il  y  aurait  de  brigades 
employées,  et  par  conséquent  aussi,  avoir  des  locaux  plus  vastes. 
Cela  placerait  l'industrie  dans  des  conditions  onéreuses,  et  ne  pour- 
rait avoir  pour  effet  que  d'aggraver,  au  même  degré,  la  position 
de  l'ouvrier. 

18*  orrxsTion.  —  En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant,  -par 
exemple,  deux  brigades  d'enfants,  l'une  le  matin,  l'autre  l'après- 
midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail  avec  ceux  de  la 
santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers  ? 

airoKSB.  —  Ce  qui  précède  a  dû  faire  comprendre  l'embarras 
que  nous  éprouverions  a  proposer  un  système  et  à  répondre  par 
anticipation  à  la  question  dont  il  s'agit. 

19*  question.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

d.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers  et 
l'augmentation  de  leur  aptitude  ? 

B.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 
âgés? 

«épouse.  —  En  abandonnant,  pendant  une  moitié  de  la  journée, 


^y  Google 


174    REPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

les  enfants  des  fabriques  a  l'oisiveté ,  le  bon  ordre  et  la  discipline 
auraient  bientôt  à  en  souffrir;  car  il  ne  faut  pas  croire  que  la  plupart 
des  jeunes  ouvriers  se  rendraient  à  l'école ,  pendant  ce  temps  de 
repos  ;  et  d'un  autre  côté,  cela  réduirait  la  quotité  de  leur  salaire 
de  moitié,  au  détriment  du  bien-être  matériel.  On  amènerait  ainsi 
des  privations  dans  la  nourriture,  dans  le  vêtement,  dans  le  com- 
bustible et  dans  le  logement ,  ce  qui  serait  plus  nuisible  que  le 
séjour  dans  des  ateliers  généralement  mieux  aérés  et  mieux 
chauffés  que  la  demeure  de  l'ouvrier;  les  enfants,  d'ailleurs ,  y 
perdraient  sous  le  rapport  de  l'aptitude  au  travail. 

Ce  système  n'aurait  même  pas  pour  résultat  de  procurer  plus  de 
travail  aux  ouvriers  plus  Agés.  Le  contraire  aurait  lieu  ;  car  il  amè- 
nerait la  fermeture  de  beaucoup  de  fabriques  où  les  forces  phy- 
siques sont  peu  recherchées,  et  pour  lesquelles  te  moindre  prix 
de  main-d'œuvre  que  l'on  paye  aux  enfants  et  aux  femmes  est  une 
condition  d'existence,  en  présence  de  la  concurrence  étrangère. 

B,  —  Question»  hygiénique*  et  économiques. 

20"  question.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier ,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

rbpobsr.  —  L'état  de  santé  des  ouvriers  et  des  enfants  présente 
plus  d'un  côté  affligeant.  Mais  il  faut  moins  l'imputer  à  la  profes- 
sion qu'ils  exercent,  qu'aux  habitations  qui  sont  ordinairement 
resserrées,  froides  et  humides.  L'autorité  ne  pourrait  assez  se 
préoccuper  de  la  nécessité  d'assainir  fes  quartiers  habités  par  les 
populations  des  fabriques  et  d'y  faire  régner  la  propreté.  Cela 
exerce  encore  une  influence  directe  sur  l'ordre  intérieur  des  maisons. 

SI'  question.  —  Quels  sont  les  dangers  et  accidents  auxquels  ils 
sont  exposés  ;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  auxquelles 
ils  sont  sujets? 

réponse.  —  A  l'exception  des  travaux  des  naines  et  des  pou- 
drières, nous  n'avons  a  signaler,  dans  notre  ressort,  aucune  indus- 
trie qui  offre  des  caractères  particulièrement  alarmants  pour  la  vie 
ou  pour  la  santé  de  l'ouvrier. 

Comme  nous  l'avons  exposé  dans  la  précédente  réponse,  fes 
maladies  et  les  difformités  qui  se  font  le  plus  fréquemment  remar- 
quer chez  nos  ouvriers,  tiennent  à  d'autres  causes  :  ces  infirmités, 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  LIEGE.  175 

■ont,  le  plus  généralement,  des  goitres  et  des  scrofules,  des  cancers 
et  des  ulcères,  dont  on  aurait  tort  de  rechercher  la  cause  dans  la 
vie  des  ateliers. 

22*  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier? 

hbponse.  —  Chez  nos  ouvriers,  le  pain  et  la  pomme  de  terre, 
un  peu  de  graisse  commune  et  du  sel  ;  rarement  de  la  viande.  Le 
café  est  devenu  leur  boisson  indispensable.  La  bière  n'entre  presque 
jamais  dans  la  dépense  intérieure  du  ménage  de  l'ouvrier,  qui  la 
consomme  au  cabaret.  Userait  philanthropique  de  lui  rendre  cette 
boisson  d'un  usage  moins  coûteux  en  tempérant  les  rigueurs  de 
l'accise  et  de  l'octroi. 

23*  question.  —  Comment  est-il  logé  d'ordinaire ,  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 

répossb.  —  Mal.  Une  même  pièce  sert  d'habitation,  de  cuisine 
et  de  chambre  à  coucher  pour  les  parents  et  les  enfants. 

Cette  partie  de  la  dépense  varie  nécessairement,  suivant  les  loca- 
lités et  la  rue,  et  d'après  le  plus  ou  le  moins  d'espace  ou  de  com- 
modité qu'offre  le  logement.  Le  prix  de  cette  location  est ,  par 
mois,  en  moyenne,  de  3  à  9  francs. 

24"  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations  ? 

réponse.  —  Pendant  les  dernières  années,  la  majeure  partie  de 
nos  industries  ont  eu  a  subir,  pour  les  salaires,  l'influence  du  ren- 
chérissement des  denrées  et  des  habitations.  L'augmentation  a  été 
de  10,  20,  30  et  même  de  S0  pour  •/.. 

25"  question.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-il  faire  des  économies? 

réponse.  —  Nous  le  croyons  au  point  de  vue  général.  Beaucoup 
d'ouvriers  qui  ne  sont  pas  surchargés  d'enfants  ou  qui  en  reçoivent 
déjà  des  secours,  pourraient  faire  des  économies  s'ils  apportaient 
plus  d'ordre  dans  l'intérieur  du  ménage,  et  s'ils  tenaient  une  conduite 
plus  régulière ,  avec  plus  d'assiduité  au  travail ,  en  renonçant, 
surtout,  à  l'habitude  contractée  par  un  grand  nombre,  de  chômer 
tout  ou  partie  du  lundi. 

26"  question.  —  A  combien  estimez-vous ,  en  moyenne ,  par 

Digilizedby  GOOgle 


176     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
jour  ou  par  semaine,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de 
celui  de  sa  famille? 

sépohse.  —  Il  est  difficile  de  poser  des  chiffres  que  le  genre  de 
travail  et  l'aptitude  de  l'ouvrier  peuvent  modifier  à  l'infini.  On  peut 
cependant  évaluer  entre  7  et  S  francs  le  salaire  hebdomadaire 
d'un  ouvrier;  celui  de  sa  femme,  entre  5  fr.  50  c.  et  4  francs,  et 
celui  d'un  ou  de  deux  enfants,  de  2  et  5  francs.  Son  gain  total 
varierait  donc,  en  moyenne,  de  12  fr.  50  c.  à  17  francs.  Le  coût 
de  son  entretien  doit  se  régler  nécessairement  sur  le  plus  ou  moins 
d'importance  de  ce  gain; 

27"  QCBSTion.  —  Quelle  est,  en  général,  la  condition,  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort? 

bbmmsb.  —  En  général,  nos  ouvriers  sont  soumis  ;  mais  l'esprit 
d'ordre  et  de  prévoyance  manque  au  plus  grand  nombre. 

28*  qubstiok. — Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie  ? 

H&poxsE.  — On  voit  peu  d'ouvriers  de  fabriques  qui  s'abstiennent 
de  liqueurs  alcooliques ,  et  qui  np  n'enivrent  pas  de  temps  à  autre. 
Le  bas  prix  du  genièvre  est  une  calamité  pour  les  familles  ouvrières 
et  pour  l'industrie.  C'est  par  l'usage  de  cette  boisson  qu'une  partie 
précieuse  du  revenu  de  l'ouvrier  est  enlevée  à  l'alimentation  du 
ménage,  et  qu'il  en ,  résulte  un  abrutissement  aussi  préjudiciable 
à  l'ouvrier  qu'à  sa  femme  et  à  ses  enfants. 

29°  qebstio!».  —  Y  en  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubi- 
nage? 

ebvorbb.  —  Oui.  Une  société  établie  ici  depuis  deux  ans,  sous 
le  nom  de  Saint-François  Régis,  veille  a  réprimer  oe  genre  de 
désordre  avec  le  zèle  le  plus  actif ,  et  on  lui  doit  déjà  les  meilleurs 
résultats.  Il  faut  espérer  que  les  moyens  d'instruction  qui  sont  mis 
à  la  portée  de  la  classe  pauvre,  serviront,  en  se  répandant,  à  en 
améliorer  ses  mœurs  et  à  lui  faire  comprendre  ses  devoirs. 

30*  QUB.STI0K.  —  Les  moeurs  des  jeunes  ouvrières  sont -elles 
ordinairement  bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la 
confusion  des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  leur 
être  nuisibles  ? 

rbponbjj.  —  Les  jeunes  ouvrières  conservent  difficilement  des 
moeurs  pures,  au  milieu  des  fabriques  où  se  trouvent  ordinairement 
de  nombreuses  réunions  d'hommes.  II  serait  sans  doute  désirable 
que  la  confusion  des  sexes  n'eut  pas  lieu  dans  tes  ateliers  ;  mais , 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  LIÈGE.  177 

dans  l'état  de  nôtre  industrie,  l'idée  d'une  séparation  complète  pour 
les  femmes,  serait  aussi  peu  réalisable  que  celle  de  vouloir  donner 
une  organisation  à  part  au  travail  des  enfants. 

31*  question. — Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'in con- 
duite de  l'ouvrier? 

réponse.  —  Ces  causes  sont,  d'abord,  l'absence  de  bons  eiem- 
ples.au  foyer  paternel  et  d'une  éducation  première,  et,  plus  tard, 
la  facilité  qu'il  trouve  à  satisfaire  sa  passion  pour  les  liqueurs  fortes , 
ce  qui  l'entraîne  bientôt  à  d'autres  desordres. 

32*  questiou.  —  Exîsle-t-il,  tant  sous  le  rapport  physique,  que 
tous  je  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée: 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et'  celui  des  campagnes? 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier. en  petite  réunion  ou  isolément?   . 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant,  chez  un 
maître? 

nipoiiB».  — r  De  meilleures  conditions  dans  l'état  atmosphérique 
des  habitations,  un  autre  genre  de'  nourriture  et  d'habitudes, 
établissent  l'avantage,  sous  .le  rapport  physique,  en  faveur  de  l'ou- 
vrier des  campagnes.  Au  point  de  vue  moral,  l'ouvrier,  des  campa- 
gnes se  distingue  encore  de  l'ouvrier  des  villes,  par  un  plus  grand 
esprit  d'ordre  et: de  famille,  et  par  un  sentiment  religieux  plus 
profond'.  Il  doit  ces  avantages  aux  bons  exemples  qui  lui  ont  été 
donnés,  et  à  ce  qu'il  a  été  moins  exposé  à  la  corruption. 

Les  mêmes-  différences  morales ,  dues  aux  mêmes  causes  a  peu 
près,  se  font  remarquer  entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande 
réunion  et  celui  qui  travaille  en  petite  réunion. ou  isolément  ;  entre 
l'enfant  dès  fabriques  et  celui  qui  travaille  en  qualité  d'apprenti 
chez  un  maître  ,  parce  que  le  contact  avec  des  individus  vicieux 
n'a  pas  lieu  aussi  fréquemment  ni  au  même  degré  pour  l'un  comme 
pour  l'autre. 

33°  question.  — Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes?  Quelles  seraient  les  réformes  à  y  apporter? 

Barons*.  — Relativement  aux  industries  de  notre  ressort,  nous 
ne  pourrions  signaler  aucun  -abus.  Nos  grands  établissements  n'ont 
adopté  aucun  mode  particulier  d'engagement  où  d'apprentissage 
pour  les  enfants  ;  il  est  alloué  A  chacun  d'eu»  un  salaire,  presque  en 


«^.Google 


178    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

débutant  dans  l'atelier.  Ceat  le  degré  d'aptitude  qui  règle  exclusi- 
vement celte  matière. 

La  législation  des  livrets  est  ici  partout  en  rigueur.  Il  serait 
dangereux  d'y  vouloir  ajouter,  eu  égard  aux  changements  et  aux 
modifications  que  nos  diverses  branches  d'industrie  ont  sans  cesse 
a  subir  et  aux  nécessités  qui  viennent  à  surgir. 

Dans  beaucoup  de  cas,  on  s'exposerait  à  nuire  aux  ouvriers 
comme  aux  maîtres,  si  l'on  fixait  des  limites;  chaque  (ois,  surtout, 
qu'on  aurait  des  rivaux  en  présence.  Notre  époque  se  prêterait 
difficilement  a  ce  qui  rappellerait  le  régime  des  jurandes. 

Cependant  des  règles  particulières ,  sanctionnées  par  l'usage , 
régissent  encore  certaines  professions  qui  s'exercent  avec  un 
moindre  développement.  Jusqu'à  présent,  il  n'en  est  résulté  aucune 
plainte ,  et  on  ne  désire  y  voir  apporter  aucune  modification. 

34"  question.  — Y  a-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction ,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion ,  à  l'extérieur  ou  à  domicile? 

&ÉPONBE.  —  Des  mesures  de  protection  étant  adoptées,  il  faut, 
sans  doute/  les  étendre  à  tous  les  enfants  sans  distinction  ,  qu'ils 
travaillent  en  grande  ou  en  petite  réunion,  a  l'extérieur  ou  à  domi- 
cile, les  mentes  effets  devant  résulter  partout  des  mêmes  causes. 

55"  qubstiok.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son  bien- 
être  physique  et  moral? 

KÉPorssK.  —  Des  bureaux  de  bienfaisance  dans  toutes  les  com- 
munes. Au  chef-lieu  de  la  province,  cette  institution  se  divise, 
dans  chaque  paroisse ,  en  comités  de  secours. 

On  y  a  établi  des  écoles  gardiennes  gratuites  ;  des  écoles  primaires 
communales,  pour  les  garçons  et  les  filles,  sont  ouvertes  a  tous  les 
indigents.  Plusieurs  établissements  du  même  genre  ont  été  érigés 
par  les  frères  de  la  doctrine  chrétienne  et  par  des  associations  reli- 
gieuses de  femmes.  Des  écoles  du  soir  et  du  dimanche  y  sont  en 
plein  exercice,  établies  spécialement  en  faveur  de  la  classe  ouvrière, 
à  côté  d'une  école  industrielle  préparatoire  et  d'une  école  indus- 
trielle fortement  organisée,  à  laquelle  il  vient  d'être  annexé  une 
chaire  d'hygiène  populaire.  Ces  deux  établissements  ont  été  fondés 
par  la  commune.  Enfin,  il  y  existe  des  hospices  civils  et  de  nom- 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  LIEGE.  179 

breuses  institutions  de  bienfaisance ,  élevées  et  soutenue*  par  ta 
charité  privée. 

Mais,  d'une  part,  le  besoin  que  beaucoup  de  parents  éprouvent 
de  faire  gagner,  de  bonne  heure ,  un  salaire  à  leurs  enfants  ;  et, 
de  l'autre,  leur  entière  indifférence  relativement  à  leur  avenir, 
continuent  à  priver  le  plus  grand  nombre  des  bienfaits  que  ces 
divers  établissement»  sont  susceptibles  d'assurer  à  la  classe  indi- 
gente. 

Suivant  nous ,  il  doit  suffire  de  chercher  a  faire  participer  le 
plus  grand  nombre  possible  à  l'influence  de  ces  institutions. 

36*  question.  —  Quels  seraient ,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail,  les  moyens  propres  à  améliorer  la 
condition  des  jeunes  ouvriers? 

aiponsE.  — Nous  avons  déjà  émis  notre  opinion  relativement  aux 
inconvénients  qui  résulteraient  d'une  réduction  de  travail  qui  ne 
se  concilierait  pas  avec  notre  organisation  industrielle ,  et  nous 
avons  indiqué,  dans  les  réponses  qui  précèdent,  les  moyens  les  plus 
propres,  suivant  nous,  à  améliorer  la  condition  physique  et  morale 
des  jeunes  ouvriers. 

Après  ces  détails  exigés  par  l'enquête,  la  chambre  croit,  H.  le 
Gouverneur,  avoir  à  émettre  quelques  considérations  susceptibles 
de  ramener  cette  enquête  aux  vraies  proportions  qu'elle  comporte. 

Tout  en  applaudissant  aux  sentiments  de  philanthropie  qui  ont 
suggéré  cette  louable  intervention  du  gouvernement  dans  l'appré- 
ciation du  travail  imposé  à  l'enfance ,  il  est  facile  de  se  convaincre, 
par  la  nature  des  questions  posées ,  qu'on  a  cru  entrevoir  le  mal 
là  où  il  n'existe  pas,  et  que,  par  conséquent,  on  risque  de  s'égarer, 
sans  trouver  le  remède  aux  souffrances  de  cette  portion  si  intéres- 
sante de  la  société. 

Qu'on  ne  s'y  trompe  pas  :  ce  n'est  pas  le  travail  de  l'atelier,  mais 
l'absence  d'une  nourriture  substantielle ,  d'une  habitation  saine  et 
aérée ,  d'un  vêtement  et  d'une  chaussure  convenables  a  leur  Age  , 
qui  étiole,  mine  et  dévore  les  enfants  de  la  classe  ouvrière, 
et  les  met,  pour  ainsi  dire,  en  coupe  réglée. 

Cest  là  que  gtt  la  cause  de  cette  déplorable  moisson,  on  ne  peut 
le  méconnaître  ;  mais  il  a  paru  plus  facile  de  la  chercher  ailleurs, 
parce  qu'il  y  avait  plus  d'espoir  d'y  trouver  remède.  C'est  éluder 
la  question  et  tourner  la  difficulté,  sans  réfléchir  que  les  sympa- 
thies qu'on  éprouve  pour  l'enfance  pourraient,  en  dernier  résultat, 
lui  être  plus  nuisibles  que  favorables. 


^y  Google 


160    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

En  effet,  qu'on  consulte  les  personnes  qui  s'occupent  d'hygiène 
publique,  ou  plutôt  qu'on  visite  les  écoles  gardiennes,  qui,  sous  de 
nombreux  rapports,  conservent  le  régime  de  l'atelier,  et  on  y  con- 
statera ce  fait ,  que  dans  les  années  d'abondance  ,  alors  que  la  vie 
animale  est  à  bon  compte,  que  l'industrie  permet  de  rémunérer 
suffisamment  le  travail  9e  l'ouvrier,  les  enfants  jouissent  générale- 
ment d'une  bonne  santé,  qu'ils  sont  frais,  dispos ,  bien  conformés. 
Survient -il  une  année  où  le  prix  des  denrées  alimentaires  augmente, 
où  les  salaires  diminuent;  alors,  dans  cette  même  école,  on  ne  verra 
plus  que  des  visages  pâles ,  une  génération  maladive  et  amaigrie , 
subissant  déjà  des  infirmités  physiques  et  la  privation  des  joies  et 
des  plaisirs  de  l'enfance. 

Un  peu  moins  de  travail  dans  l'atelier,  un  peu  plus  d'exercice  au 
grand  air,  suffiraient-ils  pour  calmer  ces  souffrances?  Assurément 
non  :  c'est  du  pain  qu'il  faut  à  ces  enfants,  avant  tout.  Eh  bien,  en 
diminuant  les  heures  de  travail  assignées  aux  enfants  employés 
dans  les  fabriques ,  on  diminuera  les  salaires,  et,  par  conséquent, 
les  moyens  de  pourvoir,  non-seulement  .à  leur  propre  subsistance , 
mais  encore  à  celle  de  leur  famille. 

On  ne  prétendra  certes  pas  mettre  à  la  charge  de  l'industriel  le 
soin  tout  providentiel  de  fournir  à  la  subsistance  des  enfants ,  en 
obligeant  ceux  qui:  les  emploient  à  les  rétribuer  d'une  manière 
égale  pour  un  nombre  déterminé  d'heures  de  travail.  Ce  serait 
faire  facilement  de  la  philanthropie  que  d'astreindre  l'industriel 
à  remplir  eu  quelque  sorte  l'office  du  bureau  de  bienfaisance.  ' 
Certainement-,  il  ne  faut  pas  que  l'enfant  succombe  à  la  tâche, 
qu'on  l'oblige  à  entreprendre  un  travail  au-dessus  de  son  Age, 
ou  qui  puisse  nuire  eu  développement  de  ses  forces  physiques , 
soit  parce  qu'il  exigerait  trop  de  fatigue,  soit  parce  qu'il  l'expo- 
serait a  des  émanations  morbides  ;  ce  sont  la  des  éventualités 
auxquelles  l'intervention  tutélaire  du  gouvernement  doit  parer. 
La  chambre  croit  devoir  insister  sur. ce  point,  que  loin  de  s'y 
opposer,  elle  sollicite  une  surveillance  plus  active  que  celle  qui  est 
exercée  aujourd'hui  dans  les  :  fabriques  par  la  police  locale  ;  mais 
elle  demande,  en  même  temps,  qu'on  évite  un  autre  écueil,  celui 
de  nuire ,  au  lieu  de  venir  en  aide  aux  misères  de  l'enfance  et  de 
la  classe  ouvrière  j  car  il  ne  faut  pas  s'abuser  au  point  de  croire 
qu'en  réglementant  l'industrie ,  on  l'aura  sauvée.  Il  faut  plutôt 
aviser  au  moyen,  de  l'alimenter,  de  la  vêtir  et  de  la  loger.  Alors 
la  lâche  du  philanthrope  pourra  s'agrandir.  C'est  là  le  problème  & 


-,::„d,vGooyle 


CllAMBBE  DE  COMMERCE  DE  LIÈGE.  181 

résoudre,  et  à  la  solution  duquel  le  .gouvernement  doit  pousser  en 
faisant  appel  à  toutes  les  intelligences  généreuses.  Appelée  a  donner 
son  avis,  la  chambre  de  commerce  de  Liège  s'empressera  d'y  ap- 
porter le  contingent  de  ses  recherches  ;  en  un  mot,  c'est  l'organisa- 
tion de  la  bienfaisance  publique  et  privée  qu'il  importe  d'assurer  et 
d'étendre  a  tous  les  membres  souffrants  de  la  classe  ouvrière,  dont 
le  sort  est  tout  aussi  digne  d'intérêt  que  celui  des  prisonniers,  auquel 
nos  publicistes  consacrent  tous  leurs  soins.  Déjà,  on  a  explore  tout  le 
monde  civilisé  pour  constater  le  mérite  d'un  bon  système  péniten- 
tiaire ;  on  s'est,  avec  raison,  apitoyé  sur  les  repris  de  justice.  Il  n'y 
a  qu'a  féliciter  le  gouvernement  d'avoir  prêté  son- louable  concours 
à  cette  amélioration,  liais  le  temps  est  venu  aussi  de  faire  dispa- 
raître une  anomalie  sociale  qui,  souvent,  place  l'ouvrier  dans  une 
condition  inférieure  à  celle  du  prisonnier.  Pour  ne  citer  qu'un  fait, 
n'est-il  pas  déplorable  qu'en  cas  de  maladie  ,  l'ouvrier ,  ses  enfants 
et  sa  famille  ne  puissent  recevoir  un  traitement  aussi  favorable  que 
celui  du  reclus?  Et  n'est-ce  pas,  jusqu'à  un  certain  point,  mat  pla- 
cer sa  compassion,  quelque  respectable  que  soit  le  motif,  que  d'or- 
ganiser des  collectes  dont  le  produit  vient  en  partie  satisfaire  les 
menus  plaisirs  du  prisonnier ,  alors  que ,  faute  de  travail ,  ou  par 
suite  de  maladie  ,  d'honnêtes  artisans  et  leurs  familles  éprouvent 
tous  les  maux  et  toutes  les  privations  de  la  misère  ?. 
-  Telles  sont  les  réflexions  que  l'enquête  a  suggérées  à  la  chambre 
de  commerce  de  Liège.  Elle  vient  vous  les  présenter,  M.  le  Gou- 
verneur ,  et  vous  offrir ,  en  même  temps ,  l'assurance  de  sa  haute 
considération. 

Le  Secrétaire,  Le  Vice-Président, 

,    Fais.  Gilsus.  V.  Bu.LmojD. 


DglizedOy  GOOgle 


182      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


A.  —  Question*  spéciale»  au  travail  des  enfants. 

1™  QusaTiOK.  —  Quels  sont,  dans  voire  ressort,  les  industries  où 
l'on  emploie  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans ,  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers  7 

uÉPOKSE.  —  Les  faïenceries  d'Aodennes,  les  houillères,  les 
papeteries,  les  filatures,  les  Fabriques  d'objet»  de  terre  plas- 
tique, les  établissements  de  forgerie,  les  fabriques  de  cuivre,  les 
coutelleries ,  les  cristalleries  et  verreries ,  les  fabriques  de  ceruse, 
les  marbreries  et  les  houillères  de  la  Sambre. 

On  emploie,  dans  diverses  proportions,  des  ouvriers  au-dessous 
de  seize  ans,  dans  tous  les  établissements  précités,  excepté  dans  les 
fabriques  de  ce  ru  se. 

A.  Dans  treize  usines  à  ouvrer  le  fer  (en  ne  comprenant  que 
les  employés  à  l'intérieur,  abstraction  faite  de  nombreux  bûche- 
rons, fauldeurs,  mineurs,  voituriers,  etc.,  occupés  à  l'apprêt  des 
matières  premières)  on  occupe  quatre  cent  deux  jeunes  ouvriers, 
dont  un  dixième  n'a  pas  atteint  l'âge  de  seize  ans. 

B.  La  même  proportion  peut  être  admise  pour  les  fabriques  de 
cuivre-laiton. 

C.  Sur  quarante-neuf  ouvriers  de  notre  principale  fabrique  de 
couteaux  à  Namur,  trois  seulement  n'ont  pas  seize  ans.    - 

F.  Deux  établissements  qui  exploitent  et  travaillent  le  marbre , 
occupent  deux  cent  sept  ouvriers ,  dont  dix-neuf  n'ont  pas  atteint 
leur  seizième  année. 

G.  Une  grande  houillère  de  la  Sambre  en  emploie  sept  sur 
soîxante-cinq. 

Résumant  ces  données,  l'on  trouve  que  la  proportion  des  ouvriers 
au-dessous  de  seize  ans  est  de  près  de  treize  pour%8ur  la  masse. 

2'  QFESTioti. —  A  quel  Age  admet-on,  en  général,  les  enfants  dans 
ces  établissements  ? 

BÉPonsi.  — Dans  les  faïenceries  d'Andennes,  les  houillères,  les 
mines,  les  papeteries,  les  filatures  et  les  fabriques  d'objets  de  terre 
plastique,  on  admet  généralement  les  enfants  a  dix  ans ,  rarement 
au-dessous. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  NAMUR.  185 

Dans  les  forgea  et  fonderies  de  fer,  la  coutellerie ,  la  cristallerie 
et  les  fabriques  de  cuivre  dont  noua  avons  parlé,  on  reçoit  les 
enfants  aussitôt  après  leur  première  communion.  Ils  doivent  com- 
mencer jeunes  pour  parvenir  à  être  ouvriers  à  l'âge  ou  ils  en  ont 
la  force. 

Dans  les  fabriques  de  céruse ,  l'on  n'accepte  que  des  ouvriers 
dont  l'âge  offre  quelques  garanties  contre  l'insalubrité  de  ce  genre 
de  préparation. 

Dana  les  exploitations  de  marbre  et  dans  les  houillères ,  on  ne 
reçoit  pas  d'enfant  au-dessous  de  neuf  ans. 

L'article  29  du  décret  impérial  du  3  janvier  1813  défend  de 
laisser  descendre  dans  les  mines  des  enfants  au-dessous  de  dis  ans. 
Cette  partie  de  la  loi  n'est  pas  fidèlement  observée. 

3*  qubstioh.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfanta?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé  ? 

&BPOTOE.  —  En  général  dans  les  forges,  les  fabriques  de  cuivre, 
de  couteaux ,  de  cristaux ,  les  enfants  ne  sont  employés  qu'à  des 
travaux  faciles  qui  ne  gênent  en  rien  leur- développement  physique; 
cela  leur  donne  au  contraire  cette  aptitude  au  travail,  ce  tour  de 
main  que  l'on  n'acquiert  que  par  un  long  usage.  Dans  les  faïen- 
ceries, ils  font  mouvoir  des  tour*.  Dans  les  fabriques  de  papiers 
et  de  terre  plastique ,  on  les  emploie  aux  travaux  de  manoeuvre 
les  plus  légers;  chez  les  fileurs  de  coton,  a  la  surveillance  des 
machines.  Ces  travaux  nuisent  aux  jeunes  ouvriers,  à  cause  de  leur 
durée  et  de  la  température  qui  règne  dans  les  ateliers ,  et  surtout 
à  cause  de  la  poussière  que  l'on  y  respire.  Dana  les  mines  et  dans 
les  houillères,  ils  traînent  habituellement,  sur  de  petits  chariots,  les 
produits  de  l'extraction. 

En  général,  dans  les  exploitations,  le  genre  de  travail  auquel  les 
enfants  sont  souvent  seuls  convenables,  contribue  forcément  à 
produire  chez  eux  une  foule  de  graves  accidents ,  qui ,  comme  on 
le  voit  d'après  les  demandes  auxquelles  doit  faire  droit  la  caisse  de 
prévoyance,  les  rendent  impropres  au  travail  à  un  âge  où  d'autres 
pat  acquis  un  plus  grand  degré  de  force. 

4'  ooxsTiOH.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  entants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive. 

atsonsi.  —  La  durée  du  travail  est  généralement  de  huit  heures 


^y  Google 


184     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 
dans  les  -houillères;  de  douze  heures  dans  le»  fabriques,   et  de 
.quatorze  heures  dans  les  filature*.  ■.--■■ 

Dans  les  forges,  l'enfant  est  payé  à  forfait,  comme  l'ouvrier  ;  les 
vingt-quatre  heures  sont  divisées  par  des  intervalles  de  travail  et 
de  repos  successifs,  de  manière  à  ce  que  l'enfant  ne  soit  pas  occupé 
plus  de  dix  &  douze  heures  par  jour.  Il  en  est  de  même  dans  les 
fabriques  de  cuivre  et  de  couteau*. 

Les  ouvriers  de  verreries  travaillent  onze  heures;  lés  tailleurs  sur 
cristaux,  dix  heures. 

Dans  les  carrières  de  marbre,  les  ouvriers-  sont  employés  onze 
heures  en  été ,  et  huit  a  neuf  heures  en  hiver. 

Dans  les  mines,  ils  travaillent  par  périodes  de  huit  heure*. 

5°  question.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux  ; 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants?   ■ 

uteoiisi.  —  Dan*  le*  établissements  où  le  travail  est  continu; 
ils  n'ont  point  d'heure  fixe  pour  le  repos. 

Dans  d'autres,-  on  leur  accorde  trente  ou  soixante  minute*  à  huit 
heures  ou  au  déjeuner;  soixante  minutes  à  raidi,  et  trente  minutes 
à  quatre  heures  ou  vers  le  soir.  ■  ■  '    , 

Le  travail  de  huit  heures  de  l'enfant  mineur,  n'est  ordinairement 
suspendu  que  pendant  une  demi-heure  pour  les  repas. 

Le  temps  de  travail  noua  parait  beaucoup  trop  long,  surtout 
celui  que  l'on  consacre,  au  traînage  des  produit*  d'extraction,,  h 
travers  les  galeries  étroites  et  humides  de-  certaines  mine*. 

6"  question. — Les  enfants  et  le*  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se 
combine-t-il  avec  le  travail  de  jour? 

répons*.  —  On  ne  travaille  pas  habituellement  la  suit.  Dans  les 
forges,  les  ouvrier*  «'entendent  pour  que  chaque  semaine  une  nou- 
velle brigade  travaille  pendant-la  première  partie  de  la  nuit. 

Dans  les  fabrique*- de  cuivre,  la  fonte  qui  commence  à  six  heures 
du  matin,,  finit  à  six  heure*  du  soir.  Dans  certains  laminoirs,  tréfi- 
lerîes  et  batteries,  on  travaille  de  minuit  à  midi,  et  de  midi  à  minuit. 
Les  enfants  sont  alternativement  occupés  six  heures  de  nuit  et  six 
heures  de  jour.  * 

Dans  les  coutelleries  on  ne  travaille  pas  la  huit. 

La  fonte  des  cristallerie*  exige  un  travail  de  nuit  auquel  les 
enfants  prennent  part. 

Dans  tes  mines  ils  font  leur  période  de  nuit. 


DgtizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  NAMUR.  185 

7*  QUOTioH.  —  Y  a-l-il  des  établissement»  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  mel-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  Jes  enfouis,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux.  * 

kcfosse. — Dans  aucun  des  établissements  précités  on  ne  tra- 
vaille le  dimanche ,  si  ce  n'est  dans  des  cas  d'urgence  et  pour  des 
réparations  indispensables.  Et  si,  par  cas  exceptionnel,  on  doit' 
travailler  dans  certaines  fonderies  de  fer,  de  cuivre  ou  de  cristal,. 
pour  entretenir  le  feu,  ou  dans  quelques  mines  pour  l'épuisement 
des  eaux,  ce  travail  ne  met  point  obstacle  k  ce  que  les  ouvriers 
puissent  remplir  leurs- devoirs  de  religion. 

8"  question. —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des  jeunes 
ouvriers»  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries,  les  sexes 
et  les  Ages? 

EÉroBSB.  —  Les  jeunes  filles  de  dix  à  quinze  ans,  gagnent,  terme' 
moyen,  '  40  centimes  par  jour  à  la  filature  de  coton  j  les  garçons 
gagnent,  de  50  centimes  a  1  franc ,  dans  quelques  autres  Indus- 
tries. 

Les  enfants  attachés,  aux  forges  peuvent  gagner  25  francs  par 
mois  de  vingt-six  jours  ou.  .    .     ■     .  par  jour,  fr.  »   96 

.  Ceux  qui  nettoient  les  objets  de  moulage, 
10  à  15  fr.  ou  environ.     .......  id.  *    50 

Ceux  qui  travaillent  dans  les  usines  a  cuivre.  id.  *    75 

Dans  les  coutelleries.     .     .     ,.    .     .     .  id.    '  »    60 

.  Dans  les  fabriques  de  cristaux  : 

Les  femmes.     ........  .  id.  1  ». 

Les  enfants  de  douze  a  seize  ans.     .  id.  *    90 

Dans  les  marbreries  : 

Les  femmes.    ........  id.  1  » 

Les  enfants  de  douze  a  seize  ans.     .     .  id.  »   75 

Dans  les  houillères  :  • 

Les  femmes.    .._..:...  id.  1  » 

Les  enfants  de  douze  à. seize  ans.  id.  »    80 

9*  QDBSTiOK.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branche*  d'industrie, 
'  l'avantage  que  l'on  trouve  a  employer  des  femmes  et  des.  enfants , 
de  préférence  aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  Indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires  T- les  avantages  que  retirent  les 
familles  d'ouvriers  de  l'emploi  des  e 


-, .j, Google 


186     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

BÉpoHSB.  —  L'avantage  que  l'on  trouve  à  employer  des  enfants 
et  des  femmes  consiste  uniquement  dans  l'économie. 

Toutefois,  il  y  a  obligation  de  n'employer  que  des  enfants  dans 
certains  travaux  de  mines  inaccessibles  à  des  hommes  faits. 

L'avantage  que  retirent  les  familles  d'ouvriers  de  l'emploi  de 
leurs  enfants,  indépendamment  du  salaire  qu'ils  en  retirent,  est 
que  les  enfants  acquièrent  de  bonne  heure  l'habitude  du  travail 
et  de  l'ordre. 

L'apprentissage  ,■  commencé  de  bonne  heure  ,  forme  de  bons 
ouvriers;  et  les  familles  s'assurent  par  là  aide  et  assistance  dans 
l'avenir,  en  donnant  un  état  à  leurs  enfants. 

10*  qoestiok.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige-l-il 
impérieusement  que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

11°  question.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position  ?  Quelle 
est  aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement ,  et  en 
quoi  fait-elle  défaut? 

befokse. — Il  est  assez  difficile  de  concilier  l'intérêt  des  industries 
qui  emploient  des  enfants  avec  la  nécessité  de  procurer  a  ceux-ci 
une  éducation  et  une  instruction  qui  conviennent  à  leur  position. 

Le  travail  des  enfants  est  ordinairement  combiné  avec  celui  des 
adultes  et  doit  avoir  la  même  durée.  Si  donc,  pour  obvier  à  cet 
inconvénient  et  diminuer  la  durée  du  travail  des  enfants,  l'indus- 
triel est  obligé  d'avoir  deux  relais  d'enfants,  il  devrait  supporter 
un  surcroit  de  frais  ou  faire  subir  aux  ouvriers  une  réduction  de 
salaire. 

Il  est  impossible  que  des  enfants,  exténués  par  douze  ou  quatorze 
heures  de  travail,  soient  disposés  à  donner  à  leur  instruction,  dont, 
en  général ,  ils  ne  sentent  pas  le  besoin ,  le  temps  nécessaire  à 
la  réparation  de  leurs  forces. 

L'instruction,  tant  morale  que  pratique,  est,  en  général,  très- 
peu  avancée  chez  nos  ouvriers. 

L'instruction  qu'ils  reçoivent  aujourd'hui,  se  borne  pour  ainsi 
dire  à  la  préparation  bien  incomplète  à  la  première  communion. 

L'absence  des  plus  simples  éléments  scientifiques  ou  mécaniques 
se  fait  vivement  sentir  chez  nos  ouvriers  en  tous  genres. 

Les  renseignements  suivants  que  nous  avons  pu  obtenir  pour 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  NAMUR.  187 

quelques  branches  d'industrie,  démontreront  combien  l'instruction 
des  ouvriers  est  négligée. 

Sur  mille  trente-trois  ouvriers  occupés  dans  treize  forges,  deux 
fabriques  de  cuivre,  une  de  couteaux,  une  de  cristaux,  une  de 
céruse,  deux  marbreries  et  une  houillère  : 

388  ou  37  p.  %  ne  savent  ni  lire  ni  écrire. 
589  ou  plus  de  37  p.  "/„  savent  lire  et  écrire  imparfaitement. 
248  ou  24  p.  '/,  gavent  lire,  écrire  et  calculer. 
8  seulement  savent  le  dessin. 

1,035. 

Cet  état  de  choses  ne  peut  cependant  que  s'améliorer  en  pré- 
sence de  la  loi  sur  l'instruction  el  de  l'établissement  des  écoles  par 
les  caisses  de  prévoyance  en  faveur  des  ouvriers  mineurs. 

12°  question.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'âge, 
la  limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfantsaux  divers  travaux? 

afarnsE.  —  Nous  croyons  qu'un  enfant  ne  devrait  être  admis 
dans  une  fabrique  ou  usine  quelconque ,  qu'après  avoir  fait  sa 
première  communion ,  c'est-à-dire  après  sa  dixième  ou  onzième 
année. 

13"  qubstios.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants?  Comment  gradue- 
riez-vous  cette  durée  selon  les  Ages? 

bbpowse.  —  II  nous  parait  difficile  d'établir  uniformément  la 
durée  du  travail ,  qui  doit  au  contraire  nécessairement  varier, 
selon  la  nature  et  les  conditions  de  ce  travail.  Un  enfant  est  plus 
apte  à  un  travail  actif  et  en  rapport  avec  les  goûts  et  les  habitudes 
de  son  âge,  qu'à  un  travail  sédentaire  qui  s'effectue  dans  l'atmo- 
sphère viciée  des  fabriques. 

La  durée  du  travail,  dans  ce  dernier  cas,  doit  évidemment  être 
moindre  que  dans  l'autre. 

14"  qubstios.  —  Jusqu'à  quel  âge  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers? 

aÉpoasB.  —  En  n'entrant  au  service  d'un  établissement  que  vers 
onze  ans ,  l'enfant  pourrait  s'habituer,  dans  certaines  industries  , 
comme  dans  la  forgerie  ,  la  fabrication  du  laiton ,  etc. ,  à  veiller 
deux  semaines  par  mois ,  six  heures  chaque  nuit  ,  sans  grand 
inconvénient  pour  sa  santé .  Il  n'en  est  pas  de  même  dans  les 


*by  Google 


188     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
fabriques  fermées  où,  pendant  la  nuit,  les  produits  de  la  combus- 
tion ajoutent  encore  aux  miasmes  délétères  accumulés  dans  tin 
petit  espace. 

Il  serait  toutefois  à  désirer  que  l'on  put  supprimer  entièrement 
lé  travail  de  nuit,  généralement  nuisible  à  la  santé  des  enfants ,  et 
qui ,  à  cause  de  leur  imprévoyance  et  de  la  difficulté  qu'ils  éprou- 
vent de  résister  au  sommeil,  présente  de  grands  dangers  d'in- 
cendie. 

15"  question.  —  Ne  conviendrait- 11  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  âge  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

rbfoksx.  —  Les  fabricants  de  céruse  semblent  avoir  compris 
l'importance  de  cette  question;  car  ils  n'occupent  que  des  hommes 
et  des  femmes  de  l'âge  de  vingt  ans  environ. 

Certaines  industries  ne  peuvent  se  passer  d'enfants,  qui,  par 
leur  taille,  sont  seuls  aptes  à  certains  travaux:.  Ainsi,  par  eiemple, 
les  houillères  se  passeraient  difficilement  d'enfante  pour:  l'exploi- 
tation des  galeries  basses  et  étroites. 

16°  questioh.  —  A  quel  âge  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  fibre 
de  s'engager  dans  les  fabriques,  etc.,  sans  qu'aucune  restriction 
fut  apportée  â  la  durée  de  son  travail? 

KXroHSK.  —.On  ne  pourrait  préciser  l'âge  auquel  un  ouvrier 
serait  libre  de  s'engager  dans  une  fabrique ,  sans  restriction  sur 
la  durée  de  son  travail  ;  cet  âge  devrait,  sir  était  possible,  être 
subordonné  a  la  nature  de  l'occupation,  à  laquelle  il  voudrait  se 
livrer. 

La  santé  d'un  mineur,  d'un'  fabricant  de  céruse,  est  bien  plus 
exposée  que  celle  d'un  forgeron  pu  d'un  fondeur.  A  part  son  âge, 
il  serait  bon  de  faire  constater  la  force  et  la  constitution  de  l'ou- 
vrier par  un  médecin  ou  un  chirurgien,  comme  cela  se  fait,  pen- 
sons-nous, en  Angleterre,  avant  de  l'admettre  a  certain  genre  de 
travail. 

17"  question.  —  Pour  satisfaire  k  tous  les  intérêts,  ne  pourrait- 
on  pas  former,  comme  en  Angleterre,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement  en  se  relayant  a  certains  intervalles? 

18"  question. — En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  système 
que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  tonnant,  par  exemple, 
deux  brigades  d'enfants  qui  travailleraient  l'une  le  matin,  l'autre 


DiglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  NAMUR.  189 

l'après-midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail  avec  ceux 
de  la  santé  et  de  ['instruction  des  jeunes  ouvrière? 

réponse.  — .  C'est,  en  d'autres  termes ,  la  dixième  question  qui 
réduirait  la  durée  du  travail  des  enfants  a  six  heures  par  jour. 
Comme  nous  t'avons  dit  plus  haut,  cette  réduction,  éminemment 
utile  au  développement  physique  et  moral  des  jeunes  ouvriers , 
aurait  pour  résultat  de  diminuer  leur  gain  ,  ou  d'augmenter  les 
frais  du  maître. 

Du  reste ,  la  proportion  des  enfants  employés  dans  les  divers 
établissements  dont  nous  nous  sommes  occupés,  est. trop  petite 
pour  qu'une  modification  dans  la  durée  du  travail  puisse  influer 
d'une  manière  sensible  sur  les  intérêts  des  fabricants. 

Toutefois,  en  admettant  la  réduction  de  la  durée  du  travail  des 
enfants,  il  faudrait  avoir  soin  que  le  temps  de  repos  rut  en  partie 
consacré  à  leur  instruction  ;  car  mieux  vaudrait  les  laisser  travail- 
ler dans  les  usines,  si  le  repos  qu'on  veut  leur  accorder  n'était  pas 
employé  ît  leur  amélioration  morale  et  intellectuelle. 

19*  question.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

j4.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers  et 
l'augmentation  de  leur  aptitude? 

B.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 
Agés? 

aeponsB.  —  L'expérience  peut  seule  démontrer  si  cet  inconvé- 
nients seraient  compensés. 

B.  —  Questions  hygiéniques  et  économiques. 

20"  QUKSTiori.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établissements 
industriels  de  votre  ressort  ? 

aÉPonsE. —Les  ouvriers  de  certaines  fabriques,  mines,  houil- 
lères, etc. ,  sont  en  général  d'une  santé  robuste  et  d'une  stature 
peu  élevée. 

Dans  les  forges,  les  fabriques  de  cuivre,  les  coutelleries,  les  cris- 
talleries, les  marbreries,  la  santé  des  ouvriers ,  tant  enfants 
qu'adultes,  parait  généralement  bonne.  . 


ly  Google 


100    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

21e  question.  —  Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ilssontexposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  auxquelles 
ils  sont  sujets? 

beponsb.  —  La  phthisie  et  les  scrofules  sont  des  maladies  fort 
communes  chez  les  ouvriers,  notamment  chez  les  ouvriers  mi- 
neurs ;  car,  outre  qu'ils  exposent  chaque  jour  et  à  chaque  instant 
leur  vie,  ils  sont  encore  souvent  affectés  de  pulmonie,  d'ul- 
cères, de  déviations  et  de  difformités  des  membres,  surtout  des 
jambes  et  de  la  colonne  vertébrale.  Ces  accidents  proviennent  de 
l'humidité  et  des  positions  forcées  et  continues  auxquelles  ils  sont 
astreints,  a  cause  de  l'exiguïté  de  l'espace  dans  lequel  ils  doivent 
travailler. 

On  remarque  que  les  ouvriers  forgerons  ou  roarteleurs  de  cuivre, 
sont  souvent  affectés  de  surdité. 

Les  ouvriers  fabriquant  la  céruae  sont  exposés  à  de  graves  mala- 
dies, et  entre  autres  aux  coliques  de  plomb. 

11°  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  babituel  de 
l'ouvrier? 

skpoubb.  —  Le  régime  alimentaire  de  l'ouvrier  se  réduit  a  du 
pain,  des  pommes  de  terre,  du  café,  quelquefois  de  la  bière, 
rarement  un  peu  de  viande,  et  souvent  du  genièvre  ou  de  l'eau- 
de-vie. 

On  peut  dire  que  le  mouleur,  le  forgeron  et  le  fondeur  sont 
soumis  à  un  véritable  traitement  hydrosudopathique  permanent. 

28"  question.  —  Comment  est-il  logé  d'ordinaire,  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 

brfonsb.  —  Dans  les  usines  à  ouvrer  le  fer  et  le  cuivre,  l'ouvrier 
demeure  toute  la  semaine  à  l'établissement. 

Les  ouvriers  de  certaines  fabriques  retournent  généralement 
chaque  soir  dans  leur  famille. 

Quant  a  ceux  qui  ne  retournent  point  chez  eux,  ils  trouvent  à  se 
loger  passablement  pour  1  franc  ou  1  fr.  50  centimes  par  semaine. 

14*  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia- 
lions  sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années ,  et  quelles  sont 
ces  variations? 

réponse.  —  Le  salaire  de  nos  ouvriers  a  subi  une  assez  forte 
réduction  depuis  quatre  ans,  surtout  pour  les  ouvriers  artisans 
(gens  de  métier).  Hais  celui  du  manœuvre  a  peu  varié. 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  NAMUR.  191 

25°  question.  — Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 

l'ouvrier  ait  une  existence  convenable?  Peut-il  Faire  des  économies  '! 
bbpoitsb.  —  Le  salaire  actuel  de  l'ouvrier  suffit ,  en  général ,  à 

procurer  une  existence  supportable  1  celui  qui  a  de  l'ordre  ;  mais 

nous  ne  croyons  pas  qu'il  lui  soit  possible  de  faire  des  économies, 

surtout  quand  il  a  une  nombreuse  famille  à  nourrir. 

26"  question.  —  A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 

ou  par  semaine ,  ses  bénéfices  el  le  coût  de  son  entretien  et  de 

celui  de  sa  famille? 

ssPonSB.  —  Dans  certains  établissements,  la  moyenne  du  salaire 

du  manœuvre  peut  être  évaluée  à  1  franc  25  centimes  par  jour; 

celle  de  l'artisan  varie  de  2  à  5  francs  par  jour. 

La  pension  de  l'ouvrier  s'élève,  pour  la  nourriture  et  le  loge- 
ment ,  de  90  centimes  à  1  franc  par  jour. 

Pour  quelques  autres  établissements ,  ainsi  que  nous  l'avons  dit 

à  propos  du  travail  de  nuit,  le  salaire  moyen  des  enfants  serait 

de  75  centimes  par  jour,  ou  4  francs  50  centimes  par  semaine. 
Celui  des  femmes  de  1  franc  par  jour,  ou  6  francs  par  semaine. 
Dans  les  forges  et  fonderies,  l'ouvrier  adulte  gagne,  en  moyenne, 

d'après  le  relevé  de  seize  données  diverses,     par  jour,  fr.  1   91 

Dans  les  usines  a  cuivre id.        »     1   73 

Dans  les  fabriques  de  couteaux.     ...  id.        «     1   75 

Dans  les  cristalleries  et  les  verreries.  id.         ••    5  ■ 

Les  tailleurs  sur  cristaux id.        «    3  » 

Dans  les  fabriques  de  céruse id.         *     1   20 

Dans  les  marbreries id.         »     1   90 

Dans  les  houillères  de  la  Sambre.       .     .  id.         ■     1  40 

La  moyenne  est  de  2  fr.  23  c.  par  jour ,  ou  13  fr.  38  c.  par 

semaine  de  six  jours. 

27*  questiok.  — Quelle  est,  en  général,  la  condition  morale  des 

ouvriers  dans  votre  ressort? 

Réponse.  —  La  moralité  de  l'ouvrier  doit  se  ressentir  du  manque 

presque  absolu  d'instruction  et  d'éducation. 

28' question.  — Sont-ils  adonnés  &  l'ivrognerie? 
bepobsb.  —  L'usage  de  l'eau-de-vie  est  général .  * 

29'  question. — Y  en  a-l-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage? 
réponse.  —  Les  mœurs  sont  en  général  peu  sévères  ,  sans  que 

cependant  le  libertinage  soit  poussé  a  l'excès. 


«by  Google 


19*     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

30"  question  .  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  .ordi- 
nairement bonnes  ?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la  con- 
fusion des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  être 
nuisibles?  '     ;■, 

bépohsk.  —  La  confusion  des  sexes  dans  les  ateliers  hâte  natu- 
rellement le  développement  des  instincts  physiques. 

31°  QUESTioif.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'incon- 
dui le  de  l'ouvrier? 

.  reponsr.  ■ —  Nous  signalerons  comme  une  des  premières  causes 
de  l'iuconduile  de  l'ouvrier,  l'ivrognerie  et  l'absence  de  sentiments 
religieux,  etc. 

32*  qukstioi».  —  Existe-t-it ,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes? 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître? 

réponse.  L'ouvrier  des  campagnes  est  physiquement  mieux  par- 
tagé que  celui  des  villes.  Nous  ne  croyons  pas  qu'il  y  ait,  sous  le 
rapport  moral,  de  différence  bien  tranchée. 

33*  ocbstioh.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes?  Quelles  seraient  les  réformes  A  y  apporter? 

réponse.  — -  Il  n'y  a  que  fort  peu  d'apprentis  dans  notre  ressort. 
Le  petit  nombre  de  bons  ouvriers  artisans  ou  hommes  de  métier 
que  nous  possédons,  nous  vient  du  dehors. 

34"  ocbstion.  —  Y  a-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  A  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion,  A  l'extérieur  ou  A  domicile  ? 

kApohsb.  —  Nous  pensons  qu'il  n'y  aurait  pas  lien  A  s'occuper 
'  des  enfante  qui  travaillent  A  domicile  et  d'ordinaire  avec  leurs 
parents,  leurs  protecteurs  naturels. 

Des  mesures  protectrices  en  faveur  des  enfants  employés  dans 
les  grands  établissements,  sagement  combinées  avec  les  besoins  de 


DiglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  NAHUR.  193 

l'industrie  et  les  exigence»  de  la  concurrence,  nous  paraissent  très- 
désirables. 

55°  question.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institu- 
tions favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter 
son  bien-être  physique  et  moral  ? 

mipoirSE.  —  L'institution  de  la  caisse  de  prévoyance,  fondée  par 
arrêté  royal  du  1"  décembre  1859,  est  d'un  grand  secours  pour 
les  ouvriers  mineurs. 

Quarante-quatre  d'entre  eus  recevaient  des  pensions  ou  secours 
au  31  décembre  dernier. 

4,487  francs  avaient  déjà  été  distribués  par  cette  caisse  dans 
l'intervalle  de  trois  années  d'existence. 

Dans  la  plupart  des  localités  ou  il  existe  des  fabriques  ,  manu- 
factures, etc. ,  on  déplore  virement  l'absence  totale  d'institutions  en 
faveur  de  la  classe  ouvrière. 

Une  école  où  les  ouvriers  pourraient  puiser  les  principes  des 
arts  et  des  sciences,  remplirait  une  lacune  fortement  sentie  par 
tous  les  industriels. 

36*  question.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail,  les  moyens  propres  à  améliorer  la  con- 
dition des  jeunes  ouvriers? 

Réponse.  —  Le  bienfait  d'une  mesure  qui  donnerait  des  loisirs 
au  jeune  ouvrier,  serait  incomplet,  si  elle  ne  lui  procurait  aussi 
les  moyens  d'utiliser  ces  loisirs  pour  son  instruction.  Nous  signalons 
surtout  le  manque  d'instruction  et  d'éducation  de  nos  ouvriers, 
comme  le  plus  grand  obstacle  à  l'amélioration  de  leur  condition. 

Kamur,  le  6  novembre  1845, 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

Bruno,  fils,  Lemielle-Mail-ke. 


*by  Google 


194    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


A.  —  Question*  spéciales  au  travail  des  enfant*. 

1™  QBisTJon.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  industries 
où  l'on  emploie  déjeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

aipoitsi.  —  Dans  les  fabriques  de  soie  à  coudre,  les  ouvriers  au- 
dessous  de  seize  ans  sont  employés  dans  la  proportion  de  trois  sur 
huit  ;  dans  celles  d'étoffes  de  soie,  dans  la  proportion  de  un  sur 
cinq  ;  dans  une  fabrique  de  blanchisserie ,  teinturerie  et  apprêt 
de  calicots,  tulles,  etc.,  dans  la  proportion  de  un  sur  douze;  dans 
une  fabrique  de  toiles  à  voiles,  coutils,  etc.,  dans  la  proportion 
de  un  sur  trois  ;  dans  deux  fabriques  de  papier  peint,  dans  la  pro- 
portion de  cinq  sur  dix  ;  dans  une  fabrique  de  siamoise,  dans  la 
proportion  de  un  sur  cinq  ;  dans  les  fabriques  de  drap,  dans  la  pro- 
portion de  un  sur  cinq;  dans  une  fabrique  de  matière  servant  de 
préparation  au  feutrage  de  vieux  articles  en  laine,  dans  la  propor- 
tion de  un  sur  cinq.  Dans  les  fabriques  de  tabac  et  de  cigares, 
les  deux  tiers  des  ouvriers  se  composent  d'enfants. 

Les  dentellières  sont  au  nombre  de  trois  mille  cinq  cents  A  quatre 
mille. 

S*  odxstioh.  —  A  quel  Age  admet-on  ,  en  général ,  les  enfants 
dans  ces  établissements? 

xironsB.  —  Généralement,  c'est  à  l'Age  de  huit  ou  neuf  ans 
qu'on  commence  à  travailler  dans  les  fabriques.  Les  dentellières, 
dans  les  écoles,  commencent  vers  six  ans. 

S*  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  à  leur  santé? 

ïefoksi.  —  Dans  les  fabriques  de  soieries,  de  toiles  à  voiles,  de 
papier  peint,  de  tabac,  dans  la  blanchisserie  de  tulles  et  générale- 
ment dans  tous  les  établissements  sur  lesquels  nous  avons  pu 
recueillir  des  renseignements ,  les  enfants  sont  employés  exclusi- 
vement s.  des  travaux  qui  ne  fatiguent  point  et  qui  ne  sont  pas 
susceptibles  de  nuire  au  développement  de  leurs  facultés  physiques. 


DglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'ANVERS.  195 

Noui  n'avons  qu'une  seule  exception  à  signaler,  c'est  le  régime 
auquel  sont  soumises  les  dentellières  de  Turnfaout  et  de  quelques 
autres  localités  de  la  Campine.  Ces  jeunes  filles  étant  pour  la  plu- 
part enfants  de  tisserands,  les  ateliers  de  tissage  leur  serrent 
d'écoles  ;  elles  travaillent  dans  ces  endroits  humides  et  malsains 
depuis  sept  heures  du  matin  jusqu'à  midi,  et  depuis  une  heure  de 
l'après-midi  jusqu'à  huit  heures  soir,  et  cela  dès  l'âge  de  six  ans. 
Le  mauvais  air  qu'elles  respirent  continuellement ,  joint  à  leur 
position  assise  et  plus  ou  moins  courbée,  ne  peut  manquer  d'être 
funeste  à  leur  santé  et  à  leur  croissance  :  aussi ,  elles  contractent 
ordinairement  des  difformités  et  vieillissent  avant  le  temps. 

4*  qokstios.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  journa- 
lier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous  parait 
excessive. 

aéronse.  —  La  durée  habituelle  du  travail  journalier  pour  les 
enfants  est  de  dix  à  douze  heures.  Ce  travail  n'étant  pas  pénible 
dans  les  fabriques  de  notre  ressort,  cette  durée  n'est  pu  exces- 
sive, sauf  ce  que  nous  Tenons  de  dire  k  l'égard  des  dentellières. 

S'  ours-hob.  — i-  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants? 

liront. — Les  intervalles  de  repos  varient  suivant  l'ordre  établi 
dans  les  différentes  fabriques.  Il  y  en  a  généralement  trois  :  un 
d'une  heure,  et  deux  d'une  demi-heure  chacun  ;  cela  est  suffisant. 

6*  Quas-noTi.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  «ont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail ,  et  comment  se 
combine-t-il  avec  le  travail  de  jour. 

lÉPonsE.  — Ils  ne  sont  occupés,  la  nuit,  dans  quelques  établisse- 
ments, que  par  exception,  lorsqu'il  y  a  travail  extraordinaire. 

7*  qukstioh.  —  Y  a-tril  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux? 

kkpoksk.  —  Les  seuls  établissements  industriels  dans  notre 
province,  où  l'on  travaille  le  dimanche ,  sont  les  distilleries,  qui, 
par  l'effet  de  la  législation  actuelle ,  ne  pourraient  suspendre 
la  fabrication  le  dimanche,  sans  une  perte  considérable;  mais  les 
distilleries  n'emploient  pas  d'enfants,  et  leurs  travaux  sont  réglés 
de  manière  que  les  ouvriers  peuvent  remplir  leurs  devoirs  religieux. 


^y  Google 


196    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

8"  question.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  de*  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries , 
tes  sexes  et  les  âges? 

repoksb.  —  Dans  les  fabriques  de  soie  a  coudre,  20  à  55  cen- 
times par  jour;  dans  celles  d'étoffes  de  soie,  t  à  1  fr.  par  semaine; 
dans  la  blanchisserie  de  tulles,  75  centimes  par  jour  pour  les  enfanls 
au-dessous  de  douze  ans  et,  1  fr.  16c.  pour  ceux  de  douze  à  seize  ans; 
dans  la  fabrique  de  toiles  à  voiles,  environ  40  centimes  ;  dans  la 
préparation  de  vieux  objets  de  laine  pour  feutrage,  45  centimes 
au-dessous  de  douze  ans,  et  64  centimes  de  douze  à  seize  ans;  dans 
les  fabriques  de  tabac,  40  à  65  centimes  par  jour. 

9*  question.  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie, 
l'avantage  que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfanls , 
de  préférence  aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent  les 
familles  d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

b épouse.  ■ —  La  différence  de  salaire  est  presque  toujours  le  seul 
avantage,  le  travail  étant  trop  léger  et  de  trop  peu  d'importance 
pour  un  adulte.  L'emploi  des  enfants  doit  encore  être  considéré 
comme  un  avantage  pour  les  familles  d'ouvriers  parce  qu'ils 
font,  sous  la  surveillance  de  leurs  parents,  {'apprentissage  d'un 
état. 

10"  question.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-il 
impérieusement  que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes  ? 

xbpoksb.  —  Oui.  Les  enfants  devant  assister  les  ouvriers,  il  est 
indispensable ,  dans  beaucoup  d'établissements,  qu'ils  ne  finissent 
leur  journée  qu'avec  ces  derniers.  Mais  on  pourrait  les  faire  tra- 
vailler par  de  mi -journée. 

11*  question.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position  ?  Quelle  est 
aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement  et  en  quoi 
fait-elle  défaut  ? 

■épouse.  • —  Dans  la  plupart  des  établissements  où  les  jeunes 
ouvriers  travaillent  a  la  fabrique  même,  l'organisation  actuelle  de 
l'industrie  les  met  dans  l'impossibilité  de  fréquenter  les  écoles  ; 
et  dans  les  branches  où  ils  travaillent  chez  leurs  parents,  la  cou- 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'ANVERS.  197 

pable  négligence  de  ceui-ci  est  la  cause  qu'ils  restent  également 
dans  l'ignorance. 

12"  question.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'âge,  la 
limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux? 

bépoxsr.  —  Nous  serions  d'avis  de  fixer  pour  cette  limite,  l'âge 
de  huit  ans  accomplis;  mais  comme  le  travail  obligé  est  souvent 
un  obstacle  &  l'instruction  des  enfants,  nous  voudrions  que  les 
enfant»  ne  sachant  ni  lire  ni  écrire  ne  pussent  être  admis  avant 
dix  ans,  que  sous  la  condition  de  continuer  à  fréquenter  l'école, 
sans  avoir  égard  au  préjudice  qui  pourrait  en  résulter  relati- 
vement à  leur  journée  de  travail.  Dans  quelques  années,  on 
pourrait  même  rendre  cette  condition  obligatoire  jusqu'à  treize 
ans;  ce  serait  un  moyen  de  stimuler  les  parents  à  envoyer  de 
bonne  heure  leurs  enfants  à  l'école,  afin  de  pouvoir  d'autant  plus 
vite  les  mettre  en  apprentissage.  Une  semblable  disposition  existe 
dans  la  loi  française  du  22  mars  1841  (art.  5). 

15*  question.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants?  Comment  gra- 
dueriez-vous  celte  durée  selon  les  âges? 

airoiiBB.  —  En  France,  la  loi  précitée  du  22  mars  1841  a  sta- 
tué que  les  enfants  de  huit  à  douze  ans  ne  pourront  être  employés 
au  travail  effectif  plus  de  huit  heures  sur  vingt-quatre,  divisées 
par  un  repos  ;  et  que  ceux  de  douze  à  seize  ans  ne  pourront  l'être 
plus  de  douze  heures,  divisées  par  deux  repos.  Ces  dispositions 
nous  paraissent  très-sages,  et  nous  serions  d'avis  de  les  adopter 
pour  notre  pays. 

14'  question.  — Jusqu'à  quel  âge  le  travail  de  nuit  devrait-il  être 
interdit  aux  jeunes  ouvriers? 

réponse.  — Tout  travail  de  nuit,  c'est-à-dire  entre  neuf  heures 
du  soir  et  cinq  heures  du  matin,  devrait  être  interdit  pour  les 
enfants  au-dessous  dé  quatorze  ans.  De  quatorze  à  dix-huit  ans, 
il  devrait  être  interdit  dé  les  employer  pendant  deux  nuits  consé- 
cutives. 

là*  ooBSTiOK.  —  Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  âge  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

Biromi.  —  Oui  ;  et  nous  croyons  que  dans  la  catégorie  des 


^y  Google 


J«     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE, 
établissements  dangereux  ou  insalubre* ,   il   faudrait  placer  le* 
mine*,  le*  fonderies  et  les  élamages  de  glaces. 

La  seule  branche  d'industrie  qui  toit ,  dans  noire  province , 
une  source  de  dépérissement  pour  les  enfants,  c'est,  suivant  nous, 
celle  des  dentellières  qui  travaillent  dans  les  mêmes  locaux  que 
les  tisserands.  Une  police  sévère  devrait  exiger,  à  leur  égard  sur- 
tout, que  la  limite  posée  plus  haut,  tant  pour  l'Age  que  pour  le 
mazimumàcs  heures  de  travail,  ne  fut  jamais  dépassée. 

16*  QUESTION.  —  A  quel  Age  pouraiUon  laisser  l'ouvrier  libre  de 
s'engager  dans  les  fabriques,  etc.,  sans  qu'aucune  restriction  fut 
apportée  à  la  durée  de  son  travail? 

Birbnsi.  —  A  dix-huit  ans. 

17*  questioh.  —  Pour  satisfaire  a  tous  les  intérêts,  ne  pourrait- 
on  pas  former,  comme  en  Angleterre ,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement  en  se  relayant  à  de  certains  inter- 
valles? 

bbfoit3e.  —  La  mesure  serait  certainement  salutaire  pour  les 
enfants.  Elle  n'aurait  aucun  inconvénient  dans  certaines  industriesoù 
les  enfants  ne  sont  employée  qu'en  qualité  de  manœuvres;  mais 
dans  beaucoup  d'autre*,  où  certains  ouvrages  doivent  être  com- 
mencés et  achevés  par  une  même  personne ,  une  telle  mesure 
rencontrerait  une  vive  opposition. 

18'  question.  —  En  cas  d'affirmative ,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant ,  par 
exemple,  deux  brigades  d'enfants,  qui  travailleraient  l'une  le  matin, 
l'autre  l'après-midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail 
avec  ceux  de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers? 

àépowsE.  —  En  ce  cas ,  le  meilleur  système  serait  de  les  faire 
relayer  l'après-midi. 

19'  qubstiov.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés: 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  de»  jeunes  ouvrier* 
et  l'augmentation  de  leur  aptitude? 

S.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers 
plus  Agés? 

rkfossk.  —  L'inconvénient  serait  certainement  plus  que  com- 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'ANVERS.  199 

pensé  par  l'amélioration  physique  et  morale  des  ouvriers.  Hais 
nous  ne  croyons  pas  que  la  mesure  puisse  augmenter  sensiblement 
les  moyens  de  travail  des  ouvriers  plus  Âgés,  parce  que  les  enfants 
ne  sont  employés  qu'à  des  travaux  trop  légers  pour  pouvoir ,  eu 
aucun  cas,  fournir  a  l'ouvrier  un  salaire  journalier  suffisant. 

B.  ' —  Question*  hygiéniqueê  et  économiques. 

20"  question.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier ,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

xivoHSB.  —  Sauf  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  des  dentel- 
lières, l'état  de  santé  des  jeunes  ouvriers  est  généralement  satisfai- 
sant. 

Nous  entrerons ,  au  sujet  de  ces  questions  hygiéniques ,  dans 
quelques  détails  sur  l'état  des  ouvriers  dans  la  principale  branche 
d'industrie  de  notre  ville  :  les  raffineries  de  sucre.  On  n'emploie 
que'  très-peu  d'enfants  dans  ces  usines,  et  ceux  qui  y  sont  admis 
s'occupent  d'ouvrages  légers.  La  santé  des  ouvriers  raffineurs  est 
en  général  satisfaisante  ;  leur  travail  n'est  ni  nuisible,  ni  au-dessus 
de  leurs  forces.  Les  différentes  manipulations  qui  se  rattachent  a 
cette  industrie  sont  faciles  à  exécuter,  surtout  pendant  l'hiver.  La 
fabrication  du  sucre  candi  fait  seule  exception  sous  ce  rapport  ; 
mais  les  soins  et  les  ménagements  qui  y  sont  apportés  empêchent 
que  la  sanlé  des  ouvriers  puisse  en  souffrir.  Deux  ouvriers  y  tra- 
vaillent alternativement,  et  reçoivent  à  chaque  cuisson  un  salaire 
extraordinaire. 

La  santé  des  ouvriers  travaillant  dans  les  fabriques  de  tabac 
est  généralement  bonne.  Il  est  même  rare  qu'ils  soient  atteints  de 
maladies  épidémiques. 

31*  qukstiov.  —  Quels  sont  les  dangers  et  accidents  auxquels 
ils  sout  exposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités 
auxquelles  ils  sont  sujets  ? 

kbpohsb.  —  Nous  ne  connaissons  aucun  établissement  industriel 
de  notre  ressort  où  les  travaux  donnent  lieu  à  des  dangers  ou  à  des 
accidents  graves.  Les  maladies  sont  quelquefois  les  suites  d'excès 
de  boisson;  les  infirmités  et  difformités  sont  très-rares,  toujours 
en  exceptant  la  classe  des  dentellières,  mentionnée  plus  haut.  Les 


xuvCoo^le 


200     RÉPONSES-  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

difformités  que  l'on  rencontre  parmi  les  ouvriers ,  proviennent 
ordinairement  du  peu  de  soin  qu'on  a  pris  d'eux  dans  leur  enfance. 
Ces  observations  générales  sont  entièrement  applicables  aux 
ouvriers  des  fabriques  de  tabac  et  des  raffineries  de  sucre.  Dans 
ces  dernières,  l'ouvrier,  s'il  est  ivre  ou  imprudent,  peut  se  brûler 
par  le  sucre  en  ébullition,  ou  se  blesser  par  le  transport  des 
caisses  ;  mais  on  a  eu  rarement  à  déplorer  des  accidents  de  cette 
nature. 

22'  queïtioh.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier? 

bépohsb.  —  Le  régime  alimentaire  varie  considérablement 
dans  les  diverses  villes  et  communes  industrielles  de  notre  pro- 
vince. 

A  Anvers,  les  ouvriers  reçoivent  en  général  un  salaire  assez 
élevé  pour  se  procurer  une  nourriture  satisfaisante.  Sous  ce  rap- 
port, Is  position  des  ouvriers  mariés  est  plus  ou  moins  aisée, 
suivant  le  nombre  de  leurs  enfants  et  l'état  de  leur  santé;  suivant 
que  leur  Femme  est  économe  ou  dépensière,  et  qu'elle  exerce  elle- 
même  un  métier  ou  tienne  une  petite  boutique. 

Les  ouvriers  raf&neurs  ont  toujours  reçu  un  bon  salaire.  La  plu- 
part se  nourrissent  de  viande ,  au  moins  trois  ou  quatre  (bis  ta 
semaine  ;  plusieurs  en  mangent  même  à  leur  déjeuner  ;  le  reste  de 
leur  nourriture  se  compose  de  pain  ,  de  pommes  de  terre)  d'œufs 
et  de  poisson.  L'ouvrier  raffineur  a  besoin  de  prendre  une  nourri- 
ture substantielle,  parce  que  la  chaleur  et  l'odeur  fade  du  sucre 
l'affaiblissent  plus  ou  moins.  Outre  son  salaire,  il  reçoit  deux  pots 
de  bière  par  jour,  et  toutes  les  semaines  une  ou  deux  caisses  à 
sucre,  vides,  qu'il  veod  a  raison  de  1  fr.  la  caisse.  Il  a  ensuite,  à  la 
nouvelle  année  et  aux  jours  de  kermesse,  de  petits  profits  extraor- 
dinaires. En  cas  de  maladie,  l'ouvrier  reçoit  la  moitié  de  son  salaire. 
Le  salaire  des  ouvriers  en  tabac  est  également  assez  élevé.  Les  bons 
ouvriers  dans  celle  branche  d'industrie  gagnent  de  1  fr.  80  c. 
à  5  fr.  par  jour,  et  cela  pendant  toute  l'année,  sans  chômer  dans 
aucune  saison. 

Dans  quelques  villes  de  province,  le  salaire  est  très-minime  ;  les 
ouvriers  n'y  mangent  de  la  viande  que  très-rarement  ;  ils  se  nour- 
rissent presque  exclusivement  de  pommes  de  terre  qu'ils  ont  cul- 
tivées eux-mêmes,  et  de  pain  qu'ils  achètent  chez  leur  chef.  Ce 
qui  contribue  à  aggraver  la  position  de  ces  ouvriers,  c'est  que  les 


«yGooglc 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'ANVERS.  SOI 

salaires  leur  sont  payés  souvent  en  nature  et  non  en  espèces. 
Ainsi ,  la  liberté  de  l'ouvrier  est  entravée ,  et  on  l'oblige  quel- 
quefois à  accepter  en  payement  des  objets  autres  que  ceux  dont 
il  a  le  plus  impérieusement  besoin.  Les  fabricants  de  Turnhout 
ont  fait  très-récemment  un  arrangement  entre  eux  pour  donner 
un  salaire  uniforme  à  leurs  ouvriers  ;  mais  il  serai  ta  désirer  qu'ils  con- 
vinssent aussi  de  les  payer  tous  en  argent  sur  le  même  pied. 

25'  question.  —  Comment  est-il  logé  d'ordinaire  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  son  logement? 

heponsb.  —  Dans  notre  ville ,  les  ouvriers  sont  presque  tous 
bien  logés  ;  ceux  qui  demeurent  en  chambre  payent  de  2  fr.  & 
2  fr,  50  c.  par  semaine.  D'autres,  dont  les  femmes  s'occupent  de 
petites  affaires  de  détail ,  telles  que  bouliques  d'épiceries,  de 
légumes,  de  poteries  et  autres,  habitent  de  petites  maisons  dont  le 
loyer  s'élève  de  200  à  300  fr.  par  an.  A  peu  d'exceptions  près, 
tous  les  ouvriers  raffineurs  sont  mariés. 

Dans  les  autres  villes  de  la  province,  les  ouvriers  sont  maintenant 
bien  logés ,  au  moins  en  général  ;  mais  dans  plusieurs  établisse- 
ments où  le  logement  leur  est  fourni  par  le  fabricant ,  il  leur 
revient  a  un  prix  très-élevé" ,  proportionnellement  à  leur  salaire. 

24'  question.  ■ —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  Varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations  ? 

aéronsK. — Les  salaires,  dans  les  principales  branches  d'industrie 
de  notre  province,  n'ont  subi  que  peu  ou  point  de  variation  depuis 
un  certain  nombre  d'années  ;  celui  des  bons  ouvriers  en  cigares 
a  augmenté,  tandis  que  celui  des  ouvriers  raffineurs,  qui  était 
toujours  resté  au  même  taux,  a  subi  une  diminution,  par  suite  de 
la  position  précaire  que  la  loi  volée  dans  la  dernière  session  a  faite 
a  cette  industrie.  Ainsi,  dans  certaines  raffineries,  un  ouvrier  qui 
gagnait  2  francs  à  2  francs  25  centimes  par  jour,  n'obtient  plus 
que  1  franc  65  centimes.  Dans  d'autres,  la  bière  est  remplacée 
par  l'eau  :  les  caisses  et  les  petits  profils  ne  leur  sont  plus  accordés. 

25*  question.  — .  Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable  ?  Peut-il  faire  des  écono- 
mies? 

hshmse.  —  En  général,  comme  nous  l'avons  développé  a  la 
vingt-deuxième  question,  le  salaire  des  ouvriers,  dans  notre  ville, 


^y  Google 


Va     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

suffit  a  son  entretien  et  a  celui  de  sa  famille ,  a  moins  de  circon- 
stances malheureuses.  Ceux  qui  sont  le  mieux  rétribué*  peuvent 
même ,  s'ils  ont  beaucoup  d'ordre  et  si  leur  famille  n'est  pas  trop 
nombreuse,  faire  quelques  économies.  Toutefois ,  on  comprendra 
que  ces  économies  ne  peuvent  être  bien  importantes,  les  denrées 
étant  fort  obères  à  Anvers.  Bon  nombre  de  nos  ouvriers  habitent 
les  faubourgs. 

La  condition  des  ouvriers  est  dure  dans  quelques  Villes  de  la  pro- 
vince, surtout  dans  certaines  industries  qui  sont  en  décadence  ;  le 
salaire  y  est  réduit  à  son  minimum. 

26"  quistiok. — A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de  celui 
de  sa  famille? 

hépobse.  —  Il  est  difficile  d'établir  des  bases  fixes  a  cet  égard , 
à  cause  des  changements  fréquents  dans  le  prix  des  vivres,  et  des 
circonstances  variées  qui  influent  sur  le  sort  de  la  classe  ouvrière. 
Nous  croyons  qu'à  Anvers  un  salaire  de  3  francs  par  jour  suffit 
pour  mettre  un  ménage  composé  de  six  personnes  a  l'abri  de  la 
misère  en  été.  Mais,  pendant  l'hiver,  l'existence  de  ce  même 
ménage,  privé  de  toute  autre  ressource  que  ce  salaire  de  2  francs, 
ne  saurait  être  que  pénible. 

Dans  le  reste  de  la  province ,  il  faut,  pour  un  ménage  de  six 
personnes,  1  franc  60  centimes  par  jour.  La  vie  y  est  plus  régulière; 
il  y  a  moins  d'occasions  de  dépenses;  la  nourriture  et  le  logement  y 
sont  à  meilleur  marché,  c'est-à-dire  dans  les  établissements  ou  l'ou- 
vrier n'est  pas  payé  en  nature  ;  les  ouvriers  cultivent  eux-mêmes 
leurs  pommes  de  terre  :  toutes  ces  causes  concourent  a  y  rendre 
là  vie  moins  chère. 

Quant  aux  économies  que  l'ouvrier  peut  faire  au  delà  du  coût  de 
son  entretien  et  de  celui  de  sa  famille ,  nous  ne  saurions  établir  à 
cet  égard  que  des  données  très-arbitraires  :  cela  dépend,  avant 
tout,  du  plus  ou  moins  d'ordre  que  les  mères  de  famille  apportent 
dans  leur  ménage. 

27'  question.  —  Quelle  est  en  général  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort? 

béponbb.  —  En  général,  la  conduite  morale  des  ouvriers  est 
bonne  dans  toute  notre  province.  La  révolution  avait  exercé, 
sous  ce  rapport,  une  influence  défavorable  :  le  respect  et  l'obéis- 
sance des  ouvriers  envers  leurs  chefs  avaient  diminué ,  surtout 


ly  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'ANVERS-  «03 

parmi  ceux  qui .  travaillent  i  forfait  ;  mais  cet  état  de  choses  s'est 
amélioré  de  nouveau.  L'ouvrier  raffineur  se  distingue  entre  tous 
par  sa  moralité;  rarement  il  s'adonne  au  libertinage.  La  nature 
de  son  travail  l'empêche  d'être  oisif,  la  plupart  des  travaux  étant 
régies  de  telle  manière  qu'on  sait  en  combien  d'heures  chaque 
ouvrier  peut  achever  ce  qui  lui  a  été  imposé. 

28'  QtiESTiOK.  —  Sont-ile  adonnés  i  l'ivrognerie? 

ripoxsk.  —  L'ivrognerie  n'est  pas  fréquente  dans  notre  province 
parmi  les  ouvriers  des  fabriques.  Dans  certaines  industries,  parmi 
lesquelles  nous  devons  mentionner  en  première  ligne  les  raffineries, 
tout  ouvrier  que  l'on  verrait  adonné  à  l'ivrognerie  serait  renvoyé , 
fut-il  le  meilleur  sujet  sous  le  rapport  de  l'aptitude  au  travail. 

39"  ouestio».  —  Y  en a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage? 
répons».  —  Le  concubinage  est  excessivement  rare. 

30*  qukstiom.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 
nairement bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la  con- 
fusion des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent-ils  leur  être 
nuisibles  ? 

airoKSE.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont  généralement 
bonnes ,  et  plusieurs  institutions  morales  et  religieuses  tendent 
encore  à  les  améliorer. 

Nous  croyons  que  le  rapprochement  et  la  confusion  des  sexes 
dans  le  même  atelier  sont  nuisibles  sous  le  rapport  moral ,  alors 
même  que  l'on  exerce  la  plus  sévère  surveillance;  mais  dans  notre 
province  ce  rapprochement  et  celte  confusion  sont  très-rares. 

31"  question.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'incon- 
duite  de  l'ouvrier  ? 

abpoxsk.  —  Ces  causes  varient  à  l'infini.  L'absence  de  toute 
instruction  et  de  toute  éducation  religieuse  est  peut-être  la  cause 
la  plus  générale  de  l'inconduïte  des  ouvriers.  Quelques-uns  se  per- 
vertissent par  trop  de  mollesse  et  trop  peu  de  sévérité;  d'autres 
sont  aigris  par  la  brutalité  ou  l'inconduïte  d'un  chef  ouvrier*  La 
plupart  du  temps  la  cause  de  l'inconduïte  d'un  ouvrier  échappe 
à  toute  investigation. 

52"  oratTion.  —  Exisbvt-il ,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sou»  le  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 
A.  Entre  l'ouvrier  des  villes  et  celui  des  campagnes  ? 


*by  Google 


204      RÉPONSES.  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître  ? 

ïépoksb.  —  A.  L'ouvrier  de  la  campagne  est  généralement 
plus  moral ,  plus  soumis  et  plus  courageux  que  celui  des  villes  ; 
aussi,  dans  toutes  les  fabriques  où  les  ouvriers  ne  sont  en  partie 
que  manœuvres,  telles  que  brasseries,  distilleries,  raffineries,  etc., 
ceux  de  la  campagne  sont  préférés, 

S.  Il  est  incontestable  qu'à  la  campagne  et  dans  les  villes  de 
troisième  ordre,  les  ouvriers  qui  travaillent  en  petite  réunion, 
isolément  ou  en  famille,  ont  une  conduite  plus  régulière  que  ceux 
qui  travaillent  en  grande  réunion  dans  les  ateliers;  mais  dans  les 
grandes  villes,  l'entourage  de  l'ouvrier  qui  travaille  hors  des  fabri- 
ques n'est  souvent  pas  moins  corrupteur  que  celui  de  l'ouvrier 
travaillant  dans  la  fabrique  même  ;  d'ailleurs ,  celui-ci  étant  plus 
immédiatement  surveillé,  a,  sous  ce  rapport,  moins  d'occasions 
de  s'écarter  des  règles  d'une  bonne  conduite,  surtout  s'il  a  un  bon 
chef. 

,  C.  L'apprenti  qui  travaille  cbez  un  maître,  étant  sous  une  surveil- 
lance plus  directe  et  plus  continue ,  est  ordinairement  plus  moral 
que  l'enfant  qui  travaille  dans  les  fabriques  où  souvent  les  mauvais 
exemples  des  adultes  lui  sont  très-nuisible*. 

53*  questioh.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes  ?  Quelles  seraient  les  reformes  a  y  apporter  ? 

réponse.  —  Pour  quelques  industries,  à  cause  de  la  pénurie 
des  ouvriers,  les  apprentis  ne  finissent  pas  leur  terme  et  sont 
engagés  par  d'autres  maîtres,  au  mépris  des  conventions  qu'ils  ont 
faites  et  dont  l'exécution,  à  défaut  de  conseils  de  prud'hommes,  ne 
peut  être  poursuivie;  cependant  ces  cas  sont  assez  rares.  Pour 
y  remédier ,  il  serait  très-utile  de  faire  exécuter  strictement  les 
arrêtés  sur  les  livrets  des  ouvriers ,  arrêtés  qui  sont  tombés  en 
désuétude.  L'obligation,  pour  les  ouvriers,  de  se  pourvoir  de  livrets 
dès  leur  apprentissage  ,  serait  encore  très-avantageuse  sous  d'au- 
tres rapports.  Ces  livrets,  en  constatant  leur  moralité ,  leur  apti- 
tude, leurs  défauts  ,  etc. ,  formeraient  un  état  complet  de  services 
et  leur  inspireraient  de  la  conduite  et  de  la  retenue ,  car  ils  sau- 
raient d'avance  qu'avec  un  livret  défavorable  ils  ne  seraient  admis 
dans  aucun  autre  atelier. 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'ANVERS.  203 

34*  QUESTION.  —  Y  a-t-il.  lieu  de  restreindre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands  éta- 
blissements industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous  les 
jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou  en 
grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile? 

&KPOHSB.  —  Le  but  que  l'on  veut  atteindre,  l'amélioration  de  la 
condition  physique  et  morale  des  ouvriers,  nous  semble  exiger  que 
l'on  étende  les  mesures  protectrices  à  tous  les  jeunes  ouvriers  sans 
distinction.  II  est  vrai  qu'on  ne  pourra  empêcher  que  la  loi  ne  soit 
quelquefois  éludée  ,  maïs  on  aura  donné  une  impulsion  générale , 
qui  ne  manquera  pas  d'opérer  des  effets  très-salutaires. 

35*  question.  — Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son  bien- 
être  physique  et  moral? 

■épouse.  —  Ces  institutions  sont  de  deux  espèces  :  il  en  est  qui 
sont  générales  pour  toute  la  classe  ouvrière  ;  d'autres  sont  parti- 
culières à  certains  établissements. 

Parmi  les  premières  nous  devons  mentionner,  avant  tout,  les 
écoles  dominicales  établies  dans  les  villes  et  dans  les  grandes  com- 
munes ;  les  jeunes  ouvriers,  qui  ne  peuvent ,  pendant  la  semaine, 
Iréquenter  les  écoles,  trouvent,  dans  ces  établissements,  le  moyen 
de  compléter  leur  instruction  restée  presque  toujours  très-impar- 
faite et  même  souvent  nulle.  On  ne  saurait  trop  encourager  ces 
institutions  qui  sont  encore  loin  d'avoir  acquis  le  développement 
auquel  elles  semblent  destinées. 

Il  s'est  formé,  dans  les  grandes  villes,  des  associations  religieuses 
et  charitables ,  tendant  à  attirer  la  classe  ouvrière  le  dimanche 
dans  des  réunions  susceptibles  de  la  récréer ,  tout  en  réveillant 
en  même  temps  ses  sentiments  moraux  et  religieux  et  en  l'arra- 
chant à  l'ivrognerie  et  à  la  corruption.  Ces  établissements ,  qui 
sont  encore  dans  l'enfance,  sont  très-utiles ,  et  nous  devons  désirer 
qu'ils  se  propagent  et  se  multiplient.  Dans  certains  établisse- 
ments ,  les  chefs  ont  réussi  a  organiser  des  caisses  de  secours, 
formées  d'une  légère  retenue  opérée  sur  les  salaires  et  de  divers 
accessoires ,  et  destinées  à  venir  en  aide  aux  ouvriers  malades  ou 
infirmes.  Nous  joignons  ici  les  statuts  d'une  semblable  association, 
établie  dans  une  fabrique  de  toiles  à  voiles.  Ces  sorte»  d'institutions, 
qui  habituent  l'ouvrier  à  la  prévoyance  et  le  garantissent  contre  la 
misère,  méritent  les  plus  grands  encouragements. 


^y  Google 


ÎOO    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

La  fabrique  de  tulles,  établie  près  de  notre  ville,  a  également 
institué  une  caisse  de  secours  mutuels  ;  elle  a  aussi  érigé  une 
école,  et  possède  de  très-sages  règlements  pour  les  ouvriers.  Nous 
les  joignons  a  notre  rapport. 

36'  oubstios,  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail ,  les  moyens  propres  à  améliorer  la 
condition  des  jeunes  ouvriers  ? 

hepoeise.  —  Indépendamment  des  mesures  signalées  dans  nos 
précédentes  réponses ,  nous  croyons  devoir  recommander  deux 
améliorations  qui  seraient  de  nature  à  exercer  une  heureuse  in- 
fluence sur  le  sort  des  ouvriers. 

D'abord  il  serait  utile  d'établir,  sous  la  direction  des  bureaux  de 
bienfaisance,  des  dépôts  de  pommes  de  terre,  qui,  durant  les  épo- 
ques de  cherté,  seraient  délivrées  aux  ouvriers,  au  prix  de  revient, 
sur  un  certificat  de  leurs  chefs  d'atelier.  Une  grande  partie  de  la 
classe  ouvrière  se  nourrit  exclusivement  de  pommes  de  terre  ; 
mais,  dans  l'impossibilité  de  s'en  approvisionner  dans  la  bonne  saison, 
le*  ouvriers  doivent  les  acheter  au  fur  et  à  mesure  de  leurs  besoins, 
et  sont  souvent  obligés,  dans  l'hiver,  de  les  payer  80  et  100  p.  */■ 
plus  cher.  Au  moyen  de  ces  dépôts,  on  ferait  disparaître  une  ano-  " 
malie  choquante,  et  le  pauvre  ne  payerait  plus  le  double  de  ce  que 
paye  le  riohe  pour  un  aliment  de  première  nécessité.  On  pourrait 
étendre  cette  mesure  au  chauffage. 

Ensuite  nous  voudrions  que  les  prêts  du  mont-de-piété  fussent 
gratuits ,  quand  ta  somme  empruntée  ne  dépasse  pas  4  à  5  fr. ,  à 
la  condition  que  les  ouvriers  soient  munis  d'un  certificat  de  leurs 
chefs  d'atelier. 

Le  Secrétaire ,  Le  Président , 

Paul  Dhrcxsehb.  Th.  de  Cock. 


^y  Google 


LETTRE  DE  M.  LE  GOUVERNEUR  DE  LA  FLANDRE  OCCIDENTALE.  907 


&,  JkmkHeue  le,  Jllloiwûtee  de  f Arteweu*,  à  Ç&tuse&a.. 


MoKSIEt'a    LE   MlKISTKI, 

Vous  m'avex  charge,  dam  le  temps,  de  recueillir  auprès  de» 
chambres  de  commerce  et  dea  principaux  industriels,  des  rensei- 
gnements sur  la  condition  des  ouvrier»  et  le  travail  des  jeunet  gens 
âgés  de  moins  de  seize  ans,  dans  les  manufactures  et  usines  de  cette 

province. 

J'ai  eu  soin,  M.  le  Ministre,  de  me  conformer  à  vos  intentions. 
J'ai  prié  les  chambres  de  commerce  de  m' adresser  un  rapport  Sur 
l'objet  qui  nous  occupe  et  de  m'envoyer  une  réponse  aux  questions 
qui  leur  ont  été  soumises.  J'ai  en  même  temps  chargé  les  autorités 
communales  de  réclamer  des  principaux  chefs  d'établissements  de 
leur  ressort,  un  travail  en  réponse  à  la  série  de  questions  dont  des 
exemplaires  leur  avaient  été  transmis  à  cet  effet. 

Avant  de  vous  rendre  compte,  H-  le  Ministre,  du  résultat  de 
mes  démarches,  je  crois  devoir  voua  soumettre  quelques  considé- 
rations générales. 

La  Flandre  occidentale  est  une  province  éminemment  agricole; 
l'industrie  manufacturière  n'y  vient  qu'en  seconde  ligne.  Aussi,  n'y 
existe-t-il  que  peu  ou  point  d'établissements  qui  exigent  l'emploi 
de  beaucoup  de  bras  et  l'agglomération  de  beaucoup  d'individus 
de  tout  âge  et  de  tout  sexe. 

Les  questions  qui  m'ont  été  transmises  par  le  gouvernement, 
paraissent  n'avoir  été  spécialement  formulées  que  pour  les  localités 
ou  il  existe  des  manufactures  proprement  dites,  des  exploitations 
de  mines,  des  carrières  ou  d'autres  établissements  industriels  du 
même  genre.  Il  a  paru  dès  lors  que  la  demande  des  renseignements 
dont  il  s'agit  ne  pouvait  être  que  d'une  application  très-restreinte 
dans  la  Flandre  occidentale.  C'est  là  du  moins,  M.  le  Ministre, 
l'opinion  qu'émettent  les  chambres  de  commerce  de  Bruges  et 
d'Ostende  pour  ce  qui  concerne  leur  ressort  respectif.  Je  vous 
envoie  ci-joint  les  réponses  des  chambres  de  commerce  de  Cour- 
irai  et  d'Ypres,  réponses  qui  ne  satisfont  pas  à  toutes  les  ques- 
tions. 

Quant  aux  industriels ,  H.  le  Ministre ,  bien  peu  ont  consenti  à 


^y  Google 


408     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

fournir  des  renseignements.  Je  dois  me  borner  à  tous  envoyer  les 
déclarations  telles  qu'elles  nie  sont  parvenues,  et  sans  pouvoir  en 
aucune  manière  en  garantir  l'exactitude.  It  résulte,  du  reste,  de  ces 
documents,  que  dans  cette  province  la  condition  des  ouvriers  est 
loin  d'être  intolérable,  et  qu'à  l'égard  des  jeunes  gens  âgés  de  moins 
de  seize  ans,  il  n'existe  pas  d'abus. 

La  Société  médico-chirurgicale  de  Bruges  ayant  adopté  et  inséré 
dans  le  Recueil  de  ses  annales,  le  rapport  que  j'ai  eu  l'honneur  de 
vous  adresser  le  18  avril  1844,  1™  division,  n°  39185,  et  qui  éma- 
nait de  la  commission  médicale  provinciale ,  j'ai  cru  pouvoir  me 
dispenser  de  saisir  de  nouveau  ce  collège  de  la  question.  Il  n'est 
pas  inutile  de  faire  remarquer  que  la  Société  médico-chirurgicale 
a  pour  président  le  président  de  la  commission  médicale  provin- 
ciale, et  que  les  membres  de  cette  commission  font  également 
partie  de  la  Société  médico-chirurgicale. 

En  terminant,  je  pense  pouvoir  vous  donner  l'assurance,  M.  le 
Ministre,  que  dans  la  Flandre  occidentale  les  chefs  d'établissements 
industriels  ne  spéculent  pas  sur  la  force  physique  des  jeunes  gens 
Agés  de  moins  de  seize  ans  ;  que  les  maîtres,  en  général ,  les  trai- 
tent avec  humanité,  et,  qu'à  cet  égard,  il  ne  se  commet  pas  d'abus 
dont  la  répression  exigerait  l'adoption  de  nouvelles  mesures. 

J'ajouterai ,  M.  le  Ministre,  que  l'on  peut  soutenir  avec  fonde- 
ment que  la  condition  actuelle  des  ouvriers  employés  dans  les 
fabriques  de  cette  province,  n'est  pas  moins  bonne  que  celle  des 
ouvriers  du  même  genre  dans  les  pays  voisins. 

Pour  le  Ministre  d'État  Gouverneur, 
Baron  Ch.  Pecsteih. 


,    dVpr,,. 

■■ans  à  nie  lettre  du  taverneir  it  It  Flandre  «fflduUle ,  ta  iiitit  9  «ril  1815. 


À.  —  Questions  spéciales  au  travail  des  enfants. 

1"  question.  —  Quelles  sont ,  dans  votre  ressort ,  les  industries 
où  l'on  emploie  déjeunes  ouvriers  au-deesous  de  seize  ans,  et  dans 
quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'¥PRES.  209 

afoomi.  — Les  dentelle* ,  larubanerîe,  les  boulangeries,  les 
tailleurs,  les  cordonniers,  serruriers,  poélierB,  chaudronniers  et 
charpentier». 

La  proportion,  quoique  plus  forte  dans  l'industrie  dentellîère  et 
dans  la  rubaoerie,  Tarie  selon  l'espèce  de  chaque  industrie. 

V  oraiTioif.  —  A  quel  âge  admet-on  ,  en  général ,  les  entants 
dans  ces  établissements  ? 

rApousb.  —  Dans  l'Industrie  dentellîère,  dès  l'Age  de  cinq1  ans, 
et  dans  les  autres,  depuis  l'Age  de  sept  ans. 

3*  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés .  aux 
enfanta  ?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  vous  regardez  comme 
nuisibles  a  leur  santé? 

réponse.  —  La  nature  des  travaux  imposés  aux  enfants  est  rela- 
tive A  l'état  qu'ils  ont  embrassé.  La  réponse  A  la  première  question 
comprend  la  nomenclature  des  états  ou  professions  où  l'on  emploie 
le  plus  généralement  les  enfants,  et  qui,  aux  yeux  de  la  chambre, 
sont  tous  également  nuisibles  à  leur  santé. 

A*  question.  — Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants  ?  Signalex  tes  cas  où  cette  durée  voua  parait 


aaionsB.  —  Four  la  dentelle ,  le  travail  commence  ordinaire- 
ment A  sept  heures  du  matin,  en  été,  jusqu'A  midi,  et  de  une  heure 
jusqu'A  sept,  dans  les  villes;  A  la  campagne,  le  travail  dure  de 
six  heures  du  malin  jusqu'A  midi ,  et  de  une  heure  jusqu'A  huit  ; 
en  hiver,  la  durée  du  travail  diminue  de  trois  ou  quatre  heures. 

Bans  la  rubanerïe,  les  enfants  ne  travaillent  ordinairement  que 
six  heures  par  jour;  mais  ce  qui  leur  est  particulièrement  nui- 
sible, c'est  le  mauvais  air  qu'ils  respirent  dans  les  ateliers,  et  la 
poussière  qui  sort  du  fi]  et  du  coton.  Il  faut  ajouter  qu'on  les 
admet  A  ce  travail  dans  un  Age  trop  tendre. 

Chez  les  boulangers,  le  travail  est  continuel.  Il  commence  sou- 
vent à  deux  heures  du  matin,  et  ne  finît  qu'A  une  heure  fort  avan- 
cée de  la  nuit.  Ce  long  et  pénible  travail,  joint  aux  grandi  poids 
qu'on  leur  fait  porter,  rend'  cette  profession  une  des  plus  perni- 
cieuses pour  les  enfanta. 

Chez  les  .tailleurs,  cordonniers,  serruriers,  poêtiers  et  chaudron- 
niers ,  les  heures  de  travail  sont  &  peu  près  réglées  comme  dans 

Û. 


lyGoogIe 


210      RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

l'industrie  dentellière  :  dans  les  deux  premières  de  ces  professions, 
la  position  gênée  qu'ils  doivent  continuellement  garder  ,  position 
nuisible  au  développement  de  leurs  forces ,  leur  fait  contracter 
des  difformités  qu'ils  conservent  toute  leur  vie. 

5*  qumtios.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier?  Sont-ils  suffisants? 

h  épouse.  —  De  huit  heures  à  huit  heures  et  demie ,  le  matin  ; 
de  midi  à  une  heure,  et  de  quatre  heures  à  quatre  heures  et  demie 
de  relevée  ;  à  l'exception  des  dentellières  et  des  garçons  boulan- 
gers, pour  qui  le  travail  est  continuel. 

Ces  intervalles  sont  insuffisants. 

G*  onxs'HOic.  —  Les  enfants  et  les  jeunes  ouvriers  sont-ils  parfois 
occupés  la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se 
combine-t-il  avec  le  travail  de  jour? 

R&FOifSK.  —  Oui  ;  les  apprentis  boulangers,  qui,  souvent,  sont  a 
l'ouvrage  depuis  deux  heures  du  matin  jusqu'à  dix  heures  du  soir. 

7*  Qi'HSTio!».  —  Y  a-t-il  des  établissements  ou  l'on  travaille  le 
dimanche?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux? 

aferoNBE.  —  Seulement  chez  les  boulangers.  Ce  travail  n'em- 
pêche jamais  l'accomplissement  des  devoirs  religieux. 

8*  question.  —  Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers,  en  spécifiant,  autant  que  possible,  les  industries, 
les  sexes  et  les  Ages? 

befoksb.  —  Il  est  impossible  de  répondre  d'une  manière  caté- 
gorique à  ces  questions.  On  doit  se  borner  à  dire  qu'en  général  le 
salaire  des  enfants  et  des  jeunes  ouvriers  se  réduit  a  bien  peu  de 
chose,  le  produit  de  leur  travail  devant  compenser,  pour  les  maî- 
tres, le  temps  de  leur  apprentissage. 

9"  orasTiOH,  —  Quel  est,  dans  les  diverses  branches  d'industrie , 
l'avantage  que  l'on  trouve  a  employer  des  femmes  et  des  enfants, 
de  préférence  aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment 
de  l'augmentation  des  salaires,  les  avantages  que  retirent  les  familles 
d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

liponsi.  —  A  l'exception  de  l'industrie  dentellière ,  les  femmes 
ne  sont  employées  dans  aucun  autre  établissement  chez  nous. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'VPRES.  211 

Quant  aux  avantagea^  il*  consistent  dans  l'économie  du  salaire  et 
l'apprentissage  de  l'état  auquel  les  familles  destinent  leurs  enfants. 

10*  question.  — L'intérêt  de  certaines  industries  exige-t-il  impé- 
rieusement que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes  ? 

rkfosse.  —  L'intérêt  d'aucune  industrie  ne  l'exige  ;  mais  celui 
de  l'industriel  le  prescrit. 

11*  question.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers 
l'instruction  et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position  ?  Quelle 
est  aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut  ? 

réponse.  — Elles  pourraient  se  concilier,  si  les  intérêts  des 
maîtres  ne  s'y  opposaient  pas. 

L'éducation  des  ouvriers  est  presque  nulle,  par  suite  du  peu  de 
loisir  qu'on  laisse  aux  enfants. 

12*  question.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'Age, 
la  limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfants  aux  divers  travaux? 
béponsh.  —  Sept  ans. 

13*  question.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  journée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfants  ?  Comment  gra- 
dueriez-vous  cette  durée  selon  les  Ages? 

béponse.  —  De  sept  A  neuf  ans,  quatre  heures  ;  de  neuf  A  douze    - 
ans,  six  heures  ;  de  douze  à  seize  ans,  dix  heures. 

14*  question.  —  Jusqu'A  quel  Age  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers  ? 
réponse.  —  Jusqu'à  seize  ans. 

15*  question.  — Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
.un  certain  Age  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

réponse.  — Oui;  il  conviendrait  d'interdire  l'emploi  des  enfants, 
avant  l'Age  de  neuf  ans,  dans  les  ateliers  suivants  :  les  serrureries, 
les  boulangeries,  les  boucheries,  et  chez  les  poêliers  et  chau- 
dronniers. 

16*.  question.  —  A  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 

Digilizedby  GOOgle 


212    REPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

de  «'engager  dans  les  fabriques  ,  etc. ,  sans  qu'aucune  restriction- 
fui  apportée  a  la  durée  de  son  travail? 

bxpohsr.  —  A  l'Âge  de  seize  ans. 

17"  çutaîiom.  —  Pour  satisfaire  a  tous  les  intérêts,  ne  pou  ira  it- 
ou pas  former,  connue  en  Angleterre,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement  en  se  relayant  à  de  certains  inter- 
valles? 

18'  ouxsTion.  —  En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  formant,  par 
exemple,  deux  brigades  d'enfants,  l'une  le  matin,  l'autre  l'après- 
midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail  avec  ceux  de  la 
santé  et  dé  l'instruction  des  jeunes  ouvriers  ? 

héponsb .  —  Non  j  cela  serait  inutile ,  si  les  mesures  indiquées 
dans  les  réponses  précédentes  étaient  adoptées. 

19*  Q.UB8TIOK.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraîne  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

A.  Far  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers  et 
l'augmentation  de  leur  Aptitude? 

B.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 

jgé.? 

REPONSE.  — Oui,  certainement. 

B-  — ■  Questions  hygiéniques  et  économiques. 

20'  qcbstion.  —  Quel  est  l'eut  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  voire  ressort? 

réponse  .  —  La  santé  des  ouvriers  en  général,  et  des  enfants  en 
particulier,  est  dans  un  état  satisfaisant,  excepté  parmi  les  dentel- 
lières, les  boulangers  et  les  rubaniers. 

21°  «nBsîioW. — Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  aux- 
quelles ils  sont  sujets  ? 

répohsi.  —  Le  rachitisme)  la  phthisîe  pulmonaire,  et,  pour  les 
boulangers,  les  hernies. 

22'  ooBSTioit.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de  l'ou- 
vrier? 

isroKsï.  —  Du  café  ,  du  pàui ,  des  pommes  de  terre  et  du  sel. 


*by  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  D'ÏPRES-  215 

S3*QDB9Ti0n.  —  Comment  est-il  logé  d'ordinaire,  et  combien 
paye-l-il  par  semaine  pour  son  logement? 

bkpohsf.  —  L'ouvrier  est  d'ordinaire  mal  logé,  mal  couché  ;  il 
paye,  en  moyenne  ,  1  fr.  par  semaine,  pour  son  logement. 

24*  question.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations? 

aiponsE.  —  Le  salaire  de  l'ouvrier  n'a  éprouvé  que  peu  ou  point 
de  variation  depuis  un  certain  nombre  d'années. 

25*  question.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il,  en  général,  pour  que 
l'ouvrier  ail  une  existence  convenable  ?  Peut-il  faire  de*  économies? 

skpoAbk.  —  Non,  difficilement  en  présence  de  la  cherté  actuelle 
des  denrées.  ;' 

26*  ooasTioH.  —  A  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine,  se*  bénéfices  et  le  coût  de  «on  entretien  et  de  celui 
de  sa  famille? 

siponss.  —  Impossible  de  répondre  à  une  question  posée  d'une 
manière  si  générale. 

27*  question.  —  Quelle  est,  en  général, la  condition  morale  des 
ouvriers  dans/votre  ressort? 
hépohse. — Cette  condition  est  en  général  assez  bonne. 
28'  QunTiQir.  —  Sont4l«  adonnés  à  l'ivrognerie  ?  ■ 
KKPonsB.  —  Oui ,  quelques-uns. 

29*  question. — Y  en  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage  ? 
réponse.  —  Non. 

30*  çùBsnoif.  — Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-eUcs  ordi- 
nairement bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la 
confusion  des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travaux  peuvent.»!*  être 
nuisibles? 

aepohsb.  —  Les  mœurs  de  nos  jeunes  ouvrières  ne  sont  pas  des 
plus  sévères;  le  rapprochement  ou  la  confusion  dés  sexes  dans  les 
ateliers  n'a  pas  lieu  chez  nous. 

31*  question.  —  Quelles  sont  les  principales  causes  de  l'incon- 
duile  de  l'ouvrier? 

airoasB.  —  La  boisson. 


xuvCoo^le 


SU    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  OE  COMMERCE. 

32°  question.  —  Existe- l-il,  tant  sou»  le  rapport  physique  que 
sous  (e  rapport  moral,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

j4 .  Entre  l'ouvrier  des  Tilles  et  celui  des  campagnes? 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître  ? 

hbponse.  —Oui;  l'ouvrier  des  campagnes,  plus  sobre,  plus 
rangé,  adonné  à  des  travaux  plus  rudes,  est  en  général  plus 
robuste  que  celui  des  villes.  L'ouvrier  qui  travaille  en  grande 
réunion  étant  plus  sujet  a  contracter  des  maladies  chroniques,  est 
moins  bien  portant  que  celui  qui  travaille  isolément  ou  en  petite 
réunion ,  et  enfin ,  pour  la  même  cause,  l'apprenti  travaillant  chez 
un  maître  est  plus  robuste  que  l'enfant  des  ateliers. 

33'  question.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d  apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes?  Quelles  seraient  les  réformes  à  y  apporter? 

réponse.  —  Les  maîtres  spéculent  trop  sur  le  produit  du  travail 
des  eu  fa  nt«  ;  il  n'y  n  point  de  remède  possible  à  cet  abus. 

54*  question.  —  Y  a-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  pro- 
tectrices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  à  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile? 

bevonse.  —  II  conviendrait  d'étendre  ces  mesures  protectrices  a 
tous  les  enfants  en  général,  si  la  chose  était  possible. 

35*  question.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  a  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son 
bien-être  physique  et  moral? 

réponse.  —  Les  écoles  gratuites ,  les  académies  de  dessin  et 
d'architecture,  et  les  écoles  de  manufactures,  régies  selon  les  pres- 
criptions mentionnées  ci-dessus. 

36"  question.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  la  durée  du  travail,  les  moyens  propres  à  améliorer  la  con- 
dition des  jeunes  ouvriers? 

hkponse.  —  La  propagation  de  l'instruction  parmi  la  classe 
ouvrière. 

Le  Secrétaire ,  Le  Président , 

Donny.  Th.  Vanmsn  Boqaebde. 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  COURTRAI. 


XIV.  —  ttuunbre  de  « 


A.  —  Quettions  spéciales  au  travail  des  enfant*. 

V  guESTioH.  —  Quelles  sont ,  dans  votre  ressort ,  les  industries 
où  l'on  emploie  de  jeunes  ouvriers  au-dessous  de  seize  ans,  et 
dans  quelle  proportion  s'y  trouvent  ces  derniers? 

axroitsE.  —  Les  enfants  sont  généralement  employés  de  sept  à 
huit  ans  en  qualité  d'épouleurs  chez  les  tisserands,  ou  comme 
apprentis  dans  les  filatures  de  lin;  ce  travail  n'est  point  fatigant 
et  ne  peut  énerver  leur  constitution,  pas  plus  que  la  dentellerie,  & 
laquelle  on  les  occupe  dans  quelques  écoles  pauvres  et  en  famille  ; 
dans  l'apprentissage  des  métiers,  on  les  admet  assez  généralement  de 
onze  à  douze  ans,  mais  on  ne  les  emploie  pas  à  des  travaux  au-dessus 
de  leurs  facultés  physiques,  car  alors  l'ouvrage  serait  imparfait. 

2°  question.  —  A  quel  âge  admet-on ,  en  général ,  les  enfants 
dans  ces  établissements  ? 

b épouse.  —  Celte  question  est  résolue  par  la  réponse  faite  a  la 
première  question. 

5°  question.  —  Quelle  est  la  nature  des  travaux  imposés  aux 
enfants  ?  Quels  sont  ceux  de  ces  travaux  que  voua  regardes 
comme  nuisibles  a  leur  santé  ? 

«eposse.  —  Nous  regardons  comme  nuisible  a  la  santé  un  travail 
trop  assidu  de  la  dentellerie  pour  les  filles  qui  approchent  de  l'Age 
de  puberté;  mais  nous  croyons  que  la  loi  ne  peut  intervenir  ici  avec 
succès  :  c'est  aux  parents  et  aux  maîtresses  d'école  à  prévenir  le 
mal;  parfois  aussi  l'intervention  des  médecins  est  nécessaire. 

4'  question.  —  Quelle  est  la  durée  habituelle  du  travail  jour- 
nalier pour  les  enfants?  Signalez  les  cas  où  cette  durée  vous 
parait  excessive. 

réponse.  —  Cette  durée  est  moindre  que  la  journée  habituelle 
de  l'ouvrier.  On  laisse  aux  enfants  un  temps  pour  se  distraire. 

5'  question.  —  Quels  sont  les  intervalles  de  repos  accordés  aux 
jeunes  ouvriers  pendant  le  travail  journalier  ?  Sont  ils  suffisants? 

airoiisi.  —  On  leur  accorde  généralement  du  repos  de  huit  à 


^y  Google 


216     RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMENCE. 

neuf  heures,  de  midi  à  une  heure,  et  de  quatre  à  cinq  heure* 
l'après-midi,  ce  qui  suffit. 

6'  question.  —  Les  enfants  et  les  ouvriers  sont-ils  parfois  occupés 
la  nuit?  Quelle  est  la  durée  de  ce  travail,  et  comment  se  com- 
bine-t-îl  arec  le  travail  de  jour  ? 

&KFOS9I.  —  Ils  ne  sont  point  assujettis  a  des  travaux  de  nuit. 

7*  QVKSTioir.  ~  Y  a-t-il  des  établissements  où  l'on  travaille  le 
dimanche  ?  Jusqu'à  quel  point  ce  travail  met-il  obstacle  à  ce  que 
les  ouvriers,  et  particulièrement  les  enfants,  puissent  remplir  leurs 
devoirs  religieux? 

axpoKsi.  —  Les  établissements  sont  fermés  le  dimanche. 

8*  qotsstiom.  — Quel  est  le  salaire  moyen  des  enfants  et  des 
jeunes  ouvriers ,  en  spécifiant,  autant  que  possible ,  les  industries , 
les  sexes  et  les  âges  ? 

réponse.  —  Ce  salaire  est  réglé  d après  l'âge,  l'aptitude  et  le 
genre  de  travail;  il  est  fixé  avec  les  parents  pu,  s'il  s'agit  d'orphe- 
lins, avec  l'administration  charitable  qui  les  entretient. 

9*  qukstiob  .  — ■  Quel  est,  dans  les  diverses  branches,  l'avantage 
que  l'on  trouve  à  employer  des  femmes  et  des  enfants,  de  préfé- 
rence aux  hommes  adultes?  Quels  sont,  indépendamment  de 
l'augmentation  des  salaires ,  les  avantages  que  retirent  les  familles 
d'ouvriers  de  l'emploi  des  enfants? 

réponse.  —  On  peut  «e  servir  de  femmes  et  d'enfants,  au  lieu 
d'hommes  adultes,  pour  l'époulage,  la  filature  du  lin,  du  coton,  etc. 
Les  salaires  des  enfant*  sont  toujours  une  ressource  pour  la  famille. 

10'  odbstioh.  —  L'intérêt  de  certaines  industries  exiger t'-il. 
impérieusement  que  les  enfants  soient  employés  pendant  le  même 
nombre  d'heures  que  les  adultes? 

ftiroKSB.  —  L'épouleur  doit  suivre  son  tisserand  ;  mais  ce  travail 
n'est  point  fatigant. 

1 1"  questjoh.  —  Les  exigences  actuelles  du  travail  peuvent-elles 
se  concilier  avec  la  nécessité  de  procurer  aux  jeunes  ouvriers  l'in- 
struction et  l'éducation  qui  conviennent  à  leur  position?  Quelle  est 
aujourd'hui  l'éducation  qu'ils  reçoivent  généralement,  et  en  quoi 
fait-elle  défaut? 

répobbe.  —  Les  jours  de  fêtes  ils  sont  réunis  dans  des  établis- 


DglizedOy  GOOgle 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  COCRTRA1  317 

seroenU  publics  où  on  leur  donne  l'instruction  religieuse  ;  dans 
bon  nombre  d'école*  on  leur  enseigne  la  lecture ,  l'écriture  et 

l'arithmétique. 

12'  question.  —  Quelle  devrait  être,  sous  le  rapport  de  l'Age, 
la  limite  inférieure  pour  l'admission  des  enfanta  aux  divers  travaux? 

simule.  —  Ici  il  n'y  a  point  de  limite  à  prescrire  :  tout  dépend 
de  la  nature  des  travaux. 

IS'qubstiob.  —  Quel  est  le  maximum  de  la  durée  auquel  on 
pourrait  borner  par  jour  le  travail  des  enfanta?  Comment  gra- 
dueriez-vous  cette  durée  selon  les  âges?  - 

réponse. —  Lorsque  les  travaux  sont  proportionné»,  comme  ici, 
a  la  force  physique,  tes  enfants  peuvent  s'occuper  pendant  la 
journée  ordinaire  de  l'ouvrier  adulte. 

14"  question.  —  Jusqu'à  quel  Age  le  travail  de  nuit  devrait-il 
être  interdit  aux  jeunes  ouvriers  ? 

réponse.  —  Ici  les  enfanta  ne  sont  pas  soumis  à  des  travaux  de 
nuit. 

15*  quxstiok.  —  Ne  conviendrait-il  pas  aussi  d'interdire  jusqu'à 
un  certain  Age  l'emploi  des  enfants  dans  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres?  Spécifiez  ces  établissements. 

réponse.  —  Il  serait  utile  d'interdire  au-dessous  de  quinze  ans 
le  travail  chez  les  plombiers  et  surtout  chez  les  fabricants  de  mine 
de  plomb. 

16*  question.  • —  A  quel  Age  pourrait-on  laisser  l'ouvrier  libre 
de  s'engager  dans  les  fabriques ,  etc. ,  Sans  qu'aucune  restriction 
fut  apportée  à  la  durée  dé  son  travail? 

réponse.  —  A  l'Age  où  ils  sont  dégagés  de  la  surveillance  de 
leurs  parents,  de  leurs  tuteurs  naturels  ou  administratifs,  car,  avant 
cet  Age,  ils  sont  inhabiles  à  contracter  des  engagements. 

17*  question.  — Pour  satisfaire  à  tous  les  intérêts,  ne  pourrait- 
on  pas  former,  comme  en  Angleterre ,  des  brigades  d'enfants  qui 
travailleraient  alternativement,  en  se  relayant  à  de  certains  inter- 
valles? 

18"  question.  —  En  cas  d'affirmative,  quel  est  le  meilleur  sys- 
tème-que  l'on  pourrait  adopter  pour  les  relais?  En  tonnant,  par 
exemple,  deux  brigades  d'enfanls  qui  travailleraient  l'une  le  matin, 


DiglizedOy  GOOgle 


31B    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

l'autre  l'après-midi,  ne  concilierait-on  pas  les  intérêts  du  travail 
avec  ceux  de  la  santé  et  de  l'instruction  des  jeunes  ouvriers  ? 

aitonsB.  —  Ces  relais  par  brigades  seraient  ici  une  impossibilité  : 
ni  maîtres  ni  parenU  ne  se  soumettraient  à  un  tel  arrangement  ; 
il  vaut  mieux  s'en  tenir  à  l'usage  habituel. 

19*  question.  —  En  admettant  que  la  réduction  de  la  durée  du 
travail  pour  les  enfants  entraine  certains  inconvénients,  ces  incon- 
vénients ne  seraient-ils  pas  amplement  compensés  : 

A.  Par  l'amélioration  physique  et  morale  des  jeunes  ouvriers 
et  l'augmentation  de  leur  aptitude? 

B.  Par  le  travail  que  cette  mesure  procurerait  aux  ouvriers  plus 

âgà? 

beponse.  —  Il  n'y  pas  lieu  a  réduire  la  journée  de  travail. 

B.  —  Questions  hygiéniques  et  économiques. 

20"  question.  —  Quel  est  l'état  de  santé  des  ouvriers  en  général 
et  des  enfants  en  particulier,  employés  dans  les  divers  établisse- 
ments industriels  de  votre  ressort? 

21'  question.  —  Quels  sont  les  dangers  et  les  accidents  auxquels 
ils  sont  exposés;  les  maladies,  les  infirmités,  les  difformités  auxquelles 
ils  sont  sujets? 

(Plusieurs  de  ces  questions  étant  du  ressort  de  l'art  de  guérir, 
il  nous  paraît  que  c'est  aux  comités  de  médecine  à  les  résoudre, 
et  nous  devons  nous  borner  a  répondre  aux  questions  sur  lesquelles 
nous  avons  quelques  données  positives.) 

Les  vingtième  et  vingt  et  unième  questions  ,  sans  réponse. 

22*  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  habituel  de 
l'ouvrier? 

réponse.  —  La  nourriture  de  la  classe  ouvrière  se  compose  de 
pain ,  de  pommes  de  terre  et  de  soupe  au  lait  battu ,  aliment  sain , 
mais  que  malheureusement  la  plupart  de  nos  ouvriers  ne  peuvent 
pas  toujours  se  procurer  à  défaut  d'occupation  ou  d'un  salaire 
suffisant. 

23'  QUBSTKMt.  —  Comment  est-il  logé  d'ordinaire ,  et  combien 
paye-t-il  par  semaine  pour  son  logement  7 


^y  Google 


CHAMBRE  DE  COMMERCE  DE  COURTRA1.  219 

kbfonsb.  —  L'ouvrier  paye  pour  «on  logement  de  1  fr.  Ï5  1 
1  fr.  50  c.  par  semaine  et  par  ménage. 

24*  qvbstioit.  —  Le  salaire  des  ouvriers  a-t-il  éprouvé  des  varia- 
tions sensibles  depuis  un  certain  nombre  d'années,  et  quelles  sont 
ces  variations? 

bbfokse.  —  Le  salaire  des  métiers  a  peu  diminué;  celui  des 
Sieurs  et  fileuses  a  considérablement  baissé  ainsi  que  celui  des 
tisserands. 

25*  ovbstiok.  —  Le  salaire  actuel  suffit-il  en  général  pour  que 
l'ouvrier  ait  une  existence  convenable  ?  Peut-il  faire  des  économies? 

réponse,  — Non,  il  est  insuffisant  pour  les  trois  classes  désignées 
dans  la  réponse  à  la  vingt-quatrième  question. 

26'  question.  —  À  combien  estimez-vous,  en  moyenne,  par  jour 
ou  par  semaine ,  ses  bénéfices  et  le  coût  de  son  entretien  et  de 
celui  de  sa  famille? 

kéi'okse.  —  Cette  question  ne  pourrait  se  résoudre  que  par  une 
enquête  longue  et  minutieuse,  attendu  qu'elle  sort  des  bornes  primi- 
tivement posées  et  qui  ne  concernaient  que  les  enfants  ;  il  faudrait 
s'enquérir  de  tous  les  états,  de  toutes  les  professions,  des  charges 
que  les  familles  ont  à  supporter  en  raison  du  nombre  de  leurs  en- 
fants, des  salaires  qu'ils  rapportent,  de  ce  que  peuventgagner  le  père 
et  la  mère,  etc.  Mais,  dans  le  plat  pays  particulièrement,  les  salaires 
sont  insuffisants. 

27°  questio».  —  Quelle  est  en  général  la  condition  morale  des 
ouvriers  dans  votre  ressort  ? 

béponse.  —  La  condition  morale  des  ouvriers  n'est  pas  mauvaise. 
Nous  traiterons  plus  amplement  cette  question  dans  nos  observa- 
tions supplémentaires. 

28*  question.  —  Sont-ils  adonnés  à  l'ivrognerie. 

répobse.  —  Moins  qu'autrefois;  la  modicité  du  salaire  s'y  oppose. 

29*  QBESTioir. —  Yen  a-t-il  beaucoup  qui  vivent  en  concubinage? 

bépomsb.  —  Le  concubinage  est  caché  autant  que  possible  ; 
il  faudrait  ici  procéder  par  supposition,  ce  qui  serait  trop  hasar- 
deux. Nous  croyons  le  mal  moins  grand  qu'on  ne  le  pense  ;  au 
reste ,  c'est  à  ceux  qui  dirigent  la  conscience  plutôt  qu'à  la  loi  à  y 
mettre  obstacle. 

30"  question.  —  Les  mœurs  des  jeunes  ouvrières  sont-elles  ordi- 

Digilizedby  GOOgle 


HO    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

nairement  bonnes?  Jusqu'à  quel  point  le  rapprochement  et  la  con- 
fusion des  sexes  dans  les  ateliers  et  les  travail*  peuvent-ils  leur 
être  nuïsibles7 

képonse.  —  Les  mœurs  se  relâchent  par  la  misère  publique  ; 
noire  opinion  est  que  la  réunion  des  deux  sexes  dans'  les  ateliers 
est  toujours  nuisible. 

M'qvestioh.  — Quelle*  sont  les  principales  causes  de  l'ineon- 
duite  de  l'ouvrier? 

répohsb.  —  Le  défaut  de  travail  ou  le  bas  prix  des  salaires. 

32*  QDBgTjoir.  —  Exîste-t-il,  tant  sous  le  rapport  physique  que 
sous  le  rapport  moral ,  quelque  différence  bien  tranchée  : 

A.  Entre  l'ouvrier  des  Tilles  et  celui  des  campagnes  ? 

B.  Entre  l'ouvrier  qui  travaille  en  grande  réunion  et  celui  qui 
exerce  son  métier  en  petite  réunion  ou  isolément  ? 

C.  Entre  l'enfant  des  fabriques  et  l'apprenti  travaillant  chez  un 
maître?     : 

BKPoasï.  —  L'homme  qui  respire  fajr  pur  des  campagne»  est 
favorisé  comparativement  a  celui  des  grandes  Agglomérations 
des  villes  ;  l'avantage  est  encore  plus  sensible  mus  le  rapport 
moral. 

33°  questios.  —  Quels  sont  les  principaux  abus  du  mode  actuel 
d'engagement  et  d'apprentissage  pour  les  jeunes  ouvriers  des  deux 
sexes  ?  Quelles,  seraient  les  réformes  a  y  apporter? 

.aÉPoasK.  —  Les  engagements  des  enfants  sont  contractés  par  les 
parents  ou  par  leurs  représentants  ;  la  loi  n'interviendrait  que  très- 
difficilèrnent  dans  de  semblables  transactions. 

34°  question.  —  Y  a-t-il  lieu  de  restreindre  les  mesures  prolec- 
trices de  l'enfance  aux  seuls  enfants  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels ,  ou  conviendrait-il  de  les  étendre  a  tous 
les  jeunes  ouvriers  sans  distinction ,  qu'ils  travaillent  en  petite  ou 
en  grande  réunion,  à  l'extérieur  ou  à  domicile? 

réponse.  —  Mon,  pour  les  raisons  ci-dessus  alléguées. 

35*  QDESTioi*.  —  Quelles  sont,  dans  votre  ressort,  les  institutions 
favorables  à  la  classe  ouvrière  et  susceptibles  d'augmenter  son 
bien-être  physique  et  moral? 

KfJponsE.  —  Rien  de  mieux  que  de  protéger  l'ancienne'  indus- 
trie JJnîère,  en  mettant  notre  comité  Isoler  a  même  de  propager 


>dby  Google 


CHAMBRE-  DE  COMMERCE  DE  COURTRA1.  311 

le  mécanisme  Pareil  et  le  nouveau  filage  dont  les  produits  sont 
recherchés  par  les  négociants  indigènes  et  étrangers. 

56"  question.  —  Quels  seraient,  indépendamment  de  la  réduc- 
tion de  |a  durée  du  travail,  les  moyens  propres  à  améliorer  la  con- 
dition des  jeunes  ouvriers? 

(Sans  réponse.) 

ousaviTions  SOtVEftmNTlIlIS. 

La  maladie  syphilitique  fait  de  grands  ravages  dans  la  classe 
ouvrière.  L'ouvrier  craint,  avec  raison,  de  s'engager  dans  les  liens 
du  mariage,  de  peur  de  ne  pouvoir  suffire  à  ses  besoins  et  à  ceux 
de  sa  famille  future.  II  préfère  se  livrer  à  la  débauche.  La  plupart 
des  ouvriers  dissimulent  les  maladies  syphilitiques  dont  ils  sont 
affectés;  d'autres  n'ont  pas  les  moyens  de  se  faire  traiter  ;  ils 
deviennent  ainsi  valétudinaires  ;  à  un  âge  peu  avancé  ils  sont  inca- 
pables de  supporter  les  fatigues  des  travaux,  et  ils  finissent  par  se 
livrer  au  vagabondage ,  à  la  mendicité  et  parfois  même  au  crime. 

Si,  dans  cet  état,  ils  procréent  des  enfants,  soit  légitimes,  soit 
illégitimes,  ces  êtres  malheureux  sont  un  fardeau  perpétuel  pour 
l'ordre  social  qui  doit  pourvoir  à  leur  entretien  ,  souvent  pendant 
toute  leur  vie. 

Ne  pouvant  remédier  qu'en  partie  à  cette  calamité,  il  nous 
paraît  indispensable  d'ordonner  que  partout  où  il  existe  des  maisons 
publiques ,  elles  soient  soumises  à  la  surveillance  sévère  de  la 
police  ;  qu'un  officier  de  santé  soit  nommé  pour  visiter  souvent  les 
prostituées  qui  y  habitent,  ou  les  fréquentent,  et  que  lorsque  celles- 
ci  seront  reconnues  malades,  elles  soient  de  suite  transportées  dans 
un  hôpital  à  ce  destiné,  où  à  créer  aux  frais  des  communes  de  leur 
domicile.  Costa  ce  nul  qu'il  faut  pourvoir  sans  délai  afin  de  préve- 
nir l'afFaibliscement  et  réservation  des  hommes  du  peuple,  ma! 
qui  fait  déjà  d'affreux  ravages  et  dont  les  suites  sont  incalculables. 

Le  Secrétaire. 

'    BlXBUTCK. 


^y  Google 


282    RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 


€L  JlflooMdieue  Se  Çeuvetueut.  de  fa  5taudte  occtdeutafo. 

BmpH,  If  S  Kfteta  18U. 
MOKSIKDR    LE    G0UVEB.HBUR, 

Par  votre  lettre  en  date  du  26  août  dernier,  1"  division, 
n"  40287,  tous  nous  adressez  un  certain  nombre  d'exemplaires 
de  questions  relatives  au  travail  des  enfants  et  à  la  condition  des 
ouvriers  dans  notre  ressort,  et  vous  nous  invitez  h  vous  fournir  les 
renseignements  demandés. 

Un  examen  attentif  de  ces  questions  nous  prouve ,  M.  le  Gou- 
verneur, qu'elles  ont  été  formulées  spécialement  pour  les  localités 
où  il  existe  des  manufactures ,  mines,  carrières,  ou  autres  établis- 
sements qui  exigent  l'emploi  de  beaucoup  de  bras  et  l'aggloméra- 
tion de  beaucoup  d'individus  de  tout  Age  et  de  tout  sexe. 

Malheureusement,  dans  notre  ressort ,  il  n'existe  aucune  indus- 
trie de  l'espèce  ;  nous  ne  pouvons  conséquemment  préciser  aucune 
réponse  à  ce  sujet.  Tout  ce  que  nous  pourrions  dire ,  c'est  que , 
jusqu'ici,  le  sort  de  nos  ouvriers,  en  général,  n'est  précaire  que 
parce  que,  trop  souvent,  ils  sont  privés  du  travail  nécessaire  pour 
pourvoir  à  leur  subsistance.  Il  ne  s'agit  donc  pas  de  réglementer 
ou  de  limiter  l'excès  d'un  travail  trop  assidu  et  compromettant 
pour  leur  santé;  la  chose  essentielle  pour  améliorer  leur  position, 
serait  de  leur  procurer  des  occupations  plus  multipliées,  et,  con- 
séquemment, le  gain  nécessaire  pour  pourvoir  à  leurs  besoins. 

Nous  remarquerons  toutefois  que,  quelles  que  soient  les  priva- 
tions auxquelles  notre  classe  ouvrière  a  été  assujettie  dans  ces 
derniers  temps,  par  suite  du  manque  de  travail  et  de  la  cherté  des 
vivres,  sa  position  hygiénique  est  certainement  plus  favorable 
que  celle  des  ouvriers,  dans  bien  d'autres  localités ,  où  les  jeunes 
gens  étant  assujettis  à  de  rudes  travaux  dès  leur  tendre  enfance , 
contractent  des  infirmités  qui  se  présentent  rarement  chez  nous. 

Agréez,  etc. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

L.  Dk  Lkscluze.  J.  Roils. 


*by  Google 


Héponses 


INQSNIIEUR8  ®E®   RSQDIFSE®. 


I.  — Réponses  de  I.  riagnûeor  en  chef  de  la  première  diïisiM  des  mines. 

&.  JUnowdieur  te  ,iLW»ùttte  du  dtoooux  puêfiox.. 

■m,  b  1S  uf iMkn  iStl. 

MOH  SIEUR  LK  MlKISTRE  , 

J'ai  l'honneur  de  tous  transmettre  les  copies  des  rapports 
en  date  des  12  mars  et  24  avril  1845,  que  m'ont  adressés 
MM.  les  ingénieurs  du  premier  et  du  deuxième  district  des  mines , 
sur  la  série  de  questions  posées  par  H.  le  Ministre  de  l'intérieur, 
dans  la  prévision  de  la  présentation  prochaine  à  la  législature, 
d'un  projet  de  loi  sur  le  travail  des  enfants  employés  dans  Jes 
mines  et  usines. 

Avant  de  vous  communiquer  ces  rapports,  j'ai  été  obligé  d'en- 
treprendre un  grand  nombre  de  tournées,  et  de  recueillir  des  ren- 
seignements multipliés  et  minutieux,  pour  vérifier  l'exactitude  de 
certains  faits  principaux  qui  y  sont  avancés,  pour  les  rectifier  au 
besoin,  et  pour  résoudre  moi-même,  autant  qui)  m'était  possible 
de  le  faire,  les  questions  que  l'on  a  soulevées,  dans  ces  derniers 
temps,  au  sujet  de  l'exploitation  des  mines. 

Ce  travail,  qui  méritait  d'être  fait  avec  beaucoup  de  soin,  joint  a 
la  multitude  de  mes  occupations  ordinaires,  a  été  cause,  M.  le 


*by  Google 


m  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

Ministre,  que  je  n'ai  pas  répondu   plus  tôt  à  la  première  de  vos 

dépêches. 

Ces  explications  préliminaires  données,  je  crois  pouvoir  entrer 
immédiatement!  en  matière. 

1"  question.  —  Quel  est  le  nombre  total  des  ouvriers  employés 
aux  travaux  des  mines ,  là  proportion  ou  le  nombre  de  ceux  de 
l'Age  de  dix  a  seize  ans?  —  Distinguer  les  sexes. 

bkvokhe.  ■ —  M.  l'ingénieur  du  1"  district  des  mines  a  évalué 
le  nombre  des  ouvriers  charbonniers,  d'après  le  nombre  des 
livrets  déposés  aux  bureaux  des  divers  établissements  ;  je  pense 
que  le  nombre  de  vingt-deux  mille  cent  cinquante  sept  est  trop 
grand,  parce  que  les  ouvriers  qui  cessent  momentanément  ou  défi- 
nitivement de  travailler,  laissent  cependant  leurs  livrets  entre  les 
mains  des  maîtres  qui  les  ont  employés ,  et  cela  aussi  longtemps 
qu'ils  ne  sont  pas  dans  la  nécessité  de  chercher  de  ta  besogne  dans 
une  autre  mine. 

Par  contre,  j'ai  des  raisons  de  croire  que  M.  l'ingénieur  du 
deuxième  district  est  resté  au-dessous  de  l'évaluation  réelle,  et  qu'il 
a  négligé  de  tenir  compte  de  plusieurs  catégories  d'ouvriers ,  par 
exemple ,  de  ceux  qui  sont  occupés  à  transporter  le  combustible 
des  fosses  aux  lieux  d'expédition,  à  charger  la  houille  dans  les 
bateaux,  etc.  Toujours  est-il  que  le  nombre  de  huit  mille  trois 
cent  quarante  qu'il  donne  comme  étant  le  nombre  total  actuel  des 
ouvriers  mineurs  du  second  district,  est  inférieur  de  plus  de  deux 
cents  à  celui  qui  résulte  des  états  d'exploitation  dressés,  pour  l'as- 
siette de  la  redevance  proportionnelle  de  l'exercice  courant ,  sur 
les  opérations  de  l'année  dernière. 

Une  autre  observation  à  faire,  c'est  que  M.  Bidaut  n'a  pas  bit 
constater  directement  la  répartition  du  nombre  total  des  ouvriers 
en  diverses  catégories;  il  en  a  jugé  par  comparaison  avec  les  résul- 
tats obtenus  a  dix-«ept  des  principales  mines  du  deuxième  district, 
procédé  qui  ne  présente  peut-être  pas  le  degré  de  certitude  que 
l'on  aurait  pu  désirer  en  pareille  matière. 

Enfin,  M.  Bidaut  a  omis  de  faire  une  distinction  importante  et 
qui  n'aurait  pas  dû  lui  échapper,  bien  qu'elle  ne  soit  pas  demandée, 
j'entends  la  distinction  entre  les  ouvriers  employés  au  jour  et  les 
ouvriers  occupés  dans  les  travaux  souterrains. 

D'après  les  nombreux  renseignements  que  j'ai  recueillis  moi- 
même,  je  pense  que  l'on  ne  s'éloignera  pas  beaucoup  de  la  vérité, 


DiglizedOy  GOOg[Ç 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINAOT.)  m 

en  fixant  à  vingt  et  un  mille,  le  nombre  des  ouvriers  mineurs  de 
toute  espèce  du  premier  district  des  mines,  et  à  neuf  mille,  celui 
du  deuxième  district.  Total,  trente  mille  ouvriers  mineurs  pour 
toute  la  province  de  Hainaut. 

Celle  quantité  d'ouvriers,  eu  égard  au  sexe,  a  l'âge  et  à  la  nature 
des  travaux,  se  répartirait  comme  il  suit,  en  nombres  ronds  : 


FEMMES. 

Travaux 

1   au-deMOUS  de  16  ans. 

900 

de  la  surface, 

\    au-dessus         id. 

1,900 

Travaux 

(   au-dessous      îd. 

900 

souterrains, 

|   au-dessus        id. 

1,800 

Travaui 

j    au-dessous      îd. 

1,800 

de  tonta  espèce, 

1   au-dessus        id. 

3,000 

Travaux  i  au-dessous  de  16  ans.  .      600  1 

de  la  surface,  [  au-dessus        id.  .  .  3,000  ] 

Travaux  (   au-dessous       id.  .  .    3,600  1 

souterrains,  (   au-dessus        id.  .  .18,000  | 

Travaux  I   au-dessous      id.  .  .   4,200  I 

de  toute  espèce,  i    an-dessus        id.  .  .91,000  j 

FEMMES    ET    HOMMES. 


Travaux  i  au-dessous  de  16  ans. 

de  la  surface,  )  au-dessus        id, 

Travaux  f  au-dessous      id. 

souterrains,  (  au-dessus        id. 

Travaux  I  au-dessous       id. 

de  toute  espèce,  j  au-dessus        id. 


.    1,800  j 

.   4,900  | 

.   4,300  1 

.19,800  j 

.    6.000  1 

.94,000  j 


21,600 
33,800 


30,000 


Ainsi,  sur  trente  mille  ouvriers  mineurs,  il  y  a  quatre  mille  huit 
cents  femmes  ou  seize  pour  cent;  de  ces  quatre  mille  huit  cents 
femmes,  dix-huit  cents  sont  âgées  de  moins  de  seize  ans  et  trois 
mille  de  plus  de  seize  ans  ;  deux  mille  cent  travaillent  au  jour,  deux 
mille  sept  cents  dans  l'intérieur  des  mines. 

Parmi  les  vingt-cinq  mille  mineurs,  quatre  mille  deux  cents  sont 
âgés  de  moins  de  seize  ans  ;  vingt  et  un  mille  ou  soixante  et  dix  pour 
cent  du  nombre  total  d'ouvriers,  de  pins  de  seize  ans  ;  trois  mille 
six  cents  sont  occupés  à  la  surface,  vingt  et  un  nulle  six  cents  dans 
les  travaux  intérieurs. 

Enfin,  si  l'on  oe  fait  aucune  distinction  de  sexe,  six  mille  ouvriers, 
ou  vingt  pour  cent,  sont  âgés  de  moins  de  seize  ans  ;  vingt-quatre 
mille  ou  quatre-vingts  pour  cent,  de  plus  de  seize  ans;  cinq  mille 


xuvCoo^le 


236  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

sept  cents,  ou  dix-neuf  pour  cent,  (ont  occupe*  à  la  surface  ;  vingt- 
quatre  mille  trois  cents  ou  quatre-vingt-un  pour  cent,  dans  les 
travaux  souterrains. 

Il  est  excessivement  rare  de  voir  travailler  les  femmes  mariées, 
non  seulement  dans  l'intérieur  des  mines,  mais  même  à  la  surface  ; 
aussi  sont-elles  presque  toutes  Agées  de  moins  de  vingt-quatre  ans. 
La  seule  raison  que  l'on  puisse  donner  de  ce  fait,  c'est  que  l'état 
de  grossesse  d'abord,  et  ensuite  les  soins  assidus  et  multipliés  que 
réclament  les  enfants  en  bas  âge  ne  permettent  plus  aux  femmes 
de  se  livrer  à  des  occupations  pénibles,  continues,  et  qui  les  éloi- 
gneraient, chaque  jour,  pendant  dix  à  douze  heures,  de  leurs 
ménages. 

î°  Quignon.  — Quel  est  approximativement  le  nombre  d'ou- 
vriers de  dix  à  seize  ans  qui  travaillent  dans  les  mines,  pendant  la 
nuit?  Ceux  de  celte  catégorie  sont-ils  employés  toutes  les  nuits,  on 
bien  alternent-ils  avec  d'autres? 

retorse.  —  J'estime  que  le  nombre  des  ouvriers  âgés  de  moins 
de  seize  ans ,  employés  pendant  la  nuit ,  s'élève  approximative- 
ment au  tiers  du  nombre  total  des  ouvriers  de  cet  Age  occupés 
dans  l'intérieur  des  mines  de  la  première  division,  c'est-à-dire  à 
quinze  cents.  Il  faut  toutefois  observer  que  les  ouvriers  de  cette 
catégorie  du  premier  district  des  mines,  qui  n'alternent  pas  avec 
d'autres,  ne  travaillent  pas  ordinairement  au  delà  de  minuit,  et 
quittent  la  mine  avec  les  brigades  de  travailleurs  auxquelles  ils  sont 
pour  ainsi  dire  associés  ;  tandis  que  ceux  du  second  district,  qui 
alternent,  en  général,  avec  d'autres,  chaque  semaine,  descendent 
de  six  &  huit  heures  du  soir,  dans  les  travaux,  pour  n'en  sortir  qu'à 
cinq  ou  six  heures  du  matin,  après  l'achèvement  de  leur  lâche. 

3'  question.  —  Une  disposition  qui  défendrait  d'employer  aux 
travaux  de  nuit,  c'est-à-dire  de  huit  heures  du  soir  à  cinq  heures 
du  matin,  des  enfants  au-dessous  de  treize  ans,  aurait-elle  des 
inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  le»  ouvriers  mineurs? 
Y  aurait-il  lieu  de  faire  une  exception  à  leur  égard? 

aiponsE.  —J'estime  environ  à  quatre  cent  cinquante,  le  nombre 
des  ouvriers  des  deux  sexes  Agés  de  moins  de  treize  ans,  qui  tra- 
vaillent, soit  d'une  manière  continue  pendant  la  première  partie  de 
chaque  nuit  (premier  district),  soit  alternativement,  chaque 
semaine,  pendant  toute  la  nuit  (deuxième  district),  dans  les  mines 
de  la  première  division. 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (IIAINAIT).  m 

On  conçoit  facilement  qu'une  disposition  législative,  qui  défen- 
drait d'employer  aux  travaux  nocturnes,  les  enfants  âgés  de  moins 
dé  treize  ans,  n'aurait  pas  de  graves  inconvénients  pour  l'exploi- 
tation des  mines  ;  mais  outre  qu'elle  serait  d'une  exécution  très- 
difficile,  je  pense,  d'abord,  avec  H.  l'ingénieur  du  premier  district, 
que  le  travail  de  nuit,  tel  qu'il  est  ordonné  dans  le*  mines  de  la 
province  de  Hainaut,  est  moins  pénible  et  moins  pernicieux  pour 
le  santé  dés  ouvriers  mineurs,  jeunes  ou  vieux,  que  te  travail  de 
jour  ;  et  ensuite,  qu'il  conviendrait  peut-être  de  n'admettre  au  tra- 
vail des  mines,  en  général,  de  jour  ou  de  nuit,  de  la  surface  ou  de 
l'intérieur,  que  les  ouvriers  des  deux  sexes  qui  auraient  au  moins 
atteint  leur  douzième  année.  Le  nombre  des  enfants  au-dessous  de 
cet  âge,  actuellement  occupes  dans  les  mines  de  la  province,  ne 
dépasse  probablement  pas  onze  cents. 

4°  0UBBT1ON.  —  Si  la  loi  défendait  d'employer  des  enfants  de 
treize  à  seize  ans  aux  travaux  nocturnes  plus  de  trois  nuits  sur  sept, 
y  aurait-il  des  inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers 
mineurs?Et  cette  disposition  serait-elle  réellement  avantageuse  aux 
enfants  de  cette  catégorie,  sous  le  rapport  de  la  sanié,  du  dévelop- 
pement et  de  l'instruction? 

aérons!.  —  Ce  que  je  viens  de  dire  répond  suffisamment  à  cette 
question;  je  crois,  en  effet,  avec  M.  l'ingénieur  du  premier  district 
des  mines,  et  par  les  motifs  qu'il  expose  en  peu  de  mots  dans  sa 
réponse  à  cette  quatrième  question ,  que  la  mesure  dont  il  s'agit 
troublerait  inutilement  si  elle  ne  bouleversait  pas  complètement 
l'ordre  et  l'économie  des  travaux  des  mines,  sans  exercer  aucune 
influence  favorable  sur  la  santé,  le  développement  des  forces  et 
l'instruction  de  la  classe  ouvrière;  il  est  même  a  remarquer  qu'elle 
forcerait  les  enfants  à  faire,  chaque  semaine,  une  double  tache, 
pour  passer  du  travail  diurne  au  travail  nocturne  ou  réciproque- 
ment :  inconvénient  grave  qu'il  faut  au  contraire  tâcher  de  prévenir 
autant  que  possible. 

6*  ot'KSTioif.  —  Les  enfants  employés  dans  les  mines,  savent-ils, 
en  générai;  lire  et  écrire?  Ont-ils  des  heures  libres  pendant  les- 
quelles ils  pourraient  assister  aux  leçons,  soit  des  écoles  du  jour, 
soit  des  écoles  du  soir,  là  où  il  en  existe? 

kkpohse.  —  J'estime  approximativement  que  plus  des  deux  tiers 
des  ouvriers  mineurs,  c'est-à-dire  plus  de  vingt  mille,  ne  savent  ni 
lire  ni  écrire;  le  reste,  ou  dix  mille  environ,  savent  seulement  lire, 


xuvCoo^le 


M8  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES, 

ou  lire  et  écrire  imparfaitement.  Les  subside*  et  les  nombreux 
encouragements  que  les  comitâssiena  administratives  des  caisses 
de  prévoyance  accordent  au*  anciennes  comme  aux  nouvelles 
écoles ,  apporteront  certainement  avec  te  temps  une  améliora- 
tion à  cet  état  de  choses  ;  cependant  il  faut  reconnaître  que  le  plus 
grand  obstacle  a  la  propagation  de  l'instruction  parmi  les  ouvriers 
mineurs ,  c'est  le  travail  prématuré  que  les  parents  se  trouvent 
presque  toujours  dans  la  nécessité  d'imposer  à  leurs  enfants.  On 
ne  peut  guère  exiger,  en  effet,  ou  plutôt  il  est  absolument  impos- 
sible que  le  jeune  ouvrier  qui  quitte  sa  demeure,  de  deux  à  cinq 
heures  du  matin,  pour  n'y  rentrer,  exténué  de  fatigue,  que  vers 
cinq  heures  du  soir,  fréquente  encore  une  école  pour  y  recevoir 
des  leçons  de  lecture  et  d'écriture  dont  ni  lui  ni  ses  parents 
n'espèrent  retirer  aucun  profit  prochain  ou  éloigné  ;  à  peine  lui 
reste-t-il  le  temps  de  prendre  son  repas  du  soir  et  de  réparer  ses 
forces  épuisées  par  quelques  heures  de  repos. 

De  ce  qui  précède,  il  est  facile  de  conclure  que  si  l'ouvrier 
mineur  ne  sait  ni  lire  ni  écrire,  lorsqu'il  commence  à  se  livrer  au 
travail  des  mines,  il  ne  le  saura  jamais,  et  que,  par  conséquent, 
te  seul  moyen  de  le  soustraire  a  une  ignorance  complète,  serait  de 
ne  l'admettre  à  figurer  sur  le  contrôle  des  ouvriers,  qu'à  l'Age  de 
douze  ans  par  exemple,  c'est-à-dire  lorsqu'il  aurait  eu  le  temps 
d'acquérir,  dans  les  écoles  publiques  ou  particulières,  le  degré 
dlnstruction  convenable  à  son  état  et  à  sa  profession.  Une  chose 
serait  seulement  à  regretter,  c'est  que  cette  mesure  retarderait 
encore  les  secours  que,  de  dix  à  douze  ans,  la  plupart  des  enfants 
par  leur  travail ,  commencent  à  apporter  dans  leurs  familles  , 
secours  dont  la  privation  rend  si  difficiles  et  si  pénibles  les  pre- 
mières années  du  mariage  de  l'ouvrier  mineur. 

6*  question.  —  Remarque- t-on  dans  oette  classe  de  travailleurs 
(les  ouvriers  des  mines,  en  général, )  plu»  d'indiscipline,  d'ignorance 
ou  d'immoralité  que  parmi  les  ouvriers  de  fabriques? 

Observation.  Si  les  éléments  de  cette  comparaison ,  difficile 
d'ailleurs,  ne  sont  pas  réunis,  donner  une  idée  de  l'état  moral  des 
ouvriers  mineurs,  ce  qui  est  essentiel  pour  l'objet  de  ces  rensei- 
gnements. 

fitHurai.  —  J'ajouterai  quelques  observations  aux  réponses  faites 
par  MM.  les  ingénieurs  à  cette  question. 

Il  est  impossible  que  la  réunùm  journalière  de  plusieurs  cen- 


*by  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HA1MUT).  «9 

laines  et  souvent  de  plusieurs  millier»  d'individus,  dans  sk  même 
localité,  dans  une  même  commune,  et,  pour  ainsi  dire,  dans  un 
même  établi  Mènent,  ne  produise  pu,  de  temps  en  temps,  quelques 
désordres,  quelques  coalitions;  et  encore,  est-il  facile  de  prouver 
que  ces  actes  d'indiscipline,  assez  rares  d'ailleurs,  doivent  être 
imputés  a  la  mauvaise  organisation  du  travail  et  aux  exigences  con- 
certées des  sociétés  charbonnières ,  plutôt  qu'à  la  volonté  prémé- 
ditée des  ouvriers. 

En  effet,  ce  n'est  ni  dans  les  mines  des  environs  de  Charleroy, 
ni  dans  celles  dites  du  Centre  (Houdeng,  La  Hestre,  Marimont,  etc.), 
où  l'exploitation  est  régulière  et  rarement  interrompue ,  et  où  la 
population  ouvrière  est  disséminée  sur  une  assez  grande 'étendue 
superficielle,  que  les  émeutes  ont  lieu  ;  mais  bien  dans  les  mines 
dites  du  Bermage,  au  couchant  de  Mons,  ou  vingt  mille  ouvriers 
sont  accumulés,  pour  ainsi  dire,  sur  un  espaoe  de  trois  ou  quatre 
lieues  carrées,  et  ou  la  fermeture  périodique  des  canaux  change 
subitement,  et  pour  des  mois  entiers,  leur  position.  Tantôt  l'activité 
de  l'extraction  exige  un  grand  nombre  de  bras  :  l'on  se  dispute  les 
ouvriers,  on  leur  accorde  des  salaires  exagérés  ;  tantôt  l'interrup- 
tion de  la  navigation  rend  impossibles  les  expéditions  de  combus- 
tible a  l'étranger  :  on  renvoie  alors  en  masse  les  ouvriers  chez  eux, 
ou  il»  attendront  patiemment,  pendant  un,  deux  ou  trois  mois,  que 
la  réparation  des  ouvrages  d'art,  le  curage  du  canal  ou  le  dégel 
aient  de  nouveau  rendu  possible  la  circulation  des  bateaux  ;  aujour- 
d'hui c'est  le  prix  de  la  nutin-d'œuvre  qui  semble  trop  élevé,  et  que 
l'on  veut  immédiatement  ramener  à  un  taux  normal;  demain  oe 
sont  les  règlements  de  police  sur  les  mines,  l'usage  des  livrets,  par 
exemple,  que  l'on  avait  laissés  tomber  en  désuétude,  ou  dont  les 
ouvriers  s'étaient  affranchis  depuis  plusieurs  années,  que  l'on  vient 
tout  à  coup  remettre  en  vigueur,  etc.,  etc. 

L'on  ne  doit,  selon  moi,  s'étonner  que  d'une  chose  :  c'est  qu'au 
milieu  de  toutes  ces  secousses,  de  tous  ces  bouleversements ,  l'ou- 
vrier mineur,  atteint  dans  sa  propre  existence  et  dans  l'existence 
de  sa  famille,  se  borne  à  refuser  momentanément  son  travail  pour 
le  prix  qu'on  lui  offre ,  et  ne  se  livre  à  aucune  voie  de  fait ,  ni  a 
aucun  autre  acte  répréhensible  que  les  tribunaux  auraient  à  pour- 
suivre. Ce  fait  seul  prouve  mieux  que  tout  ce  que  l'on  pourrait 
dire,  le  caractère  paisible  et  la  résignation  de  l'ouvrier  mineur. 

Les  autres  accusations  dont  cette  classe  intéressante  de  la  popu- 
lation est  ordinairement  l'objet  ne  sont  pas  mieux  fondées. 


*by  Google 


3»  .      RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

Les  crime»  contre  les  personnes  et  contre  les  propriétés  sont 
pour  ainsi  dire  inconnus  parmi  les  ouvriers  charbonnier» ,  et  il 
serait  facile  de  constater,  en  parcourant  tes  annales  judiciaires, 
si  les -délits  sont  plus  fréquenta  dans  les  cantons  houillers  de  la 
Belgique  que  dans  les  autres.  Pour  ma  part ,  je  ne  le  crois  pas. 

Les  personnes  qui  ne  visitent  pas  fréquemment  les  contrées  où 
sont  établies  les  exploitations  de  mines  de  houille,  s'imaginent  que 
les  ouvriers  mineurs  sont  généralement  adonnés  à  l'ivrognerie  et  à 
la  débauche;  c'est  une  erreur  qui  s'est  accréditée ,  je  ne  sais  com- 
ment, dans  le  public,  et  que  je  vais  m'eftbrcer  de  détruire. 

Les  hauts  salaires  qui  'ont  été  payés  aux  ouvriers  pendant  les 
années  1637,  1838,  1859  et  1840,  n'ont  pas  été  entièrement 
dissipés,  comme  on  se  plaît  à  le  dire;  une  grande  partie  a  été 
employée  en  acquisitions  de  pièces  de  terre,  en  construction  de 
maisons,  etc.  ;  je  citerai,  entre  autres,  les  communes  de  Cuesmes , 
Frameries  et  Pâturages,  qui  sont  maintenant  couvertes  d'une  mul- 
titude de  petites  habitations  neuves. 

Depuis  1840,  le  prix  de  la  main-d'œuvre,  dans  les  mines  du 
Uainaut,  a  considérablement  diminué ,  puisque,  par  des  calculs 
dont  le  résultat  est  consigné  daus  le  compte  rendu  annuel  de  la 
députation  permanente  au  conseil  provincial,  de  1842  et  de  1843, 
j'ai  démontré  que  chaque  ouvrier  mineur  n'avait  reçu,  en  moyenne, 
que  692  fr.  en  1841,  et  612  fr.  en  1842,  ou,  par  jour ,  1  fr.  90 
en  1841 ,  et  1  fr.  68  en  1842. 

Or  voici  la  dépense  journalière  et  normale  d'un  ouvrier  aisé  du 
couchant  de  Mous,  en  1843  : 

i*  Nourriture .     .    ©  fr.  65 

S-  Boisson 0  —  Si 

5°  Vêtements  de  toute  espèce .0  —  30 

4-  Literies 0  —  05 

5°  ChauHage,  éclairage,  blanchissage,  logement. .  0  —  08 
1  fr.  57 
Celte  dépense  est  exacte  et  facile  à  contrôler  ,  car  on  sait  qu'un 
individu  de  la  classe  ouvrière  paye,  pour  sa  table  et  son  logement, 
1  fr.  par  jour ,  dans  les  communes  de  Cuesmea ,  Jemmapes ,  etc. 
Hais  il  arrive  rarement  qu'un  ouvrier  mineur  soit  seul  :■  ou  il  de- 
meure chez  ses  parents,  et  remet  son  salaire  au  chef  de  la  famille, 
ou  il  est  lui-même  marié,  et  a  plusieurs  enfants  en  bas  Age.  Dans  le 
premier  cas,  il  n'est  pas  libre  de  disposer  de  l'argent  qu'il  reçoit; 
dans  le  second,  et  le  suppotat-on  dans  les  conditions  les  plus  favo- 


^y  Google 


;  DIVISION  (HAINÀUn  251 

râbles,  je  veux  dire  Agé  de  vingt-cinq  ans,  n'ayant,  que  deux  petits 
enfanta  et  sa  femme,  travaillant  six  jours  par  semaine,  touchant  le 
salaire  le  plus  élevé,  c'est-à-dire  2  fr.  50  par  jour,  je  ne  m'explique 
pas  que  ce  salaire  suffise  à  l'entretien  de  la  jeune  famille ,  bien 
loin  que  l'on  puisse  en  détourner  une  partie  pour  le  dépenser  au 
cabaret. 

Je  ne  crois  donc  pas  à  l'ivrognerie  comme  vice  particulier  à  la 
classe  des  ouvriers  mineurs ,  a  moins  que  l'on  ne  regarde  comme 
un  excès  de  ce  genre,  l'habitude  que  les  charbonniers  du  couchant 
de  Hons  ont  prise ,.  après  avoir  séjourné  dix  à  douze  heures  dans 
les  travaux  intérieurs  et  être  remontés  au  jour ,  par  des  échelles 
ordinairement  mal  établies,. d'une  profondeur  de  trois  a  quatre 
cents  mètres ,  d'avaler  un  petit  verre  de  genièvre  et  de  boire  un 
demi-litre  de  bière.,  en  mangeant  le  reste  de  la  tartine  ou  de  la 
tranche  de  pain  qu'ils  ont  emportée  avec  eux  en  quittant  leurs 
demeures  à  deux  ou  trois  heures  du  matin  ;  encore  est-ce  là  un 
excès  que  l'indigence  interdit  en  ce  moment  à  la  plupart  des 
ouvriers. 

Enfin  reste  le  reproche  de  relations  illicites  entre  les  sexes. 

D'abord  il  faut  qu'on  sache  que  ce  n'est  pas  dans  les  travaux 
intérieurs,  quoi  que  l'on  en  ait  dit,  que  ces  désordres  peuvent  avoir 
Heu;  ceux  qui  ont  visité  les  mines,  qui  connaissent  l'activité  qui  y 
règne,  la  surveillance  continuelle  qui  s'y  exerce,  le  grand  nombre 
d'ouvriers  qui  y  sont  constamment  en'  circulation ,  enfin  la  préci- 
sion ,  la  célérité  et  l'attention  que  chacun  apporte  à  remplir  la 
tâche  imposée,  ne  seront  pas  étonnés  de  celte  assertion;  ceux 
qui  ne  connaissent  l'exploitation  des  mines  que  par  les  relations 
inexactes  et  incomplètes  qui  en  ont  été  données,  auront  plus  de 
peine  à  y  croire  ;  cependant  les  faits  attestent  que  j'ai  raison ,  et 
'  qu'il  se  commet  moins  d'actes  répréhensibles  dans  les  travaux 
souterrains  qu'à  la  surface ,  et  surtout  que  dans  les  fabriques  ou 
dans  les  manufactures  ou  existe  aussi  la  promiscuité  des  aexet. 

Quant  a  la  conduite  des  femmes  de  mineurs  en  général,  je  puis 
heureusement  prouver  par  des  documents  positifs  et  officiels , 
qu'elle  est  plus  régulière  que  celle  des  femmes  des  contrées  sim- 
plement agricoles. 

En  effet,  voici  d'après  les  registres  de  l'état  civil,  le  nombre  des 
naissances  légitimes  et  illégitimes,  pendant  les  années  1841  et  1842; 
1"  dans  l'arrondissement  judiciaire  de  Tournay  ;  2°  dans  les  can- 


D,g,ized0y  GOOgle 


454  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

tons  de  Bouini ,  Dour,  Pâturages,  Rœulx,  Charleroy ,  Goseelies  et 


HtiauNon 

HUIMHOU 
lulumn. 

muUuiwUptiaM. 

6,954 

622 

0,090 

7,186 

379 

0,053 

6,328 

567 

0,069 

456 

55 

0,080 

1841: 

1*  Arroudisscment  de  Tourna?. 

2«  Cantons  de  Boussu,  Dour, 
Pâturages,  Rœolx,  Charleroy, 
GosseliesetSenene.    .    .    . 

1849: 

1=  Arrondissement  de  Tourna}' . 

S<  Villes  de  Charleroy,  Gosse- 
lies  et  Rœnlx 


Je  n'ai  pu  indiquer ,  pour  1842 ,  les  naissances  des  cantons  de 
Boussu,  Dour,  Pâturages,  Rœulx,  etc.,  parce  que  le  compte  rendu 
de  la  députatîon  permanente  du  conseil  provincial  de  1843  ne  les 
distingue  pas  de  celles  des  communes  rurales  des  arrondissements 
administratifs  ;  mais  les  chiffres  de  1841  sont  concluants  et  démon- 
trent que  le  nombre  des  naissances  illégitimes ,  proportion  gardée 
avec  les  naissances  légitimes,  est  1 ,75  fois  plus  grand  dans  l'arron- 
dissement de  Tournay,  que  dans  les  cantons  où  il  existe  des  exploi- 
tations de  mines  de  houille. 

J'ai  fait  moi-même  le  relevé  des  registres  de  l'état  civil  de  la 
commune  de  Cuesmes,  pour  les  années  1841  et  1 842.  En  voici  le 
résultat  : 


h  légitimes;  —    7 


illégitimes. 


Un  des  sept  entants  naturels  de  l'année  1841  a  été  légitimé  par 
le  mariage  du  père  et  delà  mère  ;  cinq  des  douce  enfants  naturels 
de'  1842  ont  été  aussi  légitimés,  soit  pendant  l'année,  soit  au 
commencement  de  l'année  1843.  Il  ne  reste  donc ,  pour  les  deux 
années,  que  treize  enfants  naturels,  sur  trois  cent  six  enfants  légi- 
times ou  légitimés  peu  de  temps  après  leur  naissance.  Le  rapport 
de  ces  deux  nombres  est  0,042,  ou  un  peu  plus  d'un  vingt-cin- 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISIOn  (HAINAUT).  955 

quième;  l'on  «ait  que  le  même  rapport  pour  tout  le  royaume  est 
de  un  onzième. 

Parmi  les  mères  des  treize  enfante  naturels  qui  n'ont  pas  été 
légitimé*,  une  seule  était  employée  ai»  travaux  des  mines  ;  encore 
était-ce  lia  surface;  les  autres  étaient  servantes,  journalières, 
couturières,  etc. 

De  tout  oe  que  je  viens  de  dire ,  l'on  conclura  sans  doute ,  sans 
s'arrêter  aux  apparences  et  en  étudiant  attentivement  la  ques- 
tion, que  les  mœurs  des  ouvriers  mineurs  sont  plus  régulières  que 
celles  des  autres  classes  de  la  société,  et,  dans  tous  les  cas,  que 
leur  vie  n'est  pas  aussi  désordonnée  qu'on  pourrait  le  croire 
d'après  les  assertions,  pour  la  plupart  erronées,  qui  ont  été  émises 
a  ce  sujet. 

7*  QDESTiort,  —  Si  une  disposition  législative  établissait ,  comme 
la  loi  française  du  22  mars  1841  l'a  prescrit  quant  aux  enfants 
admissibles  dans  te*  manufactures,  que  «nul  enfant  âgé  de  moins  de 
douze  ans ,  ne  sera  admis  qu'autant  que  ses  parents  ou  tuteurs 
justifient  qu'il  fréquente  une  école  publique  ou  privée;  et  que  tout 
enfant  admis  devra,  jusqu'à  douze  ans,  suivre  une  école,  ■  cette 
mesure  pourrait-elle  être  exécutée  sans  grandes  difficultés  et  sans 
grave  inconvénient,  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  des  mines? 

aipoNSB.  —  Tout  le  monde  est  d'accord  sur  un  point  :  c'est  qu'il 
est  impossible  à  un  jeune  homme ,  et ,  à  plus  forte  raison ,  1  un 
enfant,  de  se  livrer  au  travail  des  mines  et  de  fréquenter  en  même 
temps  une  école;  ce  sont  la  deux  conditions  absolument  incom- 
patibles. Si  l'on  défendait  d'employer  aux  travaux  des  mines , 
comme  on  pourrait  peut-être  le  faire  d'après  ce  que  j'ai  dit  ci- 
dessus,  les  enfants  qui  n'auraient  pas  encore  atteint  leur  douzième 
année,  il  est  probable  qu'arrivés  à  cet  âge ,  tous  ou  presque  tous 
sauraient  lire  et  écrire;  cependant,  comme  c'est  principale- 
ment dans  leur  intérêt  et  en  vue  de  leur  bien-être  à  venir ,  que  le 
gouvernement  multiplierait  les  moyens  d'instruction,  je  crois  qu'il 
y  aurait  d'autant  moins  lieu  d'imposer  aux  exploitants  l'obligation 
de  ne  recevoir  que  des  enfants  sachant  lire  et  écrire,  qu'en  pra- 
tique cette  disposition  serait  à  peu  près  inexécutable. 

J'estime,  en  conséquence,  que  le  gouvernement  devrait  se  bor- 
ner a  établir,  au  milieu  des  populations  charbonnières,  un  assez 
grand  nombre  d'écoles  où  l'instruction  élémentaire  serait  donnée 
gratuitement  aux  enfants  d'ouvriers,  jusqu'à  l'âge  auquel  on  leur 
permettrait  de  commencer  a  travailler  dans  les  mines. 


^y  Google 


S34  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

8'  question.  —  D'après  l'état  de  santé  et  de  force  des  ouvriers 
qui  ont  travaillé  la  nuit,  dans  leur  enfance,  y  a-l-il  lieu  de  prendre 
à  cet  égard  des  mesures  protectrices  pour  prévenir  l'abus  ? 

bépoksb.  —  Je  ne  pense  pas  que  le  travail  de  nuit ,  tel  qu'il  est 
organisé  dans  la  première  division  des  mines,  ait  aucune  influence 
fâcheuse  sur  la  santé  des  ouvriers.  Ce  qui  altère  promptement  leur 
constitution  physique,  c'est  la  mauvaise  conduite,  l'insuffisance 
de  l'aérage,  la  mauvaise  disposition  des  échelles,  les  petites  dimen- 
sions et  l'humidité  des  puits  et  des  galeries,  etc.;  et  si,  par  des 
mesures  sévères  et  par  une  surveillance  rigoureusement  exercée, 
l'administration  parvenait  à  régulariser  l'exploitation  sous  ces 
divers  rapports,  elle  aurait  certainement  rendu  un  immense  service 
a  l'humanité. 

9*  question  .  —  Quel  est  l'âge  moyen  auquel  parviennent  les 
ouvriers  mineurs? 

réponse.  —  Comme  le  fait  observer  M.  l'ingénieur  du  premier 
district  des  mines,  cette  question  ne  peut  être  résolue  convenable- 
ment que  par  les  administrations  chargées  de  tenir  les  registres 
de  l'état  civil  ;  cependant,  d'après  les  données  que  j'ai  recueillies  a 
plusieurs  mines,  il  paraîtrait  que  l'âge  moyen  des  ouvriers  occu- 
pés dans  les  travaux  souterrains  serait  à  peu  près  de  vingt-huit 
ans,  et  il  n'est  pas  rare  d'en  rencontrer  qui  sont  âgés  de  soixante 
à  soixante-cinq  ans  ;  ce  qui  ferait  supposer  que  les  ouvriers  mineurs 
vivent  et  travaillent  aussi  longtemps  que  les  Ouvriers  des  autres 
professions.  Toutefois,  il  est  permis  de  conserver  des  doutes  à  cet 
égard.  Les  femmes,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  ne  travaillent  guère, 
soit  au  jour,  soit  dans  les  mines,  que  jusqu'à  l'âge  de  vingt-quatre 
ans  ;  il  y  a  néanmoins  des  exceptions ,  et  quelques  femmes  sont 
même  âgées  de  plus  de  quarante  ans. 

En  résumé,  je  pense  que  la  conduite  des  femmes  employées  dans 
l'intérieur  des  travaux  des  mines  n'est  pas  plus  répréhensible  que 
celle  des  femmes  employées  à  la  surface  ni  même  que  celle  des 
autres  classes  ouvrières;  que  M.  l'ingénieur  du  premier  district  des 
mines  se  trompe  lorsqu'il  avance  que  ■  l'emploi  des  femmes  con- 
«  centre  le  gain  journalier  dans  un  moins  grand  nombre  de  familles 
«  et  en' laisse  ainsi  beaucoup  dans  le  besoin,  etc.,  »  puisqu'il  peut 
arriver  et  puisqu'il  arrive  en  effet,  tous  les  jours ,  que  des  filles 
soient  l'unique  soutien  de  parents  vieux  et  infirmes  ;  que,  par  con- 
séquent ,  il  n'y  a  pas  lieu,  dans  l'état  actuel  des  choses ,  d'exclure 


ly  Google 


PBEMIÈHE  DIVISION  (HAQtAUT).  335 

tes  femmes  des  travaux  intérieurs  des  mines,  ce  qui  priverait  d'ail- 
leurs injustement*  un  grand  nombre  de  familles  de  leurs  moyens 
d'existence ,  et  causerait  un  préjudice  considérable  aux  proprié- 
taires d'exploitations;  et  enfin,  que  la  seule  mesure  d'ordre  public 
qu'il  conviendrait  peut-être  d'adopter ,  serait  d'interdire  doréna- 
vant le  travail  des  mines,  et  par  conséquent  la  délivrance  des  livrets 
d'ouvriers  mineurs  aux  en&nts  Âgés  de  moins  de  douze  ans;  toute- 
fois, ceux  qui  n'auraient  pas  atteint  cet  Age  et  qui  sont  employés 
dans  les  mines,  continueraient  à  y  travailler. 

L'Ingénieur  en  chef  de  la  première  division,  des  minée, 
J.  Gonor. 


5.  —  lipomes  de  I.  l'Ingèmear  h  premier  district  des  mines. 

(  PEHMlàfiE   DmSI0H.  ) 

fitjlflo.  CSuaèmeùt,  et*  ofiePde  ta  ptetutke  dteÏMow  3ej  JUWwJ,  à  JAaoMJ. 
Ihi,  ta  M  mtiffiU. 
MOKSIKim    l'ikgkmeuu   IK    CHJO  , 

Il  m'a  été  impossible  de  satisfaire  plus  tôt  a  votre  lettre ,  par 
suite  de  différentes  besognes  spéciales  dont  j'ai  '  du  m'occuper 
presque  incessamment,  et  aussi  parce  que  je  voulais  que  le  travail 
que  vous  demandez  par  cette  lettre  fat  le  plus  exact  possible ,  ce 
qui  a  exigé  assez  de  recherches  pour  la  vérification  des  faits. 

Il  est  cependant  encore  quelques  questions  auxquelles  il  m'a  été 
impossible  de  répondre  catégoriquement ,  par  suite  du  manque 
d'éléments  relatifs  aux  généralités  auxquelles  elles  se  rapportent. 

Je  vais  donc  y  satisfaire  autant  que  je  le  pourrai,  en  vous  fai- 
sant observer,  toutefois,  que  j'ai  cru  devoir  distinguer  les  charbon- 
nages situés  au  levant  de  Hoos  et  compris  parmi  ceux  que  l'on 
nomme  les  charbonnages  du  Centre  ainsi  que  celui  de  Blaton, 


^y  Google 


256  RÉPONSES  DES  INGÉNffiL'BS  DES  HINES. 

situé  dans  l'arrondissement  de  Tournay,  d'arec  ceux  du  Borinage, 
parce  que  la  distribution  et  les  conditions  du  travail  ne  sont  pas 
les  mêmes  dans  les  uns  que  dans  les  autres. 

C'est  ainsi  que  dans  les  premiers,  la  tache  ni  le  salaire  ne  sont 
aussi  forts  que  dans  les  derniers  ;  qu'il  y  a  bien  peu  de  femmes 
qui  y  soient  employées,  tant  a  la  surface  que  dans  les  travaux  sou- 
terrains, tandis  que  le  nombre  proportionnel  des  enfants  y  est  plus 
grand,  attendu  qu'ils  y  Font  encore  le  traînage  par  suite  de  ta  dis- 
position particulière  des  travaux,  et  de  ce  que  la  production  par 
chaque  puits  est  loin  d'approcher  de  celle  des  puits  du  Borinage  ; 
en  sorte  que,  bien  que  la  journée  de  travail  ne  soit  pas  aussi  longue, 
chaque  traîneur  a  cependant  une  moindre  charge  à  conduire  par 
chaque  voyage.  C'est  d'ailleurs  ce  qui  se  faisait  au  Borinage  avant 
que  l'extraction  n'y  prit  le  développement  qu'elle  a  maintenant 
acquis. 

1™  ooestior.  —  Quel  est,  sur  le  nombre  total  des  ouvriers 
employés  aux  travaux  des  mines ,  la  proportion  ou  le  nombre  de 
ceux  de  l'âge  de  dix  à  seize  ans?  —  Distinguer  les  sexes. 

Ksponsx.  —  Il  y  a  dix-neuf  mille  six  cent  quarante-deux  ouvriers 
mineurs  dont  les  livrets  sont  déposés  dans  les  bureaux  des  diffé- 
rentes mines  du  Borinage.  Sur  ce  nombre  il  y  a  treize  mille  cent 
quatre-vingt-six  adultes,  dont  onze  cent  quarante-deux  femmes  ou 
filles,  employés  dans  l'intérieur  des  travaux,  ainsi  que  deux  mille 
cent  soixante  et  dix-neuf  garçons  de  dix  a  seize  ans  et  cinq  cent 
quatre-vingt-neuf  filles  du  même  Age ,  en  tout  quinze  mille  neuf 
cent  cinquante-quatre.  11  y  a  dans  le  même  canton  houiller ,  deux 
mille  huit  cent  quatre-vingt-neuf  adultes,  dont  mille  vingt  femmes 
ou  filles ,  plus  deux  cent  cinquante  garçons  et  cinq  cent  quarante- 
neuf  filles  de  dix  a  seize  ans,  employés  à  la  surface. 

La  proportion  demandée  est  donc  à  peu  près  un  septième  en 
jeunes  garçons  et  un  vingt-septième  en  jeunes  filles  du  nombre 
total  des  ouvriers  employés  dans  les  travaux  souterrains,  et  a  peu 
près  un  quinzième  en  jeunes  garçons  et  un  peu  plus  d'un  sep- 
tième en  jeunes  filles,  du  nombre  total  des  ouvriers  occupés  à  la 
surface. 

Le  charbonnage  de  Blaton ,  s'éteodant  sur  BUton,  Bernissait, 
Harcbies,  Pommerœul,  et  où  l'on  commence  seulement  à  exploi- 
ter ,  n'occupe  actuellement  que  cent  quatre-vingt-douze  ouvriers , 
dont  cent  quarante  hommes  et  douze  jeunes  garçons  à  l'intérieur 


^y  Google 


I  DIVISION  (HAINAUT).  S37 

des  travaux  et,  trente-ttfn  hommes  à  la  surface.  Il  n'y  a  aucune 
femme  qui  y  travaille.  Quant  aux  jeunes  garçons,  il  n'y  en  a  que 
trois  au-dessous  de  treize  ans. 

Les  charbonnages  du  centre  qui' font  partie  du  premier  district 
des  mines ,  occupent  deux  initie  trois  cent  vingt-trois  ouvriers, 
dont  dix-sept  cent  soixante  et  quatorze  travaillent  dans  l'intérieur 
des  travaux,  sur  lesquels  il  y  a  treize  cent  quarante-neuf  hommes, 
quatre  femmes  ou  filles  adultes,  trois  cent  quatre-vingt-dix-neuf 
garçons  et  vingt-deux  filles  de  dix  à  seize  ans.  Quatre  cent  quatre- 
vingt-neuf  hommes ,  quarante-six  femmes  ou  filles  adultes,  et  qua- 
torze filles  de  dix  à  seize  ans,  travaillent  à  la  surface. 

La  proportion  est  donc,  dans  oes  derniers  charbonnages,  a  peu 
près  un  quart  en  garçons  et  un  quatre-vingtième  en  filles  de  dix 
à  seize  ans  de  la  totalité  des  ouvriers  occupés  dans  les  travaux  sou- 
terrains, et  un  quarantième  en  filles  de  dix  a  seize  ans,  de  la  tota- 
lité de  ceux  occupés  a  la  surface. 

Il' faut  cependant  remarquer  qu'il  y  a,  dans  ces  charbonnages, 
fort  peu  d'ouvriers  au-dessous  de  l'âge  de  douze  ans. 

Il  n'y  a  pas  de  femmes  ou  de  filles  employée»  au  fond  dans  les  char- 
bonnages de  celle  catégorie,  peu  dans  ceux  de  Sars-Longchamps  et 
de  Boussu,  et  il  n'y  a  pas  bien  longtemps  que  cela  a  lieu. 


HÉCAPITULATION  DE  LÀ  PREMIERS  (fmSTÏON. 


■à 

* 

g 

a 

il 

M 

s 

"1 

m 

r 

e 
il  S 

r 

à 

MINES         |  tonton  *u  fond. 

MIME           i  Ouvrier*  du  fond. 

MIKES         i  Carrier*  du  fond. 
»■  ■!>*■•      j  Ourlera  du  Jotr. 

1,88» 
147 

3» 
1,3*6 
'     489 

1,141 
1,090 

4 

48 

3,17» 
150 
13 

3» 

58» 
548 

33 
II 

15*4 

lu 

3,888 
33 
M» 

10,642 
183 

Ï.323 

15,931 

3,313 

5,840 

1,114 

17,8V 

4,170 

aiw 

a»,  Google 


258  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

2*  question.  —  Quel  est,  approximativement ,  le  nombre  d'ou- 
vrier* de  dix  à  seize  ans  qui  travaillent  dans  les  mines  pendant  la 
nuit?  Ceux  de  cette  catégorie  sont-ils  employés  toutes  les  nuits , 
ou  bien  alternent-ils  avec  d'autres? 

atrOnsv.  —  Dans  Jes  mines  du  Borinage,  environ  les  deux  sep- 
tièmes du  nombre  total  des  ouvriers  de  dix  à  seize  ans  employés 
dans  l'intérieur  des  travaux ,  soit  de  'sept  cent  cinquante  a  huit 
cents,  travaillent  dans  les  mines  pendant  la  nuit.  Cependant,  je 
dois  faire  observer  que  la  majeure  partie  n'y  est  occupée  que 
jusqu'à  dix  ou  onze  heures  du  soir,  et  que ,  parmi  ceux  qui  tra- 
vaillent de  huit  heures  du  soir  à  deux  ou  trois  heures  du  matin , 
il  est  rare  qu'il  y  en  ait  au-dessous  de  treize  ans  ;  ils  sont  employés 
à  graisser  les  chariots  avec  de  l'huile ,  alimenter  les  lampes,  faire 
les  commissions,  etc. 

ABIaton,  la  tâche  de  nuit  se  prolonge  rarement  après  minait,' 
et  on  n'y  emploie  pas  d'enfants. 

Dans  les  mines ,  au  levant  de  Mona ,  la  tâche  de  nuit  ne  con- 
siste, en  général,  que  dans  l'entretien  et  la  réparation  du  boisage. 
II  n'y  a,  au  plus,  que  quarante -cinq  ouvriers,  parmi  lesquels  on 
en  compte  peu  au-dessous  de  treize  ans,  qui  travaillent  pendant 
la  nuit,  encore  la  tâche  est -elle  toujours  terminée  vers  minuit 
au  plus  tard. 

Les  jeunes  ouvriers  n'alternent  pas  avec  d'autres,  parce  que  les 
ouvriers  travaillent  ordinairement  par  bandes  qu'ils  forment  entre 
eux,  et  dans  lesquelles  les  jeunes  gens  sont  incorporés,  en  nombre 
proportionné  à  l'espèce  de  travail  à  exécuter. 

5*  question.  —  Une  disposition  qui  défendrait  d'employer  aux 
travaux  de  nuit,  c'est-à-dire  de  huit  heures  du  soir  à  cinq  heures 
du  matin,  des  enfants  au-dessous  de  treize  an*,  aurait-elle  des 
inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  mineurs? 
T  aurait  il  lieu  de  faire  une  exception  à  leur  égard  ? 

hépossi.  —  Il  n'y  a ,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit ,  que  fort  peu 
d'ouvriers  âgés  de  moins  de  treize  ans  occupes  pendant  la  nuit  dans 
les  houillères,  et  je  pense  qu'avant  de  prendre  une  telle  mesuré  à 
l'égard  des  ouvriers  mineurs ,  il  serait  bon  d'examiner  la  question 
sous  toutes  ses  faces ,  parce  que  je  ferai  voir,  tout  à  l'heure ,  que 
le  travail  de  nuit  des  mineurs  n'est  pas,  en  lui-même,  aussi  fatigant 
qu'on  pourrait  le  croire,  et  que  le  principal  est  d'empêcher  que  le 
même  individu  ,  non  adulte ,  puisse  faire  double  tâche. 


*by  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HABSAOT).  239 

4*  qubjtio*.  —  Si  la  loi  défendait  d'employer  des  enfants  de 
treize  à  seize  ans  aux  travaux  nocturnes ,  plus  -  de  trois  nuits  sur 
sept,  y  aurait-il  des  inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les 
ouvriers  mineurs?  Et  celte  disposition  serait-elle  réellement  avan- 
tageuse aux  enfants  de  cette  catégorie,,  sous  le  rapport  de  la  santé, 
du  développement  et  de  l'instruction? 

aipoNSB.  —  Je  ne  sais  si  on  a  entendu,  en  posant  cette  question,- 
dire  que  lés  enfants  qui  auraient  travaillé  seulement  pendant  trois 
nuits  dans  le  courant  de  la  semaine,  devraient  chômer  complète- 
ment pendant  le  reste  de  la  semaine,  ou  si  on'  les  ferait  alterner 
avec  d'autres  qui  travailleraient  pendant  le  jour,  tandis  que  ceux-ci 
travailleraient  pendant  la  nuit,  de  manière  que  chacun  d'eux  ferait, 
alternativement,  trots  journées  pendant  le  jour,  et  trois  journées 
pendant  la  nuit. 

Dans  la  première  hypothèse ,  le  prix  de  la  main-d'œuvre  serait 
considérablement  augmenté,  puisqu'il  faudrait  doubler  le  nombre 
des  ouvriers  de  celte  catégorie,  quantité  qu'on  ne  pourrait  peut- 
être  pas  trouver  disponible.  De  plus ,  les  parents  eux-mêmes  cher- 
cheront à  éluder  toute  mesure  dé  ce  genre,  qui  aurait  pour  résultat 
de  diminuer  la  somme  que  leurs  enfants  rapportent  à  la  masse  par 
leur  travail. 

Quant  a  la  seconde  hypothèse ,  elle  n'est  pas  admissible ,  parce 
que  la  généralité  des  jeunes  ouvriers'  de  nuit  est  Agée  de  plus  de 
treize  ans.  Le  plus  grand  nombre  ont  même  de  quinze  a  dix- 
sept  ou  même  dix-huit  ans ,  tandis  que  ce  sont  ceux  de  dix  à  qua- 
torze ans  qui  travaillent  pendant  le  jour.  En  supposant  même  que 
cela  serait  faisable,  sous  le  rapport  de  Pige,  comment  ferait-on 
pour  que  ces  jeunes  ouvriers  ne  se  trouvent  pas  dans  la  nécessité  de 
travailler  trente-six  heures  de  suite  à  chaque  changement  d'heure 
de  travail ,  c'est-à-dire  une  fois  chaque  semaine.  Il  faut  encore 
remarquer  que  les  plus  jeunes,  ceux  de  dix  a  douze  ans,  travaillent 
généralement  aux  mêmes  mines,  et  pendant  les  mêmes  heures  que 
leurs  pères  ou  leurs  frères,  qui  peuvent  ainsi  veiller  plus  ou  moins 
sur  eux  et  les  familiariser  avec  la  fréquentation  des  travaux. 

Quand  j'ai  parlé  de  l'augmentation  qu'occasionnerait  dans  le 
prix  de  la  main-d'œuvre  ou  le  prix  de  revient  de  la  houille,  ce  qui 
est  la  même  chose,  l'obligation  de  n'employer,  pendant  la  nuit,  les 
mêmes  ouvriers  de  treize  à  seize  ans,  que  trois  nuits  par  semaine,  ce 
n'est  pas  que  j'aie  voulu  mettre  la  question  d'argent  au-dessus  de 
celle  du  bien-être  des  ouvriers  ;  mais  j'ai  voulu  qu'elle  put  être  prise 


^y  Google 


U(\  RÉPONSES  DES  INGENIEURS  DES  MINES. 

en  considération,  parce  que  l'introduction  des  houille»  anglaise*  en 
France  nous  oblige  à  y  abaisser  le  prix  des  nôtres,  autant  que  pos- 
sible ,  pour  pouvoir  soutenir  la  concurrence.  Quant  à  la  question 
du  bien-être ,  jo  pense  que  quelques  explications  sont  nécessaires 
pour  la  faire  bien  comprendre  à  l'administration  supérieure. 

Les  jeunes  ouvriers  occupés  à  la  surface  ne  travaillent  jamais  pon- 
dant la  nuit ,  et  j'ai  déjà  fait  voir  que  le  nombre  de  ceux  occupés  à 
l'intérieur  de  la  mine  pendant  ce  temps  est  très-restreint.  J'ajouterai 
que  le  temps  qu'ils  y  sont  retenus  est  beaucoup  moin»  long  que 
celui  pendant  lequel  ceux  qui  travaillent  pendant  le  jour  doivent 
y  rester. 

Voici  comment  les  choses  se  passent  dans  les  mines  du  Flénu , 
celles  où  le  travail  est  le  plus  actif  et  où  l'ouvrier  eu  fait  le  plus 
peut-être  de  toute  la  Belgique. 

Les  ouvriers  à  la  taille,  dits  aussi  ouvriers  à  veine  (ceux  qui  déta- 
chent la  bouille),  doivent  être  prêts  à  descendre  dans  la  mine  à 
trois  heures  du  matin. 

Les  chargeurs  à  la  taille  (ouvriers  qui  emplissent  les  petits  cha- 
riots), les  jamhots  de  crachote  (ceux  qui  entretiennent  les  lampes 
dans  les  galeries),  les  balayeurs,  les  fermeurs  de  portes,  etc. ,  tous 
petits  ouvriers  de  dix  a  douze  ou  treize  ans  au  plus,  doivent  être 
prêts  dès  trois  heures  et  demie. 

Les  eclâneure  (tralneura),  hauteur»  (pousseurs  de  charbon  le 
long  des  tailles,  lorsqu'il  est  détaché),  chargeurs  aux  cuffaU, 
conducteurs  de  chevaux,  descendent  de  trois  heures  et  demie  à 
quatre  heures. 

Enfin  le«  portons,  caiint,  boiseurs,  meneurs  de  terre  au  troussage, 
descendent  dans  le  cours  de  la  journée. 

Les  ouvriers  a  la  taille  sortent  de  la  mine  à  mesure  qu'ils  ont 
fini  leur  tâche,  qui  est  d'environ  quatre  mètres  carrés  :  les  pre- 
miers commencent  à  remonter  de  deux  à  trois  heures  après-midi. 
Lesjtmtbots  (c'est  le  nom  générique  de  tous  les  petits  ouvriers 
désignés  plus  haut),  remontent  de  quatre  à  cinq  heures  après- 
midi. 

Les  derniers  sclôneurs  remontent  entre  cinq  et  six  heures. 
Tous  ces  ouvriers  habitent  donc  dans  l'intérieur  de  la  mine  , 
pendant  au  moins  doute  heures  et  même  pendant  quatorze , 
lorsqu'ils  y  sont  rassemblés  en  plus  grand  nombre ,  et  que  la 
bouille  que  l'on  abat  obstrue  plus  ou  moins  le  passage  de  l'air  le 
long  des  tailles,  passage  déjà  occupé  par  les  ouvriers  à  veine, 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINAM.)  241 

au  moment  où  l'air  circule  le  moins  facilement  et  qu'il  est  le  plut 
échauffé  et  le  plus  vicié.  Ils  sont,  en  outre,  forcés  d'être  levés  à 
deux  heures  du  malin ,  s'ils  demeurent  dans  le  voisinage  de  la 
mine,  et  beaucoup  plus  tôt  encore  s'ils  en  sont  éloignés,  comme 
cela  a  lieu  pour  beaucoup  d'entre  eux ,  d'une  lieue  et  demie  ou 
plus ,  tandis  qu'ils  ne  sont  rentrés  chez  eux  qu'à  six  ou  sept  heures 
du  soir,  au  plus  tôt. 

Une  autre  catégorie  d'ouvriers,  les  coupeurs  de  voie  et  les  rele- 
reurs  de  terre  (oeux  qui  vont  entamer  l'ouvrage  pour  le  lende- 
main), descendent  vers  deux  heures  après-midi  pour  remonter 
entre  huit  et  neuf  heures  du  soir.  Ils  sont  accompagnés  de  quel- 
ques jambots,  en  général  un  peu  plus  forts  que  les  premiers  et 
servant  a  leur  amener  le  bois  dont  ils  ont  besoin  pour  étançonner 
la  galerie  d'allongement  qu'ils  avancent,  etc. 

Fufin  les  meneurs  de  terre  (remblayeurs)  descendent  de  cinq  à 
six  heures  du  soir,  pour  remonter  vers  deux  heures  du  matin.  Ce 
sont  ordinairement  de  jeunes  ouvriers ,  de  quinze  a  dix-huit  ans, 
et  il  n'y  a  que  deux  ou  trois  jambots  avec  eux. 

Ainsi,  ceux  qui  travaillent  pendant  le  jour  sont  privés  de  la 
lumière  solaire  durant  la  plus  grande  partie  de  la  journée  en  été, 
et  ne  la  voient  jamais  en  hiver  ;  ils  sont  occupés  plus  longtemps 
que  les  autres  ;  plongés,  pendant  leur  travail,  dans  une  atmosphère 
viciée  plus  qu'en  tout  autre  temps  ;  enfin,  ils  ont  moins  de  repos  et 
doivent  l'interrompre  aux  heures  où  on  est  habitué  d'en  jouir  le 
plus  complètement. 

Ceux  qui  descendent  avec  les  coupeurs  de  voie  ne  séjournent 
dans  la'  mine  que  pendant  six  à  sept  heures  ;  lis  sont  placés  dans  un 
courant  d'air  plus  actif  et  moins  vicié ,  et  peuvent  prendre  autant 
de  repos  qu'il  leur  convient. 

Quant  aux  meneurs  de  terre ,  ce  sont  des  jeunes  gens  dont  le 
développement  est  déjà  assez  avancé  et  qui  ont  acquis  des  forces 
suffisantes  pour  le  travail  auquel  ils  s'adonnent  ;  leur  tâche  ne  dure 
que  huit  heures  environ  ;  ils  sont  occupés  pendant  que  le  courant 
d'air  est  le  plus  libre  et  qu'il  a  balayé  tout  l'air  vicié  qui  pouvait 
s'être  accumulé  dans  les  travaux  ;  ils  ont  assez  de  temps  pour  se 
reposer  et  peuvent  jouir  de  la  lumière  solaire  plus  que  les  autres. 

Ce  sont  donc  les  ouvriers  de  nuit  qui  sont  exposés  à  un  travail 
moins  long  et  moins  pénible ,  qui  peuvent  prendre  le  plus  de  repos, 
qui  peuvent  le  mieux  jouir  de  la  lumière  solaire,  et  qui  ont  le  plus 
de  temps  pour  fréquenter  les  écoles  ;  car  on  conçoit  que  l'enfant 


^y  Google 


U%  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES, 

qui  a  dû  se  lever  quelquefois  avant  une  beure  du  matin,  et  qui 
ne  rentre  chez  lui  que  vers  six  pu  sept  heures  du  soir ,  n'a  pas 
trop  de  temps  pour  manger  et  se  reposer ,  et  qu'il  ne  peut  même 
penser  à  fréquenter  une  école. 

Il  n'y  a  donc  pas  lieu  à  prendre  des  mesures  extraordinaires  à 
l'égard  des  ouvriers  de  nuit,  pas  plus  qu'à  l'égard  des  ouvriers  qui 
travaillent  pendant  le  jour,  quant  à  la  limitation  du  travail. 

J'ai  dit ,  en  répondant  à  la  question  précédente,  que  la  princi- 
pale mesure  à  prendre  était  d'empêcher  les  jeunes  ouvriers  de 
doubler  leur  lâche,  de  faire  ce  qu'on  appelle  des  rebande*.  En  effet, 
il  arrive  souvent ,  dans  le  Borinage ,  que  l'ouvrier  qui  a  travaillé  . 
pendant  le  jour,  demande  à- faire  une  journée  de  nuit  en  sus  ;  celte 
augmentation  de  travail  est  même  regardée  comme  une  faveur 
par  les  jeunes  ouvriers  de  treixe  à  quinze  ans,  dont  les  parents 
retiennent  tout  le  gain  ordinaire,  en  leur  laissant  pour  leurs 
menus  plaisirs  celui  des  journées  extraordinaires.  Il  en  résulte 
que  les  jeunes  ouvriers  restent  souvent  trente-six  heures,  dans 
la  mine ,  préférant  y  coucher  dans  quelque  coin  de  galerie  aban- 
donnée et  mal  aérée,  que  de  remonter  et  de  descendre  deux 
fois  de  plus,  par  les  échelles  et  à  de  courts  intervalles.  Dans 
plusieurs  charbonnages  ;  les  portons  (chefs  ouvriers)  ont  l'ordre 
de  visiter  les  travaux  après  chaque  tâche  finie,  afin  de.  forcer 
chacun  à  remonter  à  la  surface;  mais  on  n'y  fait  pas  moins 
des  rebandes,  parce  qu'il  manque  quelquefois  plusieurs  t 
de  nuit,  par  suite  de  l'absence  de  quelques-uns  d'entre  i 
d'une  augmentation  accidentelle  de  travail ,  sur  laquelle  ou  n'avait 
pas  compté. 

Cette  manière  d'agir .  est  très-nuisible  à  la  santé  des  jeunes 
ouvriers,  car  ils  se  nourrissent  nécessairement  moins  bien  pendant 
qu'ils  restent  dans  la  mine,  que  lorsqu'ils  en  Sortent;  et,  en  se 
retirant  dans  des  galeries  où  l'air  ne  circule  pas,  pour  se  garantir 
du  froid,  ils  respirent,  pendant  tout  le  temps  de  leur  repos,  un 
air  vicié;  aussi  reconnait-on  ceux  qui  commettent  cette  sorte 
d'excès,  à  leur  maigreur  et  à  leur  pâleur  ;  ils  offrent  l'apparence 
d'un  commencement  d'anémie. 

La  défense  de  laisser  faire  double  journée,  par  des  ouvriers 
âgés. de  moins  de  dix-huit  ans  et  même  de  vingt ,  serait  donc  une 
mesure  de  première  nécessité  ;  car  si  on  ne  peut  empêcher  les 
inconvénients  inhérents  au  métier  de  mineur,  il  faut  au  moins  en 
supprimer  lesabus. 


DgfeedOy  GOOgle 


:         PREMIÈRE  DIVISION  (RAINAIT}.  243 

■On  voit  Aussi,  par  ce  que  je  viens  dédire,  que  ce  Mot  le*  ouvriers 
de  nuit  qui  ont  leplua  de  temps  disponible  pour  fréquenter  les 
écoles,  au  moins  pendant  une  partie  du  jour.  , 

.  Les  commissions  administratives  des  caisses  de  prévoyance  pour 
les  ouvriers  mineurs  accordent  des  subsides  pour  l'instruction 
primaire  de  ces  ouvriers  ;  elles  pourraient  se  faire  rendre  compte 
de  l'âge  de  ceux  qui  fréquentent  lés  écoles,  et  du  genre  de  travail 
auquel  ils  sont  occupes  dans  les  mines,  en  distinguant  ceux  qui 
fréquentent  lés  classes  quotidiennes  de  jour,  celles  du  soir  ou  lés 
~   écoles  dominicales. 

J'ai  fait  remarquer  que,  dans  les  charbonnages  du  levant  de  Mons, 
il  n'y  avait  que  fort  peu  de  jeunes  ouvriers  employés  pendant  la 
huit,  et  que  leur  travail  ne -se  prolongeait  guère  au  delao^e  l'heure 
de  minuit.  , 

5"  question.  — ;  Les  enfants  employés  dans  les  mines  savent-ils, 
en  général,  lire  et  écrire  ?  Ont-ils  des  heures  libres  pendant  les- 
quelles ils  pourraient  assister  aux  leçons,  sok  des  écoles  du  jour, 
soit  des  écoles  du  soir,  là  où  il  en  existe?. 

'  fiéponsB.  —  Dans  les  charbonnages  du  levant  de  Wons ,  où  la 
journée  n'est  jamais  que  de  huit  heures,  les  enfants  ont  le-  temps 
de  fréquenter  les  écoles,  et  ils  y  mettent  d'autant  plus  de  zèle  que 
la  vie  des  mineur»  de  ce  canton  est  bien.  p|us'  régulière  que  celle 
des  mineurs  du  Borinage  ;  aussi  presque  tous  les  ouvriers  de  vingt 
ans  et  au-dessous  savent-ils  lire  et;  écrire.  ' 

II'  n'en-  est  pas  de  même  dans  le  Borinage,  où  le  nombre  des 
écoles  est  loin  d'être  proportionné  a  celui  de  la  population  qui  y  . 
est. accumulée  j  où  la  journée  de  fa  majorité  des  ouvriers  dure  de 
douze  à  quatorze  heures,  et  où  lé  genre  de  vie  du  mineur  est  loin 
d'être  aussi  régulier  que  dans  l'autre  canton  houillère 

Cependant  il  y  a  progrès  sousce  rapport ,  depuix  l'établissement 
de»  caisses  de  prévoyance,  une  partie  du  subside  qui  a  été  affecté 
à  ces  caisses  étant  consacré  a  l'établissement  d'écoles  primaires 
pour  les  enfants  des  ouvrier»  mineurs ,  et  plusieurs  personnes 
charitables  et  quelques-  sociétés  y  ayant  ajouté  des  dons  volon- 
taires. C'est  ainsi  que  le  nombre. des  élèves  fréquentant  les  écoles 
sou»  les  auspices  de  l'administration  de  la  caisse  de  prévoyance 
pour  le  Borinage,  qui  était  de  dix-neuf  cent  quatre-vingt-deux 
en  1841,  s'est  élevé  à  trois  mille  quatre  en  1842.   . 

La  commission  administrative  de  m.  caisse  de  prévoyance  pour 


-,  ^Google 


iii  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

les  charbonnages  du  centre,  dan*  lesquels  sont  compris  ceux  du 
levant  de  Mons,  va  aussi  donner  des  secours  pour  propager  l'in- 
struction primaire,  et  la  société  du  Bois-du-Luc,  à  Houdeng-Aime- 
ries,  paraît  disposée  à  établir  à  son  compte  une  école  pour  ses 
ouvriers. 

6*  QUBBTioft.  —  Remarque-ton  dans  cette  classe  de  travailleurs 
(les  ouvriers  mineurs,  en  général),  plus  d'indiscipline,  d'ignorance 
ou  d'immoralité,  que  parmi  les  ouvriers  des  fabriques? 

Observations.  Si  les  éléments  de  cette  comparaison,  difficile  d'ail- 
leurs, ne  sont  pas  réunis,  donner  une  idée  de  l'état  moral  des  ouvriers 
mineurs,  ce  qui  est  essentiel  pour  l'objet  de  ces  renseignements. 

hjbposbk.  —  Lesouvriers  mineurs  des  charbonnages  du  centre, 
où  l'étendue  des  concessions  qui  sont  toutes  limitées  par  des  plans 
verticaux  partant  de  la  surface,  empêche  le  trop  grand  rappro- 
chement et  la  multiplication  des  exploitations,  et  où  la  nature  de 
la  houille  permet  de  l'emmagasiner  pour  pins  de  temps  qu'au  Bori- 
nage  ;  ces  ouvriers,  dis-je,  ayant  du  travail  régulièrement  pendant 
toute  l'année,  les  sociétés  qui  les  emploient  le  leur  partageant  de 
manière  à  ce  que  chacun  en  ait  encore  lorsqu'il  ralentit,  sont  infi- 
niment plus  disciplinés  que  ceux  du  Borinage,  et  ne  vont  pas 
courir  d'une  mine  a  l'autre  pour  gagner  quelques  sous  de  plus  ; 
en  outre,  ils  sont  connus  de  leurs  maîtres  et  en  sont  bien  traités  en 
toutes  circonstances,  ce  qui  fait  qu'ils  mènent  une  vie  fort  régulière. 

Les  femmes  ne  travaillant  point  ou  fort  peu  avec  les  hommes, 
les  mœurs  y  sont  aussi  bonnes  qu'on  peut  le  désirer  dans  la  classe 
ouvrière. 

II  n'en  est  pas  de  même  au  Borinage  ;  mais  je  pense  que  l'indis- 
cipline qu'on  y  remarque  parmi  les  ouvriers  mineurs,  provient  de 
ce  que  l'on  arrête  les  travaux  lorsqu'on  n'a  pas  besoin  d'extraire 
du  charbon,  et  de  ce  qu'ils  savent  apprécier  qu'il  leur  est  nécessaire, 
pour  subvenir  a  leurs  besoins,  de  chercher  à  gagner  le  plus  d'argent 
possible  quand  la  vente  est  considérable.  II  faut  dire  aussi,  en  leur 
foreur,  que  les  exploitants,  en  général,  ne  leur  ont  jamais  montré 
le  même  intérêt  que  ceux  du  levant  en  montrent  a  leurs  ouvriers,  et 
que  la  concurrence  que  *se  font  tes  directeurs  des  mines,  si  rap- 
prochées dans  ce  canton,  pour  se  procurer  des  travailleurs  dans 
les  moments  de  besoin,  a  habitué  ceux-ci  à  se  porter  là  où  il  y  a  le 
plus  à  gagner. 

Les  vols  et  les  assassinats  sont  extrêmement  rares  parmi  les  véri- 


^y  Google 


:  DIVISION  (HAINAUT).  US 

tablée  Borains,  et  si  on  en  a  eu  des  exemples  depuis  quelque  temps, 
les  coupables  étaient  des  étrangers  attirés  dans  ce  canton  par  les 
salaires  qui  s'y  étaient  considérablement  élevés  dans  les  dernières 
années. 

Quant  aux  relations  entre  les  sexes,  je  pense  qu'il  y  a,  parmi  les 
ouvriers  mineurs  du  Borinage,  plus  de  moralité  que  parmi  les 
ouvriers  des  fabriques,  malgré  le  grand  nombre  de  femmes  qui 
séjournent  dans  l'intérieur  des  mines  de  ce  canton ,  parce  que 
leur  travail,  continu  et  fatigant,  ne  laisse  pas  agir  l'imagination 
chez  eux  comme  chez  les  autres  qui  n'ont  généralement  qu'une 
occupation  très-peu  active.  Cependant,  sous  le  rapport  de  la  mora- 
lité et  pour  le  bien-être  des  femmes  de  la  génération  k  venir,  je 
pense  qu'il  serait  convenable  de  défendre  d'admettre  des  femmes 
et  des  filles  dans  les  travaux  souterrains.  Déjà,  depuis  quelque 
temps,  on  leur  interdit  le  travail  de  nuit  au  charbonnage  du  Grand- 
Hornu. 

Les  plus  grands  défauts  des  Borains  sont  l'ivrognerie  et  l'absence 
de  toute  prévoyance  ;  habitués  à  gagner  beaucoup,  lorsqu'ils  ont 
du  travail,  ils  dépensent  leur  salaire  souvent  à  l'avance,  et  n'ont 
rien  gardé  lorsque  surviennent  des  chômages  un  peu  longs  ou  une 
diminution  notable  de  travail,  de  sorte  que  la  misère  devient  plus 
grande  parmi  eux,  comme  cela  a  lieu  dans  ce  moment. 

7*  QcxsTioir.  —  Si  une  disposition  législative  établissait,  comme 
la  loi  française  du  22  mars  1841  l'a  prescrit  quant  aux  enfants 
admissibles  dans  les  manufactures,  que  ■  nul  enfant  âgé  de  moins 
de  douze  ans  ne  sera  admis  qu'autant  que  ses  parents  ou  tuteurs 
justifient  qu'il  fréquente  une  école  publique  ou  privée,  et  que  tout 
enfant  admis  devra,  jusqu'à  douze  ans,  suivre  une  école,  *  cette 
mesure  pourrait-elle  être  exécutée  sans  grandes  difficultés  et  sans 
grave  inconvénient,  en  ce  qui  concerne  le»  ouvriers  mineurs? 

nàronsi.  —  Les  soins  que  prennent  les  commissions  administra- 
tives des  caisses  de  prévoyance  pour  encourager  l'instruction 
primaire  chez  les  ouvriers  mineurs,  par  l'établissement  d'écoles 
quotidiennes  de  jour  et  du  soir,  et  d'écoles  dominicales,  ainsi  que 
l'influence  qu'elles  peuvent  exercer  sur  les  ouvriers,  relativement  a 
ce  point,  peuvent  venir  en  aide  aux  mesures  que  l'on  pourrait 
prendre  à  cet  égard  ;  mais  je  pense  que  l'exécution  de  la  mesure  pro- 
posée ici  serait  difficile,  et  il  reste  à  savoir  si  elle  est  générale- 
ment exécutée  en  France  et  comment  elle  l'est.  Par  quel  moyen 


*by  Google 


ÎM  RÉPONSES  DES  mcÉSlKURS  DES  MINES.    . 

s'assurera-t-on  que  tes  dix  ou  dôure  raille  enfants,  qui  travaillent 
dans  les  mines  de  la  Belgique  apprennent  à  lire  et  a  écrire,  si  les 
exploitants  ■  trouvent  que  leiir  principale  affaire  est  d'avoir  un 
nombre  suffisant  d'ouvriers  de  chaque  âge  et  de  chaque  catégorie, 
et  non  de  s'informer. du  degré  de  leur  instruction  ?- 

La  longueur  de  b  journée  de  travail  est  d'ailleurs  un  obstacle 
à  ce  que  les  enfants  puissent  fréquenter  une  école  quotidienne,  et 
l'on'  sait  qu'à  cet  âgé  ta  fréquentation  d'une  école  dominicale  est 
insuffisante. 

Si  l'on  tient,  comme  on  a  raison  de  le  faire,  a  répandre  l'instruc- 
tion primaire  parmi  les  ouvriers  mineurs,  il  faut 's'attacher  à  mul- 
tiplier les  écoles  en  proportion  de'  la  population,  y  placer  des 
maîtres  -capables,  donner  des  encouragements  aux  élèves,  et, 
peut-être ,  conviendrait-il  de  défendre  feutrée  des  travaux  sou- 
terrains aux  enfants  qui  auraient  moins  de  douze  ans; 

Cette  mesure,  qui  semblera  sans  doute-  contradictoire  avec  ce 
que  j'ai  dit  plus  haut  relativement  aux  inconvénients  qu'il  y  aurait 
de  faire  augmenter  le  prix  de  la  main-d'œuvre,  aurait,  selon  moi, 
un  but  plus  important  encore  :  .ce  serait  d'éviter  à  des  enfants  d'un 
âge  aussi  tendre,  fa  fatigue  de  remonter  sur  des  échelles  de  l'inté- 
rieur des  mines  qui  deviennent  de  plus  en  plus  profondes,  et  cela 
après  y  avoir  séjourné  et  travaille  pendant  douze  ou  quatorze 
heures. 

L'inclinaison  que  l'on  donne  a  ces  échelles  à  certainement  l'avan- 
tage de  fatiguer  beaucoup  moins  les  ouvriers  que  les  échelles  ver- 
ticales ;  mais  on  peut  juger  de  ce  que  doit  éprouver  de  fatigue  Un 
enfant  de  dix  ans,  lorsqu'il  doit  remonter  de  la  profondeur  de  trois 
ou. quatre  cents  mètres,  quand  on  a  vu  l'état  dans  lequel  arrivent 
à  la  surface  des  ouvriers  faits,  remontant  de  mines  moins  pro- 
fondes.   ■■■ 

S'quutiok.  —  D'après  l'état  de  santé  et  de  force  des  ouvriers 
qui  ont  travaillé  la  nuit  dans  leur  enfance,  y'a-t-il  lieu,  de  prendre 
à  cet  égard  des  mesures,  protectrices  pour  prévenir  l'abus? 

BÉroHsiK.  —  Je  crois1  avoir  déjà  répondu  a  celte  question  en 
taisant  remarquer  que  le  travail  de  nuit  est  moins  pénible  et  moins 
long  que  celui  du  jour.  J'ajouterai  que  tous  les  ouvriers  mineurs 
ayant  plus-  ou  moins  travaillé  pendant  ia  nuit,  ne  constituent  pas 
une  classe  à  part:    ' 

La  seule  chose  à  faire  serait,  je  pense,  d'interdire  la  double 


DVlizedOy  GOOgle 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINAUT).  147 

tâche  à  des  ouvriers  âgés  de  moins  de  dix -huit  ou  de  vingt 
ans;  mai»  comment  l'empêcherait -on?  Voilà  la  difficulté,  car 
lorsque  l'ouvrage  abonde,  tes  ouvriers  deviennent  rares,  et  il  sera 
bien  difficile  d'obliger  les  exploitants  et  surtout  leurs  maîtres  ou- 
vriers de  ne  pas  laisser  (aire  double  journée  pour  s'épargner  la  peine 
de  chercher  de»  ouvriers  et  le  désavantage  de  les  payer  plus  cher. 

9°  QuisTioH.  ' —  Que!  est  l'âge  moyen  auquel  parviennent  les 
ouvriers  mineurs? 

aipoNSE.  —  C'est  une  question  qui  devrait  être  adressée  aui 
autorités  communales,  puisqu'elle  ne  peut  être  résolue  que  par  le 
relevé  des  registres  de  l'état  civil  sur  lesquels  sont  inscrits  les  noms, 
âges  et  professions  des  défunts. 

En  résumé,  dans  le  Borinage,  la  proportion  du  nombre  de 
jeunes  garçons  de  dix  à  seize  ans  employés  dans  l'intérieur  des 
travaux  au  nombre  total  des  ouvriers  de  la  même  classe,  est  à 
peu  près  de  14  p.  %,  et  celle  des  filles  du  même  Age  de  8,7  %■ 

La  proportion  entre  le  nombre  des  jeunes  garçons  de  dix  à  seize 
ans  qui  travaillent  à  la  surface  et  le  nombre  total  des  ouvriers  qui 
y  sont  employés,  est  d'environ  7  p.  ■/%  et  celle  des  jeunes  filles  du 
même  Age  de  15  p.  •/„. 

Il  y  avait,  au  commencement  de  l'annéecourante,  dix-neuf  mille 
six  cent  quarante-deux  livrets  d'ouvriers  mineurs  de  toute  classe 
et  de  tout  Age ,  déposés  dans  les  bureaux  des  différentes  mines 
du  couchant  de  Mons  au  Borinage  ;  cent  quatre-vingt-douze  livrets 
au  charbonnage  de  Blaton ,  et  deux  mille  trois  cent  vingt-trois 
dans  les  bureaux  des  charbonnages  du  centre  qui  sont  situés  dans 
le  premier  district  des  mines,  soit  vingt-deux  mille  cent  cinquante- 
sept  livrets  d'ouvriers  mineurs  de  toutes  catégories  pour  les  mines 
de  houille  du  premier  district. 

Les  jeunes  ouvriers  des  deux  sexes,  de  l'âge  de  dix  à  seize  ans, 
employés  pendant  la  nuit ,  c'est-à-dire  depuis  le  soir  jusque  vers 
deux  heures  du  matin  ,  dans  l'intérieur  des  mines,  est  peu  consi- 
dérable, le  travail  auquel  le  plus  grand  nombre  est  occupé,  hors 
dea  heures  de  la  journée  ordinaire,  ne  durant  que  jusqu'à  dix  ou 
onze  heures  du  soir,  tout  au  plus.  Le  nombre  de  ceux  qui  travail- 
lent le  soir  ou  la  nuit  s'élève,  dans  le  Borinage,  aux  deux  septièmes 
du  nombre  total  des  ouvriers  de  cet  Age. 

Il  n'y  en  a  aucun  qui  passe  la  nuit  entière  dans  les  travaux  des 
mines  de»  autres  cantons  houillers. 


*by  Google 


3*8  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

Les  ouvriers  de  nuit  el  du  soir  se  trouvent  places  dans  des  cir- 
constances plus  favorables  sous  le  rapport  de  la  salubrité  et  de  la 
durée  du  travail  que  ceux  qui  travaillent  pendant  le  jour,  el  ils  ont 
plus  de  temps  pour  se  livrer  au  repos ,  pour  respirer  l'air  pur  à 
l'extérieur  de  la  mine  et  pour  fréquenter  les  écoles. 

Une  mesure  qu'il  conviendrait  de  prendre ,  dans  l'intérêt  de  la 
santé,  du  développement  physique  et  de  l'instruction  des  jeunes 
ouvriers  mineurs,  serait  la  défense  d'employer,  pendant  la  nuit,  des 
jeunes  ouvriers  âgés  de  moins  de  dix-huit  ans,  qui  auraient  déjà 
travaillé  soit  à  l'intérieur  ou  a  l'extérieur  des  travaux,  pendant  la 
journée  qui  viendrait  de  s'écouler,  ou  qui  devraient  travailler  pen- 
dant la  journée  suivante.  On  ne  peut  cependant  se  dissimuler  que 
l'exécution  de  cette  mesure  éprouverait  des  difficultés  dans  le  com- 
mencement, et,  en  tout  temps,  lorsque  l'on  aurait  besoin  de  beau- 
coup d'ouvriers.  Ces  difficultés  proviendraient  de  l'avidité  des 
parents,  et  de  ce  que  les  maîtres  ouvriers  n'auraient  plus  autant 
de  facilité  pour  compléter  au  besoin  l'atelier  de  nuit. 

La  surveillance  de  l'administration  des  mines  serait  insuffisante 
pour  l'exécution  de  cette  mesure,  parce  que,  pour  l'assurer,  il  fau- 
drait au  moins  un  officier  des  mines  pour  chacun  de  nos  grands 
établissements. 

Il  y  a  peu  d'ouvriers  mineurs  du  Borinage ,  proportion  gardée 
avec  leur  nombre  total,  qui  sachent  lire  et  écrire  ;  cependant  il  y 
a  progrès  depuis  rétablissement  des  caisses  de  prévoyance  pour 
les  ouvriers  mineurs,  par  suite  des  subsides  que  l'administration  de 
cette  caisse,  dans  le  Borinage,  a  accordés  pour  l'encouragement  de 
l'instruction  primaire. 

La  majorité  des  ouvriers  mineurs  au-dessous  de  vingt  ans,  dans 
le*  charbonnages  du  levant  de  Mon»,  sait  lire  et  écrire. 

Let  ouvriers  mineurs  des  charbonnages  situés  au  levant  de 
Mons  mènent  une  vie  très-régulière ,  sont  attachés  aux  établisse- 
ments auxquels  ils  sont  accoutumés  de  travailler,  ne  les  quittent 
pas ,  et  en  outre ,  sont  plus  connus  de  ceux  qui  les  emploient  et 
mieux  soignés  que  dans  le  Borinage. 

Les  femmes  ne  travaillent  pas  ordinairement  dans  les  houillères 
ni  à  la  surface;  elles  vivent  chez  elles,  et  les  mœurs  sont  aussi 
bonnes,  dans  ce  canton ,  que  dans  les  campagnes  environnantes. 

L'indiscipline  qu'on  remarque  parmi  les  ouvriers  du  Borinage 
doit  être  attribuée  plutôt  aux  circonstances  dans  lesquelles  ils  se 
trouvent  qu'à  leur  naturel,  qui  est  loin  d'être  mauvais. 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINAUT).  219 

Une  mesure  qui  interdirait  l'admission  des  femmes  dam  l'inté- 
rieur Jet  travaux  peut  paraître  d'abord  d'une  difficile  exécution  ; 
maii  je  pense  qu'en  l'examinant  bien ,  on  verra  qu'il  n'en  eat  pas 
ainsi. 

En  effet ,  le  nombre  des  femmes  et  filles  qui  séjournent  dans 
les  travaux  intérieurs  du  Borinage,  n'est  que  de  dix-sept  cent 
trente  et  un  sur  quinze  mille  neuf  cent  cinquante-quatre  ouvriers, 
nombre  total  des  ouvriers  de  tout  sexe  et  de  tout  âge ,  environ  un 
neuvième  du  tout. 

Dans  le  moment  actuel,  et  aussi  longtemps  que  les  exploitante 
comprendront  qu'ils  ne  peuvent  pas  augmenter  l'extraction,  sous 
peine  de  ruine,  le  nombre  d'ouvriers  employés  sera  loin  d'égaler  le 
nombre  d'ouvriers  munis  de  livrets,  et  qui  les  ont  laissés  dans  les 
établissement*  où  ils  travaillaient  l'année  dernière,  dans  l'espoir 
d'y  être  bientôt  rappelés. 

L'emploi  des  femmes  concentre  le  gain  journalier  dans  un  moins 
grand  nombre  de  familles  et  en  laisse  ainsi  beaucoup  dans  le  besoin, 
tandis  que  leur  exclusion  des  travaux  intérieurs  des  mines  rappel- 
lerait, en  leur  place,  un  nombre  égal  d'hommes  et  de  jeunes  gar- 
çons qui  sont  actuellement  sans  emploi,  et  dont  les  familles  sont 
dans  la  misère.  Ainsi  certaines  familles  gagneraient  moins,  il  est 
vrai,  mais  d'autres  qui  ne  gagnent  rien  seraient  retirées  de  la 
misère  dans  laquelle  elles  sont  plongées. 

La  mesure  une  fois  établie,  il  ne  serait  pas  bien  difficile  de  la 
maintenir,  et  cela  aurait,  outre  l'avantage  d'arrêter  la  corruption, 
suite  nécessaire  du  travail  en  commun  dans  les  travaux  intérieurs, 
celui  d'empêcher  les  mauvais  effets  de  ce  genre  de  travail  sur  la 
moitié  la  plus  faible  de  la  population  ouvrière  de  nos  charbon- 
nages. Et  l'on  doit  bien  remarquer  que  si  le  travail  forcé  dans  la 
mine  attaque  l'individu  dans  sa  santé  et  même  dans  sa  constitution 
entière,  les  effets  de  ce  travail  ne  se  font  pas  sentir  autant  qu'on 
pourrait  le  croire,  sur  la  génération,  car  toutes  les  femmes  du 
fiorinage  qui  ne  travaillent  pas  dans  les  mines  sont  fortes,  bien 
constituées  et  ont  le  teint  bien  coloré;  les  mineurs  eux-mêmes  qui 
n'ont  pas  été  occupés  longtemps  à  des  travaux  pénibles,  parce 
qu'ils  sont  devenus  chefs  ouvriers,  sont  des  hommes  forte,  bien 
portante,  et  qui  fréquentent  les  travaux  jusqu'à  un  Age  avancé  ; 
enfin,  les  ouvriers  qui  ne  sont  occupés  qu'à  la  surface,  comme  les 
mesureurs,  maréchaux,  charpentiers,  machinistes,  etc.,  présentent 
tous  les  caractères  d'une  race  saine  et  robuste. 


^y  Google 


8S0  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

llestdoncewenliel  deconserver  intacte*  la  santéet  l'organisation 
des  femme*,  *i  on  ne  veut  pas  voir  la  race  de*  ouvrier*  mineur*  se 
dégrader  tout  à  fait. 

Une  autre  mesure  à  prendre,  dans  l'intérêt  de  la  santé,  de  la 
moralité  et  de  l'instruction  des  enfants,  serait  peut-être  de  défendre 
l'entrée  de*  travaux  à  ceux  qui  sont  âgés  de  moins  de  douze  ans. 

Je  pense  qu'il  ;  a  loin  encore  de  la  démoralisation  des  ouvriers 
mineurs  du  Hainaut  à  celle  de*  ouvrier*  de*  fabriques,  sous  quelque 
point  de  vue  qu'on  la  considère.  Le  genre  de  travail  qui  entretient 
l'énergie,  l'activité  qu'il  faut  déployer,  s'opposent  à  ce  que  la  cor- 
ruption des  mœurs  approche  de  ce'  qu'on  voit  dans  les  fabriques, 
et  principalement  dans  celle*  des  grandes  villes. 

Nos  ouvrier*  mineurs  gagnent  aussi  de  plu*  fortes  journées  et 
jouissent  déplus  d'aisance  queles  ouvriers  des  fabriques.  Ils  gagnent 
aussi,  proportion  gardée  de  la  cherté  des  vivres,  beaucoup  plus 
que  les  mineurs  des  houillères  du  nord  de  l'Angleterre,  et  sont  loin 
d'être  aussi  abruti*  qu'il  paraîtrait  que  le  «ont  ce*  derniers. 

L'Ingénieur  du  premier  dittrict  de*  minet, 
P.-J,  Delmeltcouh. 


-.  <.:i.-.vj  .-y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINAIJT). 


■  Réponse  de  1.  Higénihir  du  dmftnw  dislrid  des  aines. 

(PKKSIIÈBK  D1VISIOS.  ) 

M  TUT1IL 
DES    FEMMES    ET'  DES    ENFANTS 

dm  In  mm  it  k.iills 


Le  ministère  de  l'intérieur, '  par  l'intermédiaire  du  département 
des  travaux  publics,  a  soumis  tes  demandes  suivantes  aux  ingé- 
nieurs des  mines  .- 

1*'  Quel  est,  sur  le  nombre  total  des  ouvriers  employés  aux  tra- 
vaux dès  mines ,  la  proportion  ou  le  nombre  de  ceux  de  l'âge  de 
dix  à  seize  ans  ?  —  Distinguer  les  sexes. 

2°  Quel  est,  approximativement,  le  nombre  d'ouvriers  de  dix  à 
seize  ans  qui  travaillent  dans  les  mines  pendant  la  nuit?  Ceux  de 
cette  catégorie  sont-ils  employés  toutes  les  nuits,  ou  bien  alternent- 
■  ils. avec  d'autres? 

5°  Une  disposition  qui  défendrait  d'employer  aux  travaux  de 
nuit,  c'est-à-dire  de  huit  heures  du  soir  à  cinq  heures  du  matin  , . 
des  enfants  au-dessous  de  seize  ans ,  aurait-elle  des  inconvénients 
graves  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  mineurs?  T  aurait-il  lieu  de 
faire  une  exception  à  leur  égard  ? 

4"  Si  la  loi  défendait  d'employer  des  enfants  de  treize  à  seize  ans 
aux  travaux  nocturnes,  plus  de  trois  nuits  sur  sept,  y  aurait-îl  des. 
inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  mineurs ,  et 
celle  disposition  serait-elle  réellement  avantageuse  aux  enfants  de 
cette  catégorie ,  sous  le  rapport  de  la  santé ,  du  développement  et 
de  .l'instruction  ? 

5*  Les  enfants  employés  dans  tes  mines  savent-ils,  en  général , 
lire  et  écrire?  Ont-ils  dès  heures  libres  pendant  lesquelles  Ils  pour- 


DglizedOy  GOOgle 


2S2  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

raient  assister  aux  leçons ,  soit  des  écoles  du  jour ,  soit  des  écoles 

du  soir,  là  où  il  en  existe  ? 

6"  Remarque  -ton  dans  cette  classe  de  travailleurs  (les  ouvriers 
des  mines,  en  général),  plus  d'indiscipline,  d'ignorance  ou  d'immo- 
ralité, que  parmi  les  ouvriers  des  fabrique»? 

Observations.  Si  les  éléments  de  cette  comparaison ,  difficile 
d'ailleurs,  ne  sont  pas  réunis,  donner  une  idée  de  l'état  moral  des 
ouvriers  mineurs ,  ce  qui  est  essentiel  pour  l'objet  de  ces  rensei- 
gnement». 

7"  Si  une  disposition  législative  établissait,  comme  la  loi  fran- 
çaise du  22  mars  1841  l'a  prescrit  quant  aux  enfants  admissibles 
dans  les  manufactures,  que  ■  nul  enfant  âgé  de  moins  de  douze  ans 
ne  sera  admis,  qu'autant  que  ses  parents  ou  tuteurs  justifient  qu'il 
fréquente  une  école  publique  ou  privée ,  et  que  tout  enfant  admis 
devra,  jusqu'à  douze  ans,  suivre  uneécole,  ■  cette  mesure  pourrait- 
elle  être  exécutée  sans  grandes  difficultés  et  sans  grave  inconvé- 
nient, en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  des  mines? 

8"  D'après  l'état  de  santé  et  de  force  des  ouvriers  qui  ont  tra- 
vaillé la  nuit  dans  leur  enfance,  y  a-t-il  lieu  de  prendre  à  cet  égard 
des  mesures  protectrices  pour  prévenir  l'abus? 

9"  Quel  est  l'âge  moyen  auquel  parviennent  les  ouvriers  mineurs? 


§  1"-  —  La  question  du  travail  des  enfants  dans  les  mines  n'est 
qu'une  des  faces  d'une  question  plus  générale,  celle  du  travail  des 
enfants  dans  les  ateliers  de  quelque  espèce  qu'ils  puissent  être. 
Peut-être  vaudrait-il  mieux  la  considérer  comme  une  question  à 
part ,  eu  égard  aux  circonstances  qui  font  de  la  profession  de 
mineur  une  profession,  à  tant  d'égards,  sans  analogie  avec  les 
autres.  On  ne  peut  nier,  en  effet,  que  cette  profession,  dont  l'exer- 
cice prive  de  la  lumière  solaire,  fait  absorber  d'autres  gaz  que  l'air 
atmosphérique ,  maintient  le  corps  dans  des  positions  autres  que 
les  positions  naturelles,  l'expose  à  des  dangers  constants,  etc., 
ne  soit  celle  qui  éloigne  le  plus  l'homme  des  conditions  normales 
de  son  existence,  et  ne  doive,  dès  lors,  être  l'objet  de  mesures 
spéciales.  Pour  moi,  cela  est  hors  de  doute. 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  sous  quelque  forme  qu'elle  se  produise,  la 
question  sera  toujours  d'un  haut  intérêt  en  Belgique ,  où  plus  de 


*by  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HA1NAUT).  253 

trente-sept  raille  individu»  exercent  la  profession  de  mineur.  Jai 
donc  pense  qu'il  ne  serait  pas  «ans  utilité  de  répondre  d'une  ma- 
nière quelque  peu  étendue,  aux  questions  posées  par  H.  le  Ministre 
de  l'intérieur. 

Les  trois  tableaux  qui  suivent  indiquent  le  nombre  de  mineurs 
employés  dans  dîx-sept  des  exploitations  de  houille  des  plus  impor- 
tantes de  l'arrondissement  de  Charleroy,  et  la  proportion  ainsi  que 
le  nombre  de  ceux  de  dix  a  seize  ans,  en  distinguant  les  sexes.  Ces 
tableaux  ne  comprennent  qu'un  nombre  de  quatre  mille  deux  cent 
trente-deux  mineurs,  tandis  que,  en  1841 ,  huit  mille  trois  cent 
quarante  individus  exerçaient  cet  état  dans  le  deuxième  district. 
Je  n'ai  donc  basé  mes  calculs  que  sur  la  moitié  du  nombre  réel  des 
mineurs  :  il  était  tout  à  fait  superflu ,  pour  l'objet  en  question , 
d'opérer  sur  le  nombre  absolu.  D'ailleurs ,  le  total  pendant  un 
trimestre  quelconque,  n'est  plus  le  total  du  trimestre  précédent,  et 
n'est  pas  le  total  du  trimestre  qui  suit,  II  ne  faut  donc  admettre  les 
nombres  représentant  les  résultats  totaux  que  comme  des  moyennes, 
mais  comme  des  moyennes  fort  exactes,  puisqu'elles  ont  été  obte- 
nues sur  de  très-grands  chiffres,  se  rapportant  indistinctement  aux 
diverses  localités  du  district.  Si,  du  reste,  on  veut  voir  ce  que  de- 
viendraient ces  nombres ,  rapportés  au  chiffre  total  des  mineurs 
énoncé  plus  haut,  il  suffît  de  les  multiplier  par  1 .97,  rapport  entre 
le  nombre  pris  pour  base  des  opérations,  4,252,  et  le  nombre 
total,  8,340. 


^y  Google 


RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 


Scie,  Age  et  nombre  in  mineurs  employés  au  eiploililions  <à*s»us  indiqcées. 


MB 

la 

UU. 

(lltitl). 

mu 

MIN*» 

' 

JL. 

Harcindle  («H). 

Mate 
ïém. 

; 

S 
1 

3 

11 
■S 

10 

13 

18 
5 

347 
48 

ni 

73 

393 

Carabinier  rrao-fMaK. 
ΫU.:    •    •    '|Fùn. 

'  2 
'   6 

a 
i 
h 

a 

4 

6 

4 

4 

13 
9 

.  8 
11 

3 

e 

13. 

T2 
10 
171 
21 

*»1    113 

«*1     391. 
€8!    . 

*"*"** -(ST 

1 
I 

4 

4' 
S 

4 

2 

13 

Il 
B  ' 

11( 
36 

'*]     188 
,  40i 

=—  ■  •  )?r 

6 

S 

.S 

9 

4 

9 

r 

2» 

37 

'»|     304 

.    48) 

Hoilceau  -  Fon  -  )  Masc. 
ttiûa.    .    .    .jwm. 

1 

3 

4 
1 

8 
4 

3 
8 

7 

i  ■ 

144 

«»)     21fl 

Ftéuoion.aMonl-JMatc. 
(urMarchienne  (  fim- 

■[ 

* 

S 

2 

S 

5 
I 

135 
15 

'»•      188 
«1 

tareBMaL  ■  ■.te 

8 

0 

S 

m 
il 

lî 

23 
11 

12 
13 

232 

68 

3tt)    ^ 

123) 

Sacré-Madame.!^ 

.8 

1 
.4 

6 

a 

4 

4 

3 

0 

B 

150 

.      J7 

'"1     2» 

■  m' 

»-*■■  ■■!!£ 

S 

3 
10 

2 

13 
4 

13 
8 

1 

B 

4' 

12 
6 

40 
11 
210 
42 

**1    349 

74) 

f  Mate. 

Ba*ouP..    .   .|Hbl 

Courcellei  [nrt|.  1    , 

13 
3 

3 

13 
6 

12 

13 

'    3 

4 

12 

8 

■  S 

.    212 

150 
13 

»|     S» 

?*\    303 

'331. 

«•««fcfe 

] 

'   l 

3 

3 

4 

■  s. 

e 

4 

133 
32 

H.  UT 
4*( 

Sacré-Français  jj^; 

1 

1 

2 
2 

2 

.  3 

.    3 

e 

?  ■" 
3 

4 

110 
25 

»|     178 
43) 

«•*»»■'■  .   ,|mT 

S 

4 

15 
4 

15 
2 

9 
I 

9 
.1 

180 
8 

ibJ 

[/Oliw.     .    .    . 

Mau. 
Fém. 

j 

25 

13 
.8 

as 
9 

B 

35 

224 
4 

■s) 

Maie. 

F*"m. 

3 

9 
S 

53 
18' 

106 
34 

119 
M 

142 

147 
55 

163 
71 

3,Ï63 
428 

3,505 

»  • 

M.etf. 

3 

13 

66 

HO 

17» 

214 

302 

231 

3,191 

4,332 

4,331 

3,,-i,.dB,  Google 


PRKMtëRE  DIVISION  (HÀINÀCT). 


Proportiois  p.  '/,  du  nombre  des  ailleurs  des  divers  Iges  et  scies  employés  ux  mines  d-dessons  indiquées. 


IHS 

R1R1). 

su. 

Mtltl 

mai 
(MM. 

• 

,,-lm 

Karcinelle  l-Q- 

Mate. 
Fém. 

0  25 
015 

!  29 
0  51 

230 
0  51 

290 
1  27 

254 
153 

331 

158 
I  27 

63  84 
13  21 

81  41 

18  56 

99  97 

Carablnlerfrao- 

Masc. 

1  64 

4  91 

3  28 

573 

4  91 

345 

58  90 

81  83 

■99  8! 

Fém. 

18) 

328 

■ 

082 

13  09 

18  01 

irdinoisei.  .   . 

Marc. 

Fém. 

034 
084 

306 
0G9 

3  76 

206 
1  37 

446 

309 

3  78 
309 

206 
4  12 

58  65 

7  36 

77  19 

23  70 

99% 

Payi  de  Liège. . 

Mate. 
Fém. 

1  06 
1  06 

2  13 

053 

2  13 
1  60 

2  13 
106 

6  91 

5  85 
3  19 

58  51 

13  83 

78  72 
îf  27 

99  9i 

Souffre.  .    .   . 

Haie. 

Fém. 

| 

164 

0  9» 

099 

296 

1  32 

2»6 
230 

7186 
12  17 

84  20 
15  79 

99  91 

HaocelU'-  Fou-  [  Masc. 

0  46 

993 

1  «5 

3  7t 

1  89 

3  21 

66  86 

78  13 

99  91 

tali».    .    .    .jFém< 

046 

0  46 

046 

1  85 

1  39 

093 

16  20 

11  75 

néunlon^Mont-  (  Mate. 
«ur-Marchieniie  j  p^m 

■' 

960 

1  79 

OBJ 
l  1» 

298 

!  98 
060 

80  35 
893 

89  30 
10  71 

100  OS 

Ujwwnl.   .   .("•''■ 

tn 

1  85 
0  23 

106 
0  79 

2  31 

256 

3  47 

2  78 

532 
255 

2  78 

3  00 

53  65 
15  74 

71  49 

17  88 

99  37 

Sacré -Madame.    Mmc- 
(Fera. 

0i3 

1  31 

1  75 
1  75 

262 
384 

2  18 

1  75 

1  75 
I  31 

282 
1  31 

65  49 
11  79 

78  15 

21  75 

«9  91 

Falmié*.  .    .    .(*•*■ 
(Fém. 

133 

383 

1  67 

6  66 

68  64 
18  33 

ai  63 

18  33 

99  9C 

LodelUuart.    A***- 
-  |Fém. 

tfï9 

DSÎ 

lee 

1  15 

344 
1  15 

3  73 

2Î9 

*  87 
3  58 

344 
143 

60  14 
12  03 

78  76 
1131 

99  97 

laacoop.  .  ;■  ,iVaK- 
j  Fém. 

1  69 

4S3 

296 

439 

405 

105 

405 

74  99 

100  07 

100  07 

Courcellë.  (■*).  ( MaK" 
1  Fém.. 

DM 

099 

296 
0  49 

246 
0  49 

099 
197 

3  94 
1  48 

76  84 
640 

89  17 

10  83 

100  00 

ian-le-Monlio. 

Mate. 
Fém. 

■ 

OBI 
0  51 

2  55 
0  51 

102 
153 

204 
255 

3  08 
304 

67  83 
16  31 

77  01 
13  16 

100  fl 

iacré- Français. 

Mate. 
Fém. 

056 
t  12 

113 

1  12 

1  II 

1  12 

I  69 
337 

3  93 
1   13 

561 
225 

62  80 
14  05 

76  63 
14  15 

îoo  M 

aariePMDi.  ..  . 

Mut. 
Fém. 

1  16 

1.8.1 
039 

1  55 

5  81 
155 

5  61 
077 

3  49 

ose 

3  49 
077 

69  77 
3-10 

93  01 

897 

99  96 

„ 

Maie. 

019 

■  '■ 

7  18 

3  73 

7  47 

2  30 

7  18 

64  86 

92  51 

99  9f 

S-Ss 

Fém. 

1  15 

171 

259 

• 

8  86 

1.15 

7  47 

Ma«. 

007 

0Î1 

125 

250- 

2  61 

336 

347 

3  85 

65  29 

8181 

99  9! 

Fém. 

'• 

007 

0  31 

080 

1  21 

I  70 

1  39 

1  68 

10  10 

17  17 

—*.;.-., 

UMt. 

0*7 

0*8 

1  56 

a  si 

402 

596 

4  76 

5  53 

75  39 

9998 

99  96 

3,ji,.dB,'Goog[c 


RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 
Tablera  K-  S. 

Tableau  récapitulatif  dis  deux  précèdent». 


DITFÉtBHTS    ÀIIES    ISOLÉS. 


0  990 
0  005 


0  000 
0  002 


0  123 
0  ISS 

0  211 

1  000 


Digilizedby  GOOgle 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAIMAUT.) 

TaMeaa  N>  S  (.nite). 

Tableau  récapitulatif  de»  deux  précédents. 


DIFFÉUBRTS     IflBI    ISt>L*S. 


H* 
1-f 


il 

I 


0  oot 
0022 
0  068 
0  138 
0  287 
0  313 

0  411 

1  000 


7« 
'/« 

'/, 

y. 

-*■/, 

■y. 

7. 


AL.       0» 

™.     0  004 


^y  Google 


RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

r*jkleu  »(•  »  (unité).- 

Tableau  -récapitulatif  de»  deux  précédent». 


nirrAïKMTs  i8BS  iholSs. 


I! 

I 


•1 


0  000 
0  003 
0  019 


0  143 

0  190 

0  244 

1  000 


0  050 
10  047 

234  \         0  088 

3,191  \0  75f 

tôt».    0  993 
mrc.    0  007 


ized  by  G.OOgle 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINÀliî).  939 

Il  rétulle  de*  tableaux  ci-dessus  :  que, 

Sur  un  nombre  d'individus  employés  dans  les  mines  et  égal 
a  4,232, 

Il  y  a,  en  individus  du  sexe  masculin,  âgés  de  moins  de 

dii-scpt  ans 742 

Il  y  a ,  en  individus  du  sexe  féminin ,  âgés  de  moins  de 

dix-sept  ans 299 

Total.     .     .      .     1,041 

Si  Ton  veut  appliquer  ces  chiffres  au  nombre  total  des  mineurs, 
indiqué  plus  haut  pour  le  deuxième  district,  on  trouvera  : 

Que,  sur  un  nombre  d'individus  employés  dans  les  mines  et  égal 
à  8,340, 

Il  y  a,  en  individus  du  sexe  masculin,  âgés  de  moins  de 
dix-sept  ans .     1,462 

Il  y  a ,  en  individus  du  sexe  féminin ,  Agés  de  moins  de 
dix-sept  ans 589 

Total.     ...     2,051 

Que,  le  nombre  total  des  mineurs  mâles  étant  repré- 
senté par  l'unité,  le  nombre  d'individus  du  sexe  masculin, 
âgés  de  moins  de  dix-sept  ans,  sera  représenté  par  la 
fraction • 0,211 

Que,  le  nombre  total  des  mineurs  du  sexe  féminin  étant 
représenté  par  l'unité,  le  nombre  d'individus  de  ce  sexe, 
âgés  de  moins  de  dix-sept  ans,  sera  représenté  par  la 
fraction 0,411 

Que,  le  nombre  total  des  mineurs  des  deux  texea  étant 
représenté  par  l'unité ,  le  nombre  des  mineurs  des  deux 
sexes,  âgés  de  moins  de  dix-sept  ans,  sera  représenté  par 
la  fraction 0,244 

La  différence  considérable  qui  existe  entre  les  proportions,  par 
rapport  au  nombre  total ,  des  jeunes  mineurs  du  sexe  masculin  et 
du  sexe  féminin ,  proportion  qui  est  beaucoup  plus  grande  pour 
ce  dernier,  peut  être  attribuée  a  deux  causes  diverses  :  la  pre- 
mière, c'est  qu'une  foule  de  professions  industrielles  différentes 
s'offrent  aux  jeunes  garçons  ;  ils  peuvent  être  forgerons,  serruriers, 
charpentiers,  maçons,  menuisiers,  verriers,  fondeurs,  pudleurs, 
lamineurs,  etc.;  tandis  que,  parmi  les  professions  industrielles , 
une  seule  est  ouverte  aux  jeunes  filles,  et  c'est  celle  à  laquelle  il 


^y  Google 


260  RÉPONSES  DES  INGENIEURS  DES  MINES, 

semblerait,  au  premier  abord,  qu'elles  doivent  rester  le  plus  étran- 
gères :  c'est  celle  de  mineur, 

La  seconde  cause ,  c'est  que  jamais  les  femmes  mariées  ne  tra- 
vaillent dans  les  mines. 

Nous  avons  donc,  d'un  côté,  une  cause  qui  augmente  le  nombre 
des  jeunes  filles  de  seize  ans  et  au-dessous  ;  une  seconde  cause  qui 
diminue  et  qui  réduit  presque  à  zéro  le  nombre  des  femmes  qui 
ont  atteint  ou  dépassé  la  trentaine  ;  ainsi  se  trouve  expliquée  la  dif- 
férence que  j'ai  signalée  plus  haut  entre  les  rapports  numériques 
des  deux  sexes,  suivant  les  âges. 

J'ai  dit  tout  a  l'heure  que  la  profession  de  mineur  semblerait 
être  celle  qui  devrait  rester  la  plus  étrangère  aux  personnes  du  sexe 
féminin  ;  à  mon  avis,  elle  devrait  leur  être  complètement  interdite, 
pour  des  raisons  de  diverses  natures. 

En  première  ligne,  il  faut  placer  celles  qui  reposent  sur  des  con- 
sidérations de  moralité.  Il  est  évident  que  des  individus  des  deux 
sexes,  dans  l'effervescence  de  la  jeunesse  ou  dans  la  force  de  l'Age, 
placés  dans  les  conditions  où  se  trouvent  les  mineurs  par  rapport 
les  uns  aux  autres,  c'est-à-dire  ayant  souvent  un  travail  qui  les 
isole  par  couples,  au  milieu  d'une  obscurité  profonde,  dans  un 
désordre  de  vêtements  plus  ou  moins  complet,  résultant  de  la 
nature  ou  de  l'intensité  de  leur  travail  ;  il  est  évident ,  dis-je  ,  que 
ces  individus,  chez  lesquels  les  principes  de  chasteté  ne  sont  pas 
de  tradition,  sont  peu  disposés  à  résister  a  leurs  passions.  Ces  dés- 
ordres sont  d'autant  plus  déplorables,  que  l'équipage  d'une  même 
mine  subit  sans  cesse  des  modifications  partielles,  quant  au  nombre 
et  a  l'identité  des  individus  qui  le  composent.  Il  est  à  remarquer 
ici  que  les  mineurs  mariés  ne  permettent  jamais  a  leurs  femmes 
de  continuer  à  travailler  dans  les  mines ,  et  ce  n'est  pas  en  vue 
de  l'obligation  où  elles  seraient  de  se  consacrer,  d'une  manière 
exclusive,  aux  soins  du  ménage ,  car  cette  règle  existe  également 
pour  les  jeunes  femmes  qui  n'ont  pas  encore  d'enfants,  les  femmes 
plus  âgées  qui  n'en  ont  jamais  eu,  et  les  femmes  qui,  restant  dans 
leur  famille  ou  dans  celle  de  leur  mari,  pourraient  confier  les 
leurs,  soit  a  leur  mère,  soit  à  leur  sœur. 

Une  seconde  cause  qui  devrait  faire  exclure  les  femmes  de  l'inté- 
rieur des  mines,  c'est  le  danger  qu'on  y  court.  Sans  parler  de  ce 
qu'il  peut  y  avoir  de  peu  généreux  à  exposer  ainsi  des  femmes ,  il 
faut  observer  que ,  dans  tout  péril  imminent  et  qui  pourrait  être 
évité  ou  amoindri  par  du  sang-froid,  les  cris  et  les  clameurs  des 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HALNAUT).  261 

femmes  sont  de  nature  à  réagir  d'une  façon  fâcheuse  sur  l'esprit 
des  hommes  les  mieux  organises ,  et  à  leur  ôter  la  faculté  de  sau- 
ver les  autres  et  de  se  sauver  eux-mêmes.  Je  ne  dis  ceci  que  d'une 
manière  générale;  je  reconnais  que,  dans  certaines  occasions,  des 
femmes  ont  fait  preuve  d'un  courage  et  d'un  dévouement  au  moins 
égaux  à  ceux  des  hommes. 

Disons  encore  que,  si  les  exploitants  entendaient  bien  leurs  inté- 
rêts, ils  renonceraient  a  l'emploi  des  femmes  dans  les  mines  : 
1*  parce  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  les  hommes  sont 
susceptibles  d'un  plus  grand  développement  de  force  physique  que 
les  femmes  ;  2"  parce  que  la  différence  entre  le  prix  des  salaires 
n'est  point  équivalente  a  la  différence  d'effet  utile  produit;  3°  parce 
que  les  désordres  moraux  que  j'ai  signalés  plus  haut ,  outre  leur 
caractère  répréhensible ,  occasionnent  des  pertes  de  temps  et 
introduisent  du  désordre  physique  dans  l'exécution  du  travail. 

Examinons  le  second  des  tableaux  qui  précèdent  ;    nous  y  ver- 
rons que  les  dix-sept  mines  qui   y  sont  indiquées  portent,  en 
moyenne,  le  nombre  des  femmes  qui  y  sont  em- 
ployées, a ,   .    .    17|  n>«  p.   •/« 

De  toutes  les  mines  de  bouille  de  l'arrondis- 
sèment  de  Charleroy,  il  est  notoire  que  celles 
qui  produisent  les  plus  grands  bénéfices  sont  les 
quatre  mines  dites  du  Centre,  dont  font  partie 
celles  de  Marimont,  de  l'Olive  et  de  Basooup. 
Or  nous  voyons  que  la  proportion  des  femmes 

employées  dans  la  1™  est  de 6,  ^   p.    */• 

*    -     '       7,  £   p.  •/. 

5*    -     - 0,  00    p.   % 

chiffres  dont  l'un  est  nul ,  et  dont  les  deux  autres  sont  de  beau- 
coup au-dessous  de  la  moyenne.  Eh  bien,  il  est  évident,  pour  moi, 
que  l'un  des  éléments  de  prospérité  de  ces  mines  réside,  tant  dans 
l'amélioration  apportée  au  hïerchage ,  que  dans  la  plus  grande 
régularité  introduite  dans  l'économie  générale  de  tout  le  travail, 
par  l'exclusion  totale  des  femmes ,  ou  par  la  notable  diminution 
du  nombre  de  celles  que  l'on  emploie- 
Une  dernière  considération ,  d'un»  intérêt  plus  général ,  vient  à 
l'appui  de  mon  opinion  :  le  gouvernement  apporte,  dans  notre 
pays ,  des  soins  minutieux  a.  l'amélioration  des  races  de  diverses 
espèces  animales  ;  la  reproduction  de  l'une  d'elles  est  entourée  de 
précautions  infinies;  chaque  jour,  des  mesures  nouvelles  témoignent 


=dbV  Google 


îflï  RÉPONSES  DBS  INGENIEURS  DES  MINES. 

d'une  sollicitude  plus  grande  à  cet  égard  :  ne  devrait-on  pas  s'oc- 
cuper également  de  l'amélioration  physique  de  la  race  humaine, 
ou ,  au  moins  ,  tâcher  d'en  arrêter  la  dégradation  ?  Or  il  est  évi- 
dent ,  et  nous  en  verrons  plus  loin  la  preuve ,  que  le  travail  dans 
les  minée  est  l'une  des  deux  professions  exercées  dans  l'arrondisse- 
ment de  Charleroy,  qui  altèrent  le  plus  la  constitution  des  per- 
sonnes qui  s'y  livrent.  Sous  ce  point  de  vue  encore ,  ne  serait-ce 
pas  une  obligation  pour  l'autorité  d'interdire  ce  travail  aux  femmes? 

§  2.  —  Nous  avons  vu  quels  étaient  le  nombre  et  les  proportions 
relatives  des  mineurs  des  différents  âges  et  sexes  employés  dans 
l'arrondissement  de  Charleroy.  On  sait  que  leurs  travaux  s'exé- 
cutent la  nuit  aussi  bien  que  le  jour.  Souvent  les  exigences  de 
l'industrie  ne  permettent  pas  de  les  interrompre  pendant  j'espace 
de  temps  que  la  nature  semble  avoir  voulu  accorder  au  repos.  De 
là  encore  une  des  causes  de  l'influence  pernicieuse  exercée  par  te 
travail  des  mines  sur  la  constitution  humaine. .  Hâtons-nous  dé  te 
déclarer  cependant  :  il  y  a,  en  général,  beaucoup  moins  démineurs 
employés  la  nuit  que  le  jour,  et  notamment  le  nombre  de  ceux  de 
la  classe  de  dix  à  seize  ans  qui  travaillent  la  nuit  est  très-exigu  , 
comparé  au  nombre  total. 

Pour  se  rendre  un  compte  satisfaisant  de  ce  fait,  il  faut  examiner 
le  travail  des  mines  de  houille  dans  ses  diverses  périodes.  Qu'on 
nous  permette  d'entrer  dans  quelques  explications  sur  ce  point  : 
elles  peuvent  présenter  de  l'intérêt  à  divers  égards. 

Ce  travail  consiste  spécialement  :  1"  à  faire  des  galeries  horizon- 
tales ou  verticales  dans  la  pierre,  pour  arriver  aux  gites  de  com- 
bustible; 2"  à.  abattre  la  substance  qui  remplit  ceux  de  ces  gîtes 
que  l'on  a  rencontrés;  5"  a  étayer  les  excavations  que  l'on  a 
pratiquées;  4° à  explorer,  au  moyen  de  sondages,  les  points  vers 
lesquels  oo  avance  ;  5°  a  se  débarrasser  des  eaux  que  l'on  ren- 
contre ,  en  les  élevant  artificiellement  jusqu'à  un  point  d'où  elles 
puissent  s'écouler  d'elles-mêmes,  en  vertu  des  lois  de  la  pesanteur, 
vers  un  lieu  où  elles  cessent  d'être  nuisibles  ;  6",  et  enfin  à  transpor- 
ter dans  divers  endroits  les  substances  provenant  du  percement 
des  différentes  excavations.    . 

Les  quatre  premières  de  ces  opérations  sont  exclusivement  du 
ressort,  des  hommes  faits  ;  il  est  très-rare  d'y  voir  employer  des 
jeunes  gens  de  seize  ans,  à  moins  qu'ils  ne  se  trouvent  dans  des 
conditions  tout  à  fait  exceptionnelles  de  développement  et  de  force 
physique. 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINAUT.)  .       U3 

Ces  quatre  opérations,  surtout  la  première,  la  troisième  et  la 
quatrième,  ont  lieu  indistinctement  la  nuit  et  le  jour  ;  la  seconde 
n'a  lieu  pendant  la  nuit  que  quand  une  absolue  nécessité  rend 
insuffisante  la  quantité  de  combustible  que  l'on  peut  a  ira  cher  du 
gîte  pendant  la  durée  du  jour.  11  faut  observer  que  les  quatre  caté- 
gories de  mineurs  (a  valeur*  et  bacneurs,  ou  bawetteurs  ;  haveurs 
ou  piqueurs  ;  bpiseurs  et  remblayeurs,  ou  ristapleurs  ;  sondeurs), 
qui  exécutent  -ces  diverses  opérations,  ont  besoin  d'un  certain 
nombre  d'aides  pris  parmi  les  mineurs  d'une  classe  inférieure  et 
qui  ont  généralement-moins  de  aeîie  «m.  Nous  chercherons  tout  à 
l'heure  1  évaluer  ce  nombre. 

la  cinquième  des  fonctions  susmentionnées  est  opérée  .par  des 
machinés  à  vapeur.  Ces  machines ,  lorsqu'elles  sont  uniquement 
affectées  a  ce  service,  marchent  indifféremment  la  nuit  .et  le 
jour  (1).  En  général  ;  dans  le  deuxième  district,  l'épuisement  est 
opéré,  soit  exclusivement  par'  des  machines  servant  en  même 
temps  à  l'extraction  des  produits  utiles  de  la  mine,  toit  simulta- 
nément par  ces  machines  (dites  machines  d'extraction)  et  par  les. 
machines  A'exhaure.  Dans  l'es  deux  cas,  les  machines  d'extraction  ■ 
ne  sont  employée»  a  l'épuisement  des  eaux  que  la  nuit. 

La  surveillance,  l'entretien  et  la  conduite  de»  machines  n'étant 
confiés  qu'à  des  individus  éprouvés  par  un  long  apprentissage , 
ceux-ci  ont  généralement  atteint  ou  dépassé  l'âge  de  vingt  ans.  Le 
travail  de'  nuit  des  machines  ne  Suppose  donc  point  l'emploi  d'in- 
dividus au-dessous  de  seize  ans. 

Nous  arrivons  à  la  dernière  des  opérations  que  j'ai  indiquées , 
au  transport  des  substances  provenant  du  percement  des  excava- 
tions pratiquées  dans  les  mines.  A  cette  opération  sont  consacrés  : 
1°  un  certain  nombre  d'individus  mâles  ayant'  dépassé  seize 
ans;  S"  toutes  les  femmes  employées  dans  les  travaux  intérieurs; 
S"  tous  les  individus  mâles  au-dessous  de  seize  ans,  excepté  ceux 
qui  sont  employés  comme  aides  des  catégories  de  mineurs  que  je 
viens  de  désigner. 

Les  substances  détachées  du  sein  de  la  1ère  peuvent  être 
classées  en  deux  divisions,  sous  le  point  de  vue  de  leur  transport 
intérieur. 

Les  unes  sont  destinées  à  être  transportée*  de  l'endroit  de  l'ex- 
traction jusqu'à  la  surface  du  sol;  les  autres,  à  être  transportées 

(I)  MichinM  dWAuura,  ou  d'épuiiement  proprement  dilet. 

D-,  i!6d0yGoogIe 


394  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

d'un  point  de  la  mine  vers  un  point  différent  pour  y  être  employées 

comme  remblais  (1). 

C'est  toujours  pendant  la  journée  que  les  substances  de  la  pre- 
mière catégorie,  et  spécialement  le  combustible,  sont  transportées 
de  leur  gîte  jusqu'au  point  où  elles  sont  abandonnées  par  les  rou- 
teurs ou  hiercheurs.  Il  en  est  Ainsi ,  soit  que  l'on  travaille  à  l'aba- 
tagedu  combustible  pendant  le  jour  seulement,  soit  pendant  le  jour 
et  la  nuit,  c'est-à-dire ,  soit  que  l'on  travaille  à  une  ou  à  deux 
couplée*,  suivant  l'expression  des  mineurs. 

Si  le  déhouitlement  n'a  lieu  que  pendant  le  jour,  les  haveurs  ou 
piquenrs  descendent  les  premiers  dans  les  travaux  où  les  tailles 
sont  préparées ,  de  telle  façon  qu'ils  les  trouvent  havées  par  les 
ouvriers  de  la  veille  :  leur  première  opération  consiste  donc  à  faire 
l'abatage  du  combustible.  Ils  sont  ainsi  à  même,  au  bout  d'une  a 
deux  heures,  de  fournir  de  la  matière  iransportable  aux  bîercbeurs, 
qui  n'ont  commencé  à  pénétrer  dans  les  travaux  qu'après  que  tous 
les  baveurs  y  ont  été  introduits.  Comme ,  dans  le  second  district, 
la  descente  et  la  remonte  des  mineurs  ont  lieu  à  l'aide  des  machines 
a  vapeur  servant  à  l'extraction  ,  il  en  résulte  que ,  au  moment  où 
tous  les  hiercheurs  sont  parvenus  à  leur  poste ,  c'est-à-dire ,  au 
moment  où  la  machine  a  vaoeur  peut  être  exclusivement  consacrée 
a  l'extraction,  ils  sont  à  peu  prés  en  mesure  de  lui  fournir  les 
matières  qu'elle  doit  élever  à  la  surface  du  sol.  Les  baveurs,  après 
avoir  opéré  l'abatage  et  le  reculade  (arraché  la  houille  de  son  gîte 
et  l'avoir  amenée  hors  de  la  taille,  dans  la  voie  de  roulage),  ter- 
minent leur  journée  par  faire  le  havage  (2). 

Si  le  dépouillement  s'opère  pendant  le  jour  et  pendant  ta  nuit, 
le  roulage  du  combustible  n'a  cependant  lieu  que  pendant  la  jour- 
née. Une  raison  presque  générale  empêche  qu'il  puisse  en  être 

(1)  En  général,  dans  In  minât  bien  dirigée»  ,  la  première  dmtion  us  comprend 
que  Jet  tubstances  qui  font,  à  proprement  parler,  l'objet  de  l'exploitation ,  c'est-à- 
dire,  dana  le<  minci  de  houille,  le  corobuttiblB;  la  quantité  det  produits  de  cette 
catégorie  est  de  beaucoup  supérieure  i  la  quantité  de  eaux  de  la  seconde. 

(2)  Disons,  en  panant,  quoique  cela  loit  étranger  à  ta  question,  que  nette  manière 
de  dûpoiei'  le  travail  det  taillea,  facilite  beaucoup  l'opération  de  l'abatage.  Si  le 
havage  oit  au  mui,  la  pesanteur  et  lei  gai  contenu!  dam  le  combustible  et  dam  lot 
rochet  qui  lui  sont  juxlapoiéet  et  qui  t'en  dégagent  ou  tendent  a  l'en  dégager, 
agissent,  pendant  douie  heures,  tur  le  parallélépipède  de  houille  dégagé  sur  quatre 
de  leafaeet,  et  tendent  S  rompra  l'adhérence  dei  deux  autret;  si  le  havage  ett  au  tait, 
la  deuxième  de  cet  cautet  agit  seule,  et  cet  carnet  aont  auei  puiitantet  pour  qu'il  ne 
toit  pat  tant  exemple  que  let  ouvriers,  arrivant  à  la  taille,  aient  trouvé  la  houille 
abattus  par  leur  leule  influence. 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HÀINÀLT).  265 

autrement  :  c'est  que,  la  ouït ,  la  plupart  de*  machines  à  vapeur 
d'extraction  sont  employées  à  enlever  les  eaux  qui ,  pendant  la 
journée ,  se  sont  rassemblées  dans  les  divers  réservoirs  préparés 
à  cet  effet.  Il  ne  servirait  donc  à  rien  d'amener  du  combustible 
aux  chambres  d'accrochage,  puisque  la  machine  ne  pourrait 
l'enlever ,  et ,  d'ailleurs ,  Jes  accrochages  seraient  souvent  trop 
petits  pour  pouvoir  contenir  tout  le  combustible  abattu  pendant 
douze  heures  ;  dans  le  cas  que  nous  examinons ,  ce  sont  les  hier- 
cbeurs  qui  descendent  avant  les  baveurs;  d'un  autre  côté,  le  travail 
des  tailles  est  disposé  de  façon  qu'il  faut  commencer  par  le  bavage  ; 
de  cette  manière  donc,  les  hiercheurs  ayant  commencé  leur  jour- 
née avant  les  baveurs,  et  ceux-ci  devant  faire  lehavage,  l'abatage 
et  le  reculage,  avant  de  pouvoir  fournir  de  la  matière  transpor- 
table aux  hiercheurs ,  il  en  résulte  que  ces  derniers  ont  opéré  le 
transport  de  la  houille  abattue  pendant  la  nuit,  lorsque  celle  abat- 
tue pendant  le  jour  leur  est  livrée.  11  va  sans  dire  que,  comme  la 
quantité  k  transporter  est  double ,  le  nombre  des  hiercbeurs  doit 
alors  être  plus  considérable.  Quoiqu'ils  soient  descendus  les  pre- 
miers, ce  sont  eux  qui  remontent  les  derniers,  bien  que  les  haveurs, 
après  avoir  débarrassé  leur  taille  ,  aient  généralement  à  la  rem- 
blayer, k  la  boiser  et  à  faire,  dans  le  toit  ou  dans  le  mur ,  le  cou- 
pement  nécessaire  à  la  conduite  des  voies. 

Quant  aux  substances  de  la  seconde  catégorie  ,  celles  qui  sont 
conduites  d'un  point  de  la  mine  k  un  autre ,  leur  transport  a  lieu 
indistinctement  la  nuit  et  le  jour;  mais  elles  sont  en  petite  quantité. 
Ces  substances  sont  celles  provenant  du  percement  des  galeries 
dans  la  pierre  que  l'on  doit  amener  à  des  tailles  pour  en  opérer  le 
remblai.  En  supposant  qu'il  y  ait ,  dans  une  mine  en  activité  d'ex- 
ploitation, deux  nouveaux  en  percement,  et  que  chacun,  avec  son 
nouveau  d'aérage,  produise,  en  vingt-quatre  heures,  quatre  mètres 
cubes  de  déblai,  cela  fera  huit  mètres  cubes  qu'il  faudra  transpor- 
ter k  une  distance  que  je  supposerai  de  deux  cents  mètres.  Admet- 
tant que  la  pesanteur  spécifique  des  roches  coupées  soit  de  3,04, 
cela  fera  un  poids  de  16,320  kilogrammes  à  transporter  à  deux 
cents  mètres,  ou  de  52,640  kilogrammes  a  transporter  k  cent 
mètres.  Nous  verrons  plus  tard  que  l'effet  utile  moyen  d'un  hier- 
cbeur  est  égal  k  19,240  kilogrammes  transportes  k  centimètres. 
Les  substances  dont  nous  nous  occupons  n'exigeront  donc  que 
moins  de  deux  hiercheurs  ordinaires ,  ou  de  quatre  petits  hier- 
cheurs, pour  leur  transport  à  pied-d'œuvre. 


^y  Google 


DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

Nous  venons  de  voir  que  l'on  ne  s'occupait  pas,  pendant  la  nuit, 
du  transport  des  substances  destinées  h  être  extraites  à  la  surface, 
et  que  le  transport  des  matières  pour  remblai  n'occupait  qu'un 
nombre  d'individus  fort  peu  considérable.  Pour  l'évaluer  approxi- 
mativement ,  supposons  qu'il  y  ait,  dans  le  second  district,  qua- 
torze-mines où  l'on  exécute,  à  la  fois,  le  travail  dont  nous  avons 
parlé,  et  que  le  transport  des  déblais  qui  en  proviennent  se  fasse 
entièrement  durant  la  nuit  :  nous  aurons  ,  de  ce  chef,  en  suppo- 
sant qu'il  soit  opéré  pour  moitié  par  des  biercheurs  au-dessus  de 
seine  ans,  et  pour  moitié  par  des  hiercheura  au-dessous  de  cet 
âge;  nous  aurons,  dis-je,  vingt-huit  mineurs  au-dessous  de  seize 
ans,  occupés  de  ce  chef,  ci.     .     .  ".     .     .     ..    .  '  .     .38 

D'un  autre  côté,  nous  avons  vu  plus  haut  que  les  avaleurs  et  les 
bacneurs  (ouvriers  à  la  pierre),  les  haveurs,  les  bojseurs,  les  reio- 
blayeurs  et  les  sondeurs,  employaient,  comme  aides,  des  individus 
dans  l'enfance  ou  dans  la  .première  jeunesse.  —  Essayons  d'arri- 
ver à' une  évaluation  du  nombre  de  ceux  qui  travaillent  pendant 
la  nuit. 

Mous  avons  vu  (tableau  n°  1  )  que  le  nombre  des  individus  mâles 
de  dix-sept  ans  et  au-dessus,  les  seuls  parmi  lesquels  on  prenne  les 
classes  de  mineurs  sas-indiquées ,  était  de  S, 765.  Multipliant  ce 
nombre  par  le  coefficient  1,97,  nous  aurons  le  nombre  total 
des  mineurs  de  cet  âge  employés  dans  le  district  ;  il  sera 
de .     ^     .........     .     5,4*3- 

Admettons  que,  sur  ce  nombre,  il  y  ait  1,443  individus 
employés,  soit  à  la  surface,  soit  au  bierchage,  etc.,  il  restera 
4,000  personnes,  que  nous  diviserons  comme  suit  : 

Haveurs. 2,800  (1) 

Avaleurs,  bacneurs,  boiseurs,  sondeurs,  etc.     .     .         800 
'  Torreleurs,  etc.,  ne  travaillant  que  le  jour.     .     .        400 

4,000 

Admettons  encore  qu'un  tiers  des  haveurs',  avaleurs,  bac- 
neurs, boiseurs,  sondeurs,  etc.,  travaille  la  nuit,  ce  nombre  sera 
(2,800+8Q0)±  .       .     . 1,200 


(I)  Ce  nombre  eit  pout-êtru  déjà  un  peu  coniidarable  ;  l'extraction  de  1b  houille, 
dam   te    deuxième    nutrict  de»  minet,   t'oit   élevée,    un   1841,  a    1,066,371  tonn. 

2,800  haveun,  travaillant  troi*  oenta  jouri  par  an  et  produisant 
moyennement,  par  jour,  chacun  1  i./(  tonneau,  donneraient.      ■     ■  1,260,000  tonn. 


3l<  imb,  Google' 


PREMIÈRE  DIVISION  (BAINADT).  367 

Nous  trouverons  ainsi  douze  cents  mineurs  employés  dans  les 
travaux  de  nuit.  Supposons  qu'un  aide  soit  nécessaire  pour  quatre 
mineurs,  nous  aurons  trois  cents  aides  qui,  divisés  en  deux  parties 
égales  par  rapport  a  l'Age,  nous  donneront  cent  cinquante  jeunes 
mineurs;  nous  en  avions  déjà  vingt-huit  d'autre  part;  nous  arrivons 
de  la  sorte,  pour  les  mineurs  travaillant  la  nuit  et  avant  moins 

de  dix-sept  ans,  au  nombre  de ' .     .     178 

Le  travail  de  nuit  n'est  continuel  pour  aucune  classe  de  mineurs  ; 
Je  dimanche ,  jour  de  repos ,  interrompt  les  travaux  et  en  inter- 
vertit l'ordre  ;  ainsi ,  dans  les  mines  où  l'on  travaille  à  deux  cou- 
plées, la  brigade  qui  a  eu  durant  une  semaine  le  travail  nocturne, 
prend  le  travail  diurne  pendant  la  semaine  suivante  ',  et  récipro- 
quement. 

S  3.  —  Ce  qui  précède  et  l'examen  des  trois  tableaux  donnés 
ci-dessus ,  démontrent  à  l'évidence  qu'une  disposition  qui  défendrait 
d'employer  aux  travaux  de  nuit ,  c'est-à-dire ,  de  huit  heures  du 
soir  a  cinq  heures  du  matin,  des  cnfarita  au-dessous  de  treize  ans, 
n'aurait  pas  le  moindre  inconvénient  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers 
,  mineurs.  Nous  venons  de  trouver  que  le  nombre  d'individus  au-des- 
sous de  dix-sept  ans  travaillant  la  nuit,  est  de  cent  soixante  et  dix-huit. 
Cherchant ,  dans  le  tableau  n"  3 ,  le  nombre  des  mineurs  au-des- 
sous de  dix-sept  ans,  nous  voyons  qu'il  est  porté  A  1,041  :  multi- 
pliant par  1,97,  nous  trouverons  que  le  nombre  total  des 
mineurs  de  cet  âge  dans  le  second  district,  est  de.    .     .     2,051 

Opérant  de  même  pour  les  mineurs  au-dessous  de  treize  ans, 
nous  rencontrerons ,  au  troisième  tableau,  le  nombre  221,  qui, 
multiplié  par  le  coefficient,  donnera  pour  le  nombre  total  des 
mineurs  du  district  au-dessous  de  treize  ans. .....     435 

Si  sur  deux  mille  cinquante  et  un  mineurs,  nous  avons  cent 
soixante  et  dix-huit  travailleurs  dé  nuit,  nous  pouvons  nous  deman- 
der quel  nombre  de  travailleurs  de  celte  espèce  nous  aurions  sur 
quatre  cent  trente-cinq  mineurs  :  nous  verrions'  que  ce  nombre 
n'est  que  de  trente-huit;  ainsi,  sur  hnit  mille  trois  cent  quarante 
mineurs  de  tout  âge ,  il  y  en  a  seulement  trente-huit  qui,  Agés  de 
moins  de  treize  ans ,  travaillent,  la  nuit.  Ce  nombre  est  tellement , 
insignifiant,  qu'il  est  bien  évident  que,  sans  le  moindre  inconvé- 
nient, on  pourrait  remplacer  ces  mineurs  enfants  par  d'autres 
mineurs  jeunet  hommes ,  qui ,  doués  de  plus  de  force  musculaire, 


DgSzedOy  GOOgle 


268    .  RÉPONSES  INES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

pourraient  être  en  moins  grand  nombre  ,  sans  apporter  la  plus 

légère  perturbation  dans  le  travail. 

II  est  donc  démontré  qu'il  n'y  aurait  pas  lien  à  déroger ,  au 
•ujet  des  ouvriers  mineurs,  à  une  disposition  législative  qui  défen- 
drait d'employer  a  un  travail  nocturne ,  quel  qu'il  fût ,  des  indivi- 
dus Agés  de  moins  de  treize  ans. 

Haïs  il  ne  faut  pas  se  dissimuler  qu'il  serait,  sinon  impossible, 
au  moins  fort  difficile  de  s'assurer  de  l'exécution  rigoureuse  d'une 
semblable  mesure ,  même  dans  les  mines ,  malgré  l'existence  des 
registres  de  contrôle  les  mieux  tenus.  Que  de  temps  et  de  peines 
n'exigeraient  point  le  dépouillement  de  ces  registres ,  homme  par 
homme,  et  la  comparaison  de  l'article  consacré  à  ebaque  individu 
dans  le  registre  de  contrôle,  soit  avec  l'article  qui  lui  est  consacré 
dans  le  registre  d'inscription,  soit  avec  son  livret  ?  On  augmenterait 
ainsi  le  travail  déjà  fort  considérable  des  conducteurs  des  mines, 
et  il  serait  à  craindre  que  l'aridité  de  celte  tâche  nouvelle  ne  les 
portât  à  l'accomplir  d'une  manière  un  peu  légère. 

Il  ne  faut  pas  se  dissimuler  non  plus  que  laisser  aux  exploitants 
la  faculté  d'employer  une  certaine  classe  de  mineurs  pendant  le 
jour,  en  leur  défendant  de  l'employer  pendant  la  nuit ,  c'est  les 
exposer  à  la  tentation  d'enfreindre  la  défense ,  en  leur  en  fournis- 
sant le  moyen.  Puis,  il  faut  reconnaître  que  les  limites  de  la  nuit 
et  du  jour  sonL  assez  arbitraires.  Si ,  pour  remédier  à  ce  qu'elles 
ont  de  vague,  on  fixe  des  heures  précises,  y  aurait-il  contravention 
dans  le  cas  où  des  circonstances  imprévues,  forçant  à  prolonger 
plus  que  d'habitude  le  travail  du  jour,  le  moment  fixé  se  trouverait 
dépassé  de  quelques  minutes ,  d'un  quart  d'heure  ,  d'une  heure? 
Quel  serait  l'instant  précis  où  commencerait  réellement  la  contra- 
vention ? 

Il  faut  admettre  que  le  travail  des  mines  est,  en  effet,  plus  nui- 
sible la  nuit  que  le  jour,  parce  qu'il  intervertît  l'ordre  établi  par 
la  nature  pour  le  repos  de  l'homme.  Hais  il  faut  reconnaître  qu'il 
y  a  peut-être  a  cet  inconvénient  une  compensation  au  moins  par- 
tielle, par  la  circonstance  que  les  individus  qui  ont  travaillé  la  nuit 
se  trouvent  exposés,  pendant  le  jour ,  à  la  lumière  solaire ,  dont 
l'influence  sur  le  bien-être  des  animaux  eu  général,  et  surtout  de 
l'homme,  n'est  pas  révoquée  en  doute.  C'est  donc  ailleurs  que  dans 
le  travail  de  nuit  qu'il  faut  spécialement  chercher  les  causes  de 
l'influence  délétère  exercée  par  l'exploitation  des  mines  sur  ceux 
qui  la  pratiquent.  Suivant  moi,  il  faut  mettre  en  têle  de  ces  causes 


^y  Google 


DIVISION  {HA1NAUT).  i69 

les  efforts  physiques  trop  considérables  des  jeunes  mineurs,  con- 
damnes à  des  positions  si  forcées  par  la  forme  et  l'exiguïté  des 
excavations  dans  lesquelles  ils  se  meuvent  :  c'est  la  partie  supé- 
rieure du  corps  pliée  à  angle  droit,  et  quelquefois  à  angle  aigu, 
sur  les  cuisses;  c'est ,  les  genoux  rapprochés  et  les  pieds  écartés 
pour  chercher  des  points  d'appui  contre  les  parois  des  galeries, 
qu'ils  s'exténuent  à  traîner  les  produits  de  l'exploitation. 

Il  est  facile  de  prévoir  les  résultats  de  pareilles  causes  agissant 
sur  desenfantsouturde  très-jeunes  gens,  quelle  que  puisse  être  leur 
constitution,  et  surtout  sur  ceux,  malheureusement  trop  nombreux, 
dont  la  constitution  est  lymphatique  ou  scrofuleuse  ;  leur  croissance 
est  arrêtée  et  leur  charpente  se  déforme.  De  là  l'extrême  petitesse 
de  taille  de  tous  les  mineurs  et  le  grand  nombre  de  cas  de  diffor- 
mités des  jambes  et  de  déviation  plus  ou  moins  prononcée  de  l'épine 
dorsale,  que  l'on  peut  remarquer  en  eux.  Mais  ce  n'est  pas  tout  : 
le  milieu  dans  lequel  vivent  les  enfants  dont  nous  nous  occupons 
est  bien  loin  de  présenter  les  conditions  de  salubrité  que  tout  le 
monde  sait  être  nécessaires.  Souvent,  en  proie  à  la  transpiration 
que  font  ruisseler  sur  leurs  corps  appauvris  des  efforts  continus , 
ils  ont  les  pieds,  parfois  les  jambes ,  parfois  même  une  partie  du 
tronc,  plongés  dans  l'eau  froide.  Ils  sont  tantôt  exposés  à  un  cou- 
rant d'air  actif  et  froid,  mais  pur;  tantôt  à  un  air  tiède  et  vicié  par 
son  mélange  avec  les  hydrogènes  carbonés,  l'acide  carbonique,  etc. 
Enfin  ,  après  dix  ou  douze  heures  de  ce  supplice  ,  que  chaque 
jour  leur  ramène,  leur  tâche  est  finie  :  ils  sont,  ou  trempés  de 
sueur,  s!  le  contact  des  fluides  froids  ne  l'a  point  arrêtée  ,  ou  bien 
mouillés  de  la  tête  aux  pieds  :  il  serait  naturel  de  penser  qu'ils  vont 
immédiatement  remonter  à  la  surface  et  changer  de  vêtements.  Il 
en  serait  ainsi ,  ai  les  exploitants ,  et  malheureusement  aussi  les 
mineurs  du  second  district,  n'avaient  pas,  contre  les  échelles,  des 
préventions  irrationnelles  et  funestes,  qui  empêchent,  en  général, 
les  premiers  d'en  placer ,  et  les  seconds  de  s'en  servir  quand  il  y 
en  a.  Hais  les  mineurs  sont  remontés  au  jour  à  l'aide  des  machines 
d'extraction.  Or  il  est  impossible  de  mettre  ce  moyen  de  locomo- 
tion à  la  disposition  de  chacun  de  ceux  qui  se  présente  isolément 
pour  en  profiter.  Il  faut  donc  attendre ,  la  plupart  du  temps ,  que 
le  nombre  de  mineurs  qui  peuvent  remplir  un  cuffat  soit  complet, 
et,  quelquefois ,  que  la  machine  ait  achevé  l'extraction  entière  du 
combustible.  Que  deviennent,  cependant,  les  hiercheurs?  Ils  sont 
dans  les  chambres  d'accrochage ,  grelottant  sous  l'influence  du 


^y  Google 


270  RÉPONSES  DES  INGENIEURS  DES  MENES. 

courant  d'air  frais  venant  de  la  surface ,  et  exposés  aux  suppres- 
sions de  transpiration  et  à  toutes  les  maladies  des  appareils  respi- 
ratoire et  digestif,  qui  en  sont  les  conséquences. 

Veut-on  savoir  quels  sont  les  effets  de  cet  eut  de  choses  sur  la 
constitution  des  mineurs  parvenus  a  l'âge  de  dix-huit  ans?  Exami- 
nons le  résultat  des  opérations  de  milice  faites  sur  la  classe  de  1 843, 
du  premier  canton  de  Cbarleroy  ,  comprenant  les  communes 
de  Dampremy,  Roux,  Jumet,  Lodelinsart,  Gilly,  lHontigny-sur- 
Sambre ,  Farciennes  et  Lambusart ,  auxquelles  on  a  ajouté  les 
communes  de  Felui  et  d'Arquennes ,  faisant  partie  d'un  autre 
canton  et  avant  fourni  vingt-quatre  miliciens. 

Le  tableau  ci-contre  indique  les  diverses  professions  exercées 
par  chacun  d'eux ,  le  nombre  d'individus  de  chaque  profession 
admis  au  service ,  le  nombre  des  réformés ,  les  causes  de  la  ré- 
forme, et  le  rapport  du-  nombre  des  individus  réformés  au  nombre 
des  individus  admis. 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAJNAUT). 


DESICNATION 


FKOrlIlitlI. 


IfOKBBB 

JIJWÏcmwJ: 


l! 


CAUSAS  DE  LA   RÉFORME 


Défaut  de  taille 

Perte  de  l'œil  droit.    .       .       . 
Difformité!  de  jambe*. 
Cicatrice  adhérente  de»  oa  du  cri 
Carie  ira  or  de  la  cuitw  droite. 
Luxation  du  brai  droit.    . 
Difformité  du  pied  gauche., 


Voitu  fiers.     .     . 

Cloutien. .    .    . 

Briqueliers.  .  . 
TaUleur»  d'habit). 
Plafonueur *. .    . 


Cordonnier*. 
Terrien... 


H  (ut  atterrât, 

ni  1m  itdiiidu 
MalntHlilicatH 
■•  li  rfhtm  «1  u 
altul  b  t«ll8,  il 
jiptaaa.  ■ 

«tim,  TM  t 

■tmriiaj 

■ebittiUilUMS- 
uat  irai  jmt  1>  t*- 

f«™«,rt(tui,d'»l- 

MM  {ri  tUTMll* 
plu  facile  à  iftta- 

ri  Mb  m  larulls 
l'nltarriUa. 


Carrier*  et  tailleur* 
de  pierre*.  . 


Défaut  de  taille. 


>dby  Google 


Ce  tableau ,  que  je  dois  à  l'obligeance  d'un  haut  fonctionnaire 
de  l'arrondissement,  et  que  je  regrette  de  ne  pas  «voir  pu  étendre 
à  un  plus  grand  nombre  de  localités,  révèle  des  faits  bien  affli- 
geants et  qui  sont  le  corollaire  inévitable  des  circonstances  que  j'ai 
exposées  plus  baut.  Il  démontre  que  ,  tandis  que  certaines  profes- 
sions ,  celles  de  journalier ,  decloutier,  de  forgeron,  de  carrier  et 
de  tailleur  de  pierre,  ne  donnent  lieu  qu'à  un  petit  nombre  de  cas 
de  réforme ,  tandis  que  certaines  autres ,  celles  de  voiturier ,  de 
tailleur,  de  plafonneur,  de  cordonnier  et  de  menuisier,  ne  donnent 
lieu  à  aucun  cas  de  celte  espèce,  celle  de  bouilleur,  au  contraire , 
procure  des  miliciens  dont  les  -± ,  presque  le  tiers,  sont  réformés. 
Une  seule  profession  peut  lutter  d'influence  pernicieuse  avec  celle 
de  bouilleur ,  c'est  celle  de  verrier  qui  fournit  des  hommes  dont 
les  ~ ,  ou  le  quart,  sont  jugés  impropres  au  service. 

Je  ne  parle  point  de  celle  de  briquetier,  qui,  d'après  les  chiffres 
portés  au  tableau,  semble  donner  lieu  à  des  cas  de  réforme  égaux 
en  nombre  à  la  moitié  de  celui  des  miliciens  de  cette  profession. 
Ceci  doit  être  considéré  comme  l'effet  d'un  hasard  produit  par 
l'exiguïté  du  chiffre. 

Il  est  donc  établi  que,  de  toutes  les  professions  exercées  dans 
l'arrondissement  de  Charleroy ,  celle  de  bouilleur  est  celle  qui 
amène  les  résultats  les  plus  désastreux  sur  la  constitution  humaine. 
Du  reste,  pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur 
les  enfants  employés  dans  les  mines  ;  d'observer ,  en  général ,  la 
petitesse  de  leur  taille ,  le  peu  de  développement  de  leur  carrure , 
leurs  membres  grêles  et  déviés.  Il  est  certain  que,  les  enfants  et 
les  très-jeunes  gens  de  certaines  communes  des  environs  de  Char- 
leroy  étant  rassemblés,  rien  ne  serait  plus  facile  que  de  discerner, 
par  une  simple  et  rapide  inspection,  quels  sont  ceux  d'entre  eux 
qui  pratiquent  l'état  de  houilleur  :  l'appauvrissement  de  leur  con- 
stitution les  signalerait  à  l'oeil  le  moins  exercé. 

§4.  —  En  présence  d'une  pareille  situation,  on  doit  reconnaître 
la  nécessité  d'un  remède  prompt  et  efficace. 

Défendre,  d'une  manière  absolue,  d'employer  aux  travaux  noc- 
turnes les  mineurs  au-dessous  de  treize  ans  ;  défendre  d'employer 
à  ces  mêmes  travaux ,  plus  de  trois  nuits  sur  sept ,  les  mineurs  de 
treize  à  seize  ans,  ce  serait  à  peine  un  palliatif,  et  nullement  un 
remède.  Nous  avons  vu  qu'il  serait  fort  difficile  d'assurer  l'exécution 
de  la  première  de  ces  mesures  ;  il  le  serait  davantage  de  surveiller 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINÂUTt.  275 

Faccora  plissement  de  la  seconde  ;  car,  pour  la  première,  il  suffirait 
de  vérifier  te  contrôle  d'un  seul  jour  ,  et,  pour  la  seconde  ,  il  fau- 
drait ■  vérifier  le  contrôle  de  toute  une  semaine-  Du  reste,  cette 
seconde  mesure  ne  serait  que  la.  consécration  de  ce  qui  existe 
maintenant.  Nous  avons  tu  que  les  mineurs  échangent  hebdoma- 
dairement le  travail  de  nuit  contre  le  travail  de  jour  ;  or,  comme 
on,  ne  travaille  presque  jamais  durant  la  nuit  du  dimanche  au 
lundi ,  il  en  résulte  que  la  proportion  des  nuits  passées  actuelle- 
ment au  travail  est  de  £  égale  à  f.  On  ne  ferait  donc  que  séparer 
les  nuits  à  passer  ,  sans  en  diminuer  le  nombre.  De  plus  ,  si  l'on 
adoptait  cette  précaution  pour  les  mineurs  au-dessous  de  seize  ans, 
il  faudrait  l'adopter  également  pour  ceux  au-dessus  de  cet  âge  avec 
lesquels  les  premiers  sont  souvent  réunis  en  société ,  lorsque  les 
travaux  s'exécutent  à  marchandage.  II  faudrait  donc  bouleverser 
toute  l'économie  de  la  division  actuelle  du  travail  dans  tes  houil- 
lères. Ce  bouleversement  aurait  lieu  en  pure  perte,  suivant  moi,  sous 
le  rapport  de  la  santé  et  du  développement  physique  des  jeunes 
ouvriers,  car  je  pense  avoir  démontré  que  c'est  dans  le  travail  des 
mines,  envisagé  d'une  manière  absolue,  qu'il  faut  chercher  les 
causes  de  l'altération  de  la  constitution  de  ceux  qui  l'exercent,  et  non 
dans  la  question  desavoir  s'il  a  lieu  la  nuit  ou  le  jour,  ce  qui  n'est 
qu'une  circonstance  accessoire  et  d'une  influence  très-secondaire. 

Sous  le  rapport  de  l'instruction,  l'avantage  à  retirer  de  l'adoption 
de  ces  mesures  serait  également  nul  :  c'est  un  fait  avéré,  que  le  tra- 
vail des  mines  exige  une  telle  dépense  d'efforts  physiques  que,  lors- 
qu'il est  achevé ,  ce  qui  reste  des  vingt-quatre  heures  doit  néces- 
sairement ,  pour  la  plupart  des  organisations ,  être  consacré  au 
repos.  Enfin ,  nous  avons  vu  combien  était  faible  le  nombre  des 
mineurs  au-dessous  de  dix-sept  ans  employés  aux  travaux  nocturnes. 

Ainsi,  sous  aucun  rapport ,  les  mesures  que  je  viens  d'examiner 
ne  me  paraissent  ni  complètement  convenables,  ni  suffisantes. 

Il  faut  reprendre  les  choses  de  plus  haut  pour  trouver  le  remède 
que  tout  le  monde  semble  aujourd'hui  juger  nécessaire.  Recourons 
encore  aux  tableaux  qui  précèdent  pour  nous  rendre  un  compte 
satisfaisant  de  ce  qui  existe  dans  les  mines,  quant  au  nombre  et  à 
l'âge  des  travailleurs. 

le  décret  du  5  janvier  1 815  permet  d'employer  dans  les  mines 
les  enfants  qui  ont  atteint  l'âge  de  dix  ans.  Nous  voyons,  dans  le 
tableau  n"  2,  que  trois  enfants  au-dessous  de  cet  âge  sont  employés; 
mais  c'est  évidemment  aux  travaux  de  la  surface.  On  doit  donc 


*by  Google 


Î7i  RÉPONSES  US  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

fionwdércr  le  décret  susdit  comme  exécuté  d'une  manière  rigou- 
reuse. Remarquons,  en  outre,  qu'il  est  évident  que  l'on  ne  profite 
pas  même  autant  qu'on  le  pourrait  de  la  latitude  qu'il  laisse  à  cet 
égard.  Combien  y  a-t-îl  de  mineur*  de  dix  ans  dana  les  mines  du 
second  district?  Le  tableau  n°  2  nous  donne  le  chiffre  12,  qui, 
rapporté  au  nombre  total  des  mineurs,  nous  donnerait  vingt-trois 
et  une  fraction,  soit  vingt-quatre  enfants  de  dix  ans ,  dont  bien 
certainement  une  partie  n'est  employée  qu'a  la  surface.  Or  on  ne 
peut  révoquer  en  doute  qu'il  n'y  ait ,  dans  les  familles  de  mineurs 
de  l'arrondissement  de  Charleroy,  plus  de  vingt-quatre  enfants  de 
dix  ans;  donc,  il  est  évident  que  l'on  ne  profite  pas  de  toute  la 
latitude  laissée  par  le  décret  du  5  janvier  1813.  La  conséquence  à 
tirer  de  là,  c'est  que  la  limite  d'âge,  fixée  par  oe  décret,  est  descen- 
due trop  bas,  et  nous  arrivons,  de  cette  manière,  à  trouver  le 
remède  désiré  :  suivant  moi ,  il  consiste  simplement  à  modifier  le 
décret  du  3  janvier  1813,  en  ce  qui  touche  la  condition  d'Age 
exigée  pour  la  pratique  de  la  profession  de  mineur.  Il  faut  que  la 
loi  décide  que  l'âge  de  dix  ans  ne  sera  plus  suffisant,  et  qu'elle 
recule  cet  Age  jusqu'à  une  limite  plus  convenable. 

Mais  quelle  sera  cette  nouvelle  limite?  La  solution  n'est  pas  ,  à 
mon  sens ,  bien  difficile;  elle  doit  satisfaire  à  deux  conditions  :  il 
faut  que  l'Age  adopté  soit  tel ,  que  l'on  ne  prive  pas  :  1*  les  mines 
d'un  trop  grand  nombre  de  bras  ;  2"  les  familles  des  ressources 
qu'elles  sont  en  droit  d'attendre  du  travail  de  leurs  enfants,  sous  le 
rapport  pécuniaire. 

Arrêtons-nous ,  d'abord,  1  cette  seconde  partie  de  la  question. 
S'il  est  vrai  que  les  familles  des  mineurs  ne  possèdent,  générale- 
ment, d'autres  moyens  d'existence  que  le  travail  des  membres  qui 
les  composent,  est-ce  leur  rendre  un  bon  service  que  de  leur  per- 
mettre, suivant  une  expression  vulgaire,  de  manger  leur  blé  en 
herbe,  c'est-à-dire,  d'énerver  leurs  enfants  en  leur  laissant  entre- 
prendre trop  tôt  un  travail  au-dessus  de  leurs  forces;  de  leur 
faire  contracter  le  germe  de  maladies  ou  de  difformités,  qui,  plus 
tard,  peuvent  les  mettre-  hors  d'état  de  pourvoir  à  leur  propre 
subsistance?  S'il  est  des  familles  qui  ne  craignent  pas  de  recourir 
à  de  semblables  moyens  afin  d'augmenter  momentanément  leur 
bien-être,  n'est-il  pas  du  devoir  du  gouvernement  de  mettre  obsta- 
cle à  leur  imprévoyance,  je  dirai  plus,  à  leur  cruauté?  Il  est 
à  remarquer  qu'en  proposant  d'interdire  l'entrée  des  mines  aux 
enfants  n'ayant  pas  atteint  un  Age  à  déterminer,  je  ne  prétends  pas 


^y  Google 


PREMIÈRE  MVIYIS10IN  (HAINAUT).  Ï75 

leur  interdire  toute  espèce  de  travail.  Il  en  est  qui  sont  eu  rapport 
avec  les  forces  de  l'enfant  et  qui ,  loin  de  lui  nuire ,  auraient  une 
salutaire  influence  sur  le  développement  de  sa  constitution  et  de 
sa  moralité  ;  je  citerai,  entre  autres,  les  travaux  de  petite  culture , 
complètement  négligés  dans  la  partie  de  l'arrondissement  de  Char- 
leroy  où  sont  situés  les  grands  établissements  industriels.  Un  fait, 
qui  est  notoire,  prouvera  jusqu'à  quel  point  cette  sorte  de  travaux 
y  est  peu  en  honneur.  C'est  que  les  ~s  des  végétaux,  autres  que 
ceux  de  l'espèce  la  plus  commune,  exposés  en  vente  sur  les  marchés 
de  la  ville  de  Charleroy,  proviennent  des  campagnes  qui  envi- 
ronnent Bruxelles;  il  en  est  de  même  pour  ceux  des  animaux 
domestiques  de  la  petite  espèce  qui  servent  à  la  nourriture  de 
l'homme.  Aussi,  à  Charleroy ,  la  vie  animale  s'élève-t-elle  a  un 
taux  en  desaccord  avec  les  ressources  moyennes  des  habitants.  Il 
serait  évidemment  bien  plus  convenable  que  les  femmes  de  tout 
Age,  et  les  enfants  mâles  de  dix  à  quatorze  ans,  abandonnassent 
les  travaux  des  mines  pour  s'adonner  aux  travaux  agricoles.  Ceux- 
ci  auraient  l'avantage  de  les  soustraire  à  une  cause  permanente 
d'immoralité  et  d'énervation  physique  ;  ils  contribueraient,  de  plus, 
à  mettre  les  familles  de  bouilleurs,  jusqu'à  un  certain  point,  à  l'abri 
des  crises  industrielles  qui,  parfois,  viennent  brusquement  le* 
priver  de  toutes  ressources,  ou  au  moins,  comme  cela  a  lieu  en 
ce  moment,  dans  certaines  localités  du  second  district  des  mines 
(février  1843),  réduire  de  moitié  leur  travail  et,  par  conséquent, 
leur  salaire. 

J'ai  dit  que  la  mesure  que  je  propose  devait  Satisfaire  à  une  autre 
condition,  celle  de  ne  pas  priver  les  mines  d'un  trop  grand  nombre 
de  bras. 

Nous  savons  que  toutes  les  femmes,  et  presque  tous  le*  enfants 
maies  au-dessous  de  quatorze  ans,  occupés  dans  l'intérieur  des 
mines,  sont  employés  exclusivement  au  transport  des  produits  de 
l'exploitation.  Jusqu'à  quel  point  leur  emploi  est-il  indispensable? 

Le  tableau  suivant  indique  l'effet  utile  produit  :  1*  par  de*  hier- 
cbeurs  de  divers  Âges  et  sexes  ;  3*  par  des  chevaux,  dan*  diverses 
mines  de  bouille  de  Belgique. 


^y  Google 


RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 


t   9 


ai 
0 

H     ■ 

M 
H 

O 

if!    1   J- 

f  SI  I  —  I  ! 

i  ijaîi        !j   i 

-nui^nogiV 
IPl  OOO'I  ap  iW 

■osiunor  cf  ap 

sssaasasss 

■(IÏ1E.1  ïip 

B'    2    3    2   3    S   3   3    S'   2 

Wm  ooi  ^  <ea|BJi 

■i!H  ira  «mpdia 

ont"  1393 

1 1 1 1 1  !  !  |  }  | 

i" 

s 

3 

1:1 

1                ;i    : 

I                    1 1     :    e 

1                                      11 

■aSeiCH  je  il 
Bnjnowed 

3!  ■  I!i!  '  S! 

ap 

s  s   ■  s  s's  «  -as 

ailinoqaaa&iBqs 

S  !  B  i  1  !'!  '<  i  C 

*»Se[iku  ap  a|oi. 
«I«p 

44î44âi4ii 

S       i      N 

o     4     k 

m 

litftffiîiti 

i  |i||il|ïi 

a»,  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HÀINAUT). 


I  i" 

î   1 


o 

PI 

M 
O 

S 

i 

i    ! 
i!  1 

1      il 
-  >      "Î 

il    î3 

■lajiam  ooi  b 
"IPIOOO'I»P»MJ 

S     2     î 

S-  "B    » 

■sfiunot  *1  ep 

i  .   .   . 

HeAtJi  np 

1  -!s 

flain  ooi  1  »?ti|eji 
'[Il  i'  ?mpd*8 

1  i  1  i 

=  i fi  1 

i 

1 

|:1 

i  a  •  -i 

'si'     i     8 

1      II     E     s 
i      sa 

■tSeioi.  jid 
anjnoDJtil 

HJ  é 

ap 

«  s  s  s 

■aiIjnoB.  assXino 

II!! 

'aStpioj  ap  B]Oi 

MOSItWUKI 

4  4  4  4 

1    '    ( 

S  i  i  s 

id»,  Google 


Gomme  conséquence  à  tirer  de  ce  tableau  relativement  à  la 
question  qui  nous  occupe,  noue  remarquerons  l'énorme  différence 
de  l'effet  utile  produit  par  un  biercheur  dans  les  différentes 
mines  énumérées  :  bien  qu'une  partie  de  cette  différence  doive  être 
attribuée  aux  moyens  de  roulage  plus  ou  moins  parfaits  et,  notam- 
ment, à  l'emploi  des  bandes  saillantes  ou  plates,  nous  remarque- 
rons que  des  différences  très-grandes  existent  entre  les  effet» 
produits,  dans  des  mines  placées  dans  les  mêmes  circonstances. 
Ces  différences  ne  peuvent  donc  provenir,  en  ce  cas,  que  de  celles 
qui  existent  entre  les  forces  physiques  des  divers  hiercheurs.  Le 
but  de  celte  observation  est  de  prouver  que  le  tableau  comprend 
des  hiercheurs  de  tout  âge,  et  d'en  tirer  la  conséquence  que  l'effet 
utile  moyen  d'an  biercheur  étant  de  19,240  kilogrammes  traînés 
à  cent  mètres,  et  l'effet  utile  moyen  d'un  cheval  étant  de 274,000  kilo- 
grammes traînés  à  cent  mètres,  l'un  ne  représente  que  moins  du 
quatorzième  de  l'autre,  ou,  en  d'autres  termes,  qu'un  cheval  pro- 
duirait plus  d'effet  utile  que  quatorze  hiercheurs. 

Or  le  tableau  n°  3  nous  donne,  pour  le  chiffre  des  mineurs  des 
deux  sexes  au-dessous  de  quatorze  ans S91 

Multipliant  ce  chiffre  par  le  coefficient  indiqué,  nous  avons  pour 
le  nombre  total  des  mineurs  de  cette  classe 770 

Nous  venons  d'établir  qu'un  cheval  remplaçait  quatorze  hier- 
cheurs et  au  delà;  donc  cinquante-cinq  chevaux  suffiraient  pour 
tenir  lieu  des  sept  cent  soixante  et  dix  mineurs,  qu'il  serait  si  dési- 
rable de  voir  occupés  à  des  travaux  moins  rude*  et  moins  malsains 
que  les  travaux  de  mines,  de  quelque  espèce  qu'ils  soient. 

Remarquons  qu'en  supposant  ce  nombre  d'enfants  réparti  éga- 
lement entre  les  mines  du  district,  cela  ferait  moins  d'un  cheval 
par  mine  ;  car  ce  district  en  possède  soixante  et  dix-sept. 

Je  sais  que  l'on  peut  opposer,  au  calcul  qui  précède,  que  les  sept 
cent  soixante  et  dix  mineurs  au-dessous  de  quatorze  ans  ne  sont  point 
tous  employés  au  roulage.  Je  n'en  persiste  pas  moins  à  prétendre 
qu'ils  devraient  être  exclus  des  mine*  dont  les  travaux,  à  quelque 
ordre  qu'ils  appartiennent,  et  le  séjour  seul,  sont  nuisibles  à  de 
jeunes  constitutions.  Il  faudrait  donc  les  remplacer  par  d'autres 
mineurs  de  quatorze  à  dix-sept  ans,  qui  sont,  eux,  exclusivement 
employés  au  transport  des  produits  de  l'exploitation. 

Avoir  indiqué  le  moyen  de  remplacer  les  hiercheurs  par  d'autres 
agents  mécaniques ,  ce  ne  serait  avoir  résolu  la  question  qu'à 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINAUT).  970 

moitié,  si  le  prix  de  revient  du  combustible  devait  s'en  trouver 
augmenté. 

L'une  des  colonnes  du  tableau  n*  5  démontre  heureusement  que, 
loin  qu'il  en  soit  ainsi ,  c'est  a  un  résultat  tout  opposé  que  l'on 
arrive.  Il  est  évident,  dès  lors,  que  la  seule  objection  que  l'on 
aurait  à  faire  contre  le  remplacement  partiel  (1)  des  hommes  par 
des  chevaux,  pour  le  transport  intérieur  des  produits  des  mines, 
n'est  pas  admissible. 

le  m'empresse  de  reconnaître  que,  dans  la  comparaison  faite  du 
prix  d'un  certain  travail  exécuté  par  un  homme,  et  du  même 
travail  exécuté  par  un  cheval,  il  y  »  un  élément  asses  essentiel  dont 
il  n'a  pas  été  tenu  compte  :  c'est  le  prix  du  boisage  et  de  l'entretien 
des  galeries  de  roulage.  Il  est  évident,  eu  effet,  que  pour  livrer 
passage  a  un  cheval  qui  ne  peut  diminuer  sa  taille  qu'en  mettant 
h  tête  a  la  hauteur  du  garrot,  il  faut  une  voie  plus  haute  que  pour 
un  homme,  qui  peut,  tout  au  moins,  se  plier  en  deux.  J'admets 
donc  que  le  pris  du  boisage  des  galeries  de  roulage,  pour  chevaux, 
coûtera  plus  que  le  boisage  des  galeries  de  roulage  pour  hommes; 
mais,  quelle  que  soit  la  différence  qui  en  résulte,  quant  au  prix  de 
revient,  il  est  constant  que  le  remplacement  dont  je  parie  peut 
permettre  de  réaliser  une  économie  des  ;  sur  le  prix  du  transport 
intérieur, 

Ce  n'est  point  là  le  seul  avantage  qu'une  semblable  substitution 
procurerait  à  l'exploitation  des  mines  de  houille  du  district  de 
Charleroy  ;  il  en  est  un  autre  qui,  pour  être  moins  promptement 
réalisable ,  ne  serait  pas  moins  évident.  L'exploitation  des  mines, 
dans  aucun  pays  du  monde,  n'est  irréprochable.  Il  y  a  trop  peu  de 
temps  que  cette  branche  d'industrie  mit  l'objet  de  l'attention  se  rieuse 
des  gouvernements  et  que  la  direction  en  est  généralement  confiée 
à  des  hommes  capables,  pour  que  les  vices  qui  l'entachaient,  aient 
pu  entièrement  disparaître.  Dans  l'arrondissement  de  Charleroy, 
malgré   les   améliorations   qu'ont   introduites  et  qu'introduisent 


(I)  Cert  arec  intention  que  j'ai  appelé  ce  remplacement  partiel;  Je  reconnal* 
qall  y  a  certaine!  circonstance!  dam  lesquelles  il  faut  bien  recourir  à  l'emploi  des 
homme»  ;  je  ne  tbui  ni  Ici  examiner  ni  les  discutât  ici,  cala  m'entraînerait  trop  loin. 
Je  dirai  seulement  que,  (Uns  de  grande)  exploitation!,  ces  cas  sont  en  petit  nombre  ; 
que  l'on  peut  suffire  aux  exceptions  qu'ils  constituent,  au  moyen  d'un  nombre  peu 
considérable  de  hiercheura,  et  que  l'on  a,  pour  y  titulaire,  tous  «H  de  qnatone 
i  dix-sept  ans  al  «u-deisui. 


^y  Google 


280  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

encore  tous  tes  jours  les  hommes  éclairés,  chargés,  de  la  direction 
des  mines,  quelques  imperfections  continuent  a  y  subsister.  Il  y  en 
a  deux  capitales  : 

L'une  est  la  multiplicité  des  sièges  d'exploitation  dans  une  même 
mine  ; 

L'autre,  qui  est,  en  quelque  sorte,  la  conséquence  de  la  pre- 
mière, est  le  défaut  de  développement  des  travaux  de  chacun  d'eux, 
ou  plutôt  le  défaut  d'ensemble  et  de  suite  dans  les  travaux  de 
développement. 

Ces  vices  doivent  être  attribués  a  l'ancienne  législation  du  Hai- 
naut  en  matière  de  mines.  Dans  le  Hainaut ,  ainsi  que  dans  les 
enclaves  appartenant  à  la  principauté  de  Liège,  les  mines  de  houille 
étaient  possédées  par  les  seigneurs  hauts  justiciers.  Ces  seigneurs 
en  accordaient  la  concession  par  couches,  et  même  par  parties  de 
couches ,  sur  leurs  territoires  respectifs  ;  il  résultait  de  là  que  tel 
individu  qui  avait  rencontré ,  par  une  bure  ou  par  une  galerie,  ' 
un  certain  nombre  de  couches,  pouvait,  cependant,  n'avoir  que 
le  droit  d'en  exploiter  une  seule.  Il  fallait  alors  que  les  conces- 
sionnaires des  autres  couches  vinssent,  a  leur  tour,  établir  égale- 
ment des  sièges  d'exploitation  pour  tirer  parti  des  gtles  minéraux 
qui  leur  appartenaient.  De  là  l'étonnante  multiplicité  d'anciennes 
bures  que  l'on  rencontre  dans  certaines  localités  de  l'arrondisse- 
ment de  Charleroy. 

Bien  que  l'abus  des  concessions  par  couches  ait  subi  d'heureuses 
modifications  par  les  réunions  successives  de  beaucoup  de  sociétés 
entre  elles,  les  houilleur*  du  pays,  accoutumés,  dès  leur  enfance , 
au  grand  nombre  de  sièges  d'extraction,  ont  conservé  en  partie 
celte  habitude  fâcheuse,  quoique  j  aujourd'hui,  l'ancien  état  de 
choses  qui  en  faisait  une  nécessité,  ait  généralement  disparu. 

D'un  autre  coté ,  par  ce  seul  fait ,  que  les  anciens  exploitants 
ne  possédaient  qu'une  couche  ou  deux  couches,  les  bouveaux  ou 
galeries  à  travers  bancs  étaient  ordinairement  une  chose  inutile, 
et  même,  dans  certains  octrois  de  concessions ,  il  était  fait  défense 
expresse  aux  concessionnaires  de  rebavetter  hors  de  leur*  allures, 
c'est-à-dire,  de  prendre  des  galeries  dans  la  pierre  pour  chercher 
d'autres  couches. 

De  là  il  résulte  maintenant  encore  que  les  grands  bouveaux  ne 
sont  point  dans  les  habitudes  de  la  plupart  des  exploitants  du  second 
district  des  mines. 

Les  deux  faits  que  je  viens  de  rappeler,  la  multiplicité  des  sièges 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (liUNAUT).  281 

d'extraction  et  l'absence  de  grands  bouveaux ,  ont ,  dans  les  loca- 
lités où  ils  existent,  des  résultats  également  regrettables.  - 

La  multiplicité  des  sièges  d'extraction  conduit ,  d'abord  ,  à  une 
mise  de  fonds  considérable  pour  premier  établissement  ;  c'est  ainsi 
que,  si  l'on  a  construit  deux  de  ces  sièges  là  où  un  seul ,  avec  des 
travaux  développés ,  aurait  pu  produire  une  extraction  égale  à 
celle  des  deux,  et  que  chacun  de  ces  sièges  ait  coûté ,  je  suppose, 
en  achat  de  terrain,  en  frais  de  percement,  en  bâtiments  et  en 
agrès,  300,000- francs,  on  aura  grevé,  en  pure  perte,  l'exploita- 
tion d'une  rente  annuelle  de  15,000  francs.  Hais  ce  n'est  pas  tout: 
des  sièges  d'extraction,  en  nombre  double  ou  triple  de  ce  qu'ils 
pourraient  être,  exigent  un  personnel  double  ou  triple  de  mécani- 
ciens, de  tireurs,  de  potions,  etc.,  et  augmentent,  dans  la  même 
proportion,  l'entretien  et  l'alimentation  des  machines  à  vapeur, 
l'entretien  des  bures,  des  galeries  et  des  communications  à  la  sur- 
face, la  surveillance,  etc.,  etc.;  il  faut,  en  un  mot,  que  l'extraction 
totale  supporte  des  frais  généraux  doubles'  ou  triples  de  ceux 
qu'elle  aurait  a  supporter  si  elle  avait  lien  par  un  seul  siège. 

Quant  a  l'absence  de  grands  bouveaux ,  de  ■  grandes  voies  de 
communication  s'étendanl  d'une  extrémité  à  l'autre  des  conces- 
sions, elle  produit  des  effets  non  moins  regrettables.  Elle  empêche 
d'acquérir  des  notions  complètes  sur  les  richesses  minérales  rece- 
lées dans  la  concession  ;  elle  empêche  de  connaître  les  évolutions 
de-  chacun  des  gîtes  qui  constituent  cette  richesse  minérale  ;  et, 
cependant,  cette  double  connaissance  est  nécessaire  -,  est  indis- 
pensable pour  que  l'on  puisse  combiner  d'une  manière  intelli- 
gente l'aménagement  du  système  général  des  travaux  à  l'aide 
desquels  on  peut  opérer,  dans  un  temps  donné,  l'exploitation 
entière  de  la  concession. 

À  mon  avis,  le  remplacement  partiel  des  hommes  par  des  che- 
vaux pour  le  roulage  dans  l'intérieur  des  travaux ,  contribuerait 
puissamment  à  compléter  l'extirpation  des  deux  vices  d'exploitation 
que  j'ai  signalés. 
.  En  effet,  le  roulage  au  moyen  de  chevaux  ne  présente,  une 
économie  remarquable ,  que  lorsqu'il  a  lieu  sur  de  grandes 
longueurs  :  ce  n'est  que  dans  les  bouveaux  que  l'économie  est 
complète;  car,  d'une  part,  le  percement  d'un  houveau.de  grande 
section  ne  coule  pas  plus  que  le  percement  d'un  .nouveau  de 
moyenne  section.  Gela  est  si  vrai ,  que  les  adjudications  pour  la 
construction  de  ces  galeries  ont  lieu  en  mesures  de  longueur  et 


ly  Google 


382  RÉPONSES  DBS  INGÉNIEURS  DES  MINES, 

non  en  mesures  cubiques ,  et  que  les  contrats  ne  font  presque 
jamais  mention  de  la  largeur  ni  de  la  hauteur  à  leur  donner. 
D'autre  part,  les  bou veaux ,  dans  les  ~  des  cas ,  n'exigent  aucun 
frais  d'étançonnage  ni  d'entretien  ;  donc ,  comme  je  l'ai  dit,  la 
nécessité  d'employer  à  l'élançonnage  des  bois  de  plus  grandes 
dimensions,  l'obligation  de  les  renouveler  plus  souvent,  ne  Tiennent 
pas  ici  déranger  les  résultats  économiques  produits  par  l'emploi 
des  chevaux. 

Il  est  certain  que  les  exploitants  qui  feraient  usage  de  ceux-ci , 
ne  tarderaient  pas  a  être  Frappés  des  résultats  que  je  viens  d'indi- 
quer, et  que,  voulant  en  profiter  dans  toute  leur  plénitude,  ils 
étendraient  successivement  le  champ  de  leurs  exploitations,  Or 
cette  extension  ne  peut  s'obtenir  que  par  l'allongement  des  nou- 
veaux et  la  réduction  du  nombre  des  sièges  d'extraction;  l'intro- 
duction des  chevaux  dans  l'intérieur  des  charbonnages  Ferait  donc 
disparaître  les  rares  imperfections  qui  déparent  encore  l'exploita- 
tion des  mines  dans  le  second  district. 

Ainsi  se  trouvent  démontrées  et  la  possiblité  et  l'utilité  d'exclure 
des  travaux  des  mines  les  enFants  au-dessous  de  quatorze  ans  et 
les  femmes  en  général.  Je  sens  que  cette  mesure  ne  pourrait  rece- 
voir brusquement  une  exécution  complète  sans  froisser  beaucoup 
d'intérêts,  et  sans  compromettre  les  ressources  de  nombreuses 
familles  de  mineurs  ;  aussi  voudrais-je  qu'elle  ne  Fut  appliquée  que 
graduellement  et  après  avertissement  donné.  La  loi  pourrait  énon- 
cer, par  exemple ,  que ,  passé  le  délai  d'une  ou  de  deux  années, 
les  enfants  des  deux  sexes,  au-dessous  de  quatorze  ans,  ne  rece- 
vraient plus  de  livrets  de  mineurs,  et  devraient  faire  la  remise  de 
ceux  qu'ils  posséderaient.  Cette  mesure  serait  étendue  aux  femmes 
i  en  général,  après  un  laps  de  temps  de  deux,  trois,  quatre  années 
ou  plus,  si  cela  était  jugé  nécessaire. 

Pour  agir  avec  toute  la  lenteur  et  toute  la  prudence  désirables, 
pour  ne  pas  arracher  subitement  à  une  industrie  un  trop  grand 
nombre  de  bras,  on  pourrait  régler  que,  pendant  la  première  de 
ces  années,  on  exclurait  les  femmes  de  quatorze  ans  seulement , 
pendant  la  seconde  celles  de  quinze ,  et  ainsi  jusqu'à  la  cinquième 
année,  qui  serait  le  signal  de  l'interdiction  générale.  De  cette  façon, 
tous  les  intérêts  seraient  saufs.  Les  exploitants  auraient  le  temps 
de  combiner  les  moyens  de  remplacer  les  hierebeurs  qu'on  leur 
retirerait,  et  les  familles  de  mineurs  pourraient  chercher  et 
trouver  les  moyens  de  remplacer  avantageusement  les  ressources 


^y  Google 


PREMIÈRE  WV1S10N  (HAINAUT).  283 

funestes  que  la  prévoyance  et  la  sagesse  du  gouvernement  leur 
enlèveraient. 

§  5,  —  Les  bienfaits  de  cette  innovation  seraient  de  diverses 
natures.  En  général,  les  mineurs,  quel  que  soit  leur  âge,  ne 
savent  ni  lire  ni  écrire;  en  laissant  de  côté  les  portons  et  quelques 
maîtres  ouvriers ,  je  crois  pouvoir  avancer  que  la  proportion  de 
ceux  qui  possèdent  cette  double  connaissance  a  ceux  qui  ne  la 
possèdent  point ,  n'est  pas  même  de  ~.  Rien  n'est  plus  commun 
que  de  voir  une  bande  de  huit,  douze,  seize  ou  vingt  mineurs,  con- 
tracter avec  des  exploitants,  faire  mettre  par  écrit  les  conditions 
du  marché,  et  aucun  d'eux  n'être  en  état  ni  de  lire ,  ni  de  signer 
le  contrat. 

On  n'est  pas  autorisé  à.  faire  aux  mineurs  un  reproche  de  cette 
ignorance,  qui,  a  chaque  instant,  peut  compromettre  leurs  inté- 
rêts. Ils  ne  savent  ni  lire  ni  écrire  ;  mais  comment  en  serait-il 
autrement?  L'instruction  exige  deux  choses  :  de  l'argent  et  du 
temps.  Or  tout  le  monde  sait  que  les  familles  de  mineurs  sont 
généralement  très-pauvres  ;  il  leur  a  fallu  déjà  s'imposer  des  sacri- 
fices pour  pourvoir  à  la  subsistance  de  leurs  enfants;  il  aurait  fallu 
les  augmenter  pour  pourvoir  à  leur  instruction.  Les  uns  ne  le 
pouvaient  pas,  les  autres  n'en  sentaient  pas  la  nécessité.  Une  insti- 
tution dont  les  heureux  effets  se  font  chaque  jour  sentir  de  plus 
en  plus,  bien  que  son  existence  ne  date  que  de  l'année  1841 , 
l'institution  de  la  caisse  de  prévoyance  en  faveur  des  ouvriers 
mineurs ,  a  modifié  cet  état  de  choses  et  y  a  remédié  en  partie. 
Les  statuts  de  la  caisse  de  l'arrondissement  de  Charleroy  décident 
qu'une  partie  d'un  fonds  de  réserve  «  pourra  être  consacrée  à 
«  améliorer  la  condition  morale  de  l'ouvrier,  et  à  propager  l'in- 
«  struction  parmi  ses  enfants.  ■  Des  mesures  ont  été  prises  en 
vertu  de  cette  disposition  ;  je  crois  devoir  transcrire  ici,  du  rap- 
port de  la  commission  administrative  de  ladite  caisse  sur  ses  opé- 
rations depuis  le  1er  février  1841  jusqu'au  1"  janvier  1842,  le 
passage  indiquant  ce  qui  a  été  fait  en  faveur  de  l'instruction  des 
enfants  d'ouvriers  ; 

■  L'assemblée  générale,  se  rendant  au  vœu  exprimé  par  la 

■  commission,  et  appréciant  avec  elle  l'urgence  de  faire  jouir  la 

■  classe  ouvrière  des  avantages  d'une  instruction  gratuite,  a,  dans 
•  sa  séance  extraordinaire  du  là  juillet  dernier,  voté  à  cette 
«  fin  une  somme  de  8,000  francs ,  en  confiant  à  la  commission 
«  l'emploi  de  ce  crédit. 


^y  Google 


284  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

*  Comment  réaliserait-on  la  mesure?Telle  était  ta  question  que 
«  la  commission  avait  à  examiner. 

»  Trois  moyens  se  présentaient  : 

*  1?  Ouvrir  des  écoles  spéciales  ; 

«  2"  Accorder  des  traitements  fixes  aux  instituteurs  commu- 
«  naux; 

*  3"  Autoriser  les  enfants  à  fréquenter  une  école  de  leur  choix, 
«  sur  la  production  d'un  acte  émanant  de  fa  commission,  sauf  a 
■  accorder  a  chaque  instituteur  recevant  des  élèves,  une  rétribu- 

•  lion  fixe  par  léte  et  par  mois. 

«  Le  premier  mode  n'a  pu  être  admis,  parce  que  la  somme  votée 
»  ne  permettait  pas  d'établir  des  écoles  en  nombre  suffisant  pour 

-  satisfaire  aux  exigences  des  localités ,  si  l'on  considère  que  les 

•  ouvriers,  appartenant  aux  sociétés  associées,  sont  répandus  dans 

-  plus  de  quarante  communes  différentes.  Il  aurait  pu  sembler 
m  qu'on  pouvait  en  établir  seulement  dans  les  endroits  où  les 
«  ouvriers  sont  le  plus  concentrés  ;  maïs,  outre  que  c'eût  été  créer 
«  une  exception  susceptible  d'exciter  des  mécontentements ,  les 
«  fonds  votés  n'en  eussent  pas  moins  été-insuffisants,  et  l'on  n'éprou- 
»  vera  aucun  doute  à  cet  égard,  si  l'on  sait  que  pour  une  seule 

•  commune ,  celle  de  Gillj ,  par  exemple ,  qui  est  cependant  une 
«  des  plus  agglomérées,  il  eût  fallu  au  moins  trois  écoles,  non  en 
«  raison  du  nombre  d'enfants,  car,  sous  ce  point  de  vue,  une  seule 
«  école  pouvait  suffire,  mais  seulement  à  cause  de  la  dissémination 

•  des  familles. 

«  Les  difficultés  que  présentait  la  répartition  des  subventions 

•  entre  les  instituteurs,   en  l'absence  de  toute  donnée  sur  le 

-  nombre  d'élèves  qui  fréquentaient  ou  qui  pourraient  fréquenter 
«  leurs  écoles,  ont  également  fait  renoncer  à  l'emploi  du  second 
«  moyen, 

■  On  s'est  donc  arrêté  au  troisième  moyen  ci-dessus  indiqué. 
«  L'application  en  était  plus  prompte  et  moins  dispendieuse, 
«  en  n'empiétant  nullement  sur  la  liberté  de  l'ouvrier  et  en  ne 
"  prêtant  guère,  en  présence  des  mesures  dont  il  est  entouré,  à 
«  l'exigence  de  rétributions  indues  ou  imméritées.  Huit  cent  vingt 

-  et  un  enfants  ont  été  ainsi  admis  à  fréquenter  les  écoles.  » 

A  la  date  du  8  septembre  1842,  le  nombre  des  lettres  d'admis- 
sion délivrées  et  non  rentrées  s'élevait  à  treize  cent  trente-trois. 
L'étal  de  choses  dont  je  viens  de  rendre  compte  dura  jusqu'au  mois 
de  décembre  1842, 


^Google  ■ 


PREMIÈRE  DIVISION  (HÀINAIT).  385 

La  commission  crut  s'apercevoir  qu'il  donnait  lieu  à  des  abus 
plus  ou  moins  graves.  Elle  avait  laissé  aux  parentale  soin  de  déter- 
miner les  écoles  où  ils  enverraient  leurs  enfants.  Hais  les  choix  des 
parents  n'étaient  pas  toujours  heureux;  si  les  instituteurs  établis 
dans  les  communes  rurales  présentent  tous  des  garanties  de  capa- 
cité, on  ne  peut  disconvenir  qu'ils  ne  les  présentent  à  des  degrés 
différents  ;  il  résultait  donc  de  cette  liberté  trop  absolue  laissée  à 
des  gens  pour  la  plupart  tout  à  fait  illettrés ,  que  le  progrès  de 
l'instruction  n'était  pas  tel  qu'on  était  en  droit  de  l'attendre. 

La  rétribution  à  payer  aux  instituteurs  avait  été  fixée  à  1  franc 
par  élève  et  par  mois;  on  jugea  que  cette  rétribution  était  trop 
élevée  et  qu'elle  ne  tarderait  pas  à  occasionner  une  dépense  trop 
forte,  ou  qu'elle  forcerait  à  restreindre  le  nombre  des  lettres  d'ad- 
mission que  l'on  pourrait  distribuer. 

Enfin  les  enfants  de  sept ,  huit ,  neuf  et  dix  ans,  étaient  admis  à 
prendre  part.  &  l'instruction  ;  on  reconnut  que  la  limite  inférieure 
de  l'&ge  d'admission  avait  été  fixée  trop  bas. 

Pour  remédiera  cet  abus,  la  commission,  en  décembre  1842, 
décida  :  ■ 

1"  Que  les  instituteurs"  dont  les  écoles  devraient  être  fréquen- 
tées, seraient  désignés  par  elle  :  pour  faire  ses  choix,  elle  s'en- 
toura de  tous  les  renseignements  administratifs  existants ,  propres 
a  l'éclairer  sur  le  degré  de  moralité  et  de  capacité  des  instituteurs 
et  institutrices  ; 

2"  Qu'il  ne  serait  dorénavant  accordé  aux  instituteurs ,  pour 
toute  rétribution,  que  50  centimes  par  tête  et  par  mois,  rétribu- 
tion qui ,  sans  doute ,  a  été  trouvée  suffisante  par  ces  instituteurs, 
puisque  nulle  réclamation  n'est  parvenue  à  la  commission ,  et 
qu'aucun  refus  de  recevoir  les  élèves  à  ce  taux  n'est  arrivé  à  sa 
connaissance; 

3"  Que  les  enfants  de  l'âge  de  huit,  neuf  et  dix  ans,  seraient  seuls 
admis  a  recevoir  l'enseignement  ; 

4°  Qu'il  ne  serait  plus  délivré  de  lettres  d'admission  aux  enfants 
domiciliés  dans  des  communes  où  l'instruction  est  donnée  gratui- 
tement aux  frais  des  caisses  communales  et  des  pauvres. 
-  A  la  suite  de  cette  résolution ,  les  anciennes  lettres  d'admission 
ont  été  retirées  et  de  nouvelles  lettres  ont  été  délivrées  ;  et,  depuis 
le  1"  janvier  1843,  l'instruction  est  donnée  avec  les  modifications 
qui  viennent  d'être  indiquées.  Jusqu'à  ce  jour,  mille  deux  enfants 
ont  pu  v  participer. 


;dby  Google 


1*6  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

'  Les  modifications  qui  viennent  d'être  indiquée»  n'ont  point 
encore  reçu  la  sanction  de  l'expérience.  Maïs  il  ne  faut  pas  se  dis- 
simuler que,  dans  l'état  actuel  des  choses,  les  résultats  de  L'in- 
struction donnée  ne  peuvent  jamais  être  complets,  c'est-à-dire,  que 
l'on  ne  peut  espérer  que  la  totalité ,  ni  mime  la  grande  majorité 
des  mineurs,  saura,  a  l'avenir,  lire,  écrire  et  compter. 

Il  est  facile  de  trouver  les  causes  qui  empêcheront  qu'il  en  puisse 
être  ainsi;  et  ces  causes,  il  est  malheureusement  hors  du  pouvoir 
de  la  commission  d'y  porter  remède. 

Les  lettres  d'admission  aux  écoles  sont  retirées  aux  enfants  ayant 
atteint  l'âge  de  onze  ans,  par  la  considération  que  c'est  a  cet  Age 
que  les  enfants,  malgré  la  plus  grande  tolérance  laissée  par  le 
décret  du  3  janvier  1813,  commencent  a  pénétrer  dans  les  exploi- 
tations. La  commission  a  senti  que  les  enfants,  une  fois  admis  a 
prendre  part  aux  travaux  des  mines,  devaient  renoncer  à  acquérir 
une  instruction  quelconque.  En  effet ,  le  travail  des  mines  occupe 
les  jeunes  mineurs  d'une  manière  effective,  pendant  dix  ou  douze 
heures  sur  vingt-quatre  :  admettant  qu'il  leur  faille  moyennement 
deux  heures  pour  aller  de  leurs  demeures  à  leurs  ateliers  et  pour 
revenir  ehez  eux,  il  leur  reste  dix  heures  pour  deux  repas  et  pour 
le  sommeil.  Ceux  qui  connaissent  le  travail  des  mines  ne  trouve- 
ront certes  pas  que  ce  temps  de  repos  soit  trop  long. 

Une  autre  cause  vient  se  joindre  à  celle-là  pour  priver  les  jeunes 
mineurs  de  moyens  d'instruction  :  la  plupart  d'entre  eux  sont 
employés  pendant  la  journée ,  c'est-à-dire,  généralement,  de  six 
heures  du  matin  à  quatre  ou  six  heures  du  soir  ;  la  fréquentation 
des  écoles  de  jour  leur  est  donc  absolument  interdite,  et  je  ne 
connais,  dans  l'arrondissement  de  Gharleroy,  aucune  école  du  soir. 
Du  reste,  je  le  répète,  en  existât-il ,  les  jeunes  mineurs  ne  pour- 
raient les  fréquenter,  ou,  s'ils  les  fréquentaient,  ils  n'en  pourraient 
retirer  aucun  fruit,  épuisés  qu'ils  seraient  par  leur  travail  physique. 
Comme  dernière  raison ,  je  rappellerai  qu'un  certain  nombre  de 
mineurs  ,  jeunes  et  vieux ,  travaillent ,  parfois ,  dans  des  localités 
assez  éloignées  de  leur  domicile  réel  pour  qu'ils  n'y  rentrent 
qu'une  fois  par  semaine;  il  faudrait  donc  que  les  jeunes  mineurs 
de  celte  catégorie  reçussent  l'instruction  dans  la  localité  ou  leur 
travail  les  fixerait  momentanément;  or,  comme  il  n'arrive  que 
trop  souvent,  les  mineurs  quittent  volontairement  ou  sont  obligea 
de  quitter  un  atelier  pour  un  autre  ;  il  en  résulterait  qu'ils  seraient 
forcés  de  changer  autant  de  fois  d'école ,  de  passer  d'un  système 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINÀUT).  387 

d'enseignement  a  un  autre  système,  d'entrer  dans  des  classes  où 
l'on  serait  arrivé  à  un  point  d'instruction  moins  ou  plus  avancé  que 
celui  auquel  ils  étaient  parvenus  :  toutes  ces  causes  contribue- 
raient à  paralyser  les  efforts  qui  pourraient  être  tentés. 

La  commission  administrative  de  la  caisse  de  prévoyance  a  pensé, 
dès  lors,  qu'elle  pouvait  supprimer  les  lettres  d'admission  aux 
écoles  pour  les  enfants  ayant  atteint  l'âge  de  onze  ans  ;  qu'en  agis- 
sant autrement,  elle  puiserait  sans  utilité  véritable  dans  la  caisse 
dont  l'administration  lui  est  confiée. 

Si  quelques  jeunes  mineurs ,  doués  d'une  organisation  remar- 
quable, avaient  des  titres  tout  spéciaux  à  la  sollicitude  de  la  com- 
mission, il  n'est  point  douteux  qu'elle  ne  s'empressât  de  leur  fournir 
les  moyens  de  tirer  parti  de  leurs  heureuseB  dispositions,  en  faisant, 
en  leur  faveur,  une  exception  a  la  mesure  qu'elle  a  dû  prendre. 

La  commission  a  agi  sagement  en  fixant  une  limite  d'âge  (huit 
ans)  au-dessous  de  laquelle  les  enfants  n'auraient  point  encore 
droit  aux  lettres  d'admission  aux  écoles;  en  deçà  de  cette  limite, 
les  enfants  ne  sont  pas,  en  effet,  susceptibles  de  l'attention  néces- 
saire pour  retirer  quelque  fruit  de  ce  qu'on  leur  enseigne. 

Ainsi  donc,  on  le  voit,  c'est  de  huit  a  onze  ans,  c'est-à-dire  pen- 
dant trois  années,  que  les  enfants  de  mineurs  sont  appelés  aax 
bienfaits  de  l'instruction  :  au-dessous  de  huit  ans,  la  nature  les 
empêche  d'en  profiter  ;  au-dessus ,  la  toi ,  en  leur  permettant  un 
travail  physique  trop  noient  pour  leurs  forces,  leurôte  les  moyens 
de  continuer  k  en  jouir. 

EU  bien,  je  n'hésite  pas  a  affirmer  que  cette  instruction,  reçue 
pendant  deux  ou  trois  années,  ne  peut  avoir  de  résultats  bien  favo- 
rables pour  les  enfants  d'une  intelligence  et  d'une  organisation 
ordinaires,  en  d'autres  termes,  pour  les  -,*„■  d'entre  eux;  deux  ou 
trois  années  ne  suffisent  pas  pour  enseigner  à  lire,  a  écrire,  et 
surtout  k  calculer  couramment,  alors  surtout  qu'il  s'agit  d'indivi- 
dus qui  se  trouvent  d'un  âge  et  dans  des  conditions  k  ne  pouvoir 
faire  une  application  utile  de  ce  qu'ils  ont  appris.  Pour  moi ,  il 
n'est  pas  douteux  que  deux  ans  après  leur  sortie  des  écoles,  aucun 
d'eux  ne  conservera  quelque  trace  un  peu  durable  de  l'instruction 
qui  lui  aura  été  donnée. 

Ce  résultat  est  d'autant  plus  affligeant  qu'il  y  a  peu  de  classes 
de  travailleurs  qui  méritent,  k  plus  juste  litre  que  les  bouilleurs, 
la  bienveillance  et  les  encouragements  de  ceux  qui  sont  k  même  de 


^y  Google 


208  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES, 

veiller  et  de  pourvoir  à  l'amélioration-  de  leur  condition  physique 

et  morale. 

§6.  —  Il  y  a,  eu  effet,  peu.  de  reproches  graves  &  adresser  à  la 
classe  des  ouvriers  bouilleurs  de  l'a rrondi&se ment  de  Charleroy. 
La  discipline,  l'obéissance  presque  passive  et  la  résignation,  sont 
si  bien  dans  ses  habitudes,  que  depuis  quelques  années  on  l'a  vue 
subir  de  bien  grandes  vicissitudes,  passer  brusquement  des  circon- 
stances financières  les  plus  heureuses  à  une  position  comparative- 
ment déplorable»  accepter  une  mesure  (le  rétablissement  des 
livrets)  que,  à  très-grand  tort,  il  est  vrai,  elle  considérait  comme' 
hostile  à  ses  intérêts  ;  on  l'a  vue,  dis-je,  supporter  tout  cela  sans 
qu'aucun  acte  répréhensibie  ait  été  posé  par  elle. 

C'est  à  peine  s'il  y  a  lieu  de  signaler  quelques  rares  et  insigni- 
fiantes coalitions,  œuvres  surtout  des  hiercheurs  et  des  femmes, 
dans  le  but  d'obtenir  de  minimes  augmentations  de  salaire,  coali- 
tions toujours  apaisées  par  la  sagesse  des  exploitants  sans  l'inter- 
vention de  la  justice,  et  qui  n'ont  d'autres  résultats  fâcheux  qu'une 
ou  deux  journées  de  chômage  (1). 

Il  faut  aussi  rendre  justice  au  dévouement  dont  les  bouilleurs 
root  preuve  à  la  suite  de  ces  catastrophes  qui  viennent  trop  souvent 
décimer  leurs  rangs,:  Toujours  an  en  trouve  qui  sont  prêts  a 
marcher  sur  les  pas  de  leurs  portons  et  à  exposer  leur  vie  pour 
sauver  celle  de  leurs  camarades  ;  dévouements  obscurs,  d'autant 
plus  méritoires,  il  y  a  peu  d'années,  qu'ils  restaient  inconnus  et 
sans  récompense.  Heureusement  qu'aujourd'hui  il  n'en  est  plus  de 
même.  Une  médaille  spéciale  a  été  instituée,  le  .19  octobre  1840 , 
pour  récompenser  les  traits  de  courage  et  de  dévouement  des 
mineurs,  mesure  sage  et  généreuse  qui  a  été  accueillie  ayejr 
reconnaissance. 

Quant  a  la  moralité  des  houitleurs,  je  ne  pense  pas  qu'elle  laisse, 
en  général ,  plus  à  désirer  que  celle  des  individus  qui  exercent 
d'autres  professions. 

On  peut  l'examiner  sous  trois  rapports  différents  : 

1"  Sous  le  rapport  des  crimes  et  délits  ; 

(1)  La  remplacement  dei  homme)  pat  des  oneTanx  pour  le  roulage  intérieur  cou- 
perait court  à  ces  coalition!  et  aux  chômage!  qui  en  rétultcot,  puisque  Ici  mineur* 
proprement  tlils  n'y  prennent  point  part;  mois  ili  sont  réduite  i  l'inaction  par  mite 
da  l'encombrement  de»  Toiei,  encombrement  qui  n'existerait  pat,  n,  pour  enlerer  lei 
produits  de  l'exploitation,  on  atait  recourt  aux  che v  aux . 


IdByGOOglC 


PREMIÈRE  DIVISION  (HAINAUT).  189 

2°  Sous  le  rapport  des  habitude*  de  désordre  et  d'ivrognerie  ; 

3"  Sous  le  rapport  des  relation*  illicites  entre  les  sexes. 

Relaii vement  au  premier  point ,  j'aurais  désiré  présenter  des 
chiffres  indiquant  :  S"  le  nombre  d'individus  de  chaque  profession 
industrielle  proprement  dite ,  exercée  dans  J'arrondisse  ment  de 
Charleroy;  2"  le  nombre  et  l'espèce  de  délit  commis  annuellement 
par  les  individus  de  chacune  de  ces  professions;  malheureuse- 
ment je  n'ai  pu  recueillir  les  éléments  nécessaires  à  ce  travail.  Le1 
ministère  de  la  justice  publie  des  travaux  où  quelques-uns  de  ces 
éléments  sont  consignés  ;  mais  plusieurs  circonstances  les  rendent 
impropres  a  la  comparaison  que  je  désirerais  faire  :  1"  ils  concer- 
nent tout  le  royaume,  sans  établir  de  subdivisions;  S" la  rubrique 
relative  h  la  profession  de  bouilleur  y  est  commune  à  la  profession 
de  mineur,  en  général,  et  1  celles  de  carrier,  terrassier,  etc.; 
3*  ils  ne  portent  point  le  nombre  total  des  individus  de  chaqne 
profession ,  indication  indispensable  pour  obtenir  la  proportion 
relative  des  criminels  ou  des  délinquants  des  divers  métiers. 

Je  dois  donc  renoncer  au  procédé  que  j'ai  indiqué,  et  qui  résou- 
drait la  question  d'une  manière  rigoureuse,  pour  m'en  tenir  à  des 
généralités. 

le  pense  que  les  crimes  et  délits  contre  les  personnes  et  contre 
les  propriétés ,  sont  très-peu  communs  parmi  les  houiHeurs.  Nous 
venons  de  traverser  un  hiver  qui  a  été  pour  eux  une  époque  cri- 
tique :  la  douceur  de  la  température  a  permis  à  bien  des  gens  dé 
diminuer  leur  consommation  de  combustible ,  a  d'autres  de  fa 
supprimer  tout  à  fait  ;  l'état  déplorable  des  chemins  de  traverse, 
défoncés  par  les  pluies ,  ont  empêché  les  habitants  de»  campagnes 
de  faire  leurs  approvisionnements,  ou,  au  moins,  de  les  faire  aussi 
oomplels  que  d'habitude  ;  par  suite ,  beaucoup  de  charbonnages' 
ont  diminué  leur  extraction  et  ont  dû,  les  uns  renvoyer  Un  certain1 
nombre  de  mineurs,  les  autres  n'employer  les  leur»  qite  trois  ou 
quatre  jours  par  semaine  ;  d'un  autre  côté,  les  substances  de  pre- 
mière nécessité  ont  subi  une  augmentation  assez  notable,  par  suite 
de  ta  présence  momentanée,  dans  certaines  localités  dé  l'arrondis- 
sement de  tibarleroy ,  d'une  grande  quantité  de  terrassiers  étran- 
gers, occupés  à  la  démolition  et  à  la  reconstruction  des  ouvrages 
de  fortification  de  la  ville  de  Cbarleroy  et  à  la  construction  du 
chemin  de  fer.  Cependant  les  bouilleurs,  dont  les  ressources  ont 
été  ainsi  paralysées  ou  réduites ,  supportent  patiemment  leur  dé- 
tresse, en  attendant  des  temps  plus  heureux,  et  aucun  crime  ni 


^y  Google 


390  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

aucun  délit  notable,  non  pas  justifié,  mais  provoqué  et  expliqué 

par  la  misère,  n'a  été  révélé  par  la  voix  publique. 

Les  diverses  profusions  exercées,  et  les  différentes  natures  de 
localités  où  on  les  pratique,  ont,  certes,  une  grande  influence  sur 
les  habitudes  et  sur  la  moralité  des  individus.  C'est  ainsi  que  la 
profession  de  mineur,  exercée  comme  elle  l'était  jadis  dans  le  pays 
qui  forme  aujourd'hui  l'arrondissement  de  Charleroy ,  a  eu ,  en 
certains  points,  de  fâcheux  résultats  pour  les  mœurs  des  houilleurs. 

Nous  avons  vu  qu'autrefois  les  seigneurs  hauts  justiciers  concé- 
daient les  mines  de  houille  par  couches  et  par  fragments  de  cou- 
ches ;  on  sent  que  les  concessionnaires  devaient  être  extrêmement 
nombreux  ;  généralement  ils  travaillaient  par  eux-mêmes  les  gîtes 
qui  leur  avaient  été  accordés;  mais,  pour  travailler  sa  propre 
couche,  il  fallait  parfois  traverser,  toucher  celle  de  son  voisin, 
qui,  plus  riche  que  celle  dont  on  était  propriétaire,  pouvait  inspi- 
rer des  tentations  auxquelles  on  ne  résistait  pas  toujours.  Les  eaux 
étaient  alors  comme  aujourd'hui,  et  plus  qu'aujourd'hui,  un  grand 
obstacle  a  l'exploitation  des  mines  :  quelquefois  il  était  bien  plus 
facile  de  s'en  débarrasser,  en  les  envoyant  à  un  voisin  en  position 
de  les  recevoir,  que  d'employer  des  moyens  d'art  pour  les  épuiser  ; 
on  adoptait  le  parti  le  plus  prompt  et  le  plus  économique.  Souvent, 
il  faut  le  reconnaître]  les  auteurs  de  oes  faits  pouvaient  les  prati- 
quer a  leur  insu ,  car  les  évolutions  et  les  dérangements  des  cou- 
ches sont  si  fréquents  dans  la  partie  du  terrain  boitiller  comprise 
dans  l'arrondissement  de  Charleroy  ,  qu'une  couche  pouvait  être 
prise  pour  une  autre ,  des  communications  pouvaient  -se  trouver 
ainsi  pratiquées  entre  les  travaux  de  deux  exploitations  et  livrer 
passage  de  l'une  dans  l'autre  ;  de  plus ,  ces  circonstances  avaient 
fini  par  devenir  fréquentes  et  réciproques  au  point  de  perdre,  aux 
yeux  des  concessionnaires,  toute  leur  gravité  morale.  De  cet  état 
de  choses,  il  résultait  des  contestations  extrêmement  nombreuses, 
dans  lesquelles  l'une  des  deux  parties  devait  nécessairement  nier 
ce  qui  était  la  vérité,  ou  affirmer  ce  qui  ne  l'était  pas  j  de  là,  parmi 
cette  classe  d'industriels  à  cette  époque,  un  esprit  processif  et  porté 
au  mensonge.  Un  certain  nombre  des  houilleurs  actuels  sont  les 
fils  des  concessionnaires  d'autrefois ,  et  l'on  doit  reconnaître  que , 
sous  le  point  de  vue  qui  nous  occupe,  ils  ne  sont  point  entièrement 
dépossédés  de  l'héritage  paternel. 

Quant  aux  habitudes  de  désordre  et  d'ivrognerie ,  je  partage 
entièrement. l'avis  énonce,  par  M.  l'ingénieur  en  chef  Gonot,  dans 


^y  Google 


PREMIÈRE  DIVISION  (HA1NAUT}.  291 

un.  rapport  qu'il  a  adressé  à  M.  le  gouverneur  de  la  province  de 
Hainaut ,  et  qui  est  inaéré  en  extrait  dans  celui  de  la  députation 
permanente  du  conseil  provincial  pour  1842,  page  319  et  sui- 
vantes. ■  Je  suis,  dit  ce  Fonctionnaire,  porté  à  conclure  que 
«  les-  habitudes  d'ivrognerie  et  d'intempérance   sont   beaucoup 

■  moins  répandues  panai  les  ouvriers  mineurs  qu'on  ne  le  croit 
"  généralement ,  et  que,  dans  celte  classe,  comme  dans  toutes  les 

■  autres,  c'est  Une  minorité  même  Assez  faible  qui  se  livre  au 
•  désordre.  » 

H,  Gonot  tire  cette  conclusion  de  la  circonstance,  *  que  chaque 

■  individu,  homme,  femme  ou  enfant  de  U  classe  des  ouvriers 
«  charbonniers,  ne  peut  compter,  pour  se  loger,  se  vêtir  et  vivre, 

■  que  sur  une  rétribution  moyenne  de  soixante- trou  centimes  par 

■  jour.  »  Le  rapport  d'où  j'extrais  ces  deux  passages  est  de  1842, 
A  la  date  du  29   mai  1841,  j'ai  eu  l'occasion  de  consulter 

M.  Galles,  directeur  de  la  mine  de  la  Saisonnière,  sur  la  dépense 
annuelle  d'un  mineur  homme  fait.  Je  tiens  de  son  obligeance  le 
devis  suivant  : 

Fr. 

Pain  par  jour. .     .         0  36 

Beurre,  fromage,  etc.  ........         0  10 

Tabac,  boisson. 0  14 

Total  par  jour.     .  0  50 

Soit  par  an.     ...  182  50 

Deux  bahits  de  fosse  par  an,  à  trois  francs  chacun.         6  00 
Deux  cultes  (chemises  de  fosse),  à  deux  francs 

chacune. 4  00 

Habillement  du  dimanche,  un  pour  six  ans,  à  rai- 
son de  cinquante-quatre  francs,  soit  par  an.  9  00 

Une  chemise  des  dimanches 4  00 

Deux  paires  de  soulier* 11  00 

Deux  sarraus 16  00 

.                         Total  par  an,  fr.     .     .     232  50 
Soit  par  jour 0  63  £ 

Cette  concordance  remarquable  entre  le  travail  de  M.  Gonot 
et  celui-ci,  dont  il  n'a  eu  aucune  connaissance,  tend  à  prouver- 
leur  exactitude  mutuelle.  Dans  le  devis  de  M.  Gâtiez,  il  n'est  pas 
tenu  compte  des  frais  de  logement;  mais  ce  devis  se  rapporte  à  la 
consommation  d'un  homme  fait  ;  une  femme  ou  un  enfant  con- 


^y  Google 


192  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

somment  moins,  et  c'est  sur  celte  différence  en  moins  que  l'on 
trouve  la  somme  nécessaire  pour  le  logement  et  pour  la  viande 
dont  les  malheureux  bouilleur*  ne  peuvent  faire  usage  que  bien 
rarement. 

Or,  je  le  demande,  comment  pourrait-on  prétendre  que  des 
gens  auxquels  0,63  -^  sont  indispensable*  pour  satisfaire  aux  con- 
ditions les  plus  rigoureuses  de  leur  conservation ,  et  dont  le  salaire 
moyenne  s'élève  qu'à  63  c,  puissent  être  ivrognes  et  débauchés? 

Quant  aux  relations  illicites  entre  les  sexes  chez  les  houilleurs, 
j'ai  eu  occasion  de  reconnaître,  en  commençant,  que  je  le*  croyais 
fréquentes;  mars,  dans  l'état  actuel  des  choses,  tant  que  le  péle- 
méle  des  sexes  subsistera,  peut-on  s'étonner  beaucoup  s'ils  succom- 
bent aux  tentations  auxquelles  on  les  expose  si  imprudemment?  Je 
ne  pense  pas,  au  reste,  que  les  désordres  de  celte  espèce,  ohez 
les  houilleurs,  soient  beaucoup  plus  nombreux  que  dans  les  ateliers 
d'autres  travailleurs,  où  les  sexes  sont  confondus;  disons  aussi  que, 
si  ces  désordres  sont  déplorables,  ils  ne  paraissent  pas,  du  moins, 
avoir  donné  lieu  aux  crimes  qu'ils  pouvaient  faire  craindre.  Depuis 
six  ans  que  j'habite  le  centre  de  l'arrondissement  de  Charleroy , 
aucun  fait  d'infanticide  ou  d'exposition  d'enfant,  dans  les  com- 
munes minérales,  n'est  venu  k  ma  connaissance.  J'en  conclus  que 
les  premiers  ont  été  nuls ,  et  les  seconds  nuls  ou  fort  rares.  On 
peut  avancer  que,  généralement,  dans  les  familles  de  bouilleurs, 
une  fille  enceinte  ne  tarde  pas  à  épouser  son  séducteur.  Il  est  donc 
vrai  de  dire  que,  ai  les  houilleurs  s'abandonnent  aisément  à  leurs 
passions,  ils  s'empressent  de  réparer  leur  faute,  du  moment  qu'un 
dommage  matériel,  appréciable  pour  eux,  semble  devoir  en  être  le 
résultat  (1). 

Un  reproche  que  l'on  n'a  presque  pas  le  courage  d'adresser  aux 
mineurs,  et  qui  serait  mérité,  c'est  celui  de  manquer  de  prévoyance 
et  de  ne  pas  chercher,  au  moyen  d'épargnes  dans  les  circonstances 
favorables,  à  s'assurer  des  ressources  pour  les  temps  critiques.  Le 
taux  de  leur  salaire  a,  vers  1838,  subi,  pendant  un  an  ou  dix-huit 

(1)  Ce  n'eit  pu  dam  la  claue  aeule  des  houilleurs  que  les  jeunet  gens  ne  ie 
marient  guère  que  lorsque  leur  union  cjjt  auaii  bien  une  réparation  pour  le  pasis 
qu'une  eoniécration  et  un  lien  pour  l'avenir.  Dana  un  certain  nombre  de  communes 
de  iïirtn-Sambre-et-lwue,  pays  «iiontieDeineul  agricole  et  Foreatier,  il  set  d'Etage 
coûtant  et  immémorial  que  chaque  jiune  fille  <rui  contracte  mariage,  muu  que  dei 
apparence!  extérieure!  en  démontrent  la  neecsiité ,  offre  on  coeur  en  argent  à  la 
Vierge  de  M  paioiue-  le  connais  des  paroiliei  où  il  n'y  a  guère  de  cet  cceurs  votifs, 
et  l'on  m'a  amii  é  qu'il  en  ouatait  on  il  n'y  en  avait  pai  du  tout. 


^y  Google 


PREMIÈRE  DP7IS0N  (FUBuWT).  393 

mois,  ime  augmentation  considérable  qui,  pour  quelques  classes , 
allait  au  delà  de  100  p.  %.  Les  objets  de  première  nécessité 
avaient,  à  la  vérité,  subi  une  hausse  ;  mais  elle  était  bien  loin 
d'atteindre  ce  taux.  Eh  bien ,  quand  les  choses  ont  changé  de 
face ,  quand  la  réaction  est  venue  faire  baisser  les  salaires ,  les 
mineurs  se  sont  retrouvés  aussi  malheureux  qu'auparavant,  et 
même  plus  ;  car  ils  avaient  contracté  des  habitudes  de  bien-être 
qu'ils  ne  pouvaient  plus  satisfaire.  Disons  cependant  que  ce  n'est 
point  hors  de  leurs  domiciles  que  l'argent  avait  été  dissipé  ;  on 
l'avait  dépensé  en  famille,  à  faire  meilleure  chère,  et  à  se  procurer 
des  vêtements  et  des  objets  peu  en  harmonie  avec  la  profession. 
Les  habits  noirs,  les  fleurs  artificielles  et  les  montres,  ont  absorbé 
une  grande  partie  des  revenus  ;  mais  je  dis  que  l'on  hésite  a  faire 
aux  mineurs  un  grief  de  ce  défaut  d'ordre ,  tant  il  est  naturel  de 
vouloir  jouir  un  peu,  après  avoir  été  accablé  de  privations  de  tout 
genre,  tant  il  est  facile  de  s'aveugler  sur  la  durée  d'un  état  de 
choses  qui  vous  procure  un  bien-être  inconnu  !  Remarquons  ici 
qu'il  n'existe  de  caisse  d'épargne  pour  les  mineurs,  ni  à  Char- 
leroy,  ni  dans  aucun  des  grands  centres  industriels  de  rarron- 


Sous  le  rapport  de  l'intelligence,  enfin,  je  ne  pense  pas  que  les 
ouvriers  bouilleurs ,  en  généra) ,  le  cèdent  aux  ouvriers  d'aucune 
autre  profession,  et  je  crois  qu'ils  remportent  sur  ceux  d'un  grand 
nombre.  Pour  être  bon  ouvrier  bouilleur,  il  faut  être  un  peu  for- 
geron, un  peu  charpentier,  un  peu  mécanicien,  un  peucordier,  etc.; 
il  faut  être  inventif,  et  surtout  observateur  ;  car  la  vie  du  bouilleur 
dépend  de  cette  dernière  qualité.  Si  l'intelligence  qu'il  possède  n'est 
guère  développée  que  sur  certains  sujets  spéciaux,  et  est  souvent  fort 
bornée  sur  des  matières  générales ,  cela  tient  à  la  nature  de  son 
travail,  qui  le  séquestre  de  tout  commerce  avec  les  gens  du  monde. 
Privé,  pendant  les  trois  quarts  de  son  existence,  de  la  lumière  du 
jour  et  de  la  vue  des  événements  ,  on  ne  doit  pas  s'étonner  de  le 
trouver  étranger  a  bien  des  idées  familières  aux  gens  d'autres 
professions,  qui  vivent  et  travaillent  dans  les  conditions  ordinaires, 
et  qui  sont  en  rapport  journalier  avec  le  reste  des  hommes.  - 

$§  7  et  8 .  —  Je  viens  d'exposer  franchement  les  vices  comme  les 
qualités  des  bouilleurs.  Che&  ces  hommes  pour  lesquels ,  pendant 
longtemps,  on  a  peu  fait,  chez  ces  hommes  livrés  à  leurs  propres 
instincts,  la  somme  du  bien  l'emporte  évidemment,  et  de  beaucoup, 


^y  Google 


294  RÉPONSES  DES  INGENIEURS  DES  UNES. 

sur  celte  dû  mal.  Que  l'attention  des  législateurs  se  porte  avec 
intérêt  sur  ceux  qui  fournissent,  à  notre  pays  le  premier  et  le  phi» 
sur  élément  de  la  richesse ,  et  cet  état  de  choses  ne  tardera  pas  à 
s'améliorer  encore. 

J'ai ,  dans  les  pages  qui  précèdent ,  signalé  le  mal  el  indiqué  le 
remède,  je  me  résumerai  en  peu  de  mots  : 

Le  mal  provient  de  ce  que  l'on  admet  a  pratiquer  la  profession 
de  bouilleur  :<  1" -des  personnes  du  sexe  féminin,  sexe  auquel  celte 
profession  devrait  rester  complètement  étrangère  ;  2°  des  individus 
du  sexe  masculin  au-dessous  de  l'âge  de  quatorze  ans.  Ces  deux 
causes  amènent,  entre  autres,  les  désordres  moraux  dont  j'ai  parlé, 
produisent  une  dégénérescence  physique  déplorable,  et  maintien- 
nent  les  bouilleurs  dans  un  état  d'ignorance  qui  ne  l'est  pas  moins. 

Si  l'on  veut,  comme  on  le  doit,  soustraire  cette  classe  si  digne 
d'intérêt  aux  causes  de  dégradation  physique  et  morale  auxquelles 
elle  est  en  proie ,  ce  n'est  point  avec  des  demi-moyens  que  l'on  y 
pourra  parvenir.  C'est  en  vain  que  l'on  prendrait  des  mesures  pour 
supprimer  ou  diminuer  le  travail  nocturne  pour  les  mineurs  de  tel 
ou  tel  Age;  c'est  en  vain  que  l'on  exigerait  que  les  enfants  fréquen- 
tassent les  écoles  jusqu'à  dix  ans  pour  être  reçus  mineurs  el  conti- 
nuassent a  les  suivre  jusqu'à  douze ,  exigence  incompatible  avec 
leur  travail  ;  ces  dispositions ,  je  crois  l'avoir  démontré ,  seraient 
inexécutables  et  inefficaces.  Celles,  beaucoup  plus  simples  et 
beaucoup  plus  énergiques,  que  j'ai  indiquées,  peuvent  seules  faire 
atteindre  promptement  et  complètement  le  but.  L'exclusion  abso- 
lue des  mines  :  1"  des  femmes  de  tout  âge;  3°  des  enfants  mâles 
au-dessous  de  quatorze  ans  ;  leur  remplacement  par  des  chevaux  ; 
voilà  le  remède  au  mal  existant.  Il  faut  y  ajouter  l'obligation,  pour 
tout  individu  de  quatorze  ans  sollicitant  un  livret  de  mineur ,  de 
prouver  qu'il  sait  lire ,  écrire  el  compter ,  et ,  si  jamais  obligation 
a  été  justifiée,  c'est  bien  dans  ce  cas,  puisque  les  enfants  de  mineurs 
jouiront  pendant  quatre  ou  cinq  ans  (en  supposant  qu'on  élève 
encore  l'âge  d'admission),  des  bienfaits  d'une  éducation  gratuite. 
Ainsi  l'on  obtiendra  une  amélioration  physique  dans  la  race  ,  une 
instruction  prompte ,  suffisante ,  et  que  le  temps  n'effacera  plus  ; 
on  dotera  les  familles  de  mineurs  et  le  pays  de  Charleroy,  d'une  indus- 
trie qui  mettra  les  premières  &  l'abri  des  crises  commerciales  qui 
s'y  renouvellent  si  souvent,  qui  procurera  au  second  une  plus  grande 
somme  de  bien-é(re ,  obtenue  à  meilleur  marché ,  el  qui  augmen- 
tera la  valeur  du  sol  ;  on  permettra  aux  exploitants  des  mines  de 


ly  Google 


DEUXIÈME  DIVISION  (NÀMUR  ET  LUXEMBOURG).  295 

houille  d'améliorer  directement  et  immédiatement  le  roulage  inté- 
rieur; de  réaliser  ainsi  une  grande  économie  sur  cet  élément  du 
prix  de  relient;  d'introduire,  dan*  d'autre*  parties  de  l'exploita- 
tion, d'autres  améliorations,  conséquence*  inévitable*  de  celle-là; 
et ,  pour  résultat  final ,  de'  livrer  &  meilleur  marché  au  commerce 
le  combustible  minéral ,  source  primitive  de  la  puissance  indus- 
trielle de  la  Belgique. 

Peut-être ,  dans  ce  que  je  viens  d'exposer ,  se  trouvera-t-il  des 
choses  qui  peuvent  alarmer  certains  intérêts  particuliers  mal 
entendus,  froisser  des  idées  reçues,  déranger  de*  habitudes  prises  : 
je  le  regretterai*.  Mais  le  mal  frappait  depuis  longtemps  me*  veux, 
une  occasion  s'est  présentée  de  le  signaler  et  d'indiquer  les  moyens 
de  l'atténuer  :  je  l'ai  saisie.  J'ai  dit  ce  qui,  selon  moi,  est  la  vérité. 
Il  ne  me  reste  qu'à  mire  des  vœux  pour  que  ce  qu'il  peut  y  avoir 
de  bon  et  de  pratique  dans  les  idées  que  j'ai  émises,  ne  reste  point 
stérile. 

AtrillSU. 

L'Ingénieur  de*  mines  du  deuxième  district. 
Edo.  Bidaut. 


-Réponses  de  M.  l'Ingénieur  en  chef  de  la  faxit»  frisûm  des  mines. 


El  JMooMJieut  &  JUVwWtw  ia  3taaau.r,  pufâoX/. 

tant,  U  31  jurin  «U. 

MoHSIEUB.  LeMibI9TRE, 

J'ai  cherché  a  me  procurer  les  renseignement*  nécessaires  pour 
répondre  aux  diverse*  questions  qui  ont  été  présentées,  par  BJ.  le 
Ministre  de  l'intérieur,  relativement  au  travail  des  entants  employés 
dans  les  mines.  Ce  que  je  savais  de  la  manière  dont  le  travail  était 
organisé  dans  les  mines  de  la  deuxième  division  me  portait  à  con- 
sidérer comme  peu  nécessaire,  pour  cette  division,  l'adoption  de 
mesures  réglementaire* ,  dans  l'intérêt  des  jeunes  ouvriers.  C'est 
ce  que  confirment  les  renseignement*  recueillis  par  MB.  les  offi- 
ciers des  mines. 


ly  Google 


396  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DBS  MINES. 

Le  nombre  total  des  ouvriers  employé» ,  dam  cette  division  ,  h 
l'extraction  de  la  bouille  et  travaillant  dan»  l'intérieur  des  mines , 
est  de  huit  cent  soixante- trois,  dont  hait  cent  quarante  et  un 
du  sexe  masculin ,  et  douce  seulement  du  sexe  féminin.  Sur  ce 
nombre ,  l'on  compte  deux  cent  trente-deux  jeunes  ouvriers  de 
douze  à. seize  ans,  parmi  lesquels  il  ne  s'en  trouve  que  deux  du 
sexe  féminin. 

Le  travail  n'a  lieu,  pendant  la  nuit,  que  dans  un  très-petit  nombre 
d'exploitations  ;  l'on  n'y  emploie  guère  plus  de  quarante-cinq  jeunes 
ouvriers  de  douce  à  seize  ans  et  ils  alternent,  pour  la  plupart, 
chaque  semaine,  avec  Ceux  qui  travaillent  pendant  le  jour.  L'on  ne 
remarque  pas  que  les  jeunes  ouvriers  qui  travaillent  pendant  la 
nuit  soient  moins  forts  ni  moins  bien  portants  que  «eux  qui  ne 
travaillent  que  pendant  le  jour.  Je  ne  pourrais  citer  aucune  obser- 
vation à  l'appui  des  mesures  exceptionnelles  dont  On  propose 
l'adoption,  et  quant  à  l'âge  que  les  jeunes  ouvriers  devraient  avoir, 
pour  être  admis  au  travail  de  nuit ,  et  quant  au  nombre  de  nuits 
de  travail  par  semaine.  Ces  mesures  me  sembleraient,  d'ailleurs, 
devoir  rencontrer  de  grandes  difficultés  dans  leur  application. 

Sous  le  rapport  de  l'instruction ,  les  ouvriers  qui  travaillent 
pendant  la  nuit  ont  plus  de  temps  pour  fréquenter  les  écoles  que 
ceux  qui  travaillent  pendant  le  jour;  ces  derniers  ne  peuvent 
suivre  que  les  écoles  du  soir ,  là  où  il  en  existe.  En  général ,  les 
écoles  sont  peu  fréquentées  par  les  jeunes  ouvriers  mineurs; 
presque  tous  ceux  qui  savent  lire  et  écrire  l'ont  appris  avant  de 
commencer  à  travailler.  Nous  avons  vu  que  leur  apprentissage  ne 
commençait  pas,  dans  cette  division,  avant  l'âge  de  douxe  ans; 
à  cet  âge  ils  devraient  tous  savoir  lire  et  écrire.  Cependant  il  a 
été  constaté  que  les  deux  tiers  au  moins  étaient  incapables  de 
signer  leur  nom, 

J'ai  aussi  recueilli  quelques  renseignements  sur  l'âge  moyen 
auquel  parviennent  les  ouvriers  mineurs;  en  réunissant  les  âges 
de  tous  les  ouvriers  morts  pendant  une  période  de  dix  années  et 
divisant  par  le  nombre  des  morts,  dont  on  a  retranché  ceux  qui 
ont  péri  par  accident ,  l'on  a  trouvé  que  la  durée  moyenne  de  la 
vie  du  mineur  parvenu  k  l'âge  de  douze  ans  ,  qui  est  celui  auquel 
il  commence  à  travailler ,  dans  les  mine*  de  la  deuxième  division , 
était  de  cinquante-quatre  ans. 

Les  ouvriers  mineurs  parviennent  généralement ,  dans  cette 
division,  à  un  âge  assez  avancé  ;  cependant  ils  se  plaignent  presque 


^y  Google 


DEUXIÈME  DIVISION  (NÀMUR  ET  LUXEMBOURG).  397 

tout  de  la  poitrine,  et  meurent  la  plupart  asthmatiques.  Cette 
affection  les  oblige  à  renoncer  au  travail  de  bonne  heure  ;  il  est 
rare  de  voir ,  dans  les  mines ,  des  ouvrier*  âgés  de  plus  de  cin- 
quante à  cinquante-cinq  ans. 

Il  est  néanmoins  à  observer  que  si  les  affections  de  poitrine 
sont  si  communes  parmi  les  vieux  mineurs  de  cette  division,  il  faut 
surtout  l'attribuer  à  oe  qu'on  n'apportait  anciennement  aucun  soin 
à  la  conduite  de  l'aérage  ;  au  point  que  les  ouvriers  devaient  sou- 
vent travailler  sans  lumière.  Aujourd'hui  que  l'on  attache  la  plus 
grande  importance  à  l'assainissement  des  travaux  et  à  rétablissement 
d'un  bon  aérage,  l'on  verra  probablement  diminuer  le  nombre  de 
ces  affections  qui  déciment  les  ouvrier*  bouilleurs  et  les  rendent 
invalides  à  un  âge  ou  l'homme  est  encore  dans  toute  se  vigueur. 

Les  éléments  me  manquent  pour  établir  une  comparaison ,  sous 
le  rapport  de  la  moralité ,  entre  l'ouvrier  mineur  et  l'ouvrier  des 
fabriques.  Je  suis  néanmoins  porté  à  croire  que  la  comparaison 
serait  tout  à  l'avantage  du  premier,  dans  la  deuxième  division 
surtout.  Mais  il  y  a  encore  une  distinction  à  faire  entre  les  ouvriers 
des  fabriques  dont  les  ateliers  sont  situés  dans  l'intérieur  ou  à 
proximité  des  villes ,  et  ceux  dont  les  ateliers  sont  éloignés  de  ces 
grands  fovera  de  corruption.  L'on  peut  faire  a  ces  derniers,  comme 
aux  ouvriers  mineurs  ,  l'application  de  cette  règle  que  les  popula- 
tions des  campagnes  sont  généralement  plus  morales  que  celles  des 
grandes  villes. 

Dans  les  campagnes,  l'ouvrier  a  presque  toujours  son  habitation 
a  lui;  il  est  rare  qu'il  n'y  joigne  pas  un  petit  jardin  ou  un  morceau 
de  terre  qu'il  cultive  dans  ses  instants  de  loisir  ;  il  se  marie ,  et  les 
devoirs  de  la  famille  absorbent  tout  son  temps. 

Dans  les  villes,  l'ouvrier  peut  moins  facilement  s'établir;  l'isole- 
ment et  le  désoeuvrement  dans  lesquels  il  se  trouve,  hors  des  heures 
de  travail ,  joints  aux  nombreuses  occasions  de  désordres  que  lui 
offre  le  séjour  des  villes  ,  expliquent  suffisamment  son  inconduite 
et  les  excès  de  tous  genres  auxquels  il  se  livre  pendant  les  journées 
qui  devraient  être  consacrée»  au  repos. 

Cependant,  les  rapports  qui  s'établissent  forcément  entre  le 
mettre  et  l'ouvrier  de*  fabriques  devraient  exercer  une  grande 
influence  sur  la  moralité  de  celte  classe  d'ouvriers.  L'on  remarque, 
en  effet ,  et  l'on  en  trouve  une  exemple  frappant  dans  une  des 
fabriques  de  coutellerie  de  la  ville  de  Namur ,  que  partout  où  le 
maître  a  su  maintenir  une  discipline  sévère  et  où  les  règlements 


^y  Google 


398  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

punissent  t'iricooduite,  comme  la  négligence  et  l'inexactitude  dans 
le  travail ,  l'on  n'a  pas  tardé  à  avoir  des  ouvriers  probes ,  rangés , 
laborieux ,  et  d'autant  plus  dévoués  à  leur  maître  que  celui-ci  s'est 
montré  plus  sévère  à  leur  égard.  Ne  doit-on  pas  en  conclure  que 
l'inconduite des  ouvriers  provient  presque  toujours  de  l'indifférence 
des  maîtres? 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  rapports  si  désirables  entre  le  maître  et 
l'ouvrier  n'existent  presque  jamais  pour  l'ouvrier  mineur  qui  tra 
vaille ,  le  plus  souvent ,  pour  des  maîtres  qu'il  ne  connaît  pas  et 
qu'il  lia  même  jamais  vus.  Il  n'est  ordinairement  en  relation  qu'avec 
des  contre-maîtres  dont  la  rudesse  de  manières  et  de  langage  est 
peu  propre  à  adoucir  le  caractère  quelque  peu  farouche  de  nos 
ouvriers  mineurs. 

Cependant,  dans  la  deuxième  division  ,  les  ouvriers  mineurs  se 
trouvent  encore,  sous  ce  rapport,  dans  une  situation  exceptionnelle 
qui  doit  exercer  une  heureuse  influence  sur  leur  moralité  et  leur 
discipline.  La  plupart  des  exploitations  sont ,  en  effet,  possédées 
par  des  personnes  du  pays ,  résidant  sur  les  lieux  et  dirigeant 
presque  toujours  ces  exploitations  par  elles-mêmes.  Elles  connais- 
sent donc  parfaitement  les  familles  de  leurs  ouvriers  et  elles  s'y 
intéressent.  Je  dois,  d'ailleurs,  déclarer  à  l'honneur  des  conces- 
sionnaires des  mines  de  bouille  de  la  province  de  Namur,  que  je  les 
ai  toujours  vus  adopter  avec  empressement  toutes  les  mesures  qui 
pouvaient  contribuer  au  bien-être  et  à  la  conservation  de  leurs 
ouvriers.  De  leur  côté ,  tes  ouvriers  restent  attachés ,  pendant  de 
longues  années ,  aux  mêmes  exploitations ,  et ,  s'il  s'élève  quelques 
contestations  entre  eux  et  leurs  maîtres,  elles  se  terminent  toujours 
à  l'amiable. 

Je  ne  me  suis  occupé,  jusqu'ici,  que  des  ouvriers  qui  travaillent 
dans  les  mines  de  houille  ;  je  dois  cependant  dire  aussi  quelques 
mots  de  ceux  qui  s'adonnent  à  l'extraction  du  minerai  de  fer  et  qui 
sont ,  dans  cette  division ,  plus  nombreux  que  les  premiers.  Hais, 
comme  il  est  rare  que  les  jeunes  ouvriers  commencent  a  travailler 
dans  les  minières,  avant  l'âge  de  quinze  à  seize  ans,  et  qu'ils  ne  tra- 
vaillent jamais  la  nuit,  les  dispositions  proposées  par  H.  le  Ministre 
de  l'intérieur  ne  leur  sont  pas  applicables.  Les  mineurs  de  fer, 
exposés  à  moins  de  dangers  que  les  ouvriers  bouilleurs,  se  trouvent 
encore  ,  sous  le  rapport  hygiénique ,  dans  des  conditions  bien  plus 
favorables.  Les  minières  n'atteignent  généralement  qu'une  faible 
profondeur   et   les   galeries  présentent  toujours  d'assez  grandes 


^y  Google 


DEUXIÈME  DIVISION  (NAMUB  ET  LUXEMBOURG).  299 

dimensions  pour  que  l'ouvrier  y  travaille  parfaitement  à  l'aise. 
Lee  mineurs  de  fer  s'arrangent,  d'ailleurs,  de  manière  à  travailler 
alternativement  à  l'intérieur  et  a  l'extérieur  de  la  minière,  a  abattre 
le  minerai  et  à  l'élever  a  la  surface.  Enfin,  pendant  la  belle  saison, 
les  travaux  agricoles  viennent  presque  toujours  faire  diversion  aux 
travaux  des  minières.  Aussi ,  les  mineure  de  fer  ne  paraissent-  ils 
sujets  a  aucune  des  maladies  qui  atteignent  les  ouvrier*  bouilleurs 
et  se  distinguent-ils ,  au  contraire ,  par  une  haute  stature  et  une 
vigueur  peu  commune.  Ile  l'emportent  encore  généralement  sur  les 
ouvriers  bouilleurs  par  plus  d'instruction  et  de  moralité.  Cependant, 
je  dois  dire,  à  regret,  que  dans  une  partie  de  la  province  où  leurs 
conventions  avec  lee  propriétaires  de  la  surface  lee  'obligent  à  se 
pourvoir ,  à  leurs  frais ,  dee  bois  nécessaires  au  soutènement  des 
travaux ,  il  ee  commet  de  nombreux  délits  forestiers  dont  on  les 
accuse  d'être  les  auteurs.  11  serait  donc  à  désirer,  dans  l'intérêt  de 
la  morale  publique ,  de  voir  généralement  adopter  la  règle  suivie 
par  le  plus  grand  nombre  des  propriétaires  de  la  surface  et  des 
maîtres  de  forges,  de  fournir  aux  ouvriers  le  bois  qui  leur  est 
nécessaire.  L'on  peut  encore  en  faire  une  question  d'humanité , 
car,  dans  le  désir  d'économiser, un  peu  de  bois ,  ces  malheureux 
s'exposent  à  des  accidents  dont  île  ne  sont  que  trop  souvent  . 
victimes. 

En  résumé,  M.  le  Ministre,  les  investigations  auxquelles  je  me 
suis  livré ,  en  suite  de  votre  dépêche  du  30  décembre  dernier ,  ne 
m'ont  fait  découvrir  ,  dans  la  manière  dont  le  travail  est  organisé 
dans. les  mines  de  la  deuxième  division,  aucun  abus  qui  soit  de 
nature  à  nécessiter  l'adoption  de  mesures  réglementaires  telles  que 
celles  dont  il  est  parlé  dans  la  note  qui  accompagnait  la  dépêche 
précitée. 

Si  des  abus  étaient  a  craindre,  je  croîs  que,  de  toutes  les  mesures 
proposées,  la  plus  efficace  serait  celle  qui  établirait  que  «  nul  enfant 
âgé  de  moins  de  douze  ans  ne  serait  admis  dans  les  mines  qu'autant 
que  ses  parents  ou  tuteurs  justifient  qu'il  fréquente  une  école  publique 
où  privée ,  et  que  tout  enfant  admis  devrait ,  jusqu'à  douze  ans , 
suivre  une  école.  ■  Hais  j'irais  plus  loin  ;  je  proposerais  de  rap- 
porter les- dispositions  du  décret  du  3  janvier  1813,  qui  fixent  a  dix 
ans  l'âge  auquel  les  enfants  peuvent  être  admis  dans  les  mines,  et 
je  défendrais,  sans  exception,  de  recevoir  dans  les  mines,  minières 
ou  carrières  souterraines,  des  enfants  au-dessous  de  douze  ans.  . 

Je  voudrais  aussi ,  qu'avant  leur  admission,  ces  enfants  fussent 


:>gszed0y  Google 


300  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

examinés  par  des  chirurgiens  attachés  anx  exploitations  ou  à  dési- 
gner par  l'administration,  qui  constateraient  que  ces  enfants  jouis- 
sent d'une  constitution  assez  forte  pour  supporter  les  fatigues  du 
métier  de  mineur. 

Il  serait  même  bon  de  soumettre ,  de  temps  a  autre  ,  ceux  qui 
seraient  admis,  à  un  nouvel  examen ,  pour  s'assurer  de  leur  état 
similaire ,  et  éliminer  ou  éloigner  momentanément  ceux  dont  le 
travail  de*  mines  compromettrait  trop  fortement  la  santé  ou  le 
développement. 

Enfin,  une  mesure  à  laquelle  j'attacherais  la  plus  grande  impor- 
tance, dans  l'intérêt  de  la  morale  et  des  générations  à  venir,  serait 
celle  qui  n'admettrait  au  travail  intérieur  des  mines  que  des  ou- 
vriers du  sexe  masculin. 

L'on  voit,  d'ailleurs,  par  tes  faits  consignés  dans  le  présent 
rapport,  qu'en  œ  qui  concerne  la  deuxième  division,  ces  mesures 
n'apporteraient  que  peu  de  changements  à  ce  qui  existe  aujour- 
d'hui, et  que  leur  adoption  n'offrirait  aucune  difficulté. 

L'Ingénieur  des  mine»,  faisant  fonctions  d'ingénieur 
en  chef  de  la  deuxième  division , 

Gactiek. 


5.  —  Réponses  de  I.  l'Ingénieur  en  chef  de  la  troisième  division  des  ma. 

(liège.)  • 

€L  JIILooHjicut  Ce  JUWuùtte  bei   Suwaux  vuf&cO.. 

Liège,  h  H  xplnta  I8f3 

HonsiKua  i.p  HimsTat, 

J'ai  reçu  successivement,  le  17  mars,  le  28  juin  et  le  8 septembre 
de  cette  année  ,  les  trois  séries  de  réponses  ci-jointes ,  Élites  par 
MM.  les  ingénieurs  des  cinquième ,  septième  et  sixième  districts , 
aux  diverses  questions  posées  par  H.  le  Ministre  de  l'intérieur, 
concernant  le  travail  des  enfants  dans  les  mines  et  usines. 

Il  est  à  remarquer  que  ces  trois  mémoires,  qui  contiennent  tous 


^y  Google 


TROISIÈME  DIVISION  (UÉGE.)  SOI 

des  données  um  intéressantes  pour  m'engager  à  tous  le*  trans- 
mettre intégral ement,  portent  chacun  ua  cachet  particulier,  résul- 
tat naturel  de  la  combinaison  de  deux  élément*  :  1"  l'influence 
des  localités  sur  toutes  les  circonstances  du  travail  dans  les  mines, 
et  sur  les  oonséquences  qu'il  entraîne  sous  le  rapport  hygiénique 
et  moral  ;  2°  la  manière  de  voir ,  l'opinion  plut  ou  moins  précon- 
çue de  chacun  des  auteurs,  sur  ces  divers  points  d'économie  sociale. 
H  résulte  néanmoins  de  l'ensemble  des  faits  signalés  et  des  con- 
sidérations produites,  que  pour  toute  la  division,  «t  abstraction 
faite  des  nuances  d'opinion  qui  partagent  nos  ingénieurs  : 

1"  Sur  environ  dix  mille  cent  cinquante  ouvriers,  il  y  a  approxi- 
mativement douze  cents  garçons  de  dix  à  seize  ans ,  et  six  à  sept 
cents  femmes  dont  moitié  à  peu  près  de  dix  à  seize  ans  ; 

2*  Que  les  femmes  et  surtout  les  jeunes  filles  ne  sont  presque 
jamais  employées  aux  travaux  de  nuit,  et  que,  même  le  jour,  il  est 
rare  qu'elles  travaillent  à  l'intérieur  des  mines  ; 

Que  les  ouvriers  dé  nuit  n'alternent  généralement  pas  avec  ceux 
de  jour,  au  moins  d'une  manière  régulière,  et  que  le  nombre  de 
ceux  de  dix  à  seize  ans  qui  descendent  la  nuit,  est  d'environ  quatre 
cents  sur  douze  cents  ; 

5*  Que ,  s'il  ne  peut  résulter  d'inconvénient  bien  grave  d'une 
mesure  qui  défendrait  tout  travail  de  nuit  aux  enfants  au-des- 
sous de  treize  ans ,  on  ne  pourrait  en  attendre  aucun  avantage 
marqué  ni  sous  le  rapport  hygiénique,  ni  sous  le  rapport  moral  ; 

4"  Que  la  restriction  de  la  défense  a  quatre  nuits  sur  sept  pour 
des  enfants  de  treize  a  seize  ans,  ou  même  de  dix  a  treize  ans , 
n'atteindrait  non  plus  aucun  but  important,  capable  de  compenser 
les  inconvénients  de  cette  prescription. 

Les  principaux  motifs  à  l'appui  de  ces  deux  réponses ,  sont  :  . 
que  le  travail  de  nuit  est  généralement  moins  pénible  que  celui  de 
jour;  qu'il  ne  prive  pas  l'ouvrier  de  la  lumière  bienfaisante  du 
soleil,  et  que  l'air  des  mines,  la  nuit,  est  ordinairement  plus  actif  et 
plus  pur  que  pendant  la  journée  ; 

5°  et  6"  Que  l'instruction  est  en  généra]  moins  répandue  chez 
les  mineurs  que  dans  les  autres  catégories  d'ouvriers;  peut-être 
parce  que  c'est  l'état  où  les  premiers  éléments  de  l'instruction 
recevant  te  moins  d'applications,  portent,  par  conséquent,  le  moins 
de  fruits  ; 

Qu'on  remarque  d'ailleurs,  parmi  les  mineur»,  plus  de  disci- 


laty  Google 


302  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

pline,  de  sentiments  religieux  et  de  principes  moraux,  que  parmi 
les  ouvriers  des  fabriques, et  que,  sous  ce  rapport,  le  besoin  de  la 
lecture,  de  l'écriture  et  du  calcul,  ne  semble  point  se  faire  sentir. 

Peut-être  un  autre  genre  d'instruction,  plus  en  rapport  avec 
leurs  travaux  et  leurs  habitudes,  devrait  remplacer,  pour  eux,  celui 
de  nos  écoles  primaires.  Peut-être. aussi,  comme  l'indique  judi- 
cieusement M.  l'ingénieur  M uese  1er,  accomplirait-on,  *  leur  égard, 
tout  ce  que  commandent  l'hygiène,  la  philanthropie  et  une  sage 
philosophie,  en  donnant,  à  titre  de  récompense ,  aux  familles  qui 
s'en  rendraient  dignes,  les  moyens  de  se  procurer,  a  proximité  de 
leur  habitation,  une  portion  de  terrain  dont  la  culture  les  occupe- 
rait utilement  dans  leurs  moments  de  loisir  ; 
'  7*  Que  les  bienfaits  des  premiers  éléments  de  l'enseignement 
primaire,  pour  la  généralité  des  mineurs ,  ne  sont  pas  assez  bien 
établis ,  pour  que  l'on  s'accorde  &  appeler,  pour  cette  classe  d'ou- 
vriers, une  disposition  législative  analogue  a  la  loi  française  du 
22  mars  1841; 

8°  Qu'il  n'y  a  pas  lieu,  quant  à  présent,  dans  l'intérêt  de  la  santé 
ou  du  développement  physique  de  nos  mineurs,  de  restreindre  les 
travaux  de  nuit  dans  les  mine»  de  la  troisième  division  ; 

9°  Que  l'âge  moyen  auquel  parviennent  les  ouvriers  mineurs , 
même  abstraction  faite  de  l'influence  des  accidents,  varie  sensi- 
blement avec  le*  localités,  ainsi  qu'avec  la  nature,  la  durée  et  la 
rigueur  des  travaux. 

Cet  âge  serait  de  soixante-cinq  ans  pour  les  communes  d'Oupeye, 
Vivegnis,  Herstal ,  Milmorte  et  Vottem ,  où  les  travaux  agricoles 
occupent  le  mineur  presque  autant  que  l'exploitation. 

Il  serait  de  cinquante-cinq  ans  pour  les-commiines  de  Wandre 
et  de  Cheratte  (rive  droite)  ;  de  cinquante-six  ans  pour  les  com- 
munes de  Hollogne-aux-Pierres,  Mons,  FlémaHe,  Chokier,  Awire , 
Horion,  Gleixhe  et  Engis;  de  cinquante  ans  pour  tout  l'arrondis- 
sement judiciaire  de  Huy,  localités  dans  lesquelles  la  position  des 
mineurs  participe  plus  ou  moins  de  la  catégorie  qui  précède. 

Enfin  il  se  réduirait  â  quarante-huit  ans  et  demi  pour  les  com- 
munes de  Liège,  Ans,  Glain,  Saint-Nicolas,  Grâce-Montegnèe, 
Jemeppe ,  et  ne  serait  même  plus  que  de  trente-sept  ans  (1)  pour 

(I)  Ce  résultat,  qui  liiiie  tubiûter  toute  défiance,  ■  été  obtenu  iut  un  chiffre 
de  30  décès,  pendant  lei  quatre  dernièrei  annéei.Juiqu'à  information  plu*  complète, 
cette  oonclutiun  numérique  dott  être  écartée.  (JVofe  de  la  Commune*.  ) 


ly  Google 


TROISIÈME  DIVISION  (LIÈGE  ET  LIMBOURG}.  303 

le»  mines  de  Seraing  et  des  environs.  Ce  dernier  chiffre  toutefois 
est  si  différent  des  autre»  qu'il  y  a  lieu  de  le  vérifier  en  le  dédui- 
sant de  l'observation  d'un  plus  grand  nombre  d'ouvriers.  Quoi 
qu'il  en  soit ,  il  semble  permis  de  conclure  de  ces  données,  que 
c'est  surtout  vers  le  centre  du  bassin ,  là  où  les  raines  sont  plus 
riches,  plus  activement  exploitées  et  plus  profondes,  que  la  vie 
moyenne  de»  mineurs  est  le  plus  abrégée.  Il  sera  intéressant  de 
suivre  de  près  ces  observations  pour  en  déduire,  si  c'est  possible, 
entre  autres  conclusions -,  les  conséquences  de  l'usage  des  échelles 
sur  la  durée  de  l'existence  de  l'ouvrier  mineur;  car  je  n'oserais 
point  encore  tirer  parti,  en  faveur  de  ce  mode  de  communica- 
tion, de  l'observation  suivante  .-  qu'à  égalité  de  profondeur  et  d'ac- 
tivité industrielle,  les  mines  de  la  rive  gauche,  où  l'usage  des 
échelles  est  en  partie  conservé,  sembleraient  donner  pour  l'exis- 
tence une  durée  moyenne  de  onze  an»  de  plu»  que  dan»  les  raine» 
de  Seraing,  où  le»  échelle»  ne  sont  employée»  qu'en  cas  d'accident. 

.  L'Ingénieur  en  chef  des  mines,  ■ 
A.  Drvads. 


-  Réponses  de  i.  l'Ingénieur  du  cinquième  district 
de  la  troisième  division  des  mines. 


[riTtpiUftfelinNM].) 

@L  Mo.  CÔwbwew.  «*  cfief  de  la.  ttuûièuie  dioûtou  ûei  wmti. 

Wp,  b  16  an  OU, 

MOKSOTl  L'iHaiNIBUK  BU  CHEF, 

Donnant  suite  à  votre  dépêche  du  29  décembre  dernier,  j'ai 
,  l'honneur  de  tous  adresser  mes  réponse»  à  ta  série  de  question» 
concernant  le  travail  des  enfants  employés  dans  les  mines  et  usines 
de  la  Belgique. 

1"  ouisTioH.  —  Quel  est,  sur  le  nombre  total  des  ouvriers 


-,:!,,::  ,yC00^le 


304  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

employés  aux  travaux  des  mines,  la  proportion  ou  le  i 
ceux  de  l'âge  de  dix  à  seixe  ans?  —  Distinguer  les  sexes. 

répowse.  —  Sur  six  mille  cent  trente-cinq  ouvriers  travaillant 
dans  Jet  charbonnages  du  cinquième  district,  on  compte  six  cent 
soixante  et  seize  garçons  et  cent  dix  filles  de  l'âge  de  dix  à  seize 


2*  question.  —  Quel  est,  approximativement,  le  nombre  d'ou- 
vriers de  dix  à  seize  ans  qui  travaillent  dans  les  mines  pendant  la 
nuit?  Ceux  de  cette  catégorie  sont-ils  employés  toutes  les  nuits , 
ou  bien  alternent-ils  avec  d'autres? 

bbkmïsb.  —  Deux  cent  dix-buit  garçons  travaillent  toutes  les 
nuits  et  n'alternent  point.  Les  jeunes  filles  ne  sont  jamais  employées 
pendant  la  nuit,  et  il  est  très-rare  d'en  rencontrer  une  dans  la. 
mine.  Elles  sont  toutes  employées  dans  la  point  à  nettoyer  le 
charbon,  les  lampes,  etc. 

3*  question.  —  Une  disposition  qui  dérendrait  d'employer  aux 
travaux  de  nuit,  c'est-à-dire  de  huit  heures  du  soir  à  cinq  heures 
du  matin ,  des  enfants  au-dessous  de  treize  ans ,  aurait-elle  des 
inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  mineurs  7 
Y  aurait-il  lieu  de  faire  une  exception  à  leur  égard  ? 

réponse.  —  Je  ne  vois  aucun  inconvénient  grave  a  interdire 
l'entrée  des  mines,  pendant  la  nuit,  aux  enfants  au-dessous  de 
treize  ans.  Seulement  l'exploitant  serait  obligé  de  payer  plus  cher 
certaine  main-d'œuvre  confiée  aux  petits  garçons.  Le  maintien  de 
i'élat  actuel  serait  plutôt  utile,  comme  on  va  le  voir  par  la  réponse 
à  la  quatrième  question. 

4"  question. —  Si  la  loi  défendait  d'employer  des  enfants  de 
treize  à  seize  ans  aux  travaux  nocturnes  plus  de  trois  nuits  sur  sept, 
y  aurait-il  des  inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers 
mineurs?Et  cette  disposition  serait-elle  réellement  avantageuse  aux 
enfants  de  cette  catégorie,  sous  le  rapport  de  la  santé,  du  dévelop- 
pement et  de  l'instruction? 

«épouse.  —  La  ventilation  est  beaucoup  plus  active  la  nuit 
que  le  jour,  et  le  nombre  de  travailleurs  étant  aussi  beaucoup 
moindre,  il  en  résulte  que  l'ouvrier  de  nuit  respire  un  air  moins 
vicié  et  éprouve  plus  de  sécurité ,  notamment  dans  les  mines  a 
grisou  ;  il  est  aussi  plus  libre  et  moins  gêné  dans  ses  mouve- 
ments, etc. 


^y  Google 


TBOISIÈME  DIVISION  (LIÈGE  ET  LIMBMJRG).  SOS 

Le  travail  de  nuit  commence  entre  lixetiuît  heures  du  soir,  et 
finit  entre  une  heure  et  trois  heures  du  matin  ;  il  n'exige  ni  la  préci- 
sion, ni  la  discipline,  ni  le  concours  de  plusieurs  espèces  d'ouvriers 
comme  Je  travail  de  jour  ;  l'ouvrier  arrive  donc  à  six,  sept  ou  huit 
heures  du  soir  a  ton  poste,  tandis  que  son  camarade  de  jour,  s'il 
te  présente  vingt-cinq  minutes  après  l'heure  fixée  pour  le  commen- 
cement du  travail  >' perd  sa  journée;  ce  qui  arrive  quelquefois,  car  il 
faut  qu'il  se  trouve  à  la  houillère  avant  six  heures  du  matin  ;  dans 
quelques  établissements,  c'est  à  cinq  heures  ou  quatre  heures  et 
demie  du  matin  que  le  chef  mineur  .organise  ses  ateliers. 

L'ouvrier  de  nuit  rentre  chez  lui  avant  quatre  heures  du  matin; 
déjeune,  se  couche  et  dort  six  à  huit  heures;- il  dîne  à-midi  en 
famille,  et  se  repose  toute  l'après-dlnée  ;  l'été  il  s'occupe  l'après-midi 
a  son  jardin  légumier,  etc. 

En  général,  l'ouvrier. de  nuit,  plus  réglé  dans  sa  vie  et  dans 
sa  conduite,  ne  passe  pas  ses  soirées  au  cabaret.  Aussi,  sous  le 
rapport  de  la  santé  et  du  développement  physique,  les  ouvriers  de 
nuit,  de  tout  âge,  l'em portent-ils,  en  général,  sur  ceux  de  jour. 
.  Le  travail  de  jour  finit,  pour  les  enfants  de  dix  à  seize  ans,  entre 
une  heure  et  trois  heures  de  l'après-midi.  Rentrés  chez  eux ,  ils! 
-  mangent  d'abord  et  se  reposent  ensuite  quelques  heures. 

Il  résulte  de  cet  état  de  choses,  qqe  les  enfants  qui  travaillent  la 
nuit  se  trouvent  dans  des  conditions  plus  avantageuses  soit  pour 
la  santé,  soit  pour  l'instruction,  que  les  enfants  de  l'autre  catégorie. 

5*  qtostiok.  —  Les  enfants. employés  dans  les  minet  savent-ils, 
en  général ,  lire  et  écrire?  Ont-ils  .des  heures  libres  pendant  les- 
quelles ils  pourraient  assister  aux  leçons,  soit  des  écoles  du  jour, 
toît  des  écoles  du.  soir,  là  où  il  en  existe? 

KftFOKSK.  —  Sur  trois  cent  vingt-deux  ouvriers  de  l'âge  de  dix  à 
seize  ans,  j'en  ai  trouvé  vingt-quatre  sachant  imparfaitement  lire 
et  écrire,  et,  d'après  ma  réponse  à  la  précédente  question,  on  voit 
que  de  trois  à  sept  heures  de-  l'après-midi  les  ouvriers  des  deux 
catégories  sont  entièrement  libres.. 

.  6°  question.  — Remarque-l-on  dans  cette  classe  de  travailleurs 
{les  ouvriers  mineurs,  en  général),  plus  d'indiscipline,  d'ignorance 
ou  d'immoralité,  que  parmi  les  ouvriers  des  fabriques? 

Observations.  Si  les  éléments  de  cette  comparaison,  difficile 
d'ailleurs,  ne  sont  pas  réunis,  donner  une  idée  de  l'état  moral  des 


-,  ^Google 


306  RÉPONSES  DES  1SGÉMEUHS  DES  UNES, 

ouvrier»  mineurs ,  ce  qui  est  essentiel  pour  l'objet  de  ce*  rensei- 
gnements. 

ufeaojcsx.  —  L'ouvrier  mineur  observe  fort  bien  la  discipline  ; 
ce  résultat  est  dû  aux  amendes  qu'il  encourt  lorsqu'il  enfreint  Tes 
règlements  établit.  S'il  manque  au  ebef  mineur,  il  est  congédié.  En 
un  mot,  la  voix  du  maître  mineur  suffit  pour  imposer  silence 
aux  mécontenta.  Hais  il  est  à  remarquer  que  quand  le  manque  de 
bras  se  fait  sentir,  l'ouvrier  devient  plus  exigeant,  se  tient  plus  fier 
envers  son  chef,  et  ne  souffre  pas  les  observations  qu'on  lui  faisait 
naguère,  certain  de  trouver  sur-le-champ  de  l'ouvrage  dan»  la 
mine  voisine.  Le  mineur  est  fort  religieux  et  élève  ses  enfants  dans 
des  principes  pieux.  11  est  bon  père  de  famille  ;  mai»  quand  le  prix 
de»  journées  est  fort  élevé,  il  ne  cherche  pas  a  faire  de»  économies, 
et  l'on  remarque  alors  plu»  de  misère  dans  les  familles ,  paroe 
que,  an  lieu  de  travailler  tous  les  jours,  le  mineur  ne  consacre  au 
travail  que  trois  ou  quatre  journées  par  semaine,  et  le  reste  du 
temps  il  le  passe  dans  l'oisiveté,  s'adonnant  aux  jeux  de  hasard  et  à 
la  débauche,  ce  qui  l'abrutit  «t  le  rend  intraitable.  Toutes  les  mères 
de  famille  sont  d'accord  sur  ce  point  :  il  suffit  d'avoir  un  peu  plu» 
que  le  strict  nécessaire,  pour  conserver  dans  l'intérieur  des  familles 
de  mineurs  la  tranquillité  et  la  concorde. 

Sous  le  rapport  de  la  discipline  et  de  la  morale,  il  n'est  donc  pas 
permis  de  comparer  l'ouvrier  mineur  à  l'ouvrier  des  fabriques. 
Hais  pour  l'instruction,  le  dernier  l'emporte  de  beaucoup  sur  le  pre- 
mier; et  cela  se  conçoit  :  l'ouvrier  des  fabriques  habite  dans  tes  grands 
centres  d'industrie  ;  il  est  en  contact  avec  les  classes  plu»  élevées,  etc. 
Les  femmes  et  les  filles  qui  travaillent  dan»  les  fabriques  sont 
plus  hardie»,  plus  débauchées,  et  partant  moins  abruties  que  les 
femmes  et  les  filles  des  houillères.  Ces  dernières  ont  quelquefois 
un  ou  plusieurs  enfants  que  le  mariage  légitime  ensuite  :  le 
mineur  ne  voulant  prendre  pour  compagne  qu'une  femme  féconde. 
Aussi  le  plus  grand  malheur  qui  puisse  arriver  à  un  bouilleur,  c'est 
d'épouser  une  femme  stérile,  fut-elle  d'ailleurs  la  plus  belle  du 
village;  il  s'unirait  plutôt  à  une  vieille  femme,  pourvu  qu'elle 
eût  plusieurs  enfants  :  sur  huit  veuves  ayant  ensemble  dix-sept 
enfants  (victimes  du  Horloz),  deux  seulement  ont  épousé  en  secondes 
noces  des  bouilleurs  plus  âgés  qu'elles.  Les  six  autres  se  sont  unies 
a  des  mineurs  ayant  dix,  onze,  douze,  treize  et  quatorze  ans  de 
moins  qu'elles.  Ces  unions  disproportionnées,  quant  a  l'âge  des 
femmes,  sont  très-communes  parmi  les  ouvriers  bouilleurs,  tandis 


^y  Google 


TROISIÈME  «VISION  (LIÈGE  ET  LI»BOTJRG).  30? 

que  dans  les  autre»  datte*  d'ouvrier*  cela  est  très-rare.  Ce  désir 
si  grand  et  si  général  de  posséder  une  famille,  me  semble  naître  de 
l'isolement  dans  lequel  vît  le  mineur,  et  aussi  de  l'espoir  d'être 
nourri  dans  tes  vieux  jours  par  ses  enfants. 

7*  QDsanoR.  —  Si  une  disposition  législative  établissait,  comme 
la  loi  française  du  33  mars  1841  l'a  prescrit  quant  aux  enfants 
admissibles  dans  le»  manufacture*,  que  «  nul  enfant  âgé  de  moins 
de  douze  ans  ne  sera  admis  qu'autant  que  ses  parents  ou  tuteurs 
justifient  qu'il  fréquente  une  école  publique  ou  privée,  et  que  tout 
enfant  admis  devra,  jusqu'à  do  me  ans,  suivre  une  école ,  «  cette 
mesure  pourrait-elle  être  exécutée  sans  grandes  difficultés  et  sans 
grave  inconvénient,  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  mineurs? 

KBFOnm.  —  Partisan  de  l'instruction  du  peuple,  j'appelle  de  tous 
mes  vœux  la  disposition  établie  dans  la  loi  française  du  22  mars  1 841 . 
Toutefois,  je  ne  puis  passer  sous  silence  un  fait  qui  m'a  frappé  et 
que  mes  collègues  auront  sans  doute  eu  occasion  d'observer  comme 
moi,  à  savoir  :  qu'en  général  la  soumission,  l'obéissance,  la  disci- 
pline, la  bonne  conduite,  sont  observées  par  les  mineurs,  en  raison 
inverte  du  degré  d'instruction  qu'ils  ont  reçu.  Plus  le  mineur  se 
croit  «avant,  plus  il  est  turbulent  et  mauvais  sujet.  Interrogez 
tout  chef  de  coalition,  et  il  vous  répondra  qu'il  sait  lire  et  écrire, 
voire  même  l'arithmétique.  Partout  et  toujours,  à  Rions  comme 
a  Liège,  j'ai  eu,  depuis  vingt-cinq  ans,  cent  fois  l'occasion  de 
vérifier  cette  espèce  d'anomalie. 

Cependant  les  ouvriers  mineurs  allemands  qui  travaillent  en 
Belgique  savent  presque  tous  lire  et  écrire,  et,  à  tous  égards,  leur 
'  conduite  est  bien  meilleure  que  celle  de  nos  Wallons,  mais  ceci 
tient  en  grande  partie  au  caractère  national. 

8*  question.  —  D'après  l'état  de  santé  et  de  force  des  ouvriers 
qui  ont  travaillé  la  nuit  dans  leur  enfance,  y  a-t-il  lieu  de  prendre 
à  cet  égard  des  mesures  protectrices  pour  prévenir  l'abus? 

«.épouse.  —  Ma  réponse  à  la  quatrième  question  prouve  qu'il 
n'y  a  pas  lieu  de  prendre  des  mesures  restrictives  à  l'égard  des 
ouvriers  de  nuit.  Dans  les  environs  de  Liège  beaucoup  de  mineur* 
préfèrent  le*  travaux  de  nuit  parce  que  l'air  est  alors  plus  pur 
et  qu'une  partie  de  la  journée  il*  peuvent  «e  livrer  à  la  culture 
d'un  morceau  de  terre  et  se  rendre  utiles  dans  lenr  ménage. 


^y  Google 


308  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

9*  onxsTioii.  —  Quel  e*t  l'âge  moyen  auquel  parviennent  les 
ouvrier»  mineur»? 

kkpouue.  —  Cet  Age  varie  suivant  les  localités;  dans  les  com- 
munes d'Oupeye,  Vivegnis,  Herstal,  Milmorte  et  Vottem,  il  est  de 
soïxante-cinq  »ns;  à  Liège,  Ans  et  Glain,  Grâce  -  Montefjnée , 
Saint-Nicolas  et  Jemeppe,  quarante-huit  ans  et  demi  ;  tandis  qu'il 
est  de  cinquante-six  ans  environ  à  Hollogne-aux-Pierres,  Mon»,  les 
deux  Flémalles,  Chokier,  Àwirs,  Horîon-HoEémont,  U  Glexbe  et 
Engis. 

Comme  on  le  voit,  c'est  dans  la  partie  orientale  du  bassin  houiller, 
c'est-à-dire  dans  les  communes  où  les  hommes  et  les  femmes  sont 
sensiblement  pliis  robustes  et  plus  sains  que  partout  ailleurs,  que 
les  bouilleurs  atteignent  l'âge  le  plus  avancé. 

L'Ingénieur  de  première  datte, 
C.  Wellekehs.  * 


7. —  Bépouses  4e  I.  flcgéniear  du  sixième  district 
de  la  troisième  division  des  mines. 


El  Mo.  Wwçjètweu*  eu  .efief  <te  Sa  teoùietwe  divùùu  Ztâ  v 


UOHSIBUK    l'iSGÉSIEIIH    ES    CHEF, 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser,  en  ce  qui  concerne  le  sixième 
district,  les  réponses  à  la  série  de  questions  posées  par  91.  le 
Ministre  des  travaux  publics,  et  relatives  au  travail  des  enfants 
dans  les  mines. 

1"  oùssTHur;  —  Quel  est  le  nombre  lotal  des  ouvriers  employés 
aux  travaux  des  raines ,  la  proportion  ou  le  nombre  de  ceux  de  dix 
à  seize  ans  ?  —  Distinguer  les  sexes. 


^y  Google 


TROISIÈME  OIVISION  (LIEGE). 


ÉTABL1S8KMKNTS. 

Yvoi, 

Marihaye.  .  .! 

EapeKSca. 

CockeriD. 

Bii-Booolen •' 

Ougrëe. 

Trembleur. 

Cberalie 

Wandn 

La  Chartreuae 

HonSem , 

FonddenFawei 

VfJ- 

Fond  Piquette 

Bomtent-Haldid. 

FoiJjalle. 

Srandfontalne 

Cowetta 

Steppe» 

Onboni 

Mom 

Hermau  etl'liherotle 

Quatre-Jean. 

«elle. 

Cntuy.  . , 

Werjifujuw.  , 


-  !od,vCoog[e 


310  RÉPONSES  DES  INGENIEURS  DES  MINES. 

S*  question.  —  Quel  est  approximativement  le  nombre  d'ou- 
vriers de  dix  à  seize  ans  qui  travaillent  dans  les  raines,  pendant  la 
nuit  ?  Ceux  de  cette  catégorie  sont-ils  employés  toutes  les  nuits,  ou 
bien  alternent-ils  avec  d'autres  ? 

xiroRSE.  —  la  réponse  à  la  première  partie  de  1a  question  se 
trouve  dans  le  tableau  de  la  page  précédente. 

En  général,  dans  le  travail  des  raines,  les  ouvriers  n'alternent 
pas  d'une  manière  régulière.  Ordinairement,  ils  travaillent  pen- 
dant un  laps  de  temps  indéterminé,  soit  le  jour ,  soit  la  nuit,  sui- 
vant la  nature  de  leur  emploi. 

Dans  les  grandes  mines,  comme  celles  du  canton  de  Seraing, 
où  le  traînage  est  exécuté  presque  partout  par  des  chevaux  ,  les 
enfanta  sont  occupés  à  reporter  les  lampes,  nettoyer  lesrigolee, 
porter  des  matériaux,  fermer  les  portes,  et  ils  sont  à  peu  près  en 
même  nombre  le  jour  que  la  nuit.  Dans  les  mines  moins  impor- 
tantes, comme  celles  qui  se  trouvent  au  nord  de  la  Veadre  ,  les 
enfants  sont  employés  comme  tralneurs,  et  l'extraction  étant  beau- 
coup plus  active  le  jour  que  la  nuit ,  on  emploie  bealcoup  plus 
d'enfants  pendant  le  jour  que  pendant  la  nuit.  Même  dans  plu- 
sieurs de  ces  mines,  les  deux  ateliers  se  succèdent  pendant  le  jour, 
et  il  n'y  a  pas  de  travail  de  nuit. 

5*  qcestiok.  —  Une  disposition  qui  défendrait  d'employer  aux 
travaux  de  nuit,  c'est-à-dire  de  huit  heures  du  soir  à  cinq  heure» 
du  matin,  des  enfants  au-dessous  de  treize  ans,  aurait-elle  des 
inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  mineurs? 
Y  aurait-il  lieu  de  faire  une  exception  à  leur  égard? 

képonse.  —  Le  nombre  d'enfants  au-dessous  de  treize  ans, 
qui  travaillent  dans  les  mines,  étant  bien  inférieur  a  la  moitié 
du  nombre  total  des  enfants  employés,  je  pense  qu'une  semblable 
disposition  ne  pourrait  entraîner,  pour  l'industrie  minérale, 
aucun  inconvénient  grave.  La  faible  différence  qui  existe  entre  les 
salaires  des  mineurs  dont  l'âge  ne  dépasse  pas  seize  ans,  ne  serait 
pas  de  nature  àoccaiionner  une  augmentation  sensible  dans  le 
prix  cje  revient  du  combustible.  Le  seul  inconvénient  qui  pour- 
rait résulter  d'une  semblable  mesure ,  serait  d'éloigner  un  certain 
nombre  d'enfants  du  travail  des  raines.  Dans  la  plupart  de*  cas , 
Je*  mineurs  initient  eux-mêmes  leurs  enfants  à  leur  profession,  en 
sexaisant  accompagner  par  eux,  et  en  les  faisant  travailler  sous  leur 
surveillance.  S'ils  étaient  occupés  pendant  le  nuit ,  ils  ne  pour- 


^y  Google 


TROISIÈME  DIVISION  {LIÈGE].  Ml 

raient  jouir  de  cet  avantage,  et  alors,  moins  excité»  par  'l'appât  du 
salaire  que  les  ouvriers  au-dessous  de  treiae  ans  gagnent  dans  le» 
mines,  et  qui  est  supérieur  a  celui  qu'ils  obtiennent  dans  les  autres 
industries,  on  pourrait  craindre  que  lesparents  ne  fussent  plus  aussi 
tentés  de  faire  embrasser  la  profession  de  mineur  à  leurs  enfants.  En 
effet,  on  remarque  que  les  ouvriers  plus  avancés  en  âge  ont  beau- 
coup de  répugnance  à  se  prêter  à  l'apprentissage  long  et  pénible 
qu'elle  exige,  surtout  a  cause  de  la  répulsion  qu'inspire  le  travail 
souterrain  à  ceux  qui  n'y  ont  pat  été  habitués,  dès  leur  jeune  Sge. 

D'un  autre  côté ,  la  grande  variété  du  travail  des  mines  don- 
nerait presque  toujours  aux  ouvriers  qui  seraient  dam  le  cas 
que  nous  supposons ,  la  possibilité  de  trouver  de  l'emploi  pen- 
dant le  jour,  de  sorte  que  l'inconvénient  signalé  serait  peu  sérieux. 

Mais  il  importe  de  s'assurer  ai  une  telle  disposition  aurait  de*  con- 
séquences  assez  favorables  pour  motiver  un  changement  dans  la 
législation  actuelle.  Dans  les  mines  où  la  durée  du  travail  est  la 
plus  longue ,  l'ouvrier  de  jour  descend  le  matin  vers  cinq  ou  six 
heures,  et  sort  de  la  mine  vers  quatre  ou  cinq  heures  du  soir; 
l'ouvrier  de  nuit  descend  vers  cinq  ou  six  heures  du  soir,  sort  le 
matin  vers  trois  ou  quatre  heures,  et  se  met  au  lit  jusque  vers  onze 
heures  ou  midi.  Le  premier  ne  jouît  que  fort  peu  de  la  lumière 
solaire,  tandis  que  le  second  est  a  la  surface  pendant  la  journée, 
et  se  trouve  sur  pied  ta  meilleure  partie  de  l'après-midi. 

En  outre,  l'on  fait  principalement  pendant  le  jour  l'abatage  de 
la  veine,  et  l'aérage  est  alors  moins  actif  que  pendant  la  nuit. 

Il  en  résulte  que  l'ouvrier  de  jour  se  trouve  dans  une  atmosphère 
moins  saine  et  moins  pure  que  l'ouvrier  de  nuit.  Le  traînage  se 
faisant  en  même  temps  que  l'abatage,  les  enfants  qui  sont  employés 
la  nuit  sont  occupés  à  des  travaux  moins  pénibles.  Je  pense  donc 
qu'eu  égard  &  la  spécialité  du  travail  des  mines,  la  mesure  propo- 
sée porterait  peu  de  fruits. 

4'  question.  —  Si  la  loi  défendait  d'employer  des  enfants  de 
treize  à  seize  ans  aux  travaux  nocturnes ,  plus  de  trois  nuits  sur 
sept,  y  aurait-il  des  inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les 
ouvriers  mineurs?  Et  cette  disposition  serait-elle  réellement  avan- 
tageuse aux  enfants  de  celte  catégorie,  sous  le  rapport  de  la  santé, 
du  développement  et  de  l'instruction  ? 

réponse.  —  Une  disposition  qui  aurait  pour  effet  de  dimi- 
nuer de  moitié   la  durée  du  travail   hebdomadaire  de   l'enfant , 


^y  Google 


311  RÉPONSES  DES  INGENIEURS  DES  UNES. 

aurait  certainement  l'influence  la  phis  heureuse  sur  les  jeunes 
mineur»,  tous  le  rapport  de  la  santé,  du  développement  et  de  l'in- 
struction. En  effet,  dans  la  plupart  des  raines  situées  au  nord  de 
la  Vesdre,  la  durée  du  travail  journalier  rie  dépasse  pas  six  k  huit 
heures,  et  laisse,  par  conséquent,  encore  à  l'enfant  un  temps  suf- 
fisant pour  se  délasser  et  acquérir  un  peu  d'instruction.  Dans  les 
grandes  mines,  et  spécialement  dans  celles  de  Seraing,  cette  durée 
est  souvent  de  douze  heures,  de  sorte  que  l'entant  trouve  à  peine, 
dans  l'intervalle  qui  sépare  la  reprise  du  travail,  le  temps  de 
prendre  le  repos  nécessaire  et  de  réparer  ses  forces. 

D'autre  part,  introduire  cette  mesure  pour  la  nuit  seulement, 
c'est  interdire,  pour  cette  catégorie  d'ouvriers. ,  le  travail  de  nuit  ; 
car,  en  réduisant  de  moitié  le  nombre  de  jours  de  travail,  on  dimi- 
nuerait aussi  de  moitié  leur  gain ,  et  ils  préféreraient  le  travail  de 
jour,  ou  y  seraient  forcés  par  leurs  parents. 

D'ailleurs,  nous  venons  de  voir  que,  pour  les  mines,  l'influence 
du  travail  nocturne,  comparé  au  travail  diurne,  n'est  pas  assez  . 
nuisible  pour  qu'il  puisse  y  avoir  avantage  a  adopter  une  pareille 
mesure.  Si  on  retendait  à  tous  les  enfants  indistinctement ,  on 
retomberait  dans  l'inconvénient  de  diminuer  de  moitié  le  salaire 
des  jeunes  ouvriers,  et,  par  la,  on  rendrait  plus  difficile  encore  le 
recrutement  de  la  classe  des  mineurs. 

5"  QUBSTiOK.  — Les  enfante  employés  dans  les  rainas,  savent-ils, 
en  général,  lire  et  écrire?  Ont-ils  des  heures  libres  pendant  les- 
quelles-ils  pourraient  assister  aux  leçons,  soit  des  écoles  du  jour, 
soit  des  écoles  du  soir,  la  où  il  en  existe? 

bépoksk.  —  Les  enfants  employés  dans  les  mines  ne  savent  pas, 
en  général,  lire  et  écrire.  Les  mineurs  sont,  sous  ce  rapport, 
d'une  insouciance  très-grande;  dans  beaucoup  de' mines  d'ailleurs, 
les  enfants,  même  au-dessous  de  dix  ans,  gagnent  déjà  un  salaire,  en 
faisant  le  triage  des  pierres  sur  les  tas  de  charbon  extrait. 

Dans  les  mines  de  Seraing,  les  enfants  étant  employés  douze 
heures  par  jour,  il  est  impossible  qu'ils  puissent,  après  une  fatigue 
aussi  prolongée,  suivre  avec  le  moindre  fruit  les  leçons  données 
aux  écoles.  Dans  les  mines  situées  au  nord  de  la  Vesdre,  le  travail 
du  malin  cessant  vers  deux  heures,  les  ouvriers  pourraient  assister 
aux  écoles  du  soir,  s'il  en  existai!. 

6'  oi'BSTioti.  — -  Remarque-t-on  dans  cette  classe  de  travailleurs 

Digilizedby  GOOgle 


TROISIÈME  DIVISION  (LIÈGE).  515 

(tes  ouvriers  des  mines,  en  général),  pli»  d'indiscipline,  d'ignorance 
nu  d'immoralité  que  parmi  les  ouvriers  des  fabriques? 

Observation.  Si  les  éléments  de  cette  comparaison,  difficile 
d'ailleurs,  ne  sont  pas  réunis,  donner  une  idée  dé  l'état  moral  des 
ouvriers  mineurs,  ce  qui  est  essentiel  pour  l'objet  de  ces  rensei- 
gnements. 

réponse.  —  On  doit  distinguer,  sous  ce  rapport,  les  mines  qui, 
comme  celles  du  canton  de  Seraing ,  sont  dans  une' contrée  indus- 
trielle, où  la  population  est  fort  agglomérée,  et  celles  qui,  situées 
au  nord  de  la  Vesdre ,  se  trouvent  éparpillées  dans  une  contrée 
plus  agricole. 

Les  ouvriers  de  ces  dernières  mines  sont  en  général  plus  sobres, 
plus  prévoyants  et  plus  économes  que  les  ouvriers  des  fabriques. 
Ils  se  rapprochent  beaucoup ,  sous  ce  rapport ,  dés  ouvriers 
employés  aux  travaux  de  l'agriculture.  Moins  agglomérés,  ils  sont 
aussi  moins  disposés  a  se  coaliser  et  à  se  mutiner,  et  se  montrent 
plus  dociles.  Les  salaires,  en  général  moins  élevés,  sont  aussi 
soumis  à  des  variations  moins  brusques ,  et  la  condition  des 
mineurs  est,  sous  ce  rapport,  beaucoup  plus  stable  que  dans 
les  grands  charbonnages  de  Seraing.  Les  mines  sont  aussi,  pour 
la  plupart,  conduites  par  des  niai  très  ouvriers  pris  dans  le  pays, 
connaissant  tous  les  ouvriers  et  les  traitant  avec  certains  égards. 
D'un  autre  côté,  ils  sont  routiniers,  et  les  améliorations  sont 
difficiles  à  introduire. 

Le  bien-être  matériel  réagit  d'une  manière  très-favorable  sur 
leur  constitution  physique.  Soumis  à  un  travail  dont  la  durée 
n'excède  pas  huit  heures,  logés  convenablement  et  occupés  encore 
en  partie  à  des  travaux  agricoles,  ils  sont  en  général  robustes  et 
d'une  taille  qui  dépasse  la  moyenne.  II  n'est  pas  rare  de  trouver 
des  ouvriers  travaillant  encore  a  l'âge  de  soixante,  de'  soixante  et  dix 
ans,  et  même  au  delà  ;  il  en  est  même  qui  atteignent  jusqu'à  quatre- 
vingt-dix  ans.  On  ne  les  distingue  des  ouvriers  employés  à  l'agri- 
culture que  par  un  teint  plus  pale,  et  un  plus  grand  développe- 
ment des  muscles  de  la  poitrine;-  plusieurs  d'entre  eux  ont 
les  jambes  arquées.  Le  travail  des  mines* ,  dans  ces  conditions,  ne 
laisse  à  désirer  que  dans  certaines  exploitations  où  les  voies. de- rou- 
lage ont  de  petites  dimensions,  sont  souvent  couvertes  d'eau,  et 
où  l'aérage  n'a  pas  toute  l'activité  qui  lui  serait  nécessaire  ;  mais 
ces  inconvénients  disparaîtront  à  la  suite  des  améliorations  qui 
s'introduisent  dans  les  mines. 


Dgtizedêy  GOOgle 


314  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  UNES. 

L'ignorance  est  en  général  très-grande  dana  cette  classe  d'ou- 
vriers, et  leur  intelligence  est  peu  développée  ;  cela  tient  à  l'insou- 
ciance des  mineurs,  jointe,  la  plupart  du  temps,  à  l'absence 
d'écoles.  Leurs  mœurs  sont  en  général  assez  pures  ;  la  plupart  se 
marient,  et  fort  peu  vivent  en  concubinage-  Si  nous  passons  aux 
mines  du  canton  de  Seraing ,  nous  y  trouverons,  avec  une  intelli- 
gence plus  vive,  presque  autant  d'ignorance  que  chez  les  premiers. 
Ils  ont  aussi  beaucoup  plus  de  facilité  à  se  mutiner,  ce  qu'ils  font 
presque  chaque  fois  qu'on  diminue  leurs  salaires.  D'ailleurs, 
quoique  moins  dociles,  ils  n'ont  rien  de  barbare  dans  leurs 
mœurs,  et  se  dévouent  même  avec  le  plus  grand  courage  chaque 
fois  que  leurs  camarades  sont  en  danger.  Plus  dissolus,  ils  fré- 
quentent davantage  les  cabarets  et  vivent  aussi  quelquefois  eb 
concubinage,  quoique  cet  état  ne  soit  pas  très-fréquent.  Ils  ont 
en  général  de  la  probité ,  et  les  vols  que  la  justice  a  eu  à  pour- 
suivre dans  ces  dernières  années,  provenaient  d'ouvriers  allemands 
qui  sont  venus  s'établir  en  assez  grand  nombre  dans  ces  localités. 
Dans  ces  mines,  les  voies  étant  fort  élevées,  et  l'aérage  en  général 
excellent,  le  travail  n'a  rien  de  malsain  et  se  mit  dans  des  condi- 
tions bien  plus  favorables  a  la  santé  de  l'ouvrier ,  que  dans  la  plu- 
part des  manufactures.  Le  seul  mal  à  reprocher  au  système  employé 
dans  ces  mines ,  c'est  la  longue  durée  du  travail  journalier ,  qui 
est  déjà  de  douze  heures,  et  que  l'activité  de  la  concurrence  rend 
encore  plus  pénible.  Pour  ne  pas  porter  le  salaire  de  l'ouvrier  à  un 
taux  inférieur  à  celui  que  réclament  les  nécessités  de  la  vie ,  on 
rend  chaque  jour  sa  tache  plus  longue  et  plus  laborieuse.  L'ouvrier, 
d'ailleurs,  est,  dans  ce  canton,  d'une  imprévoyance  très-grande; 
il  est  rare,  quel  que  soit  son  salaire,  qu'il  parvienne  à  faire  des 
économies.  Il  est  constamment  exploité  par  les  boutiquiers  qui  lui 
vendent  à  crédit,  par  petites  portions,  et  qu'il  ne  peut  presque 
jamais  acquitter  ;  aussi  sa  position  est-elle  fort  précaire,  et  dépense- 
t-il  au  cabaret  ou  en  superâuités  tout  ce  qu'il  pourrait  économiser 
de  son  salaire. 

En  général,  les  logements  étant  rares  et  chers,  les  mineurs 
occupent  des  chambres  petites,  malsaines  et  malpropres. 

Néanmoins,  si  nous  les  comparons  aux  ouvriers  des  fabriques 
existant  dans  les  grandes  villes,  comme  Liège  et  Verriers,  nous 
leur  trouverons  une  supériorité  incontestable  sous  le  rapport  de 
la  moralité  et  du  développement  physique.  D'abord ,  dans  les 
mines,  les  femmes  sont  moins  nombreuses  que  dans  les  fabriques  ; 


^y  Google 


les  habitations  sont,  en  général,  plus  spacieuses  et  moins  agglo- 
mérées. Il  n'y  a  pal,  par  conséquent,  cène  promiscuité  dea 
sexes  qui  existe  dans  les  villes ,  ni  un  aussi  grajod  nombre  d'en- 
fant» naturels.  La  misère  est  aussi  beaucoup  plus  grande  chez 
les  ouvriers  des  fabriques  qui  n'ont  en  général,  qu'un  salaire  insuf- 
fisant pour  nourrir  leur  nombreuse  famille.  Sous  le  rapport  phy- 
sique, les  mineurs  sont,  en  général,  de  taille  moyenne,  robustes,  et 
ne  se' font  remarquer  que  par  cette  pâleur  caractéristique  qui  tient 
peut-être  à  la  présence  continuelle  d'une  conçue  de  poussière  de 
charbon  sur  leur  face.  Ils  parviennent  a  un  âge  assez  avancé  ;  et, 
si  l'on  rencontre  encore  parmi  eux  quelques  asthmatiques,  l'activité 
de  la  ventilation  dans  les  mines  peut  faireespérer  que  cette  affection 
diminuera  d'intensité.  On  ae  voit  pas  chez  les  mineurs  les  constitu- 
tions débiles,  racbitiques,  et  cette  pâleur  cadavéreuse  que  l'on 
remarque  chez  les  ouvriers  des  fabriques.  Les  cas  de  mutilation 
sont  aussi  bien  plus  fréquents  cbez  ces  derniers. 

7"  QUKSTI05.  —  Si  une  disposition  législative  établissait ,  pomme 
la  loi  française  du  33  mars  1841  l'a  prescrit  quant  aux  enfants 
admissibles  dans  le*  manufactures,  que  «nul  enfant  âgé  de  moins  de 
douze  ans,  ne  sera  admis  qu'autant  que  ses  parents  ou  tuteurs 
justifient  qu'il  fréquente  une  école  publique  ou  privée;  et  que  tout 
enfant  admis  devra,  jusqu'à  douze  ans,  suivre  une  école,  «  cette 
mesure  pourrait-elle  être  exécutée  sans  grandes  difficultés  et  sans 
grave  inconvénient,  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  des  mines? 

réponsk.  —  Je  pense  que  cette  disposition,  si  elle  était  générale 
pour  tous  les  ateliers,  ne  pourrait  que  produire  de  bons  résultats, 
eu  égard  au  développement  de  l'intelligence  des  mineurs. 

Mais  il  serait  difficile  que  les  enfants  pussent  à  la  fois  suivre  une 
école  et  se  livrer  au  travail  des  mines.  Il  me  paraît  donc  que  par 
cette  mesure  on  retarderait  jusqu'à  douze  ans  l'admission  des 
enfants  dans  les  mines,  à  moins  que  pour  un  âge  moindre  l'on  ne 
se  contentât  d'un  certificat  de  fréquentation  antérieure  à  leur 
admission  à  l'établissement. 

8"  question.  —  D'après  l'état  de  santé  et  de  force  des  ouvriers 
qui  ont  travaillé  la  nuit,  dans  leur  enfance,  y  a-t-il  lieu  de  prendre 
à  cet  égard  des  mesures  protectrices  pour  prévenir  l'abus  ? 

kkfoksb.  —  Presque  tous  les  ouvriers  mineurs  avant  travaillé 
tantôt  le  jour,  tantôt  la  nuit,  il  est  impossible  de  pouvoir  apprécier 
l'influence  de  l'un  ou  de  l'autre  mode  de  travail  sur  leur  conslilu- 


*by  Google 


316  RÉPONSES  DES  INGENIEURS  DES  MINES, 

lion  physique.  Les  développements  dans  lesquels  je  suis  entré  en 
répondant  à  li  troisième  question  me  semblent  établir  que  des 
mesures  protectrices  seraient  superflues. 

9"  QtiESTJOR.  —  Quel  est  l'Age  moyen  auquel  parviennent  les 
ouvriers  mineurs? 

KÉponsB.  —  D'après  un  relevé  fait  pour  les  six  dernières  années 
dans  les  communes  de  Wandre  et  de  Cheratte,  l'âge  moyen  des 
ouvriers  mineurs  dépasserait  quarante-cinq  ans.  Dans  cette  der- 
nière commune  ils  seraient  classés  comme  suit  : 

Entre  25  et  35. 

—  35  et  45. 

—  45  et  55. 

—  «5  et  65. 

—  65  et  75. 

—  75  et  85. 

—  85  et  95. 


Dans  la  commune  de  Seraing,  la  moyenne  générale  des  quatre 
dernières  années,  accidents  compris,  est  trente-trois  ans  quatre 
mois  ;  la  moyenne,  en  ne  comprenant  que  les  morts  naturelles,  est 
de  trente-Sept  ans.  Les  morts  naturelles  sont  réparties  de  la  ma- 
nière suivante  ; 


Entre  10  et  15. 

—  15  et  25. 

—  25  et  35. 

—  35  et  45. 

.   —  45  et  55. 

—  55  et  65. 

—  65  et  70. 


moyenne 
37  ans. 


L'âge  le  plus  avancé  est  de  soixante-neuf  a 


V Ingénieur  du  sixième  district  des  mines, 
Jules  GkhiUxht. 


jlizedoy  Google 


TROISIÈME  DIVISION  {LIÈGE). 


•  Réponses  de  I.  l'Ingénieur  do  septième  d 
de  la  troisième  division  des  mises. 


€1  JUo.  f&ioèttteu*  eu  cfiej7  3a  ta.  tïoiaàue  ÏHwtJWM  De.)  iukmj. 

,  iwgt,  1.  «  jsw  isa 

.  Monsieur  L'inGÉnnCK  in  chef,  ■' 

En  réponse  &  votre  lettre  du  29  décembre  1842,  j'ai  l'honneur 
de  vous  adresser  nies  réponses  aux  renseignements  demandés  par 
H.  le  Ministre  des  travaux  publics  relativement  au  travail  des 
enfants  dans  les  mines.    . 

'.  1"çhistiob.  —  Quel' est,  sur  lé  nombre  total  des  ouvriers 
employés  aux  travaux  des  mines  ,  la  proportion  ou  le  nombre  de 
ceux  de  l'âge  de  dix  à  seize  ans?  —  Distinguer  les  sexes. 

réponse.  —  Dana  le  septième  district  on  compte  huit  cent  trente- 
six  ouvriers,  dont  cinq  cent  trois  hommes,  cent  quatre-vingt- 
dix-neuf  femmes  et  cent  trente-quatre  enfants  de  dix  &  seize  ans. 

.  S*  otnwnor,  —  Quel  est,  approximativement,  le  nombre  d'ou- 
vriers de  dix  a  seize  ans  qui  travaillent  dans .  les  mines  pendant  la 
nuit?  Ceux  de  cette  catégorie  sont-ils  employés  toutes,  les  nuits,  ou 
bien  alternent-ils  avec  d'autres? 

réponse.  —  Dans  le  septième  district ,  la  plupart  des  travaux 
d'exploitation  se  trouvent  au  niveau  du  canal  d'écoulement  j  on 
n'est  guère  occupé,  pendant  la  nuit,  que  de  travaux  préparatoires 
et  de  réparation.  Ces  travaux  exigeant  peu  d'emploi  pour  lesenfants, 
on  n'en  compte  que  vingt  de  dix  à  seize  ans  occupés  pendant  la 
nuit.  Ils  n'alternent  avec  aucun  autre  ouvrier  travaillant' pendant 
lé  jour. 

5*  otirstio*.  —  Une  disposition  qui  défendrait  d'employer  aux 
travaux  de  nuit,  c'est-à-dire  de  huit  heures  du  soir  &  cinq  heure* 
du  matin  ,  des  enfant»  au-dessous  de  treize  ans,  .iurait-el  le  des 


D.g'lize^y  GOOgle 


318  RÉPONSES  DES  INGÉMECRS  DES  MINES. 


inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les  ouvrier!  mineurs? 
T  aurait-il  lieu  de  faire  une  exception  a  leur  égard  7 

héposse.  —  Il  y  a  environ  vingt-cinq  ans ,  les  enfants  étaient 
généralement  employés  dans  les  mines  an  transport  du  minerai. 
Lorsque  les  chemins  de  fer  furent  établis  et  qu'une  grande  partie 
de  ce  travail  fut  effectué  par  les  chevaux,  la  plupart  des  enfants 
de  mineurs  ne  trouvant  plus  d'occupation  dans  les  mines,  durent 
se  livrer  à  d'autres  travaux  à  la  surface.  Mais  au  bout  de  quelque 
temps  le  manque  d'ouvriers  mineurs  n'étant  fait  sentir  dans  le 
pays,  on  ne  tarda  pas  à  reconnaître  qu'il  était  principalement  dû 
au  licenciement  des  jeunes  ouvriers,  et  dès  lors  on  sentit  la 
nécessité  de  leur  créer  un  nouveau  genre  d'occupation  dans  les 
mines. 

Aujourd'hui  ,  les  jeunes  ouvriers  sont  encore  plus  rares  que 
les  vieux  ,  et  souvent  ceux-ci  ne  travaillent  qu'autant  que  le 
nombre  des  premiers  soit  au  complet,  pour  exécuter  tel  ou  tel 
ouvrage.  Si  donc,  pour  les  ateliers  de  nuit,  où,  ainsi  que  je  viens 
de  l'indiquer,  on  ne  s'occupe  guère  que  de  travaux  préparatoires, 
on  ne  pouvait  employer  des  enfants  au-dessous  de  treize  ans, 
indépendamment  du  tort  qui  pourrait  en  résulter  pour  l'exploitant, 
qui  souvent  se  trouverait  dans  le  cas  de  ne  pouvoir  exécuter  des 
travaux  indispensables,  il  en  résulterait  encore,  que  de  vieux 
ouvriers  qui  doivent  travailler  pour  vivre,  seraient  obligés  de 
chômer. 

D'après  ces  considérations ,  je  suis  d'avis  qu'une  disposition  de 
l'espèce  de  celle  dont  il  s'agit  ne  peut  être  appliquée  sans  de  graves 
inconvénients. 

4'  question  —  Si  la  loi  défendait  d'employer  des  enfants  de 
treize  à  seize  ans  aux  travaux  nocturnes,  plus  de  trois  nuits  sur 
sept ,  y  aurait-il  des  inconvénients  graves  en  ce  qui  concerne  les 
ouvriers  mineurs  ,  et  cette  disposition  serait-elle  réellement  avan- 
tageuse aux  enfants  de  cette  catégorie,  sou»  le  rapport  de  la  santé, 
du  développement  et  de  l'instruction? 

afoonsB.  —  J'ai  eu  souvent  l'occasion  de  remarquer  que  lors- 
qu'un ouvrier  quitte  l'atelier  du  jour  pour  travailler  pendant  la 
nuit ,  les  premières  journées  de  travail  lui  sont  ordinairement  très- 
pénibles;  mais  au  bout  de  quelque  temps,  lorsqu'il  y  est  habitué, 
il  fait,  en  général,  peu  de  distinction  entre  le  travail  de  jour  et 
celui  de  nuit.  Si  donc  desenfanje  de  treize:  i  seise  ans  i 


^y  Google 


TROISIÈME  DIVISION  (LIEGE).  31» 

employés  aux  travaux  nocturnes  que  pendant  trois  nuit»  sur  sept 
et  qu'ils  dussent  employer  le  reste  du  temps  a  des  travaux  de  jour, 
il  est  probable  qu'ils  éprouve  raient  les  mêmes  dérangements,  et 
qu'ainsi  la  disposition  dont  rt  s'agit  ne  leur  serait  aucunement 
avantageuse  sous  le  rapport  de  la  santé ,  du  développement  et  de 
l'instruction. 

J'ajouterai  qu'une  telle  loi  serait  impraticable,  non-seulement 
a  cause  des  difficultés  que  présenterait  la  surveillance  de  son  exécu- 
tion, mais  encore,  parce  qu'elle  occasionnerait  une  irrégularité  dans 
le  travail  de  l'exploitation,  irrégularité  qui  tendrait  à  subordonner 
ce  travail  à  la  volonté  de  l'ouvrier;  ce  qui  ne  doit  pas  avoir  lieu.  Ace 
sujet,  je  citerai  ce  qui  se  passe  au  commencement  de  [ajournée  dans 
presque  toutes  les  mines,  quelles  que  soient  leur  étendue  ou  leur  dis- 
position.— Le  chef  mineur,  après  avoir  consulté  les  besoins  de  l'ex- 
ploitation, distribue  dans  les  différents  ateliers,  le  travail  de  ebaque 
ouvrier.  Dans  celte  distribution,  il  a  soin  de  donner  toujours  le 
même  travail  au  même  ouvrier,  parce  que  dans  les  mines  comme 
partout  ailleurs,  l'habitude  d'un  même  travail  donne  à  l'ouvrier 
de  l'adresse  et  une  facilité  qu'il  n'acquerrait  pas  s'il  était  obligé  de 
changer  fréquemment. 

Le  travail  d'une  exploitation  de  mines  devant  marcher  journel- 
lement et  régulièrement,  si  les  jeunes  ouvriers  de  treize  à  seize  ans 
ne  pouvaient  travailler  que  pendant  trois  nuits  sur  sept,  lorsqu'ils 
auraient  fait  une  journée,  le  lendemain  ils  devraient  être  remplacés 
par  d'autres  ouvriers  de  la  même  espèce  et  à  peu  près  du  même 
Age  :  or  je  crois  qu'il  suffit  d'indiquer  cette  a  [ter  nation  dans  le  tra- 
vail de  l'ouvrier  mineur,  pour  qu'on  en  comprenne  toutes  les  diffi- 
cultés et  en  quelque  sorte  l'impossibilité  de  la  mettre  en  pratique. 

5*  question.  —  Les  entants  employés  dans  les  raines  savent-ils, 
en  général ,  lire  et  écrire?  Ont-ils  des  beures  libres  pendant  les- 
quelles ils  pourraient  assister  aux  leçons ,  soit  des  écoles  du  jour, 
soit  des  écoles  du  soir,  là  où  il  en  existe? 

Réponse.  —  De  tous  les  ouvriers,  le  mineur  est  certainement  celui 
qui  s'occupe  le  moins  de  lecture  et  d'écriture,  et  si,  par  exception, 
on  en  rencontre  de  temps  en  temps  un  qui  sache  lire,  ce  n'est 
guère  que  dans  un  livre  de  prières.  Quant  a  l'écriture,  leurs  rudes 
travaux  ne  leur  permettent  guère  de  s'en  occuper. 

L'état  de  mineur,  plus  qu'aucun  autre,  laisse  aux  jeunes  ouvriers' 
des  beures  libres  pendant  lesquelles  ils  pourraient  assister  aux 


DglizedOy  GOOgle 


320  RÉPONSES  DES  INGENIEURS  DES  MINES. 

leçons  de*  écoles  ;  mais  en  général ,  ils  ont  peu  de  goût  pour  ce 
genre  d'instruction.  El  si,  .de  temps  en  temps,  mus  trouvons  des 
parents  qui  obligent  leurs  enfants  à  suivre  ces  leçons,  aussitôt  que 
ceux-ci  montrent  quelque  intelligence ,  ils  ne  tardent  guère  de  les 
retirer  des  mine»  pour  leur  faire  prendre  un  autre  état. 

6*  qdbStioh.  — Remarque  t- on  dans  cette  classe  de  travailleurs 
(les  ouvriers  des  raines,  en  général),  plus  d'indiscipline,  d'igno- 
rance ou  d'immoralité,  que  parmi  les  ouvriers  des  fabriques? 

Obtervatiana.  Si  les  éléments  de  celte  comparaison ,  difficile 
d'ailleurs,  ne  sont  pas  réunis,  donner  une  idée  de  l'état  moral  des 
ouvriers  mineurs,  ce  qui  est  essentiel  pour  l'objet  de' ces  renseigne- 
ments. 

bépobse.  —  On  remarque,  en  général,  peu  d'indiscipline  parmi 
les  ouvriers  mineurs,  et  il  est  assez  rare  de  les  voir  sortir  des  tra- 
vaux sans  qu'ils  aient  fini  la  tâche  qui  leur  a  été  imposée. 

Je  ne  crois  pas,  du  reste,  que  l'on  puisse  considérer  comme  indis- 
cipline, le  refus  qu'ils  font  quelquefois  de  se  rendre  dans  la  mine 
pour  y  exécuter  tel  ou  tel  ouvrage  qui  ne  leur  convient  pas,  ou  de 
travailler  à  des  prix  qui  ne  leur  semblent  pas  assez  élevés;  car  s'il 
arrive  parfois  que  les  ouvriers  se  coalisent  contre  les  proprié- 
taires des  mines  afin  d'obtenir  une  augmentation  de  salaire,  nous 
voyons  aussi  très-souvent  les  propriétaires  des  mines  se  coaliser 
contre  les  ouvriers  pour  leur  imposer  une  diminution'.  ' 

Je  ne  crois  pas  que  l'on  puisse  considérer  comme  ignorant, 
celui  qui  connaît  tout  ce,  qui  se  rapporte  à  son  état.  Ainsi  que 
je  viens  de  l'indiquer,  très-peu  de  mineurs  savent  lire  et  écrire,,  et 
très-peu  témoignent  le  désir  d'acquérir  ce  genre  de  connaissance 
qu'ils  considèrent  généralement  comme  ayant  peu  de  rapport  avec 
leurs  occupations.  Ils  ne  vojent  pas  que  là  lecture  et  l'écriture 
puissent  concourir  à  augmenter  l'intelligence,  et,  à  l'appui  de  cette 
Opinion,  ils  manquent  rarement  de  citer  nos  chefs  mineurs  dont 
la  plupart  ne  savent  ni  lire  ni  écrire,  et  qui  cependant  sont  géné- 
ralement préférés  à  des  directeurs  instruits,  lorsqu'il  s'agit  de  dis- 
cuter un  travail  de  mines  ou  d'en  surveiller  l'exécution. 
,  Je  crois  qu'en  général  il  y  a  moins  d'immoralité  parmi  les-ouvriers 
mineurs  que  parmi  ceux  des  fabriques.  Voici,  je  pensé,  les  princi- 
pales causes  auxquelles  on  peut  plus  ou  moins'  attribuer  ce 
résultat: 

1"  Nous  savons  que  généralement  les  mœurs  des  habitants  des 


DigfeedOy  GOOgle 


TROISIÈME  DIVISION  (LIÈGE).  521 

campagnes  sont  moins  corrompues  que  celles  des  habitants  des 
villes.  Or,  les  naines  te  trouvant  dispersées  dans  les  campagnes, 
tandis  que  les  fabriques  août  ordinairement  situées  dans  les  villes 
ou  dans  des  endroits  populeux,  il  en  résulte  que  l'ouvrier  mineur 
a  plus  que  l'ouvrier  des  fabriques,  des  mœurs  et  des  habitudes  qui 
se  rapprochent  de  celles  des  habitants  des  campagnes. 

3"  L'agglomération  -sur  un  même  point  d'un  grand  nombre  d'in- 
dividus des  deux  sexes  et  de  tout  âge;  ne  pouvant  que  concourir.au 
relâchement  des  bonnes  mœurs,  il  en  résulte  que  les  ouvriers  des  fa- 
briques sont,  bien  plus  que  les  ouvriers  des  mines,  exposés  à  Celte 
chance  de  corruption;  d'abord,  parce  que  les  différents  ateliers  des 
mines  sont  plus  épars,  plus  divisés  que  ceux  des  fabriques ,  et 
ensuite  parce  qu'on  y  emploie  moins  de  femmes. 

5°  Enfin ,  je  crois  que  les  dangers  auxquels  l'ouvrier  mineur 
est  exposé,  la  rudesse  de  ses  travaux  et  les  difficultés  de  tous  genres 
qu'il  rencontre,  ne  concourent  pas  peu  a  lui  laisser  une  pensée  de 
religion  et  de  morale  qu'on  ne  retrouve  pas  chei  l'ouvrier  des 
fabriques. 

On  a  dit  souvent  que  les  ouvriers  mineurs  étaient  prodigues , 
qu'ils  avaient  l'habitude  de  dépenser  tout  ce  qu'ils  gagnaient.  Cette 
assertion  est  inexacte.  Il  y  a  parmi  les  mineurs,  comme  parmi  tous 
les  autres  ouvriers ,  des  prodigues  et  des  économes ,  et  dans  ces 
derniers  temps ,  lorsque  le  "prix  de  leurs  journées  était  plus  élevé 
qu'il  ne  l'est  actuellement,  nous  en  avons  vu  plusieurs  acquérir 
une  maison  et  des  portion*  de  terrain  auxquelles  Ils  travaillaient 
après  la  journée. 

D'après  ces  faits ,  et  sachant  d'ailleurs  que ,  hors  de  la  mine , 
l'ouvrier  mineur  est  naturellement  paresseux,  J'ai  cru  qu'un  des 
meilleurs  moyens  d'améliorer  sa  condition,  et  qui  serait  bien  autre- 
ment dficaee  que  la  lecture  et  que  l'écriture,  consisterait  à  la 
mettre  à  même  de  se  procurer,  à  proximité  de  son  habitation, 
une  portion  de  terrain  pour  l'occuper  pendant  ses  moments  de 
loisir.  Ainsi ,  l'on  ferait  non-seulement  disparaître  de  la  Famille 
du  mineur  un  vice  qui  se  propage  de  père  en  Sis ,  mais  on  lui 
donnerait  encore  le  moyen  de  se  procurer  des  aliments  à  bon  mar- 
ché ,  ce  qui  serait  pour  lui  un  bienfait  inappréciable  dans  des  cir- 
constances semblables  à  celles  où  nous  nous  trouvons  maintenant, 
lorsque  la  cherté  des  vivres  né  lui  permet  pas  de  se  procurer  la 
nourriture  qui  tais  est  nécessaire. 


*by  Google 


7'  ovjustiok.  — Si  une  disposition  législative  établissait,  comme 
la  loi  française  du  32  mars  1841  l'a  prescrit  quant  aux  enfants 
admissibles  dans  les  manufactures,  que  ■  nul  enfant  âgé  de  moins 
de  douze  ans  ne  sera  admis,  qu'autant  que  ses  parents  ou  tuteurs 
justifient  qu'il  fréquente  une  école  publique  ou  privée,  et  que  tout 
enfant  admis  devra,  jusqu'à  douve  ans,  suivre  une  école,  >  cette 
mesure  pourrait-elle  être  exécutée  sans'  grandes  difficultés  et  sans 
grave  inconvénient,  en  ce  qui  concerne  les  ouvriers- des  mines? 

xSYOïtse.  —  Indépendamment  des  difficultés  que  présenterait 
l'exécution  d'une  telle  loi,  parce  que  les  mines  se  trouvent  disper- 
sées sur  une  très-grande  étendue,  je  crois  qu'elle  aurait  encore 
l'Inconvénient  d'engager  un  grand  nombre  de  jeunes  ouvriers  à 
quitter  les  mines  pour  se  livrer  à  d'autres  travaux  et  qu'elle  por- 
terait par  conséquent  un  préjudice  notable  à  l'industrie  minière. 

8'  question.  —  D'après  l'état  de  santé  et  de  force  des  ouvriers 
qui  ont  travaillé  la  nuit  dans  leur  enfance,  y  a-t-il  lieu  de  prendre 
à  cet  égard  des  mesures  protectrices  pour  prévenir  l'abus? 

réponse.  —  Cette  circonstance  devient  difficile  à.  apprécier , 
parce  qu'il  est  rare  de  rencontrer  des  ouvriers  mineurs  qui  aient 
travaillé  constamment  pendant  la  nuit.  L'ouvrier  mineur  aime  1 
changer  de  travail ,  et  souvent  on  le  voit  passer  de  l'atelier  du 
jour  à  celui  de  nuit ,  et  réciproquement.  Quoi  qu'il  en  toit ,  je  ne 
crois  pas  que  les  travaux  nocturnes  chez  les  ouvriers  mineurs, 
aient  eu  sur  leur  santé  une  influence  aussi  nuisible  qu'on  l'a  sup- 
posé. Le  mauvais  aérage  des  mines,  l'eau  qui  tombe  dans  les  puits 
et  les  galeries  où  ils  doivent  circuler ,  enfin  les  accidents  en  géné- 
ral, leur  ont  été  bien  autrement  funestes;  et  sous  ce  rapport,  on  ne 
peut  que  désirer  de  voir  accueillir  favorablement  les  mesures  pro- 
posées pour  faire  disparaître  ces  causes  de  destruction. 

D'après  ces  considérations ,  je  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  lieu  de 
prescrire  des  mesures  pour  régler  les  travaux  nocturnes  des  jeunes 
ouvriers  mineurs. 

9*  question.  —  Quel  est  l'âge  moyen  auquel  parviennent  les 
ouvriers  i 


asponsE.  —  Dans  le  septième  district ,  l'âge  moyen  de  la  vie  de 
l'ouvrier  mineur  peut  être  évalué  à -cinquante  ans. 

L'Ingénieur  des  mines  du  septième  district, 

M.    MCEBELEK. 


^y  Google 


TltOISIfcKE  DIVISION  (UÉGE). 


9.  —  Renseignements  additionnels  communiqués  par  I.  l'Ingénieur  en  chef 
de  la  troisit»  division  des  mines. 

&.  Mo.  fe  Mûuniltt  èej  xfeavaux  puéfiox.. 

Ufe,  Il  3juU  UU. 

MoHSIEHa    L«   SlIflSTBB, 

Par  dépêche  du  3  février  1844,  tous  me  faites  l'honneur  de  me 
demander  le  nombre  des  enfante  des  deux  sexes,  an-dessous  de 
l'Age  de  douze  ans,  employés  dans  les  mines  de  ma  division,  et  mon 
avis  sur  le  mérite  d'une  disposition  législative  qui  interdirait  l'ad- 
mission des  enfants  dans  les  mipes  avant  l'âge  de  douze  «ns  révolus. 

Vingt-deux  enfants  ;  seize  garçons  et  six  filles,  sont  employés 
à  la  surface  dans  les  magasins  à  nettoyer  les  minerais;  et  quinze 
garçons  seulement  n'ayant  pas  atteint  leur  treizième  année,  sont 
occupés  dans  l'intérieur  des  mines. 

L'article  29  du  décret  du  3  janvier  1813  défend  de  laisser  des- 
cendre ou  travailler  dans  les  mines  et  minières  les  enfants  au- 
dessous  de  dix  ans  ;  cette  disposition,  si  sage  k  tous  égards,  était 
devenue  une  nécessité  alors  que  l'on  employait  tant  d'enfants  de 
l'âge  de  sept  h  dix  ans  au  transport  du  minerai  à  l'intérieur  des 
exploitations;  mais,  aujourd'hui  que  les  petits  traîneaux  ont  été 
remplacés  par  de  grands  galliots  roulant  sur  des  chemins  de  fer, 
ce  sont,  en  général,  des  chevaux  ou  les  ouvriers  les  plus  robustes, 
de  l'âge  de  seize  4  trente  ans,  qui  font  la  besogne  dont  on  chargeait 
autrefois  les  enfants. 

Anciennement  les  galeries  de  roulage  n'avaient  que  0"  45  à 
0"  65  de  hauteur  et  atteignaient  rarement  un  développement  de 
300  mètres;  il  y  avait  donc  nécessité  absolue  d'employer  les 
ouvriers  les  plus  petits  au  transport  des  minerais,  des  déblais  et  des 
matériaux.  Maintenant  que  les  progrès  de  l'art  permettent  de 
donner  à  ces  voies  des  dimensions  beaucoup  plus  grandes,  etc.,  le 
déhouillemeot  s'opère  sur  une  plus  grande  échelle,  s'éloigne  parfois 
jusqu'à  1,540  mètres  de  la  bure  d'extraction  et  ne  réclame  plus 
le  concours  de  jeunes  enfants. 


^y  Google 


SU  RÉPONSES  DES  INGÉNIEURS  DES  MINES. 

Je  ne  vois  donc  aucun  inconvénient  a  interdire  l'accès  des  minet 
et  minières  aui  enfante  qui  n'ont  pas  atteint  douze  ans  révolus , 
tandis  qu'une  telle  mesure  peut  produire  des  effets  salutaires  sur 
le  physique  et  sur  le  moral  de  ces  faibles  créatures. 

J'ajouterai  encore,  M.  le  Ministre,  que  tous  les  directeurs 
et  chefs  mineurs  que  j'ai  interrogés  m'ont  déclaré-,  sans  hésiter, 
qu'il  y  a  longtemps  que  l'article  29  du  décret  précité  aurait  dû 
subir  la  modification  projetée.  C'est  aussi  l'opinion  de  la  plupart 
des  officiers  dès  mines  de  la  troisième  division. 

L'Ingénieur  en  chef  des  mines, 
C.  Wellcreks. 


igtizedoy  GOOgle 


■*   aux    coassa*   ni  saut»*itb. 


*.—  Aeaéeaie  royale  de  «édeetae  4e  Belgique. 

RAPPORT 

tut  i  l'iausù  nt  l'ilil  fkjiifM  M  wot  iet  mIuU  M|]t]ti  du  ht  Miihctir* ,  mim  it 
'  U BdfifH,  fit  ne  uàmum  mjatHi  U.  tnjgnm,  Initiitt,  tinbù,  lutta  <lTi 
..{1.  BDtpMTi.nnRtoir.) 


.  Bans  la  plupart  dès  États  où  l'industrie  manufacturière  a  fait  le 
plus  de  progrès,  on  a  reconnu  la  nécessité  de  fixer  par  des  disposi- 
tions législatives,  l'âge  avant  lequel  les  enfants  ne  peuvent  pas  être 
reçus  dans  les  fabriques,  ainsi  que  la  durée  de  leur  travail. 

En  effet,  il  ne  pouvait  échapper  aux  gouvernements  que  le  tra- 
vail continu  et  prématuré  imposé  à  l'enfance,  exerce  une  influence 
plus  ou  moins  fâcheuse  sur  le  développement  des  forces  physiques 
et  sur  celui  de  l 'intelligence  ,  et  que  l'humanité  et  la  morale  leur 
faisaient  un  devoir  de  protéger  contre  les  écarts  de  l'industrie,  des 
infortunés  que  leur  faiblesse  et  la  négligence  de  leurs  parents  pri- 
vent de  tout  appui. 

Les  abus  déplorables  que  le  gouvernement  anglais  a  eu  à  répri- 
mer.en  portant  la  première  loi  qui  ait  été  rendue  sur  la  matière, 
ne  se  sont  certainement  pas  produits  dans  notre  pays  ;  mais  l'ad- 
ministration s'est  assurée  que  certains  fabricants  admettent  dans 


DiglizedOy  GOOgle 


526  RAPPORT  DE  LÀ  COMMISSION 

leurs  ateliers  des  enfants  en  très-bas  âge  ,  que  (es  réformes  du  ser- 
service  militaire  pour  défaut  de  taille  et  pour  infirmités  ou  fai- 
blesse de  constitution  ,  sont  bien  plus  fréquentes  dans  nos  grands 
centres  industriels  que  sur  les  autres  points  du  royaume,  et,  enfin, 
que  la  durée  de  la  vie  moyenne  dans  ces  localités,  y  est  aussi  plus 
courte  qu'ailleurs.  Ces  derniers  faits,  on  ne  peut  en  douter,  sont  en 
partie  le  résultat  du  travail  excessif  imposé  aux  enfants  dans  le 
premier  âge.  Ce  n'est  donc  pas  sans  raison  que  la  sollicitude  du 
gouvernement  s'est  éveillée  sur  la  nécessité  d'améliorer  la  condi- 
tion des  jeunes  ouvriers  de  nos  fabriques,  sans  compromettre  les 
intérêts  de  l'industrie. 

A  cet  effet,  il  a  institué  une  espèce  d'enquête  dans  laquelle  les 
différents  intérêts  du  pays  sont  appelés  à  apporter  le  concours  de 
leurs  lumières.  L'Académie  a  été  consultée  a  son  tour  ;  et  d'est, 
messieurs,  le  résultat  de  ses  investigations,  que  la  commission  dont 
je  suis  l'organe  tient  vous  apporter  aujourd'hui.  L'enquête,  telle 
que  la  marche  en  a  été  réglée  par  le  gouvernement ,  Comprend 
une  série  de  demandes  que  nous  allons  successivement  passer  en 
revue,  afin  de  vous  permettre  d'asseoir  votre  opinion  sur  une  des 
questions  les  plus  graves  et  les  plus  complexes  que  soulève  l'état 
actuel  de  l'industrie. 

1™  question.  —  Les  enfants  sont-ils  employés  en  grand  nombre 
dans  les  différentes  manufactures,  mines  et  usines?  Distinguez  le 
sexe  et  les  catégories  d'Âge  :  huit  à  dix  ans  ;  dix  a  quinze  ans; 

BÉpo'ssE.  —  Le  nombre  de  ces  enfants  est  très-Considérable  ;  dans 
l'industrie  cotonriière,  qui  a  pris  une  sî  grande  extension  dans  notre 
pays ,  la  proportion  moyenne  d'une  filature  pour  les  enfants  est 
d'un  tiers.  Sur  ce  nombre ,  la  moitié  ont  l'Age  de  six  ans  et  demi 
à  dix  ans;  l'autre  moitié  de  dix  à  quinze  ans. 

Dans  les  autres  industries ,  le  nombre  des  enfants  employés  est 
également  très-considérable  ;  sur  dix  mille  Sept  cent  un  ouvriers 
employés,  en  1840,  dans  les  houillères  de  la  province  de  Liège, 
on  comptait  six  mille  quatre-vingt-dix  enfants.  Ces  enfants  ne  sont 
en  général  admis  à  j  travailler  qu'à  l'âge  de  dix  ans.  Dans  une 
houillère  que  l'un  de  vos  commissaires  (1)  a  visitée,  sur  cent 
ouvriers  se  trouvaient  vingt  S  trente  enfants  âgés  de  dix  à  quinze 
ans,  c'esl-à-dirc,  près  du  quart.  On  lui  a  assuré  que  le  nombre  en 

(1)  1  Kiikem. 


^y  Google 


])E  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MEDECINE.  327 

est  considérablement  diminué  depuis  qu'on  s'est  déterminé  i  intro- 
duire et  à  maintenir  dans  les  fosses,  des  chevaux  qui  traînent  sur 
des  rails  les  chariot»  chargés  des  produits  ;  lâche  très-pénible  et 
fatigante  que  les  jeunes  bouilleurs  remplissaient  autrefois  presque 
exclusivement. 

Dans  une  manufacture  d'épingles  à  la  mécanique,  où  l'on  emploie 
du  fil  de  laiton  et  du  plomb  fondu  pour  confectionner  la  tête  d'une 
espèce  d'épingles,  travaillent,  dans  une  position  assise  et  continue, 
environ  quarante  enfants  âgé*  pour  la  plupart  de  dix  à  quinze  ans, 
quelques-uns  de  huit  à  dix  ans. 

Dans  une  manufacture  de  cardes  à  I*  mécanique,  sur. cent 
ouvriers,  il  n'y  a.  qu'un  petit  nombre  d'enfants  au-dessous  de  doute 
à  quinze  ans;  nuis  on  compte  &  peu  près  un  dixième  d'adolescents 
de  quinze  à  vingt  ans. 

Dans  une  manufacture  de  machines  et  de  limes,  sur  trois  à 
quatre  cents  ouvriers  se  trouvent  quelques  enfants  et  adolescents 
des  deux  sexes,  âgés  de  dix  à  dix-huit  ans.  Le  petit  nombre  d'en- 
fants d'un  âge  plus  tendre  (de  huit  à  dix  ans)  qu'on  y  voit,  sont 
tous  des  apprentis  non  salariés,  fils  d'ouvriers,  qui  ne  sont  occupés 
qu'a  de  légers  travaux,  sous  les  yeux  de  leurs  pères,  et  pendant 
quelques  heures  de  la  matinée  seulement. 

Dans  une  filature  de  lin  à  la  mécanique,  sur  neuf  cents  ouvriers, 
on  compte  au  delà  des  deux  tiers  d'enfants  et  d'adolescents  de  dix 
a  dix-huit  ans  et  de  huit'  à  douze  ans.  Cette  dernière  catégorie  est 
la  plus  nombreuse. 

Dans  les  fabriques  de  draps  et  de  couvertures  de  laine,  la  pro- 
portion des  enfants  de  huit  à  quinze  ans  est  à  peu  près  d'un  sixième 
ou  d'un  septième  du  nombre  total  des  ouvriers  employés. 

Dans  une  fabrique  de  gobtéterie  et  de  cristaux  où  travaillent 
cent  cinquante  ouvriers,  se  trouvent  environ  trente  enfants  de  huit 
a  quinze  ans. 

Dana  les  fabrique»  de  verreries,  ou  les  reçoit  ordinairement  a 
l'âge  de  douze  ans  au  moins,  quand  ils  sont  assez  forts  pour  sup- 
porter le  travail. 

2*  ocxsTioir. — Quel  est,  dans  les  divers  genres  d'établissements, 
le  salaire  moyen  de  la  journée  de  travail,  d'après  l'âge,  le  sexe  et 
l'habileté  des  ouvriers  ? 

repusse. — Le  salaire  moyen  des  ouvriers  dans  les  houillères  est 
de  1  fr.  85  c;  celui  des  enfants  de  1  fr.  3c,  et  celui  des  femmes 
de  82  centimes. 


^y  Google 


328  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

Dans  les  filatures  de  lin  et  de  coton,  les  garçons  de  huit  k  dix 
ans  gagnent  30  centimes,  les  plus  habiles  45  k  50;  ceux  de  douze 
à  quinze  ans,  75  à  90  centimes  ;  les  filles,  HO  à  40  centimes. 

Dans  les  fabriques  de  draps  et  de  couvertures,  le  salaire  varie 
de  1  fr.  à  50  centimes. 

Dans  les  manufactures  d'épingles,  il  est  seulement  de  30  cen- 
times pour  les  plus  petits  enfants,  de  50  pour  les  moyens  et  de 
1  fr.  70  s.  pour  les  plus  âgés. 

Dans  la  Fabrique  de  machines  et  de  limes,  le  salaire  moyen  des 
enfants  est  de  1  fr.  50  centimes. 

Dans  les  fabriques  de  cardes,  il  est  de  1  fr.,  et  varie  suivant  le 
travail  qu'ils  exécutent. 

Dans  la  fabrique  de  gobléterie,  il  est  de  50  centimes.  À  Ver- 
Tiers,  le  salaire  moyen  d'un  enfant  est  de  78  centimes. 

3*  ouxsnoir.  —  Combien  d'heures  les  ouvriers  travaillent-ils  par 
jour,  tant  en  été  qu'en  hiver? 

béponse.  —  Dans  les  filatures  de  coton  et  de  lin,  les  journées  de 
travail  sont  de  treize  heures  en  été,  et  de  douze  en  hiver. 

Dans  les  houillères  elles  sont  de  huit  à  douze  heures. 

Dans  les  manufactures  de  cardes,  les  ouvriers  travaillent  jusqu'à 
quatorze  heures  par  jour. 

Dans  les  fabriques  de  gobléterie  où  il  y  a  en  même  temps  une  ma- 
chine et  un  feu  continu,  le  travail  qui  s'effectue  dans  le  courant  de 
vingt-quatre  heures,  se  fait  par  deux  troupes  d'ouvriers  k  peu  près 
égales,  qui  se  remplacent  alternativement.  L'une  commence  sa 
journée  a  midi  et  Ja  termine  a  onze  heures  et  demie  du  soir,  tandis 
que  l'autre  la  commence  à  minuit  et  la  termine  vers  onze  heures 
et  demie  du  matin  (1). 

4'  QUESYion.  —  Les  enfants  travaillent-ils  autant  que  les  hommes 
faits? 

airoirsB.  —  La  durée  du  travail  des  enfants  des  deux  sexes  dans 
les  manufactures,  mines  et  usines,  est  la  même  que  celle  des 
hommes  faits.  Leur  absence  occasionnerait  le  chômage  de  la 
fabrique  entière. 

5"  ODWTIOB-.  —  A  quels  travaux  les  emploie-l-on  ? . 

axponsE.  —  En  général,  l'ouvrage  qu'on  impose  aux  enfants  dans 

(I)  A  Vervim*,  iei  euTTÎen  travaillent  douta  heurai  et  donùc  ds  jour,  fi  neuf 
hniirci  da  nuit,  un*  compter  lei  rtUii. 


^y  Google 


•DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MEDECINE.  399 

les  usines  et  manufactures,  ne  constitue  pas  un  labeur  au-dessus  de 
leurs  forces.  Cette  règle  ne  comporte  peut-être  d'exception  que 
pour  les  houillères  où  le  jeune  houilleur,  indépendamment  des  cir- 
constances défavorables  et  nuisibles  dans  lesquelles  il  se  trouve 
placé,  sert  au;  transport  des  produits  dans  les  galeries  qui  ne  sont 
pas  assez  élevées  pour  permettre  aux  chevaux  d'y  marcher. 
Dans  les  filatures  de  fil  et  de  coton  à  la  mécanique,  la  condition 
.  des  enfants  et  des  adolescents  change  tout  à  fait ,  et  leur  emploi 
acquiert  une  importance  réelle  ;  devenus  ouvriers  indispensables, 
ils  sont  constamment  à  côté  du  fileur  qui  ne  peut  se  passer  de  leur 
coopération.  Rassemblés  en  nombre  déterminé  dans  un  même  ate- 
lier, chaque  métier  a  filer  en  occupe  au  moins  deux,  quelquefois- 
trois  ou  quatre,  selon  l'étendue  et  le  nombre  de  ces  machines.  Ils 
sont  occupés  a  diverses  fonctions  sous  les  noms  de  :  tireurs,  tàvevrs, 
bobineurs,  balayeurt  et  rattacheurs.  Ces  derniers  sont  chargés  de 
surveiller  les  fils ,  de  rattacher  ceux  qui  se  rompent,  de  nettoyer 
les  bobines,  de  ramener  le  coton  qui  s'échappe  du  ventilateur,  au 
risqué  de  se  faire  broyer  les  doigts  et  les  mains.par  les  rouages  des 
machines.  Ce  sont,  à  proprement  parler,  dit  un  auteur  moderne, 
les  aides,  les  élèves,  et  presque  toujours  les  souffre-douleur  du 
fileur.  Ajoutez  que  ces  diverses  occupations  exigent  de  l'enfant 
une  attention  et  une  activité  qui  ne  soient  jamais  interrompues, 
car  le  moteur  est  là  qui  les  presse ,  et  toute  distraction  de  leur 
part,  par  cela  seul  qu'elle  serait  préjudiciable  au  fileur,  serait 
punie  de  la  manière  la  plus  sévère. 

6*  qubstiok.  —  Le  travail  des  enfants  a-t-jl  lieu  d'une  manière 
continue  ou  se  fait-il  par  intervalles,  et,  dans  ce  second  cas;  quels 
sont  ces  intervalles? 

hépobsi.  —  En  général,  le  travail  des  ouvriers  dans  les  manu- 
factures n'a  pas  lieu  d'une'  manière  continue,  mais  par  intervalles. 
Dans  la  plupart  d'entre  elles,  ces  intervalles  sont  au  nombre  de 
trois,  chaque  jour  ouvrable  :  le  premier  destiné  au  déjeuner,  est 
d'une  demi-heure  ;  le  second  au  dîner,  d'une  heure  ;  le  troisième 
au  goûter,  d'une  demi-heure. 

Cependant,  dans  les  houillères,  le  travail  journalier  qui  dure  un 
peu  moins  que  dans  les  manufactures,  a  lieu  d'une  manière  con- 
tinue; dans  la  fabrique  de  .gobléterie,  le  travail  est  également 
presque  continu  et  ne  se  suspend  que  pendant  une  demi-heure 


y^hay  Google 


330  RAPPORT  DE  LA  GOMMLSSWN 

A  Verviers,  le  travail  du  tondeur  a  lieu  par  intervalle*  {  il  est 
continu  pour  les- autre*  travaux. 

7*  question.  —  Y  a-t-il  dans  certain»  établi  sseinents  un  travail 
de  nuit  pour  les  enfanta  ?  Dans  l'affirmative,  de  combien  d'heure* 
par  nuit  ou  par  semaine? 

KEtottsx.  —  Ordinairement  il  n'y  a  pas  de  travail  de  nuit  dans 
le*  manufacture*.  Dan*  le*  fabriques  de  draps,  les  ouvriers  sont 
cependant  obligés  de  travailler  ainsi,  six  foi*  par  mois  ;  mais  alors 
le  travail  auquel  concourent  le*  adultes  comme  les  enfants,  ne  dure 
que  neuf  heure*.  Il  a  lieu  de  huit  heure*  du  soir  à  cinq  heures  du 
matin,  avec  deux  petits  intervalles  de  repos;  le  salaire  pour  ce 
travail  nocturne  est  égal  a  celui  d'une  journée  de  travail  diurne. 

Dans  les  houillères,  il  y  a  un  travail  de  jour  et  un  travail  de 
nuit,  qui  sont  a  peu  près  les  mêmes  quant  a  la  durée.  Les  ouvrier* 
qui  ont  terminé  leur  journée  sortent  de  la  fosse,  retournent  cheï 
eux,  et  sont  remplacés  par  d'autres  qui  leur  succèdent  immédiate- 
ment, en  sorte  que  les  travaux  ne  discontinuent  que  les  jours  fériés. 

Dans  la  fabrique  de  gobléterie,  il  y  a  bien  aussi  deux  troupes 
d'ouvriers  qui  travaillent  et  se  relèvent  alternativement,  mais  le* 
époques  du  jour  où  le  travail  commence  et  se  termine,  ne  sont  pas 
les  mêmes,  comme  on  l'a  vu  plus  haut  &  la  troisième  question. 

A  Verviers,  les  enfants  sont  soumis  a  un  travail  de  nuit,  qui  a 
lieu  de  sept  heures  du  soir  à  cinq  heures  du  matin. 

Dans  les  filatures  de  colon  et  de  lin,  en  général,  le  travail  de 
nuit  est  proscrit  comme  étant  aussi  pernicieux  sous  le  rapport 
pécuniaire  que  sous  le  rapport  moral.  On  n'y  a  guère  recours  que 
pour  regagner  le  temps  que  fait  perdre  le  dérangement  du  moteur 
principal. 

8°  question.  —  Les  enfants  des  deux  sexes  sont-ils  confondus 
dans  le*  ateliers? 

airoKSa.  —  Dans  les  filatures  de  coton  et  de  lin  les  entants  de* 
deux  sexe*  sont  confondus.  II  en  est  de  même  dan*  le*  houillères, 
mais  dans  les  fabriques  de  draps,  de  couvertures  de  laine,  de  limes, 
de  machines,  de  gobléterie,  etc.,  ils  sont  ordinairement  séparés. 

Dans  les  fabriques  d'épingles,  ce  sont  presque  toute*  filles;  les 
enfants,  qui  s'y  trouvent  en  petit  nombre,  sont  Agés  de  sept  a  huit 
ans.  A  Verviers  ,  le*  enfant*  des  deux  sexes  sont  séparés  dam  les 
fabrique*. 


^y  Google 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MÉDECINE.  351 

9*  question.  —  Les  enfants  appartiennent-ils  ordinairement  aux 
ouvriers  occupés  eux-mêmes  dans  l'établissement? 

réponse.  —  Dans  la  plupart  des  établissements  susmentionnés, 
à  l'exception  des  filatures  de  coton  et  de  lia ,  et  de  la  fabrique 
d'épingles  où  il  y  a  beaucoup  de  filles  et  de  garçons  dont  les  parents 
ne  travaillent  pas  avec  eux,  les  enfants  appartiennent,  du  moins 
pour  le  plus  grand  nombre,  aux  ouvrier»  adultes  qui  y  sont 
employés. 

Le  nombre  des  enfants  et  des  adolescents  occupés  dans  les  ate- 
liers de  filature  a  beaucoup  diminué  depuis  1831;  aujourd'hui, 
comme  alors,  ils  y  sont  admis  de  l'Age  de  six  ans  et  demi  a  celui  de 
doute  ans.  Lorsque  le  fileur  est  père  de  famille,  il  trouve  un  avan- 
tage matériel,  c'est-à-dire ,  une  augmentation  de  salaire,  en  choi- 
sissant ses  aides  parmi  ses  enfants  qu'il  sacrifie  en  quelque  sorte  k 
ce  rude  métier,  lorsque  leurs  forces  commencent  a  peine  à  se  déve- 
lopper. Desfilateurs  respectables  et  éclairés  nous  ont  affirmé  que,  sous 
divers  prétextes  futiles,  des  ouvriers  fileurs,  pères  de  nombreuses 
familles,  poussés  par  la  cupidité ,  ont  voulu  forcer  tes  chefs  de 
fabriques  à  admettre  leurs  enfants  âgée  de  moins  de  six  ans. 

10*  otJESTiôn".  —  Quels  avantages  le  fabricant  trouve-t-i!  1 
employer  des  enfants  de  préférence  aux  adultes? 

b épouse.  —  Les  principaux  avantages  que  les  chefs  de  manufac- 
tures trouvent  a  employer  des  enfants  de  préférence  aux  adultes, 
sont  : 

a.  De  pouvoir  leur  accorder  un  salaire  moins  élevé; 

b.  De  lés  employer  à  certains  travaux  manuels  ou  autres  pour 
l'exécution  desquels  les  enfants  ont,  suivant  eux,  une  aptitude  plus 
grande,  comme  par  exemple,  de  traîner  des  chariots  dans  les 
galeries  basses  des  houillères  à  l'instar  des  bêles  de  somme; 

c.  De  leur  permettre  de  vendre  le*  produits  manufacturés  a  bon 
marché  ; 

d.  De  diminuer  l'oisiveté  dans  laquelle  croupissent  les  enfants 
des  prolétaires; 

e.  D'offrir  une  ressource  aux  familles  pauvres; 

/'.  De  laisser  aux  mères  de  famille  plus  de  temps  disponible  pour 
vaquer  à  leurs  occupations  domestiques,  eto. 

Il  est  à  remarquer  que  ces  avantages  spécieux  ne  sont  pas 
toujours  dans  ('intérêt  bien  entendu  des  familles,  en  général,  misé- 


^y  Google 


33Î  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

râbles  et  de  leurs  pauvres  enfants,  et  qu'il*  ne  s'obtiennent  qu'aux 
dépens  de  la  santé  physique  et  morale  et  de  la  durée  espérable  de 
la  vie  de  ces  derniers. 

1 1"  qtjotiok. — Comment  les  enfants  sont-ils  généralement  traités 
par  ceux  qui  les  emploient? 

aiponsE.  —  Les  enfants  sont  généralement  mieux  traités  dans 
nos  manufactures  qu'ils  ne  le  sont  dans  certaines  fabriques  d'An- 
gleterre, de  France,  de  la  Nouvelle-Espagne,  etc.,' d'après  ce  que 
rapportent  Àstley,  Cowers,  Aikin,  Bowles,  Villermé  et ' Hùnjboldl. 
Il  est  très-rare,  en  effet,  qu'un  enfant  y  soit  maltraité.  Ceux  qui 
sont  volontaires  ou  peu  attentifs,  étant  d'ailleurs  fort  préjudiciables 
aux  intérêts  de  ceux  qui  les  occupent,  sont  renvoyés  des  ateliers. 
Au  surplus,  tout  acte  d'oppression  envers  les  enfants  est  sévèrement 
défendu  par  les  maîtres.  Aussi,  le  filcur  ou  tout  autre  ouvrier  est-il 
soumis  à  l'amende  ou  congédié,  si  on  apprend  qu'il  maltraite  se» 
aides.  Mous  le  répétons,  il  est  excessivement  rare  qu'il  se  commette 
des  actes  de  brutalité. 

12"  çcestio».  —  Les  travaux  auxquels  les  enfants  se  livrent,  leur 
permettent-ils  de  fréquenter  les  écoles? 

képohsb.  —  Les  travaux  auxquels  les  enfants  se  livrent  dans  la 
plupart  des  établissements  sus-indïqués,  ne  leur  permettent  point 
de  fréquenter  les  écoles;  et,  lorsqu'à  la  fin  de  leur  journée  de  tra- 
vail de  douze  a.  quatorze  heures,  ils  se  retirent  épuisés  de  fatigue 
et  de  faim,  ils  ne  sont  guère  en  état  d'aller  et  de  profiter  aux  écoles 
du  soir,  qui  présentent,  surtout  en  hiver,  de  grands  inconvénients 
sous  le  rapport, des  mœurs.  Si  l'on  instituait  partout  des  écoles 
dominicales ,  les  enfants  des  fabriques  pourraient  les  Fréquenter 
facilement  et  avec  beaucoup  d'avantages,  mais  le  nombre  des  jours 
fériés  de  Tannée,  fussent-ils  même  utilement  employés,  est  trop 
restreint  pour  oser  espérer  que  ces  enfants  puissent  recevoir  une 
éducation  morale  et  intellectuelle  en  rapport  avec  les  besoins 
moraux  de  l'ouvrier  futur. 

Aussi,  une  longue  et  malheureuse  expérience  a  démontré  à  tous 
ceux  qui  s'occupent  du  bien-être  de  la  classe  ouvrière,  que  la  cor- 
ruption des  mœurs  d'une  partie  de  celte  classe  a  atteint  un  degré 
qui  inspire  de  sérieuses  inquiétudes.  Arrivé  à  l'âge  de  puberté, 
l'ouvrier,  privé  d'éducation,  tombe  dans  l'abrutissement  le  plus 
complet  j  il  vît  dans  l'ignorance  absolue  de  ses  devoirs  religieux  et 
de  ses  devoirs  de  citoyen,  conséquence  inévitable  du  système  de 


^Google 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MEDECINE.  333 

travail  qu'on  lui  a  imposé  dès  l'âge  le  plus  tendre.  Il  le  livre  à  tous 
les  emportements  de  la  jeunesse,  à  tous  les  vice»  provoqués  par 
l'orage  des  passions  alors  si  violentes,  et  qui  l'entraînent  dans  un 
abîme  de  désordres,  parce  que  aucune  vérité*  morale  el  religieuse 
ne  parle  à  son  cœur,  parce  que  aucune  instruction  n'éclaire  son 
intelligence  et  ne  vient  contre-balancer  ou  arrêter  l'impulsion  qui 
le  pousse  aii  mal. 

Ainsi  les  enfants  des  fabriques  ne  fréquentent  et  ne  peuvent  guère 
fréquenter  les  écoles.  Il  en  est  de  même  dé  ceux  qui  travaillent 
dans  les  houillères  ;  ils  pourraient  cependant  le  faire  puisqu'ils  ne 
sont  occupés  que  huit  à  douze  heures  sur  vingt-quatre. 

D'après  des  renseignements  obtenus,  nous  avons  lieu  de  croire 
que  ceux  de  ces  enfants  qui  travaillent  avec  leurs  pères  dans  les 
mêmes  fosses,  et  habitent  des  villages  voisins  où  ils  se  livrent',  pen- 
.  dant  le  temps  qu'ils  ont  disponible,  a  ta  culture  des  champs  ou  de 
quelque  jardin  potager,  reçoivent,  en  général ,  plus  d'éducation  et 
plus  d'instruction,  et  qu'ils  sont  soumis  à  des  conditions  hygiéniques 
plus  salutaires,  que  ceux  qui  ne  font  pas  alterner  les  travaux  sou- 
terrains des  mines  avec  lès  travaux  agricoles  et  qui  habitent  la  ville, 
les  faubourgs  ou  la  banlieue.  Bans  la  fabrique  de  gobléterie,  les 
enfants  profitent  de  la  moitié  du  jour  où  ils  né  travaillent  pas  pour 
fréquenter  les  écoles  gratuites.  A  Verviers,  les  enfants  qui  tra- 
vaillent le  jour,  fréquentent  les  écoles  du  soir,  mais  ceux  qui  tra- 
vaillent la  nuit  ne  le  peuvent  pas.  '     . 

15*  qiisstiok.  —  Quels  sont  les  établissements  industriels  aux- 
quels des  écoles  sont  attachées? 

HKMHtn.  — Nous  n'en  connaissons  aucun. 

14*  question.  —  Quels  sont  les  établissements  industriels  dont 
les  propriétaires  payent  régulièrement  pour  les  écoles  publiques, 
l'écolage  d'un  certain  nombre  d'enfants  employés  comme  ou- 
vriers? 

aÉPOKSR.  —  A  Verviers  il  y  a  quelques  chefs  de  fabriques ,  et 
entre  autres  MU.  Biolléy,  Grandry  et  Simonis,  qui  payent  l'écolage 
d'un  certain  nombre  de  jeunes,  ouvriers.  Il  serait  à  souhaiter  que 
cet  exemple  libéral  fût  imité  par  les  autres  industriels. 

15*  question.  —  Quels  sont  les  établissements  industriels  où  il 
existe  une  caisse  d'épargne  ou  une  caisse  de  prévoyance  en  faveur 
des  ouvriers  malades  7 


DiglizedOy  GOOgle 


534  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

«kpohse.  —  La  plupart  des  houillères  sont  associées  à  la  caisse 
de  prévoyance  récemment  instituée  par  les  soins  du  gouvernement. 
Cette  sage  mesure  ne  parait  pas  avoir  encore  été  introduite  dans 
les  autres  établissements  ;  mais  plusieurs  ont  une  caisse  pour  les 
malades  et  les  blesses.  Dans  la  fabrique  du  Phénix  à  Gond ,  les 
premiers  obtiennent  le  quart  de  leur  salaire  journalier,  et  les 
seconds  la  moitié,  lorsque  leurs  blessures  sont  la  suite  des  dangers 
auxquels  ils  sont  exposés  dans  leurs  travaux.  Un  médecin-chirur- 
gien est  attaché  à  rétablissement, 

16'  question.  —  Quelles  sont  les  maladies  ou  les  infirmités  que 
les  ouvriers  contractent  par  suite  de  leurs  travaux  dans  les  manu- 
factures, mines  et  usines? 

sépohse.  —  Ces  maladies  ou  infirmités  sont  très-nombreuses. 
Elles  varient  suivant  les  influences  nuisibles  exercées  par  la  situa- 
tion des  ateliers  ;  par  la  nature  et  la  durée  des  travaux  ;  par  les 
époques  du  jour  et  de  la  nuit  auxquelles  les  ouvriers  s'y  livrent  ; 
par  la  nature  des  matériaux  mis  en  œuvre;  par  les  substances  mor- 
bifiques  pulvérulentes  ,  vaporeuses  ou  gazeuses  mélangées  ou  sus- 
pendues dans  l'air  ambiant;  par  la  situation  incommode  du  corps  ; 
par  l'humidité;  par  une  température  trop  élevée;  par  un  excès  de 
fatigue,  etc.,  etc.  Ces  maladies  contribuent  puissamment  à  pro- 
duire cette  mortalité  et  ce  dépérissement  des  hommes,  proportion- 
nellement plus  évidents  et  plus  considérables  dans  les  pays  manu- 
facturiers que  dans  les  pays  agricoles,  au  point  qu'un  auteur  moderne 
appelle  les  villes  de  fabriques  les  catacombes  de  la  population. 

Lorsque  le  gouvernement  anglais  voulut  tarir  dans  leurs  sources 
les  maux  produits  par  le  travail  des  fabriques,  il  fit  examiner  par 
un  comité  médical  l'état  sanitaire  des  districts  manufacturiers.  Le 
comité  constata  cinquante  affections  morbides  propres  aux  diverses 
espèces  d'industrie. 

Indépendamment  des  accidents  multipliés  auxquels  nos  jeunes 
ouvriers  sont  exposés  dans  les  fabriques  où  l'on  emploie  des  ma- 
chines à  motenr  continu,  nous  noterons  spécialement:  l'affaiblisse- 
ment de  la  constitution;  le  dépérissement  général  du  corps;  l'arrêt 
du  développement  normal  et  régulier  des  diverses  parties;  fané- 
mie,  les  affections  scrofuleuses,  rachiliques,  tuberculeuses  et  can- 
céreuses, devenues  si  fréquentes  de  nos  jours  ;  l'emphysème  pulmo- 
naire, les  phi egmasies  aiguës  et  surtout  chroniques  des  voies  aériennes 
et  des  poumons;  des  maladies  lentes  et  trop  souvent  incurables, 


^y  Google 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MÉDECINE.  335 

parce  qu'elles  altèrent  profondément  la  composition ,  la  texture 
de*  organes  affectés ,  du  cœur  et  des  gros  vaisseaux ,  de  l'œso- 
phage, de  l'estomac,  du  foie  et  des  centres  nerveux.  De  toutes  ces 
maladies,  l'une  des  plus  fréquentes  dans  les  grandes  villes,  et  sur- 
tout dans  les  villes  manufacturières ,  parmi  les  ouvriers  adonnés 
aux  travaux  sédentaires,  est  sans  contredit  la  pntaisie  pulmonaire. 
On  a  signalé  comme  circonstances  propres  à  favoriser  le  dévelop- 
pement de  cette  affection,  la  misère,  une  nourriture  insuffisante  et 
de  mauvaise  qualité,  la  malpropreté,  l'encombrement  prolongé 
d'une  certaine  quantité  d'individus  dans  des  espaces  clos,  l'absence 
d'exercice  actif  général,  l'air  impur  des  ateliers,  l'exhalaison  de 
certaines  vapeurs  minérales  ou  végétales,  l'intempérance  dans 
l'usage  des  boissons  alcooliques,  etc.,  tandis  que  les  circonstances 
qui  exercent  en  quelque  sorte  une  influence  prophylactique  sur 
ce  fléau  dévastateur  des  jeunes  ouvriers  sédentaires,  dans  nos 
fabriques,  sont  :  une  condition  aisée,  la  vie  active  et  en  plein  air, 
les  travaux  agricoles,  l'exercice  de  toutes  les  parties  du  corps,  l'in- 
halation de  vapeurs  aqueuses,  une  habitation  saine  ,  une  bonne 
nourriture,  la  tempérance,  des  soins  de  propreté,  etc.,  et,  enfin, 
une  éducation  physique  et  morale  susceptible  de  développer  la  rai- 
son et  les  forces,  et  de  mettre  le  malheureux  prolétaire  plus  en  état 
de  lutter  avec  avantage  contre  les  causes  de  destruction  qui  l'en- 
tourent de  toutes  parts. 

L'on  connaît  les  précieux  travaux  de  H.  Villermé  sur  la  trop 
longue  durée  du  travail  des  enfants  dans  beaucoup  de  manufac- 
tures, et  sur  la  maladie  à  laquelle  sont  sujets  ceux  qui  travaillent 
dans  les  filatures  de  coton  :  ses  observations  ne  se  vérifient  mal- 
heureusement que  trop  dans  nos  villes  manufacturières.  Le  système 
de  travail  tel  qui)  est  actuellement  organisé  dans  tous  les  grands 
établissements  de  filature,  a  effectivement  produit  à  la  longue  des 
résultats  d'autant  plus  désastreux  que  les  enfants  sont  reçus  dans 
les  ateliers  à  un  âge  où  leur  constitution  n'est  pas  encore  formée 
et  ou  ils  ne  peuvent  pas  résister  aux  causes  qui  tendent  à  l'altérer. 

Examinez  l'enfant  des  fabriques  :  vous  lui  trouverez  l'organisa- 
tion peu  développée  en  proportion  de  son  âge  ;  il  est  chétif  et 
comme  étiolé  ;  il  présente  tous  les  signes  d'un  état  de  dégradation 
physique,  caractérisée  par  des  symptômes  de  chlorose  avec  dispo- 
sition aux  scrofules  et  au  rachitisme,  La  face  pâle  et  maigre  exprime 
un  air  de  souffrance  ;  les  muscles  sont  à  peine  dessinés  ;  le  ventre 
est  proéminent,  empAté  et  gonflé  ;  les  digestions  sont  souvent  labo- 


,dby  Google 


530  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

rieuses  et  remplacées  par  des  aigreurs!  Il  se  plaint  de  mal  de  tête, 
de  diarrhée  et  d'affection  vermineuse  ;  sa  croissance  est  lente,  sou- 
vent interrompue  ou  statîonnaire,  et  «a  taille  définitive  reste  tou- 
jours au-dessous  des  limites  normales. 

Arrivé  à  l'âge  de  la  puberté,  le  jeune  homme  ressent  plus  que 
jamais  les  conséquences  des  conditions  nuisibles,  inhérentes  à  sa 
profession.  11  contracte  des  maladies  professionnelles  et  n'atteint 
que  rarement  la  virilité.  La  poitrine  et  le  bassin  se  développent 
irrégulièrement  et  restent  étroits  ;  les  viscères'  contenus  dans  ces 
.  cavités  sont  disposés  aux  maladies  les  plus  graves ,  telles  que  la 
pneumonie,  la  pleurésie,  les  tubercules  des  poumons,  la  plubisic,  eto. 
Chez  les  jeunes  fille»  pubères,  les  organes  générateurs  subissent  a 
leur  tour  les  tristes  effets  de  oe  degré  de  dégradation  physique 
générale.  Quoique  âgées  de  dix-huit  à  vingt-quatre  ans,  la  Faiblesse 
de  leur  constitution  les  rend  incapables  de  devenir  mères  de  famille, 
triste  garantie  contre  l'état  de  désordre  dans  lequel  elles  virent  le 
plus  souvent!  Elles  succombent  ordinairement  aux  scrofules,  a  la 
chlorose,  à  la  phthisie  pulmonaire/ 

17'  question.  ■ —  Dans  quelle  proportion  ces  maladies  ou  infir- 
mités s'élèvent-elles  ? 

bépousi.  — Le  défaut  de  documents  statistiques  nous  empêche 
de  répondre  &  cette  question.  C'est  un  travail  que,  dans  l'intérêt 
de  l'humanité,  il  serait  &  désirer  de  voir  effectuer  sur  une  échelle 
complète.  Le  docteur  Jucha,  professeur  de  médecine  à  Wurtz- 
bourg,  a  publié,  il  y  a  quelques  années,  un  essai  statistique  relatif 
à  l'influence  qu'exercent  certaines  professions  sur  la  santé  des 
ouvriers  adultes.  Comme  ce  travail  pourrait  être  utile  à  celui  qu'on 
voudrait  entreprendre  dans  le  même  genre,  nous  en  rapportons 
ici  tes  dispositions  principales. 

Il  existe,  à  Wurtzbourg,  un  établissement  où  tous  les  individus 
âgés  de  quinze  a  trente-cinq  ans  qui  se  livrent  à  des  professions 
mécaniques  (ceux  atteints  de  syphilis  et  de  gale  en  sont  exclus), 
reçoivent  des  conseils  et  des  secours  quand  ils  tombent. malades. 
En  examinant  les  registres  de  rétablissement  depuis  17.86  jus- 
qu'en 1854,  le  docteur  Juchs  a  recueilli  les  matériaux  nécessaires 
pour  traiter  la  grande  question  dont  il  s'est  occupé.  Pendant  le 
laps  de  temps  compris  entre  ces  deux  époques,  cinquante-huit 
mille  cent  vingt-cinq  ouvriers  séjournèrent  dans  la  ville  pendant 
un  an  au  moins,  et  de  ceux-ci  treize  mille  deux  cent  soixante-huit 


ly  Google 


DE  L'ACADEMIE  ROYALE  DE  MÉDECINE.  337 

tombèrent  malades;  sur  ce  nombre  quatre  cent  quarante-cinq 
moururent,  ce  qui  donne  par  an,  terme  moyen,  deux  cent  soixante 
et  quinze  malades  et  neuf  morts,  c'est-à-dire,  1  sur  29,8,  propor- 
tion minime  et  qu'on  doit  certainement  attribuer  d'un  côté  a  la 
jeunesse  des  malades,  et  de  l'autre  aux  traitements  qu'ils  ont  subis. 
L'auteur  fait  connaître  par  un  tableau  l'état  de  santé  et  de  mor- 
talité considéré  dans  chaque  profession.  Cette  mortalité  varie 
entre  0,353  et  0,004.  Quant  a  la  fréquence  des  maladies,  elle 
varie  entre  4  et  76  par  cent.  Du  reste,  les  chiffres  relatifs 
a  la  fréquence  des  maladies  ne  sont  pas  proportionnels,  et  le 
nombre  des  morts  n'est  pas  toujours  en  rapport  avec  celui 
des  maladies.  La  moyenne  de  la  fréquence  des  maladies  est 
de  0,2282.  Vingt  professions  présentent  un  chiffre  supérieur  à 
celui-ci,  et  les  trente-deux  autres  un  chiffre  inférieur.  Les  conclu- 
sions générales  que  le  docteur  Jucha  déduit  de  ses  recherches,  sont 
les  suivantes  : 

1"  L'influence  de  la  profession  sur  la  fréquence  des  maladies  et 
sur  la  mortalité  est  très-grande,  et  sous  ce  point  de  vue,  les  dif- 
férences entre  les  diverses  professions  sont  très-importantes  à 
noter  ; 

2*  La  fréquence  des  maladies  et  la  mortalité  ne  sont  pas  tou- 
jours en  proportion  entre  elles;  beaucoup  de  professions  causent 
beaucoup  de  maladies  et  peu  de  mortalité,  et  vice  versa; 

3*  On  peut  admettre  qu'il  existe  vingt  professions  insalubres,  et 
trente-deux  salutaires  ; 

4"  Les  circonstances  qui  déterminent  une  grande  mortalité  sont  : 
les  gaz  qui  s'exhalent  du  charbon  en  combustion  ;  un  air  chaud  et 
sec  ;  le  travail  dans  une  position  incommode  et  courbée  du  tronc  ; 
la  position  assise  et  verticale;  la  poussière  provenant  des  sub- 
stances minérales  ;  le  séjour  ou  le  voisinage  des  eaux  ou  dans  les 
eaux  ;  les  changements  brusques  et  les  vicissitudes  de  température; 
un  salaire  modique  ;  l'intempérance  dans  la  boisson,  surtout  dans  les 
boissons  alcooliques  ;  une  faible  dépense  de  force  dans  le  travail  ; 
l'habitation  dans  des  lieux  fermés  ; 

5"  Les  circonstances  qui  paraissent  au  contraire  être  cause  de  la 
fréquence  des  maladies,  sont  :  les  émanations  métalliques;  un 
salaire  élevé;  le  changement  de  position  ;  les  exhalations  animales; 
la  poussière  végétale;  une  nourriture  abondante;  le  séjour  dans 
un  air  chaud  et  humide  ;  les  efforts  musculaires  ;  le  travail  au 
grand  air; 

«. 


a'tv  Google 


3»  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

6°  Let  maladie*  grave*  et  la  grande  mortalité  reconnaissent  pour 
cause*  :  une  disposition  morale  triste  ;  une  faible  dépense  des 
forces;  les  émanations  métallique*  autres  que  celle*  du  fer;  la 
situation  assise  longtemps  continuée  ;  le  travail  à  l'exposition  d'un 
air  froîd  et  humide  ;  un  petit  salaire  ;  l'influence  de  l'air  sec  et 
froid  ;  les  changements  brusques  de  température  ;  les  lieux  fermés; 
la  position  courbée  ; 

7'  Les  circonstances  qui  semblent  avoir  une  influence  favorable 
sur  la  conservation  de  la  santé  et  de  la  vie,  sont  :  la  bonne  nourri- 
ture ;  le  changement  fréquent  de  position  ;  l'habitation  dans  le 
voisinage  des  eaux  courantes,  à  la  campagne  et  non  dans  les 
villes,  etc. 

18*  question.  —  Ces  maladies  ou  infirmités  atteignent-elles  plus 
fréquemment  les  enfants  que  les  adultes? 

képoksb.  — Il  y  a  des  maladies  qui  atteignent  plus  fréquemment 
les  enfants  que  les  adultes;  telles  sont,  le  rachitisme,  la  déforma- 
tion  des  membres ,  l'incurvation  de  l'épine  dorsale ,  les  scrofules, 
le  carreau ,  les  tumeurs  blanches  des  articulations ,  la  teigne  ,  les 
tubercules  des  os  et  des  centres  nerveux,  une  sorte  de  dépérisse- 
ment général  avec  atonie  et  arrêt  ou  perversion  dans  la  nutrition 
des  organes.  En  outre,  dans  les  fabriques  où  l'on  emploie  des 
machines  à  moteur  continu  pour  filer  de  la  laine,  du  coton  ou  du 
lin,  il  arrive  assez  souvent  que  diverses  parties  du  corps,  spéciale- 
ment les  doigts  et  les  mains,  s'engagent  et  sont  broyés  entre  les 
rouages ,  d'où  résultent  des  plaies  par  arrachement ,  qui  estro- 
pient ordinairement  ces  jeunes  malheureux  pour  le  reste  de 
leur  vie. 

Dans  les  fabriques  d'aiguilles  et  de  cardes,  il  s'élève  continuel- 
lement, des  fils  d'acier  ou  de  fer  passés  sur  des  meules  de  grés , 
une  poussière  ferrugineuse  qui ,  inspirée  par  les  ouvriers,  irrite  la 
trachée  artère  et  dispose  à  la  phthisie  trachéale. 

19'  question.  —  Quelles  précautions  hygiéniques  y  aurait-il  a 
prendre  dans  les  fabriques  mines  et  usines? 

répokse.  —  Ces  précautions  devraient  être  générales  et  spé- 
ciales. Les  premières  tendraient  a  corriger  ou  a  altérer,  autant  que 
possible,  les  effets  délétères  du  milieu  dans  lequel  les  ouvriers  sont 
plongés.  La  première  et  la  plus  essentielle  serait  de  leur  procurer 
le  bénéfice  d'un  air  constamment  renouvelé.  Il  serait  donc  indis- 
pensable que ,  comme  mesure  hygiénique  générale ,  les  fabriques 


^y  Google 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MEDECINE.  339 

adoptaient  le  système  des  ventilateurs  qu'on  emploierait  avec  le 
plus  grand  avantage  pour  dissiper  la  chaleur,  l'humidité,  et  extraire 
l'air  corrompu.  Dans  les  carder ie»  de  coton  ou  de  lin  surtout ,  où 
le  nettoyage  des  matières  fibreuses  dégage  une  poussière  nuisible, 
l'effet  salutaire  du  ventilateur  se  fait  sentir  de  la  manière  la  plus 
remarquable.  Cet  effet  est  tel,  qu'un  ventilateur  placé  dans  une 
salle  de  cent  a  cent  cinquante  pieds,  suffit  pour  pomper  l'air  inté- 
rieur avec  asses  de  force  pour  produire,  a  l'autre  extrémité  de  la 
salle,  un  courant  capable  de  tenir  une  porte  a  contre-poids 
ouverte,  à  une  distance  de  six  pouces.  On  ne  saurait  assez  insister 
pour  généraliser  l'usage  de  ces  appareils  dans  les  filatures  de  coton 
et  de  lin.  En  effet,  c'est  11  que  les  inconvénients  d'un  air  non 
renouvelé  se  font  particulièrement  sentir.  La  température  de  cet 
air  chargé  de  matières  hétérogènes  et  plus  ou  moins  délétères,  y 
est  d'autant  plus  élevée  que  l'on  y  fabrique  des  fils  plus  fins;  les 
ouvriers  y  sont  plongés  dans  une  atmosphère  chaude  et  humide., 
qui,  même  en  hiver,  s'élève  au-dessus  de  vingt  a  trente  degrés  de 
Réaumur,  atmosphère  suffocante,  corrompue,  d'une  odeur  dés- 
agréable, chargée  de  poussière  végétale,  d'émanations  huileuses  et 
animales  qui  s'échappent  des  machines  et  du  corps  de  tant  d'indi- 
vidus, la  plupart  k  moitié  nus,  couverts  de  baillons,  et  d'une  mal- 
propreté dégoûtante,  et,  peut-être  aussi  mélangée,  surtout  pendant 
l'hiver,  avant  le  lever  et  après  le  coucher  du  soleil,  d'une  certaine 
quantité  de  gaz  non  respirables  (gaz  acide  carbonique  et  hydro- 
gène carboné),  quoique  l'éclairage  s'y  fasse  généralement  au  gaz. 

Indépendamment  de  ces  précautions  générales,  il  en  est  de 
spéciales.  Ainsi,  dans  les  fabriques  anglaises  où  l'air  est  continuel- 
lement chargé  d'une  poussière  Ferrugineuse  (fabriques  d'aiguilles 
et  de  cardes),  on  a  imaginé  un  masque  d'un  réseau  de  fil  de  fer 
aimanté,  sur  lequel  la  poussière  métallique  va  s'attacher  et  se 
déposer. 

Dans  les  fabriques  d'épingles  à  la  mécanique,  où  l'on  emploie 
du  plomb  fondu  pour  confectionner  les  tètes,  les  ouvriers  pour- 
raient interposer  devant  eux  un  châssis  vitré  qui  leur  permit ,  en 
passant  les  avant-bras  et  les  mains  par-dessous ,  de  voir  et  de 
manier  les  objets;  cet  appareil  empêcherait,  en  même  temps,  les 
émanations  saturnines  d'être  inspirées  avec  l'air. 

On  a  également  conseillé  l'usage  du  masque  pour  les  ouvriers 
employés  dans  les  Garderies  de  coton  ou  de  lin ,  mais  tous  ces 
appareils  ayant  le  grave  inconvénient  de  gêner  l'ouvrier  dans  ses 


^y  Google 


340  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

mouvements ,  seront  toujours  repoussés  par  lui.  Il  vaut  donc 
mieux  s'en  tenir  a  un  système  de  ventilation  assez  puissant  pour 
entraîner  les  corps  étrangers  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  se  produisent. 

20' question.  —  Quelle  influence  eierce  le  travail  des  enfanta 
sur  leur  développement  physique  ? 

nifON8E.  —  Le  travail  prématuré  des  enfants  exerce  une  influence- 
malfaisante  sur  leur  nutrition,  sur  leurs  forces ,  sur  leur  dévelop- 
pement en  général  et  particulièrement  sur.  celui  des  systèmes 
osseux  et  musculaires.  Il  enraye  la  croissance,  épuise  la  vie  et 
en  abrège  la  durée..  Il  produit  des  infirmités  et  des  maladies  nom- 
breuses. 

21'QTmsTKm.  —  Quelles  sont  les  opérations  où  cette  influence 
est  la  plus  marquée  et  que  l'on  peut  regarder  comme  leur  étant 
particulièrement  nuisibles? 

repokss.  —  Parmi  ces  opérations,  nous  signalerons  celles  qui 
ont  lieu  dans  les  manufactures  de  draps.  Là,  les  enfants  employés 
k  plaquer,  sont  obligés  d'être  toujours  debout  ;  leurs  doigts  s'usent 
et  ils  deviennent  boiteux. 

Dans  celui  de  ces  établissements  où  l'on  fabrique  des  couvertures 
de  laine ,  on  se  sert  de  machines  mobiles ,  dites  machines  à  hou 
dîner,  auxquelles  il  faut  imprimer  des  mouvements  successifs  de 
va-et-vient.  Pour  faire  reculer  la  machine  poussée  en  avant  par 
les  buudineurs,  les  enfants  occupés  à  pîoqver,  ne  pouvant  se  servir 
de  leurs  membres  inférieurs,  appliquent  à  cet  effet  la  partie  anté- 
rieure et  moyenne  de  la  jambe  contre  le  support  de  la  machine 
qui  est  élevée  sur  des  roulettes,  et,  de  ces  actions  fréquemment 
répétées,  il  résulte  que  les  os  flexibles  des  jeunes  ouvriers  cèdent 
sous  l'effort,  et  subissent,  à  la  longue,  une  incurvation  qui  con- 
stitue une  déformation  permanente  des  jambes  de  ces  enfants. 

Il  esta  notre  connaissance  que  le  directeur  de  l'un  de  ces  éta- 
blissements, M.  Louis  James,  a  fait  cesser  la  cause  qui  produit  cet 
>  accident  grave,  en  élevant  le  support  des  machines  au-dessus 
du  sol  ou  du  plancher,  de  manière  que  les  enfants  ne  sont  plus 
obligés  de  les  pousser  à  l'aide  de  la  jambe;  ils  peuvent,  avec  beaucoup 
plus  d'avantage  pour  la  puissance  musculaire  déployée,  y  appli- 
quer le  genou  ou  la  partie  antérieure  de  la  cuisse  et  du  fémur. 

22'  question.  —  Si  les  travaux  des  enfants  leur  sont  nuisibles , 
quels  sont  les  moyens  à  adopter  pour  remédier  au  mal? 


DiglizedOy  GOOgle 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MEDECINE.  Ul 

k£khi8B.  —  Pour  remédier  au  mal,  il  faudrait  d'abord  en  détruire 
ks  causes  autant  que  possible ,  ou  soustraire  tes  enfanta  k  leur 
action,  ou  au  moins,  les  modifier  de  manière  à  atténuer  leurs  effets 
nuisibles.  Or,  dans  l'espèce  de  travail  imposé,  ces  causes  sont  amo- 
vibles ou  inamovibles,  disponibles  ou  non  disponibles  ;  il  y  en  a 
qui  sont  inévitables,  c'est-à-dire ,  auxquelles  l'ouvrier  est  contraint 
de  se  soumettre;  mais,  en  revanche,  il  en  est  aussi  qu'on  peut 
détruire,  qu'on  peut  éloigner,  ou  dont  on  peut  amoindrir  les  effets 
pernicieux. 

On  obtiendra  ce  résultat  par  l'observance  rigoureuse  des  règles 
hygiéniques  applicables  aux  enfants,  suivant  leur  Age,  leur  consti- 
tution, les  influencée  auxquelles  ils  sont  exposés,  mais  surtout  en 
les  éloignant  des  travaux  trop  fatigants  qui  excèdent  leurs  forces 
et  qui  pourraient  être  faits  par  des  femmes  ou  par  des  hommes 
adultes.  Le  travail  ne  doit  leur  être  permis  que  quand  l'Age ,  la 
constitution,  le  développement  de  l'organisme,  les  forces  et  la 
santé  bien  constatés,  les  rendent  propret  a  le  remplir  sans  les  expo- 
ser à  de  graves  inconvénients.  Une  fois  admis  au  travail,  il  faudrait 
encore  que  celui-ci  ne  fût  pas  de  trop  longue  durée ,  et  n'empê- 
chât pas  les  enfants  de  fréquenter  les  écoles  et  de  recevoir  une 
instruction  morale  et  religieuse,  dont  l'absence  se  fait  sentir 
aujourd'hui  d'une  manière  si  déplorable.  Il  faudrait,  enfin,  qu'on 
évitât  le  mélange  des  enfants  des  deux  sexes  dans  tes  mêmes  ate- 
liers, surtout  quand  ils  ne  sont  pas  surveillés  avec  la  plus  grande 
exactitude,  car  cette  promiscuité  exerce  l'influence  la  plus  fâcheuse 
sur  leurs  mœurs  et  sur  leurs  habitudes.  Les  renseignements  que 
nous  nous  sommes  procurée  â  cet  égard,  confirment  à  peu  près 
de  tout  point. la  description  que  M.  Arnould  Fremy  vient  de  tracer 
de  l'enfant  des  fabriques  en  France  (1).  Enfin,  il  faudrait  laisser  aux 
enfants  le  loisir  et  la  faculté  de  faire  des  exercices  en  plein  air. 

25"  QuasTion.  —  Quel  âge  convient-il  de  fixer  pour  l'admission 
des  enfants  dans  les  manufactures,  mines  et  usines  ?  Y  a-t-  il ,  â  cet 
égard,  des  distinctions  à  faire  entre  les  divers  genres  d'établisse- 
ments? En  cas  d'affirmative,  établir  des  catégories. 

BBPOSBE.  — ■  L'on  conçoit  qu'on  ne  peut  établir  d'âge  fixe  pour 
l'admission  des  enfants  dans  les  manufactures,  fabriques,  mines  et 
usines.  Cet  âge  doit  nécessairement  varier  suivant  les  forces,  l'in- 


(1)  Lu  Fronçai*  peint'  par  titi-mimtê. 


nglizedoy  GOOg|e 


343  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

tellifjence  et  l'adresse  a  déployer  par  l'enfant  dans  les  divers  genres 
d'établissements.  La  septième  année ,  dit  le  docteur  anglais 
Baîllie,  est,  peut-être,  le  premier  âge  où  l'on  devrait  employer  les 
enfants  dans  les  manufactures,  et,  dans  la  première  année  de  tra- 
vail, on  ne  devrait  pas  les  tenir  occupés  plus  de  quatre  à  cinq  heures 
par  jour;  pendant  les  deux  années  suivantes,  six  ou  sept  heures; 
ensuite  dix,  et,  suivant  lui,  on  ne  devrait  jamais  outrepasser  ce 
temps  de  travail. 

On  connaît  les  sages  dispositions  que  renferment  les  articles  2 
et  5  de  la  loi  française  relative  au  travail  des  enfants  dans  les 
manufactures,  usines  et  ateliers,  promulguée  le  24  mars  1841. 
Nous  pensons  qu'il  conviendrait  de  se  rallier  à  ces  dispositions,  au 
moins  en  beaucoup  de  choses. 

Dans  ses  Réflexion*  sur  l'hygiène  de*  mineur»  qu'il  a  récemment 
publiées,  H.  le  docteur  Vanden  Broeok  conseille  d'éloigner  les 
enfants  de  tous  les  ateliers  où  l'on  prépare  des  produits  métalliques 
autres  que  le  fer,  surtout  lorsqu'ils  sont  volatils,  et  de  ne  pas  per- 
mettre de  les  employer  dans  les  fosses  avant  l'âge  de  quinie  ans. 
Ces  avis  sont  sages ,  bien  motivés  dans  l'intérêt  de  la  santé  des 
enfants,  et,  sous  ce  rapport,  ils  méritent  d'être  pris  en  considération . 

24"  question.  —  A  quel  temps  convient-il  de  limiter  le  travail 
journalier  des  enfants? 

niponai.  —  Nous  pensons,  pour  les  motifs  énoncés  plus  haut, 
que  la  durée  du  travail  journalier  ne  doit  pat  excéder  huit  heures 
par  jour. 

25'  question.  — Jusqu'à  quel  âge  le  travail  de  nuit  doit-il  être 
interdit? 

eepousb.  — Nous  pensons,  pour  les  mêmes  motifs,  que  le  travail 
de  nuit  doit  être  interdit  aux  enfants.  Les  adolescents  de  quinze  à 
dix-huit  ans,  pourront  seuls  y  être  admis. 

26*  question.  —  Ne  faudra-t-il  pas  limiter  la  durée  de  travail 
de  nuit  pour  les  enfants  ou  les  adolescents,  à  l'égard  desquels  on 
trouverait  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  l'interdire? 

sépohsb.  —  Règle  générale,  le  travail  de  nuit  devrait  cesser  a 
minuit, 

27"  question.  —  Quels  seraient,  dans  les  établissements  qui 
occupent  un  certain  nombre  d'enfants,  les  inconvénients  du  système 


^y  Google 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MEDECINE.  343 

des  relais,  et  le  service  de  deux  troupes  d'enfants  se  remplaçant 
successivement  dans  le  travail,  et  dont  l'une  commencerait  la 
journée  et  l'autre  la  finirait? 

BÉrossK.  —  Le  système  des  relais  présenterait  sans  doute  de 
grands  avantages  :  la  durée  de  travail  serait  moindre  ;  les  enfanta 
auraient  disponible  une  grande  partie  de  la  journée  qu'on  pourrait 
consacrer  a  l'éducation,  à  des  exercices  utiles,  aux  repas,  etc.; 
mais,  dans  la  pratique,  l'emploi  de  deux  troupes  d'enfants  serait 
fort  difficile.  La  population  pourrait  a  peine  y  suffire,  ou  bien  la 
réduction  du  gain  ferait  abandonner  le  travail  d'ateliers.  Du  reste, 
c'est  une  question  que  nous  ne  prétendons  pas  décider  et  que  nous 
abandonnons  aux  hommes  spéciaux. 

28°  QCESTioit.  ■ —  A  quel  âge  peut-on  laisser  l'ouvrier  libre  de 
s'engager  dans  les  fabriques,  mines  et  usines,  sans  qu'aucune  res- 
triction soit  apportée  à  son  travail? 

répons».  —  Un  industriel  que  nous  interrogions  sur  cette  ques- 
tion, nous  répondit  dans  les  termes  suivants  :  «  Il  ne  peut  y  avoir 
d'inconvénients  à  laisser  a  l'ouvrier  une  liberté  entière  de  s'engager 
dans  les  manufactures,  vu  qu'il  est  de  l'intérêt  du  fabricant  même 
de  n'admettre  dans  ses  ateliers  que  des  sujets  capables  de  soutenir 
le  travail  auquel  il  les  destine. 

Nous  ne  pensons  pas,  messieurs,  que  cette  réponse  vous  satis- 
fasse plus  qu'elle  ne  nous  a  satisfaits  nous-mêmes.  Et  d'abord,  les 
malheureux  enfants  qu'on  introduit  dans  les  ateliers  k  l'âge  de  six 
ou  sept  ans,  ont-ils  bien  leur  libre  arbitre?  Est-ce  de  leur  consen- 
tement qu'on  violente  en  quelque  sorte  ia  nature  pour  forcer  ces 
frêles  organisations  à  produire,  à  une  époque  où  elles  ont  encore 
besoin  de  se  développer  avant  de  payer  à  la  société  leur  tribut 
d'activité  et  de  forces  7  En  vain  dira-t-on  que  L'intérêt  du  fabricant 
est  de  n'admettre  dans  ses  ateliers  que  des  sujets  capables  de  sou- 
tenir le  travail  auquel  il  les  destine.  Ce  travail,  de  faibles  consti- 
tutions pourront  toujours  y  suffire,  car  ce  n'est  pas  un  travail  de 
force,  mais  plutôt  d'agilité,  de  souplesse;  et,  à  ce  titre,  l'intérêt 
du  fabricant,  si  vous  le  rendez  juge  dans  la  question,  lui  conseillera 
de  prendre  les  enfants  les  plus  jeunes.  N'est-ce  pas  en  effet  ce  qui 
arrive  ?  Comment  expliquer  autrement  la  présence  d'enfants  de  six 
a  sept  ans  dans  les  ateliers? 

Il  est  vrai  que  dans  l'industrie  cotonnîère  où  l'abus  est  te  plus 
criant,  le  fabricant  met  sa  conscience  en  repos  en  disant  que  ce 


^y  Google 


344  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

sont  les  fileurs  qui  choisissent  eux-mêmes  leurs  aides.  Mais  ce* 
pauvres  enfants  ont-ils  perdu  tous  leurs  droits,  parce  que  le  hasard 
les  a  fait  naître  d'hommes  ignorants,  et  eu  qui  l'absence  de  toute 
éducation  b  étouffé  les  sentiments  les  plus  sacrés  de  la  nature? 
Est-ce  enfin  une  chose  à  tolérer  que  cette  cruelle  représaille  par 
laquelle  une  génération  fait  expier  à  une  autre  l'abus  dont  elle  a 
été  elle-même  victime?  Vous  penserez  avec  nous,  que  non,  mes- 
sieurs; et,  dussent  les  intérêts  matériels  en  souffrir,  vous  admettrez 
que  l'homme  ne  doit  être  admis  aux  travaux  de  l'industrie  qu'à 
l'expiration  de  ses  années  d'enfance,  et  que  ce  n'est  pas  lui  accorder 
trop  que  de  lui  laisser  jusqu'à  dix  ans  pour  développer  son  intelli- 
gence, son  moral  et  son  physique.  Le  libre  arbitre  ne  saurait  être 
invoqué  ici,  puisque  l'expérience  a  démontré  qu'on  ne  manque  pas 
de  motifs  pour  faire  violence  à  la  faiblesse,  sauf  à  la  voiler  tous  les 
prétextes  les  plus  spécieux.  C'est  ainsi  du  moins  que  la  question  a 
été  décidée  en  Angleterre,  pays  où  les  exigences  de  l'industrie  sont 
cependant  les  plus  impérieuses,  mais  où,  par  un  respect  bien, 
entendu  de  l'humanité,  on  n'admet  plus  les  enfants  dans  les  ateliers 
avant  l'Age  de  dix  ans,  et  où  l'on  exige  qu'ils  soient  d'une  bonne 
constitution,  et  qu'ils  sachent  lire  et  écrire. 

Telles  sont,  messieurs,  les  questions  soumises  à  votre  examen, 
et  pour  la  solution  desquelles  nous  avons  lâché  de  réunir  les  bits 
principaux  qui  devront  voua  guider  dans  vos  déterminations.  Il 
nous  reste  encore  une  remarque  importante  à  faire,  c'est  que  toutes 
les  causes  des  maladies  auxquelles  les  enfants  des  fabriques  sont 
sujets,  ne  dépendent  pas  exclusivement  des  ateliers  où  ils  travaillent 
et  des  travaux  qu'ils  exécutent.  Elles  proviennent  aussi  de  la  misère, 
de  l'ignorance,  de  l'inconduile,  de  l'insouciance,  de  l'intempérance, 
de  la  dépravation  des  mœurs  de  leurs  parents,  de  l'air  infect  et 
corrompu  qu'ils  respirent  dans  leurs  demeures  qui  se  composent 
le  plus  souvent  de  chambres  basses,  étroites  et  obscures,  où  les 
individus  sont  entassés  et  confondus  sans  distinction  d'Age,  de  sexe, 
quelquefois  deux  ou  trois  familles  ensemble;  elles  proviennent 
encore  d'une  nourriture  malsaine  et  insuffisante  (1),  de  la  malpro- 

(I)  La  plupart  dei  ouvriers  ne  se  nourriueul  que  de  pommes  de  terre  cuitci  dim 
l'eau,  et  légèrement  taléei;  rarement  on  y  mêle  un  peu  de  graine  on  de  lard.  Le  pain 
gris  de  froment,  souvent  falsifié  avec  de  la  farine  de  Wverole ,  etc.,  eit  donné  d'une 
main  avare  ;  de  aorte  que  cei  malheureux ,  privés  de  •ubitanoea  nutritive!  animales. 
ne  peuvent  fournir  à  l'accroissement  à  ci  mu  tel  ci  et  de»  01.  De  là  l'oitéomalaxie  et, 
par  suite,  le  rachitisme-  Voila  pourquoi ,  à  l'Ige  de  dii-huil  ant,  ils  ne  sent  pas  aatei 
développé!  pour  faire  partie  de  l'armée,  et  qu'il  faut  lei  visiter  pendant  quatre  ou 
cinq  ani  pour  voir  s'ils  ont  acquit  un  accroiiiemeut  suffisant 


a»,  Google 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MÉDECINE.  345 

prêté  la  plus  dégoûtante  ;  du  défaut  de  vêtement»  capables  de  les 
abriter  contre  les  intempéries  et  les  vicissitudes  atmosphériques; 
du  manque  de  toute  éducation  et  de  toute  instruction  ;  de  l'oubli 
et  de  l'inobservance  de  tous  les  devoirs  de  leur  part,  maïs  surtout 
de  la  part  de  ceux  qui  devraient  les  leur  faire  remplir  et  observer. 

Ajoutez  à  cela  que,  dans  no»  villes  populeuses  et  manufactu- 
rières, les  habitations  de  la  plupart  des  pauvres  familles  d'ouvriers 
sont  situées  dans  des  rues  étroites,  où  le  soleil  ne  pénètre  presque 
jamais;  où  l'air  ne  circule  pas  librement;  où  souvent  des  eaux 
croupissantes,  chargées  de  produits  végétaux  et  animaux  en  décom- 
position, exhalent  en  été  une  odeur  infecte  et  des  émanations  délé- 
tères, et  vous  vous  rendrez  facilement  compte  de  l'état  scrofuleux, 
racbitique  et  atrophique  de  nos  enfants  des  fabriques,  dont  le  sort 
n'est  guère  meilleur  et  non  moins  à  plaindre  que  celui  des  enfants 
des  fabriques  en  France  et  en  Angleterre. 

Il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  les  causes  du 
malaise  el  de  la  souffrance  des  enfants  des  fabriques  sont  complexes. 
Elles  existent  hors  et  dans  leurs  ateliers,  et  dépendent,  en  grande 
partie,  de  l'état  de  gène  dans  laquelle  l'industrie  moderne  s'est 
placée  avec  ses  tendances  exagérées  à  la  production,  et  la  concur- 
rence ruineuse  qu'elle  s'est  créée  à  elle-même.  Voyez  l'Angleterre 
el  ses  nombreuses  populations  Ouvrières  se  débattant  sur  le  bord 
d'un  précipice  qui  menace  à  chaque  instant  de  les  engloutir.  Certes, 
l'humanité  ne  peut  que  gémir  d'un  pareil  état  de  choses.  Où  est  le 
remède  ?  Il  ne  serait  pas  impossible  de  le  dire,  si  son  application  ne 
se  présentait  malheureusement  eomme  une  utopie  dont  la  réalisa- 
tion doit  être  presque  considérée  comme  une  chimère,  dans  l'état 
actuel  de  la  société. 

Améliorer  l'état  moral  de  la. classe  ouvrière  des  fabriques;  la 
rattacher  aux  autres  classes  de  la  société  par  l'intelligence  de  ses 
devoirs;  lui  inspirer  cet  esprit  d'ordre  et  de  prévoyance  sur  lequel 
repose  le  bonheur  intérieur  des  familles  ;  réveiller  eq  elle  ce  saint 
amour  des  enfants  qui  l'empêcherait  de  sacrifier  à  des  travaux  trop 
rudes  et  trop  précoces  des  êtres  trop  jeunes  et  trop  faibles  pour 
les' soutenir  ;  en  un  mot,  faire  que  l'ouvrier  soit  un  citoyen  moral 
et  non  une  brute  toujours  prête  à  se  révolter  contre  la  société  dont 
il  ne  partage  que  les  peines  ;  tels  seraient  les  moyens  propres  a 
faire  cesser  les  abus  dont  on  se  plaint  à  si  juste  titre. 

Mais  comment  y  parvenir?  Il  est  bien  évident  que  ces  résultats 
ne  sont  pas  de  ceux  qu'on  obtient  par  une  loi.  Si  le  gouvernement 


^  Google 


540  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

voulait  intervenir  d'une  manière  trop  directe,  il  serait  à  craindre 
que  le  peuple  ne  se  mit  à  crier,  comme  à  Rome  :  Panent  et  cir- 
censés!  et,  le  cas  échéant,  que  lui  répondrait-il?  C'est  à  l'action 
lente  d'une  éducation  morale  et  religieuse  qu'il  faut  demander  des 
bienfaits  que  l'intervention  trop  directe  de  la  loi  ne  saurait  amener. 
Il  faut  que  le  chef  de  fabrique  coopère  à  cet  acte  de  régénération 
sociale,  en  y  apportant  cet  esprit  de  justice  et  d'humanité  qui, 
après  tout ,  est  sa  meilleure  sauvegarde.  Il  faut  qu'il  se  rappelle 
ces  paroles  qu'un  professeur  célèbre,  M.  Puccinotti,  écrivait 
naguère  a  l'un  de  vos  commissaires  (1)  :  «  Afin  que  les  entrepre- 
neurs sachent  conserver  la  santé  et  la  force  physique  des  classes 
ouvrières,  il  faut  que  le  principe  de  respect  a  la  dignité  fraternelle 
trouve  sa  source  dans  leur  propre  cœur.  Alors  le  travail  est  ordonné 
en  proportion  de  l'âge  et  des  forces  ;  le  salaire  est  relatif  au  travail. 
L'homme  qu'on  emploie  est  un  de  nos  semblables  ;  sa  condition 
doit  en  conséquence  être  respectée  ;  il  ne  faut  point  qu'on  le  dégrade 
jusqu'à  celle  des  brutes,  qu'on  l'estime  presque  au-dessous  de  la 
valeur  d'un  rouage  matériel,  d'une  machine,  et  qu'on  vienne  a  le 
confondre  avec  le  boeuf  ou  le  cheval  qui,  les  yeux  bandés,  font 
tourner  les  roues  d'un  moulin.  Quand  les  ouvriers  reconnaissent 
dans  leurs  chefs  ce  principe  de  justice  et  d'humanité,  et  en  ressen- 
tent les  effets  par  la  manière  dont  ils  en  sont  traités,  oe  respect  de 
la  dignité  fraternelle  devient  un  principe  commun  de  la  classe 
industrielle  et  tend  à  lui  imprimer  ce  caractère  civil  qui  l'harmonise 
avec  les  autres  classes  de  la  société,  et  coopère  à  cimenter  la  fra- 
ternité nationale.  * 

Quelles  que  soient  les  difficultés  qui  entourent  la  question,  nous 
croyons  que  dans  notre  Belgique  si  éminemment  morale ,  la  voix 
de  l'humanité  sera  comprise  et  ses  droits  respectés. 

Nous  pensons  que  le  fabricant  comprendra  qu'il  vaut  mieux 
pour  lui  d'avoir  des  ouvriers  dont  l'intelligence  et  l'esprit  d'ordre 
doubleront  l'activité,  que  des  manœuvres  abrutis ,  ne  connaissant 
aucun  frein,  et  dont  il  peut  devenir  la  première  victime  aux  jours 
de  perturbation  politique.  Mais ,  pour  obtenir  ces  heureux  résul- 
tats, il  faut  qu'il  consente  à  renfermer  dans  des  bornes  raison- 
nables le  travail  journalier  des  enfants  et  des  adolescents  qu'il 
emploie  ;  il  faut  qu'il  leur  laisse  le  temps  nécessaire  pour  déve- 
lopper leur  état  physique,  intellectuel  et  moral  ;  il  faut  qu'il  cesse 


^y  Google 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MÉDECINE.  347 

de  se  rendre  complice  de  la  barbarie  de  set  ouvriers  qui  forcent 
leurs  malheureux  enfants  &  les  suivre  dans  les  ateliers,  où  tout  est 
cause  de  dégradation  pour  leur  âge  trop  tendre;  il  faut,  enfin  , 
qu'il  veille  à  ce  que  ses  salles  de  travail  soient  constamment  dans 
les  conditions  hygiéniques  que  réclame  le  genre  d'industrie  auquel 
on  s'v  livre. 

Ces  mesures,  messieurs,  l'intérêt  de  l'humanité  les  réclame.  Ne 
pas  y  faire  daoil  serait  faire  preuve  d'une  incurie  coupable,  et 
nous  pensons  qu'il  est  du  devoir  du  gouvernement  de  rendre 
dorénavant  impossibles  les  abus  que  nous  avons  signalés,  A  cet 
effet,  nous  pensons  qu'il  faudrait  : 

1*  Que  les  enfants  ne  fussent  plus  admis  aux  travaux  des  fabri- 
ques, usines  ou  mines ,  avant  l'Age  de  dix  ans  ; 

2*  Que  les  adolescents  faibles,  chétifs  ou  scrofuleux,  en  fussent 
éloignés  ; 

3*  Que  ,  pour  les  uns  comme  pour  les  autres ,  le  travail  de  nuit 
fut  supprimé  ; 

4*  Que  la  durée  du  travail  journalier  n'excédât  .pas  huit  a  dix 
heures  ; 

5"  Que  les  enfants  ne  fussent  reçus  dans  les  fabriques  que  sur  un 
certificat  constatant  qu'ils  savent  lire  et  écrire; 

6"  Qu'il  fut  pourvu  à  ce  que  tes  ateliers  soient  constamment  dans 
les  conditions  hygiéniques  que  réclame  le  genre  de  travaux  qu'on 
y  exécute. 

m.  le  passiDEHT.  —  La  discussion  générale  est  ouverte  sur  ce 
rapport.  La  parole  est  à  M.  Sauveur. 

m.  baovbdb..  —  Messieurs ,  le  rapport  qui  est  soumis  à  nos  déli- 
bérations, traite  une  des  questions  les  plus  importantes  et  les  plus 
difficiles  que  le  gouvernement  ait  à  résoudre  dans  l'état  actuel  de 
l'industrie.  Je  regrette,  à  ce  point  de  vue,  que  la  Commission  n'ait 
pas  recueilli  tous  les  renseignements  dont  elle  pouvait  s'entourer 
pour  éclairer  la  Compagnie.  Je  me  borne  à  exprimer  ces  regrets  ; 
mais ,  à  côté  de  la  question  du  travail  des  enfants ,  vient  se  placer 
celle  plus  importante  encore  de  la  santé  des  classes  ouvrières,  et  je 
crois  servir  les  intérêts  de  l'humanité  et  ceux  de  la  science  en 
venant  vous  soumettre  la  proposition  dont  je  vais  avoir  l'honneur 
de  vous  donner  lecture. 

Les  maladies  qui  affligent  la  classe  ouvrière  ont  donné  lieu  à 
un  grand  nombre  de  recherches  consignées  dans  les  écrits  pério- 


^y  Google 


348  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

diques  et  dans  des  ouvrages  spéciaux.  Le  but  que  les  auteurs  de 
ces  écrits  se  sont  proposé  a  été  de  faire  connaître  l'influence  fâ- 
cheuse de  certaines  professions  sur  la  santé  de  ceux  qui  les  exer- 
cent, les  moyens  physiques  ou  hygiéniques  a  employer  pour  amé- 
liorer ces  professions;  et,  enfin,  le  traitement  spécial  que  réclament 
les  affections  particulières  qu'elles  déterminent.  Mais,  comme  l'a 
fort  bien  dit  M.  Parent-Duchâtelet ,  la  plupart  de  ces  documents, 
loin  d'être  le  fruit  d'une  observation  pratique  et  consciencieuse, 
ont  été  composés  dans  le  silence  du  cabinet  par  des  hommes  qui 
n'ont  fait  qu'entrevoir  les  artisans  et  les  manufactures,  et  qui, 
généralisant  quelques  faits  que  le  hasard  leur  a  présentés,  ont 
singulièrement  exagéré  les  inconvénients  de  quelques  professions, 
et  attribue  a  d'autres ,  des  influences  qu'elles  sont  loin  d'avoir. 

La  demande  que  le  gouvernement  a  faite  à  l'Académie,  en  vue 
d'améliorer  la  condition  des  jeunes  ouvriers  de  nos  fabriques, 
m'engage  a  vous  demander,  messieurs,  de  compléter  le  travail 
que  vous  allez  remettre  à  H.  le  Ministre  de  l'intérieur,  en  vous 
réunissant  pour  étudier  d'une  manière  vraiment  pratique ,  la 
grande  question  de  la  santé  des  classes  ouvrières,  et  pour  ré- 
pandre ainsi  de  nouvelles  lumières,  sur  un  des  points  les  plus 
importants  de  la  médecine  publique. 

J'ai  donc,  messieurs,  l'honneur  de  vous  proposer  la  nomination 
d'une  commission  de  cinq  membres,  qui  serait  chargée  d'examiner 
et  de  coordonner  les  matériaux  que  chacun  de  nous  prendrait 
l'engagement  de  recueillir  dans  le  lieu  de  sa  résidence,  pour  la 
rédaction  du  travail  dont  il  s'agit.  Les  correspondants  de  la  Com- 
pagnie prendraient  part  a  cette  œuvre,  qui  réaliserait  le  vœu 
formé  depuis  longtemps ,  par  des  médecins  jaloux  des  progrès  de 
leur  art  et  par  plusieurs  philanthropes  éclairés. 

Voici,  sous  forme  de  questions,  les  points  principaux  sur  lesquels 
nos  recherches  devraient  porter  : 

1°  Quelle  est,  en  distinguant  les  sexes,  l'influence  que  les  diverses 
professions  exercent  sur  la  santé  et  sur  la  durée  de  la  vie  des 
ouvriers? 

2"  Quelles  sont  les  maladies  ou  infirmités  particulières  à  chaque 
profession,  et  la  nature  du  traitement  qu'elles  réclament? 

5"  Dans  quelles  proportions  ces  maladies  ou  infirmités  s'obser- 
vent-elles? 

4"  Pendant  combien  de  temps  les  ouvriers  peuvent-ils  supporter 
les  fatigues  ou  les  inconvénients  attachés  à  tels  ou  tels  travaux  ? 


D,g,ize.d0y  Google 


DE  L'ACADÉMIE  HOYALE  DE  MÉDECINE.  349 

5*  Depuis  quel  âge  les  enfants  peuvent-ils  exercer  telle  ou  telle 
profession,  sans  que  l'on  ait  à  craindre  que  les  travaux  auxquels 
ils  sont  soumis,  nuisent  trop  à  leur  développement  physique? 

6*  Quelle  est  .la  durée  du  travail  journalier  dans  chaque  pro- 
fession? 

7"  Quel  temps  convient-il  d'accorder  journellement  pour  le 
repos  aux  hommes  faits  et  aux  enfants  employés  dans  les  diffé- 
rentes industries? 

8'  Quels  sont  les  moyens  hygiéniques  à  employer  pour  l'assai- 
nissement des  professions  insalubres? 

9*  Quels  sont  les  établissements  ou  ,  pour  causes  d'insalubrité, 
les  enfants  ne  devraient  pas  être  admis? 

10*  Quelle  est  la  moyenne  du  salaire  des  ouvriers  de  chaque 
profession,  d'après  l'âge  et  le  sexe? 

1 1°  Le  salaire  suffit-il ,  en  général ,  pour  que  l'ouvrier  ait  une 
existence  convenable? 

12°  Quel  est  le  régime  alimentaire  de  l'ouvrier  dans  les  villes  et 
dans  les  campagnes? 

13°  Les  ouvriers  ont-ils  généralement  des  habitudes  d'ordre  et 
d'économie? 

14°  Quelle  est  la  principale  cause  de  l'inconduite  des  ouvriers? 

15°  A  quel  âge  se  marient  le  plus  ordinairement  les  ouvriers 
employés  dans  les  fabriques  et  les  manufactures,  etc.,  et,  quel  est, 
terme  moyen,  le  nombre  d'enfants  par  mariage? 

16°  Quels  sont  les  établissements  qui,  pour  cause  d'insalubrité  , 
doivent  être  éloignés  des  centres  de  population? 


H.  vLKMincKï.  —  Je  ne  méconnais  pas  l'importance  des  ques- 
tions que  M.  Sauveur  vient  de  nous  soumettre  ,  mais  je  .suis  d'avis 
qu'elles  ne  doivent  pas  nous  empêcher  de  délibérer  sur  le  rapport 
qui  est  à  l'ordre  du  jour.  Le  gouvernement  nous  a  demandé  de 
résoudre  quelques  points  qu'il  a  eu  soin  d'indiquer  lui-même  ;  et, 
je  trouve,  pour  ma  part,  que  nous  n'en  finirions  pas,  si,  a  l'occasion 
de  la  discussion  à  laquelle  cette  solution  peut  donner  lieu,  nous 
allions  nous  livrer  à  l'examen  de  toutes  les  questions  incidentes  que 
chaque  membre  voudrait  soulever. 

m.  sauveur.  —  Mon  intention  n'est  point  de  faire  ajourner  la 
discussion  des  questions  qui  sont  à  l'ordre  du  jour,  car  je  sais  que 
ma  proposition  ne  peut  pas  être  soumise  aux  délibérations  de  la 
Compagnie,  sans  avoir  fait  l'objet  d'un  rapport,  ou  tout  au  moins 


DiglizedOy  GOOgle 


350  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

sans  avoir  été  prise  en  considération,  aux  termes  de  l'article  69  du 
règlement. 

h.  bubggbaeve.  —  Messieurs,  l'importance  des  questions  que 
M.  Sauveur  soulève  n'a  pas  échappé  à  l'attention  de  la  Commission  ; 
el,  si  je  ne  me  trompe,  quelques-unes  de  ces  questions  sont  résolues 
dans  le  rapport  que  vous  avet  sous  les  yeux.  Je  pense,  du  reste, 
que  la  proposition  de  notre  collègue  mérite,  à  tous  égards,  d'être 
favorablement  accueillie. 

si.  VLBurncxx. — Soit.  Nommons  une  commission  pour  l'examiner, 
et  passons  à  la  discussion  des  conclusions  du  rapport  qui  est  a 
l'ordre  du  jour. 

L'Académie  décide  que  la  proposition  de  M.  Sauveur  sera  sou- 
mise à  l'examen  d'une  commission  à  nommer  par  le  bureau. 

Cette  commission  à  laquelle  M.  Sauveur  est  adjoint,  se  composera 
de  MM.  Burggraeve,  Frankinet,  Guislain,  Raikem  et  Van  Coetsem. 

■.  le  FaÉsiDBirr.  —  La  délibération  est  ouverte  sur  les  conclu- 
sions du  rapport  de  M.  Burggraeve.  La  première  est  ainsi  conçue  : 
■  Que  les  enfanls  ne  puissent  plus  être  admis  aux  travaux  des 
fabriques,  usines  et  mines,  avant  l'âge  de  dix  ans.  » 

La  parole  est  à  M.  Burggraeve. 

h.  iivrggraevb.  —  Je  demande,  en  mon  nom  personnel,  que  la 
limite  d'âge  soit  portée  à  douze  ans.  Notre  collègue,  M.  Boulvin, 
que  je  regrette  de  ne  pas  voir  ici ,  partage  cette  manière  de  voir, 
et  son  opinion  est  fondée  sur  l'expérience  qu'il  a  acquise  dans  l'une 
de  nos  grandes  provinces  industrielles. 

H.  fbawçois.  —  J'ai  également  pratiqué  pendant  longtemps  dans 
la  province  de  Hainaut,  et  la  position  que  j'y  occupais  m'a  permis  de 
recueillir  sur  la  question  que  nous  examinons,  une  foule  de  maté- 
riaux que  je  m'empresserai  de  communiquer  à  l'Académie,  si  elle 
en  témoigne  le  désir.  Les  travaux  des  mines  occupent ,  dans  le 
Hainaut,  environ  seise  mille  ouvriers,  dont  un  tiers  d'enfants  et 
beaucoup  de  femmes.  Je  sais ,  par  expérience ,  que  les  enfants  y 
acquièrent  facilement  l'habitude  du  travail  et  qu'ils  soutirent  moins, 
plus  tard,  des  inconvénients  attachés  à  leur  profession.  Je  pense 
donc  que  la  limite ,  que  la  commission  fixe  à  dix  ans,  devrait  être 
plutôt  diminuée  qu'étendue. 

m.  MLAVACHEKiE.  —  L'observation  que  M.  François  vient  de 
faire ,  au  sujet  des  enfants  employés  dans  les  mines  du  Hainaut , 


^y  Google 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MÉDECINE.  551 

l'applique  à  ceux  de  la  province  de  Liège.  Il  est  certaines  limites 
d'âge  que  l'expérience  commerciale  doit  respecter,  au  moins  pour 
les  travaux  des  houillères.  Si  les  enfants  y  sont  admis  à  un  Age 
trop  peu  avancé,  on  abuse  évidemment  de  leurs  forces,  on  met 
obstacle  à  leur  développement,  et  si,  au  contraire,  on  les  emploie 
trop  tard ,  on  les  empêche  d'apprendre  leur  état. 

J'ignore  si  celte  observation  peut  s'appliquer  aux  enfants  des 
fabriques,  mais  je  crois  qu'on  ne  saurait  fixer  un  même  âge  pour 
l'admission  de»  enfants  dans  tous  les  genres  de  travaux.  Si  l'Aca- 
démie adoptait  l'amendement  de  H.  Burggraeve,  je  demanderais 
une  exemption  en  faveur  des  enfants  employés  dans  les  houillères, 
parce  que  je  suis  persuadé  qu'ils  peuvent  y  travailler  sans  incon- 
vénient grave,  dès  l'âge  de  dix  ans. 

h.  fallot.  —  Je  désire  connaître  positivement  l'avis  de  la  Com- 
mission sur  ce  point ,  car  la  chose  est  trop  importante  pour  qu'on 
n';  réfléchisse  pas  mûrement  avant  de  prendre  une  résolution  défi- 
nitive. Deux  de  nos  collègues,  également  compétents,  semblent 
différer  d'opinion  à  cet  égard.  M.  Burggraeve,  qui  doit  avoir 
étudié  la  question  relativement  aux  enfants  employés  dans  les  manu- 
factures de  la  ville  de  Gand,  demande  que  la  limfte  d'âge  soit  fixée 
&  douze  ans,  tandis  que  MM.  François  et  Delavacherie  soutiennent 
qu'à  l'âge  de  dix  ans,  ils  sont  généralement  aptes  aux  travaux  des 
mines .  Y  a-t-il  lieu  à  fixer  un  âge  différent,  suivant  l'espèce  de  tra- 
vaux? La  Commission  doit  avoir  étudié  toutes  ces  questions  ;  qu'elle 
veuille  donc  nous  éclairer. 

■t.  BUKooBABVB.  —  L'avis  de  la  commission  est  exprimé  dans  le 
rapport  que  j'ai  présenté  en  son  nom.  Elle  demande  que  la  limite 
d'âge  soil  fixée  à  dix  ans,  pour  toute  espèce  de  travaux.  Quant  & 
moi,  je  persiste  à  croire  que,  pour  les  usines  comme  pour  les 
manufactures ,  cette  limite  doit  être  fixée  à  douze  ans.  Je  vous  l'ai 
déjà  dit,  messieurs,  M.  Boulvin  partage  celte  manière  de  voir  qui, 
je  le  reconnais,  n'est  point  celle  de  MM.  François  et  Delavache- 
rie ,  au  moins  pour  les  enfants  admis  à  travailler  dans  les  houil- 
lères. 

at.  le  PBEsimurr.  —  Je  vais  consulter  l'Académie  sur  l'amen- 
dement de  M.  Burggraeve. 

Il  n'est  pas  admis. 

La  proposition  de  la  Commission  est  ensuite  mise  aux  voix  et 
adoptée. 


^y  Google 


552  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION 

h.  le,  raÉsiDsro.  —  Nous  passons  à  la  seconde  conclusion; 
elle  est  ainsi  conçue  :  «  Que  les  adolescents  faibles ,  chétifs  ou 
scrofuleux,  en  soient  éloignés.  ■ 

H.  delavachbbib.  —  Cette  prescription  serait  inexécutable. 

h.  daumeme.  —  Un  médecin  pourrait  être  constitué  juge  des 
cas  de  celte  nature. 

h.  vlehirckx.  —  Pourquoi,  messieurs,  nous  arrêter  à  cette 
difficulté  et  à  toutes  celles  que  l'exécution  de  la  mesure  proposée 
par  la  Commission  pourrait  rencontrer  ?  Le  précepte  est-il  ou 
n'est-il  pas  conforme  aux  règles  de  notre  art,  aux  lois  humani- 
taires? Celte  question  est  la  seule  que  nous  ayons  à  examiner.  Si 
nous  la  décidons  par  l'affirmative ,  le  gouvernement  aura  à  faire 
exécuter  notre  décision,  s'il  le  juge  convenable,  dùt-il  avoir  recours 
pour  cela  a  des  mesures  législatives.  Quant  à  moi,  je  donnerai 
mon  assentiment  à  la  mesure  dont  il  s'agit.  Je  demande  cependant 
que  le  root  maladif  soit  substitué  au  mot  scrofuleux,  afin  de 
rendre  la  prescription  moins  sujette  à  être  éludée. 

m.  delavacherie.  — -  Croye^-^n  mou  expérience,  messieurs; 
cette  prescription,  lors  même  qu'on  viendrait  a  l'insérer  dans  une 
loi,  ne  sera  jamais  exécutée.  Je  ne  m'oppose  pas ,  du  reste ,  à  ce 
que  la  Compagnie  l'adopte  ;  mais  je  demande  que  le  mot  scro- 
fuleux soit  remplacé  par  celui  de  rachitique,  qui  a  un  sens  bien 
défini  et  sur  la  valeur  duquel  on  ne  peut  se  tromper. 

m.  sïab.  —  Je  ne  puis  accepter  les  dispositions  proposées  par 
la  Commission.  Ne  voyez-vous  pas,  en  effet,  messieurs,  que  ces 
enfants  que  vous  empêcherez  de  travailler,  auront  le  droit  de  venir 
Tous  dire  :  Si  vous  ne  nous  laissez  pas  travailler,  nourrissez- nous, 
car  vous  n'avez  pas  le  droit  de  nous  faire  mourir  de  faim  ? 

m.  BURdCHAEVR.  —  L'observation  de  M.  Stas  est  parfaitement 
juste;  aussi  la  Commission  ne  s'est-elle  pas  fait  illusion  sur  la  por- 
tée de  celle  partie  des  conclusions  de  son  rapport.  Elle  l'a  for- 
mulée en  acquit  de  ses  devoirs,  et  parce  que  l'humanilé  lut  en  fait 
une  loi  ;  mais,  suivant  moi,  la  mesure  dont  il  s'agit  est  irréalisable. 

h.  tan  coetsem.  —  L'affection  scrofuleuse  est  malheureuse- 
ment Ires-commune  dans  la  ville  de  Gand;  or,  si  les  enfants 
atteints  de  cette  disposition  pathologique  sont  admis  trop  facile- 
ment dans  les  manufactures,  il  s'ensuivra  que  la  phlbisîe  en  fera 
périr  un  grand  nombre.  Les  enfants  scrofuleux  qui  vivent  dans  des 
établissements  où  ils  ne  respirent  pas  un  air  pur,  ne  se  développent 


ly  Google 


DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DE  MÉDECINE.  353 

qu'imparfaitement  et  l'on,  tait  que  le*  grand»  centres  industriel» 
procurent,  relativement,  beaucoup  moins  d'homme»  aptes  au  ser- 
vice militaire,  que  lea  localités  où  les  fabriques  sont  moins  nom- 
breuses. 

m.  le  niaittant.  —  Si  aucun'  membre  ne  demande  plus  la 
parole,  je  proposerai  d'abord  la  suppression  du  mot  tcrofuùux. 

Cette  suppression  est  adoptée. 
•    m.  lk  presiimht.  —  M.  VIeminckx  demande  que  le  mot  dont 
la  suppression  vient   d'être   décidée  soit  remplacé   par   le    mot 
maladif,  et  M.  Delavacherie  propose  d'y  substituer  le  mot  racki- 
tique, 

le  vais  mettre  aux  voix  la  proposition  de  H.  VIeminckx. 
Elle  est  adoptée. 

m.  ls  pbbsidbht.  —  Xe  troisième  paragraphe  des  conclusion» 
du  rapport  de  la  Commission  porte  :  ■  Que,  pour  .les  uns  nomme 
pour  les  autres,'  le  travail  de  nuit  soit  supprimé.  » 
Ce  paragraphe  est  également  admis  ■sans  discussion. 
k.  lb  président.  —  Nous  passons  &  l'examen  du  quatrième  . 
paragraphe  ;  il  est  ainsi  conçu  ;  «  Que  la  durée' du  travail  journa- 
.  lier  n'excède  pas  huit  &  dix  heures.  » 

■■,  fàllot.  —  J'aurais  désiré  une  disposition  plus  précise  sur 
la  durée  du  travail.  Là  Commission  a-t-elle  eu  des  motifs  particu- 
liers.pour  ne  pas  adopter  une  limite  de  temps  fixe  ? 

m.  burgorabye.  —  La  'Commission  a  rencontré  de  grandes  diffi- 
cultés quand  elle  a  voulu  résoudre  cette  question,  toutes  les 
industries  n'exigeant,  pas  un  travail  journalier  d'une  égale  durée. 
Elle  s'est  arrêtée  a  proposer  une  moyenne  qui  lui  parait  pouvoir: 
être  adoptée  sans  inconvénient, 

m,  praxçois.  — ■  Dans  les  fabriques,  le  travail  journalier  s'ac- 
coniplit  en  deux  fois,  tandis  que.  dans  les  minés  il  ne  subit  pas 
d'interruption;  c'est  à  peine . si  les  ouvriers  de  ces  derniers  établis- 
sements trouvent  le  temps  nécessaire  pour  prendre  quelque  nour- 
riture. 

m.  pallot.  —  Je  demande  que  le  temps  que  les  enfants. auront 
à  consacrer  journellement  au  travail ,  soit  réduit  a  huit  heures. 
Cette  proposition  est  conformé  aux  lois  de  l'hygiène, 

m.  TXRBKECK.  —  Je  préférerai»  voir- le  travail  des  fabriques 
s'aeéoroplir  en  huit  heures  consécutive»,  car  l'interruption  qui  a  lieu 


-,:!,,,  ,yC00^le 


35*  RAPPORT  DE  LA  COMM.  DE  L'ACAD.  ROYALE  DE  MÉDECINE, 
dan*  ces  établissement*  à  l'heure  de  raidi,  est  trop  courte  pour  une 
foule  d'ouvriers  dont  la  demeure  est  éloignée  des  ateliers ,  et  qui , 
par  conséquent,  ont  à  peine  le  temps  de  prendre  leur  repas.  Un 
repas,  pris  ainsi  à  la  hâte  et  suivi  tout  aussitôt  d'un  retour  au  tra- 
vail, ne  peut  être  considéré  comme  salutaire. 

h.  le  PRBSi&nrr.  —  Je  vais  mettre  aux  voix  le  terme  du  temps 
demandé  par  SI.  Fallot. 

Il  est  adopté. 

h.  vlemihckx.  —  Je  propose  d'ajouter  à  ce  même  paragraphe 
la  disposition  suivante  :  ■  Et  qu'un  jour  par  semaine  soit  consacré 
au  repos.  ■ 

m.  FBAirçois.  —  J'adopte  cette  disposition ,  mais  je  demande 
que  le  jour  consacré  au  repos  hebdomadaire  soit  fixé  au  dimanche, 
ce  qui  est  tout  à  fait  dans  nos  mœurs  et  dans  nos  habitudes. 

m.  vlemixcxx.  —  L'Académie  résout  des  questions  d'hygiène  ; 
à  ce  point  de  vue,  il  lui  importe  peu  que  le  jour  à  consacrer  au 
repos  soit  ou  non  fixé  au  dimanche.  Je  m'oppose ,  par  ce  motif,  a 
l'adoption  de  la  proposition  de  M.  François. 

m.  ibakçois.  —  Je  la  retire. 

La  disposition  additionnelle  de  H.  Vleminckx  est  mise  aux  voix 
et  adoptée. 

h.  lb  président.  —  La  cinquième  conclusion  du  rapport  est 
ainsi  conçue  :  <•  Que  les  enfants  ne  soient  reçus  dans  le*  fabriques 
que  sur  un  certificat  constatant  qu'ils  savent  lire  et  écrire.  » 

Celte  conclusion  est  adoptée  sans  discussion. 

h.  le  pbesibeict.  —  Enfin,  la  sixième  conclusion  porte  :  ■  Qu'il 
soit  pourvu  a  ce  que  les  ateliers  soient  constamment  dans  le*  con- 
ditions hygiéniques  que  réclame  le  genre  de  travaux  qu'on  y 
exécute.  * 

Cette  conclusion  est  également  adoptée  sans  discussion. 

u.  le  presides'i  .  —  Les  décisions  que  l'Académie  vient  de 
prendre,  ainsi  que  le  rapport  de  la  Commission  seront  transmis  à 
M.  le  Ministre  de  l'intérieur. 


^y  Google 


8.  -  GouissÎM  médicale  h  Branri. 


1"  question.  —  Indiquer  d'une  minière  générale  la  constitu- 
tion physique  et  l'état  sanitaire  de  la  population  ouvrière. de  la 
province.  Existe-t-il,  à  cet  égard,  des  différences  entre  les  ouvriers 
occupés  aux  travaux  agricoles  et  ceux  que  l'on  emploie  dans  l'in- 
dustrie ,  et  parmi  ces  derniers,  entre  ceux  qui  travaillent  séden- 
tairement  dans  la  petite  industrie  ou  dans  les  grands  établissements 
industriels? 

a£ponsE.  —  La  constitution  physique  de  la  classe  ouvrière  de  la 
province  de  Brabant  présente  des  variétés  si  nombreuses,  qu'il  est 
bien  difficile,  impossible  même,  faute  de  données  statistiques,  d'as- 
signer à  chacune  d'elles  le  nombre  approximatif  d'individus  qui  s'y 
rattachent.  Cependant  on  peut  rapporter  au  tempérament  lympha- 
tique et  à  ses  divisions,  la  plus  grande  partie  des  personnes  des  deux 
sexes  qui  se  livrent  aux  travaux  journaliers,  et  qui  constituent  la 
classe  ouvrière  proprement  dite. 

Leur  constitution  marchant  presque  toujours  en  harmonie  avec 
leur  tempérament,  subit  les  influences  qui  en  dérivent;  et  sans 
revêtir  les  formes  disgracieuses  et  avoir  les  inconvénients  attachés 
aux  vices  de  conformation,  on  ne  les  voit  pas  non  plus  offrir  les 
formes  robustes  et  athlétiques  de  nos  aïeux.  Personne  n'ignore 
combien  est  rare  l'occasion  de  voir  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler 
un  bel  homme  ,  et  encore,  si  on  en  rencontre  de  temps  a  autre, 
ne  peut-on  pas  toujours  les  ranger  dans  la  classe  ouvrière,  qui, 
seuleici,  mérite  de  fixer  toute  notre  attention.  La  constitution  la  plus 
généralement  répandue  est  donc  la  constitution  moyenne  ;  c'est- 
à-dire  qu'à  un  squelette  dehauteur  ordinaire,  se  joignent  un  embon- 
point médiocre,  un  teint  légèrement  coloré ,  un  appareil  muscu- 
laire assez  développé,  des  facultés  intellectuelles  assez,  restreintes, 
l'exercice  des  fonctions  régulier. 

Sans  doute ,  il  serait  consolant  pour  l'humanité ,  que  les  classes 
ouvrières  eussent  pour  attribut  les  conditions  physiques  ci-dessus 
énumérées;  mais,  a  côté  de  ce  tableau;  s'en  présente  un  autre  bien 
plus  triste ,  qui ,  sans  renfermer  dans  ses  cadres  un  aussi  grand 


^y  Google 


nombre  d'individu» ,  en  contient  assez  pour  exciter  la  commiséra- 
tion et  engager  les  gouvernements  à  chercher  les  moyens  de 
remédier  à  leur  infortuné  sort,  ou  à  empêcher  que  des- infirmité* 
fréquentes  ne  viennent  les  assaillir. 

De  tout  temps,  dans  tous  les  lieux,  les  anciens  comme  les 
modernes,  les  gens  du  monde  comme  les  personnes  de  l'art ,  firent 
la  remarque  de  l'immense  différence  qui  existe  entre  les  habitants 
des  villes  et  les  habitants  des  campagnes.  Cette  différence  devient 
plus  saillante  encore  quand  on  examine  la  classe  ouvrière  pressée 
dans  les  enceintes  des  villes,  celle,  qui  se  livre  a  de  rudes  travaux, 
renfermée  dans  des  ateliers  bas,  humides,  et  la  classe  ouvrière  de 
nos  campagnes  qui  se  livre  aux  travaux  que  réclame  l'agriculture. 

•  O  forlvnutoi  ntnit'&m  tua  «V  bona  tiorint 

•  Agrieolat .'..........  • 


Les  travaux  agricoles  ne  sont  pas- sans  influence  sur  la  santé  de 
la  classe  ouvrière  :  c'est  la  un  axiome,  un  fait  reconnu  par  tout  le 
monde.  Loin-  de  donner  naissance  à  une  foule  d'affections  souvent 
incurables,  presque  toujours  mortelles,  les  exercices- musculaires 
qu'ils  exigent  sent  plus  propres  &  rendre  les  hommes  qui  s'y  livrent 
robustes,  forts  ;  ils  impriment  a  tous  les  phénomènes  vitaux  de  la 
régularité  et  de  l'énergie. 

Le  peu  de  connaissances  hygiéniques  qu'ont  les  ouvriers  de  la 
campagne,  font  qu'ils  n'évitent  pas  les  causes  ordinaires  des  mala- 
dies, et  que  souvent  ils  sont  atteints  d'affections  très-graves.  *  Le 
peu  de  soin  que  les  laboureurs  ont  de  leurs  demeures  contribue 
encore  beaucoup  k  détruire  leur  santé,  »  disait  Ramazxini. 

Si  les  travaux  agricoles,  renfermés  dans  de  justes  limites ,  sont 
plus  propres  k  entretenir  la  santé  florissante  qu'à. produire  des 
maladies,  il  n'en  est  pas  de  même  de  ceux  qu'exige  l'industrie 
dans  les  villes.  Loin  de  nous  l'idée  que  tout  travail  est  nuisible ,  ce 
n'est  point  là  notre  pensée:  le  travail  fait  le  bonheur  et  la  richesse 
des  nations.  Mais  si  nous  avons  vu  les-  campagnards  jouissant  d'une 
bonne  constitution,  physique ,  nous  ne  pouvons  en  dire  autant  de 
là  classe  ouvrière  de  nos  villes.  Autant  ta  sobriété  est  grande,  la 
vie  régulière , à*  ta  campagne,  autant  est  profonde  la  déprava- 
tion, la  débauche  dans  les  villes.  Ici  la  misère  est  bien  plus  hideuse, 
et  toujours  cependant  une  amélioration  sociale  est,  pour  les; 
hommes,  la  source  d'une  santé  plus  vigoureuse  et  d'une  vie  com- 
munément plus  longue. 


-    i.iyCoogle 


DE  LA  COMMISSION  MÉDICALE  DU  BRADANT.  837 

■  Il  est  démontré,  d'après  l'unanimité  des  renseignements  qu'on  a  . 
recueillis,  dît  H.  Villermé ,  que  la  santé  des  pauvres  est  toujours 
précaire,  leur  taille  moins  développée ,  et  leur  mortalité  excessive 
en  comparaison  du  développement  du  corps,  de  la  santé,  et  de  la 
mortalité  des  gens  mieux  traités;  ou,  en  d'autres  termes,  que  l'ai- 
sance, les  richesses ,  c'est-à-dire  les  circonstances  dans  lesquelles 
elles  placent  ceux  qui  en  jouissent,  sont  véritablement  les  premières 
de  toutes  les  conditions  hygiéniques. 

Telles  sont  aussi  les  conclusions  que  H.  Quelelet  a  déduites  de 
•es  recherche»  sur  la  taille  de  l'homme  en  Belgique.  Leur  stature 
devient  d'autant  plus  haute,  dit-il,  leur  croissance  s'achève  d'autant 
plus  vite  que,  toutes  choses  étant  égales  d'ailleurs ,  le  pays  est  plus 
riche,  l'aisance  plus  générale;  que  [es  logements,  les  vêtements  et 
surtout  la  nourriture  sont  meilleurs,  et  que  les  peines,  les  fatigues, 
les  privations1  éprouvées  dans  l'enfance,  la  jeunesse,  sont  moins 
grandes  ;  en  d'autres  termes  ,  la  misère,  c'est-à-dire  les  circon- 
stances qui  raccompagnent,  produit  les  petites  tailles,  et  retarde 
le  développement  du  corps; 

Ainsi ,  tandis  que  les  ouvriers  campagnards  qui  se  livrent  aux  ■ 
travaux  agricoles,  pèchent  plutôt  par  un  excès  de  frugalité  et  par 
l'usage  d'un  régime  quelquefois  peu  réparateur ,  les  ouvriers  des 
villes  se  livrent  à  tous  les  excès  d'une  vie  déréglée ,  à  l'abus  des 
boissons  alcooliques,  aux  écarts  du  régime,  a  la  débauche,  source 
si  féconde  de  maux  de  tous  genres,  tels  que  la  misère,  l'abrutisse- 
ment, les  infirmités,  les  crimes  même!  Dirons-nous  quelle  est 
l'influence  d'une  telle  manière  de  vivre  sur  l'état  sanitaire  des 
classes  ouvrières? 

Voilé,  sans  doute,  des  considérations  qui  ne  doivent  point'  être 
perdues  de  vue  dans  les  recherches  sur  les  causes  d'une  si  grande 
différence  entre  la  constitution  physique  des  ouvriers  citadins  et 
des  ouvriers  campagnards.  Celte  différence  est  énorme,  et  cepen- 
dant l'expérience  a  démontré  qu'il  n'y  avait  pas  d'exagération. 
Malheureusement,  nous  n'avons  en  Belgique  ni  en  France, -personne 
qui  se  soit  occupé  de  recueillir  ni  de  rédiger  les  observations  .qui 
pourraient  mettre  hors  de  doute  ce  que  les  officiers  militaires, 
chargés  du  recrutement  de  l'armée  ont  constaté  depuis  longtemps. 
H .  Villermé,  en  France,  a  cependant  fait  des  recherches  à  cet  égard, 
en  se  bornant  à  la  ville  d'Amiens.  Il  en  résulté  que  les  hommes 
Agés  de  vingt  à  vingt  et  un  ans  ont  été  trouvés  d'autant  plus  sou- 
vent impropres  au  métier  des  armes  par  leur  taille,  leur  constitu- 


-,:!,,,  ,yC00^le 


338  RÉPONSES 

tion  et  leur  santé ,  qu'ils  appartenaient  à  la  classe  pauvre,  et  l'on 
pourrait  dire  à  la  classe  ouvrière  de  la  fabrique.  Contre  mille  hommes 
que  nous  supposons  aptes  au  service  militaire,  quatre-vingt-treize 
ne  l'étaient  pas  dans  les  classes  aisées,  et  jusqu'à  deux  cent  quarante- 
trois  dans  les  classes  pauvres  (1). 

Un  médecin  anglais,  M.  lire,  qui  s'appuie  sur  le  témoignage  de 
plusieurs  médecins,  dit  que  ses  recherches  l'ont  conduit  à  regarder 
la  population  rurale  de  l'Angleterre  comme  moins  saine  que  la 
population  manufacturière,  et  si  ce  n'est  l'abus  que  celle-ci  fait  du 
lard  rance,  du  tabac,  du  genièvre,  les  individus  seraient  plut 
charnus,  plue  corpulent»,  d'une  poitrine  plus  arrondie,  et  vivraient 
aussi  longtemps  que  qui  que  ce  soit. 

Il  est  difficile  de  se  rendre  compte  des  assertions  émises  par 
M.  Ure,  quand,  dans  le  même  pays,  d'autres  médecins  gémissent 
sur  la  détresse  et  les  souffrances  des  classes  manufacturières.  Les 
données  statistiques,  seules,  pourraient  éclatrotr  la  question,  et  c'est 
ce  qu'a  fait  II.  Villermé.  Nous  citons  ses  parota  : 

»  N'ayant  jamais  été  en  Angleterre ,  je  n'ai  point  vu  les  faits 
du  débat  qui  s'agite  entre  ces  messieurs  et  les  personnes  qui 
adoptent  leurs  opinions,  débat  dans  lequel  on  s'accuse  mutuelle- 
ment de  fausseté.  Selon  les  Uns,  les  propriétaires  des  manufac- 
tures sont  des  monstres;  ils  Spéculent  sur  les  sueurs  et  la  vit  de 
leurs  ouvriers;  ils  tes  soumettent  au  plus  honteux  esclavage.  Selcn 
d'autres,  les  ouvriers  des  manufactures  sont  au  contraire  très- 
heure  ux  ;  ils  ont  presque  toujours  en  partage  l'aisance  avec  une 
bonne  santé  et  une  longue  vie.  Il  y  a  certainement  là  des  deux 
côtés,  au  moins  de  la  prévention.  Aussi,  dans  cet  état  de  choses, 
j'aime  mieux  rechercher  la  vérilé  à  une  autre  source.  Celte  source 
est  le  dernier  ouvrage  officiel  sur  la  population  de  la  Grande- 
Bretagne,  imprimé  par  ordre  de  la  Chambre  des  communes 
en  1833,  et  dont  les  chiffres,  beaucoup  plus  authentiques  et  con- 
séquemment  plus  vraisemblables  que  les  assertions  de  qui  que  ce 
soit,  ont  d'autant  plus  de  valeur  ici,  qu'ils  n'ont  pas  été  recueillis 
pour  la  question  qui  nous  occupe. 

«  Ainsi,  si  l'on  divise  tous  les  comtés  ou  districts  de  l'Angleterre 
en  trois  classes,  suivant  qu'ils  sont  plus  spécialement  agricoles,  à 
la  fois  agricoles  et  manufacturiers,  ou  plus  particulièrement  manu- 
facturiers ,  et  si,  à  l'aide  de  l'ouvrage  dont  il  s'agit,  on  examine 

(I)  Annalti  d'hygiène  publique  ttdt  midaciHa  IrgaU,  l.  XXI,  p.  397. 


^y  Google 


DE  LA  COMMISSION  MÉDICALE  DU  BRABANT.  359 

ensuite  la  mortalité  dam  chacun  d'eux ,  on  arrive  a  des  résultats 
qui  ne  sont  rien  moins  que  favorables  aux  manufactures.  Ainsi,  il 
en  ressort,  qu'en  Angleterre  ,  dans  l'état  actuel  des  choses,  c'est 
dans  les  districts  où  l'industrie  des  tissus  a  pris  une  immense  exten- 
sion, surtout  dans  les  villes  qui  lui  servent  de  grands  centres,  que 
la  mort  exerce  les  plus  grands  ravages,  que  les  populations  s'étei- 
gnent et  se  remplacent  le  plus  vite;  tandis  que,  d'une  autre  part 
et  comme  par  contre-épreuve,  c'est  dans  les  districts  agricoles  où 
il  j  a  très-peu  de  manufactures,  que  la  vie  est  la  plus  longue. 

■  Les  tables  de  mortalité,  dressées  séparément  pour  chacun  des 
quarante-trois  comtés  ou  districts  entiers  et  pour  les  douze  princi- 
pales villes,  en  fournissent  la  démonstration  (1).  » 

Enfin,  H.  Viltermé  termine  en  disant  :  A  l'aide  de  l'ouvrage 
officiel  qui  m'a  fourni  tous  les  chiffres,  et  à  l'aide  d'autres  publica- 
tions qui  permettent  de  classer  entre  eux  les  divers  comtés  de 
l'Angleterre ,  d'après  la  prédominance  des  industries  manufactu- 
rières et  agricoles,  j'ai  trouvé  que  sur  dix  mille  décès  totaux  il  y  a 
eu  pendant  les  dix- huit  mêmes  années ,  savoir  : 

h  11  suasses  a  10  us  :  3,505,  dus  l'ensemble  de»  disliitls  agricoles  ; 

—  —         3,828  —         —         agricoles  et  mianfactnriers; 

—  —         4,355  —         —         nuaCïcliuitn. 
De  10  a  11  m  :  1,038  dus  les  premiers  districts; 

—  1,048    —    seconds    — 

—  1,104    —    treisims  — 

De  sorte  que,  sur  dix  raille,  enfants  qui  naissent,  il  en  parvien- 
drait à  l'âge  de  quarante  ans,  si  les  renseignements  sont  exacts  : 

4,457  dus  les  dtstrids  agricoles; 

4,114  —         M  partie  agricoles  et  nuufaetariers; 

3,541  —         uisladiiriers. 

Ces  chiffres  portent  assez  haut;  il  serait  à  désirer  que  les  mêmes 
calculs  fussent  établis  pour  d'autres  pays. 

II  nous  reste  maintenant  à  chercher,  pour  terminer  la  réponse  & 
la  première  question ,  s'il  existe  une  différence,  parmi  les  ouvriers 
des  villes,  entre  ceux  qui  travaillent  séde  niai  renient  dans  la  petite 
industrie,  et  ceux  qui  travaillent  dans  les  grands  établissements 
industriels.  Cette  question  a  déjà  fait  l'objet  des  méditations  et  des 

(I)  yoj.An**l*drhtgià*t,  p.  414*410. 


^y  Google 


recherches  savantes  d'un  grand  nombre  de  personnes  animées  de 
sentiments  généreux  envers  la  classe  ouvrière. 

Les  grands  établissements  industriels  sont  dirigés,  la  plupart  du 
temps,  par  des  hommes  instruits  et  de  cœur ,  qui,  loin  de  regarder 
leurs  ouvriers  comme  des  esclaves  ou  des  machines,  ont  pour  eux, 
si  ce  n'est  des  égards,  au  moins  de  la  bonté.  Aussi  les  voit-on  faire 
des  sacrifices  d'argent  pour  doter  leurs  établissements  des  béné- 
fices d'une  saine  hygiène .  et  détruire ,  par  les  dispositions  qu'ils 
donnent  à  leurs  ateliers,  les  mauvais  effets  que  la  confusion,  l'en- 
combrement, le  défaut  d'aérage,  l'humidité,  amènent  avec  eux. 
Ici,  les  ouvriers  ne  sont  nj  harassés  d'ouvrage,  ni  plongés  au  milieu 
d'une  atmosphère  corrompue;  aussi  sont-ils  moins  souvent  malades, 
prennent-ils  moins  souvent  les  germes  de  cruelles  maladies,  qui 
les  conduisent  au  tombeau. 

Bans  la  plupart  des  petits  établissements  industriels,,  au  con- 
traire, où  le  maître,  privé  d'éducation,  n'est  dominé  que  par  l'ap- 
pât du  lucre,  dont  l'Ame  est  souvent  inaccessible  aux  sentiments 
généreux,  les  ouvriers  sont  bien  plus  souvent  atteints  de  maladies 
funestes  pour  eux  et  leurs  descendants,  parce  qu'ils  sont  plus  mal- 
traités, que  leur  salaire  est  moins  élevé,  et  qu'ils  ne  jouissent  pas 
des  mêmes  conditions  hygiéniques  que  les  ouvriers  employés  dans 
les  établissements  précédents. 

Si  nous  nous  trouvons  en  desaccord  avec  la  Commission  de 
l'Académie  royale  de  médecine  dé  Belgique ,  qui  croit  qu'il  est 
rare  que  les  ouvriers,  surtout  les  enfants,  soient  maltraités  par 
ceux  qui  les  emploient ,'  c'est,  croyons-nous ,  qu'elle  a  porté  prin- 
cipalement ses  recherches  sur  les  ouvriers  employés  dans  les  grands 
établissements  industriels,  et  ceux  d'une  moyenne  importance ,  en 
ne  «'occupant  que  peu  de  ces  petits  établissements ,  où  six  et  huit 
individus  se  trouvent  réunis. 

Mais,  peut-on  dire,  les  petits  établissements  sont  loin  de  pré- 
senter tous  des  conditions  hygiéniques  aussi  pernicieuses.  Pour 
répondre  à  cette  objection ,  le  tout  est  de  se  comprendre  et  de 
savoir  ce  que  nous  entendons  par  petit  établissement  industriel. 
Un  cordonnier,  un  tailleur,  qui  emploie  six  ou  huit  individus,  est 
un  industriel,  comme  un  maître  de  forge  qui  a  à  son  service  trente 
ou  quarante  ouvriers.  Si  nous  recherchons  dans  quelle  proportion 
ces  genres  d'établissements  sont  les  uns  envers  les  autres ,  on  ne 
tarde  pas  à  voir  que  les  premiers  sont  bien,  plus  nombreux.  Or 
c'e«t  précisément  de  ceux-là  que  nous  avons'  voulu  parler,  sans 


^igilizedby  GOOgle 


DE  LA  COMMISSION  MÉDICALE  DU  BRADANT.  .  301 

toutefois  en  excepter  tous  le»  autre»,  car  il  en  est  de  ceux-ci  qui 
ne  doivent  en  '  être  distingués  ni  sous  le  rapport  des  conditions 
hygiéniques  dont  ils  jouissent ,  ni  sous  le  rapport- de  la  manière 
dont  ils  sonttenus  et  dirigés. 

Ainsi,  point  de  doute  qu'il  existe  une  très-grande  différence 
entre  l'état  sanitaire  et  la  constitution  physique  des  ouvriers 
employés  dans  les  grands  établissements  industriels,  et  ceux 
employés  dans  la  petite  industrie.  Les  positions  sociales  et  hygîé-. 
niques  des  uns  et  des  autres  étant  les  mêmes ,  une  fois  sortis  des 
ateliers,  elles  changent  complètement  aussitôt  qu'ils  reprennent 
leurs  travaux  :  tous  étant  nourris,  logés  dé  la  même  manière,  mais 
tous  n'étant  pas  soumis  aux  mêmes  influences  pendant  douze  et 
quatorze  heures,  c'est-à-dire,  pendant  le  temps  du  travail. 

Un  autre  inconvénient,  qui  se  retrouvait  autrefois  dan*  presque 
tous  les  petits  établissements  industriels,  et  qui  a  en  partie  disparu 
aujourd'hui,  c'est  la  confusion  des  sexes;  confusion  qu'on  ne  retrouve 
guère  aussi  souvent  dans  les  établissements  d'une  grande  impor- 
tance. 

Les  lois  réglementaires  et  de  bonne  administration  se  rapprochent 
parfois  de  si  près  des  règles  de  l'hygiène ,  qu'il  devient  souvent 
difficile  de  les  en  séparer  ;  elles  se  confondent  en  se  prêtant  un 
mutuel  appui.  Ainsi ,  depuis  longtemps ,  il  avait  été  reconnu  que 
cette  confusion  des  sexes,  pendant  le  travail  de  jour  et  surtout  pen- 
dant* le  travail  de  nuit,  amenait  arec  elle  de  nombreux  -désordres» 
et  que  les  ateliers  étaient  des  écoles  où  la  jeunesse  puisait  des  prin- 
cipe» subversifs  de  la  morale  et  de  la  religion.  Nous,  médecins,  nous 
devons  dire  aussi  que  cette  confusion  était  une  source  féconde  de 
maux  corporels,  et  violait  toutes  les  lois  de  l'hygiène. 

Voila  donc  encore,  selon  nous,  une  circonstance  qui  doit  exercer 
une  grande  influence  sur  lès  ouvriers  employés  dans  la  petite 
industrie,  et  ceux  employés  dans  lea  grandB  établissements  indus- 
triels. 

Enfin ,  pour  exprimer  notre  opinion  en  .peu  de  mots ,  nous 
croyons  sincèrement  que  la  constitution  physique  et  l'état  sanitaire 
de  la  population  ouvrière  de  la  province  de  Brabant,  sans  présen- 
ter des  conditions  si  désavantageuses  j  qu'on  doive  concevoir  des 
craintes  sérieuses  sur  son  sort',  sont  susceptibles  de  grandes  amé- 
liorations.; qu'il  existe  Une  différence  énorme  entre  les  ouvriers 
occupé*  aux  travaux  agricoles,  et  ceux  que  l'on  emploie  dans  l'in- 
dustrie ;  que,  parmi  ces  derniers,  ceux  occupés  sédentairement 


DiglizedOy  GOOgle 


563  .    RÉPONSES 

dans  les  petits  établissements  industriels  sont  soumis  à  des  influences 
hygiéniques  nuisibles  qu'on  ne  retrouve  plus  dans  les  grands  éta- 
blissements ;  que  le  nombre  des  malades  est  plus  considérable,  et 
que  les  ouvriers  y  sont  plus  souvent  atteints  d'affections  qui  sapent 
la  santé  jusque  dans  se»  fondements. 

2*  Q.ini3TioM.  —  Quelles  sont  les  maladies,  les  infirmités  et  les 
difformités  que  les  ouvriers  de  tout  âge  et  de  chaque  sexe  con- 
tractent dans  l'exercice  de  certaines  professions? 

kbvorsb.  —  Si  la  statistique,  appliquée  à  l'hygiène  et  à  la  méde- 
cine, ne  mérite  pas  toujours  une  confiance  illimitée,  on  doit 
cependant  avouer  qu'elle  est  destinée  à  faire  sortir  des  ténèbres  et 
de  l'indécision,  plusieurs  questions  irrésolues.  Non-seulement  cer- 
taines questions  d'hygiène  générale  d'un  haut  intérêt  recevraient 
une  solution,  mais  la  prophylactique,  la  thérapeutique  elles-mêmes 
en  éprouveraient  d'heureuses  mutations. 

Le  besoin  de  travaux  statistiques  se  fait  vivement  ressentir  pour 
donner  une  solution  quelque  peu  complète  à  la  question  que  nous 
cherchons  à  résoudre.  Si  nous  avons  plusieurs  travaux  précieux  de 
médecins  qui  ont  recherché  quelle  était  l'influence  de  quelques 
professions  sur  le  développement  de  certaines  maladies,  nous 
sommes  privés  de  lumière  pour  nous  conduire  a  travers  cette  foule 
d'autres  professions ,'  qui  ont  été  regardées  tour  à  tour  comme 
donnant  naissance,  ou  servant  au  développement  de  maladies  ou 
infirmités.  A  défaut  de  chiffres ,  on  peut  raisonner ,  émettre  ses 
opinions,  mais  on  ne  peut  se  baser  sur  aucune  preuve.  L'exagéra- 
tion qui  a  présidé  aux  recherches  des  uns,  émousse  la  confiance , 
affaiblit  les  vérités  qui  peuvent  avoir  été  dévoilées  :  l'imperfection 
de  celles-là  rend  méfiant;  les  divergences  d'opinion  entre  des 
hommes  éclairés  font  naître  l'indécision ,  et  laissent  les  questions 
dans  leur  état  primitif,  c'est-à-dire ,  dans  l'incertitude  et  l'igno- 
rance. 

Ainsi,  pour  nous,  qui  devons  nous  baser  sur  des  opinions 
émises,  qui  ne  sont  établies  sur  aucun  chiffre  authentique,  et  noua 
en  rapporter  à  ce  que  notre  faible  expérience  nous  a  appris,  nous 
croyons  devoir  nous  borner  à  énumérer  les  maladies  principales , 
les  infirmités,  les  difformités,  que  les  ouvriers,  de  tout  âge  et  de 
chaque  sexe  contractent  dans  l'exercice  de  certaines  profession». 

Disons,  avant  de  commencer,  que  si  certaines  professions  portent 
atteinte  à  la  santé  des  ouvriers,  en  faisant  naître  des  maladies,  il 


*by  Google 


DE  LA  COMMISSION  MEDICALE  DU  BRADANT.  363 

en  est,  parmi  ces  profession»,  quelques-unes  qui  les  en  fjaran- 
t usent,  soit  en  modifiant  la  constitution  de  l'ouvrier,  ou  en  faisant 
naître  un  antagonisme  heureux.  Ainsi,  l'influence  des  professions 
doit  être  considérée  sous  deux  rapports  :  *  ou  relativement  aux 
maladies  qu'elles  font  naître ,  ou  relativement  aux  maladies  dont 
elles  préservent  (1).  » 

Nous  suivrons  les  divisions  établies  par  H.  Pâtissier  dans  son 
Traité  des  maladies  des  artisans,  afin  d'éviter  les  répétitions  et  de 
faciliter  l'intelligence  de  nos  recherches. 

Maladies  coûtée*  par  lu»  vapeur»  ou  molécule»  minérale». 

La  province  de  Brabant  ne  contenant  pas  de  mines,  nous  n'avons 
pas  à  nous  occuper  des  maladies  des  mineurs. 

Les  doreurs  sur  métaux  sont  assez  nombreux  :  Bruxelles  en 
renferme  un  grand  nombre.  Quoiqu'on  n'ait  pas  remarqué  qu'ils 
soient  plus  souvent  malades  que  d'autres  artisans,  on  ne  peut  dis- 
convenir qu'ils  sont  exposés  aux  émanations  acides  mercurielles 
qui  développent  différentes  maladies. 

Nous  avons  bile  de  faire  remarquer  que  toutes  les  professions 
ont  tour  à  tour  été  regardées  comme  insalubres ,  en  déterminant 
certains  genres  de  maladies ,  ou  comme  agissant  d'une  manière 
funeste  sur  la  durée  de  la  vie.  Il  y  a  la  vraisemblablement  de 
l'exagération.  L'expérience  a  bien  souvent  démontré,  par  exemple, 
que  le  terme  de  la  vie  était  fréquemment  dépassé  par  les  ouvriers 
employés  dans  telle  industrie,  alors  que,  selon  les  uns,  il  devait 
être  rarement  atteint ,  et  jamais  selon  les  autres.  Nous  avons  fait 
cette  remarque  tout  en  commençant ,  parce  qu'elle  est  applicable 
à  d'autres  professions  qu'on  a  accusées  d'èlre  très-nuisibles  à  la 
santé  des  ouvriers. 

Pour  en  revenir  a  notre  sujet,  nous  dirons  que  les  doreurs  sur 
métaux  sont  exposés  à  contracter  le  tremblement  mercuriel , 
l'hydrargyrose ,  des  ulcères ,  la  paralysie ,  l'asthme ,  les  Vertiges , 
la  phtbisie  pulmonaire. 

La  plupart  des  auteurs  qui  ont  traité  des  maladies  des  artisans, 
ont  insisté  particulièrement  sur  ta  cachexie  mercurielle ,  te  trem- 
blement convulsif  des  membres  ;  il  n'en  est  aucun  qui  ait  signalé 
l'influence  nuisible  du  mercure  ,  comme  faisant  naître  la  phtbisie 
pulmonaire.  Selon  M.  Lombard,  de  Genève ,  cette  cruelle  maladie 
afflige  d'une  manière   particulière  les  doreurs  sur  métaux,  puis- 

(l)  M.  Piiinitr. 


qu'elle  en  fait  périr  constamment  plus  d'un  dix-huitième  chez  le* 
hommes ,  et  plus  d'un  dix-septième  chez  les  femme*.  Une  pareille 
mortalité ,  dit-il ,  l'emporte  de  beaucoup  sur  celle  due  a  l'action 
des  poussières,  et  méritait  d'être  remarquée.  Ici  le  danger  est  réel. 

Les  chapeliers.,  exposés  également  aux  vapeurs  mercurielles , 
paraissent  devoir  à  celle  cause,  bien  plus  qu'aux  débris  végétaux 
qu'ils  respirent,  le  grand  nombre  de  phlhisies  qu'ils  présentent. 
D'après  H.  Benoiston  de  Châleauheuf ,  la  proportion  est  de  4,78 
sur  100  ,  tandis  qu'elle  n'est  pas  d'un  chez  les  chapelières,  0,55. 

Quelques-unes  des  maladies  ci- dessus  nommées  s'observent 
rarement  dans  nos  hôpitaux  et  dans  la  clientèle  particulière.  Aussi, 
sommes-nous  portés  à  croire  qu'on  a  généralement  exagéré  la 
fréquence  de  tels  accidents,  et  que  les  ateliers  de  nos  doreurs  ne 
peuvent- pas  être  considérés  comme  des  tombeaux  (1)  où  vent  s'en- 
sevelir les  ouvriers  doreurs.  Loin  de  nous  cependant  de  prétendre 
a  l'innocuité  d'une  exposition  à  de  semblables  émanations.  Mais 
la  construction  des  ateliers ,  et  les  soins  que  peuvent  prendre  les 
ouvriers,  prouvent  que  les  maladies  ci-dessus  énoncées  sont  beau- 
coup moins  fréquentes ,  et  qu'on  peut  même  les  annihiler. 

Il  est  d'autres  états  où  les  ouvriers  sont  exposés  a  contracter  tes 
mêmes  maladies  que  les  doreurs  sur  métaux,  et  qui  dépendent  aussi 
des  émanations  du  mercure  :  tels  sont  les  étameurs  de  glace  (ï) , 
les  argenteurs ,  les  chapeliers  employés  au  sécrétage  des  poils,  les 
ouvriers  qui  travaillent  les  cendres  des  orfèvres. 

Maladies  causées  par  les  émanations  de  plomb. 

Le  plomb  est  un  métal  qui  entre  dans  la  composition  d'une 
foule  de  substances  employées  dans  les  arts  et  l'industrie.  Depuis 
très-longtemps,  on  avait  remarqué  les  effets  nuisibles,  dus  à 
ses  émanations.  Il  n'est  peut-être  pas  de  métal  qui  ait  été  plus 
étudié,  sous  le  rapport  de  son  influence  sur  la  santé  de  l'homme. 
Autrefois  les  accidents  produits  par  les  émanations  du  plomb 
étaient  si  fréquents.,  et  étaient  tellement  connus,  qu'il  n'y  avait 
guère  que  tes  condamnés  qui  étaient  employés  à  l'extraire  ;  et,  sans 
remonter  bien  avant  dans  tes  temps  qui  nous  ont  précédés ,- noua 
voyons  que  ce  sont  ou  des  malfaiteurs  sortis  des  bagnes,  ou  des 

(1)  ».  PïUnier. 

(2)  Selon  M-  Cad et-Suti court,  Ut  ne  pourraient  TÏ»re  plui  de  dix  «ni,  t'ili  n'iatrr-. 
rompaient  pi  aucun  foi)  leur  métier. 


■.DgtizedOyGÔOglë 


DE  LA  COMMISSION  MEDICALE  DU  BRABANT.  385 

malheureux  que  la  misère  poursuit,  qui  se  livrent  aux  différentes 
préparations  satu  rnines  que  réclament  et  le  commerce  et  l'in- 
dustrie. 

Sans  avoir  fréquemment  observé  des  accidents  causés  par  le 
plomb ,  nous  en  avons  vu  assez  pour  nous  convaincre  de  ses  effets 
pernicieux,  et  de  l'urgence  qu'il  y  avait  de  surveiller  les  établisse- 
ments où  il  subit  toute  sorte  de  préparations,  afin  d'y  faire  observer 
les  lois  de  l'hygiène  et  de  la  circonspection.  C'est,  sans  aucun  doute, 
a  ces  deux  causes,  et  à  des  améliorations  introduites  dans  le  mode 
de  préparation ,  ainsi  qu'à  la  connaissance  plus  étendue  qu'ont  les 
personnes  des  dangers  qu'il  y  a  de  braver  ses  émanations,  que  nous 
devons  attribuer  la  rareté  des  accidents  observés  aujourd'hui. 

Le  plomb  porte  principalement  son  action  sur  les  intestins ,  et 
de  là  sur  la  moelle  épinière.  L'enléralgie  saturnine  est  la  maladie 
la  plus  fréquente  qu'on  observe  à  la  suite  de  l'absorption  des  molé- 
cules de  plomb.  Viennent  ensuite  les  paralysies  générales  ou  par- 
tielles, l'affaissement  des  facultés  intellectuelles,  le  tremblement 
des  membres,  un  élat  cachectique.  Ces  accidents  s'observent  d'au- 
tant plus  vite  qu'ils  sont  dus  à  l'introduction  .du  plomb,  par  voie 
humide  d'absorption,  et  que  les  molécules  absorbées  sont  plus 
ténues  (1). 

•.  Les  ouvriers  qui  sont  exposés  à  contracter  les  maladies  que 
nous  venons  d'énumérer  sont  ceux  qui  fabriquent  la  ce  ruse ,  le 
minium, /qui  retirent  le  plomb  de  la  mine.  Les  plombiers  sont 
moins  souvent  frappés;  il  en  est  de  même  des  fondeurs  de  carac- 
tères d'imprimerie.  Parmi  ces  derniers,  ceux  qui  sont  employés 
dans  les  imprimeries  à  ranger  les  cases,  et  qui  ont  pour  habitude 
de  mettre.  les  caractères  à  la  bouche,  sont  assez  souvent  atteints. 

Les  peintres  en  tableaux  ne  sont  pas  exempts  de  cette  dou- 
loureuse maladie.  C'est  aux  émanations  saturnines  qu'ils  doivent, 
selon  Ramazzini,.  la  cachexie,  la  noirceur  des  dents,  la  p&leur 
de  leur  visage.  ■  Souvent ,  dit-il ,  en  prêtant  aux  portraits  des 
autres  plus  de  beauté  et  de  couleur'  que  ia  nature  ne  leur  en 
donne ,  ils  manquent  eux-mêmes  de  coloris  et  d'embonpoint.  ■  La 
mélancolie  est  également  produite  par  tes  qualités  pernicieuses 
des  couleurs  que  les  peintres  emploient.  Le  même  auteur  cite 
l'exemple  de  l'immortel  Cortège,  qui  avait  l'esprit  si  aliéné,  qu'il  ne 
connaissait  ni  son  mérite  ni  ses  ouvrages,  et  qu'il  reporta  plusieurs 

(I)  Selon  H.  Sun-Clair,  H  petit  1  lur  3  inditidui  qui  ftbriquentln  céruie. 

Digrlizedby  GOOgle 


366  RÉPONSES 

fois  aux  acquéreur*  le  prix  de  ses  tableaux,  comme  s'ils  se  fussent 
trompés  en  lui  donnant  de  l'or  pour  ses  peintures  admirables,  qui 
actuellement  ne  peuvent  plus  être  assez  payées. 

Après  les  peintres  en  tableaux ,  nous  devons  ranger  les  peintres 
en  bâtiments,  qui  sont  peut-être,  parmi  les  artisans  exposés 
aux  émanations  saturnines ,  le  plus  souvent  atteints  de  coliques  et 
de  paralysie  métallique.  Les  broyeurs  et  les  marchands  de  couleurs, 
les  potiers  de  terre,  les  potiers  d'étain,  sont  également  exposés  aux 
mêmes  maladies. 

La  phthisie  pulmonaire  se  rencontre  assex  souvent  parmi  les 
ouvriers  exposés  aux  émanations  saturnines.  Les  peintres  en  sont 
souvent  atteints  :  selon  M.  Lombard,  la  phthisie  en  fait  succom- 
ber 21  i  sur  1,000. 

Les  ouvriers  qui  travaillent  le  cuivre,  les  peintres  qui  emploient 
le  vert-de-gris,  éprouvent  aussi  des  tiraillements  d'estomac  et  des 
coliques  qui  ressemblent  à  celles  produites  par  le  plomb. 

Nous  ne  dirons  rien  des  maladies  auxquelles  sont  sujets  les 
ouvriers  qui  manient  le  soufre ,  ou  qui  sont  exposés  aux  vapeurs 
irritantes  de  ce  minéral. 

Nous  croyons  seulement  utile  de  signaler  un  danger  qui  a 
déjà  fait  plusieurs  victimes,  et  qui  est  d'autant  plus  grand  qu'il 
produit  une  mort  violente.  La  préparation  des  allumettes  pkospha- 
riqttes,  qui  s'est  accrue  d'une  manière  si  rapide,  réclame  le  ma- 
niement de  substances  très-inflammables ,  et  qui  prennent  feu  en 
occasionnant  une  violente  explosion.  Plusieurs  personnes  ont  déjà 
péri  à  la  suite  de  ces  accidents;  souvent,  parce  qu'elles  n'avaient 
pas  les  connaissances  nécessaires,  ou  qu'elles  n'étaient  pas  instruite* 
des  dangers  qu'elles  couraient  ;  d'autres  ont  eu  des  membres  mu- 
tilés ,  des  brûlures  profondes. 

Nous  omettons,  à  dessein,  de  parler  des  serruriers,  des  forgerons, 
des  maréchaux  ferrants;  les  maladies  qui  les  frappent , -reconnais- 
sent plus  souvent  pour  cause ,  des  influences  qui  leur  sont  com- 
munes avec  d'autres  métiers. 

Les  ouvriers  qui  travaillent  dans  les  fabriques  d'acides  minéraux, 
peuvent  contracter  différentes  affections ,  s'ils  travaillent  dans 
des  ateliers  mal  construits,  où  la  ventilation  est  imparfaite.  Ainsi , 
dans  les  fabriques  d'acide  muriatique ,  d'acide  sulfurique ,  d'acide 
azotique ,  il  s'élève  constamment  des  vapeurs  irritantes  qui  agis- 
sent sur  les  voies  respiratoires  ou  digeslives.  Les  ouvriers  sont  pris 
de  toux,   de  resserrement  de  poitrine,  de  crachements  de  sang, 


^y  Google 


DE  LA  COMMISSION  MÉDICALE   DU  BBABANT.  567 

de  phthisie  pulmonaire  et  laryngée,  de  coliques,  de  nausées,  de 
diarrhée,  etc. 

Les  fabrique*  de  sublimé,  ou  de  deuto-cblorure  de  mercure, 
dégagent  aussi  des  vapeur»  très-pernicieuses  pour  la  santé  des 
ouvriers,  et  pour  les  habitants  qui  sont  dans  le  voisinage.  Hais  les 
soins  hygiéniques,  et  des  ateliers  bien  construits,  arec  un  bon  sys- 
tème de  ventilation,  détruisent  leurs  effets  meurtriers. 

Les  tailleurs  de  pierre,  les  marbriers,  les  sculpteurs,  sont  exposés 
a  respirer  les  poussières  et  des  fragments  anguleux  que  leur  ciseau 
soulève.  La  maladie  du  grès  ou  de  Saint-Roçh  leur  est  propre. 
Selon  Margagni,  Alibert,  qui  disent  avoir  trouvé  dans  les  poumons 
des  tailleurs  de  pierre,  des  concrétions  pierreuses,  ceux-ci  sont 
souvent  atteints  de  phthisie.  On  sait  que  Bayle  avait  aussi  cru  à 
l'existence  de  cette  affection,  puisque  dans  les  différents  genres  de 
phthisie  il  en  reconnaît  une  colculeuse.  Sans  avoir  été  à  même  de 
vérifier  des  faits  semblables,  nous  n'avons  pa*  remarqué  que  les 
ouvriers  dont  nous  nous  occupons,  soient  plus  souvent  poitrinaires 
que  d'autres.  Nous  ne  sommes  pas  loin  de  croire  cependant  a  l'in- 
fluence nuisible  que  doit  produire  la  poussière  de  la  pierre  ou  du 
marbre.  La  poussière  du  grès  est  surtout  nuisible  :  .tout  le  monde 
sait  que  dans  la  commune  des  Molières  (France),  où  l'on  taille  le 
grès,  la  mortalité  est  effrayante,  surtout  parmi  les  enfants.  Elle 
s'élève  de  0  a  cinq  ans  à  45,  66,  sur  100.  Aussi  une  génération  qui 
naît  se  troure-t-elle  réduite  de  moitié  vers  quinze  ans. 

Dans  la  commune  de  Meusnes  (France),  où  l'on  taille  le  silex,  la 
pierre  de  fusil ,  la  phthisie  est  endémique.  Depuis  que  ce  genre 
d'industrie  s'y  est  introduit,  M.  Benoiston  de  Cbftteauneuf  a  fait 
des  recherches  à  cet  égard,  en  voici  le  résumé  : 

De  1680  à  1709,  c'est-à-dire  pendant  un  espace  de  trente  ans, 
la  population  moyenne  de  Meusnes  a  été  de  quatre  cent  quinze 
habitants. 

Les  naissances  étaient  alors,  avec  la  population,  dans  le  rapport 
de ::      1    :   24,  08 

Et  les  décès ::      1    :  33,  24 

Une  génération  ne  se  trouvait  réduite  a  la  moitié  qu'au  bout  de 
dix-huit  ans,  et  la  vie  moyenne  était  de  vingt-quatre  ans  trois  mois. 

La  fabrique  n'existait  pas  encore.  Depuis  son  établissement,  et 
de  1760  a  1790,  la  population  moyenne  de  la  commune  a  été  de 
huit  cent  cinquante  habitants. 


^y  Google 


368  RÉPONSES 

Dans  celle  seconde  période  de  temps,  aussi  de  trente  ans,  comme 
la  première ,  le  rapport  des  naissances  avec  cette  population  a 
été.    .     .     .....     .     .     .     .     .     .  ■  .     ii-liB,7l 

celui  des  décès.     .     .     , .     ::     1  :  35,  60 

au  lieu  de  35,  34.  Une  génération  était  réduite  a  la  moitié  avant 
cinq  ans  au  lieu  de  dix-huit,  et  la  vie  moyenne,  raccourcie  de  cinq 
ans,  n'allait  pas  au  delà  de  dix-neuf  ans  deux  mois. 

Les  maçons  sont  exposés  aux  mêmes  maladies  que  les  tailleurs 
de  pierre.  La  vapeur  de  la  chaux  fondante  ne  peut  que  nuire  à 
leur  santé.  Établis  quelquefois  sur  des  échafaudages  très-élevés, 
ils  sont  exposés  a  faire  des  chutes.  Le  nombre  d'accidents  qui  en 
résultent  est  très-grand.  Il  ne  se  passe  guère  de  semaine,  dans 
Bruxelles,  par  exemple,  qu'on  n'ait  plusieurs  malheurs  à  déplorer. 
Tantôt  ce  sont  des  fractures  du  crâne,  suivies  souvent  de  mort; 
tautôt  des  fractures  de  membres,  des  contusions,  etc.,  etc. 

Il  nous  parait  utile  de  dire  un  mot  de  la  manière  dont  vivent  les 
maçons;  elle  a  une  grande  influence  surles  maladies  qui  les  attei- 
gnent. La  plupart  sont  des  campagnards  qui  viennent  par  escouades 
travailler  dans  les  villes.  Us  y  séjournent  toute  la  semaine,  sans 
retourner  dans  leurs  foyers.  Il*  vivent  avec  une  extrême  économie, 
et  se  logent  dans  des  espèces  de  maisons  garnies  ;  celles-ci  se.  trou- 
vent souvent  dans  des  rués  étroites,  humides,  mal  aérées;  elles 
sont  d'une  insalubrité  si  grande,  qu'un :  règlement  particulier  les 
régit  à  Paris.  Ils  couchent  entassés'  en  très-grand  nombre  dans 
ces  réduits  malsains,  et  contractent  fréquemment  des  fièvres  de 
très-mauvais  caractères ,  qu'ils  transportent  avec  eux  lorsqu'ils' se 
rendent  dans  leur  famille.  De  là  viennent,  selon  nous,  ces  épidémies 
si  meurtrières  d'entérite  falliculeuse,  de  typhus  même,  qu'on  observe 
au  milieu  de  dos  campagnes  :  de  là  vient  aussi  que  les  maladies 
contagieuses  se  communiquent  si  facilement,  et  frappent  un  grand 
nombre  d'individus.  ... 

Les  couvreurs,  de  même  que  les  maçons,  sont  exposés  a  faire  des 
chutes  fréquentes,  et  aux  nombreux  accidents  qui  en  résultent.- De 
plus,  ils  sont  exposés  aux  ardeurs  du  soleil,  qui  leur  occasionnent 
des  érésipèles,  des  congestions,  des  apoplexies. 

Les  accidents  et  les  cas  de  mort  violente  sont  si  fréquents  parmi 
les  couvreurs,  que  les  sociétés  de  secours  mutuels,  établies  a  Paris, 
ont  refusé  de  les  admettre  parmi  leurs  membres,  ne  voulant  pas 
compromettre  leur  avenir  en  payant  trop  souvent  à  ceux-ci  des 
indemnités  de  maladies  représentatives  de  la  journée  de  salaire. 


tizedby  Google 


DE  LA  COMMISSION  MEDICALE  DO  BRABANT.  365 

D'après  M.  Lombard,  c'est  dans  la  profession  dé  couvreur  qu'il 
7  a  le  plu*  de  ces  morts  violentes  accidentelles,  puisque,  d'après 
ses  recherches,  la  proportion  est  de  vingt-sept  pour  cent. 

Maladies  causées  par  les  vapeurs  ou  molécules  animales. 

Il  n'est  pas  de  métier  qui  expose  à  des  accidents  plus  terribles 
que  ceux  auxquels  les  vidangeurs  sont  exposés.  Il  nous  souvient 
qu'il  y  a  cinq  ans,  trois  personnes  périrent,  pour  avoir  voulu  vider 
une  fosse,  sans  avoir  pris  les  précautions  nécessaires.  Ce  fait  se 
rapproche  beaucoup  de  celui  qui  est  consigné  dans  les  ouvrages 
de  H.  Pâtissier.  Gomme  dans  le  cas  observé  à  l'Hôtel-Dïeu  à  Paris, 
le  père  étant  descendu  le  premier  dans  la  fosse,  et  ne  répondant 
pas  1  ses  fils  qui  travaillaient  avec  lui ,  un  de  ceux-ci  n'hésita  pas  a 
aller  le  rejoindre,  et  il  éprouva  bientôt  toutes  les  angoisses  de 
l'asphyxie.  Le  plus  jeune  des  frères,  voyant  le  danger  que,  couraient 
et  son  père  et  son  frère,  n'écoutant  que  la  voix  de  la  nature,  s'élance 
a  leur  secours ,  et  il  allait  périr  aussi ,  quand  des  secours  leur 
arrivèrent.  Tous  trois  furent  transportes  a  l'hôpital  Saint-Jean  de 
Bruxelles,  où  ils  moururent  l'un  après  l'autre,  dans  un  état  de 
profonde  prostration. 

Les  maladies  des  vidangeurs  sont  désignées  sous  les  noms  de 
plomb  et  de  mitte.  La  première  reconnaît  pour  cause  la  présence 
des  gaz  hydrogène  sulfuré  et  hydro-sulfure  d'ammoniac,  et  quel- 
quefois le  gaz  azoté.  La  mitte  est  causée  par  les  vapeurs  ammonia- 
cales qui  déterminent  une  ophtbalmie  très-prompte,  très-doulou- 
reuse, -et  un  coryza  très-aigu. 

On  a  généralement  exagéré  les  dangers  attachés  à  la  profession 
de  tanneur.  Cependant  on  a  souvent  observé  qu'ils  sont  atteints 
de  rhumatisme  ;  ce  qui  parait  provenir  de  ce  qu'ils  travaillent 
dans  l'eau.  Les  fièvres  intermittentes  s'observent  rarement  dans 
cette  classe  d'artisans  :  ce  qui,  selon  H.  Geoffroy,  provient  du 
tan  dont  ils  se  servent.  Les  tanneurs  sont  quelquefois  atteints  de 
pustule  maligne,  de  même  que  les  équarisseurs.  Les  covroyeurs  sont 
sujets  aux  hémoptysie»,  aux  maladies  du  cœur,  aux  déformations  de 
la  poitrine.  Le  genre  de  travail  auquel  ils  se  livrent  en  est  la  cause. 
Les  chandeliers  sont  exposés  aux  émanations  acres  et  stupéfiantes 
qu'exhale  la  graisse  en  se  fondant.  L'habitude  qu'ils  ont  de  fondre 
le  suif  dans  des  caves  souvent  mal  aérées,  fait  qu'ils  vivent  au 
milieu  d'une  atmosphère  corrompue,  chargée  assez  fréquemment 


*by  Google 


de  vapeurs  de  charbon.  Les  chandeliers  sont  sujets  aux  vertiges, 
aux  étouffements,  à  l'asthme  ;  ils  ont  souvent  des  nausées,  du 
dégoût.  Il  est  à  désirer  qu'ils  ne  puissent  fondre  le  suif  que  hors 
de  l'enceinte  des  villes  ;  ils  ne  nuiraient  pas  alors  à  la  salubrité 
publique  et  exposeraient  moins  aux  incendies. 

Mous  terminerons  ici  nos  recherches  sur  les  maladies  des  ouvriers 
exposés  aux  émanations  des  molécules  animales,  pour  aborder  celles 
produites  par  les  vapeurs  ou  molécules  végétales.  Il  nous  semble 
inutile  de  nous  entretenir  des  maladies  des  boulangers,  des  meu- 
niers, des  pâtissiers,  de  fabricants  de  labac,  etc.,  etc»,  n'ayant  rien 
de  particulier  à  ajouter  a  ce  qu'en  disent  les  ouvrages  qui  traitent 
des  maladies  des  artisans. 

Parmi  les  maladies  dues  aux  émanations  végétales,  nous  croyons 
devoir  nous  livrer  à  quelques  recherche»  sur  celles  qui  atteignent 
les  brasseurs  et  les  distillateurs. 

Le  nombre  des  brasseries  établies  dans  la  prorince  de  Brabant 
est  trés-élevé  ;  un  grand  nombre  d'ouvriers  y  sont  employés.  La 
ville  de  Louvain,  d'après  le  rapport  de  la  Commission  médicale,  en 
compte  au  delà  de  six  cents.  Nous  ignorons  le  nombre  des  ouvriers 
brasseurs  employés  dans  les  établissements  de  Bruxelles  et  des 
autres  arrondissements  :  il  doit  être  considérable.  La  plupart  des 
ouvriers  brasseurs  sont  des  hommes  rigoureux  et  jeunes;  à  un 
esprit  obtus,  à  une  imagination  froide,  ils  joignent  une  force  mus- 
culaire développée.  On  croirait  facilement  que  ce  dernier  appa- 
reil et  le  (issu  graisseux  sont  les  seuls  de  leur  économie  qui  rirent 
et  s'entretiennent.  Peu  susceptibles  de  grandes  passions,  de  senti- 
ments nobles ,  ils  ne  savent  que  satisfaire  aux  besoins  de  la  vie 
organique.  L'habitude  qu'ils  ont  de  boire  les  rend  lourds ,  peu 
actifs,  éteint  leur  peu  d'imagination,  et  fait  prédominer  chez  eux 
le  système  adipeux  .(1  ).  Souvent  des  maladies  qui  portent  une  pro- 
fonde atteinte  à  leur  économie  les  rendent  caduques  et  impotents 
à  la  fleur  de  l'âge.  L'apoplexie,  le  cancer  de  l'estomac,  le  delirium 
potatorum,  la  gastrite  chronique,  l'hypertrophie  du  cœur  et  des 
gros  vaissaux,  l'albincinurie ,  sont  les  affections  dont  ils  sontsou- 

(1)  Si  nom  jetoni  on  coup  d'oeil,  dit  Briaud,  sur  tlei  profemioni  élero'ei ,  noui 
re  commit  ru  m  qu'il  j  «  preique  toujuun  une  proportion  iuiene  entra  le  déreloppe- 
ment  de  001  force»  phjiiquei  et  celui  de  noi  faculté»  intellectuelle^  que  le  corps  et 
l'eiprit  ne  peuvent  en  quelque  lorte  s'accroître  limulUnéinont;  que  toute  profeuion 
qui  exige  le  travail  oxoluiif  de  l'un   ocenioune  BBCBuairemeut  t'i  ~  " 


^y  Google 


DE  LA  COMMISSION  MÉDICALE  DU  BRADANT  367 

vent  frappés.  D'après  le  rapport  cité  plus  haut,  les  ouvriers  bras- 
seurs vivent  rarement  au  delà  de  quarante-cinq  ans.  On  serait  en 
droit  de  penser  cependant,  en  voyant  ces  hommes  athlètes,  qu'ils 
doivent  vivre  plus  longtemps. 

Parmi  les  maladies,  dues  aux  causes  accidentelles,  nous  croyons 
devoir  citer  les  brûlures,  qu'elles  soient  produites  par  la  matière 
en  ébullition  qui  fait  irruption  hors  de  la  cuve,  ou  que  les  ouvriers 
ivres  se  précipitent  dans  les  cuves.  Ces  brûlures  sont  ordinairement 
très-vastes,  et  se  terminent  d'une  manière  funeste. 

Il  est  encore  d'autres  accidents  que  nous  avons  remarqués  parmi 
les  ouvriers  brasseurs,  et  que  nous  n'avons  trouvés  consignés  dans 
aucun  ouvrage  :  ce  sont  des  fractures  de  la  clavicule,  de  la  rotule, 
des  déchirures,  des  distensions  des  ligaments  roluliens.  Ces 
diverses  fractures  s'expliquent  aisément  :  les  premières  sont  pro- 
duites par  la  branche  horizontale  et  ferrée ,  à  l'aide  de  laquelle 
ils  soulèvent  les  tonneaux  et  les  transportent  dans  les  caves  ;  les 
secondes  se  produisent  quand  l'ouvrier,  chargé  du  tonneau, 
descend  les  marches  d'un  escalier.  Cette  fracture  est  ordinairement 
accompagnée  de  chute.  Il  est  dès  lors  facile  de  comprendre  à 
quels  dangers  elle  expose. 

Une  fois  seulement,  nous  avons  remarqué  un  anévrisme  de  l'ar- 
tère poplilée,  résultant  d'un  effort  que  lit  l'ouvrier  en  descendant 
un  tonneau  rempli  de  bière. 

En  examinant  les  ouvriers  employés  dans  les  distilleries ,  et  en 
les  comparant  aux  ouvriers  brasseurs,  on  est  frappé  de  la  différence 
qui  les  sépare.  Ceux-là  sont  ordinairement  maigres,  alertes,  d'un 
esprit  plus  vif,  d'une  imagination  plus  ardente ,  et  vivent  ordinai- 
rement plus  longtemps  que  les  ouvriers  brasseurs.  Ils  sont  du  reste 
exposés  aux  mêmes  maladies. 

N'ayant  rien  à  dire  de  particulier  des  maladies  causées  par  les 
vapeurs  ou  molécules  des  trois  règnes  mêlées  ensemble,  nous  pas- 
serons immédiatement  aux  maladies  causées  par  les  particules  lai- 
neuses et  cotonneuses. 

Quoique  la  province  de  firabant  ne  soit  pas  le  centre  de  l'indus- 
trie drapière  et  ootonnière ,  et  que  les  comités  médicaux  des  pro- 
vinces des  Flandres  et  de  Liège  soient  plus  à  même  de  traiter  cette 
question ,  nous  avons  cru  ne  pas  devoir  la  passer  sous  silence.  Il 
existe  quelques  fabriques  où  l'on  travaille  le  coton  dans  la  pro- 
vince de  firabant.  Sans  être  aussi  nombreuses  et  aussi  vastes  que 
celles  de  la  Flandre ,  elles  nous  ont  instruits  des  dangers  que 


^y  Google 


368  RÉPONSES 

courent  let  ouvriers  qui  y  «ont  employés,  dangers  qui  rejaillissent 

souvent  sur  l'enfance  et  l'adolescence. 

Le  modique  salaire  que  gagne  l'ouvrier  cotonnier,  qui  a  souvent 
une  famille  nombreuse  à  nourrir,  le  force  a  conduire  dans  les  fabri- 
ques sesenfanude  six  à  sept  ans  pour  les  y  faire  servir  d'aides.  Quoi- 
que leurs  travaui  ne  soient  ni  rudes  ni  fatiguants,  ils  éprouvent 
bientôt  l'influence  d'un  travail  précoce,  d'un  séjour  au  milieu  d'une 
atmosphère  chargée  de  molécules  cotonneuses,  et  des  changements 
brusques  de  température  qu'ils  sont  obligés  de  braver  pour  four- 
nir aux  besoins  des  différentes  préparations  que  réclame  le  coton. 

Les  enfants  employés  dans  l'industrie  cotonniers  sont  très-nom- 
breux, puisqu'ils  entrent  pour  un  tiers  dans  la  population  des  fila- 
tures. Beaucoup  d'entre  eux  n'ont  pas  atteint  l'âge  de  sept  ans , 
qu'ils  aident  déjà  leurs  parents  avec  lesquels  ils  sont  presque  tou- 
jours. Parmi  eux  se  trouvent  confondues  beaucoup  de  jeunes  filles, 
ainsi  que  des  femmes.  Au  nombre  des  professions  qu'on  a  accusées 
d'être  nuisibles  à  là  santé  des  ouvriers,  il  n'en  est  peut-être  aucune 
qui  réunisse  autant  de  circonstances  favorables  au  développement 
des  maladies  que  celle  que  nous  examinons  maintenant. 

Le  battage  du  coton,  qu'il  se  fasse  a  la  main  ou  à  l'aide  des 
machines,  produit  un  nuage  de  poussière  irritante,  qui  s'introduit 
jusque  dans  les  voies  profondes  de  la  respiration.  L'unanimité  des 
opinions  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'insalubrité  d'un  tel  travail. 
L'état  de  dépérissement  dans  lequel  se  trouvent  les  ouvriers  vient 
du  reste  dessiller  les  yeux  des  incrédules.  Tous  se  plaignent  de 
sécheresse  dans  la  bouche,  dans  le  pharynx,  le  larynx,  et  ne  lar- 
dent pas  à  être  atteints  d'une  toux  qui  devient  de  plus  en  plus  fré- 
quente. Beaucoup  d'entre  eut  ont  les  yeux  chassieux,  le  bord  des 
paupières  rouge ,  gonflé  (blépharophthalmie),  et  perdent  leurs  cils 
par  suite  de  l'irritation  chronique  des  follicules  muqueux  et  pileux. 

La  toux  que  nous  avons  vue  se  manifester  tantôt,  n'est  souvent 
que  le  prélude,  Tavant-coureur  d'un  cortège  de  symptômes  les  plus 
effrayants  qui  caractérisent  la  phlhisie  pulmonaire  et  laryngée, 
cruelle  maladie  contre  laquelle  viennent  se  briser  les  secours  de 
la  médecine ,  et  qui  fait  périr  le  tiers  des  populations  !  Comme  ce 
sont  des  femmes  et  des  enfants  qui  se  livrent  au  battage  mécanique 
dans  les  établissements ,  if  va  de  soi  que  ce  sont  eux  qui  sont  le 
plus  souvent  atteints. 

La  pneumonie  a  été  regardée  comme  se  développant  fréquem- 
ment sous  l'influence  des  poussières  du  coton.  Désignée  sous  le 
nom  de  pneumonie  cotonneuse,  elle  attaque  tout,  hommes,  femmes, 


DglizedOy  GOOgle 


DE  LA  COMMISSION  MÉDICALE  DU  BHABANT.  369 

enfants,  sans  distinction  d'Age  et  de  sexe ,  et  présente  souvent  un 
très-haut  degré  de  gravité. 

Les  autres  manipulations  qu'exige  le  coton  ,  sans  être  aussi  nui- 
sibles à  ta  santé  des  ouvriers ,  ne  sont  pas  moins  insalubres  ,  mais 
à  un  moindre  degré  que  le  battage. 

Après  celte  dernière  opération  vient  (e  filage ,  qui  exige  que  la 
température  soit  d'autant  plus  élevée ,  qu'on  fabrique  des  fils  plus 
fins.  Les  ateliers  sont  chauffés  communément  a  24  et  37  degrés 
du  thermomètre  centigrade.  Les  ateliers  d'impression  d'indiennes 
et  ceux  où  l'on  fait  sécher  les  toiles  sont  chauffés  jusqu'à  40  degrés. 
Aussi,  les  ouvriers  ont-ils  le  corps  ruisselant  de  sueur,  et,  soit 
qu'ils  négligent  d'éviter  les  brusques  changements  de  température, 
soit  qu'ils  soient  forcés  de  les  braver,  ils  sont  souvent  frappés  de 
pneumonie ,  de  pleurésie ,  d'inflammations  aiguës  des  organes  de 
la  respiration,  de  la  circulation,  delà  locomotion. 

Ces  maladies  s'observent  dans  les  grands  établissements  indus- 
triels comme  dans  les  petits.  Si  ceux-ci  sont  plus  nuisibles  à  la  santé 
des  ouvriers  que  les  premiers,  parce  qu'ils  ne  jouissent  pas  des 
mêmes  conditions  hygiéniques,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  on  y 
voit  moins  d'ouvriers  devenir  impotents  ou  perdre  l'usage  d'un 
membre  par  suile  des  violences  exercées  par  les  machines.  Les 
enfant»  et  les  jeunes  gens  des  deux  sexes  sont  de  tous  les  ouvriers 
les  plus  exposés,  tant  par  la  nature  de  la  besogne  dont  ils  sont 
chargés,  que  par  la  distraction  inhérente  a  leur  Age,  qui  leur 
a  fait  oublier  le  danger  qui  les  environne. 

Ainsi  qu'on  a  pu  le  voir,  les  ouvriers  employés  dans  les  filatures 
sont  entourés  de  dangers,  et  menacés  de  cruelles  et  douloureuses 
maladies.  Leur  santé  ne  tarde  point  à  être  profondément  ébranlée, 
et  a  éprouver  la  funeste  influence  des  conditions  au  milieu  des- 
quelles ils  vivent. 

H.  Thackrah  de  Leeds,  qui  s'est  livré  a  un  travail  sur  l'influence 
des  arts  et  métiers  sur  la  santé  et  la  longévité,  à  propos  du 
sujet  qui  nous  occupe ,  s'exprime  comme  suit  (1)  ;  ■  Une  grande 
proportion  des  hommes ,  dans  cette  branche  d'industrie ,  meurt 
pendant  la  jeunesse,  et  nous  trouvons  comparativement  très-peu  de 
personnes  igées^armi  les  ouvriers  employés  aux  filatures.  D'après 
des  renseignements  pris  dans  un  des  grands  établissements  de  ce  voi- 
sinage, j'ai  constaté  que,  sur  mille  soixante  et  dix-huit  individus,  il 
n'y  en  avait  que  «en/"  qui  fussent  arrivés  jusqu'à,  quarante  ans.  » 

(I)  Diicoun  de  M.  Stdler ,  membre  rie  1»  Chambte  dm  cammune*,  en  Angleterre. 

Dis    izedbyGOOgle 


370  RÉPONSES 

M.  le  docteur  Àhston  et  un  chirurgien  ont  examiné  six  fila- 
tures à  Stockport,  dans  lesquelles  huit  cent  vingt-quatre  individus, 
la  plupart  enfants,  étaient  employés;  ils  ont  passé  en  revue  chaque 
individu  en  particulier,  et  la  liste  qu'ils  en  donnent  parait  plutôt 
celle  d'un  hôpital  que  celle  d'un  atelier.  Sur  huit  cent  vingt-quatre 
personnes ,  cent  quatre-vingt-trois  seulement  se  trouvaient  en  état 
de  santé  ;  deux  cent  quarante  étaient  délicates  ;  deux  cent  cin- 
quante-buit  malades  ;  quarante-trois  très-rabougries  ;  cent  avaient 
les  chevilles  des  pieds  et  les  genoux  gonflés,  et,  sur  la  totalité,  on 
observait  trente-sept  cas  de  courbure  rachidienne. 

Telle  est,  en  vérité  ,  la  situation  sanitaire  de  la  classe  ouvrière 
employée  dans  les  filatures ,  qu'elle  porte  dans  l'âme  de  qui- 
conque a  été  a  même  de  la  voir  de  près,  un  sentiment  pénible. 
H.  Simmons ,  médecin  de  l'infirmerie  de  Manchester ,  s'écriait , 
lui ,  en  pensant  aux  maux  qui  assiègent  ces  artisans  :  «  J'en 
frémis  en  les  contemplant  I  ■  En  effet,  d'une  figure  pale,  étiolée, 
souvent  amaigrie  par  la  misère  et  un  travail  excessif,  on  voit 
ces  ouvriers,  les  enfants  surtout,  étiolés  avant  l'Age.  Leur  ventre 
est  développé,  piteux,  leur  digestion  pénible;  les  scrofules, 
le  rachitisme,  le  carreau,  impriment  &  leur  économie  le  cachet  de 
la  dégradation  physique.  Leur  poitrine  est  étroite,  le  système 
musculaire  peu  prononcé,  leur  intelligence  nulle;  ils  n'ont  de 
penchant  que  pour  la  débauche  ,  la  dépravation.  Les  jeunes  filles 
sont  tourmentées  par  des  affections  ve  rmineuses  ;  d'un  teint  pale, 
d'une  constitution  chétive,  elles  sont  victimes  des  affections  chlo- 
rotiques,  anémiques,  sont  mal  réglées,  souvent  incapables  de 
devenir  mères,  et,  si  elles  le  deviennent,  ce  n'est  qu'en  courant  les 
plus  grands  dangers  et  pour  elles  et  pour  leurs  enfants.  L'ostéo- 
malaxie ,  le  rachitisme ,  déformant  leur  bassin ,  l'accouchement 
naturel  est  souvent  périlleux ,  quelquefois  impossible  avec  les 
seules  forces  de  la  nature. 

En  examinant  les  métiers  qui  exposent  les  ouvriers  aux  parti- 
cules laineuses  et  cotonneuses,  nous  trouvons  successivement  les 
cardeurs  de  matelas,  les  pelletiers,  les  chapeliers,  etc.,  etc.  Il 
nous  reste  peu  de  chose  a  dire  relativement  aux  maladies 
auxquelles  ils  sont  exposés.  Ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  leur 
est  applicable,  jusqu'à  un  certain  point  ;  nous  rappellerons  que  les 
chapeliers,  exposés  non-seulement  à  respirer  un  air  charge  de 
corpuscules  étrangers ,  et  à  contracter  les  maladies  qui  en  résul- 
tent, sont  en  outre  exposés  aux  émanations  mercurielles,  dont 
nous  connaissons  les  effets  pernicieux  sur  l'économie. 


^y  Google 


DE  LA  COMMISSION  MEDICALE  DU  BRABANT.  371 

Au  nombre  des  maladies  causées  par  l'humidité,  parmi  lesquelles 
on  range  tes  maladies  des  blanchisseuses ,  nous  dirons  seulement 
que  celles-ci  sont  exposées  aux  brûlures ,  aux  varices  ,  aux  ulcères 
des  jambes,  aux  catarrhes,  aux  hypertrophies  du  cœur.  Le  cancer 
de  l'estomac  est  une  maladie  assez  fréquente  parmi  elles ,  et  qui 
dépend  souvent  de  l'usage  des  boissons  alcooliques  dont  elles 
font  de  fortes  libations  pour  chasser ,  disent-elles ,  les  émanations 
qui  s'exhalent  du  linge  sale. 

N'ayant  rien  a  dire  des  maladies  des  teinturiers,  des  bateliers,  etc. , 
nous  les  passons  sous  silence. 

Nous  arrivons  maintenant  à  un  ordre  de  maladies  que  nous 
avons  été  a  même  de  rencontrer  assez  souvent  :  ce  sont  celles 
produites  par  des  exercices  ou  travaux  pénibles,  et  celles  produites 
par  le  défaut  d'exercice  ou  la  vie  sédentaire.  Les  maladies  qui  se 
rattachent  au  premier  ordre  sont  généralement  connues.  Parmi 
celles  qui  se  rattachent  au  second  ordre,  nous  parlerons  des  mala- 
dies des  dentellières,  des  couturières,  des  tailleurs,  des  cordonniers, 
en  omettant  les  maladies  des  écrivains,  des  gens  de  lettres,  des  reli- 
gieuses, des  horlogers,  des  bijoutiers,  etc. 

D'après  les  recherches  de  H.  Lombard  de  Genève,  les  profes- 
sions sédentaires  sont  des  causes  fréquentes  de  pbtbisie  pulmo- 
naire. Sur  soixante  et  dix-neuf  professions  exercée»  dans  de  vastes 
laboratoires ,  il  s'en  est  trouvé  vingt-sept  qui  ont  donné  une  mor- 
talité au-dessus  de  la  moyenne  fournie  par  d'autres  états,  et  cin- 
quante-deux au-dessous.  Le  contraire  est  observé  pour  les  profes- 
sions exercées  dans  des  locaux  étroits  et  bien  fermés  :  celles-ci  sont 
en  majorité ,  c'est-à-dire  que  sur  soixante-sept  de  ces  professions 
dernières ,  il  y  en  a  eu  trente-cinq  au-dessus  de  la  moyenne  et 
trente-deux  au-dessous. 

L'industrie  dentellière  est  très-répandue  dans  ta  province  de 
Brabant.  Selon  le  rapport  de  la  Commission  médicale  de  Louvain,  il 
n'y  aurait  pas  moins  de  trois  mille  femmes  de  tout  âge  employées  dans 
cette  industrie  pour  cette  localité.  Pour  Bruxelles  nous  ne  pourrions 
en  dire  le  nombre  :  il  s'élève  probablement  a  un  chiffre  aussi  élevé. 
Afin  de  se  rendre  mieux  compte  des  maladies  auxquelles  les 
dentellières  sont  exposées ,  il  suffit  de  rechercher  quelle  est  leur 
manière  de  travailler ,  quelles  sont  les  conditions  hygiéniques  au 
milieu  desquelles  elles  vivent.  Si  nous  exceptons  les  ouvrières 
qui  travaillent  en  fabrique ,  elles  sont  peu  nombreuses  ;  nous 
voyons  que  toutes  travaillent  à  domicile.  Rassemblées  dans  des 
chambres  basses ,  étroites  et  humides ,  mal  aérées ,  dans  des  rues 


^y  Google 


où  les  rayons  du  soleil  ne  pénètrent  jamais ,  le  tronc  courbé  sur 
leur  tabouret,  leurs  jeux  fixant  toujours  des  objets  de  petit  volume, 
gagnant  peu,  et  plongées  souvent  dans  la  misère,  elles  ne  tardent  pas 
à  éprouver  l'influence  débilitante  de  telles  conditions.  ■  L'habitation 
dans  de  tels  lieux,  rend  les  hommes  Faibles,  misérables,  maladifs, 
diminue  la  population  et  sévit  principalement  contre  l'enfance  (1  ).  ■ 

D'autre  part,  la  débauche,  les  excès,  un  mauvais  régime,  con- 
courent puissamment  A  développer  dans  cette  classe  nombreuse 
d'artisans ,  une  foule  d'affections  qui  détériorent  leur  santé.  La 
phlhisie  pulmonaire  fait  périr,  chaque  année,  un  grand  nombre  de 
dentellières.  L'anémie,  ïaminorrbée ,  la  chlorose,  les  déviations 
ihoraciques  et  vertébrales,  le  rachitisme,  les  scrofules,  les  engor- 
gements des  viscères  abdominaux  et  des  extrémités  pelviennes ,  sont , 
en  outre,  les  difformités  et  les  maladies  qu'on  observe  très-fréquem- 
ment chez  elles.  Il  y  a  peu  de  dentellières  qui  ne  soient  atteintes  de 
l'une  ou  de  l'autre  de  ces  infirmités.  Nous  pouvons  dire,  sans  crainte 
de  nous  tromper,  que  l'état  de  santé  est  chez  elles  l'exception , 
l'étaf  de  maladie  1*  règle  générale.  Ches  toutes,  on  voit  au  pre- 
mier coup  d'oeil,  que  l'organisme  est  menacé  et  languissant. 
L'habitude  qu'ont  ces  ouvrières  de  chanter  quand  elles  travaillent, 
c'est-à-dire  dans  une  position  courbée,  alors  que  les  organes  de  la 
respiration  sont  gênés  dans  leurs  fonctions,  contribue  beaucoup  k 
l'apparition  des  symptômes  de  la  consomption  (2). 

Il  en  est  de  même  des  couturières  qui ,  sans  être  exposées  à  un 
aussi  grand  nombre  de  conditions  .hygiéniques  malfaisantes , 
sont  cependant  frappées  de  la  phlhisie  pulmonaire. aussi  fréquem- 
ment que  les  dentellières.  On  ne  doit  point  oublier  que  chez  elles 
comme  chez  ces  dernières,  les  passions,  sans  être  trop  violentes, 
sont  souvent  mal  dirigées,  et  qu'elles  se  livrent  a  une  vie  déréglée, 

(1)  Piorri,  De*  Habitation*  et  de  Fin/fnence  de  leur*  disparition*  tur  f homme 
en  iiiU  et  en  maladie. 

(2)  Les  remarquai  qui  précèdent  ont  été  faites  dans  d'autre*  paya.  Rcli  «More  que 
la  plus  grande  partie  des  ouirïèret  en  dentelle*,  d'Arrai,  meurent  phtliiiiquei. 
M.  Brioude,  dan*  n  Topographie  d'Auvergne  {houle),  dit  avoir  remarqué  que  toute» 
lei  jennet  pertonnea  de  Sainl-îlour,  d'Auriltac,  de  Murât,  de  Mauriac,  qui  travaillent 
k  faire  de  la  dentelle,  contractaient  une  roauvaite  senti,  et  finissaient  pnr  avoir  toutes 
lei  cachexies  qu'une  ii«  té  d  en  taire ,  une  attitude  courbée  et  nue  mauvaise  noorri- 

pki»  lentement  pat  déni  et  troi»  tur  crut  que  l'on  compte  le*  victime*  :  e'ett  par 
quatre  et  ail  choc  le*  homme* ,  et  par  quatre,  sii,  huit  et  au  delà  ohei  lei  femme*. 
Certes,  pour  quiconque  a  tu  travailler  le*  patte  m  en  tien,  tuipendu*  à  leur  métier 
par  dent  bretelle*,  la  poitrine  penchée  en  avant  et  le*  brat  dant  un  mouvement 
continuel,  il  va,  dam  cette  altitude  pénible  et  dan*  toute*  celle*  qni  l'en  approchent, 
une  cause  toujours  agitsanle  ,  une  tendance  manifeate  au  développement  de  la 
phthiiie,  et,  comme  dan*  le*  autre*  état*,  le*  femmes  sont  plu*  frappée*  que  le» 
hommes.  (Lombard,  Influencée  dei  profeition*  lur  le  développement  de  la  phtkiri*-) 


>aiizfrdbr  Google 


DE  LA  COMMISSION  MÉDICALE  DU  BRAISANT.  373 

à  l'oubli  de  tous  les  devoirs ,  à  l'abrutissement.  C'est  aussi  parmi 
elles  qu'on  rencontre  le  plu*  de  femmes  publiques. 

Les  tailleurs  et  les  cordonniers  peuvent  être  ranges  dans  la 
même  catégorie  ,  relativement  aux  maladies  dont  ils  sont  atteints. 
Sans  être  aussi  pernicieux  que  les  deux  états  que  nous  venons 
d'examiner,  à  cause  des  mouvements  des  membres  qu'ils  sont 
obligés  d'exécuter  dans  des  limites  plus  étendues,  l'état  de  tailjeur 
et  de  cordonnier  influe  d'une  manière  marquée  sur  la  constitution 
physique  des  individus  qui  s'y  livrent.  Ces  influences  sont  celles 
qui  résultent  d'une  vie  sédentaire ,  d'une  position  courbée ,  de 
l'incouduite^  des  excès  auxquels  ils  se  livrent  souvent.  C'est  un 
spectacle  fort  plaisant,  dit  Ramazxini,  que  de  voir  à  certaines  fêtes 
de  l'année,  les  communautés  des  cordonniers  et  des  tailleurs  aller 
en  procession  en  bon  ordre,  deux  à.  deux  ,  ou  bien  assister  &  un  . 
convoi  de  quelqu'un  de  leurs  confrères ,  et  offrir  une  troupe  de 
bossus,  de  courbés,  de. boiteux,  d'un  côté  et  de  l'autre  comme 
choisis  pour  exciter  les  rires  et  les  plaisanteries. 

La  vie  sédentaire  que  mènent  les  tailleurs  leur  donne  la  com- 
plexion  lâche.  «J'ai  vu,  dit  Stoll  (1),  un  très-grand  nombre  de 
tailleurs  attaqués  particulièrement  des  maladies  des  poumons.  > 
Ce  qu'il  attribue  à  la  position  courbée,  d'où  résulte  une  gène  de 
la  respiration  et  de  la  circulation.  Ils  ont,  en  général,  le  corps  et  les 
jambes  grêles.  "Les  tailleurs,  dit  iW.  Cadet-Gassicourt,  ont  des  goûts 
antiphysiques  très-remarquables,  du  penchant  au  vol,  au  jeu,  à  la 
dépense.  Ceux  qui  nous  viennent  de  la  Flandre  et  des  Pays-Bas 
sont  querelleurs  et  peu  fidèles.  La  plupart  sont  agiles  ,  aiment  la 
paume  et  la  danse.  »  Pour. nous,  nous  ne  saurions  admettre  une 
distinction  aussi  subtile  entre  les  tailleurs  français  et  ceux  des  pays 
limitrophes.  Nous  croyons  qu'ils  sont  tous  les  mêmes,  et  qu'il  y  a 
beaucoup  à  faire  pour  améliorer  la  condition  des  uns  et  des  autres. 

«  Les  cordonniers  ont  souvent  la  poitrine  déformée,  ce  qui  pro- 
vient de  l'habitude  qu'ils  ont  d'appuyer  leurs  ouvrages  contre 
l'épigastre  ,  quand  ils  se  servent  du  tranchet  pour  tailler  le  cuir. 
Les  maladies  organiques  du  centre  digestif  s'observent  fréquem- 
ment parmi  eux.  Ils  sont ,  en  outre  ,  d'une  excessive  malpropreté , 
ce  qui  les  dispose  aux  maladies  de  la  peau.  Ils  sont  souvent  très- 
misérables,  crapuleux,  ivrognes  (2).  » 

Un  mot  des  maladies  des  tisserands,  et  nous  terminerons  ce  que 
nous  avons  à'  dire  des  maladies  et  des  difformités  qui  atteignent 
les  artisans. 

(I)  Médecine  pratiqua (?)  Csrlel-Ganicourl. 

.       -  Digilizedby  GOOgle 


374  '         RÉPONSES 

Les  tisserands  sont  nombreux  dans  la  province  de  Brabant  ;  ils 
travaillent  dans  des  chambres  basses,  humides  et  mal  aérées,  quel- 
ques fois  établies  au-dessous  du  sol  ;  des  odeurs  fétides  se  dégagent 
de  ces  ateliers  étroits  où  sont  renfermés  plusieurs  individus ,  sur- 
tout quand  ils  travaillent  à  la  lumière,  parce  qu'ils  se  servent 
d'huiles  mal  épurées;  parce  que,  en  outre,  ils  ne  pensent  jamais  a 
renouveler  l'air  de  leurs  ateliers.  Les  mouvements  qu'exige  leur 
métier  sont  une  source  féconde  de  maladies  et  de  difformités.  «  Le 
plus  cruel  de  ces  mouvements  est  la  commotion  qu'ils  éprouvent 
au  creux  de  l'estomac,  occasionnée  par  le  retour  du  peigne  contre 
eux  ;  en  travaillant ,  ils  sont  obligés  de  le  ramener  avec  force 
contre  l'épigastre,  afin  que  le  fil  soit  bien  appliqué  (1).  »  Ils  sont 
ensuite  dans  une  position  courbée,  ce  qui  nuit,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit,  au  libre  exercice  de  deux  principales  fonctions  de  l'or- 
ganisme :  la  respiration,  la  circulation. 

Les  tisserands  ont  ordinairement  le  teint  pâle,  la  face  bouffie, 
et  leurs  maladies  reconnaissent  pour  causes  les  conditions  hygié- 
niques au  milieu  desquelles  ils  vivent. 

Nous  terminerons  ici  nos  recherches.  Vous  remarquerez  que 
nous  avons  omis  de  parler  de  plusieurs  professions  assez  répandues 
dans  la  province  ;  mais  comme  les  maladies  et  les  difformités  qu'on 
les  accuse  de  faire  naître,  leur  sont  communes  avec  d'autres  pro- 
fessions que  nous  avons  examinées,  nous  nous  sommes  tus,  afin 
d'éviter  les  répétitions  et  les  longueurs  ;  peut-être  nous  sommes- 
nous  trop  étendus  à  ce  sujet,  et  les  détails  dans  lesquels  nous  sommes 
entrés  vous  auront-ils  paru  déjà  trop  longs. 

3"  otestiob.  —  Dans  quelle  proportion  ces  accidents  s'obser- 
vent-ils?  A  quelles  causes  doit-on  les  attribuer,  et  au  bout  de 
quel  temps  commencent-ils  le  plus  ordinairement  à  se  manifester? 
hkposse.  —  Il  nous  est  impossible  de  répondre  au  premier 
membre  de  cette  question.  L'absence  de  documents  statistiques 
s'oppose  à  toute  solution  quelque  peu  complète.  Des  recherches 
■  statistiques  ont  été  faites  pour  certaines  maladies;  dans  quelques 
pays  ;  mais  n'étant  pas  toutes  applicables  au  nôtre,  nous  croyons 
devoir  les  taire ,  et  attendre  qu'un  travail  consciencieux  vienne 
remplir  ce  vide  dans  les  annales  hygiéniques  de  notre  province. 

Quant  aux  causes  auxquelles  on  doit  attribuer  les  maladies  et  les 
accidents  observés  dans  les  différentes  professions  que  nous  avons 
successivement  examinées  ,   nous  croyons  les  avoir  suffisamment 
énoncées  pour  ne  plus  y  revenir. 
(I)  I.Pmiiiici. 


^y  Google 


DE  LA  COMMISSION"  MÉDICALE  DU  BRABAXT.  373 

L'époque  a  laquelle  ces  maladies  et  ces  difformités  apparais- 
sent ,  est  nécessairement  très-variable  ;  rien  de  positif  ne  peut  être 
énoncé  à  cet  égard.  C'est  ainsi  que,  dans  certaines  professions, 
parmi  celles  même  qui  exercent  une  si  nuisible  influence  sur  la 
santé,  on  voit  des  individus  y  résister  un  grand  nombre  d'années, 
ne  les  ressentir  même  jamais.  Cette  Variété  d'effets  provient  de 
causes  inconnues,  souvent  de  la  constitution,  des  dispositions  par- 
ticulières des  individus,  des  améliorations  introduites  dans  les  pro- 
cédés, de  la  construction  des  ateliers,  des  soins  que  prennent  les 
ouvriers  pour  s'y  soustraire  (1).  Cependant,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  on  peut  assurer  que  les  en/ants  et  les  adolescents  sont 
plus  exposés  que  les  hommes  faits  à  ressentir  les  effets  pernicieux 
des  étals  auxquels  ils  se  livrent. 

4*  QEBSTion.  —  Quels  sont,  dans  chaque  industrie,  les  travaux 
qui  nuisent  plus  spécialement  au  développement  physique  et  à  la 
santé  des  enfants  et  des  adolescents  ?  Décrivez-en  les  effets. 

r&pokse.  —  Nous  avons  déjà  résolu  cette  question  en  partie,  en 
traitant  de  la  seconde  j  aussi,  nous  serons  concis,  et,  afin  de  mettre 
autant  d'ordre  que  possible  dans  sa  solution,  nous  croyons  néces- 
saire de  suivre  la  même  marche  que  celle  que  nous  avons  suivie 
pour  la  deuxième.  Mais  comme  dans  celle  qui  nous  occupe,  nous 
devons  rechercher  principalement  les  travaux  qui,  dans  chaque 
industrie ,  nuisent  le  plus  aux  enfants  et  aux  adolescents ,  nous 
omettrons  de  parler  de  quelques  professions  où  les  hommes  faits 
sont  seuls  employés. 

Les  opérations  qui  exposent  le  plus  les  doreurs  sur  métaux  à 
contracter  les  maladies  que  nous  avons  énumérées,  sont  : 

1"  Le  recuit  des  pièces  destinées  à  être  dorées;  il  se  dégage, 
pendant  cette  opération,  des  vapeurs  de  cuivre  et  de  une  oxydés  ; 
2*  le  dérochage  ou  le  décapage  ;  il  s'exhale  alors  des  vapeurs 
acides  qui  attaquent  les  voies  de  la  respiration  ;  Z"  l'exposition  au 
feu  de  la  pièce  destinée  à  être  dorée  ;  celle-ci  est  alors  couverte 
d'amalgame,  et  le  feu,  en  volatilisantle  mercure,  celui-ci  peut  être 

(1)  On  ne  doit  point  oublier  qu'il  eit  un  pouvoir  de  l'habitude  qui  peut  contre- 
balancer, jusqu'à  un  certain  point,  loi  inconvénient"  des  ut)  et  métiers  les  plut  dan- 
gereux ;  que  lei  gai  délétères  semblent  l'dmouuer  insensiblement  sur  nui  organes, 
que  ceux-ci  acquièrent  de»  moyen»  de  force  et  de  réaction  contre  Ici  objet!  qui 
tendent  i  lei  gêner,  à  en  comprimer  Ici  mouvement»  régulier»;  et  que,  ti  tant 
d'homme»  périitenl  victime»  delà  nature  de»  fatigues  ou  de  l'influence  det  t  ubi  tance  i 
au  milieu  detquellet  il»  vivent,  il  finit  autant  en  accuaer  l'imprudence  ou  l'iniou- 
ciance  dea  ouvrier»,  qui  ne  ■'aiaujettittent  pa»  k  certaine!  règle»  de  propreté,  de 
tempérance,  de  modération,  qu'a  la  faiblesse  intrinsèque  de  leur»  organe»,  et  a  l'in- 
fluence dangereuse  de  leur»  travaux.  (Pâtissier.) 


^y  Google 


576 

absorbé,  et  détermine  alors  le*  accident*  du*  à  sa  présence  dan*  le 
sang.  Il  se  déclare  un  état  cachectique  particulier  chez,  le*  individu* 
atteints  :  le  visage  devient  pâle,  bouffi,  cadavéreux  ;  il*  «ont  pris 
de  tremblements  dans  le  cou  et  les  membres  ;  leurs  dents  vacillent 
et  tombent  ;  il  s'écoule  de  leur  bouche  des  flots  de  sanie  d'une 
odeur  repoussante  ;  elle  se  remplit  d'ulcères  félidés  ;  leurs  yeux  se 
tuméfient  ;  leur  esprit  devient  aliéné,  stupide  (1);  ils  deviennent 
quelquefois  muets  et  paralytiques  (2). 

Les  étameurs  de  glaces  sont  tout  aussi  exposés  que  les  doreurs 
sur  métaux,  à  ressentir  les  influences  délétère*  des  émanation* 
mercurielles.  Le*  travaux  qui  les  exposent  le  plus,  sont  : 

1"  L'avivure  ;  2°  (a  regratignure ,  opérations  dans  lesquelles  le 
mercure,  combiné  à  d'autres  métaux,  surtout  a  l'élain,  existe  en 
grande  proportion. 

Si  les  enfantset  les  adolescents  étalent  occupés  dans' les  fabriques 
où  l'on  travaille  le  plomb,  on  devrait  leur  en  interdire  l'entrée. 
Les  opérations  (es  plus  dangereuses  pour  la  santé,  et  qui  exposent 
le  plus  à  contracter  les  maladies  que  nous  avons  énumérées,  se 
développent  sous  l'influence  des  émanations  du  plomb. Ce  sont  : 

1'  Le  séchage,  opération  pendant  laquelle  il  se  dégage  de  l'acé- 
tate de  plomb; 

2°  La  réduction  en  poudre,  plus  ou  moins  ténue,  de  la  céruse. 

Quant  aux  autres  métiers  qui  exposent  les  ouvriers  à  devenir 
malades,  les  accidents  dépendent  plutôt  du  contact  dés  substances 
saturnines,  par  suite  de  son  absorption ,  mais  non  de  l'absorption 
pulmonaire,  qui  est  la  plus  dangereuse  et  la  plus  prompte. 

Décrire  ici  les  effets  de  cette  absorption ,  serait  répéter  ce  que 
tous  les  auteurs  ont  déjà  dit  ;  qu'il  nous  suffise  d'énumérer  les  mala- 
dies principales  qui  en  résultent.  Ce  sont  :  des  coliques  violentes,  qui 
font  pousser  des  cris  au  souffrant,  pendant  lesquelles  il  se  roule  et  se 
cramponne  en  se  pressant  le  ventre  ;  sa  figure  exprime  la  souf- 
france ;  son  ventre  est  rétracté,  enfoncé  vers  la  région  ombilicale  ; 
il  y  a  une  constipation  opiniâtre,  souvent  des  vomissements  poracés. 

La  paralysie  s'observe  moins  fréquemment ,  mais  apparaît  le 
plus  souvent  à  la  suite  de  la  réapparition  des  coliques.  Elle  peut 
être  bornée  aux  membres  supérieurs  ou  inférieurs,  ou  les  atteindre 
simultanément. 

Les  ouvriers  qui  travaillent  le  cuivre  sont  exposés  à  des  coliques 
qui  ont  beaucoup  de  points  de  similitude  avec  celles  déterminées 
par  le  plomb,  moins  la  constipation  et  la  rétraction  du  ventre. 
(I)  lUimiiini.  —  (2)  Forwlui. 


ly  Google 


DE  LA  COMMISSION  MEDICALE  DU  BRABANT.  377 

Sans  parler  des  éboule  ment»  et  des  oh  mes  qui  menaeent  «ans 
cerne  la  vie  des  maçons,  nous  dirons  qu'étant  exposés,  comme  les 
tailleurs  de  pierre,  les  marbriers,  les  sculpteurs,  à  l'influence  des 
poussières,  les  voies  de  la  respiration  sont  souvent  atteinte*.  Tan- 
tôt ce  sont  de  simples  catarrhes  ,  qui  peuvent- n'être  que  les  avant 
coureurs  de  la  phlhisie.  Nous  n'entreprendrons  point  de  décrire 
les  nombreuses  maladies  dont  ils  peuvent  être  atteints.  Tous  les 
auteurs  de  pathologie  en  traitent  largement.  Disons  seulement  que 
les  aides- maçon  s  sont  presque  toujours  des  enfants  et  des  adoles- 
cents, et  que,  par  la  nature  de  leurs  fonctions  et  leur  âge,  ils  sont 
plus  exposés  aux  chutes,  à  recevoir  sur  lecrine  des  objets  conton- 
dants, et  a  ressentir  l'influence  d'un  travail  force. 

Ce  que  nous  avons  dit  des  maladies  des  vidangeurs  nous  dispense 
de  revenir  surce  sujet  ;  il  en  est  de  même  des  maladies  des  brasseurs. 
Nous  abordons  maintenant  l'industrie  linière,  dans  laquelle  beau- 
coup d'enfants  et  d'adolescents  sont  occupés.  Ayant  décrit,  dans  la 
réponse  à  la  seconde  question,  l'aspect  généra!  de  la  constitution  phy- 
sique de  cette  classe  nombreuse  d'artisans,  de  même  que  leur  état 
sanitaire,  el  les  maladies  nombreuses  auxquelles  ils  sont  exposés,  nous 
nous  contenterons  d'énumérer  les  travaux  les  plus  nuisibles  dans 
cette  industrie.  Ces  travaux  se  divisent ,  suivant  le  but  qu'on  se 
propose ,  en  trois  arts  distincts  :  1"  la  filature  ;  2°  le  tissage  ; 
5"  l'impression  des  toiles. 

S  1". —  La  filature  comprend  :  1"  le  battage,  opération  pendant 
laquelle  les  ouvriers  sont  plongés  au  milieud'une  atmosphère  chargée 
de  particules  cotonneuses  el  de  corps  étrangers  que  le  coton  brut 
renfermé.  Que  le  battage  se  fasse  a  la  main  ou  avec  des  machines, 
c'est  une  des  opérations  les  plus  dangereuses  pour  la  santé  des 
ouvriers.  Ils  sont  environnés  d'un  duvet  cotonneux  qui  les 
recouvre,  s'attache  a  leurs  cheveux,  à  leurs  paupières,  à  leur 
barbe,  1  l'ouverture  de  leurs  narines,  ce  qui  leur  donne ,  pendant 
le  travail,  un  aspect  fort  extraordinaire.  Celte  poussière,  en  s'in- 
troduisant  dans  le  nez,  la  bouche,  le  gosier,  même  dans  les  voies 
profondes  de  la  respiration,  détermine  des  affections  gravés,  ainsi 
que  nous  l'avons  vu.  Ils  sont,  en  outre,  forcés  de  travailler  dans 
des  ateliers  assez  soigneusement  clos.  L'insalubrité  est  tellement, 
reconnue  par  les  contre-maîtres,  les  médecins,  les  ouvriers ,  que, 
dans  certaines  fabriques,  ces  derniers  sont  chargés,  a  tour  de 
rôle ,  de  battre  le  coton. 

Dans  les  fabriques  où  le  coton  se  bat  à  l'aide  de  machines,  ce 
sont  des  enfants  et  des  jeunes  filles  qui  sont  le  plus  employés  à  celte 


DiglizedOy  GOOgle 


378  RÉPONSES 

manipulation,  de  même  qu'A  l'épluchage.  Ces  dernière»  sont,  de 
toutes  les  ouvrières,  les  plus  exposées  aux  affections  pulmonaires. 
Les  relevé*  statistiques  ne  permettent  aucun  doute  à  cet  égard. 

2°  Le  cardage  est  une  opération  un  peu  moins  insalubre  pour 
les  ouvriers,  que  le  battage  et  l'épluchage. 

§  2.  Du  tissage.  —  Le  lissage  comprend  plusieurs  opérations 
les  unes  moins  dangereuses  que  les  autres  :  elles  consistent  à 
ourdir ,  à  encoller,  à  disposer  les  fils  dans  la  navette,  et  a  tisser  ; 
l'insalubrité  de  cette  opération  varie  suivant  plusieurs  circonstances. 
On  distingue  deux  sortes  d'ateliers  de  tissage  :  ceux  à  métiers  à 
bras  ou  métiers  ordinaires ,  et  ceux  à  métiers  dits  mécaniques. 
Dans  les  premiers  ce  sont  des  hommes  qui  sont  employés;  les 
enfants  préparent  les  fils;  ils  n'ont  pas  assez  de  force  pour  tisser. 
Ces  ateliers  sont  situés  dans  des  pièces  enfoncées  dans  le  sol  ;  ils 
sont  sombres,  humides,  peu  ou  point  aérés.  On  choisit  ces  pièces, 
malgré  les  inconvénients  qui  en  résultent  pour  la  santé,  afin  de 
conserver  aux  fils  de  chaînes  la  souplesse,  l'élasticité. 

Dans  les  ateliers  de  tissage  à  la  mécanique  il  y  a  beaucoup 
d'enfants  et  de  femmes.  Ils  sont  moins  insalubres  que  les  pre- 
miers, mais  les  ouvriers  sont  exposés  aux  accidents  déterminés 
par  les  violences  exercées  par  les  machines. 

L'insalubrité  relative  des  deux  ateliers  pourrait  bien  n'être  pas 
tout  a  fait  établie,  parce  que  les  femmes  et  les  enfants  étant  les 
plus  exposés  à  contracter  les  maladies  de  poitrine ,  sont  presque 
exclusivement  employés  dans  les  ateliers  à  tissage  mécanique. 

L'encollage  n'est  fait  que  par  des  hommes,  et  dans  des  locaux 
où  la  chaleur  est  excessive,  54,  37"  centig. 

Les  autres  temps  de  l'opération  du  tissage,  sans  être  insalubres 
par  leur  nature,  le  sont  cependant  à  un  haut  degré  par  la  position, 
la  vie  sédentaire,  qu'ils  réclament  des  ouvriers. 

%  3.  Les  ouvriers  employés  à  l'impression  dans  les  établissements 
de  filature  sont  les  mieux  partagés.  Leurs  travaux  ne  sont  pas  en- 
tourés d'autant  de  dangers,  ni  aussi  fatigants  que  ceux  dévolus 
aux  ouvriers  qui  précèdent.  Il  faut  en  excepter  les  appréteurs  qui 
travaillent  communément  dans  des  ateliers  échauffes  à  35,  40*  : 
parmi  ces  derniers  il  y  a  beaucoup  de  femmes. 

Il  est  un  autre  point  de  vue  sous  lequel  doivent  être  étudiés  les 
travaux  des  enfanta  et  des  adolescents  dans  l'industrie  linière.  Ce 
n'est  plus  sous  le  rapport  de  la  température  excessive  à  laquelle 
ils  sont  soumis,  ni  de  l'atmosphère  corrompue  au  milieu  de  laquelle 
ils  vivent ,  c'est  sous  le  rapport  de  la  position  qu'ils  occupent  en 


^y  Google 


DE  LA  COMMISSION  MÉDICALE  DU  BKABANT.  379 

travaillant  et  du  défaut  d'exercice  auquel  ils  sont  astreints.  Les 
éplucheuses ,  les  empaqueteuses  de  fils ,  les  dévideuses  ,  les  pico- 
teuses ,  les  couturières,  les  nopeuses,  fes  tisserands  et  les  graveurs 
de  planches  ou  de  rouleaux,  travaillent  assis  et  exécutent  des  mou- 
vements partiels. 

En  traitant  des  travaux  sédentaires  dans  les  autres  industries , 
et  des  effets  qu'ils  produisent  sur  la  constitution  physique  des 
ouvriers,  nous  avons  déjà  vu  combien  ils  étaient  pernicieui  à  la 
santé.  Les  états  de  dentellière,  de  tailleur,  etc.,  se  rapprochent  beau- 
coup des  travaux  que  nous  venons  d  énumérer  :  nous  les  confondrons 
pour  ne  faire  qu'un  seul  tableau  des  misères  de  la  classe  ouvrière, 
occupée  sédentaire  meut ,  ayant  déjà  fait  ressortir,  en  traitant  la 
seconde  question,  les  légères  différences  qu'on  observe  parmi  eux. 
Les  travaux  sédentaires,  alors  surtout  que  la  misère ,  les  priva- 
tions, la  débauche,  viennent  s'y  joindre,  une  attitude  viciée,  l'expo- 
sition à  des  émanations  nuisibles  dans  des  lieux  bas,  humides,  mal 
aérés ,  détruisent  en  peu  de  temps  la  santé  la  plus  vigoureuse  et 
font  naître  des  affections  redoutables  ;  l'enfance,  l'adolescence  sur- 
tout, éprouvent  des  commotions  violentes ,  et  les  générations  doi- 
vent trembler  en  voyant  l'état  cacoebique  des  classes  ouvrières. 

La  gaieté,  l'enjouement,  font  place  à  la  tristesse  qui  vient  impri- 
mer ses  rides  et  ses  sombres  couleurs  sur  le  front  des  jeunes 
enfants;  pâles,  bouffis ,  le  corps  amaigri,  les  articulations  tumé- 
fiées, le  ventre  démesurément  développé,  ces  enfants  sont  plongés 
dans  un  morne  silence ,  et  minés  par  une  fièvre  lente.  Leur  con  - 
slitulion  physique  fait  assez  souvent  un  contraste  d'autant  plus 
poignant  avec  leur  intelligence,  qu'elle  est  plus  développée.  Le 
scrofule,  lui  aussi,  ne  tarde  guère  à  imprimer  ses  traces  indélébiles 
sur  leur  physionomie,  à  semer  le  germe  de  maladies  incurables, 

La  constitution  des  jeunes  ouvriers  dans  les  fabriques  est  con- 
stamment arrêtée  dans  sa  marche;  il  y  a  presque  toujours  dépéris- 
sement notable  de  leur  corps  ;  ils  sont  souvent  frappés  de  maladies 
rebelles  qui  les  rendent  vieux  avant  que  d'être  jeunes.  Ainsi  que 
nous  l'avons  dit,  le  rachitisme,  les  déviations  thoraciques  s'obser- 
vent fréquemment,  et  le  sexe  jouit  de  la  fatale  prérogative  d'une 
très-grande  disposition  à  les  éprouver.  La  chlorose ,  l'anémie ,  la 
pbthisie  pulmonaire,  font  périr,  chaque  année,  un  grand  nombre 
d'ouvrières,  et  celles  qui  survivent  laissent  bien  peu  de  garantie  à 
la  société  qui  les  réclame,  et  à  l'industrie  qui  les  entrelient. 

5*  question.  — Depuis  quel  âge  les  enfants  peuvent-ils  être  reçus 
dans  les  établissements  industriels,  sans  que  l'on  ait  à  craindre  que 


^y  Google 


380  RÉPONSES 

le  travail  nuise  trop  à  leur  développement  physique  ?  Y  aurait-il 
quelque  distinction  à  établir  a  cet  égard  entre  les  différentes  indus- 
tries? 

kxpowse.  —  On  comprendra  facilement  qu'il  ne  peut  être  répondu 
d'une  manière  absolue  a  celle  question.  Les  enfants  n'étant  pas 
tous,  à  un  Age  donné,  d'une  constitution  physique  et  sanitaire  sem- 
blable ,  il  est  impossible  d'établir  un  âge  fixe  pour  leur  admission 
dans  les  manufactures.  En  général,  on  doit  d'autant  plus  appré- 
hender que  le  travail  nuise  a  leur  développement  physique ,  qu'ils 
sont  plus  jeunes,  que  le  travail  auquel  ils  sont  destinés  est  plus  fort, 
et  entouré  de  dangers  de  tous  genres.  D'après  ces  considérations, 
on  peut  établir  des  distinctions  entre  les  différentes  industries ,  et 
les  asseoir  sur  le  degré  d'insalubrité  relative  ,  sur  le  mode  de  tra- 
vail et  le  genre  d'industrie  lui-même. 

En  jetant  un  coup  d'oeil  sur  ce  qui  se  passe  dans  les  autres  pays, 
nous  voyons  qu'en  Angleterre  les  enfants  ne  peuvent  travailler 
ni  être  admis  dans  des  manufactures ,  avant  l'âge  de  neuf  ans 
accomplis;  dans  ce  pays  cependant  les  exigences  du  commerce  et 
de  l'industrie  sont  poussées  très-loin.  Le  même  âgé  est  admis  en 
Prusse  et  en  Bavière.  Dans  le  grand-duché  de  Bade ,  les  enfants 
doivent  avoir  onze  ans;  en  Autriche,  il  faut  qu'ils  en  aient  douze  ; 
dans  les  cas  de  nécessité  reconnue ,  ils  peuvent  être  admis  à  neuf 
ans  révolus.  En  France,  les  enfants  ne  doivent  pas  avoir  moins  de 
huit  ans.  . 

Non-seulement  dans  les  pays  que  nous  venons  de  citer,  il  faut 
que  les  enfants  aient  acquis  une  constitution  physique  assez  robuste, 
mais  il  faut  que  leur  intelligence  ait  été  cultivée;  et  on  exige. d'eux 
des  connaissances  dans  la  langue  du  pays ,  de  la  grammaire ,  du 
calcul,  qu'ils  sachent  écrire.  En  étudiant  la  constitution  physique 
des  peuples,  on  ne  tarde  guère  à  voir  les  différences  qui  séparent 
les  Méridionaux  d'avec  les  habitants  du  Nord.  Notre  pays,  à  nous, 
est  intermédiaire  :  en  fixant  à  dix  ans  l'âge  auquel  les  enfants  peu- 
vent être  admis  dans  les  manufactures,  nous  croyons  avoir  saisi 
l'époque  à  laquelle  -leur  constitution  est  asseï  développée  pour 
essuyer  les  premières  fatigues. 

6*  question.  —  Quelles  sont  les  limites  qu'il  convient  d'établir, 
selon  les  âges  et  la  nature  des  travaux,  à  la  durée  du  travail  jour- 
nalier des  enfants?  Indiquez  les  intervalle»  de  repos  que  vous 
regardez  comme  nécessaires. 

xefousk.  — -  Le  travail  forcé  auquel  étaient  soumis  un  grand 


-,  odvCoogle 


DE  LA  COMMISSION  MEDICALE  DU  BRADANT.  381 

□ombre  d'enfant»,  n'était  pas  une  de*  moindre*  cause»  du  dépéris- 
sement rapide  qu'on  observe  dans  la  classe  ouvrière.  Il  faut  réel- 
lement que  le  mal  ait  fait  bien  des  progrès  pour  que  tous  les  gou- 
vernement* cherchent  a  résoudre  cette  importante  question  ;  il  faut 
dis-je,  qu'il  ait  jeté  des  racines  bien  profondes  dans  la  classe 
ouvrière,  pour  qu'on  ose,  ou  entraver  les  besoins  et  les  exigences 
de  l'industrie,  ou  mettre  un  freîn  à  la  cupidité  quelquefois  féroce 
de  parents  dénaturés,  ou  que  la  misère  poursuit.  On  n'essaye 
pas  des  réformes  aussi  radicales ,  sans  qu'il  y  ait  des  motifs 
sérieux.  Certes,  il  est  consolant  de  voir  la  sollicitude  qui  s'est 
éveillée  envers  la  classe  des  artisans,  si  digne  d'intérêt!  Espérons 
que  le  temps  n'est  pas  éloigné  où  les  maîtres  ne  verront  plus  dans 
l'ouvrier  qu'un  de  leurs  semblables;  qu'ils  chercheront  a  éveiller 
en  lui  l'amour  de  l'ordre  et  de  la  prévoyance  ;  qu'ils  ne  profileront 
plus  des  sueurs  des  malheureux,  sans  les  rétribuer  convenablement. 
Qu'ils  sachent  que  le  travail,  pour  un  grand  nombre  d'ouvriers, 
n'est  qu'un  moyen  insuffisant  de  pourvoir  à  leur  subsistance  ;  si  ces 
malheureux  veulent  vivre,  il  faut  qu'ils  s'épuisent,  et  l'épuisement 
conduit  à  la  maladie,  a  la  mort. 

■  L'Être  suprême  n'a  pas  créé  l'homme  pour  qu'il  succombe 
«  sous  son  fardeau  ;  il  n'a  pas  enfoui  des  richesses  dans  les  entrailles 

■  de  la  terre  ponr  qu'on  ne  puisse  les  extraire  qu'au  péril  de  la 
•  vie.  C'est  en  nous  conformant  a  sa  loi,  â  la  loi  du  travail  intet- 

■  ligent  et  organisé,  que  nous  trouverons  le  remède  aux  impci-fec- 

■  tions,  aux  inconvénients  d'un  travail  inintelligent  et  barbare  (1). 
Les  limites  que  nous  croyons  devoir  établir  pour  la  durée  du , 

travail,  basées  sur  l'âge  et  la  nature  des  travaux,  sont  les  suivantes  : 

Les  enfants  de  dix  à  douze  ans  ne  pourront  être  employés  dans 
les  manufactures  pendant  plus  de  dix  heures,  moins  deux  heures 
pour  les  repos. 

Le  travail  de  douze  a  dix-huit  ans  ne  pourra  excéder  douxe 
heures,  moins  deux  heures  pour  les  repos. 

Ce  travail  ne  pourra  durer  que  de  six  heures  du  matin  a  neuf 
heures  du  soir.  Les  intervalles  des  repos  doivent  avoir  lieu  autant 
que  possible  après  les  repas  et  en  plein  air:  une  demi-heure  le  matin, 
une  heure  après  le  dîner,  et  une  demi-heure  au  commencement  de 
la  soirée.  Les  jours  de  fête  et  les  dimanches  devront  être  observés. 

7*  QtBSTioir.  —  Les  veilles  et  les  travaux  de  nuit  doivent-ils  être 
interdits  aux  enfants  et  aux  adolescents,  et  jusqu'à  quel  Age? 

0)ti 


^y  Google 


lapons.  —  Nous  croyom  qu'on  doit  sévèrement  interdire  les 
veilles  et  les  travaux  de  nuit  aux  enfant»  et  pe  le»  permettre  que 
dans  de  justes  limites  aux  adolescents  âges  d'au  moins  seine  ans; 
que  ces  restrictions  mises  au  travail  doivent  disparaître  pour  les 
ouvriers  qui  ont  atteint  leur  dix-huitième  année.  En  général,  pour 
la  Belgique,  c'est  l'Âge  où  la  constitution  physique  est  assez  robuste 
pour  supporter  les  grandes  fatigues. 

8°  question.  ~  Si  le  travail  de  nuit  devait  être  toléré  dan* certain* 
établissements,  quelles  devraient  être  les  limiter  et  les  conditions? 

retorse.  —  Nous  admettrons  l'esprit  de  la  loi  française.  Les 
adolescents,  âgés  de  moins  de  seize  ans,  pourront  travailler  la  nuit, 
en  comptant  deux  heures  pour  trois,  entre  neuf  heures  du  soir  et 
cinq  heures  du  matin ,  dans  les  cas  de  chômage  d'un  moteur 
hydraulique  ou  de  réparations  urgentes. 

Le  travail  de  nuit  des  adolescents  ayant  plus  de  seize  ans, 
pareillement  supputé,  sera  toléré  s'il  est  reconnu  indispensable 
dans  les  .établissements  à  feu  continu,  dont  la  marche  ne  peut  être 
suspendue  pendant  le  cours  de  vingt-quatre  heures. 

9*  question1.  —  Devrait-on  interdire  aux  enfants  certains  établis- 
sements dangereux  où  insalubres,  et  jusqu'à  quel  âge?  Désignez 
ces  établissements. 

RBPOifBE.  —  On  doit  interdire  aux  enfants  certains  établissements 
dangereux  ou  insalubres.  Il  nous  est  impossible  de  désigner  jusqu'à 
quel  Âge.  Cela  devrait  dépendre  de  la  décision  des  médecins  qui 
seraient  chargés  de  visiter  les  enfants  avant  de  leur  laisser  embrasser 
une  profession  quelconque,  et  de  voir  s'ils  sont  capables  d'en  sup- 
porter les  fatigues  ou  de  braver  les  influences  nuisibles  de  quelques- 
unes  d'elles.  Parmi  les  établissements  dont  on  doit  interdire  l'accès 
aux  enfants,  Sont  les  fabriques  où  il  se  produit  des  vapeurs  minérales 
volatiles  autres  que  le  fer,  les  fabriques  de  céruse,  d'eaux  minérales. 
Les  métiers  de  doreur  sur  métaux,  de  vidangeur,  devraient  éga- 
lement leur  être  interdits. 

10"  question.  —  A  quel  Âge  peut-on  laisser  l'ouvrier  adolescent 
libre  de  s'engager  dans  les  fabriques,  sans  qu'aucune  restriction 
soit  apportée  à  la  durée  de  son  travail? 

réponse.  —  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  et  pour  les 
raisons  que  nous  en  avons  données,  l'âge  de  dix-huit  ans  nous 
parait  être  celui  qu'on  doit  admettre. 

11*  question.  —  Quel  est  le  régime  alimentaire  ordinaire  et 
l'état  des  habitations  des  ouvriers  de  la  province?  Jusqu'à  quel 


Dfglizedliy  GOOgle 


DE  LÀ  COMMISSION  MEDICALE  DU  BRABANT.  '  385 

point  ce»  circonstances  et  d'autres  semblables  peuvent-elles  influer 
sur  leur  état  sanitaire  ? 

réponse.  —  Les  ouvriers  de  la  province  sont  généralement  mal 
nourris  ;  ils  ne  mangent  guère  que  des  pommes  de  terre  cuites  à 
l'eau  ;  rarement  ils  y  mettent  de  la  graisse ,  du  beurre  ou  du  lard. 
Le  pain  dont  ils  font  usage  ,  est  souvent  un  mélange  de  farine  de 
seigle  et  de  froment ,  quelquefois  de  seigle  uniquement ,  ou  de 
farine  de  féverole  ;  une  légère  infusion  de  café  avec  du  lait  est 
leur  boisson  favorite.  Ils  sont  presque  constamment  privés  de 
substances  nutritives  animales. 

L'étal  de  leurs  habitations  laisse  beaucoup  à  désirer.  «  Voilà'  com- 
ment, dit  Piorry,  dans  un  pays  qu'on  dit  être  civilisé,  la  demeure 
du  pauvre  est  ravalée  bien  au-dessous  de  celle  de  beaucoup  de 
peuplades  sauvages.  La  civilisation  a  organisé  des  châteaux,  la 
barbarie  préside  encore  à  la  construction  des  chaumières.  ■ 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  l'influence  qu'exerce  sur  ta  santé  le 
séjour  dans  les  habitations  malsaines  ,  dans  des  rues  boueuses  et 
fétides;  nous  en  avons  parlé  assez  longuement  dans  le  cours  de 
ce  rapport  :  n'oublions  pas  que  cette  influence  est  d'autant  plus 
nuisible  que  la  misère,  la  fatigue,  les  privations,  les  excès,  sont 
plus  profonds. 

12*  çubstioit.  —  Quelles  précautions  hygiéniques  y  aurait-il  a 
prendre  dans  les  fabriques,  manufactures,  mines  et  usines  de  la 
province,  dans  l'intérêt  de  la  santé  des  ouvriers  ? 

«épouse.  —  Les  mesures  hygiéniques  qu'il  y  aurait  à  prendre 
dans  les  manufactures ,  dans  l'intérêt  de  la  santé  des  ouvriers,  sont 
subordonnées  au  genre  de  travail  et  au  mode  de  construction  des 
ateliers.  En  général ,  les  ouvriers  doivent  éviter  de  se  mettre  trop 
en  rapport  avec  les  influences  délétères  qui  les  entourent,  surtout 
si  ce  sont  des  substances  minérales.  Ils  auront  soin,  pendant  le  tra- 
vail ,  d'éviter  de  les  respirer ,  de  se  tenir  constamment  propres , 
d'avoir  recours  aux  bains  généraux  ,  de  se  bien  nourrir.  Les 
propriétaires  des  manufactures,  de  leur  côté,  doteront  leurs  éta- 
blissements d'ateliers  bien  vastes ,  bien  aérés  et  ventilés ,  recom- 
manderont a  leurs  ouvriers  d'éviter  les  brusques  transitions  de 
température,  et,  par  des  lois  réglementaires,  ne  permettront  plus 
le  mélange  des  sexes ,  principalement  pendant  le  travail  de  nuit. 

Il  est  des  règles  d'hygiène  générale  applicables  en  tout  point  à 
la  classe  manufacturière.  Tous  les  auteurs  qui  ont  traité  de  cette 
science,  eu  parlent  longuement;  on  peut  les  consulter  avec  fruit. 
Nous  nous  dispenserons  de  les  reproduire  ici. 


D,g,iz'ed0y  GOOgle 


384      RÉPONSES  DE  LA  COMMISSION  MEDICALE  DU  BRADANT. 

Il  serait  a,  désirer  que  dans  les  grands  établissements  industriels 
on  érigeât  des  salles  de  bains  pour  les  ouvriers.  Cela  occasionnerait 
bien  peu  de  frais,  et  serait  d'une  utilité  incontestable.  Il  serait 
également  à  désirer  que  les  enfants  et  les  ouvriers,  qui  doivent 
faire  de  longues  courses  pour  aller  prendre  leurs  repas,  fussent 
nourris  &  l'établissement. 

13*  question.  —  Y  aurait-il  lieu  d'étendre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance  aux  enfants  occupés  dans  la  petite  industrie, 
travaillant  isolément  ou  en  petite  réunion? 

béponsk.  — Nous  croyons  qu'il  y  aurait  lieu  d'étendre  les  mesures 
protectrices  de  l'enfance  aux  enfants  occupés  dans  la  petite  indus- 
trio  ,  travaillant  isolément  ou  en  petite  réunion.  Le  moyen  d'y 
parvenir  serait  la  création  d'un  comité  inspecteur  et  de  médecins 
qui  visiteraient  les  ateliers  et  ne  permettraient  aux  enfants  de  tra- 
vailler que  lorsqu'ils  auraient  reconnu  l'innocuité  du  travail  ou  un 
développement  physique  proportionné  a  leurs  travaux. 

Les  livrets  dont  les  ouvriers  doivent  être  porteurs ,  aideraient 
singulièrement  A  les  découvrir  quand  ils  voudraient  éviter  les 
recherches  et  s'affranchir  des  sages  avis  qu'on  pourrait  leur  donner. 

Ici  se  termine  notre  lAche.  Il  nous  reste  à  désirer  que  notre 
travail  puisse  être  de  quelque  utilité,  et  amener  quelques  mesures 
protectrices  pour  la  santé  des  ouvriers.  Sans  avoir  la  prétention 
de  la  nouveauté  et  de  l'invention  ,  nous  avons  puisé  a  différentes 
sources  ce  qui  nous  a  paru  bon  à  prendre  ;  et  nous  avons  cherché 
à  être  aussi  simples  que  possible  et  a  éviter  cette  sorte  de  fata- 
lité attachée  aux  procédés  de  l'esprit  humain,  qu'il  n'arrive  aux 
idées  simples  qu'après  avoir  épuisé  les  idées  compliquées.  Or, 
dégager  cette  idée  simple  des  liens  qui  l 'étouffent,  c'est  faire,  en 
quelque  sorte,  «  œuvre  de  création  (1  ).  » 

Bruxelles,  le  17  août  1844. 

Le  Rapporteur , 
André  Uyttbiuiobveh. 

Approuvé  par  la  Commission  le  même  jour. 

Le  Secrétaire ,  Le  Président , 

Lkboh.  J.-J.  Càrolt. 

(1)  Forget,  Traité  de  FmUritë  falticuUu,,, 


^y  Google 


3.  -  Consul  central  de  salubrité  publique  de  Bruxelles. 


iéioim  piisisrf  i 1.  u  iinsru  n  l'Htéihi*. 


En  ordonnant  une  enquête  sur  le  travail  de»  enfants  et  la  con- 
dition des  ouvrier» ,  le  gouvernement  a  accompli  un  devoir  impor- 
tant, un  devoir  devant lequel  il  ne  lui  était  plut  permis  de  reculer 
depuis  que  la  plupart  des  nations ,  la  France ,  l'Angleterre ,  la 
Prusse,  la  Bavière,  l'Autriche,  les  États-Unis,  entre  autres,  avaient 
marché  si  hardiment  dans  la  véritable  voie  du  progrès  et  de  l'hu- 
manité, en  promulguant  des  lois  protectrices  en  faveur  de  la  classe 
laborieuse,  partout  si  malheureuse,  si  peu  considérée,  et  cependant 
si  digne  de  tout  notre  intérêt,  de  toutes  nos  sympathies  \  L'exploi- 
tation de  l'homme  par  l'homme  est  de  toutes  lea  exploitations  la 
plus  illicite ,  et  celle  qui  doit  le  plus  soulever  d'indignation  tout 
cœur  généreux ,  toute  âme  qui  n'est  pas  complètement  inac- 
cessible à  la  pitié,  à  ta  commisération.  Malheureusement  l'appât 
du  lucre,  la  cupidité,  ne  viennent  que  trop  souvent  combattre 
(et  presque  toujours  avec  succès ,  hélas  !)  les  meilleurs  sentiments, 
l'amour ,  la  charité ,  dont  Dieu  a  fait  une  loi  à  ses  créatures.  Alors 
le  cri  de  la  nature  est  étouffé  ;  l'homme  ne  voit  plus  en  son  sem- 
blable un  être  auquel  il  doit  amour,  aide  et  protection ,  mais  un 
instrument,. une  machine,  qu'il  fait  fonctionner  outre  mesure,  pour 
augmenter  la  production  et  réaliser  de  plus  grands  bénéfices.  La 
charité  étant  si  mal  comprise,  et  Yauri  sucra  famés  dirigeant  la 
grande  généralité  des  hommes ,  qui  viendra  au  secours  de  la  classe 
ouvrière ,  qui  mettra  des  bornes  aux  empiétements  incessants  de 
la  cupidité,  qui  protégera  tes  travailleurs,  jeunes  ou  vieux,  contre 
les  exigences  toujours  croissantes  des   maîtres ,  qui  défendra   le 


^y  Google 


386  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
pauvre  contre  le  riche ,  l'honnête  et  modeste  ouvrier  contre  le 
puissant  manufacturier  ,  qui  fera  tout  cela ,  si  ce  n'est  le  gouver- 
nement?... Oui,  au  gouvernement  appartient  non-seulement  le 
droit,  mais  incombe  l'obligation  de  prendre  l'initiative;  c'est  a  lui 
de  faire  sonder  l'abîme,  d'en  faire  constater  la  profondeur  et 
d'aviser  aux  moyens  de  le  combler  ;  c'est  à  lui  qu'est  réservée  la 
création  d'une  réforme  des  plus  utiles  et  des  plus  vivement  désirées, 
parce  que ,  seul ,  il  peut  assurer  une  protection  efficace  à  la  classe 
si  nombreuse  des  travailleurs. 

C'est  ce  qu'a  très-bien  compris  le  ministre  intelligent  et  éclairé 
(M.  Nothomb),  sous  l'administration  duquel  une  commission  d'en- 
quête a  été  instituée  pour  étudier  les  diverses  questions  qui  se 
rattachent  le  plus  intimement  à  la  position  si  malheureuse  et  à 
l'existence  si  précaire  des  familles  de  ta  classe  ouvrière.  Si  quelque 
bien  résulte  de  cette  enquête,  comme  il  n'est  pas  permis  d'en 
douter,  M.  le  Ministre  aura  rendu  un  service  éminent  a  l'humanité, 
et  se  sera  créé  des  titres  incontestables  à  la  reconnaissance  de  tous 
les  hommes  doués  de  sentiments  nobles  et  gEnéreux.  Quant  à  nous, 
nous  lui  exprimons  ici  toute  notre  reconnaissance  pour  la  part 
qu'il  a  bien  voulu  faire  au  Conseil  de  salubrité,  dans  l'œuvre  qui 
était  à  produire  en  vue  du  bien-être  futur  des  classes  laborieuses 
de  la  société. 

Maintenant  un  mot  sur  la  manière  dont  ce  travail  a  été  exécuté. 

Appelés  par  le  gouvernement  a  apporter,  dans  l'examen  de  11m* 
portante  question  qui  allait  être  agitée,  le  tribut  de  nos  faibles 
lumières,  nous  avons  répondu  à  son  appel  avec  le  plus  grand 
empressement ,  nous  allions  presque  dire  avec  bonheur  et  amour, 
sans  nous  dissimuler  néanmoins  combien  était  laborieuse,  ardue  et 
difficile  la  tâche  dont  nous  assumions  l'accomplissement.  C'est 
qu'en  effet  le  sort  des  familles  ouvrières  nous  a  toujours  vivement 
.  intéressés;  c'est  que,  depuis  longtemps,  nous  leur  avions  consacré 
notre  temps  et  nos  veilles,  pour  rendre  leur  condition  moins  misé- 
rable ,  pour  les  mettre  à  l'abri  de  certaines  causes  toujours  pré- 
sentes de  maladies;  c'est  que,  enfin,  dès  l'année  1838,  nous  avions 
entrepris  spontanément  un  travail  analogue  à  celui-ci,  travail  qui 
avait  déjà  reçu  un  commencement  d'exécution ,  et  auquel  nous 
n'avons  renoncé  que  par  la  difficulté  de  nous  procurer  des  rensei- 
gnements suffisants  (1).  Pour  répondre  convenablement  à,  l'attente 

(1)  Voyei  Compte  rendu  dei  travaux  du  Conteii  central  de  tùlubriti  publique  de 
Brurellen,  pendant  l'année  1889,  par  le  D>  Dian donne. 


^y  Google 


PRÉSENTÉ  A  H.  LE  MINISTRE  DE  L'INTÉRIEUR.  387 
du  gouvernement,  qui  ne  nous  demandait  pu  de  faire  un  résumé  plut 
ou  moins  succinct  et  méthodique  des  diverses  opinions  émises  dans 
les  nombreuses  publications  relatives  à  la  matière  que  nous  avions 
à  traiter,  mais  de  lui  formuler  notre  opinion  personnelle ,  c'est-à- 
dire  une  opinion  basée  sur  des  faits,  et  résultant  d'une  observation 
directe  et  attentive ,  il  ne  pouvait  y  avoir  qu'une  seule  manière  de 
procéder  a  l'étude  des  questions  que  nous  avions  a'  résoudre,  c'était 
de  visiter  les  fabriques,  de  pénétrer  dans'  les  ateliers,  de  voir  où, 
comment  et  dans  quelles  conditions  s'effectuait  .le  travail.  Ce  parti, 
nous  l'avons  pris.  Nous  ;avo'ns  donc  parcouru  la  province  de 
Brabant  en  tous  sens,  et,  dans  cette  longue  pérégrination,  qui  n'a' 
pas  duré  moins  de  six  mois ,  et  durant  laquelle  noue  avons  visité 
au  moins  cent  soixante  et  dix  fabriques  ou  ateliers,  nous  avons 
recueilli  et  annoté  sur  les  lieux  tous  les  renseignements  indispen- 
sables à  la  confection  de  notre  travail. 

Lorsque  nous  nous  disposâmes  a  mettre  en  œuvre  les  nombreux 
matériaux  que  nous  -avions  amassés  de  toutes  parts,  nous  nous 
aperçûmes  bientôt  que  nous  avions  quelque  chose  de  plus  a  faire 
que  de  donner  une  solution  aux  questions  qui  nous  étaient  pro- 
posées ;  que  ne  faire  servir  nos  notes,  obtenues  avec  tant  de  peine,- 
qu'à  nous  aider  à  résoudre  plus  facilement  ces  questions,  c'était 
enfouir  des  richesses  précieuses,  des  richesses  difficiles  à  acquérir,  1 
comme  nous  en  avions  eu  la  triste  expérience  en  1838,  des  ri-  ; 
chesses  enfin  dont  la  Commission  d'enquête  pouvait  tirer  le  plus 
heureux  parti..  Dès  lors  nous  n'avons' pas  hésité  devant  un  surcroît 
considérable  de  travail,  et  nous  avons  singulièrement  agrandi  le 
cadre  de  notre  œuvre.  Ces  notes,  que  noua  n'avions  prises  que 
pour  nous,  ces  notes  qui  devaient  seulement  nous  éclairer  et  nous 
guider,  nous  les  avons  rédigées,  fabrique  par  fabrique,  pour 
former  la  première  partie  de  notre  travail ,  celle  qui  résume  tous 
les  renseignements  obtenus,  toutes  les  observations  que'  nous  avons 
été  à  même  de  faire  dans  le  cours  de  nos- excursions,  celle  enfin  qui 
constitue  V enquête  proprement  dite. 

Plusieurs  motifs  nous  ont  engagés  à  rédiger  et  &  communiquer 
cette  enquête  au  gouvernement  :  et  d'abord,  parce  que- c'était 
prouver  au  gouvernement  que  nous  nous  étions  consciencieusement 
acquittés  de  là  mission  qu'il  nous  avait  confiée,  et  que  nous  n'avions 
exprimé  notre  opinion  qu'après  avoir  vu,  et  beaucoup  vu  ;  eh 
second  lieu,  parce  que  en  nous  bornant  à  répondre  aux  questions 
posées,  nous  devions  passer  sous  silence. une  foule  de  renseigne- 


*  Google 


388    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

menu ,  d'observations  de  détail  et  de  réflexions  qui  ne  pouvaient 
trouver  leur  place  que  dans  un  travail  où  toute*  les  industrie* 
seraient  successivement  passées  en  revue,  fabrique  par  fabrique, 
atelier  par  atelier;  enfin,  parce  que  la  Commission  d'enquête, 
instituée  par  M.  le  Ministre  de  l'intérieur,  devait  posséder  une  pro- 
vision de  faits  à  présenter  a  l'appui  du  travail  qu'elle  était  appelée 
à  élaborer,  et  que  nous  avons  craint  qu'elle  ne  reçût  pas  un  nombre 
suffisant  de  renseignements,  toujours  si  difficiles  à  obtenir,  surtout 
lorsqu'on  les  désire  complets  et  véridiques. 

Ainsi,  nous  le  répétons,  notre  travail  se  compose  de  deux 
parties  distinctes  :  la  première  est  une  enquête  proprement  dite  , 
dans  laquelle  on  trouve  tous  les  renseignements  concernant  la 
nature  et  la  durée  du  travail ,  le  salaire  des  ouvriers,  leur  mora- 
lité, leur  instruction,  leur  état  sanitaire,  l'état  des  ateliers,  l'in- 
fluence du  travail ,  etc.  Dans  la  seconde  partie ,  nous  nous  sommes 
attachés  a  résoudre  les  questions  dont  le  programme  nous  avait  été 
soumis ,  et  nous  nous  sommes  élevés  à  des  considérations  du  plus 
haut  intérêt ,  puisqu'elles  se  rapportent  directement  à  la  santé,  au 
bien-être  et  au  bonheur  de  cette  partie  si  considérable  de  nos  sem- 
blables, dont  toute  l'existence  n'est  qu'une  lutte  continuelle  contre 
la  misère  et  les  privations. 

Notre  œuvre  renferme  certes  de  nombreuses  imperfections-,  il 
nous  eût  fallu  quelques  mois  de  plus  pour  la  compléter  et  la  rendre 
plus  parfaite  ;  mais ,  telle  qu'elle  est ,  nous  espérons  qu'elle  fera 
naître  quelques  convictions,  et  qu'elle  ne  sera  pas  tout  à  fait  inutile 
a  la  cause  qui  se  plaide  en  ce  moment  en  faveur  de  la  classe 
ouvrière.  C'est  ta  seule  récompense  que  nous  ambitionnons. 


*by  Google 


ENQUÊTE 

BANS   LES  ETABLISSEMENT»    INBUSTSIËLS 


PB  E  Kl  0  ERE    PAR7DK. 


iTiaummini   A. 

On  y  occupe  en  tout  trente-cinq  ouvrier»,  quinze  homme»  et  vingt  femme», 
dont  les  moins  9gée«  ont  quatorze  on  quinze  ans  ;  ou  ne  prend  pas  de  fille* 
au-dessou*  de  cet  âge. 

Le»  faommet  seuls  exécutent  des  travaux  fatigants,  qui  consistent  à  battre 
de*  morceaux  de  lingot  d'or  pour  les  réduire  en  feuilles.  Les  femmes  et  le» 
filles  ne  font  pas  autre  chose  que  placer  l'or  réduit  eu  feuilles  dan*  de  petits 

Tous  les  ouvrier»,  indistinctement,  travaillent  i  la  journée,  de  sept  heures 
du  matin  à  huit  heures  du  soir  en  été,  et  de  huit  heures  du  matin  k  huit 
heures  du  soir  en  hiver.  Ils  ont  une  demi-heure  de  repos  le  matin  et  une 
heure  et  demie  à  midi,  en  sorte  que  la  durée  du  travail  n'est  que  de  onie 
heures  en  été  et  de  dix  heures  en  hiver. Ils  sont,  du  reste,  occupés  toute  l'année. 

Il  est  rare  qne  l'on  travaille  le  dimanche,  et  lorsque  cela  arrive,  ce  n'est 
que  jusqu'à  midi.  Le  travail  a  lieu  le  lundi  comme  les  autres  jour»,  et  le  chô- 
mage n'est  point  toléré. 

Les  ouvriers  de  cet  établissement  reçoivent,  en  général,  des  salaires  asseï 
élevé*  ;  ce  salaire  varie  naturellement  en  raison  des  services  rendus  ;  ainsi 
il  est  de*  batteurs  qui  ne  gagnent  que  3  ou  4  fr.  par  jour,  tandis  que  d'autres 
gagnent  B,  6,  7,  8  et  même  jusqu'à  10  fr.  par  jour. 

Les  apprentis  gagnent  S  fr.  par  jour. 

Les  fille*  et  les  femmes  gagnent,  de  80  cent,  à  2  fr.,  selon  leur  habileté. 

En  général,  les  ouvrier*  ont  eu,  depuis  une  couple  d'années,  une  augmenta- 
tion de  salaire. 

Le*  ouvriers  des  deux  sexe*  n'ont  aucun  rapport  entre  eux  dans  l'établis- 
sement et  travaillent  dan*  de*  locaux  séparés.  Leur  conduite  et  leur  moralité 
sont  bonnes  ;  on  conçoit,  du  reste,  que  travaillant  une  matière  de  grande 


^y  Google 


390    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

valeur,  les  ouvriers  lie  sont  acceptés  qu'autant  que.  le  chef  ait  obtenu  à  leur 
égard  les  renseignements  les  plus  favorables,  '  .       »  ■ 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le*  malade*.  Lors- 
qu'un ouvrier  devient  malade,  Les  autres  viennent  à  son  secours  en  faisant 
une  quête  entre -eux.  Les  cas  de  maladie  août  d'ailleurs  très-rare»,  la  pro- 
fession n'exposant  pas  par  elle-même  lés  ouvrier*  à  une  affection  quelconque. 
Eu  fait  d'accidents,  on  ne  peut  mentionner  que  quelque*  contusions  plus  ou 
moins  fortes  de*  doigts,  lorsqu'ils  viennent  à  être  frappé»  par  le  maillet  ;  ce  - 
qui  n'arrive  d'ordinaire  que  par  la  maladresse  de  l'ouvrier. 

Le  chef  ne  pense  pas  qu'aucun  de  *e»  ouvriers  soit  inscrit  sur  la  liste  de*  . 
pauvre*  :  leur  salaire  est  assez  élevé  pour  leur  permettre  de  vivre  à  l'aise. 
Eu  effet,  les  ouvrier*  (homme*  et  femmes)  de  cet  établissement  nous  ont 
offert  toute»  les  apparence*  de  là  santé  et  de  l'aisance  ;  on  remarquait  cbei 
eux  une  propreté  qu'on  rencontre  bien  rarement  dans  la  classe  ouvrière. 
Le* -ouvriers  batteur*  devant  être  d'une  certaine  force,  Hs  se  nourrissent,  eu 
général,  très-bien. 

ÉT*ILlS*tMI3T  B. 

Une  petite  machine  à  vapeur,  de  la  force  de  deux  chevaux,  fait  l'ouvrage 
le  pin*  fatigant,  et  quî,  autrefois,  t'exéoutait  à  bra*  d'hommes. 

Il  y  a  vingt  et  un  ouvrier»  :  *ix  hommes  et  quinxe  femmes. 

En  outre,  cinq  enfants  de  douze  à  treize  ans.  On  n'en  prend  pas  au-des- 
sous de  cet  âge. 

Lea  ouvrier»  sont  occupé»  toute  l'année  :  quatre  hommes  travaillent  à  la 
journée,  deux  à  forfait.  Toutes  le»  femmes  travaillent  a  forfait. 

Les  enfants  sont  engagés  et  pavés  par.  le  chef;  il  n'y  en  a  point  qui  tra- 
vaillent là  avec  leur*  parent* ,  maïs  il  y  en  a  plusieurs  de  la  même  famille , 
frère*  et  sœurs.  On  se  procure  aisément  le»  enfants  dont  on  a  besoin. 

La  durée  du  travail  ne  dépasse  jamais  onze  heure*.  Hiver  et  été,  la  jour- 
née commence  à  sept  heures  du  matin  et  finit  à  huit  heure*  du  loir.  Il  n'y  a 
qu'un  seul  intervalle  de  repos  :  de  midi  à  deux  heure*.  Tout  les  ouvriers 
vont  prendre  leur  repas  cbei  eux. 

En  général,  le*  travaux  sont  peu  fatigant»  ;  s'il  y  a  quelque  fatigue,  c'est 
pour  le*  homme*.  Le*  femme*  travaillent  a  ssi  a  et,  et  n'ont  d'autre  occupation  . 
que  de  tirer  le  fil  d'or  à  la  filière.  Les  enfants  sont  employés  à  tirer  le  fil  fia; 
si  on  les  emploie  de  préférence  aux  adulte*,  c'est  qu'il  y  a  de  l'économie  à 
leur  confier  ce  travail  qu'il*  font  tout  aussi  bien  et  aussi  facilement  que  de* 
ouvriers  qui  exigeraient  un  salaire  beaucoup  plu*  élevé. 

Le*  atelier*  sont  fermé*  le  dimanche  ;  on  travaille  te  lundi  ;  mai*,  généra- 
lement, on  ne  fait  que  trois  quart*  de  journée.'  " 

La  moyenne  du  gain  journalier  peutêtre  évaluée  a 
Francs  3  25  pour  les  hommes  ; 
.        g  25  pour  le»  femmes. 

Quant  auxeofanls,  ils  gagnent  de  28  à  S0  centime*  par  jour.  .    . 

Il  n'y  a  eu  aucune  variation  dans  le  salaire. 


>S1izedny  GOÇgle 


ENQUETE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.    391 

Aucun  enfant  ne  fréquente  le*  écoles  ;  deux*  au  plu»,  Bavent  lire  et  écrire. 
L'instruction  est  presque  nulle  chez  les  ouvrier*  adulte*. 

Les  ouvrier*  de*  deux  sexe*  travaillent  dan»  le  même  atelier  ;  leur  con- 
duite e*t  trèa-bonne,  et,  vu  la  valeur  de  la  matière  confiée  à  leur*  main*,  on 
n'admet  que  ceux  d'une  moralité  éprouvée. 

Enfant»  et  adulte*  jouissent  d'une  bonne  Mnté,  et  sont  très-rarement 
malade*.  Cette  industrie  n'offre  rien  de  malsain  on  de  nuisible.  Il  n'y  a  jamais 
eu  aucun  accident. 

.  Le*  ouvrière*  tirant  à  I*  filière,  devant  patser  le  fil  d'or  dan*  de*  trous 
excessivement  petit*  et  presque  imperceptibles,  il  leur  faut  de  bons  yeux  ; 
on  conçoit  qu'à  la  longue  ce  travail  doit  nuire,  et  amener  un  affaiblissement 
notable  de  lavne. 

S'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres,  ils  doivent  être  en 
très- petit  nombre  ;  le  chef  ne  «ait  rien  de  positif  a  cet  égard.  En  général,  la 
mise  de*  ouvriers  nous  a  para  propre  et  annoncer  nne  certaine  aisance. 


ii.-ki— — 


triitissiatsT  A. 

On  n'y  occupe  que  quatre  ouvriers  etdeux  apprentis.  Les  enfant*  ne  sont 
reçus  comme  apprentis  que  lorsqu'il*  ont  au  moins  douxe  ans;  l'ouvrage 
qu'on  leur  confie  est  peu  fatigant:  il  consiste  principalement  à  retirer  les 
pièces  de  l'eau  seconde,  à  les  sécher  et  le*  nettoyer. 

Les  ouvrier*  y  «ont  occupés  toute  l'année  et  travaillent  tous  à  la  journée. 

Le  travail  commence,  en  toute  saison,  à  six  heures  et  demie  du  matin,  et  se 
prolonge  jusqu'à  huit  heure*  du  soir  ;  en  défalquant  les  intervalles  de 
repos,  qui  sont  d'nne  demi-heure  le  matin,  d'une  heure  et  demie  à  midi, 
et  d'une  demi-heure  à  quatre  heures,  il  reste  onze  heure*  de  travail. 
Quelquefois  cependant  l'on  fait  cinq  quarts,  c'est-à-dire  que  l'on  travaille 
alora  deux  heures  de  plus,  soit  treize  heures,  jusqu'à  dix  heures  du  soir. 
Les  apprenti*  participent  à  ce  travail  extraordinaire. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dans  l'atelier  ;  le  dîner  a  lieu  au  dehors. 

Assez  souvent  les  ouvriers  font  un  demi-jour  le  dimanche;  ils  ne  travail- 
lent guère  plus  le  lundi,  souvent  même  il*  ne  travaillent  pas  du  tout. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  peut  être  établi  comme  suit  : 

Fondeurs.     ...'....'.'.;        fr.     t  00 

Monteurs 1   7B 

Ciseleurs S  S» 

Le*  apprentis  ne  gagnent  guère  plus  d'un  franc  par  semaine,  et  sont  payés 
par  le  chef. 


^y  Google 


392     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES 

Le  salaire  a  augmenté  depuis  quelque»  année»,  environ  de  93  centimes 
par  jour. 

L'instruction  des  ouvrier*  et  de*  apprenti*  est  presque  nulle;  deux  tout 
■u  plu»  savent  lire  et  écrire.  Leur  conduite  est  ataei  bonne  ;  il*  ne  sont  pat 
adonnés  à  l'ivrognerie  el  l'on  ne  peut  guère  leur  reprocher  que  ta  mauvaise 
habitude  de  courir  les  cabarets  le  lundi. 

Le  chef  ignore  s'il  a  des  ouvriers  inscrit*  sur  la  liste  de»  pauvre», 

La  tante  de*  ouvriers  est  en  général  bonne  ;  cependant  étant  exposé*  aux 
Tapeurs  mercurietle» ,  il»  «ont  sujet»  au  irembUmeni  ;  mai*  une  vie  réglée, 
l'abstinence  des  boissons  alcooliques  et  le*  soin*  de  propreté,  contribuent 
beaucoup  à  prévenir  cet  accident,  qui  arrive  presque  inévitablement  à  ceux 
qui  se  livrent  à  des  excès  continuels  de  boiston  ou  qui  n'ont  pas  l'habitude 
de  la  propreté. 

Le*  ouvriers  polisseurs  sont  plus  particulièrement  sujets  aux  crache  m  eut» 
de  sang,  k  la  phthisie  et  autre*  affections  de  la  poitrine. 

U  n'existe  aucun  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

On  exige  un  livret  de  tout  ouvrier  entrant  à  l'atelier. 

Cet  établissement  laisse  beaucoup  à  désirer  sou*  le  point  de  vue  hygié- 
nique :  la  fonderie  est  établie  dan*  une  cave  basse  et  insuffisamment  aérée  ; 
l'atelier  de*  monteur*  et  des  ciseleurs  est  au  grenier,  et  celui  affecté  au  dorage, 
dans  une  pièce  au  rez-de-chaussée  :  la  cheminée  de  ce  dernier  est  garnie 
d'un  manteau,  mais  ce  manteau  est  insuffisant  pour  s'opposer  à  ce  que  les 
vapeur*  mercurielle*  se  répandent  dan»  l'atelier. 

tTlHISSIHKT    B, 

Le  chef  travaille  seul  :  quelquefois  U  se  fait  aider  par  *a  femme.  Il  n'y  a 
pa»  assez  d'ouvrage  pour  occuper  un  ouvrier. 

Il  exerce  la  profession  de  doreur  depuis  dix-huit  ans,  et  a  travaillé  quelque 
temps  à  Paris. 

Il  n'a  jamais  été  malade,  mais  il  reconnaît  que  la  profession  est  insalubre 
et  expose  à  de  graves  inconvénient*.  Ces  inconvénients  sont  principalement 
du*  4  la  mauvaise  disposition  des  ateliers  et  des  fourneaux,  et  se  manifestent 
surtout  chez  le*  ouvriers  malpropre*  et  buveur*.  Une  cheminée  ayant  un 
bon  tirage  et  garnie  d'un  manteau  descendant  très-bas,  met  le  plu*  souvent 
les  ouvriers  à  l'abri  de  l'influence  pernicieuse  de*  vapeurs  mercurielle*, 
surtout  lorsqu'ils  sont  propres  et  qu'il*  mènent  une  vie  régulière. 

L'atelier  est  petit  et  situé  au  deuxième  étage  :  la  cheminée  est  assez  bien 
dispotée  et  garnie  d'un  manteau  qui  pourrait  encore  descendre  un  peu  pins 
bas  sans  nuire  au  travail,  si  Ton  y  adaptait  le  châssis  mobile  recommandé 
par  Darcet. 

■VI  hisses  rut  C. 

On  y  occupe  deux  ouvriers  adultes  et  deux  apprenti»  âgés  de  plus  de 
douze  ans. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ËTABLISSEH.  INDUSTRIELS  DU  MURANT.     395 

lie  travail  continue  tonte  l'année  sans  interruption. 

Les  ouvriers  travaillent  à  ta  journée. 

En  tonte*  saison»,  la  journée  commence  à  sept  heure*  tlu  matin  et  finit  à 
■ept  heures  du  soir. 

Ce*  limites  sont  quelquefois  dépassées  de  deux  heures  et  demie  environ. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin  et  une  heure  et  demie  à  midi. 

H  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Le*  ouvriers  retournent  cher  eux  pour  le  dîner. 

Le*  apprenti*  «ont  logé*  et  nourris  dans  la  maison. 

Il  est  très-rare  que  l'on  travaille  le  dimanche. 

On  n'a  pas  l'habitude  de  chômer  le  lundi. 

Les  ouvriers  doreurs  gagnent  de  5  à  S  francs  par  jour. 

Les  appreoLis  gagnent,  indépendamment  de  leur  logement  et  de  leur  nour- 
riture, B  francs  par  semaine. 

L'instruction  de*  ouvrier*  et  des  apprentis  est  très-salia faisante.  Leur 
conduite  est  bonne  :  comme  ils  travaillent  une  matière  de  grande  valeur,  on 
ne  prend  que  ceux  d'une  moralité  reconnue. 

La  santé  des  ouvriers  est  bonne.  —  La  profession  expote  cependant, 
déclare  le  chef,  au  tremblement  et  aux  coliques  métalliques  ;  mai*  ce*  acci- 
denta peuvent  être  prévenus  par  quelques  précaution*  et  un  régime  conve- 
nable. Les  ouvriers  adonnés  à  l'intempérance  ou  à  la  débauche,  manquent 
rarement  de  devenir  victimes  de  leurs  vices.  Le  chef  n'a  pas  encore  observé 
d'accidents  chez  ses  ouvriers,  immunité  qu'il  attribue  à  la  bonne  disposition 
de  ses  fourneau*  et  de  ses  cheminées. 

Lea  fourneaux  et  le*  cheminées  sont ,  en  effet,  construits  d'après  les  indi- 
cations fournies  par  Darcet,  c'est-à  dire  que  le  manteau  de  la  cheminée, 
quoique  descendant  déjà  très-bas,  est  garni  à  *a  partie  inférieure  d'un  châssis 
vitré  mobile  qui,  lorsqu'il  est  abattu,  laisse  un  passage  suffisant  aux  bras  de 
l'ouvrier,  et  permet  a  celui-ci  de  suivre  l'opération  de  l'œil  à  travers  le  verre. 
La  disposition  que  noua  venons  de  décrire  devrait  être  adoptée  par  lou* 
les  doreur*  car  métaux. 


hkniwuin  A. 


On  n'y  occupe  que  cinq  ouvriers,  ton*  adulte*. 

Les  principaux  produits  de  cette  fabrique  sont  :  le  chlorure  de  chaux  sec. 
l'huile  de  pied  de  bceuf  et  la  colle  gélatine. 

I>e*  ouvriers  «ont  payés  *  la  journée  et  gagnent  1  franc  80  centimes  par  jour 

Ij>    Innll  mnnnuia    k  ci»  lianua  si  ,Umio  fin  malin,  fi  finit  à  SCDt  hfilirei 


Le  travail  commence  à  six  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à  sept  heures 
Il  n'y  a  pas  d'intervalle*  fixes  de  repos;  les  ouvriers  s'arrangent  entre  eux 

Digilizedby  GOOgle 


394     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

pour  aller  prendre  leurs  repas,  car  il»  ne  peuvent  pas  tou*  abandonner  la 
fabrique,  une  surveillance  continuelle  étant  nécessaire. 

Les  ouvriers  passent  à  tour  de  rôle  la  nuit  dans  la  fabrique,  pour  y  entre- 
tenir les  feux  et  surveiller  les  appareils. 

L'instruction  est  complètement  nulle. 

Oit  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  de*  pauvres. 

Cet  établissement  est  mal  tenu  et  offre  de  nombreuses  conditions 
d'insalubrité  pour  les  ouvriers;  il  n'yapasde  doute  que  leur  santé 
doive  s'y  altérer  profondément  après  quelque  temps  de  travail  ;  il 
est  difficile  de  préciser  l'époque  où  se  font  d'ordinaire  sentir  les 
influences  délétères  de  la  fabrication-,  celte  époque  variant  néces- 
sairement en  raison  de  la  constitution  plus  ou  moins  forte  des 
ouvriers,  des  précautions  qu'ils  peuvent  prendre,  de  leur  manière 
de  vivre,  etc.  Toujours  est-il  qu'au  bout  d'un  certain  temps  les 
ouvriers  portent  sur  la  figure- un  cachet  tout  particulier,  dû  à  la 
nature  de  leur  travail;  ainsi,  ils  pâlissent,  maigrissent,  commen- 
cent à  tousser  et  sont  pris  d'une  diarrhée  qui  devient  souvent 
fâcheuse.  Deux  ouvriers  sont  morts,  depuis  peu  ,  de  phthisie  pul- 
monaire. 

S'il  ne  fallait  s'en  rapporter  qu'à  la  déclaration  du  contre-maître, 
qui,  du  reste,  n'est  pas  depuis  longtemps  dans  cette  Fabrique, 
tout  ce  que  nous  venons  de  dire  serait  fort  exagéré,  etla  fabrication 
n'aurait  rien  de  nuisible  ;  mais  cet  homme  venait  de  se  livrer  à  des 
libations  d'eau-de-yie,  et  nous  a  paru  vouloir  se  poser  en  fanfaron. 

Nous  devons  ajouter  d'autant  plus  de  foi  aux  renseignements  qui 
nous  ont  été  donnés,  que  nous  les  avons  obtenus  d'un  homme,  le 
portier  ou  gardien  de  la  fabrique ,  qui  depuis  plusieurs  années  a 
été  à  même  d'observer  ce  qui  se  passe.  Cet  homme  nous  a  signalé 
la  fabrication  comme  des  plus  dangereuses,  et  noua  a  déclaré  qu'à 
aucun  prix  il  ne  voudrait  y  prendre  part  i  il  a  ajouté  que  si  nous 
étions  venus  dix  minutes  plus  tôt,  nous  aurions  encore  vu  un  ouvrier 
à  demi  asphyxié,  penché  à  une  fenêtre  pour  reprendre  ses  sens. 

On  peut  considérer  ces  assertions  comme  vraies,  car  il  suffit  de 
voir  le  local  destiné  à  la  fabrication  du  chlorure  de  chaux  sec , 
pour  se  convaincre  que  les  ouvriers  sont  exposés  à  tous  les  dan- 
gers qui  peuvent  résulter  de  l'inspiration  de  gaz  irritants.  Ce  local, 
d'une  longueur  assez  considérable,  et  contenant  neuf  chambres  au 
chlorure  de  chaux  sec,  n'offre,  pour  toute  largeur,  que  celle  stric- 
tement nécessaire  pour  la  construction  de  ces  chambres  et  pour 
laisser  un   passage  aux  ouvriers.  La  hauteur  des  chambres  n'est 


*by  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABUSSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRÀBÀNT.     395 

{fuèrequc  de  deux  mètres  :  le  toit  les  recouvre  presque  immédia- 
tement, et  il  n'y  a  entre  celui-ci  et  la  paroi  supérieure  des  cham- 
bres, que  l'espace  résultant  de  l'inclinaison  obligée  du  toit  pour 
l'écoulement  des  eaux  pluviales.  Quelques  rares  fenêtres  -en  taba- 
tière dans  le  toit,  et  des  croisées  percées  dans  le  mur  qui  fait  face 
aux  chambres ,  constituent  les  seuls  moyens  d'aérage  et  de  venti- 
lation. Vu  la  pesanteur  spécifique  du  chlore ,  on  peut  dire  que  les 
ouvriers  se  trouvent  presque  toujours  dans  une  atmosphère  forte- 
ment chargée  de  ce  gaz.  Nous  ajouterons  que  lors  de  notre  visite 
nous  avons  rencontré  sur  le  sol  de  ce  local  plusieurs  Saques  assez 
considérables  d'acide  cblorhvdrique,  ce  qui  prouve  une  négligence 
impardonnable. 

Stiilimimit  B,  ' 
I.e»  produits  fabriqué*  sont  :  l'acide  py  roligneu*  et  le  chlorhydrate  d'é- 


Cette  fabrique  peu   importante  n'occupe  que  deux 
nous  ne  la  mentionnons  ici  qu'à  cause  de   sa  défectuosité  sous 
tous  les  rapports. 

En  effet,  ce  n'est  qu'un  mauvais  hangar,  bas  et  obscur,  dépourvu 
de  toute  espèce  d'aérage  ;  il  est  impossible  de  se  figurer  un  taudis 
plus  sale,  plus  mal  tenu,  et  réunissant  un  plus  grand  nombre  de 
conditions  d'insalubrité. 

En  v  entrant  nous  fumes  assez  incommodés  de  l'odeur  vive  et 
pénétrante  qui  accompagne  toujours  la  fabrication  de  l'acide 
pyroligneux ,  mais  qui.  là  reste  concentrée  et  est  intolérable.  Les 
gaz  acide  carbonique  et  oxyde  de  carbone,  trouvant  de  la  peine  à 
s'échapper ,  s'accumulent  dans  la  fabrique  et  en  rendent  le  séjour 
très-nuisible;  à  certaines  époques  de  L'opération,  le  dégagement  de 
ces  gaz  est  si  abondant,  que  les  poules  vaguant  dans  la  cour  inté- 
rieure, tombent,  au  dire  même  du  propriétaire,  quelquefois 
asphyxiées,  et  qu'il  a  fallu  prendre  l'habitude  de  les  chasser  dans 
la  campagne  pour  les  soustraire  à  une  mort  certaine.  On  conçoit 
aisément  que  les  ouvriers  qui  respirent  ces  gaz  impropres  à  la  res- 
piration doivent  en  éprouver  des  incommodités  assez  graves  ;  aussi 
sont-ils  fréquemment  atteints  de  vertiges  et  d'éblouissements ,  et 
s'il  n'arrive  pas  d'accidents  plus  funestes,  c'est  que  la  nature  de 
leurs  occupations  ne  les  assujettit  pas  à  rester  constamment  dans 
la  fabrique. 

■  Les  gaz  provenant  de  la  distillation  sont  brûlé*  dans  la  fabrique 


i),g,ized0y  GOOgle 


396    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

à  mesure  qu'ils  se  dégagent,  a  proximité  de  tonneaux  goudronnés 
et  d'autres  matières  facilement  inflammables  ! 

Le  chlorhydrate  d'étain  se  fabrique  sur  un  fourneau  mal  monté 
et  en  mauvais  état. 

Les  deux  ouvriers  employés  dans  cette  fabrique  travaillent 
alternativement  la  nuit  :  ils  ne  gagnent  guère  plus  d'un  franc  par 
jour. 

r  C. 


Les  produits  fabriqués  sont  l'acide  chlorhydrique,  le  sulfate  de  soude  et  le 
chlorure  de  chaux  liquide.  Cet  établissement  occupe  dix  ouvriers ,  tous 
hommes  mariés  et  habitant  la  campagne.  Le  travail  n'est  suspendu  que  du 
SI  mai  an  SI  juillet.  Cette  suspension  de  travail  est  obligatoire,  à  cause  des 
dommages  apportés  aux  récoltes  des  champs  environnants  par  l'acide  hydro- 
chlorîque  qui  s'échappe  de  la  cheminée. 

Tona  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée,  qui  se  compose  de  douxe  heures 
de  travail  continu;  ils  as  relayent  toutes  les  douxe  heures,  lis  prennent 
leurs  repas  dans  la  fabrique,  tout  en  continuant  â  surveiller  les  appareils. 

Ils  travaillent  le  diinancbe  comme  les  autres  jours ,  et  ne  chôment  jamais 
le  lundi. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  est  de  1  franc  80  centimes. 

Ce  prix  n'a  pas  éprouvé  de  variation. 

L'instruction  des  ouvriers  est  presque  nulle  ;  leur  conduite  est  bonne,  et 
ils  mènent,  en  général,  une  vie  très-réglée. 

Le  contre-maître  déclare  que  les  ouvriers  ne  sont  «posés  à  aucune  mala- 
die, et  ne  sont  jamais  malades  ;  que  jamais  non  plus  aucun  accident  n'est 
arrivé  dans  la  fabrique. 

Il  ne  sait  pas  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  ;  il  ne  le 
pense  pas,  car  les  ouvriers  vivent  à  peu  de  frais  à  la  campagne  ;  en  gagnant 
1  franc  80  centimes  par  jour,  ils  peuvent  pourvoir  à  leur  subsistance,  d'autant 
plus  facilement  que,  presque  toujours,  ils  cultivent,  avec  leurs  femmes  et 
leurs  enfants,  on  petit  jardin,  ou  quelque  coin  de  terre. 

Celte  fabrique,  sans  offrir  de  grands  inconvénients  sous  le  rap- 
port hygiénique,  pourrait  cependant  être  mieux  tenue.  L'appareil 
pour  l'acide  chlorhydrique  est  établi  à  l'air  libre  ;  mais  les  bobonne* 
étant  mal  lutées  et  quelques-unes  en  mauvais  état,  il  se  fait  des 
pertes  de  gaz  chlore  qui  rendent  l'atmosphère  irritante  et  nuisible 
aux  ouvriers. 

Le  local  où  se  trouve  l'appareil  pour  la  fabrication  du  chlorure 
de  chaux  liquide ,  n'est  pas  suffisamment  pourvu  de  moyens  d'aé- 
rage. 

Pour  nous  assurer  de  l'exactitude  de*  renseignements  fournis  par 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.  397 
le  contre-maître,  nous  nous  somme»  rendus,  en  sortant  de  la  fabri- 
que, au  domicile  d'un  des  ouvriers.  Cet  homme  nous  a  déclaré  élre 
âgé  de  trente-trois  ans  et  travailler  depuis  deux  ans  dans  l'établis- 
sement C.  Quoique  son  teint  soit  jaunâtre  et  qu'il  paraisse  beau- 
coup plus  âgé  qu'il  n'est  réellement ,  il  dit  n'avoir  j'aimais  éprouvé 
que  quelques  incommodités  légères ,  comme  de  la  tous ,  un  peu 
d'oppression.  II  n'a  jamais  connu  d'ouvriers  atteints  de  crache- 
ments de  sang  ou  d'affections  de  poitrine;  le  seul  inconvénient  de 
la  fabrication  est  de  déterminer ,  par  moments,  un  peu  de  toux  et 
d'oppression. 

Cet  ouvrier  est  marié,  père  d'un  enfant,  et  cultive  un  petit  coin 
déterre:  l'intérieur  de  son  habitation  est  très-propre  et  annonce 
de  l'aisance. 

La  presque  innocuité  du  travail  dans  cette  fabrique  peut  être 
rapportée  a  plusieurs  causes  ;  1*  à  ce  que  le  principal  appareil, 
celui  pour  l'acide  cbïorhydrique ,  est  établi  en  plein  air  ;  2°  à  ce 
que  les  appareils  une  fois  mis  en  fonction,  les  ouvriers  vont  et 
viennent ,  et  ne  respirent  pas  toujours  le  même  air;  3*  à  ce  que, 
leurs  habitations  étant  construites  en  pleine  campagne,  ils  respirent 
a  leur  retour  chez  eux  un  air  pur  ;  4°  à  ce  que  l'ivrognerie  et  la 
débauche  leur  sont  inconnues. 

■tAM.ltSr.niRT    D. 

Les  principaux  produits  de  cet  établissement  «ont  :  les  acides  tulfnrique 
et  cbïorhydrique,  le  sulfate  de  soude,  la  soude  artificielle,  le  noir  animal  et 
let  conteurs. 

Il  y  a  une  machine  a  vapeur  de  là  force  de  six  à  huit  chevaux. 

On  y  emploie  quatorze  ouvriers,  tous  adultes. 

Le  travail  se  continue  toute  l'année,  et  dure  de  six  heures  du  matin  à  sept 
heures  du  soir,  en  toutes  saisons.  La  nature  du  travail  ne  permettant  pas 
d'interruption,  trois  ou  quatre  ouvriers  doivent  passer  la  nuit  à  tour  do  râle. 

On  accorde  une  demi-heure  de  repas  le  matin,  et  une  heure  S  midi.  Les 
ouvriers  prennent  leurs  repas  dans  la  ta  brique- 
Leur  instruction  est  à  peu  près  nulle. 

Le  prix  de  U  journée  de  travail  est  de  I  franc  SB  centimes, 

Les  ouvriers  qui  passent  la  nuit,  gagnent  1  franc  90  centimes. 

Leur  conduite  est,  en  général,  bonne  ;  s'il  n'y  a  pas  précisément  de  l'ai- 
sance, il  n'y  a  pas  non  plus  de  misère. 

Le  chef  prétend  que  ses  ouvriers  ne  sont  jamais  malades,  et  que  la  fabri- 
cation ne  les  expose  à  aucane  maladie.  Il  est  difficile  d'admettre  cette  assertion 
comme  l'expression  de  la  vérité ,  surtout  quand  on  a  pris  c 


D,g,ized0y  GOOgle 


398     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

lieux.  En  effet,  cette  fabrique  art  malproa re,  mal  tenue  ;  tout  y  annonce  le 
détordre. 

Le  lw»l  destiné  à  la  fabrication  du  noir  animal  est  trop  peu  spacieux  et 
mal  aéré. 

Celui  où  se  trouvent  la  chambre  de  plomb  et  le  fourneau  nù  l'on  brûle  le 
soufre,  manque  d'élévation.  Le  fourneau  est  défectueux  et  mal  monté;  il 
laisse  fuir  le  gai  acide  sulfureux.  Au  moment  de  noire  visite,  la  fabrique  en 
était  tellement  remplie ,  que  nous  pûmes  a  peine  la  parcourir,  et  que  nous 
ne  le  fîmes  pas  sans  éprouver  plus  d'une  quinte  de  toux.  Le  chef  se  bâta  de 
nous  conduire  au  grand  air,  car,  malgré  son  habitude,  lui-même  ne  put 
résister  à  l'action  du  gai. 

Les  autres  locaux  de  cet  établissement  sont,  en  général,  trop  étroits,  et 
manquent  il'aérage. 

L'appareil  pour  l'acide  chlorbydrïque  est  à  l'air  libre  ;  il  ne  fonctionnait 
pas  lors  de  notre  visite. 

H  n'est  pas  douteux  pour  nous,  qu'un  semblable  établissement  ne  doive 
exercer  une  influence  fâcheuse  sur  la  santé  des  ouvriers  qui  y  travaillent. 


ITSBitssinnrt  E. 

On  y  fabrique  principalement  les  acides  sulfurique  et  nitrique. 

On  y  occupe  dix  ouvriers,  tous  adultes  et  habitants  de  la  campagne. 

Le  travail  continue  toute  l'année,  et  les  ouvriers  sont  employés  a  (ajournée. 

La  journée  oommence  à  six  heures  du  matin  et  finit  a  six  heures  du  soir  ; 
à,  six  heures  du  soir  commence  une  nouvelle  journée  qui  se  termine  a  six 
heures  du  matin,  de  sorte  que  le  travail  n'est  pas  interrompu,  et  que  les 
ouvriers  font  alternativement  douze  heures  de  travail  de  jour  et  doute  heure* 
de  travail  de  nuit. 

Pendant  le  travail  de  jour,  les  ouvriers  ont  une  demi-heure  de  repos  le 
matin,  une  heure  à  midi,  et  une  demi-heure  i  quatre  heures.  Pendent  le  tra- 
Tail  de  nuit,  ils  s'entendent  entre  eux  pour  prendre. le  repos  nécessaire, 

La  plupart  des  ouvriers  prennent  leurs  repas  dans  le  fabrique. 

On  travaille  le  dimanche,  parce  qu'on  ne  peut  interrompre  une  opération 
commencée  ;  par  la  même  raison,  il  ne  peut  y  avoir  de  chômage  Le  lundi. 

Le  salaire  de*  ouvriers  n'a  pas  subi  de  changement. 

Le*  ouvrier*  gagnent  3  franc*  par  jour. 

Le  plus  grand  nombre  ne  savent  ni  lira,  ni  éerim. 

Leur  conduite  est  bonne  ;  leur  vie  est  régulière,  et  ib  ne  se  livrent  ni  à  la 
débauche,  ni  a  la  boisson. 

Il  n'y  a  pas  de  caisse  d'épargne  ou  de  fonds  de  réserve  pour  In*  malades. 

L'état  sanitaire  des  ouvriers  est  assez  satisfaisant  ;  œpondent  fa  profes- 
sion exerce  sur  leur  santé  une  influence  défavorable,  car,  d'après  la  déclara- 
tion même  du  directeur,  quelques  ouvriers  finissent  par  devenir  poilrinatrtê. 

On  ignore  s'il  y  a  des  ouvrière  inscrit*  sur  la  liste  des  pauvres  ;  on  ne  le 


^y  Google 


ENQGÉTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.    390 

pense  pat,  car  les  ouvriers  de  la  campagne ,    gagnant  3  franc*  par  jour, 
peuvent  vivre  assez  à  l'aise. 

Le»  prescriptions  relatives  an  livrât  sont  exécutées. 

Celle  fabrique  est  bien  tenue  :  les  appareils  sont  montés  avec 
beaucoup  de  soin,  et  Jes  déperditions  gazeuses  sont  presque  nulles; 
ou  y  rencontre  enfin  à  peu  près  toutes  le*  conditions  de  salubrité 
désirables  dans  un  semblable  établissement.  On  se  propose  de  munir 
la  fabrique  d'une  pompe  à  incendie. 

t? ABLJSSEBIKI    F. 

On  y  fabrique  de  la  colle  gélatine,  de  l'huile  de  pied  de  bœuf,  et  de  la 
graisse  pour  oindre  les  mécaniques. 

On  y  occupe  dix  ouvriers;  sur  ce  nombre,  il  y  a  quatre  jeunes  ouvrière 
de  l'âge  de  treize  k  dix-huit  ans. 

Les  ouvriers  sont  occupes  toute  l'année  ;  île  travaillent  tons  a  la  journée. 
Le*  jeunes  ouvriers  sont  engagés  par  le  chef;  on  les  emploie  à  étendre  la 
colle  et  à  quelques  autres  travaux  léger*. 

En  tonte*  saisons,  la  journée  commence  à  six  heures  du  matin  et  finît  à 
sept  heure*  du  soir. 

Ces  limites  ne  sont  que  tria- rarement  dépassées. 
Il  est  très-rare  aussi  que  l'on  travaille  la  nuit. 
La  durée  du  travail  est  restée  toujours  la  même. 
Il  7  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  et  une  heure  à  midi. 
Le*  ouvriers  prennent  leurs  repas  dans  l'atelier  eu  dans  les  cour*. 
On  travaille  quelquefois  le  dimanche. 

Jamais  on  ne  chétae  le  lundi  ;  les  ouvriers  font  journée  complète. 
Le  prix  de  la  journée  de  travail  n'a  pas  varié. 
Le*  ouvriers  adultes  gagnent  1  franc  Su  centime*  par  jour. 
Le*  jeunes  ouvriers  gagnent  S  francs  KO  centime*  par  semaine. 
Ces  derniers  sont  toujours  payé*  par  le  chef. 

L'instruction  des  jeunet  ouvrier*  et  des  adulte*  est  tout  à  fait  nulle. 
Leur  conduite  est  très-bonne. 

Il  n'y  a  ni  eaiue  «l'épargne,  ni  fond*  de  réserva  pour  les  malades. 
L'état  sanitaire  est  excellent.  Tous  les  ouvriers  sont  robustes;  il*  habitent 
la  campagne,  et  sont  très-rarement  malades. 

Le*  travaux  ne  sont  nullement  fatigants,  et  n'offrent  rien  de  nuisible  à  la 

Le  chef  ne  pense  pas  qu'aucun  de  se*  ouvrier*  soit  inscrit  sur  la  liste  des 
pauvre*. 

Il  n'y  a  pat  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 
Le*  prescriptions  relatives  au  livret  sont  observées. 

Cette  fabrique  est  bien  tenue  et  bien  dirigée  :  bot  locaux  sont 
sains ,  les  appareils  bien  montés  et  bien  combinés  ;  enfin  l'on  y 
rencontre  toutes  les  conditions  de  salubrité  désirables. 


^y  Google 


400    CONSEIL  CENTRALOE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

(TSILISSIUIST  0. 

On  D'y  fabrique  que  du  noir  animal. 

Il  y  a  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  dix  chevaux;. 

On'  y  occupe  cinq  ouvriers  adulte*,  et  deux  enfants  de  Tige  de  dix  à 
quinxe  ani.  Les  enfant»  «ont  engagés  par  le  chef,  et  «ont  employé*  i  briser 
le*  o*  et  à  en  dire  le  triage. 

Le*  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année,  et  tous  travaillent  a  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  six!  heures  du  matin  et  finit  à  six  heures  et 
demie  du  soir;  en  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  sept  heures  du  math),  et  finit 
a  cinq  heures  du  soir. 

Cea  limites  sont  quelquefois  dépassées.  Il  arrive  même  que  Ton.  travaille 
la  nuit,  mais  rarement.  On  relève  alors  le*  ouvrier*. 

Le*  enfants  doivent  ainsi  travailler  la  nuit. 

Il  y  a  une  demi-heure  dé  repos  le  matin,  une  heure  à  midi,  et  nue  demi- 
heure  à  quatre  heure*. 

Quelque*  ouvriers  vont  dîner  chex  eux  ;  d'autres  restent  dans  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche. 

Quelque»  ouvrier*  chôment  le  lundi  ;  cependant  cela  n'arrive  que  rarement. 

Le  salaire  des  ouvrière  n'a  pas  subi  de  variation. 

Le*  adulte*  gagnent  1  franc  36  centime*  par  jour,  et  le*  entants  «ont 
payé*  à  raison  de  60  a  90  centimes. 

Les  enfant*  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

L'instruction  de*  enfants  et  de*  adulte*  «si  tout  a  (ait  nulle. 

Leur  conduite  est  a*sei  bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne, 'ni  fonds  île  réserve  pour  le*  malade*. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant.  Le*  ouvrier*  sont  rarement  malades,  et  le 
chef  ne  connaît  aucune  maladie  propre  a  la  profession. 

Un  seul  ouvrier  ett  inscrit  sur  la  liste  des  pauvre*.  Tous  les  ouvriers 
demeurent  à  la  campagne;  il*  n'ont  pas  de  misère;  leur  nourriture  et  leurs 
habitation*  «ont  asset  bonnes. 

Il  n'y  u  pa*  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

On  exige  le  dépôt  du  livret. 

Les  ateliers  laissent  quelque  chose  k  désirer  »u*  le  rapport  de  l'aérageet 
de  la  lumière. 

iTtBMSSMinr  H. 

On  n'y  fabrique  que  de  la  e£ru*e. 

On  y  occupe  dix  ouvriers  et  quatre  ou  cinq  611e*  de.  l'âge  de  dix-sept  à 
dix-huit  an*. 

Il  y  a  de  l'ouvrage  la  plus  grande  partie  de  l'année. 

Tous  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

La  journée  commence,  en  été,  à  six  heures  du  matin,  et  finit  i  sept  heures 
du  soir;  en  hiver,  elle  commence  à  six  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  a 
six  heure*  du  soir. 


>91izedby  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTÀBUSSEM.  INDUS TftlELS  DU  BRÀBÀMT.    401 

Cet  limites  ne  «ont  jamais  dépassées,  et  il  n'y  ■  jamais  de  travail  de  nuit. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  te  matin,  une  heure  à  midi,  et  une  demi. 
heure  i  quatre  heure*. 

Les  ouvrier»  pienvieut  leur»  repas  dans  l'établissement  ;  mai*  il*  se  retirent, 
à  cet  effet,  dan*  un  local  spécial. 

On  ne  travaille  jamai*  le  dimanche. 

H  n'y  a  paa  de  chômage  le  lundi. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  n'a  pas  varié. 

Les  ouvrier*  gagnent  environ  1  franc  60  centime*  par  jour. 

L'instruction  des  ouvriers  laisse  à  désirer  ;  elle  est,  à  peu  près,  nulle.  Leur 
conduite  est  bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades  ;  en  cas 
de  maladie,  c'est  rétablissement  qui  fait  soigner  l'ouvrier. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant,  dît  le  chef,  en  égard  an  genre  d'industrie. 
■  Les  ouvriers  ion  t  eiposés  à  gagner  la  colique  de  plomb  ;  mais  cette  maladie 
ne  se  déclare  que  rarement.  Ce  résultat  favorable  est  attribué  aux  mesure* 
de  propreté  auxquelles  on  oblige  les  ouvriers  de  se  soumettre.  Quelque* 
ouvrier*  travaillent  depuis  quinze  ans  dans  les  fabrique*  de  cérase,  et  sont 
bien  portant*. 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvrier*  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  ;  il  ne 
le  pense  pas. 

Ledépôt  du  livret  est  exigé. 

Les  ateliers  sont  assez  élevés  et  bien  aérés  ;  les  ouvriers  nous  ont 
paru  être  très-propres  ;  ils  ne  quittent  jamais  l'atelier  sans  se  laver 
a  grande  eau.  Nous  avons  examiné  plusieurs  ouvriers,  et  chez  aucun 
nous  n'avons  rencontré  des  symptômes  d'intoxication  saturnine. 

Et  IBr  lîSEMBUT  /. 

On  y  fabrique  les  acides  sulfurique  et  chlorhydrique ,  le  sulfate  de  soude 
et  le  chlorhydrate  d'étain. 

Il  y  a  deux  chaudières  a  vapeur  et  deux  chambre*  de  plomb. 

On  y  occupe  soixante  ouvriers,  tous  adultes. 

Ils  sont  employés  tonte  l'année,  et  ton*  travaillent  i  la  journée. 

Il  y  a  douze  heure*  de  travail  par  jour,  et  deux  heure*  de  repos  pendant 
te*  heure*  de  travail. 

Quelque*  ouvriers  doivent  travailler  la  nuit  pour  entretenir  le*  fourneaux 
et  surveiller  le*  appareil*.  Le*  ouvriers  travaillent  donc  alternativement  le 
jour  et  la  nuit. 

On  travailla  le  dimanche,  parce  qu'on  ne  peut  interrompre  une  opération 


H  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Le*  ouvriers  de  la  fabrique  gagnent  1  fr.  63  c.  par  joui 


>aiizodor  Google 


«M    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBK1TÉ  PUBLIQUE  OE  BRUXELIJKS. 

Ceux  employés  comme  manœuvres  emballeur*  na  gagnent  que  I  fr.  KO  c. 
par jour. 

La  conduite  de*  ouvriers  est  bonne,  et  leur  instruction  nulle  ou  à  peu 
pria. 

L'étal  Militaire  e*t  salis  faisant,  et  le*  ouvrier*  (ont  rarement  malade*.  Le 
chef  ne  regarde  pas  le  travail  comme  insalubre  ;  do  moins,  l'expérience  ne 
lut  ■  pai  appris  que  la  fabrication  exerce  quelque  influence  ntr  la  santé  de* 
ouvrier*. 

Le*  atelier*  «ont  vaste*  et  aussi  salubres  qu'ils  peuvent  l'être  dans  un 
semblable  établissement, 

Ou  n'y  fait  que  de  la  céruse. 

11  y  a  une  machine  a  vapeur  de  la  force  de  dis  chevaux  j  la  vapeur  qui  a 
fonctionné  «ert  à  chauffer  les  séchoir*. 

On  y  emploie  vingt-cinq  ouvrier*;  sur  ce  nombre,  il  y  a  sept  femme*  ou 
filles,  et  quatre  enfants  de  l'âge  de  quatorze  à  quinze  ans. 

Le  travail  continue  toute  l'année. 

Les  ouvriers  travaillent  tous  à  la  journée. 

La  journée  de  travail  est  de  doute  heures,  entrecoupée  par  sept  quarts 
d'heure  de  repos  pour  le  déjeuner,  le  dîner  et  le  goûter. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées. 

11  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

On  ne  travaille  pas  non  plus  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Les  salaires  n'ont  ni  augmenté,  ni  diminué. 

Les  ouvrier*  adnltes  gagnent ,  terme  moyen,  1  franc  90  centimes  par  jour. 
—  fié*  femmes  gagnent  80  centimes,  et  le*  enfant*  70  centimes  par  jour. 

La  conduite  des  ouvrier*  est  généralement  bonne. 

Leur  instruction  est  pour  ainsi  dire  complètement  nulle. 

L'état  sanitaire  est  assex  sa  lis  fui  saut.  La  colique  de  plomb  eat  une  maladie 
propre  aux  ouvriers  céruslers  ;  cependant  le  chef  déclare  qu'on  l'observe 


Les  soins   de  propreté,  une  vie  régulière  et  l'abstinence  de*  boissons 
alcoolique*,  contribuent  beaucoup  a  prévenir  cette  maladie. 

Les  séchoirs  sont  élevés  et  bien  disposés,  ci  les  autre*  atelier*  vastes  et 


14.- 

ETASMSSIXIHV  A. 

Les  moteurs  sont  deux  chutes  d'eau  ayant  chacune  la  force  d'environ 
douze  a  quatorze  chevaux. 

Il  y  a  un  générateur  a  vapeur,  destiné  principalement  à  chauoer  les  cylin- 
dres de  la  machine  à  papier  continu. 


xuvCoo^le 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.    40S 

Il  n'y  i  qu'une  cuve  4e  papier  à  la  main  en  fonction. 

Ou  y  occupe  cent  ouvriers  ;  cinquante  homme»  et  cinquante  femmes. 

Le*  enfanta  «ont  au  nombre  de  an.,  et  aont  âgés  de  douze  &  quinze  ans. 

Le  travail  continue  toute  l'année. 

Les  coupeuse*  et  trieuse»  travaillent  à  pièce;  elles  sont  payée*  par  100  kilo- 


Les  nettoyeuses  et  les  satineuses  sont  payée*  par  rame. 

Les  ouvrier*  travaillant  à  la  cure  doi*ent  Faire  vingt  por»«  pour  une  jour- 
née. —  La  parte  ait  une  ma**e  de  papier  ayant  dis  centimètre*  de  hauteur  : 
le*  vingt  panes  font  de  six  à  sept  rame*  de  papier. 

Le  machiniste,  le*  colleurs,  le*  leveuses  et  tous  les  autre*  ouvrier*  tra- 
vaillent a la  journée. 

Le*  enfants  sont  engagés  et  payés  par  le  chef,  qui  se  le*  procure  d'ailleurs 
facilement.  Leur  travail  est  peu  fatigant;  ils  arrangent  le  papier  et  lèvent  à 
la  cuve  ;  les  petites  filles  lèvent  à  la  collerie  et  satinent. 

En  été,  le  travail  commence  a  cmq  heures  et  demie  dn  inatiu,  et  Boit  à  sept 
heure*  du  soir.  —  Bu  hiver ,  on  commence  et  l'en  finit  aveu  1e  jour.  On  ne 
dépasse  jamais  on*  tante*. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repo*  le  matin,  an*  heure  à  midi  et  une  demi- 
heure  à  quatre  heures. 

Le  travail  de  nuit  est  indispensable  pour  les  meunier»,  c'est-à-dire  pour 
les  ouvriers  chargés  de  la  mouture  des  chiffons  :  ce*  ouvrier*  se  relayent 
toutes  les  douie  heures,  et  font  alternativement  une  semaine  de  travail  de  jour 
et  une  semaine  de  travail  de  nuit. 

Presque  tous  le*  ouvrier*  prennent  leurs  repas  dan*  la  fabrique. 

On  travaille  quelquefois  le  dimanche,  et  jamais  on  ne  chôme  te  lundi; 

Quelque*  ouvrier*  gagnent 5  francs  par  jour;  nui*  La  plupart  ne  gagnent 
qu'un  franc  ou  1  fr.  28  centime*.  • 

Le  formeur  (papier  à  la  main)  gagne  1  franc  80  centime*  par  jour. 

Les  enfants  gagnent  en  général  BS  centime*  par  jour. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail*  augmenté  de  â3  a  56  centime*. 

Les  enfants  employés  dans  cette  fabrique  savent  tous  lire  et  écrire;  on  ne 
les  accepte  que  lorsqu'ils  ont  fait  leur  première  communion. 

Tous  le*  ouvriers  de  l'âge  de  vingt  à  vingt-cinq  ans  tavent  lire  et  écrire  ; 
le*  vieux  ouvriers  sont  de  l'ignorance  la  plus  complète. 

Les  hommes  et  les  femmes  travaillent  dans  de*  locaux,  séparés  ;  leur  con- 
duite est  excellente. 

L'établissement  ne  posséda  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  pour 
le*  malades. 

La  santé  des  ouvrier*  est  trèft-bonne,  et  la  fabrication  «expose  à  aucune 

L'opération  la  plu*  dangereuse  est  le  blanchiment  de  la  pâte  au 
moyen  du  chlore  gazeux.  La  pâte  est  arrangée  par  étages  dans 
des  chambres  où  l'on  fait  passer  un  courant  de  chlore,  après  les 


^y  Google 


404  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
■voir  fermées  hermétiquement  -  au  moyen  d'un  lut.  Lorsqu'on 
ouvre  ces  chambres,  après  que  l'opération  est  terminée,  il  s'en 
échappe  une  atmosphère  de  chlore  des  plus  dangereuses  pour  les 
ouvriers  chargés  de  cette  besogne.  Dent  ouvriers  y  ayant  même 
trouvé  la  mort,  on  a  cherché  à  rendre  ce  travail  moins  dangereux, 
et  l'on  s'est  arrêté  au  -moyen  le  plus  simple  et  en  même  temps  le 
meilleur,'  celui  de  rendre  l'ouverture  des  chambres' possible,  les 
ouvriers  se  trouvant  en  dehors  du  local  et  au  grand  air.  Depuis 
lors  il  n'y  a  plus  eu  le  plus  léger  accident. 

L'appareil  pour  le  dégagement  du  chlore  pourrait  être  mieux 
monté  :  il  se  trouve  dans  le  local  même  où  sont  construites  les 
chambres  de  blanchiment.  Cet  appareil  devrait  être  placé  en 
dehors  de  ce  local  et  à  l'air  libre. 

Une  autre  opération  qui  n'est  pas  sans  présenter  quelques  incon- 
vénients ,  c'est  la  coupe  et  le  triage  des  chiffons  :  beaucoup  de 
trieuses  ne  peuvent  supporter  ce  travail,  à  cause  de  la  poussière 
qu'il  occasionne.  Le  chef  n'a  cependant  point  observé  que  les 
maladies  de  poitrine  fussent  communes  chez  ces  ouvrières  ;  mais 
comme  il  nous  a  dît  que  les  nouvelles  arrivées  étaient  sujettes  à 
contracter  de  la  tous  et  qu'on  les  renvoyait  alors  immédiatement 
pour  les  remplacer  par  d'autres,  On  s'explique  fort  bien  pourquoi 
ces  maladies  n'ont  pas  été  observées. 

Les  maladies,  de  peau  sont  assez  rares  chez  ces  ouvrières. 

Le  criblage  ou  tamisage  des  chiffons  pour  eft  séparer  les  ordures 
et  la  poussière ,  tel  qu'il  est  usité  dans  cette  fabrique ,  met  les 
ouvriers  complètement  à  l'abri  de  la'  poussière  abondante  qui 
résulte  de  cette  opération..  La  machine  a  cribler ,  un  cylindre  ou 
tambour ,  dont  les  parois  sont  formées  d'un  treillis  en  fil  de  fer , 
est  placée  dans  un  local  qui  ferme  hermétiquement  et  où  l'ouvrier 
ne  doit  entrer  que  pour  charger  et  décharger  le  tambour  :  le 
tambour  une  fois  chargé  de  chiffons ,  on  le  met  en  mouvement 
au  moyen  d'une  manivelle  placée  a  l'extérieur. 

Très- peu  d'ouvriers  de  cette  fabrique  sont  inscrits  sur  la  liste  des 
pauvres  ■:  généralement  on  ne  peut  pas  dire  qu'il  y  ait  de  la  misère 
chez  eux  ;  leurs  habitations  sont  propres  et  saines.  Leur  nourri- 
ture consiste  principalement  en  pain ,  pommes  de  terre  ou  autres 
légumes,  et  café  t  ils  ne  mangent  de  la  viande  qu'une  fois  par 
semaine. 

Le  travail  à  la  cuve  (papier  à  la  main)  se  fait  dans  un  local  au- 
dessous  du  rez-de-chaussée  :  ce  local  est  assez  vaste ,  bien  éclairé 


D,g  liz^d  bV  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES).  INDUSTRIELS  DU  BRÀBANT.    405 

et  bien' aéré,  proprement  tenu,  et  il  n'y  a  d'autre  humidité  que 
celle  qui  est  inséparable  de  ce  travail  :  de  tousjes  locaux  destinés 
à  la  fabrication  du  papier  a  la  main  que  nous  avons  tus  ,  c'est , 
sans  contredit,  le  plus  salubre. 

Tous  les  ouvriers  nous  ont  paru  jouir  d'une  bonne  sauté  et  se 
faisaient  remarquer  par  une  propreté  très-grande. 

Le  chef  n'a  arrêté  aucun  règlement  d'ordre  ou  de  discipline; 
lorsqu'il  prend  un  nouvel  ouvrier,  il  exige  le  dépôt  du  livret. 

Nous  avons  visité  cet  établissement  avec  une  véritable  satisfac- 
tion ;  il  est  bien  tenu  et  d'une  propreté  exquise  ;  tous  les  locaux  en 
sont  vastes,  bien  éclairés  et  bien  aérés,  et  ne  laissent  rien  à  désirer 
sous  le  rapport  de  la  salubrité.  Un  seul  fait  exception ,  c'est  l'ate- 
lier des  cou  peu  ses  et  des  trieuses ,  qui ,  en  raison  du  nombre  de 
femmes  qui  y  travaillent  et  de  la,  poussière  qui  y  règne,  toujours , 
n'est  pas  assez  ventilé  et  manque  de  hauteur  ;  il  n'a,  en  effet ,  que 
2  mètres  62  centimètres  d'élévation. 

En  félicitant  le  propriétaire  de  la  bonne  tenue  de  son  établisse- 
ment, nous  lui  avons  exprimé  nos  regrets  dé  ce  que  l'atelier  où  se 
fait  le  travail  le  plus  sale  et  le  plus  incommode,  le  triage  des  chif-  . 
fons,  était  précisément  celui -qui  laissait, le  plus  a  désirer  sous  le 
rapport  de  la  salubrité ,  par  son  manque  d'élévation  et  de  venti- 
lation. Il  nous  a  répondu  qu'il  se  proposait  de,  faire  abattre  cette 
partie  de  bâtiment,  et  que  lors  de  la  reconstruction,  il  aurait  égard 
a  nos  observations  dont  il  appréciait  toute  la  justesse. 

1T1H1MMM1    B.  ' 

Les  moteurs  sont  nue  machine  *  vapeur  de  la  force.de  dix  chevaux  et 
une  chute  d'eau  de  la  force  de  vingt-cinq  a  trente  chevaux.  ■  ■ 

On  y  fabrique  le  papier  à  la  mécanique. 

Sur  Ici  cinquante  ouvriers  employés,  il  y  a  dix  homme*  adultes  et  qua- 
rante femmes  ou  Elles  (1).  La  plupart  des  ouvriers  sont  mariés. 

Le  travail  continue  toute  l'année. 

Les  ouvrier*  occupés  à  la  machine  et  le*  meunier*  travaillent  à  Ut  journée  ; 
le*  trieuses  i  forfait. 

La  durée  du  travail  e*t  Du  peu  plus  longue  qu'elle  ne  l'émit  jadis;  le  tra- 
vail commence,  en  tonte*  saisons,  à  sii  heures  du  malin,  et  finit  à  sept  heure* 
du  soir.  Il  est  très-rare  que  ce*  limite*  soient  dépassée». 

Le*  ouvriers  travaillant  a  la  journée  ont  une  heure  et  demie  de  repos  :  le* 
trieuses  travaillant  à  forfait  s'arrangent  comme  elle*  veulent. 

Beaucoup  d'ouvrier*  prennent  leur*  repas  dan*  la  fabrique. 

(1)  Cal  établissement  occupe  aujourd'hui  plus  de  vingt-cinq  enfant». 


>aiizftdby  Google 


406     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Jusqu'à  présent  il  n'y  a  pM  de  travail  de  nuit,  mai*  on  se  propete  de 
l'établir  aussitôt,  qu'on  aura  monté  une  machine  a  vapeur  beaucoup  pins 
forte  que  celle  qui  existe  actuellement  {de  la  force  de  quarante-cinq  clie- 

Les  meuniers  travaillent  encore  vingt-quatre  heures  de  suite,  mail  on 
nous  a  assurés  que  bientôt  on  les  relayerait  de  dôme  en  douze  heures. 

Actuellement  on  ne  travaille  pat  le  dimanche  :  cependant  on  te  propose 
de  le  faire  plu*  tard. 

Jamais  ou  ne  chôme  le  lundi. 

Le  prii  de  la  journée  de  travail  varie  de.     .     1  fr.  30  à  1  IV.  80 

Les  meuniers  gagnent 1  —  42 

Les  trieuses  environ *  —  78 

Depuis  trois  ans  le  salaire  a  augmenté  d'environ  1 5  centimes. 
L'instruction  des  ouvriers  est  tout  à  fait  nulle  :  leur  conduite  est  eu 
général  bonne. 

Les  hommes  et  les  femmes  travaillent  dans  de»  locauk  séparés. 
Il  n'y  a  ni  naisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  peur  les  malades. 
La  santé  des  ouvriers  est  en  général  bonne  ;  il*  sent  rarement  malade*  : 
la  fabrication  à  la  mécanique  n'eipese  il  aucune  maladie. 

On  n'a  pas  observé  que  les  trieuse*  fù**ent  sujettes  a  des  maladies  de 
poitrine.  Les  maladies  de  peau  sont  peu  communes  parmi  elles. 

Le  directeur  de  cette  fabrique,  qui  a  Une  connaissance  parfaite 
de  la  fabrication  a  la  main,  telle  qu'elle  se  fait  dam  quelques  petites 
fabrique*  voisines,  déclare  que  cette  fabrication  eteroeuneinfiuenoe 
nuisible  sur  la  santé  des  ouvrier». —  Les  coucheur»  finissent  presque 
toujours  par  souffrir  de  la  poitrine.  Les  bemmefl  employés  a  la 
cuve  se  voûtent,  deviennent  rbumalisé*  et  ont  ordinairement 
un  teint  pale  :  leurs  jambes  se  couvrent  quelquefois  de  clous.  Ceux 
principalement  qui  travaillent  dans  les  fabriques  où  l'on  fait  du 
papier  a  envelopper  le  sucre ,  deviennent  pales  et  étiolés ,  et  sont 
souvent  vivement  incommodés  par  l'odeur  infecte  que  répandent 
les  chiffons  grossiers  lorsqu'ils  sont  en  voie  de  décomposition. 

On  n'a  encore  eu  à  regretter  aucun  accident  dans  celte  fabrique. 

De»  coupures  plus  ou  moins  sérieuses  «ont  no  tribut  qtte  beaucoup  de 
trieuses  payent  à  l'apprentissage. 

Quelques  femmes  seulement  «ont  insorites  sur  la  liste  des  pauvres. 

11  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mais  te  directeur  nous 
a  dit  qu'il  était  occupé  à  en  rédiger  un. 

On  n'exige  pas  le  dépôt  d'an  livret,  par  la  raison  que  le»  ouvriers  sont  toui 
de  la  commune  et  parfaitement  connus. 

Cet  établissement,  propre  et  bien  tenu,  noue  a  paru  offrir  des  conditions 
suffisantes  de  salubrité.  L'atelier  de*  trieuses  manque,  du  reste,  comme 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTÀBLDSSEM.  INDUSTRIELS  MI  BRUANT.    407 

dan*  toute»  le*  antre*  fabrique*  de  mime  genre  que  noua  avons  visitées,  de 
cette  ventilation  large  et  bien  entendue,  impérieu tentent  réclamée  par  U 
nature  dn  travail  qui  s'y  fait. 

i-t uuuiini  C. 

■  Les  moteurs  sont  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  six  chevaux  et  nue 
chute  d'eau  de  la  force  de  vingt. 

Cette  fabrique  de  papier  à  la  mécanique  occupe,  tonte  Tannée,  vingt-deux 
ouvrier»; huit  hommes  et  quatorze  femmes. 

Tons  travaillent  à  la  journée,  qui  commence,  en  été,  à  cinq  faenre»  et 
demie  du  matin,  pour  finir  à  sept  heures  dn  soir.  En  hiver,  on  commence  à 
•ii  heures  du  matin,  et  Ton  finit  à  six  heures  dn  soir. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées,  nuis  généralement  on  ne  fait  ator* 
qu'un  quart  en  plu*. 

H  est  Ires-rare  que  l'on  travaille  la  nnit,  et  cela  n'arrive  ordinairement  que 
lorsqu'il  y  a  en  quelque  dérangement  aux  machines. 

Lee  meunier*  *e  relayent  tonte*  le*  douze  heure*,  et  font  alternativement 
une  semaine  de  travail  de  nuit  et  une  semaine  de  travail  de  jour. 

Le*  intervalle»  de  repos  «ont  :  une  demi-heure  le  matin,  trois  quarts 
d'heure  à  midi,  et  une  demi-heure  a  quatre  heure*;  en  hiver,  on  supprime 
l'intervalle  de  repos  à  quatre  heures. 

Les  ouvriers  sont  dans  l'habitude  de  manger  dans  râtelier. 

On  travaille  quelquefois  le  dimanche  pour  satisfaire  a  des  demande*  pres- 
santes, ou  pour  récupérer  le  temps  perdu  par  toile  d'accidents  survenus  a 
la  mécanique  ou  à  la  machine  à  vapeur. 

Jamais  on  ne  chôme  le  lundi. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  peut  être  évalué  a  1  fr.  pmw  les  meuniers 
et  le*  ouvriers  employés  à  la  mécanique,  et  a  63  centimes  pour  les  trieuses. 

Ce  prix  a  augmenté  de  Su  centimes  environ. 

L'instruction  des  ouvrier*  peut  être  dite  noRe;  deux  seulement  savent 
lire  et  écrire  :  leur  santé  et  leur  conduite  sont  bonne*. 

Le*  homme*  et  les  femmes  travaillent  dans  de»  locaux  séparés. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le»  malade*. 

Le  chef  déclare  que  les  ouvriers  fentrier*  et  meuniers  sont  sujets  aux 
rhumatismes,  et  qu'ils  se  voûtent  de  bonne  heure. 

On  n'a  pa*  eu  d'accident»  grave»  à  déplorer  dans  celte  fabrique  :  «Vu» 
ouvriers  se  sont  légèrement  brûlé  le*  mains. 

On  ignore  (II  y  a  des  ouvrier»  inscrit»  »nr  la  liste  des  pauvre*-. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  et  le  dépôt  dn  livret 
n'e»t  pas  eiigé. 

Cet  établissement  est  peu  spacieux  :  la  plupart  des  locaux  «ont  trop  étroits 
et  mal  aéré»  ;  celui  où  se  trouve  la  mécanique  à  papier  continu  est  trop  bas, 
•ombre  et  très-humide  ;  l'entrée  en  est  détestable,  et  il  faut  user  de  précau- 
tion* pour  éviter  le  jeu  de  la  machine  à  vapeur. 


^y  Google 


408     CONSEIL  CENTRAI,  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
■       .   etibliisement  D. 
Les  moteur*  «ont  un  moulin  à  vent,  une  «bute  d'eau  de  la  force  de  vingt- 
deux  chevaux  et  deux  machine»  a  vapeur  de  la  force  de  huit  chevaux  cha- 

On  v  fabrique  du  papier  à  la  mécanique. 

Cet  é ta bl i> terne ot  n'est  pas  encore  en  pleine  activité  :  lors  de  notre  visite; 
on  n'y  occupait  que  vingt  femmes  trieuses;  le  nombre  total  des  ouvriers  sera 
plus  lard  de  cinquante. 

Le*  ouvrier*  meunier*  se  relayent  toute*  les  douze  heures,  et'  travaillent 
eJ  teruativ émeut  une  semaine  la  nuit  et  une  semaine  le  jour. 

Les  trieuses  nous  ont  paru  être  bien  portantes,  et  leur  mise  était  propre. 

Le  chef  ne  connaît  pas.  de  maladies .  particulières  à  la  profession  ;  son 
contre-maître,  qui  a  pins  d'expérience  de  la  fabrication,  déclare  que  les 
ouvrier*  a  la  cuve  se  voûtent  au  bout  de  quelque*  années  de  travail. 

Tous  le»  locaux,  celui  de*  trieuse*  excepté,  sont  vastes,  bien  aérés,  et 
noua  ont  paru  offrir  de*  conditions,  suffisante*  de  salubrité.. 


'    On  y  fabrique  le  papier  à  la  mécanique. 
Le  moteur  est  une  chute  d'eau. 

■  Lors  de  notre  visite  (8  septembre),  c'était  fête  dans  la  localité  où  se  trouvé 
celte  fabrique  :  n'ayant  pu  rencontrer  ni  le  chef,  ui  le  contre-maître,  nous 
u'asons  pu  prendre  aucun  renseignement,  et  nous  nous  sommes  borné*  à 
visiter  les  différent»  ateliers. 

Tous  «ont  spacieux,  bien  aérés,  et  se  font  remarquer  par  leur  propreté; 
.  celui  surtout  qui  contient  la  mécanique  à  papier  continu  offre  toutes  les  con- 
dition* désirable»  de  salubrité. 

L'atelier  de*  cou  penses  et  trieuses  est  un  peu  trop  bas;  il  est  bien  éclairé, 
mais  il  manque  de  moyens  de  ventilation.  . 

'  Le  blanchiment  de  la  pâte  au  chlore  gazeux  y  est  usité ,  mais  l'appareil 
pour  le  dégagement  de  ce  gai  a  été  construit  a  l'air  libre.  Les  chambres  k 
blanchiment  sont  trop  rapprochée*  des  magasin»  aux  chiffons  et  de  quelque* 
ateliers  de  femme*  :  une  odeur  vive  de  chlore  régnait  dans  ces  locaux,  et 
bien  certainement  elle  doit  incommoder  les  ouvrière*.  ' 

Nous  avens  rencontré  dans  cette  fabrique  une  machine  à  cribler,  disposée 

comme  dans  L'établissement  A,  de  sorte  que  les  ouvrier*  ne  peuvent  pas  être 

incommodés  par  la  poussière  qui  résulte  du.  criblage  ou  tamiiage  des  chiffons. 

.   S'il  y  a  un  règlement  d'ordre,  et  de  discipline,  il  n'est  du  moins  pas  affiché 

;  dans  le*  ateliers. 

Cet  établissement,  comme  ceux  A  et  B,  est  bien  tenu  et  ne  laisse  que 
fort  peu  de  chose  à  désirer. 

irsausenis»  F. 

fabrication  de  papier  a  la  mécanique. 

Le  moteur  est  une  chute  d'eau  de  la  force  de  soixante  chevaux. 


ïgnzedr*  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BUABANT.    40» 
Il  y  a  une  chaudière  à  vapeur  pour  chauffer  lu  cylindre*  de  la  machine 
à  papier  continu. 
Le  travail  hc  continue  toute  l'année  et  on  y  occupe  trente-deux  ouvrier*, 

«avoir,  huit  hommes,  vingt  et  une  femmes,  et  trois  enfants  de  quatorze  à  quinze 

On  n'accepte  pa*  d'enfants  au  dessous  de  l'âge  de  douze  aa». 
.  Les  enfants  sont  engagés  et  payés  par  In  chef,  qui  se  le*  procuré  très- 
aisémènt. 
:  Dix-neuf  femmes  travaillent  à  forfait  :  tout  les  antre*  ouvrier*  travaillent 
ï  la  journée. 

Le  travail  commence,  en  toute*  saison»,  à  sii  heure*  du  matin,   et  finit  à   . 
•îx  heures  du  soir.  Quelquefois  cependant  ces  limite»  «ont  dépassée*  de  trois 
on  quatre  heure* ,  et  le*  enfants  prennent  alors  part  à  ce  travail  extraordi- 
naire. Leur  occupation  est  d'ailleurs  peu  fatigante  et  consiste  principalement 
à  prendre  le  papier  à  mesure  qu'il  sort  coupé  de  la  machine. 

Il  est  rare  que  l'on  travaille  le  dimanche  :  le.  travail  est  cependant  tou- 
jours obligatoire,  ce  jour,  pour  les  quatre  ouvriers  employé»  au  moulin.  — 
Ou  ne  chôme  jamais  le  lundi. 

Quelquefois  on  travaille  la  nuit,  mais  cela  est  rare  :  le»  enfant»  «ont  alors 
occupé*  aussi. 

lie*  ouvrier*  meunier*  ne  ae  relayent  que  toute*  le*  vingt-quatre  heures. 

Fendant  le  travail  de  jour,  le»  ouvrier*  jouissent  d'une  heure  et  demie  de 
repos.  —  La  plupart  prennent  leurs  repas  dan»  la  fabrique. 

Le»  ouvrier*  meunier*  gagnent  I  franc.  36  centime*  par  douxe  heures, 
•oit 2  franc* 73 centime*  pour  le*  vingt-quatre  heures  de  travail  continu. 
.  Ceux  employés  à  la  mécanique  gagnent  3  francs  par  jour. 

Les.  femme*  gagnent  8i  centimes  psr  jour. 

Celle»  qui  travaillent  à  forfait  gagnent  de  7  a  9  francs  par  quinzaine. 

Il  y  a  eu  depuis  quelque»  année*  une  légère  augmentation  dan*  le  salaire 
de*  on  Trier*. 

Deux  enfant*  savent  lire.  —  L'instruction  des  ouvrier*  adulte*  est  tout  à 
fait  nulle. 

Les  homme»  et  le*  femme*  travaillent  dans  des  locaux,  distinct*. 

Leur  conduite  est  eu  général  très-bonne. 
.  11  existe  dan*  rétablissement  une  caisse   d'amendes  dont  on  ditpoae  en 
faveur  de*  ouvrier*  malade*  ;  ceux-ci  reçoivent  «oit  la  moitié,  aoit  le  total  de 
leur  journée  ordinaire. 

Longtemps  on  a  fait  de*  avances  aux  ouvriers,  mai*  on  a  enfin  aboli  cette 
mauvaise  habitude. 

La  santé  de*  ouvriers  est  bonne  :  le  directeur  déclare  ne  con- 
naître aucune  maladie  propre  a  la  fabrication.  Il  signale  comme 
très-nuisible  l'ancien  système  de  fabrication,  celui  a  la  cure. 
Le»  enfante  qu'on  employait  a  ce  travail  devenaient  malingre*  et 


DglizedOy  GOOgle 


410     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUIELUJS. 
rabougrie.  La  voussure  et  les  affections  rhumatismales  étaient  le 
triste  partage  de  tous  les  ouvriers  qui  avaient  passé  quelques  années 
à  la  cuve. 

On  a  eu  a  regretter  plusieurs  accidents  dans  cette  fabrique;  les 
uns  ont  été  occasionnés  par  la  mécanique  à  couper  le  papier,  et  les 
autres  par  les  cylindres  destinés  à  le  sécber  :  quelques  ouvriers 
ont  été  estropiés,  et  un  a  même  succombé  a  sa  blessure.  Le  direc- 
teur lui-même  a  perdu  plusieurs  phalanges  de  ses  doigts.  En 
général,  ces  blessures  ne  peuvent  être  attribuées  qu'à  l'imprudence 
ou  à  la  maladresse  de  ceux  qui  les  ont  reçues. 

Il  n'y  a  pas  de  misère  parmi  les  ouvrier»  de  celte  fabrique  ;  un  ou  deux 
seulement  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvre*;  i|s  sa  pourri  ■sent  assa  bien, 
et  la  propreté  règne  dans  leur  demeure  et  sur  leur  personne. 

Il  existe  un  règlement  d'ordre  et  de  discipline,  au  quai  on  liant  fermement 
la  main. 

On  n'exige  pas  le  dépôt  du  livret. 

L'appareil,  pour  le  dégagement  du  chlore  gazeux,  est  placé  dans 
un  local  séparé,  bien  fermé  vers  le  bas,  mais  largement  ouvert  par 
le  haut.  L'appareil  est  du  reste  bien  monté.  Avant  d'ouvrir  les 
chambres  au  chlore ,  on  a  soin  de  laisser  échapper  ce  gaz  par  une 
fenêtre  dont  chaque  chambre  est  pourvue. 

L'atelier  des  coupeuses  est  très  élevé  et  bien  aéré. 

L'établissement  possède  une  pompe  à  incendie  dont  les  ouvriers  connais- 
sent le  maniement  ;  on  leur  (ait  faire  souvent  des  exercice*  avec  cette  pompe. 

ITllLlSSinSNT   G. 

On  ne  fait,  dans  cette  fabrique,  que  du  papier  a  la  main. — Le  moteur  est 
une  chute  d'eau  de  la  force  de  quime  à  vingt  chevaux. 
On  y  occupe  trente  ouvriers,  quatorze  hommes,  huit  femmes  et  huit 

Les  ouvriers  sont  employés  toute  l'année,  et  tous  travaillent  à  forfait, 
excepté  les  meuniers. 

Les  enfants  sont  acceptés  à  partir  de  Tige  de  hait  ans;  mais  on  ne  se  les 
procure  pas  facilement,  parce  qu'il  est  une  foule  d'industries  où  ils  peuvent 
gagner  davantage.  Ils  sont  engagés  et  par  le  chef  et  par  les  ouvriers,  mais 
toujours  payés  par  le  chef.  Peu  d'enfants  travaillent  dans  cette  fabrique 
avec  leurs  parent*. 

Le  travail  qu'on  leur  confie  est  peu  fatigant;  ils  aident  les  ouvriers  et 
lèvent  le  papier  ;  il  y  en  a  ordinairement  quatre  par  cuve. 

Sa  été,  la  journée  nomstenea  de  quatre  à  cinq  heures  du  matin,  et  Suit  a 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.  411 
cinq  on  six  heures  du  soir;  en  hiver,  on  commence  à  lit  heures  du  matin,  et 
l'on  finit  à  cinq  heure*  du  *oir. 

Quelquefois,  mai*  dans  de»  circonstances  rares,  on  travaille  jusqu'il  minuit. 
Quelquefois  aussi,  mais  plu*  rarement  encore,  on  travaille  toute  la  nuit. 

Les  enfant*  prennent  part  a  ces  travaux  extraordinaires. 

En  gênerai,  la  durée  du  travail  est  moins  longue  qu'elle  ne  l'était  il  y  a  quel- 

Les  ouvriers  ont  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  et  une  heure  et  demie 
à  midi. — Le  déjeuner  et  le  goûter  ont  lieu  dans  la  fabrique  ;  le  dîner  se  fait 
an  dehors. 

Ilest  rare  qu'on  travaille  le  dimanche.— On  ne  chôme  pas  le  lundi:  le* 
ouvriers  font  toujours  trois  ou  quatre  quart*. 

Ici,  comme  dan*  plusieurs  autre*  fabriques,  le*  meuniers  doivent  tra- 
vailler vingt-quatre  heures  de  suite. 

Le  gain  journalier  des  ouvriers  peut  être  établi  comme  suit  : 

Pour  les  formenrs,  de fr.     1  80  à  9 

=  coucheurs,  de *      1  64  à  1  71 

leveurs,  de 0  6U  0  Tl 

*  leveurs  du  petit  feutre,  de »     0  27  à  0  36 

*  meuniers  (vingt-quatre  heure*  de  travail),de.  »  1  35  à  I  44 
Il  y  a  eu,  sur  le  salaire  de*  ouvriers,  une  diminution  de  18  à  $6  centimes. 
L'instruction  des  enfants  est  nulle,  parce  que  le*  parents  se  hâtent  de  le* 

envoyer  dans  le*  fabriques  pour  leur  faire  gagner  quelque  chose. 

i  adultes  sont  aussi  très-ignorants  :  très-peu  savent  lire  ou 


mmes  travaillent  réunis  dans  le*  mêmes  ateliers;  mais  le  chef 
y  exerçant  une  surveillance  continuelle,  il  n'en  résulte  aucun  inconvénient. 

La  conduite  des  ouvrier*  est  bonne  :  cependant  ils  forment  quelquefois 
des  coalitions  pour  obtenir  une  augmentation  de  salaire. 

L'établissement  ne  possède  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour 
le*  malade*. 

Le  chef  déclare  que  la  santé  de  ses  ouvriers  est  assez  bonne,  mais  que  cens 
qui  travaillent  à  la  cuve  finissent  par  se  courber ,  se  voûter  ,  et  par  être 
atteints  de  rhumatisme. 

Quelques  ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  F  ce  sont  de* 
hommes  marié*  ayant  une  nombreuse  famille. 

Il  n'y  a  pat  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  et  Ton  n'exige  pas  non 
pin*  le  dépôt  du  livret,  cette  mesure  «tant  peu  ou  point  exécutée  dan*  la 

Celle  fabrique  est  mal  tenue  :  tous  les  ateliers  sont  trop  peu 
vastes  et  manquent  d'air;  celui  où  se  trouvent  le*  cures  est  des  plus 
insalubres  :  il  est  très-humide,  froid,  et  beaucoup  plus  bas  que  le 
reir-de-chau*aee.  Les  ouvriers  qui  travaillaient  là  ont  produit  sur 


^y  Google 


412  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
nous  une  pénible  impression;  !a  pâleur  de  la  face,  la  déformation 
anticipée  des  traits,  dénotaient  assez  la  funeste  influence  de  leur 
travail.  Un  formeùr  de  cinquante  ans,  tout  courbé  et  voûté,  parais- 
sait bien  avoir  toisante  et  dis  ans.  Les  enfants,  à  face  blême,  nous 
ont  présenté  tous  les  caractères  de  la  constitution  scrofuleuse  la  mieui 
prononcée  :  en  les  voyant,  on  peut  assurer  d'avance  qu'ils  ne 
deviendront  jamais  des  hommes. 

EVIILISSIBIKT  H. 

On  n'y  fait  que  du  papier  de  qualité  inférieure  ;  du  grié ,  du  bleu  «l  du 
blanc. 

Le  moteur  est  une  chute  d'eau  de  la  force  de. quinze  chevaux. 

La  fabrication  a  lieu  â  la  main. 

On  y  emploie  douze  ouvriers.  Il  n'y  a  pas  d'autre*  enfanta  que  les  trois  fils 
du  chef,  qui  participent  aux  travaux. 

Le  travail  continue  toute  l'année,  et  le*  ouvriers  sont  loua  employés  à  la 
journée. 

La  journée  commence,  en  été,  à  cinq  heure*  dn  matin,  et  finit  à  six  heure* 
du  soir  ;  en  hiver ,  on  ne  travaille  que  de  six  heures  du  matin  à  mi  heures 
du  soir.  Il  cal  accordé  une  heure  et  demie  de  repos  pendant  le  jour. 

Ce*  limites  sont  quelquefois  dépassées,  le  travail  se  continuant  même  toute 
la  nuit.  Le*  enfant*  prennent  part  à  tous  le*  travaux  extraordinaires. 

Le*  meuniers  travaillent  toujours  vingt-quatre  heures  de  suite. 

Une  partie  de*  ouvrier*  prend  ses  repas  dans  la  fabrique  ;  ce  sont,  d'ordi- 
naire, ceux  dont  le  domicile  est  Lrè» -éloigné. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  on  u'eat  pas  non  plu*  dan»  l'ha- 
bitude de  chômer  le  lundi. 


Le  salaire  n'a  éprouvé  aucune  variation  ;  on  peut  le  lai 

Pour  le  formeur.     .     . 

fr.    1  80  par  jour 

•    ■     coucheur   .     . 

-     I   26        • 

leveur  .... 

.     0  78  à  0  81  . 

«         petit  leveur 

i     0  56 

Les  enfants  savent  lire  et  écrire  (c 

a  «ont  ceux  du  chef) 

L'instruction  des  autre*  ouvriers  est  tout  'à  fait  nulle.  Leur  conduite  et 
leur  santé  sont  bonnes. 

Le  chef  ne  connaît  aucune  maladie  particulière  à  la  profession  ;  il  nie 
même  que  le*  affections,  rhumatismales  soient  plus  fréquentes  dans  cette 
fabrication  que  dans  d'autres,  et  convient,  tout  au  plus,  que  les  ouvriers  se 
voûtent  de  bonne  heure. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  pour  les  malades.  On 
ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  ;  ou  ne  le  pense 
pas,  car  les  ouvriers  peuvent  vivre  â  peu  de  frais  à  la  campagne,  et,  en 
général,  ils  mènent  une  vie  très- réglée,  et  ne  sent  pas  buvenr*. 


jv  Google. 


ENQUÊTE  DANS.  LES  ÉTABLISSE*.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.   415 
Il  n'y  a  pu  de  règlement  d'ordre  on  de  discipline,  ut  le*  dispositions  rela- 
tive! au  livret  ne  «ont  point  observée*. 

Cette  fabrique  peut  être  assimilée  à  la  fabrique  G,  mu*  le  rapport  de 
l'insalubrité.  Tous  le»  locaux  Mat  petit*,  humide»  et. dépourvu*  de  moyen* 
d'aérage.  Celui  où  se  trouvent  les  cuves  e*t  cependant  un  peu  meilleur  que 
dan*  l'établissement  G.  Le*  ouvrier»  nous  ont  paru  être  aussi  mieux  por- 
tant». 

Quoi  qu'en  ail  dit  le  chef,  il  nous  paraît  évident  qu'au  bout  de 
quelques  années  de  travail,  les  ouvriers  doivent  se  ressentir  de 
l'atmosphère  froide  et  humide,  au  milieu  de  laquelle  ils  se  trouvent 
presque  constamment.  L'influence  de  celte  atmosphère  doit  se 
faire  sentir  d'autant  plus  certainement  qu'elle  «'exerce  sur  des 
hommes  prenant  Une  nourriture  peu  réparatrice,  et  dont  un  pain 
grossier,  des  pommes  de  terre  et  du  café  très-faible,  forment  la 
base  principale. 


iTiiuHiiEii  A.  —  Inditnnct  et  teinturerie. 

Le»  moteur*  sont  deux  machine*  a  vapeur  ;  f  une  de  la  force  de  quatre 
chevaux,  et  l'autre  de  la  force  de  huit. 

On  ;  occupe  cent  ouvrier*  ;  sur  ce  nombre,  il  y  a  quarante  homme*  ,  dix 
femmes  et  cinquante,  enfant*. 

Les  enfant*  «ont  accepté*  des  l'âge  de  huit  ans;  ils  sont  engagés  par  le* 
ouvriers.  On  se  les  procure  facilement. 

.  Ci-devant,  on  pouvait  occuper  les  ouvrier*  toute  l'année;  mais,  depuis  cinq 
ans,  cette  industrie  est  tellement  tombée,  que  le»  ouvriers  sont  occupés 
tout  au  plu*  trois  ou  quatre  jours  par  semaine,  et  que,  en  hiver,  on  reste 
quelquefois  plusieurs  semaines  de  suite  sans  pouvoir  leur  donner  du  travail. 
On  a  même  pris  le  parti  de  ne  plus  remplacer  le*  ouvriers  qui  quittent  la 
fabrique,  afin  de  pouvoir  continuer  a  donner  du  pain  aux  ancien*. 

Ce  malaise  est  attribué  à  la  concurrence,  mai*  surtout  à  la  concurrence 
étrangère  et  au  manque  de  débouché*. 

La  plupart  des  ouvrier*  travaillent  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  a  six  heure*  du  matin,  et  nuit  a  six  heure*  et 
demie  du  soir;  en  hiver,  on  travaille  de  aept  heure*  du  matin  a  sept  heures 
du  soir.  Ce*  Limite*  ae  Mal  jamais  dépassées,  et  Ton  ne  travaille  jamais  non 
plus  la  nuit. 

Le*  ouvrier*  ont  une  demi-  heure  de  repos  le  matin  et  une  demi-heure  à 

S7. 

DgtizedOy  GOOgle 


414   CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
midi  ;  l'après-dînée,  il  n'y  a  pan  d'intervalle  de  repos  ;  ils  mangent  leur  tartine 
tout  en  travaillant. 
Ed  général,  les  repas  se  prennent  dana  les  ateliers. 

Il  est  très-rare  que  l'on  travaille  le  dimanche;  cela  n'arrive  que  pour  satis- 
faire à  trne  commande  pressante.  Le  mécanicien  est  cependant  obligé  de 
travailler  le  dimanche. 

Le  chômage  est  de  force  majeure  le  lundi ,  puisqu'il  n'y  a  pas  aiseï  d'ou- 
vrage pour  occuper  les  ouvriers  toute  la  semaine . 
Quand  l'ouvrage  ne  manque  pas,  on  ne  chôme  pas. 
Le  salaire  a  nécessairement  diminué,  et  la  diminution  a  principalement 
frappé  sur  le  salaire  des  ouvriers  imprimeurs. 

Le  gain  journalier  actuel  peut  être  fixé  comme  suit  ; 

Ouvriers  adultes   .     .     de  fr.     1  00     à     1  29 

Imprimeurs  a  la  main.         .  2  IK> 

•  au  rouleau.         •  3  00 

Graveurs 3  00 

Teinturiers 0  81     a     1  00 

Tireurs  (enfants  quiétendent  les  couleurs)     0  Si 

Les  enfants  sont  payés  par  les  ouvriers;  maïs  le  payement  se  fait  sous  le 
contrôle  du  chef  d'atelier. 

Les  enfants  aident  les  imprimeurs  a  la  main  ;  ils  chargent  le  tamis  de  cou- 
leur, étendent  continuellement  celle-ci  ;  d'autres,  ce  sont  les  plus  âgés  (de 
quinze,  seize,  dix-sept  ans),  impriment  au  maillet;  d'autres  travaillent  à  la 
teinturerie;  d'autres,  enfin,  tirent  les  pièces  de  coton  dans  la  courte, k  mesure 
qu'elles  viennent'd'é'tre  imprimées  entre  les  rouleaux. 

Les  tireur»  et  les  imprimeurs  aumaitlet  travaillent  debout  ;  ceux  delà  tein- 
turerie sont  constamment  dans  l'humidité,  et  travaillent  debout,  plus  ou 
moins  courbés,  et  les  jambes  nues  jusqu'à  mi-cuisse. 

Les  enfants  employés  à  la  course  travaillent  aussi  debout,  et  sont  dans 
une  atmosphère  dont  la  température  varie  entre  trente-cinq  et  quarante 
degrés  centigrades. 

On  n'exerce  jamais  de  voies  défait  sur  les  enfants. 

Quelques  enfants  savent  lire,  et  fréquentent  les  écoles  du  soir  pendant 

Parmi  les  adultes,  il  y  en  a  un  assez  bon  nombre  qui  ont  un  peu  d'in- 
struction. 

Les  femmes  et  les  hommes  travaillent  dans  les  mêmes  ateliers. 

Leur  conduiteest  excellente,  et  le  chef  d'atelier  loue  beaucoup  leur  probité. 

11  n'y  a  ni  caisse  d'épargne ,  ni  fonds  de  réserve  pour  le*  malades  ;  quand 
un  ouvrier  tombe  malade,  on  fait  une  quête  dan»  rétablissement.  Du  reste, 
leur  santé  est  généralement  bonne,  et  la  profession  n'est  pas  nuisible  pour 


On  n'a  encore  eu  aucun  accident  à  déplorer  dans  cette  fabrique. 
Très-peu  d'ouvrier*  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres,  bien  qu'ils  n'aient 


xuvCoo^le 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLIS8KM.  INDUSTRIELS  MI  BRABANT.   US 

pas  del'onvrage  tons  les  jours.  Si  le  travail  élut  continu,  oe*  ouvriers  jouiraient 
d'une  certaine  a isauoe.  Lenr  mise  non»  a  para  propre,  et  elle  n'annonçait  pat 
la  minore.  Si  ces  ouvriers  peuvent  vivre  assez  bit»,  c'est  que  la  plupart  cul- 
tivent un  jardin, et  qu'ils  mènent  one  vie  très-régulière.  A  peu  près  loua  noua 
ont  présenté  les  apparences  d'une  bonne  santé. 

H  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline  ;  mai*  on  exige  qae  l'ou- 
vrier soit  muni  de  son  livret  à  son  entrée. 

Cet  établissement  est  propre  et  bien  tenu  :  en  général,  tes  locaux 
•ont  vastes  et  bien  aéré*  ;  on  pourrait  peut-être  détirer  un  peu  plu* 
d'élévation  à  l'atelier  des  imprimeurs  à  la  main,  et  un  écoulement 
plu*  facile  pour  le*  eaux  dans  la  teinturerie.  Le  travail  à  la  tein- 
turerie est  un  des  plus  nuisibles  peut-être  pour  les  jeunes  ouvriers 
de  cette  fabrique  :  travaillant  les  jambes  nues  et  étant  presque 
toujours  mouillés ,  il  nous  semble  qu'ils  doivent  être  sujets  aux 
affection*  rhumatismales.  Le  chef  d'atelier,  que  nous  avons  inter- 
rogé sur  oe  point,  nous  a  répondu  qu'on  n'était  guère  à  même  de 
juger  de  l'influence  du  travail  a  la  teinturerie,  parce  que  les  jeunes 
ouvriers  n'y  restent  jamais  longtemps ,  et  qu'au  bout  d'un  certain 
temps  ils  abandonnent  l'établissement  pour  se  rendre  dans  un  autre 
où  les  salaires  «ont  plus  élevés. 

En  parlant  de  la  course,  nous  avons  signalé  la  haute  température 
qui  règne  continuellement  dans  le  local  auquel  on  a  donné  ce  nom  : 
si  les  enfants  ne  sont  pas  constamment  dans  la  course,  il*  y  sont  du 
moin*  une  grande  partie  de  la  journée,  et  l'on  conçoit  que  la 
chaleur  qui  règne  dans  ce*  locaux ,  toujours  étroits  et  peu  aérés , 
doit  exercer  une  action  débilitante  sur  leur  organisme  ;  d'un  autre 
coté,  chaque  fois  qu'ils  sortent  de  la  course,  ils  sont  plus  ou  moins 
exposé*  aux  inconvénients  des  changements  brusques  de  tempéra- 
ture. Dan*  la  plupart  des  fabriques  on  veille,  il  est  vrai,  à  ce  qu'ils 
ne  s'exposent  pas  imprudemment,  mais  cette  surveillance  ne  suffît 
pas  ;  il  faut  arriver  a  la  suppression  du  travail  dans  la  course ,  et 
la  chose  est  possible ,  ainsi  que  nous  l'établirons  plu*  loin. 

ET*  si  iss  sa  sut  B.  —  Blanchiment,  ttinturrric  et  imprettùmi. 

lies  moteurs  sont  deux  machines  à  vapeur  à  haute  pression  de  la  force  de 
seize  chevaux  chacune. 

Il  y  a  cent  vingt  ouvriers,  sur  lesquels  il  y  a  environ  vingt  femmes  et 
trente-cinq  on  quarante  enfant*.  Ce  nombre  est  très-sujet  à  varier  suivant 
qu'il  y  a  plu*  ou  moins  d'ouvrage  pour  les  imprimeurs  à  ta  main.  On  ne 
prend  pas  d'enfant»  au-dessous  de  l'âge  de  dix  ans. 


^y  Google 


416    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 

lies  ouvrien  «ont.  occupé*  toute  l'année,  et. toi»  travaillent  à  la  jônrné«. 
Les  enfants  «ont  engagea,  partie  par  le  chef,  pwtie  par  le*  ouvriers;  ceux 
engagés  par  If*  ouvrier»  Mut  les  tireurs.  Les  ouvriers  imprimeurs  au  rouleau 
travaillent,  pour  le  plus  grand  nombre,  avec  leurs  propres  enfanta.  On  te 
procure,  du  reste,  facilement,  lea  enfants  dont  on  a  besoin.  Le*  travaux 
qu'on  leur  confie-  sont  Tacite*  ;  ce  n'est,  en  quelque'  aorte,  qu'une  espace  de 
surveillance  qu'ils  exercent;  Ils  n'ont"  aucune:  force  à  déployer':  !  ai  enfants 
employés  à  la  course  put  le  travail  le  plus  désagréable,  mais  ce  travail  n'est  ' 
pas  continu. 

Les  ouvriers  adultes  n'exercent  jamais  aucun  mauvais  traitement  a  l'égard  ' 
dea  enfanta. 

On  emploie  les  enfants,  de  préférence  à  des  adultes,  par.  motif  d'économie, 
car  un  ouvrier  à  1   fr.   par  jour  ne  ferait  ni  plus,  ni  mieux,  qu'un  enfant 
-  auquel  on  ne  donne  que  30  ou  KO  centimes. 

Depuis  peu,  il  y  a  eu  une  diminution  dans  le  nombre  d'enfants  employés 
dan*  cette  fabrique,  parce  qu'on  y  a  introduit  une  nouvelle  machine  à 
imprimer,  qu'on  appelle  perrôline,  et.au  moyen  de  laquelle  oh  peut  Imprimer 
en  trois  couleurs  à  la  rois.  La  perroline,  une  foi*  mise  en  fonction*  fait  «n  un 
jour  autant  d'ouvrage  que  cinquante  imprimeurs  à  la  main  pourraient  en 
faire  dana  le  méme-iaps  de  temps.  Chaque  imprimeur  à  la  main  ayant  besoin 
d'un  enfant  tireur,  il  en  résulte  que  le  nombre  des  enfaitls  a  dit  nécessaire- 
ment diminuer  dans  la  même  proportion  que  celui  des  imprimeurs. 

En  toutes  saisons,  la  journée  commence  à  six  heures  et  demie. du  matin,  et 
finit  à  six  heure*  et  demie  du  soir.  Ces  limites  ne  sont  guère  dépassées  que 
pour  les  imprimeurs  qui  font  souvent  un  quart  de  plus.  Les  enfanta  doivent 
alors  travailler  comme  les  adultes. 
.  La  durée  du  travail  a  diminué  par  suite  de  l'emploi  de  nouvelle*  machines. 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  les  enfanta  par  brigades  ou  rehia, 
et  le  directeur  pense  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  fixer  pour  eux  un  auxi*>»t* 
dé  durée  pour  le  travail  selon-  lea  âges,  parce  que  dans  les .  fabriques  d'in- 
dienne* ils  o'ont.aucun  ouvrage  fatigant  on  au-dessus  de  leurs  forces. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit,  ni  pour  les  adultes,  ni  pour  les  enfants. 

Les  intervalles  de  repos  pendant  le  travail  de  jour,  sont  :  en  été,  une  demi- 
heure  le  matin  et  une  heure  à  midi;  en  hiver,  une  demi-heure  le  matin  et 
une  demi-heure  à  midi. 

Les  repas  se  prennent  dana  les  ateliers,  mais,  en  été,  presque- toujours  au 
grand  air,  dana  les  cours  de  rétablissement.  Les  enfant*  profilent  de*  inter- 
valles de  repos  pour  se  livrer  a  divers  jem.   . 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  l'on  ne  chôme  jamais  le  lundi. 

Le  salaire  pour  les  différentes  catégories  d'ouvriers,  peut  être  établi 
comme  suit  ; 

Imprimeurs  au  rouleau fr.     1  38  par  jour. 

Enfants  employés  au  rouleau.  ...  0  80         » 

Imprimeuses' a  la  main.     .     de  fr.  1   78  a  i  00      ■  » 
tireurs  (enfants).     .....'.  0  50        ■ 

Teinturiers 1  30        • 


D^doy  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABXISSm  INDUSTRIELS  DU  BtUBAKT.     AIT 

Ce*  prix  n'ont  pas  varié  depuis  quelque»  années. 

Les  tireurs  «ont  payés  par  le»  i  m  prime  use»  qui  Us  emploient;  tous  les 
autre»- enfant»  sont  payés  parle  chef. 

L'instruction  des  enfants,  comme  celle  de»  adultes,  est  complètement. 
nulle.  Leur  conduite  est  bonne,  mais  sous  ce  rapport,  le  directeur  a  observé 
qu'il  y  a  une  notable  différence  entre  les  ouvrier»  de  la  campagne  et  ceux  dé 
.  la'  ville;  il  préfère  infiniment  les  premiers,  dont  le»  mœurs  sont  plu»  simples, 
plus  douces,  la  fie  plu*  réglée,  et  que  l'on  conduit  a  volonté.  Sous  le  rapport 
de  la  santé,  celle  différence  n'est  pas  moins  «en  si  blé  :  l'ouvrier  de  la  ville 
est  maigre, -son  teint  est  pAIe  et  blafard,  son  extérieur  est  celui  d'an  homme 
.  qui  a  été  longtemps  soumi»  a  de»  cause»  d'épuisement  ;  l'ouvrier  de  la  cam- 
pagne, au  contraire,  est  fort  et  robuste;  il  a  tonte»  les  apparences  d'une 
bonne  santé  et  son  teint  offre  de  l'animation.  "       " 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades,  mai»  les 
ouvriers  ont  formé  une  caisse  entre  eux.  Lorsqu'ils  sont  dan»  le  besoin,  ils 
empruntent  A  cette  caisse  1  ou  3  francs,  et  payent,  jusqu'à  remboursement 
de  la  somme  avancée,  toutes  les  semaine»,  un  intérêt  de  4  centimes  par  franc.  . 
Bien  que  les  bénéfice*  produits  par  le  payement  des  intérêts  soient  partagés 
entre  les  ouvriers,  nous  devons  hautement  blâmer  une  institution  ai  perni- 
cieuse pour  la  classe  ouvrière,  dont  elle  ne  peut  que  hâter  la  ruine. 

ha  santé  de*  ouvriers,  en  général,  est  très-bonne  ;  le  travail  ne  unit  aucu- 
nement à  l'état  physique  ou  au  développement  des  enfants;  le  directeur 
considère  même  le  travail  dans  les  fabriques  d'indiennes  comme  favorable  à 
leur  santé  et  à  leur  développement. 

Le*  ouvrier*  teinturiers  sont  seul»  exposé»  A  de*  maladie*  particulière*, 
qui  sont  le  rhumatisme  et  le*  varices  aux  jambes. 

Depi)is  cinq  an*,  aucun  accident  n'est,  arrivé  dan*  1*  fabrique. 

Il  n'y  a  pas  d'ouvrier*  inscrits  sur  la  liste  de»  pauvre*,  du  moins,  à  la 
connaissance  du  directeur;  la  majeure  partie  des  ouvrier*  habite  la  cam- 
pagne où  l'on  vit  à  peu  de  frais  :  beaucoup  ont  un  jardin  ou  un  petit  coin 
de  terre;  il  n'y  a  point  de  misère  chez  eux,  il*  vivent  proprement  et,  en 
général,  leur  condition  est  assex  heureuse. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline ,  mai*  les  dispositions 
relative*  au  livret  tont  observée*. 

Cet  établissement  est  bien  tenu  et  dirigé  avec  intelligence. 
Sous  le  rapport  de  se*  conditions  de  salubrité,  nous  n'avons  qu'à 
dire  un  mol  de.  la  course ,  qui -,  étant  très-étroite,  offre  une  tempé- 
rature encore  plus  élevée  que  celle  de  l'établissement  A.  A  peine 
étions-nous  entrés  dans  ce  local,  que  notre  thermomètre  marquait 
déjà  trente-sept  degrés  centigrades  ;  or,  les  enfants ,  travaillant  la 
dans  la  partie  la  plus  élevée,  doivent  naturellement  être  soumis 
a  la  plus  forte  chaleur. 


DgfedOy  GOOgk 


41  8     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

étiilissibskt  C.  —  tlunchiment ,  teinturerit  et  imprtitiûnt. 

11  y  a  trois  machine*  &  vapeur  ;  une  à  haute  pression  de  la  force  île  vingt- 
cinq  chevaux  ;  une  à  basse  pression  de  la  force  de  vingt  chevaux,  et  une  autre 
à  basse  pression  de  la  force  de  cinq  chevaux. 

On  y  occupe  de  cent  dix  à  cent  quinxe  ouvriers,  tur  lesquels  il  y  a  environ 
quarante  enfanta  et  doute  femmes.  Les  enfants  sont  de  tout  âge,  depuis  celui 
de  neuf  jusqu'à  celui  de  seife  ans.  Ils  sont  tous  engagés  par  le  chef  qui,  du 
reste,  se  les  procure  facilement. 

Une  partie  de*  ouvriers  travaille  à  la  journée,  une  autre  partie  à  pièce  : 
la  plus  grande  partie  cependant  travaille  à  la  journée. 

Ils  sont  occupés  toute  l'année,  et  beaucoup  d'entre  eux  travaillent  avec 
leurs  enfants  dans  cette  fabrique. 

L'occupation  des  enfants  n'est  pas  fatigante  ;  ils  accrochent,  plient  et 
rangent  le*  pièces,  les  tirent  à  la  course,  aident  dan*  la  teinturerie  et  servent 
de  tirturt  aux  imprimeur*  à  la  main.  On  emploie  moins  d'enfant»  que  ci- 
devant  :  leur  diminution  est  due  à  l'introduction  de  la  ptrrotmt  {voytz  éta- 
blissement S),  qui,  suivant  la  déclaration  dn  chef, remplace  au  moins  vingt- 
cinq  imprimeurs,  et  par  conséquent  aussi  vingt-cinq  enfants. 

En  été,  la  journée  commence  à  sii  heures  du  matin,  et  finit  à  six  heures  du 
soir  ;  en  hiver,  on  travaille  de  sept  heures  du  matin  à  six  heures  du  soir. 

Quelquefois,  quand  il  y  a  des  commandes  pressantes,  on  travaille  jusqu'il 
huit  on  neuf  heures  du  soir;  au  printemps,  l'on  travaille  mime  assez  souvent 
jusqu'à  minuit  :  le*  enfant*,  dan*  ces  deux  eaa,  sont  obligés  de  prendre 
part  an  travail  extraordinaire. 

La  durée  du  travail  n'a  ni  augmenté  ni  diminué. 

Le*  ouvrier*  ont  denx  heure*  de  repos  par  jour;  il*  vont  tons  prendre 
leur*  repas  au  dehors. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche;  on  ne  connaît  pas  le  chômage  du 
lundi,  on  fait  toujours  journée  complète. 

Le  salaire  a  éprouvé,   depuis  quelques  années,  une  diminution  que  l'on 
peut  évaluer  à  dix  pour  cent.  Le  gain  journalier  actuel  peut  être  évalué  à  : 
Fr.     1   36  pour  les  imprimeurs  et  les  teinturiers. 
3  00  —  3  33  pour  les  blanchisseurs. 
I   00  pour  les  éplucheuses  et  les  appréteuae*. 
0  HO  —  0  80  pour  le*  entant». 

Le*  enfants  sont  payé*  par  le  chef,  sauf  le*  tireur»  qui  «ont  payé*  par  les 
imprimeurs,  à  raison  de  9  centime*  par  pièce  :  un  imprimeur  pouvant  faire 
de  cinq  4  six  pièces  par  jour,  le  salaire  du  tireur  varie  de  43  a  04  centime*. 

Enfant*  et  adultes  sont  dépourvus  de  toute  espèce  d'instruction. 

Quelques  femmes  travaillent  dans  des  ateliers  où  il  y  a  des  hommes;  mai* 
le  chef  ne  peut  faire  que  l'éloge  de  leur  conduite  et  de  leur  moralité;  la 
plupart  des  ouvriers  sont  mariés. 

Jamais  les  enfants  ne  subissent  de  mauvais  traitement  de  la  part  des  ouvrier». 


xuvCoo^le 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE!*.  INDUSTRIELS  DO  BRÀBANT.     419 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  pour  Im  malade*,  nui*  un 
médecin  est  attaché  à  l'établissement. 

La  santé  des  ouvriers  ne  laisse  d'ailleurs  rien  à  déairer,  et  le  chef  ne  con- 
naît aucune  maladie  propre  à  ta  profession. 

Il  y  a  troia  an*,  un  accident  grave  est  arrivé  dans  celte  fabrique  ;  un  bra* 
a  été  broyé  dan*  un  cylindre,  el  l'individu  a  succombé  à  sa  blessure. 

Le  chef  ne  pente  pas  qu'aucun  de  se*  ouvrier*  soit  inscrit  sur  la  li*tc  de* 
pauvre»  :  tous  ses  ouvrier*  vivent  assez  bien  et  sont  propres  sur  eux  et  dan* 
leurs  habitations.  No  connaissant  ni  la  débauche,  ni  l'ivrognerie,  et  ayant 
de*  goûta  fort  simples,  ila  peuvent  aisément  pourvoir  aux  besoins  ordinaire* 
delà  vie. 

11  n'y  a  paa  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mais  on  y  observe  le* 
dispositions  relative*  an  livret  de*  ouvrier*. 

S'il  y  a  un  travail  insalubre  dan*  cette  fabrique,  ce  ne  peut  être  que  celui 
des  ouvriers  occupés  au  blanchiment  et  à  la  teinturerie;  ces  ouvriers,  en 
effet,  sont  «posé*  i  toute*  le*  influence*  fâcheuse*  d'une  atmosphère  froide 
et  humide. 

Nous  nous  empressons  de  faire  remarquer  que  dans  cet  établis- 
sement la  course  est  disposée  de  manière  à  ce  que  les  enfants 
puissent  tirer  les  pièces  qui  viennent  d'être  imprimées  sans  être 
obligés  de  pénétrer  dans  ce  local  où  règne  toujours  une  tempéra- 
ture très-élevée. 


siiiLissBMiST  D.  —  Teinturerie  et  itnpreiiiom . 

Les  moteur»  sont  une  chute  d'eau  de  la  force  de  sii  chevaux  et  un  manège 
à  un  cheval.  H  y  a,  on  outre,  deux  chaudière*  à  vapeur,  uniquement  des- 
tinée* i  chauffer. 

On  y  occupe  vingt  -six  ouvriers;  mr  ce  nombre  il  y  a  dix  ou  douze  femme» 
et  un  enfant.  Cet  enfant  n'a  d'autre  occupation  «pie  de  surveiller  le  che- 
val au  manège. 

Ton*  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée  et  sont  occupé*  toute  l'année. 

En  été,  la  journée  commence  a.  cinq  heure*  et  demie  dn  matin  et  finit  à  sept 
heure*  dn  soir  ;  en  hiver,  on  commence  avec  le  jour,  et  fou  finit  à  sept  ou  huit 
heure*  du  soir.  Ce*  limites  ne  aont  dépassées  que  lorsqu'il  y  a  des  com- 
mandes pressantes  ;  dan»  ce  cas,  on  travaille  deux  heure*  de  plus  par  jour. 

Le»  ouvriers  ont  une  heure  et  demie  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure 
le  matin  et  une  heure  à  midi. 

Quelque*  ouvrier»  prennent  leurs  repas  dans  la  fabrique. 

On  ne  travaille  jamais  la  nuit.  —  Quelquefois  on  travaille  le  dimanche, 
mais  cria  arrive  rarement. 

Les  ouvriers  travaillent  le  lundi  comme  les  antre*  jouxt- 


ai.vCoo^le 


420    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
Le  prix  de  la  journée  de  travail  peut  Sire  établi  comme  mît  : 

Pour  lea  femme»  de   la  teinturerie.      .  fr.  0  90 

veilleur».      .......  •  1  67 

•  graveur» •  4  00 

»        imprimeur»  au 'rouleau.  ...  »  3  00 

«        ouvrier»  de  la  perrotïne.  ...  •  1   67 

*  l'enfant 'employé  au  manège.  .  ,  »  0  45 
Ce*  prix  n'ont  éprouvé  aucune  variation  depuis  quelque*  année*. 
L'instruction  de»  ouvrier*  peut  être  regardée  comme  nulle. 

:  Le»  «exe*  ne  «ont  pat  toujours  séparé»  ;  homme»  et  femme»  travaillent 
quelquefois  réuni»  dan»  le»  même»  locaux.  .    . 

La  conduite  de»  ouvrier»  est  bonne;  mai*  le  cbef  déclare  que  lorsqu'il 
employait  de»  imprimeur»  à  la  main,  il  y  avait  parmi  eux  un  asset  bon 
nombre  d'ivrogne». 

11  n'y  a  ni  cause  d'épargne,  ni  fond»  de  réserve  pour  les  malades. 

Il  n'est  pa»  à  la  connaissance  du  chef,  que  les  ouvriers  aient  entre  eux  une 
caisse  a  laquelle  il»  puissent  emprunter  de  petite»  somme»,  moyennant  un 
intérêt  à  payer  toutes  les  semaines. 

La  santé  des  ouvriers  est  généralement  bonne  :  le  cbef  ne  connaît  aucune 
maladie  propre  à  la  fabrication  exercée  dan»  son  établissement. 

11  y  a  deux  ana,  une  jeune  ouvrière  a  été  prise  dans  un  cylindre  et  a  eu  les 
doigta  écrasés. 

Le  chef  pense  qu'il  y  a  quelques  ouvrier*  inscrits  sur  la  liste  des  pauvret; 
il  n'est  pa»  rare  que  pendant  l'hiver  plusieurs  père»  de  famille  réclament  de» 
avances. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  et  le*  dispositions  rela- 
tive* au  livret  nesont  guère  observée». 

Cet  établissement  pourrait  être  mie  ni  tenu;  cependant,  sous  le  rapport  de 
la  salubrité,  il  n'y  a  que  la  teinturerie  qui  puisse  être  considérée  comme  réel- 
lement nuisible  aux  ouvrier»,  à  eau  te  de  l'humidité  qui  y  règne  constamment  ; 
mais  cette  humidité  est  inséparable  du  travail.  Tout  ce  que  l'on  pourrait  exi- 
ger ici,  comme  dan» beaucoup  d'autres  établissements  du  même  genre,  c'est 
que  l'on  s'attachât  davantage  à  donner  un  écoulement  facile  et  complet  aux 
eaux  qui  arrosent  continuellement  le  sol. 

Le  travail  dans  la  course  e*t  confié  à  une  ouvrière  d'une  ringlaùne  d'an- 
nées, qui  nous  a  paru  jouir  de  la  santé  la  plus  florissante. 

triaLisaa«KT  E. 

Le  moteur  est  une  machine  i  vapeur  de  la  force  de  si*  ou  sept  chevaux. 

Cette  fabrique,  qui  occupait  jadis  cent  cinquante  ouvrier»,  n'en  occupe 
pin»  que  doute  et  trois  enfant»  d  e  do  uxe  an»  environ,  employés  comme  tireurs. 
—  Bien  que  le  nombre  des  ouvriers  ait  été  considérablement  réduit,  te  chef 
ne  peut  pas  encore  fournir  constamment  de  l'ouvrage  aux  quelques  ouvrier» 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ËTABLISSEH.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     421 

qu'il  conserve  plutôt  par  charité  que  par  besoin  réel.  Cet  ouvriers  ne  tra- 
vaillent que.de  temps  à  autre,  et  n'ont  tout  au  pins  de  l'ouvrage  que  pendant 
nn  tiers  de  l'année. 

Les  ouvrier*  imprimeurs  et  rentreurs  travaillent  à  la  pièce;  les  autre*  tra- 
vaillent à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  cinq  heures  et  demie  du  malin,  et  finit  à 
six  heures  et  demie  du  toîr. — En  hiver,  le  travail"  commence  et  finit  avec  le 

Ce*  limites  ne  sont  jamais  dépassée*,  et  il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

11  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  malin,  et  une  heure  à  midi. 

Les  ouvriers  retournent  cheà  ear  pour  dîner;  cependant  quelques-un*, 
dont  la  demeure  est  trè* -éloignée,  dînent  dans  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamai*  le  dimanche,  et  le  lundi  il  y  a  chômage' forcé,  par 
suite  de  la  décadence  de  l'industrie. 

Le  salaire  de*  ouvriers  a  subi  une  diminution  considérable. 

Le*  imprimeur*  qui  gagnaient,  il  y  a  quelques  années ,  8  francs  par  jour, 
ne  gagnent  maintenant  que  S  fr.  30  c. 

Les  rentreurs  ne  gagnent  que  de  1  franc  al  fr .  23  c.  par  jour. 

Il  fauL  déduire  du  salaire  journalier  de«  imprimeurs  et -des  rentreurs-,  le 
salaire  du  tireur,  qui  est  de  33  à  45  centimes. 

L'instruction  des  ouvriers  et  de*  tireurs  (enfanta)  peut  être  considérée 
comme  à  peu  pré*  nulle. 

La  aanlé  de*  ouvrier*  est  bonne;  ils  sont  rarement  malade*  et  n'ont  rien  à 
souffrir  de  leur  profession. 

Leur  conduite  est  généralement  bonne  :  vivant  à  ta  campagne ,  ils  Igno- 
rent la  plupart  des  vice*  si  fréquents  chez  le*  ouvriers  des  villes. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  de*  pauvre*.  La  plupart  ont  vu 
petit  coin  de  terre  qu'il»  cultivent  et  qui  leur  permet  de  vivre  assez  à  l'aise. 

Bel  et  vaste  établissement,  ou  J'on  constate,  avec  regret,  quelques  reste*  de 
son  ancienne  et  grande  activité.  - 

*V1111S*Ï«SST    F. 

Les  moteur*  sont  :  1*  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  cinq  à  sii  che- 
vaux ;  2"  une  machine  de  la  force  de  deux  chevaux  ;  3°  une  roue  hydraulique  ' 
de  la  force  de  trois  chevaux. 

On  y  occupe  dix-neuf  ouvrier*,  adulte*,,  et  sept  jeune*  ouvrier*  de  l'âge 
de  quatorze  a  seize  aoa.  Cet  derniers  «ont  engagée  par  le  chef;  ils  travaillent, 
dan*  la  tonne  (deux  ou  trois),  rincent  à  la  rivière  et  aident  dan*  la  teinturerie. 
'  Les  ouvriers  sont  occupé*  »  peu  près  toute  l'année  ;  il  n'y  a  d  interruption 
dan*  le  travail  que.  pendant  les  fortes  gelée*. 

Ton*  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée.  ' 

En  été,  la  journée  commence  i  six  heure*  du  matin,  et  finit  à  si*  heures  et 
demie  du  soir.  En  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  sept  heure*  du  matin,  et 
fiait  à  quatre  heure*  et  demie  de  l'aprea'dînée. 


>91izedby  GOOgle 


422    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Quelquefois  ces  limite*  tont  dépassée».  Quand  au  fait  cinq  quarts,  on  tra- 
vaille jusqu'à  huit  heures  et  demie  du  soir. 

Le*  jeune*  ouvriers  doivent  alors  prendre  part  au  travail  extraordinaire. 

La  durée  du  travail  n'est  ni  plus  ni  moins  longue  que  jadis. 

On  ne  travaille  jamais  la  nuit. 

Le*  ouvrier*  ont  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  et  une  heure  à  midi. 

Quelque*  ouvrier*  prennent  leur*  repasdant  l'atelier;  d'autres  les  prennent 
avec  leur  famille. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  Ton  ne  tolère  pas  de  chômage  le 

Le  salaire  de*  ouvriers  n'a  snbî  aucune  variation. 

Lee  teinturiers  gagnent  de  1  fr.  38  c.  à  1  fr.  38  c.  par  jour. 

Les  imprimeur*  gagnent  1  fr.  38  c. 

Les  jeunes  ouvriers  gagnent  de  80  à  78  centimes  par  jour. 

Ces  derniers  tont  toujours  payés  par  le  chef. 

L'instruction  des  jeune*  ouvriers  est  à  peu  près  nulle, 

Celle  des  ouvriers  adulte*  est  tout  à  fait  nulle. 

La  conduite  des  uns  et  dei  autres  est  généralement  bonne. 

Il  n'y  a  ui  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malade*.  L'état 
sanitaire  est  satisfaisant.  Le*  ouvrier*  sont  rarement  malades,  et  le  chef  pré- 
tend que  la  profession  n'exerce  aucune  influence  nuisible  sur  leur  santé. 

On  n'a  jamais  eu  à  déplorer  aucun  accident. 

Le  chef  igaore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  de*  pauvres  ;  sans 
être  à  l'aise,  il  n'y  a  cependant  pas  de  misère  cbei  eux.  Il*  ne  mangent  delà 
viande  qu'une  foi*  par  semaine,  le  lundi  ;  le*  autres  jours,  leur  nourriture 
■e  compose  de  pommes  de  terre,  de  pain,  de  fromage  et  de  café. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline  ;  mais  on  exige  le  dépôt 
du  livret. 

Cet  établissement  n'a  pas  été  construit  pour  sa  destination  actuelle;  il  est 
mal  tenu,  et  laisse  beaucoup  à  désirer  sous  tous  les  rapports.  Le*  atelier* 
sont  dans  de  mauvais  bâtiments  appropriés  tant  bien  que  mal  ;  il*  sont,  en 
général,  étroits  et  peu  élevé*  ;  la  teinturerie  surtout  est  trop  peu  spacieuse 
et  des  plus  mal  organisées. 

Les  jeune*  ouvriers  y  sont  constamment  soumis  à  des  influence*  nuisibles; 
les  uns,  dan*  la  course,  à  une  température  très-élevée  (cinquante  degré*  cen- 
tigrades); les  autres,  dans  la  teinturerie  et  a  la  rivière,  à  une  humidité  des 
plus  grande*.  Il  est  impossible  que  leur  sauté  et  leur  constitution  ne  se  res- 
sentent pas,  au  bout  de  quelque  temps,  d'un  travail  assidu  au  milieu  de  telles 
circonstances. 

L'établissement  possède  une  machine  à  tondre  ou  a  enlerer  le 
duvet  du  colon.  Cette  machine  fonctionne  dans  un  cabinet  de 
quelques  pieds  carrés,  privé  de  moyens  d'aérage  suffisante  ;  l'ouvrier 
qui  dirige  la  machine  se  trouve  donc  littéralement  dans  une  atmo- 
sphère épaisse  d'un  duvet  très-fin  et  très-délié  qui  pénètre  par  toutes 


^y  Google 


ENQUÊTE  WSS  LES  ÉTABLISSE!*.  ESOUSTRIEUS  DU  RKABANT.     423 

les  ouverture*  naturelles,  et  qui  ne  peut  manquer  de  lui  devenir 

nuisible. 


ITIILIISIBMT    A. 

Terme  moyen,  ou  y  emploie  trente  ouvrier*  et  doute  ou  seise  entants.  Il 
c'y  a  pal  de  femme». 

Le»  ouvriers  tout  occupé»  toute  l'aimée.  Ton*  travaillent  à  la  journée,  qui 
se  compose  d'ordinaire  de  cinq  quarts. 

I^es  enfants  sont  engagés  et  payé»  par  le  chef  de  l'établisse  meut  ;  on  peut, 
du  reste,  en  avoir  autant  que  l'on  veut. 

Il»  sont  employés  à  divers  travaux,  les  uns  très-simples,  les  autres  plus 
ou  moin»  fatigants:  ainsi,  ils  étendent  le»  couleurs  ,  tirent  te  papier,  rac- 
crochent pour  le  faire  sécher,  et  servent  comme  prettîtrt. 

Il  n'y  a  eu  ni  augmentation  ni  diminution  dan*  le  nombre  des  enfants, 
parce  que  le  modede  fabrication  n'a  pas  varié. 

1j*  journée  commence ,  en  été ,  à  six  heure»  et  demie  du  matin ,  et  finit  a 
six  heures  et  demie  du  soir  ;  eu  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  huit  heures  du 
malin,  et  finit  à  quatre  heure»  du  soir. 

Lorsqu'il  y  ade»  commande»  pressantes,  ces  limites  sont  quelquefois  dépas- 
sée» ;  on  travaille  alors  deux  heures  et  demie  de  plus. 

Le»  enfants  sont,  dans  ce  cas,  obligés  de  prendre  part  au  travail  extra- 
ordinaire. 

On  ne  travaille  jamais  à  la  lumière  artificielle  dan*  cette  fabrique. 

Il  u'y  a,  par  conséquent,  pas  de  travail  de  nuit. 

Ha  général,  1»  durée  du  travail  n'a  ni  augmenté  ni  diminué. 

Le*  ouvriers  ont  un  quart  d'heure  de  repos  le  malin,  une  heure  à  midi,  el 
un  quart  d'heure  dans  l'apres-tlînée. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dans  le»  ateliers;  les  ouvriers  ne  retour- 
nent chez  eux  que  pour  le  dîner. 

Ou  travaille  quelquefois  le  dimanche  pour  satisfaire  à  des  demandes  pres- 
te lundi,  le»  ouvrier»  ne  travaillent  ordinairement  que  jusqu'à  trois  heures 
et  demie;  mais,  dan»  ce  cas,  ils  ne  sortent  pas,  et  prennent  ton»  leurs repa» 
dans  le»  ateliers. 

Il  nous  est  impossible  de  fixer,  même  approximativement,  le  salaire  jour- 
nalier de»  ouvrier»  de  cet  établissement,  le  chef  nous  ayant  déclaré  qu'il  ne 
croyait  pas  devoir  répondre  aux  questions  que  nous  lui  posions  à  cet  égard. 
Aux  observations  que  nous  lui  avons  présentées  sur  l'importance  de  cette 
donnée,  il  n'a  répondu  qu'en  nous  priant  de  ne  pas  insister  davantage.  Tout 


*by  Google 


«4     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
ce  qu'il  a  bien  voulu  sous  dire ,  c'est  qu'il  y  avait  eu  une  augmentation  de 

L'instruction  de*  ouvrier»  de  cette  fabrique,  enfant*  cantine  adulte»,  peut 
être  considérée  connut;  presque  nulle.  Leur  conduite  est  généralement  bonne, 
et  le  chef 'ii 'a  qu'à  se  louer  de  leur  probité; 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne ,  ni  fonds  de  réserve  pour  le*  malades  ;  mai»  il 
y  a  une  caisse  d'amendes  dont  on  a  l'habilude  de  disposer  en  faveur  des 
ouvriers  malades.  Ce  qui  reste  en  caisse,  a  la  ùa  de  l'année,  est  partagé  entre 
tous  le*  ouvriers.  Leur  santé  est  très -bonus  ;  il*  sont  rarement  malades,  et 
le  chef  ne  connaît -aucune  maladie  propre  à  l'industrie  exercée  chei  lui.  lie 
travail  départi  aux  enfants  ne  nuit  aucunement  a  lenr  développement. 
Aucun  accident  n'est  jamais  arrivé  dan*  cette  fabrique. 
Le  chef  ignore  si  quelques-uns  de  se*  ouvriers  sont  inscrit*  sur  la  liste  de* 
pauvres. 

Il  y  •  un  règlement  d'ordre  intérieur.   - 

Les  atelier*  de  cet  établissement  doivent  être  considérés  comme 
malsains  ;  ils  sont  relégués  dans  un  vieux  bâtiment ,  et  manquent 
d'élévation  ,  mais  surtout  d'aérnge. 

Nous  devons  nous  arrêter  un  moment  sur  le  travail  .des  enfants 
pressiers.  Tout  l'appareil  nécessaire  à  l'impression  du  papier  ne 
constitue  pas  autre  chose  qu'un  levier  du  second  genre,  c'est-à-dire 
que  la  résistance  à  vaincre  se  trouve  entre  te  point  d'appui  et  la 
puissance,  mais  bien  plus  rapprochée  du  premier  que  de  la  der- 
nière. La  puissance,  c'est  l'enfant  qui,  saisissant  A  pleines  mains 
le  bras  du  levier  au  delà  de  la  résistance,  saute  sur  ce  bras  et  lui 
imprime ,  en  se  courbant ,  tout  le  poids  de  son  corps.  Dans  celte 
action,  qui  se  répète  constamment,  la  région  épigastrique  subit 
une  compression  très -considérable,  d'où  doit  résulter  naturelle- 
ment un  refoulement  des  organes  abdominaux,  refoulement  sin- 
gulièrement susceptible  de  provoquer  peu  a  peu  la  formation  des 
hernies.  On  conçoit  aisément  que  celle  manière  de  travailler  peut 
encore  avoir  d'autres  inconvénients  pour  lés  organe»  intra  abdo- 
minaux, par  la  secoussu  vive  qu'ils  ont  A  chaque  instant  A  supporter. 
Il  est  donc  important  de  songer  A  remplacer  les  pressiers  par 
quelque  moyen  mécanique ,  et  certes  il  ne  faudrait  pas  un  grand 
effort  de  génie  pour  en  trouver  un. 

Notons  cependant  que  dans  cette  fabrique  nous  avoflsvu  quel- 
ques enfants,  mais  en  très-petit  nombre,  qui  exerçaient  la  pression 
par  un  léger  saut  et  en  tombant  assis  sur  le  bras  du  levier;  celte 
manière  de  faire,  qui  est  exemple  des  inconvénients  que  nous 
venons  de  signaler,  est  peu  usitée,  et  nous  ne  l'avons  rencontrée  dans 
aucune  des  autres  fabriques  de  même  genre  que  nous  avons  visitées. 


DgtizedOy  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     425 

On  y  occupe  trente  ouvrier* ,  parmi  lesquels  il  y  à  dix  ou  douze  enfant*. 
—  Les  enfant*  employé!  comme  premier»  sont  engagés  par  la»  ouvrier*  impri- 
meurs. Quelques-uns  y  travaillent  avec  leurs  parents. 

L'occupa  lion  de*  'enfants  consisté  à  lïrer,  accrocher  et  rouler  le  papier  : 
les  pressiers  ont  l'occupation  la  plus  fatigante.  . 

Les  ouvriers  sont  occupés  toute  Tannée  :■  la  plupart  travaillent  à  pièce, 
dix  seulement  à  la  journée. 

La  journée  commence,  en  été,  à  six  heures  et  demie  du  malin,  et  finit  à* 
cinq  heures  et  demie  du  soir.  Quelquefois  elle  commence  à  cinq  heures  et 
demie,  et  finît  à  sept  heures  et  demie  :  on  fait  alors  cinq  quarts.  En  hiver, 
la  journée  commence  et  fiait  avec  le  jour. 

Il  n'y 'a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Les  ouvriers  ont  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  une  heure  à  midi,  et 
une  demi-heure  à  quatre  heure*. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dans  les  ateliers  :1e  dîner  se  Fait  au  dehors; 
cependant  quelques  ouvriers  le  prennent  aussi  dans  fa  fabrique. 

On  ne  travaille  que  rarement  le  dimanche. 

Le  lundi,  les  ouvriers  ne  font  en  général  que  trois  quarts. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  n'a  pas  éprouvé  de  variation  dan*  ces  der- 
nières années;  on  peut  le  fixer  comme  suit  : 

Pour  le»  imprimeur*.     .     ...     à  fr.     3  80 

•  satineurs.    .....       »         1  80  «  1  78 

•  fonceur*-    ...-.-        •  2  28   (journée    mojeime) 
»       pressiers  (  enfants).  .             ■         0  80  : 

'  Le*  enfant*  pressiers  sont  payé*  par  te*  ouvriers  qui  le*  emploient. 

L'instruction  de*  enfant»  est  à  peu  près  nulle;  il  en  e*t  de  même  de  celle 
de*  ouvriers  adultes  :  trois  ou  quatre,   tout  au  plus,  savent  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  est  généralement  ho  une,  et  le  chef  ne  peut  que  se  louer  de 
l'exactitude  qu'ils  apportent  à  leur  travail. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond»  de  réserve  pour  le»  malade*. 

Le  chef  déclare  que  se»  ouvriers  «e  portent  toujours  bien,  qu'ils  ne  sont 
pas  plus  exposé*  .que  d'autre»  personnes  à  devenir  malades,  et  que  .le  travail 
confié  agi  enfant»  ne  nuit  en  aucune  manière,  ni  i  leur  santé,  ni  à  leur  déve- 
loppement. 

11  ignore  s'il  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  de*  pauvres,  cependant  il 
ne  le  croit  pas;  car,  en  général,  *e»  ouvrier»  sont  bien  payé*,  et  il  n'aperçoit 
pa»  de  misère  chex  eux. 

Les  atelier»  de  cette  fabrique  «ont  vastes,  bien  aérés,  et  noua  ont  paru 
offrir  toutes  les  conditions  désirables  de  salubrité. 

Nous  devons  répéter  ici  tout  ce  que  non»  avons  déjà  dit  relativement  aux 
en  faut»  employé»  comme  pressiers,  .en  parlant  de  l'établissement  A. 
Cependant  nous  devons  ajouter  que ,  daps  cette  fabrique,  tou»  le»  enfant* 


>a«jzfrdby  Google 


4»    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

que  nous  a  von»  vui  travailler ,  agissaient  sur  le  bra*  du  levier ,  en  te  préci- 
pitant dessus  par  la  région  épigastrique. 

On  ;  occupe  vingt  ouvriers,  dit  adultes  et  dix  enfant*.  —  Ce  nombre  est 
sujet  à  varier;  en  hiver  ou  en  occupe  un  plus  grand  nombre. 

Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année.  Les  imprimeurs  travaillent  à 
pièce;  tous  le*  antres  travaillent  à  la  journée. 

,  Les  enfants  sont  engagés  par  le  cher  qui  se  les  procure  très- facilement. 
Ils  sont  employé»  comme  pressiera,  pour  broyer  les  couleurs,  les  étendre 
sur  le  tamis,  pour  tirer,  accrocher  et  rouler  les  papiers. 

En  élé,  la  journée  commence  à  six  heures  du  malin,  et  finit  à  sept  heures 
du  soir.  —  En  hiver,  elle  commence  et  finit  avec  le  jour. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées,  et  l'on  ne  travaille  jamais  la  nuit. 

Les  ouvriers  ont  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  et  une  heure  et  demie 
a  midi,  pendant  l'été.  —  En  hiver,  il  n'y  a  qu'un  seul  intervalle  de  repos 
d'une  heure  à  midi. 

Les  ouvriers  ne  sortent  des  ateliers  que  pour  aller  dîner. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  le  dimanche. 

Le  chômage  du  lundi  n'est  pas  connu;  les  ouvriers  travaillent  toute  la 
jonroée. 

Il  n'y  a  eu  aucune  variation  dan*  le  prix  de  la  journée  de  travail  ;  ce  prix 
peut  être  établi  comme  snît  : 

Pour  les  imprimeurs  et  autres  ouvriers,     à  fr.     1   2(1  a  1   35 

*        graveurs .       ■        S  80 

■        enfants 0  95 

Tous  les  «ilàntt  sont  payés  par  le  chef  lui-même. 

L'instruction  des  enfant*  est  nulle,  parce  que  les  parent*  le*  envoient  trop 
jeunes  dans  le»  fabriques. 

L'instruction  des  adultes  est  a  peo  prés  nulle. 

La  conduite  de*  ouvriers,  en  général,  est  assex  bonne. 

Il  est  rare  qu'an  ouvrier  soit  malade  :  la  profession  ne  prédispose  à  ancane 
■aekdie,  et  ne  nnit  pas  an  développement  des  enfants. 

II  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  peur  les  malade*. 

Plusieurs  ouvrier*  sont  inscrits  sur  la  liste  de*  pauvres  ;  on  ne  peut  pat 
attribuer  leur  état  d'indigence  à  l'inconduite,  mais  aux  charge*  que  fait  peter 
sur  eux  une  nombreuse  famille. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  on  de  discipline,  et  le*  dispositions  rela- 
tives au  livret  des  ouvriers  ne  sont  pas  observées. 

Cet  établissement  ne  laisse  rien  a  désirer  Mm*  le  rapport  de  l'ordre  et  de 
la  salubrité  :  un  de»  chefs  exerce  une  surveillance  continuelle  dan*  te*  ate- 
liers, et  ceux-ci  sont  propre*,  vaste*,  élevé*  et  bien  aérés. 

Vayw,  poor  le*  entant*  preniers,  ee  que  nous  en  avons  dit  en  parlant  de 
l'établitMneat  A. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LESÉTABL1SSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     427 


On  y  emploie  trente  ouvriers  ;  sur  ce  nombre  il  y  a  dit  enfant*.  —  On 
n'accepte  pas  ces  dernier*  au-dessous  Je  l'âge  de  douze  an*.  Il*  sont  engagés 
par  le  chef,  qui  se  les  procure  avec  la  plu*  grande  facilité. 

Les  enfants  sont  employé*  comme  pressiers  et  comme  aide*  de*  ouvrier*; 
ils  étendent  le*  couleurs,  tirent  et  roulent  les  papiers. 

Le*  imprimeur*  travaillent  à  la  pièce  :  tou*  les  autre»  ouvrier*  travaillent 
à  la  journée. 

Toute  l'année,  il  y  a  de  l'ouvrage  pour  les  ouvriers. 

En  été,  la  journée  commence  à  six  heure*  du  matin  et  finit  à  sept  heure* 
du  soir.  —  En  hiver,  le  travail  commence  et  finit  avec  le  jour. 

Cn  limite»  sont  très-rarement  dépassées,  et  il  n'y  a  jamais  de  travail  de 

Les  intervalles  de  repos  août  nne  demi-heure  le  matin,  une  heure  et  demie 
à  midi,  elune  demi-heure  après  dîner. 

Les  repas  m  font  au  dehor*  de  l'établissement. 

Ou  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  l'on  ne  chôme  pas  non  plu»  le  lundi. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  paa  éprouvé  de  variation  dan*  ces  dernières 
année*. 

Le*  imprimeur*  gagnent  de S  à  S  fr.  par  jour. 

Les  ouvriers  manoeuvres  gagnent.      .     .     1   SB  * 

Le*  enfante  gagnent  de 80  à  78  centimes. 

Tou*  la*  enfants  «ont  payés  directement  par  le  chef. 

L'instruction  des  enfants  est  assez  satisfaisante  :  le  chef  estime  que  le* 
quatre  cinquièmes  savent  lire  et  un  peu  écrire  ;  il  attribue  ce  résultat  a  ce 
rfn'il  ne  prend  pas  d'enfants  au-dessous  de  l'âge  de  doute  an*. 

Le*  anciens  ouvriers  sont  presque  tous  dan*  l'ignorance  la  pins  complète. 

La  conduite  de*  ouvrier*,  en  général ,  «et  banne  ;  ils  mènent  une  vie  très- 
régulière. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  lea  malades. 

La  santé  de*  ouvriers  est,  du  reste,  excellente  ;  la  profession  n'a  rien  de 
nuisible  et  n'exerce  aucune  influence  défavorable  mit  le  développement  des 
enfants. 

Il  n'y  a  jamais  eu  d'accident  dan*  cette  fabrique. 

Quelque*  ouvrier*  sont  sur  la  liste  des  pauvre*  ;  ce  sont  de*  individus 
ayant  une  nombreuse  famille.  —En  général,  il  n'y  a  pas  de  nrieère  chez,  le* 
ouvrier*,  il*  vivent  attex  bien  et  proprement. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  dedtscipbue,  et  les  prescription*  rela- 
tives au  livret  de*  ouvrier*  sont  peu  suivie*. 

Le*  ateliers  sont  vaste*  et  bien  aéré*  ;  il*  offrent  de*  condition»  sufxtteute* 
de  salubrité.  —  L'atelier  des  fonceurs  laisse  peut-être  quelque  chose  à  dési- 
rer, sou*  le  rapport  de  l'élévation. 

Cest  aussi  en  portant -la  région  épi  gastrique  sur  la  barre,  que  les  enfants 


^y  Google 


428    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

exercent  la  pression  nécessaire  à  l'impression  du  papier.  Non*  devons  donc 
encore  renvoyer  i  ce  que  nom)  avons  dit  à  cet  égard,  en  parlant  de  l'établis- 


-  Sadsrienae*  4e  tsusste  et  aie  eifareau 


ftiaiistniiiT  A. 

On  y  occupe,  terme  moyen,  quarante  ouvriers,  et  une  vingtaine  d'enfant* 
dont  le*  âge»  varient  entré  dix  et  dii-bnit  an*. 

Lea  enfanta  sont  engagé»  par  te  chef,  qui  se  les  procure  facilement. 

Leur  occupation  n'est  nullement  fatigante;  les  plus  jeunet  «ont  employé» 
au  dtcàtement  du  tabac ,  au  triage  de»  feuilles  et  de»  cigares  ;  les  plu»  âgé» 
•l  le»  plu»  adroits  font  les  ponpéet  pour  les  cigares.  —  On  emploie  de  pré- 
férence de»  enfants  pour  ces  travaux,  parce  qu'ils  sont  trop  insignifiants 
pour  en  charger  des  ouvrier»  adultes,  qu'il  faudrait  payer  beaucoup  plus 

Il  y  a  en,  depuis  quelques  années,  augmentation  dans  la  nombre  des  jeunes 
ouvriers  employé»  \  cette  augmentation  e*t  due  à  une  consommation  toujours 
progressive  de  tabac  et  de  cigares. 

Le»  ouvriers  ont  de  l'ouvrage  toute  l'année,  et  tons  travaillent  a  la  journée. 

En  été  (  la  journée  commence  a  six  heure»  du  matin,  et  finit  i  six  heures 
du  soir..-—  -En  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  huit  heures  du  malin,  et  finit  à 
quatre  heures  du  soir. 

*  Il  est  rare  que  ces  limite»  «oient  dépassées)  on  ne  travaille  jamais  la  nuit. 
—  En  général,  la  durée  du  travail  n'est  ni  plus  ni  moins  longue  qu'elle  ne 
Pétait  autrefois. 

'  Le  chef  estime  que  pour  les  enfants  employés  dans  lea  fabriques  de  tabac, 
il  est  inutile  de  fixer  à  |a  durée  du  travail  un  maximum  selon  les  Ages, .paras) 
que  le  travail  n'est  pas  trop  long,  n'est  pas  fatigant,  et  n'offre  rien  de  nui- 

Lai  ouvriers  ont  une  heure  de  repos  à  midi,  dont  ils  profitent  pour  aller 
dîner  chex  e.ux. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche;  mais  les  ouvrier»  ont  conservé  l'ha- 
bitude de  chômer  une  partie  du  lundi.  ■  . 

Le*  ouvrier*  adultes  gagnent,  terme  moyen,  3  francipar  jour.  Les  enfant* 
sont  payés  a  raison  des  services  qu'ils  rendent;  »'H  en  est  qui  gagnent  seule- 
ment 2B.OU  30  centimes  par  jour,  il  en  est  d'autres  qui  gagnent  environ 
1  franc. 

Tous  le*  enfants  sostt  payés  par  le  chef. 

Le  salaire. n'a  peut  éprouvé  de  variation  pour  les  fabricants  de  tabac  pro- 
prement dit*  ;  mai*  celui  de*  cigarier*  a  beaucoup  augmenté  ;  le*  cigarier* 
gagnent  aujourd'hui  de  36  à  M  li-auc*  par  i 


îglizedoy  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES*.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.    429 

Aucun  enfant  ne  fréquente  une  école;  cependant  quelques-un*  savent  lire 
et  un  peu  écrire. 

Quant  au  ouvriers  adultes,  la  plupart  ne  savent  ni  lire,  ni  écrire. 

La  conduite  des  ouvriers,  en  général,  ait  bonne. 

Il  n*;  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserva  pour  les  malades. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant  ;  les  ouvriers  sont  rarement  malades,  et  le 
cbef  déclare  que  la  profession  ne  présente  rien  d'insalubre. 

Il  n'y  a  jamais  en  d'accident  dans  cette  fabrique. 

Le  chef  ne  pense  pas  qu'aucun  de  ses  ouvriers  adulte*  soit  inscrit  sur  la 
liste  des  pauvres  ;  il  est  probable  que,  parmi  les  enfants  employés  chez  Ini,  il 
y  en  a  plusieurs  dont  les  parepts  sont  inscrits  sur  cette  liste. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 


On  y  occupe  cinq  ouvrier*  adulte*  et  vingt  enfants.  L'âge  de  ces  enfants 
varie  entre  huit  et  quatorze  an*.  Ils  sont  engagé*  par  les  ouvrier*.  Bien  qu'il 
ne  soit  pas  très-difficile  de  *e  le*  procurer,  on  en  trouve  cependant  plu*  faci- 
lement pendant  l'hiver. 

Leur  occupation  n'est  pas  fatigante  ;  elle  consiste  à  enlever  au  tabac  ses 
cotes,  et  à  trier  les  feuilles. 

On  emploie  de  préférence  les  enfant*,  parce  qu'ils  suffisent  au  travail  que 
noua  venons  de  mentionner,  et  parce  qu'ils  coûtent  infiniment  moin*  que 
des  ouvriers  adulte*. 

On  emploie  actuellement  beaucoup  plus  d'enfant*  qu'autrefois  ;  on  peut 
estimer  que  leur  nombre  a  au  moins  doublé. 

Le*  ouvriers  ont  du  travail  toute  l'année,  et  loua  travaillent  a  la  tache. 

La  journée  commence,  en  été,  à  tii  heure*  du  malin,  et  finit  à  sept  heure* 
du  soir.  En  hiver,  ou  ne  travaille  que  de  sept  heures  du  matin  à  sept  heures 

Il  arriva  quelquefois,  dans  des  cas  pressant* ,  que  l'on  dépasse  ces  limites 
ordinaire* du  travail;  cependant  on   ne  les  dépasse  guère  que  d'une  heure. 

Le*  enf*nta  doivent  alors  travailler  comme  les  ouvriers  fait*. 

La  dorée  du  travail  o'est  ni  plut  longue  ni  plus  courte  qu'elle  ne  l'était 
jadis. 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  les  enfants  par  brigf de*  ou  relais, 
et  le  chef  pense  qu'il  est  inutile  de  fixer  on  maximum  de  durée ,  selon  les 
Age* ,  pour  le  travail  de*  enfant*  dan*  le*  fabriques  de  l*bac ,  où  ils  n'ont 
aucune  occupation  fatigante. 

Il  n'y  a  jamais  aucun  travail  de  ouït. 

Les  ouvriers  ont  deui  heure*  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure  le  matin, 
une  heure  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Le  déjeuner  et  le  goftler  ont  lieu  dan*  la  fabrique;  le  dîner  te  fait  au  dehors. 

On  ne  travaille  que  rarement  le  dimanche ,  et  le  lundi  on  ne  travaille  que 
jusqu'à  quatre  heures. 


^y  Google 


430     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Il  n'y  a  pas  en  de  variation  dans  le  salaire  des  ouvrier».  On  peut  estimer 
le  gain  des  ouvriers  adulte»  à  3  fr.  par  jour,  et  celui  des  enfants  àSfr,  70  C. 
par  semaine. 

Les  enfants  sont  payés  par  les  ouvriers. 

L'instruction  des  enfants  est  tout  à  fait  nulle. 

Celle  des  ouvriers  adultes  est  presque  nulle. 

La  conduite  des  ouvriers,  enfanta  et  adultes,  est  asses  bonne.  Los  enfants 
se  conduisent,  en  général ,  asses  bien  jusqu'à  l'âge  de  quatorze  ans;  mais,,  à 
cet  âge,  ils  commencent  à  devenir  coureurs,  et  à  adopter  une  vie  plus  ou 
moins  déréglée. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades.  Lea 
ouvriers  sont,  du  reste,  rarement  malades,  et  le  chef  a  observé  qu'ils  jouissent 
d'une  espèce  d'immunité  dans  les  temps  d'épidémie. 

11  déclare  cependant  que  les  ouvriers  spécialement  employés  à  la  confec- 
tion des  curotiet ,  ne  peuvent ,  en  général ,  continuer  cette  partie  de  la 
fabrication  que  pendant  douze  on  quinze  ans ,  et  qu'au  boni  de  ce  temps  ils 

11  n'y  à  jamais  eu  aucun  accident  dans  celte  fabrique. 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres; 
gagnant  d'asseï  Torts  salaires,  il  ne  peut  y  avoir  de  misère  cb es  eux. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Les  ateliers  sont  dans  des  caves;  Us  sont,  par  conséquent,  humides  et 
mal  aérés. 


On  n'y  emploie  que  huit  ouvriers  :  quatre  adultes  et  quatre  enfants.  Ces 
derniers  sont  de  l'âge  de  huit  à  neuf  ans. 

Ils  sont  engagés  par  les  ouvriers  qui  se  les  procurent  facilement. 

Leur  occupation  consiste  à  décôter  le  tabac,  à  trier  les  feuille*  et  a  faire 
les poupcti  pour  les  ouvriers  cigariera. 

Les  onvrters  sont  occupés  toute  l'année.  Les  cigariera  travaillent  à  la 
tâche  ;  lea  autres  ouvriers  sont  employés  à  la  semaine. 

La  journée  commence,  en  été,  à  six  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à 
sept  heures  du  soir.  En  hiver,  le  travail  ne  commence  qu'à  huit  heure*  on 
huit  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  h  quatre  heures  de  l'après-dinée. 

Il  est  très-rare  que  ces  limites  soient  dépassées. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit- 
Il  n'y  a  qu'un  intervalle  de  repoi,  -  une  heure  et  demie  à  midi.  Le  matin 
et  l'aprèa-dinée,  tes  ouvriers  prennent,  à  volonté,  le  moment  de  repos  néces- 
saire pour  manger  leur  tartine. 

Les  ouvriers  retournent  chez  eux  pour  le  dîner. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  le  lundi  on  chôme  généralement. 
Les  cigariera  sont  les  plus  grands  chômeurs  ;  le  chômage,  pour  eux,  dure 
quelquefois  trois  jours,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  dépensé  tout  leur  argent  ;  alors 
ils  reviennent  au  travail,  et  ils  travailleraient  alors  aussi  nuit  et  jour  pour 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE  H.  INDUSTRIELS  DU  BRÂBANT.     at 

récupérer  le  temps  et  l'argent  qu'il»  ont  perdus  par.  leur  «conduite,  si  on 
voulait  leur  ouvrir  les  ateliers. 

La  salaire  a  augmenté  depuis  quelques  année»,  surtout  pour  les  cigariers. 
Les  cigariers  de  premier  ordre  sont  .payés  à  raison  de  î  franc  par  cent  cigares; 
un  ci  prier,  quand  il  veut  bien  travailler,  peut  eu  Etire  neuf  cent*  par  jour, 
et,  par  conséquent,  gagner  se*  B  francs-  Mais,  comme  tous  n'ont  ni' ta  même 
adresse  ni  le  mémo  zèle, 'il  faut  compter  que  la  majeure  partie  des  cigariers, 
lorsqu'ils  fout  des  cigare»  dits  tUrni-havanti,  gagnent  de  4  il  9  francs  par  jour. 

Les  cigariers  doivent  paver  les  enfant»  qu'il»  emploient. connue  pomwitr»; 
ceux-ci  peuvent  gagner  de  3  à  \  francs  par  semaine. 

Les  eal'ants  employés  au  décrément  et  aulriage. du  tabac  gagnent  da  1  fr. 
à1  fr..ïO  c.  par  semaine.-  ■-    ■ 

L'instruction  des  enfant*  est  tout  à  fait  nulle  ;  parai  les  adultes ,  il  n'y  a 
que  les  cigariers  qui  sachent  lire  et  écrire. 

Le  chef  se  plaint  beaucoup  de  la  conduite  des  cigariers  ;  ils  sont  buveurs, 
vivent  dans  la  débauche,  et  n'ont'  aucune  prévoyance.  Bien  des  pire*  de 
.  famille,  .(lit-il,  pourraient  vivre  à  l'aise  avec  ce  qu'ils  gagnent,  tandis  qu'eux 
n'ont  encore  que  de  la  misère. 
!  Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 
.  Le*  maladies  sont  rare»  ;  ils  ne  «ont  sujet*  qu'à  celle*  qui  sont  la  résultat  de 
leur  débauche  :  le»  maladies  vénériennes. 

La  profession-  n'a  rien  de.  nuisible  en  elle-même. 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  «ur  la  liste  de*  pauvres. 

11  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline;  mais  le*  dispositions 
relatives  au  livret  des  ouvriers  sont  strictement  observées. 

Les  ateliers  de  celte  fabrique  pourraient  être  mieui  aérés;  ils  pèchent 
surtout  par  le  défaut  d'espace. 


On.  n-'y  (ait  que  de»  cigares. 

On  y  occupe  deux  cent»  ouvriers  ;  sur  ce  nombre  il  n'y  a  qu'une,  femme  ; 
elle  est  mariée  et  travaille  dan»  la  fabrique  avec  son  mari.     . 

11  y  ad»  enfant»  au-dessous  da  l'âge,  de  neuf  an»,  vingt  ayant  de  neuf  à 
douze  ans,  trente  ayant  de  doute  à  seize  ans;  la  plupart  ont  dé  seize  à 
vingt  et  un  ans.  II  y  a  cependant  des  Ouvrier»  qui  «ont  âge*  de  plus  de  vingt 
et  un  an*,  mais  ceux-là  sont  eu  petit  nombre.  • 

Le»  enfant»  travaillent  à  la  journée  :  chaque  ouvrier  fait  a  sous  se*  ordre* 
un  apprenti  qu'il  engage  lui-ménre. 

Aucun  enfant  ne  travaille  là  avec  son  pire. 

On  se  procure  difficilement  les  enfants  dont  on  a  besoin. 

Leur  occupation  n'est  pas  fatigante  :  le»  plue  jeune*  sont  employé*  au 
décolement  du  tabac,  au  triage  des  feuilles  et  de»  cigares  ;  les  plu»  âgés  font 
les  poupées  et  commencent  à  faire  des  cigares. 

On  emploie,  de  préférence,  les  enfants,  parce  qu'ils  ont  plus  d'adresse  et 


jv  Google 


45Î    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
d'«gilité  dan*  le*  doigta,  et  parcs  qu'il*  coulent  moins  cher  que  de*  ouvrier* 
adulte*. 

Le*  ouvrier*  «ont  occupe»  toute  l'année,  et  ton*,  «anf  le*  enfants,  tra- 
vaillent à  la  tache. 

En  été,  la  journée  commence  A  ail  heures  du  matin,  et  finit  à  sept  heure* 
du  *oir.  En  hiver,  elle  commence  a  sept  heure*  du  matin  pour  finir  à  sept 
heure*  du  soir. 

On  ne  dépasse  plu*  ce*  limite* ,  parée  que  l'expérience  a  prouvé  qu'en 
prolongeant  le*  heure*  de  travail  on  n'obtenait  pat  plu*  de  produit*. 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  le*  enfante  par  brigade*  ou  relala  ; 
le  chef  panse  que  pour  le*  enfants  employé*  i  la  fabrication  des  cigare»,  il 
n'est  pas  nécessaire  d'établir  an  maximum  de  durée  de  travail,  selon  le*  Ages  : 
la  durée  et  la  nature  du  travail  ne  présentent  loi  aucun  inconvénient. 

II  n'y  a  jamais  da  travail  de  nuit. 

Le*  ouvrier*  n'ont  qu'un  intervalle  de  repas  d'une  heure  et  demie,  i 
midi.  A  quatre  heure*,  on  leur  accorde  quelques  minute*  pour  manger  une 

11*  retournent  chez  eux  pour  dîner. 
On  ne  travaille  jamais  le  dimanche. 

Le*  ouvrier*  employés  à  la  journée  ne  chôment  pas  le  lundi  :  ceux  qui 
travaillent  a  forfait  chôment  toujours  le  lundi,  et  quelquefois  pi nsienra  jours 
de  suite.  S'il  ;  a  une  fête  dan*  le  courant  de  la  semaine,  il  arrive  souvent 
qu'il*  ne  travaillent  pas  de  tonte  la  semaine, 

L'ouvrage  qui  *a  fait  le  lundi  malin,  est  toujours  insignifiant  OU  mauvais. 
Le  chômage  a  lieu  contre  le  gré  du  chef  :  tout  ce  que  celui-ci  a  essayé  pour 
mettre  fin  i  cette  mauvaise  habitude,  a  échoué. 

Le  salaire  n'a  ni  augmenté,  ni  diminué. 

Le*  ouvriers  faits  gagnent  de  5  à  6  fr.  par  jour. 

Le*  enfant*  de  doute  a  «eue  an*  gagnent  1  fr.  par  jour. 

Le*  enfant*  de  neuf  a  douie  an*  gagnent  i  fr.  par  semaine. 

Tous  le*  enfant*,  excepté  ceux  engagé*  par  les  ouvriers,  *ont  payé*  par 
le  chef. 

L'instruction  de*  enfanta  e*t  nulle  j  ils  ne  fréquentent  pas  les  écoles  ;  le 
chef  est  disposé  1  faire  tout  ee  qu'il  faut  pour  leur  assurer  de*  moyens 
d'instruction. 

L'instruction  de*  adulte*  est  presque  nulle  :  très-peu  savent  lire  et  écrire. 

'La  conduite  des  ouvrier*  en  masse  est  généralement  mauvaise  ;  leur*  vice*    ■ 
principaux  sont  :  la  débauche,  la  paresse  et  l'ivrognerie.  On  ne  peut  attri- 
buer ce*  vices  qu'au  défaut  d'instruction,  ai»  mauvaia  exemple*  dea  parente 
et  des  ouvriers,  et  à  la  facilité  avec  laquelle  il*  gagnent  de  forts  salaires. 

Il  y  a  quelque*  ouvrier*  qui  se  comportent  bien,  mai*  ils  tout  très-rares  : 
1*  chef  en  cite  deux,  un  protestant  et  an  antre;  il  a  remarqué  que  c'étaient, 
en  général,  les  ouvriers  qui  avaient  quelque  instruction, qui  se  conduisaient 
le  mieux. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  reserve  pour  les  malade*.  Du  reste, 

r  !ki,v Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES*.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.    433 

l'état  unitaire  est  satisfaisant  :  la  profession  n'expose  à  aucune  maladie  et 
ne  nuit  pas  nu  développement  des  enfants. 

Les  maladies  les  plus  communes  sont  les. affections  vénériennes ,  résultat 
de  leur  vie,  en  général,  débauchée. 

Plusieurs  ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres;  ceux-là  même  qui 
gagnent  le  plus,  de  36  à  40  ir.  par  semaine,  réclament  des  cartes  de  pain  des 
maîtres  des  pauvres. 

11  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline;  il  y  en  avait  un  autrefois, 
mais  il  est  tombé  en  désuétude,  par  suite  d'inobservance  de  la  part  des 


Il  arrive  souvent  que  des  engagements  pris  entre  le  chef  et  les 
jeunes  ouvriers  pour  la  durée  de  leur  apprentissage,  ne  sont  pas 
tenus  :  pour  peu  qu'on  leur  offre  une  augmentation  de  salaire 
dans  une  autre  fabrique,  ils  partent  en  masse  et  laissent  leurs 
livrets  entre  les  mains  du  chef.  Ce  départ  subît ,  qui  a  quelquefois 
lieu  alors  qu'on  a  commencé  une  entreprise  importante,  est  très- 
préjudiciable  aux  intérêts  du  maître. 

Quoique  se  présentant  sans  livret ,  les  jeunes  ouvriers  sont  reçus 
par  les  autres  fabricants.  Il  existe  parmi  ceux-ci ,  d'après  la  décla- 
ration du  chef,  un  embauchage  dégoûtant ,  qui  se  fait  en  général 
dans  les  mauvais  lieux. 

Les  ateliers  de  cet  établissement  sont  vastes ,  propres  ;  bien 
aérés  ;  il  y  règne  surtout  beaucoup  d'ordre,  et  les  métiers  sont 
disposés  de  telle  sorte  que  la  surveillance  en  est  très-facile. 


itssLissuasr  A. 

On  n'y  fabrique  que  des  chapeaux  de  soie. 

On  y  occupe  vingt-cinq  ouvriers  et  sept  apprentis  ayant  de  dix  à  dix-huit 
ans.  On  n'y  occupe  pas  de  femmes. 

Ou  travaille  tonte  l'année  ;  cependant,  l'hiver,  on  diminue  le  nombre  d'ou- 
vriers. 

Les  ouvriers  travaillent  à  la  tâche  et  les  apprentis  à  la  journée.  Les 
apprentis  sont  engagés  par  le  chef,  mais  arec  l'assentiment  des  ouvriers;  le 
chef  ne  peut  pas  engager  autant  d'apprentis  qu'il  le  voudrait  bien  ;  il  y  a 
des  coutumes  établies  par  les  ouvriers,  qui  ne  permettent  pas  à  un  chef  de 
fabrique  de  faire  pins  d'un  apprenti  tons  les  deux  ans.  C'est  là  un  abus 
criant  qu'il  but  faire  disparaître,  car  il  place  le  fabricant  sons  la  dépendance 
de  l'ouvrier. 


^y  Google 


434     CONSEIL  CENTRAL  DE  SÀLURRJTÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Il  n'y  a  aucun  apprenti  qni  travaille  avec. ion  pire  dan*  cette  fabrique. 
L'ouvrage  des  apprentis  est  peu  fatigant  :  ils  servent  d'aide*  aux  ouvriers  et 
travaillent  an  collage. 

.  On  les  emploie  de.  préférence,  parce  qu'ils  coûtent  moins,  et  qu'il  y  aurait 
perte  à  faire  faire  les  ouvrage*  faeiles  par  des  ouvriers  faits. 

En  été,  le  travail  commence  à  aix  heures  du  matin,  et  finit  à  huit  heure* 
du  soir.  En  hiver,  il  ne  commence  qu'à  huit  heures  du  matin  pour  finir  à 
cinq  heures  du.aoîr. 

On  nedépasse  jamais  ces  tinitle*,  et  l'on  ne  travaille  non  plus  jamais  la  nuit. 

Les  ouvriers  n'ont  qu'une  heure  et  demie  de  repos  à  midi. 

Ils  retournent  alors  chez  eux  pour  dîner  :  le  déjeuner  et  le  goûter  se  font 
dans  fatelier. 

Il  est  très-rare  que  l'on  travaille  le  dimanche. 

Le*  ouvriers  chôment  régulièrement  le  lundi  :  toute*  les  exhortations 
faites  dans  le  but  de  les  détourner  dé  cette  habitude  sont  restée*  stériles. 

Le. salaire  a  augmenté  dans  ees  dernières  années. 

Les  ouvriers  travaillant  à  la  pièce  gagnent  ordinairement  de  20  à  30  ff. 

Les  apprentis  gagnent,  selon  leur  âge,  4,  6  et  jusqu'à  9  fr.  par  semaine. 
Les  apprentis  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

L'instruction  des  ouvriers  et  des  apprentis  est  presque  nulle  ;  très-peu 
savent  lire  et  un  peu  écrire. 

Leur  conduite  est  loin  d'être  irréprochable  ;  non-seulement  ils 
vivent  clans  le  désordre,  la  débauche  et  l'intempérance,  mais  encore 
ils  forment  souvent,  des  Coalitions  nuisibles  aui  intérêts  des  indus- 
triels, mettent  des  ateliers  en  interdit ,  se  liguent  contre  les  autres 
ouvriers  qui  ne  se  soumettent  pas  à  leurs  exigences,  et  vont  même 
jusqu'à  exercer  sur  eux  des  voies  de  fait. 

L'établissement  n'a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour 
les  malades.  Mais  il  y  a  une  caisse  de  secours  que  les  ouvriers  ont 
formée  concurremment  avec  ceux  des  autres  fabriques.  Si  cette 
caisse  n'était  destinée  qu'à  venir  au  secours  des  malades  ou  des 
infirmes,  ou  des  ouvriers  qui,  par  une  raison  quelconque)  indépen- 
dante de  leur  volonté,  se  trouvent  momentanément  sans  ouvrage, 
nous  ne  pourrions  qu'applaudir  à  son  institution;  mais,  malheureu- 
sement, les  sommes  qui  y  sont  versées  reçoivent  encore  une  autre 
destination-;  elles  servent  souvent  a  favoriser  la  débauche  et  la 
Coalition. 

Ainsi,  qu'un  fabricant  refuse  de  faire  droit  à  une  demande 
d'augmentation  de  salaire,  non-seulement  les  ouvriers  abandon- 
nent en  masse  ses  ateliers;  mais,. de  concert  avec  leurs  compagnons 
des  autres  fabriques,  ils  surveillent  celle  qu'ils  ont  mise  en  interdit; 


>aiiz»dby  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.  455 
et  empêchent  que  d'autres  ouvrier*  aillent  y  travailler  à  un  prix 
inférieur.  Pendant  tout  le  temps  qu'ils  restent  sans  ouvrage,  temps 
qu'ils  passent  dans  la  débauche  et  les  orgies,  on  leur  paye  de  la 
caisse  une  certaine  somme  qui  les  met  à  même  de  pourvoir  &  leurs 
besoins. 

Les  diverses  spécialités  dont  se  compose  là  fabrication  des  cha- 
peaux ont  des  caisses  particulières  ;  ainsi  il  en  existe  une  pour  les 
coupeurs  de  poils,  une  pour  les  routeurs,  une  pour  tes  appro- 
prjeurs,  etc.  Ces  derniers  ont  un  encaisse  dé  5  à  6,000  francs. 

Chaque  spécialité  a  aussi  constitué  une  société  particulière. 

Ces  sociétés  se  réunissent  dans  des  localités  différentes  ;  elles 
ont  des  règlements  que  nous  n'avons  pu  parvenir  à  nous  procurer. 
Le  secret  est  gardé  sur  tout  ce  qui  s'y  fait  ;  c'est  là  qu'on  convient 
des  conditions  à  imposer  aux  fabricants,  des  mesures  à  prendre 
contre  tel  ou  tel  industriel  qui  ne  veut  pas  se  soumettre  a  leurs 
exigences,  etc. 

Nous  avons  vu,  en  parcourant  les  ateliers,  plusieurs  billets  de 
convocation,  affichés  par  les  ouvriers,  et  qui  portaient  à  peu  près 
ces  mots  : 

«  Messieurs ,  vous  êtes  priés  de  vous  rendre  ce  soir  au  local  de 
la  société  pour  délibérer  sur  des  affaires  qui  vous  concernent.  * 

La  santé  des  ouvriers  se  ressent  de  leur  conduite;  elle  est  souvent 
délabrée  par  la  débauche.  A  part  les  excès  de  tous  genres,  la  pro- 
fession n'offre  rien  d'insalubre.    . 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  ; 
tout  ce  qu'il  sait ,  c'est  que ,  malgré  des  salaires  élevés ,  et  quoique 
leurs  femmes,  en  garnissant  des  chapeaux  chez  elles,  gagnent 
encore  de  10  à  15  fr.  par  semaine,  ils  sont  souvent  dans  le  besoin. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline  :  cela  te  comprend, 
puisque  le  chefest  plutôt  sous  la.  dépendance  des  ouvrier»,  que  les  ouvrier* 
nous  celle  du  chef. 

L'atelier  principal  nous  •  paru  an  peu  étroit  et  pas  assez  élevé,  eu  égard 
au  nombre  d'ouvriers  qui  y  Ira  vaillent. 

ivtlLISSSMIUT    S. 

On  y  fait  (le*  chapeaux  de  feutre  et  de  soie. 

Le  nombre  des  ouvriers  varie  entre  trente  et  cinquante  ;  sur  ce  nombre . 
il  y  a  cinq  ou  si*  apprentis.  On  ue prend  pas  d'apprentis  au-dessous  de  l'âge 
de  ilouse  ans  ;  on  se  les  procure  facilement. 


DglizedOy  GOOgle 


456    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Le*  ouvrier!  tout  occupés  toute  l'année,  et  ton*  travaillent  à  la  pièce. 

La  journée  commence,  en  été,  à  six  heures  du  malin,  et  finit  à  huit  ou  neuf 
heure»  du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  et  finit  avec  le  jour. 

Cet  limites  «ont  1res-  rarement  dé  passée».  Il  n'y  a  pat  de  travail  de  nuit. 

Le*  ouvriers  prennent,  à  midi,  une  heure  ou  une  heure  et  demie  de  repos 
pour  aller  dîner  ;  le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dans  les  ateliers. 

On  ne  travaille  que  rarement  le  dimanche  ;   mais  on  chôme  toujours  le 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  le*  enfanta  par  brigades  ou  relais, 
lie  contre-maître  pense  que  si  l'on  voulait  fixer  un  maximum  de  durée  pour 
le  travail  des  enfants,  il  faudrait  toujours  que  cette  durée  fût  de  dis  à  doùie 

La  moyenne  du  gain  journalier  des  ouvriers  peut  être  estimée  à  4  francs. 
Depuis  quelques  années,  leur  salaire  a  augmenté  d'environ  un  quart. 

Les  apprentis  gagnent  8,  6  et  7  francs,  par  semaine. 

Us  sont  toujours  payé*  par  le  chef  d'atelier. 

L'instruction  de*  ouvriers  et  des  apprentis  est  très-bornée;  un  très-petit 
nombre  d'entre  eux  tarent  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  est,  en  général,  mauvaise;  ils  sont  adonné*  i  l'ivrognerie  et 
i  la  débauche  ;  ces  vice*  ont  toujours  été  trètreommuns  cher  le*  chapeliers. 
Ils  forment  aussi  quelquefois  de*  coalitions,  el  mettent  un  établissement  en 
interdit,  après  qu'ils  l'ont  quitté  en  masse.  Semblable  chose  était  encore  arri- 
vée dans  cette  fabrique  environ  quinze  jours  avant  noire  visite- 
Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le*  malades.  Le 
contre-maître  déclare  que  les  ouvriers  chapeliers  ont  entre  eux  un  fonde  spé- 
cial qui  comporte  actuellement  au  moins  S  ou  6,000  fr„  et  au  moyeu  duquel 
ils  s'enlr'aiJent  dans  les  cas  de  besoin. 

Les  autres  renseignements  sont,  en  grande  partie,  conformes  à  ceux  donnés 
par  le  chef  de  l'établissement  A.  Les  fabricant»  ne  peuvent,  faire,  dans  chaque 
spécialité,  qu'an  seul  apprenti  tous  le*  trois  au*. 

La  santé  (les  ouvriers  est  asaet  Loutre  ;  mais  elle  est  souvent  dérangée  par 
les  excès  auxquels  ils  se  livrent. 

On  a  remarqué  qtie  le*  ouvriers  fouleurs  vivaient  assez  longtemps  et  con- 
servaient une  santé  robuste  ;  on  attribue  cette  prérogative  à  ce  que  le  fou- 
lage exige  qu'ils  aient  continuellement  les  main*  trempée*  dans  un  liquide 
composé  de  lie  de  vin  et  d'eau  bouillante; 

Os  ignore  s'il  y  a  de*  ouvriers  inscrit*  sur  la  liste  de*  pauvres  •  la  plupart 
étant  mariés,  leurs  femmes  travaillent  chez  elles  comme  garnitseuses  de  cha- 
peaux, et  gagnent  encore  de  8  à  1 S  francs  par  semaine  ;  ils  pourraient  donc 
vivre  a  leur  aise,  s'ils  avaient  plus  d'ardre  et  s'ils  étaient  moins  débauché*. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

xiiiLisaizissT  C. 
On  n'y  fabrique  que  des  chapeaux  de  feutre. 
Il  y  a  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  six  chevaux. 


^y  Google 


ËNQUÉTU  DANS  LES  ÉTABLISSEH.  INDUSTRIELS  DU  BRABAKT.    *37 

On  y  occupe  cinquante-cinq  ouvriers.  Il  n'y  a  pas  d'enfants ,  car  on  ne 
prend  des  apprenti*  que  lorsqu'il»  ont  quinze  ou  seixe  ans. 

Ce*  apprenti*  «ont  engagés  par  les  ouvriers,  qui  sont  leurs  véritables 
chefs. 

Le  chef  de  rétablissement  engage  de  son  côté  trois  ou  quatre  enfants  au- 
dessous  de  l'âge  de  quinze  ans,  qui  ne  sont  employés  que  comme  coureurs 


Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année,  et  tous  travaillent  a  la  pièce. 

La  durée  ordinaire  du  travail  est  de  douze  heures  :  travaillant  à  pièce,  les 
ouiriers  arrivent  à  la  fabrique,  tantôt  une  demi-heure  plus  tôt,  tantôt  une 
demi-  heure  plus  tard  ;  il  en  est  de  même  pour  le  départ. 

Ils  prennent  à  volonté  des  intervalle*  de  repos  pour  leurs  repas.  Quelques- 
un*  dînent  dans  l'atelier,  mais  la  plupart  retournent  chez  eui. 

Le  chef  pense  qne  la  durée  du  travail  pour  les  enfants  ne  peut  être  moindre 
de  douze  heures  :  cette  durée  est  indispensable  dans  la  grande  industrie. 

Le*  ouvriers  de  cette  fabrique  gagnent  de  30  à  80  franc*  par  semaine. 

On  ne  travaille  que  rarement  le  dimanche,  mais  lo  lundi,  le  chômage  est 
d'habitude. 

L'instruction  des  ouvrier*  est  presque  nulle. 

Leur  conduite  est  assez  bonne  dans  les  ateliers  ;  mais,  en  général, 
ils  sont  buveurs,  débauchés  et  très-difficiles  à  conduire.  Le  chef 
n'a  cependant  pas  trop  à  s'en  plaindre;  il  se  flatte  d'avoir  chex  lui 
ce  qu'il  y  a  de  moins  mauvais  en  fait  d'ouvriers  chapeliers;  il 
pense  pouvoir  attribuer  la  légère  influence  qu'il  a  sur  eux  ,  à  ce 
qu'il  est  pour  ainsi  dire  le  seul  fabricant  de  chapeaux  de  feutre.  Tout 
ce  qui  a  été  dit  précédemment  de  la  coalition  des  ouvriers  est 
confirmé  par  lui.  Il  ne  lui  est  permis  de  faire  un  Apprenti  pour 
chaque  partie,  que  tous  les  trois  ans  ;  il  voudrait  faire  apprendre 
l'état  à  un  de  ses  fils,  qu'il  ne  le  pourrait  pas  :  cette  faveur  ne  lui 
serait  accordée  qu'à  condition  qu'il  verserait  entre  les  mains  des 
ouvriers  une  somme  assez  considérable.  En  un  mot,  les  ouvriers 
dictent  la  loi  aux  fabricants. 

H  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades.  Les 
ouvriers  ont  entre  eux  une  caisse  assez  bien  fournie. 

Leur  santé  est  assez  bonne,  et  la  plupart  de  leurs  maladies  doivent 
être  attribuées  bien  plus  a  leur  inconduite  qu'à  la  profession. 
Celle-ci ,  selon  le  chef ,  n'a  rien  de  nuisible  ;  cependant  aux  ques- 
tions que  nous  lui  avons  posées  relativement  au  sécrëlage,  il  a 
répondu  qu'il  savait  que  cette  opération  offrait  des  inconvénients 
asset  graves  :  celui,  entre  autres,  de  produire  le  tremblement,  maïs 


^y  Google 


«8  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
que  chez  lui  il  n'arait  jamais  observé  cet  accident,  sans  doute  parce 
que  les  ouvriers  né  sécrétaient  pas  continuellement.  Quoi  qu'en 
dise  le  chef,  la. 'fabrication' des  chapeaux.de  feutre  se  compose  de 
plusieurs  opérations,  dont  l'influence  défavorable  sur  la  santé  ne 
saurait  être  douteuse.  Nous  reviendrons  sur  ce  point  tout  à  l'heure. 


Le  chef  ignore  s'il  a  des  ouvriers  inscrits  aur  la  liste  des  pauvres  ;  à  en 
juger  d'après  ce  qu'il*  gagnent,  Ils  ne  doivent  pas  élre  dans  le  besoin,  d'au- 
tant moins  que  la  plupart  habitent  la  commune  et  peuvent  y  vivre  à  moins 
de  frais  qu'en  ville. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline  ;  on  peut,  dit 
le  chef,  faire  un  règlement;  mais  l'exécution  en  est  impossible, 
puisque  le  maîlre  n'a  que  peu  ou  point  d'influence  sur  les  ouvriers. 
Il  n'y  a,  selon  lui ,  qu'un  seul  moyen  de  mettre  fin  aux  abus  exis- 
tants et  de  vaincre  la  coalition  des  ouvriers  :  c'est  que  les  fabricants 
s'entendent,  qu'ils  se  liguent  entre  eux  pour  repousser  les  exigences 
des  ouvriers;  car,  si  ceux-ci  trouvent  des  ressources  pour  rester 
huit  ou  quinze  jours  sans  travailler,  les  fabricants  pourraient  aussi 
fermer  pendant  quinze  jours  ou  un  mois  leurs  ateliers  :  une  semblable 
niiesure  ferait  réfléchir  les  meneurs,  et  ils  rentreraient  bientôt  dans 
le  devoir  en  perdant  quelque  peu  le  goût  des  coalitions. 

Eh  général,  les  locaux  de  cet  établissement  Sont  trop  peu  spacieux 
pour  le  genre  de  travail  auquel  ils  sont  affectés.  Nous  signalerons 
surtout ,  comme  mal  disposé  et  insalubre ,  celui  où  travaillent  les 
coupeurs  de  poils  :  il  est  beaucoup  trop  pelit,  trop  bas  de  plafond, 
et  manque  d'aérage.  On  n'y  respire  qu'une  atmosphère  puante , 
et  chargée  de  duvet  fin  et  de  poils  très- déliés  ;  les  ouvriers  qui  y 
travaillent  sont  chargés  de  ces  poils  et  de  ce  duvet ,~  qui  pénètrent 
dans  toutes  tes  ouvertures  naturelles;  il  faut,  certes,  Une  grande 
habitude,  pour  y  résister.- Le  temps  que  nous  y  avons  passé  afin  de 
prendre  inspection  du  lieu,  pour  jeter  un  coup  d'ceil  sur  les  ouvriers 
et  prendre  connaissance  de  la  nature  de  leur  travail ,  a  suffi  pour 
nous  couvrir  de  poils  et  nous  procurer  des  sensations  très-incom- 
modes, à  la  gorge  ,  au  nez,  etc.,  qui  nous  ont  accompagnés  une 
bonne  partie  de  l'après-dinée,  et  cependant  nous  avions  eu  la  pré- 
caution de  nous  garantir,  autant  que  possible,  contre  ces  poils,  en 
nous  couvrant  la  bouche  et  le  nez  d'un  mouchoir.  C'est  dans  ce  local, 
déjà  si  insalubre ,  que  se  fait  encore  le  sécrétage ,  comme  si  l'on 
avait  cherché  à  y  accumuler  toutes,  les  causes  les  plus  puissantes 
de  maladies.  Aussi  les  ouvriers  que  nous  avons  vus  là,  «ont-ils,  pour 


*.Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉrABLfSSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.  439 
la  plupart,  maigres,  pile»,  et  étioles.  Si  bous  ne  t'avions  tu, 
nous  aurions  de  ,1a  peine  à  croire  que  des'  hommes  puissent  être 
assez  peu  dégoûtés  pour  pouvoir  manger  dans  on  local  ou  tout  se 
couvre  instantanément  d'ordure»  et  de  poils.  Nous  avons  interrogé 
les  ouvriers  relativement  k  l'incommodité  qu'ils  pouvaient  éprouver 
du  travail;  dans  leur  insouciance' ordinaire  quant  ace  qui  les  inté- 
resse le  plus ,  ils  nous  ont  répondu  que  quelquefois  ils  toussaient 
un  peu;  que,  pour  faire  passer  la  poussière  et  lés  poils,  ils  buvaient 
un  coup  de  plus,  et  que  leur  métier  n'avait  rien  de  malsain. 

En  général,  les  industriels  et  les  ouvriers  conviennent  rarement 
de  l'insalubrité  de  l'industrie  qu'ils  exercent  :  ils  cherchent  toujours 
à  prouver  son  innocuité  en  citant  les  rares  exceptions  de  quelques 
ouvriers  qui  sont  arrivés  à  un  âge  avancé;  mais  ils  ne  tiennent, 
aucun  compte  de  ceux  qui  ont  été  moissonnés  dans  la  force  de 
l'Age.  Ainsi,  pour  les  coupeurs  de  poils,  travaillant  toujours  dans 
un  air  chargé  de  poussière  et  de  poils,  il  est  évident  que  les  organes 
respiratoires  sont  très-exposés  à  devenir  malades:  L'observation  a 
prouvé,  en  effet,  que  la  toux,  les  crachements  de  sang,  la  phthisie 
pulmonaire,  ne  sont  rien  moins  que  rares  chez  eux,  et  que  la 
plupart  deviennent  asihmaliqueh,  vers  l'àgede  quarante  ou  cinquante 
ans.  Ce  qui  rend  la  profession  des  coupeurs  de  poils  encore  plus 
insalubre  ,  c'est  qu'ils  sont  chargés  en  mente  temps  du  sécrélage 
des  peaux,  opération  qui  les  expose  à  tous  les  dangers  qui  accom- 
pagnent l'inspiration  de  vapeurs  mercurielles.. 

Les  éjarreutet ,  femmes  chargées  d'ôter  tous  les  longs  poils,  sont 
exposées  aux  mêmes  maladies  que  les  coupeurs  de  poils,  mais  à  un 
degré  moindre ,  parce  que  leur  travail  charge  moins  l'atmosphère 
de  duvet  et  de  poils. 

Les  fottleurs  ont  un  travail  pénible ,  qui  exige  de  la  part  des 
extrémités  supérieures  une  grande  dépense  de  force  musculaire, 
et  qu'on  ne  peut  regarder  que  comme  insalubre..  En  effet,  ils  tra- 
vaillent toute  la  journée  debout  devant  des  espèces  de  cuves  con- 
tenant un  liquide  très- chaud,  et  sous  un  hangar  ouvert  à  tous 
vents,  les  bras  et  la  poitrine  nus  jusqu'à  la  ceinture  ;  tandis  que  la 
partie  supérieure  du  corps  travaille  toujours,  la  partie  inférieure 
est  dans  une  inaction' complète  sur  un  sol  nécessairement  plus  ou 
moins  humide.  Il  résulte  de  là,  pour  ces  ouvriers,  des  chances 
nombreuses  de  maladies  de  poitrine  et  d'affections  rhumatismales  ; 
de  plus,  la  station  prolongée  et  l'inaction  des  extrémités  inférieures 
doivent  disposer  celles-ci.  aux  Varices  et  aux  ulcères. 


ly  Google 


«40    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Sï ,  au  moins  pendant  l'hiver,  l'on  fermait  le  hangar  sou»  lequel 
i!i  travaillent ,  ils  n'auraient  plu»  qu'à  se  prémunir  contre  les  tran- 
sitions brusques  de  température;  mais  le  chef  que  nous  avons 
interrogé  à  cet  égard,  nous  a  dit  que  ses  ouvriers  n'avaient  jamais 
froid,  et  qu'ils  préféraient  travailler,  le  hangar  étant  ouvert. 

Toutes  ces  considérations  étant  émises ,  il  nous  semble  qu'on  ne 
peut  guère  ajouter  foi  à  oe  que  le  chef  nous  a  dit  relativement  à 
l'état  sanitaire  de  ses  ouvriers  et  à  la  salubrité  de  la  profession. 


I  ».  —  Coaaerie  4e  poO»  et  préparation  de  passa». 


Le  moteur  est  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  huit  chevaux. 

On  y  occupe  cinquante  ouvriers  ;  sur  ce  nombre,  il  y  a  trente  femmes  et 
cinr[  ou  six  enfant*.  Ces  dernier*  sont  engagés  par  les  ouvrière  coupeurs. 

Les  ouvrier*  y  ont  de  l'ouvrage  toute  l'année. 

Cinq  ou  six  ouvriers  seulement  travaillent  à  la  journée;  le*  autres,  qui 
sont  les  coupeurs  et  leurs  aides ,  les  sécréteurs  et  les  ëjarreuses ,  travaillent 
à  la  pièce. 

En  été,  le  travail  commence  à  six  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à  sept 
heures  du  «où*  ;  en  hiver,  il  commence  à  sept  heure*  du  malin,  et  finit  à  sept 
heures  du  soir. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées,  et  il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Les  ouvrière  n'ont  qu'un  intervalle  de  repos  pendant  le  travail  de  jour  ;    , 
de  midi  à  une  heure. 

Les  ouvrier*  ne  retournent  chei  eux  que  pour  le  dîner  ;  quelques-uns , 
cependant,  restent  dîner  dan*  l'atelier. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  le  dimauche. 

Le  chômage  n'est  pas  général  le  lundi  ;  les  ouvriers  coupeur* ,  seul* ,  ne 
travaillent  que  jusqu'à  quatre  heure*  ;  le*  autres  font  journée  complète. 

Le  prix  moyen  de  la  journée  de  travail  est  de  2  fr.  30  c-  pour  les  ouvrier* 
employé*  à  la  journée. 

Le*  coupeur»,  quand  il*  travaillent  bien,  peuvent  gagner  delH  *16  fr. 

Le»  éjarreusea  m  gagnent  guère  que  3  fr.  50  c.  ou  4  fr.  par  semaine. 
Le*  sécréteurs  gagnent  3  fr.  par  jour. 

Les  enfant*  engagés  par  le  directeur,  gagnent  KO  centimes  par  jour.  Ce* 
enfants  sont  en  petit  nombre,  et  fervent  comme  com millionnaire*. 
L'instruction  de*  enfant*  est  tout  à  fait  nulle, 
H  en  est  de  même  pour  le*  ouvriers  adultes. 
Le*  homme*  et  le*  femme*  travaillent  dans  de*  ateliers  séparé*. 
Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  pour  le*  malade*. 


xuvCoo^le 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.   «41 

D'après  la  déclaration  du  directeur,  la  ganté  des  ouvriers  est 
bonne  ;  ils  sont  plus  souvent,  ivres  que  malades  :  la  profession 
n'expose  à  aucune  maladie.  Cependant ,  après  quelques  observa- 
tions faites  par  nous  relativement  à  l'influence  que  le  sécrétage 
exerçait  sur  la  santé  des  ouvriers,  le  directeur  avoue  que  les  sécré- 
teurs et  les  coupeurs  sont  quelquefois  atteints  de  tremblement; 
niais  il  attribue  cette  maladie  bien  plus  à  l'intempérance  qu'à  l'ac 
tion  du  seljnercuriel  qui  compose  le  sécrétage.  Si  cette  opinion  n'est 
pas  tout  à  fait  fondée,  elle  renferme  au  moins  quelque  chose  de 
vrai ,  à  savoir  que  le  sécrétage  agit  d'autant  plus  énergique  ment 
sur  la  santé  des  ouvriers ,  que  ceux-ci  se  livrent  à  des  excès  de 
boisson. 

Quelques  ouvriers  se  conduisent  bien  ;  les  coupeurs  et  les  sécré- 
teurs sont  ceux  qui  se  dérangent  principalement  ;  ils  sont  ivrognes, 
et  restent  quelquefois  des  jours  entiers  sans  travailler. 

Le  directeur  ignore  s'il  y  a  de»  ouvrier*  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  ; 
mais  il  pense  qu'il  doit  y  eu  avoir  quelques-uns. 
1!  n'y  a  pu  de  règlement  d'ordre  on  de  discipline. 
Les  dispositions  relatives  au  livret  sont  observées. 

Les  ateliers  de  cet  établissement  seraient  suffisamment  spacieux 
et  élevés  pour  toute  autre  industrie  que  celle  qui  s'y  exerce  ;  mais, 
pour  celle-ci,  ils  laissent  beaucoup  à  désirer,  sous  le  rapport  de 
l'espace  et  de  l'aérage.  Nous  ne  répéterons  pas  ici  ce  que  nous 
avons  déjà  dit,  en  parlant  des  fabriques  de  chapeaux,  de  l'insa- 
lubrité attachée  aux  professions  de  coupeurs  de  poils,  de  sécréteurs 
et  A'éjarreuses ,  parce  que  tout  cela  est  parfaitement  applicable 
aux  ouvriers  de  cet  établissement  ;  mais  nous  devons  encore  appeler 
L'attention  sur  les  deux  points  suivants  :  il  existe  dans  la  fabrique 
une  machine  à  couper  le  poil,  et  un  homme  est  chargé  de  lui  pré- 
senter les  peaux  ;  la  mécanique ,  se  mouvant  avec  une  grande 
vitesse ,  rase  la  peau  comme  un  éclair  et  projette  dans  l'air  des 
nuages  de  poils  très-déliés,  au  milieu  desquels  se  trouve  con- 
stamment l'ouvrier  employé  à  cette  mécanique.  On  conçoit ,  et  le 
directeur  nous  l'a  d'ailleurs  déclaré',  on  conçoit,  disons-nous, 
combien  une  semblable  occupation  doit  être  préjudiciable  à  la 
santé  de  celui  qui  en  est  chargé. 

Le  second  point  sur  lequel  nous  voulions  appeler  l'attention, 
c'est  que  ce  sont  toujours  les  mêmes  hommes  qui  sont  chargés  du 
sécrétage ,  et  que  cette  opération  se  fait  dans  un  méchant  petit 
réduit  des  plus  mal  disposés  à  cet  effet. 


^y  Google 


Ui     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBrffl'É  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 


5  ÎO.  —  Fabrique  *t|nftt, 


ÉHUllStnHI    A. 


On  y  occupe  cinq  ouvrier*  enfants,  ayant  de  »ii  à  once.  un*. 

Le  travail  continue  toute  l'année  ,  et  les  enfants  travaillent  à  la  semaine. 
Le  chef  se  procure  facilement  les  enfant»  dont  iTa  besoin. 

Leur  occupation  consiste  à  faire  (tes  agrafes,  travail  qui  o'eiiyc  pas  beau- 
coup de. force. 

On  y  emploie  de  préférence  des  enfants,  parce  qu'ils  coulent  moins,  et  que 
le. travail  est  trop  facile  pour  en  charger  des  adultes! 

La  journée  commence,  en  été ,  à  six  heures  du.  matin,  èl  se  prolonge  jus- 
qu'à sept  heures  du  soir.  En  hiver,  on  ne  travaille  que  de  huit  heures  jlu 
malin  à  huif  heures  du  soir. 

Les"  intervalles  de  repos  sont  :  un  quart  d'heure  le  matin,  une  heure  à 
midi,  et  un  quart  d'heure  l'après-dînée. 

Ces  limite*  ne  sont  jamais  dépassée»,  et  il  n'y  a  jamais  de' travail  de  nuit. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas.de  chômage  le  lundi. 

Les  enfants  employés  dans  celte  fabrique,  malgré  tin  travail  de  omeheures 
et  demie  par  jour,  n'ont  qu'un  salaire  très-minime. 

Le  salaire  varie  de  .1  fr.  à  1  fr .  60  c.  et  1  (t.  73  centime*  par  semaine. 

L'instruction  des  enfant»  est  complètement  nulle,  et  c'est  là  un  résultat 
forcé  de  l'âge  trop  tendre  auquel  ils  sont  reçus  dans  celle  fabriqua. 

Leur  sanlé  est,  en  général,  bonne,  et  la  profession  n'expose  à  aucune 
maladie. 

Les  parents  de  plusieurs  des  enfants  sont  inscrit*  sur  la  liste  des  pauvre*. 


tt»*L1»»lHSKT  A. 

On  y  fait  des  clous-épingles,  des  pointe*  de  Pari»  et  des  boutons  en  os. 
Le  nombre  de*  ouvriers  varie  de  troi»  à  cinq.  On  n'y  occupé  qu'nn  seul 

Le*  ouvrier*  sont  occupé*  tonte  l'année,  et.  il»  travaillent  à  la  journée. 

La  journée  commence,  en  été,  à  cinq  heure*  et  demie  du  matin,  et  finît  à 
huit  heure*  du  soir.  En  hiver,  elle  commence  à  six  heure*  du  malin',  et  finit 
à  huit  heure*  du  soir. 


"       !,:y000g[e 


ENQUÊTE  DANS  LES  Et ÀBUSSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     443 

Ces  limites  ne  tout  jamais  dépassées,  et.  il  n'y  s  jamais  de  travail  cfe  nuit. 

La  durée  du  travail  n'a  «L'augmenté,  ni  diminué. 

Il  est  très-rare  que  l'on  Ira  «aille  le  dimanche;  le  lundi,,  on  ne  travaille 
généra  le  me  ni  que  jusqu'à  quatre  heure». 

Le  salaire  des  ouvriers. n'a  éprouvé  aucune  variation-. 

Ils  gagnent  1  fr.  80  c.  par  jour,  en  élé;  et  .1  St.  fia  c,  par  jour  en  hiver. 

Sur  les  trots  ouvriers  actuellement  employés  dans  celte  fabrique,  il  y  en 
a  deux  qui  savent  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  et  leur  santé  sont  bonnes;  la  profession  ne  présente  rien 
d'insalubre. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  .pour  les  malades. 

Il  n'y  a  jamais  eu  aucun  accident  dans  cette  fabrique.' 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvrier*  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres. 

Les  ateliers  sont  bien  tenus  et  aatubres  ;  le  travail  est  peu  .fatigant,  et  les 
i»  ont  offert  toutes  les  apparences  d'une  bonne  santé. 


S  I».  —  Fnbilqne*  de  toUvH  etréeo  «4  euln  «ernid. 


iTlSLlSlIBENt  A. 

On  y  occupe  de  trente  à  quarante  ouvriers,  parmi  lesquels  sont  compris 
cinq  Ou  six  enfants  de  quatorze  à  quinze  ans. 

Les  enfants  sont  engagés  par  le  chef,  qui  se  les  procure  très-facilement. 
Ils  sont  employés  comme  commissionnaires  et  a  monter  les  toiles  sur  les 
châssis. 

Tous  les  ouvriers  ne  travaillent  pas  toute  l'année;  un  tiers  chôme  pendant 
les  mois  d'hiver.  ■ 

Ils  travaillent  tous  à  la  journée. 

En  élé,  la  journée  commence  à  six  heures  du  matin,  et  finit  à  sept  heures 
du  soir.  En  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  sept  heures  et  demie,  et  finit  a 
quatre  heures  de  l'après-dînée. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées  en  été ,  mais  on  ne  fait  jamais  plus 
de  cinq  quarts. 

La  durée  du  travail  n'est  ni  plus ,  ni  moins  longue  qu'elle  ne  l'était  il  y  a 
quelques  années. 

Le*  ouvriers  ont  deux  heures  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure  le  matin, 
une  heure  à  midi  et  une  demi-heure  a  quatre  heures. 

Pendant  l'hiver,  il  n'y  a  qu'un  seul  intervalle  de  repos  à  midi. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

La  plupart  des  ouvriers  retournent  dîner  chez  eux  ;  quelques-uns  dînent 
dans  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  à  moin»  cependant  qu'il  n'y  ait  à  satis- 
faire à  des  demandes  très- pressantes. 


-  ;; ■■•■j.-vCoogle 


iU     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Le  chef  a  déjà  propose  mainte»  Toi*  «ses  ouvrier*  ât  travailler  le  dimanche 
ou  une  partie  du  dimanche,  et  de  mettre  le  produit  de  ce  travail  extraordi- 
naire de  côté  pour  lea  mauvais  jours  de  l'hiver;  mais  il»  n'ont  jamais  accédé 
à  celte  proposition. 

Il  n'y  a  pas  de  chômage  complet  le  lundi  ;  généralement  les  ouvrier»  ne 
font  que  trois  quarts  ce  jour-là. 

Le  salaire  n'a  ni  augmenté  ni  diminué  ;  le  gain  journalier  de*  ouvriers 
varie  de  1  franc  à  3  francs  ;  ainsi  ; 

lie*  ponceurs  gagnent fr.  1   26 

Le*  metteurs  en  couche* •  1  80 

Le*  imprimeurs .     .     «  3  00 

Le*  enfants 1  00 

Les  enfants  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

Us  ne  rréqnentent  aucune  école,  et  sont  tout  i  fait  ignorant*. 

Il  en  est  de  même  pour  les  ouvriers  adultes. 

Leur  conduite  est  assez  bonne;  on  ne  peut  leur  reprocher  qu'un  peu  de 
penchant  pour  l'ivrognerie. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades.  Le 
chef  a  essayé  plusieurs  fois  de  former  une  caisse  de  réserve  pour  les  mau- 
vais mois  d'hiver;  mais  cela  n'a  pas  réussi. 

La  santé  des  ouvriers  est  bonne;  ils  travaillent  presque  toujours  au  grand 
aïr,  et  la  profession  n'a  rien  de  nuisible. 

Comme  leur  travail  se  fait  debout,  nous  avons  interrogé  le  chef  sur  les 
affections  ordinairement  produites  par  la  station  prolongée,  et  il  nous  a 
déclaré  que  ses  ouvriers  n'étaient  sujets  ni  aux  varices,  ni  aux  ulcères. 

Plusieurs  ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres;  ce  sont,  en  général 
des  hommes  marié*  ayant  une  nombreuse  famille. 

Il  y  avait  autrefois  un  règlement  d'ordre ,  mais  il  est  tombé  en  désuétude 
parce  qu'on  n'a  pas  tenu  la  main  à  son  eiécution. 

Ou  exige  le  dépôt  du  livret  de  tout  ouvrier  entrant  à  la  fabrique;  mais  le* 
livret)  *e  délivrent  avec  trop  de  facilité  ;  les  ouvriers  ne  se  gênent  pas  pour 
abandonner  une  fabrique,  ils  laissent  leur  livret  au  maître  qu'ils  abandonnent 
et  s'en  procurent  aisément  un  nouveau. 

F.  VAS  LUS  EU  tira    B, 

On  y  occupe  vingt  ouvriers  et  quatre  enfant*  de  trêve  à  quatorze  ans. 
Le»  enfants  *oat  engagés  par  le  chef,  qui  *e  le*  procure  facilement.  On  ne 
le*  occupe  qu'à  des  travaux  peu  fatigant*  :  il*  aident  le*  ouvriers,  étendent 
le*  couleur*,  montent  les  toiles  sur  les  chA**i*,  etc. 

Les  ouvriers  y  ont  de  l'ouvrage  toute  l'année  et  il*  travaillent  tous  à 
la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  cinq  heures  et  demie  du  matin,  et  finit* 


wby  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE»,  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     US 

•e pi  heure»  du  soir.  En  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  »ept  heure»  du  matin, 
et  fiait  à  sept  du  huit  heures  du  soir. 

Ce*  limite»  tout  quelquefois  dépassées  ;  it  e*t  Je*  circonstance*  où  l'on 
doit  travailler  jusqu'à  minuit. 

Lee  enfanta  prennent  alors  part  au  travail  extra  ordinaire, 

Lea  ouvrier*  n'ont  qu'une  heure  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure  le 
matin  et  une  demi-heure  a  midi. 

Il*  prennent  loua  leur*  repa*  dan*  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche  ;  très-souvent  on  chôme  lea  lundis,  et, 
en  général,  quand  ils  travaillent  ce  jour,  les  ouvrier*  ne  font  tout  au  pin* 
que  trois  quart*. 

Il  n'y  a  pas  eu  de  variation  dans  le  salaire  des  ouvriers. 

Les  ponceur*  gagnent  de.   .     fr,     1    50  a  %  00  par  jour. 

Les  metteurs  en  couche fr.      2  30  • 

Les  imprimeurs 3  00        • 

Le*  enfants de    fr.    0  75  à  1  00 

Les  enfants  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

Ils  ne  fréquentent  pas  le*  école*  ;  ils  n'en  ont  pas  le  temps  :  leur  ignorance 
e*t  complète. 

Le*  ouvrier*  adultes  n'ont  guère  d'instruction  non  plu*;  quatre  ou  cinq 
tout  au  plus  savent  lire. 

Leur  conduite  est  assez  bonne,  sauf  le  lundi  qu'ils  passent  en  grande 
partie  dans  les  cabarets. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond»  de  réserve  pour  le*  malade*  ;  le  chef  a 
essayé  de  former  une  caisse  de  réserve,  mais  ses  essai»  n'ont  pas  eu  de  réus- 
site, parce  que  le  mot  économie  est  inconnu  des  ouvriers. 

Leur  santé  est  bonne  ;  il*  travaillent  presque  toujours  en  plein  air,  et  la 
profession  n'expose  à  aucune  maladie. 

Quelque»  ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  :  en  général,  on 
peut  dire  qu'il  y  a  de  la  misère  chez  la  plupart  d'entre  eux.  Leur  nourriture 
se  compose  presque  exclusivement  de  pain  grossier  et  de  légume*. 

11  y  avait  autrefois  un  règlement  d'ordre,  qui  est  tout  à  fait  oublié  aujour- 

On  y  observe  rigoureusement  les  prescription»  relatives  au  livret  ;  le 
chef  pense  qu'on  le  délivre  trop  facilement,  car  le*  ouvriers  abandonnent 
quelquefois  la  fabrique  sans  s'inquiéter  de  leur  livret. 


■Il*  119  S  M  BRI'  A. 


On  y  fabrique  la  bougie  dite  de  ï Étoile. 

On  y  emploie  nne  machine  à  vapeur  de  la  force  de  deux  chevaux. 


^y  Google 


446      CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Sur  les  vingt-six  ouvriers  qui  travaillent  dans  celte  fabrique,  il  y  a  treize 
ouvrières  de  dix-huit  â  vingt-cinq  ans.- 

Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année,  et  tous  travaillent  à  la  journée. 

En  toutes  saisons,  la  journée  commence  à  sept  heures  du  matin,  et  fiait 

à  sept  heures  du  soir.  Il  est  rare  que  ces  limites  soient  dépassées,  et  plus   . 

rare  encore  que  l'on  travaille  la  nuit;  on  ne  le  fait  jamais,  à  moins  de  besoins 

très-pressants. 

.  Les  ouvriers  n'ont  qu'un  seul  intervalle  de  repos,  de  midi  à  une  heure- 
La  plupart  retournent  cher  eux  pour  dîner  (  quelques-uns  dînent  dans 
l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  l'on  ne  chôme  jamais  le  lundi ,  sauf 
deux  fois  par  an. 

Il  n'y  a  pas  en  de  variation  dans  le  salaire  des  ouvriers. 

Les  hommes  gagnent.     ;     ....     fr.     1  62  par  jour. 

Les  ouvrières. —     126       ' .      .  : 

L'instruction  des  ouvriers  est,  en  générât,  très-bornée;  on  peut  même 
dire  qu'elle  est  nulle  chez  la  plupart. 

Les  ouvriers  et  les  ouvrières  travaillent  dans  des  locaux  séparés. 
Leur  conduite  est  bonne  :  ils  habitent  tous  la  campagne  et  mènent  une  vie 
très-régulière  ;  ils  ne  connaissent  ni  l'ivrognerie,  ni  la  débauche.' 
'  Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 
Les  maladies  pont  d'ailleurs  très-rares,  et  la  fabrication  n'expose  à  aucune 
affection  particulière.. 

Il  n'y  a  jamais  eu  aucun  accident  dans  cette  fabrique- 
Le  cbef  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  .sur'  la  liste  des  pauvres  ;  il  ne 
le  pense  pas  :  quelques-uns  de  ses  ouvriers  placent  de  l'argent  â  la  caisse 
d'épargne.  En' général,  il  n'y  a  pas  de  misère  chez  eux,  et  ils  vivent  assez 

Ces  ouvriers,  en  effet,  avaient  une  mise  propre  qui  nous  annonçait  une 
certaine  aisance,  de  même  que  leur  bonne  mine   nous  offrait  l'image  de  la 

H  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline;  tuais  le  cbef  maintient 
une.  bonne  discipline  parmi  ses  ouvriers,  chose  d'ailleurs  généralement  facile 
avec  la  classe  ouvrière  des  campagnes. 

Les  prescriptions  relatives  au  livret  sont  observées  :en  général,  les 'chan- 
gements d'ouvriers  sont,  très-peu  fréquents. 

L'atelier  des  femmes  est  bien  aéré  et  salubre  ;  mais  on  pourrait  désirer  un 
peu  plus  d'élévation  à  ceux  où  se  font  la  fonte  des  suifs  et  la  préparation  de 
la  stéarine. 

ÉTtBLlSSXaEKT   B.      '■%  , 

Ou  y  fait  des  bougies  diaphanes.  Celle  fabrication,  d'abord  assez  impor- 
tante, est  tombée  à  rien,  par.  suite  de  la  concurrence  que  lui  ont  faite  les 
bougies  dites  de  YÉtaîlt. 
,    On  n'y  occupe  que  deux  ou  trois  ouvriers  enfants  de  douze  a  quinze  ans. 


lyGoç>gIe 


'  ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     UT 

Cm  enfant*  ne  août  occupés  que  l'hiver,  car,  l'été,  on  ne  travaille  pas.  Même 
en  hiver,  le  travail  n'est  pas  continu  ;  il  n'a  lien  qu'à  mesure  des  besoins.  On 
doit  compter  qu'en  tout,  on  ne  travaille  pas  plu*  de  trois  mois  pendant  l'an- 
née, tandis  qu'auparavant  iljavait  de  l'ouvrage,  sinon  pour  toute  l'année, 
au  moins  pour  sept  ou  huit  moi*. 

Le  chef  se  procure  aisément  le*  enfanta  dont  il  a  besoin. 

Ils  travaillent  à  la  journée,  et  n'ont  qu'une  occupation  fort  peu  fatigante, 
comme  faire  des  mèches  et  les  placer  dans  les  moule*. 

La  journée  commence  ordinairement  à  sept  heures  du  matin,  et  finît  à 
sept  heures  du  soir.  Ces  heures  ne  sont  jamais  dépassées,  et  l'on  ne  travaille 
jamais  non  plus  la  nuit  ou  le  dimanche,  par  la  raison  tonte  simple  qu'il  li 'y  a 
pas  même  de  l'ouvrage  pour  les  jours  delà  semaine. 

H  y  a  une  heure  et  demie  de  repos  à  midi,  que  les  enfants  mettent  à 
profit  pour  aller  dîner  chez  eux. 

Quand  il  y  a  de  l'ouvrage,  on  ne  chiime  jamais  le  lundi. 

Le  salaire  des  enfants  a  nécessairement  diminué;  ils  gagnent  actuellement 
de  30  centime*  à  1  fr.  par  jour. 
.    Leur  instruction  est  presque  nulle. 

Leur  santé  est  excellente,  et  le  travail  qu'il*  font  ne  peut  pas  nuire  à  leur 
dé  vélo  p  pement  phy  siqu  e. 

Leur  conduite  est  très-bonne.  Le  chef  prend  de  préférence  de*  enfanta  de 
ta  campagne,  parce  qu'il  a  remarqué  qu'il*  avaient  beaucoup  plus  de  probité 
que  ceux  de  la  ville;  ces  derniers  l'ont  souvent  vnlé,  tandis  que  le*  premiers 
ne  l'ont  jamais  fait. 

Le  local  destiné  à  la  fabrication  n'est  pa*  grand  ;  mais,  vu  le  petit  nombre 
d'ouvriers  et  la  «implicite  de  la  fabrication ,  on  peut  le  conaidérer  comme 
offrant  des  condition*  suffisante»  de  salubrité.  11  n'y  a  d'ailleurs  rien  de  mal- 
sain dan*  cette  fabrication,  qui  consiste  tout  bonnement  à  fondre  le  tperma 
etti,  et  à  couler  la  matière  fondue  dan*  de*  moule*. 


Bien  qu'on  ne  fabrique  fus  de  bougie*  dan*  cet  établissement,  nous  l'avons 
placé  ici,  parce  qu'il  *e  rapproche ,  *oua.  le  rapport  de  la  salubrité  du  tra- 
vail, de  l'établissement  B.  Dan*  celui-ci,  on  ne  fait,  en  effet,  que  fondre  et 
couler  le  tperma  etti  dan*  des  moules  ;  dans  celui-là ,  on  ne  fait  que  blanchir 
la  cire  au  contact  de  l'air,  le  fondre  et  le  couler  en  tablette*,  pour  le  livrer 
blanc  et  pnr  an  commerce. 

Comme  on  n'y  occupe  qu'un  petit  nombre  d'ouvriers  (quatre  ou  cinq) ,  et 
qu'il  n'y  a  véritablement  pa*  de  travail ,  nous  nous  somme*  bornés  à  visiter 
l'établissement  pour  prendre  connaissance  des  lieui.  Celle  visite  non*  a 
assuré  que  les  locam  présentaient  tonte*  les  conditions  désirables  de  salu- 
brité. 


^y  Google 


US     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  Œ  BRUXELLES. 


On  j  occupe  quatre  ouvrier*.  Le*  troii  enfanta  du  maître  j-  sont  égale- 
ment occupée. 

Les  ouvrière  «ont  employés  toute  l'année,  et  il*  travaillent  à  la  pièce. 

La  journée  commence  à  sii  heures  du  matin,  et  finît  à  huit  heu resilu  soir. 
Ce*  limites  ne  sont  jamais  dépassée*. 

Le*  intervalle*  de  repos  sont  :  une  demi-heure  le  matin,  une  heure  à  midi, 
et  une  demi-heure  a.  quatre  heures. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  ont  lieu  dan*  l'atelier.  Pour  le  dîner,  les  ouvriers 

Quelquefois,  on  travaille  le  dimanche.  Le  lundi,  le*  ouvrier*  ne  font,  en 
général,  que  trois  quarts. 

Le  salaire  de*  ouvriers  a  considérablement  diminué  depuia  quelques 
années  ;  cette  diminution  est  à  peu  pré*  de  moitié. 

Les  polisseur*  gagnent  actuellement  de  6  i  7  fr.  par  semaine  ;  lesouvriers 
tourneurs  gagnent  20  fr.  par  semaine. 

L'ini traction  de*  ouvrier*  est  à  peu  prés  nttfle. 

Leur  conduite  est  bonne;  Ha  vivent  avec  beaucoup  d'ordre. 


{lt>.  —  Tauuerle  et  eorrojrerie. 


On  y  occupe  douae  ouvriers  adultes. 

Le*  ouvriers  sont  employés  toute  l'année,  et  travaillent  à  [ajournée, 

La  journée  commenoe  à  aii  heure*  du  matin,  et  finit  À  sept  faean-e*  do  soir. 
lit  travail  est  intorroaipu  par  une  heure  Je  repos  à  midi.  Le*  Imite*  ordi- 
naire* de  la  journée  aw  -sont  jamais  dépassée»,  et  il  n'y  a  jamais  (te  travail  de 
nuit. 

La  durée  du  travail  est  toujours  rettée  la  même. 

Les  ouvriers  prennent  leur  déjeuner  et  leur  goûter  dans  l'établi  stem  en  l  ; 
il*  retournent  cbei  en  pour  dîner. 

Quelqnefon,  on  travaille  le  dimanche. 

Le  lundi,  le»  ouiriers  travaillent  oomma  les  autres  jonra. 

Le  gain  journalier  de  l'ouvrier  a  angmeaté  de  18  centime*. 

Le  salaire  varie  «elun  le*  services  rendus  par  le*  ouvrier*.  Ainsi,  il  en  eat 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.  44» 
qui  ne  gagnent  que  1  fr.  4S  c.  par  jour,  tandis  que  le*  ouvrier!  accompli! 
gagnent  de  3  a  4  fr. 

L'instruction  des  ouvriers  est,  en  général,  asses  bornée;  cependant  le  chef 
a  remarqué  qu'il  y  a,  tous  ce  rapport,  une  différence  notable  entre  les  anciens 
et  lea  nouveaux  ouvriers  ;  l'avantage  est  tout  i  fait  du  cûté  de  ces  derniers. 

Leur  conduite  est  généralement  bonne;  ils  n'ont  aucune  habitude  de  la 
débauche  ou  de  l'ivrognerie. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  lea  malades.  Les 
ouvriers  tanneur*  et  corroyeur*  sont  rarement  malades,  et  le  chef  n'a  jamais 
observe  qu'ils  fussent  sujets  k  quelque  affection  particulière.  L'ayant  inter- 
rogé relativement  aux  varice»  et  ulcères  des  jambes,  auxquelles  on  a  souvent 
signalé  les  tanneurs  comme  étant  exposés,  il  nous  a  déclaré  que  ses  ouvriers 
en  étaient  tout  à  fait  exempts. 

Jamais  aucun  accident  n'est  arrivé  dans  cet  établissement. 

Le  chef  ignore  s'il  ya  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres;  cepen. 
dant  il  ne  le  croit  pas  ;  ses  ouvriers  habitent  la  commune,  où  ils  peuvent 
vivre  assex  bien  et  à  peu  de  frais,  d'autant  plus  qu'ils  mènent  une  vie  très- 
régulière. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline ,  mais  les  dispositions 
relatives  au  livret  y  sont  ponctuellement  observées. 

Le»  tanneurs  sont  accidentellement  exposés  à  la  pustule  maligne 
s'ils  ont  à  travailler  des  peaux  provenant  d'animaux  qui  étaient 
atteints  de  cette  maladie.  Haïs  ils  sont  principalement  exposés  aux 
affections  rhumatismales,  car  la  profession  exige  qu'ils  soient  sou- 
vent avec  les  pieds  et  les  mains  dant  l'eau. 

Les  corroyeurs  ont  un  travail  fatigant  et  qui  exige,  de  la  part  des 
extrémités  supérieures,  de  grands  mouvements.  Ils  doivent  polir  les 
peaux  sortant  de  la  tannerie ,  et  celte  opération  se  fait  avec  une 
roulette  d'un  bois  très-dur  et  une  espèce  de  rabot  très-pesant  éga- 
lement en  bois ,  qu'on  fait  glisser  en  appuyant  de  toutes  ses  forces 
sur  la  peau  qu'il  faut  rendre  polie.  Ce  travail,  longtemps  continué, 
est  susceptible  de  produire  une  déformation  de  la  poitrine,  et  des 
maladies  des  organes  Iboraoiques.  Si  à  ces  considérations  l'on 
ajoute  celte  autre ,  que  l'atmosphère  dans  laquelle  ils  travaillent 
est  rendue  puante  par  l'odeur  du  cuir ,  mêlée  a  celle  de  l'huile  et 
des  graisses  qu'ils  emploient,  l'on  se  convaincra  bientôt  que  la 
profession  de  corroyeur  n'est  pas  une  des  moins  insalubres. 


^y  Google 


450    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 


Ou  y  emploie  de  quarante  à  cinquante  ouvrier*,  et  cin<|  apprenti*  dont  les 
plus  jeunes  ont  dii  ana. 

Ce*  apprenti*  sont  engagé*  par  le  chef,  qui  se'les  procure  facilement.  Ib 
•ont  employés  à   faire   de*  commission* ,   à  pulir,  dérocher   et  recuire  Ee 

Le*  ouvrier»  sont  occupés  toute  l'année ,  et  tous  travaillent  à  la  jour- 
née. Ils  travaillent  dix  heures  par  jour  pour  quatre  quart*. 

La  journée  commence,  en  été,  à  sept  heure*  du  matin,  et  finit  à  six  heure* 
du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  et  finit  avec  le  jour. 

Ces  limite*  «ont  trèa-*ouvent  dépassées,  car  l'on  fait  presque  toujours 
cinq  quarts  :  le  cinquième  quart  n'e»t  que  Je  deux  heure*. 

Le*  apprenti*  ne  font  pa»  ce  cinquième  quart  ;  il  est  exclusif  aux  finisseur*. 

La  durée  du  travail  n'est  ni  plus  ni  moins  longue  qu'autrefois. 

On  ne  travaille  que  très-rarement  la  nuit ,  et,  dan*  ce  cas,  les  enfants  ne 
prennent  point  part  au  travail. 

Le*  ouvriers  ont  un  quart  d'heure  de  repos  le  matin,  une  demi-heure  à 
midi  et  va  quart  d'heure  à  quatre  heures. 

Presque  tous  prennent  leur*  repas  dan*  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche  :  tris-peu  d'ouvrier*  chôment  le  lundi, 
mais  nn  ne  fait  jamais  que  trois  quarts  ce  jour. 

Le*  ouvriers  gagnent,  terme  mo yen,  3  fr.  S0  c.  par  jour. 

Les  apprenti*  gagnent  de  33  centimes  à  1  franc. 

Ces  derniers  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

Le*  apprentis  n'ont  aucune  instruction. 

Les  ouvrier*  adultes  savent  généralement  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  est  bonne  ;  il»  ne  sont  ni  ivrognes,  ni  débauché*. 

Leur  santé  ne  laisse  non  plu*  rien  à  désirer,  suivant  la  déclaration  du  chef 
qui  considère  la  profession  comme  n'ayant  rien  de  nuisible. 

Deui  ouvriers  sont,  à  ta  connaissance,  inscrit*  *ur  la  liste  de*  pauvres;  ii* 
sont  chargés  d'une  nombreuse  famille. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  pour  les  malades,  il  n'y  a 
pa»  non  plu*  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Le*  disposition»  relative*  au  livret  sont  observée». 

Le  travail  du  cuivre  a  toujours  été  considéré  comme  insalubre 
et  doit,  en  effet,  être  regardé  comme  tel.  Quoi  qu'en  dise  le  chef, 
ce  travail  altère  peu  à  peu  la  santé  des  ouvriers,  et  nous  n'en  vou- 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     4SI 

*  Ion*  pas  d'autre  preuve  que  le  teint  pâle  et  jaunâtre  que  nous 
avons  remarqué  chez  plusieura  d'entre  eux.  Du  reste,  le  chef  n'a 
répondu  qu'avec  hésitation  à  nos  demandes  sur  ce  point  :  il  a  fait 
venir  un  ancien  ouvrier  qu'il  a  questionné  et  qui  allait  nous  dire  la 
vérité,  lorsqu'un  clin  d'oeil  de  son  maître  est  venu  l'arrêter  sur  ses 
lèvres. 

Le  dérochage  confié  aux  apprentis  est  une  opération  qui  a  aussi 
tes  inconvénients;  indépendamment  de  l'action  du  cuivre,  il  y  a 
encore  ici  a  craindre  celle  des  vapeurs  uitreuses  qui  se  dégagent 
pendant  ce  travail. 

L'on  conçoit  d'ailleurs  que  les  chances  de  maladie  sont  d'autant 
plus  grandes ,  que  les  ateliers  sont  plus  étroits  ,  plus  bas  et  moins 
aérés.  Or,  ici,  l'atelier  est  des  plus  défectueux  :  c'est  une  espèce  de 
long  couloir  ou  boyau,  éclairé  d'un  côté,  très-bas  et  nullement 
aéré  :  on  y  respire  une  atmosphère  cuivreuse  qui  frappe  l'odorat 
lorsqu'on  y  entre.  Au  bout  de  ce  couloir  se  trouve  un  réduit  ayant 
avec  le  couloir  une  communication  directe  et  toujours  ouverte; 
dans  ce  réduit ,  mesurant  environ  quatre  mètres  carrés ,  n'ayant 
pour  toute  ouverture  que  celle  donnant  dans  le  couloir,  se  fait  la 
fonte  du  cuivre.  Inutile  de  dire  tes  conséquences  d'une  disposition 
si  vicieuse, 


On  n'y  occupe  que  cinq  ouvriers,  presque  le 

Ce*  ouvrier»  «ont  occupés  toute  l'année,  et  ils  travaillent  i  la  journée. 

En  été,  le  travail  commence  à  cinq  heures  du  matin,  et  dure  jusqu'à  aepi 
heures  du  soir.  En  hiver,  il  commence  à  six  heure»  du  malin,  et  -finit  à  sept 
heure*  du  soir. 

Ce*  limite*  uc  «oui  jamais  dépassées,  et  il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Le»  ouvrier»  n'ont  qu'une. heure  de  repos  à  midi. 

Il*  retournent  ton»  chra  eu*  pour  le  dîner. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  n'a  pas  éprouvé  de  variation.  Les  ouvrier* 
gagnent  de  i  fr.  à  2  fr.  30  c.  par  jour. 

L'instruction  des  ouvriers  est  assez  bornée. 

Leur  conduite  eat  très-bonne;  ce  sont  tous  des  habitant*  de  la  campagne, 
que  le  chef  préfère  à  cénids  la  ville. 

Il  n'y  a  ai  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve-  pour  le*  malades.  Quand 


;Hzedoy  GOOgle 


453    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

an  ouvrier  devient  malade,  le*  frais  de  maladie  «ont  payés  par  le  ebef.  Du 
relie,  les  ca«  de  maladie  «ont  très-rare*,  car  la  profession  n'offro  rien  de  nni- 
aible. 

II  n'y  a  auena  ouvrier  inscrit  sur  la  liste  de*  pauvre*. 

Il  D'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline;  mais  les  prescription* 
relatives  au  livret  sont  observées.     ' 

Cet  établissement  est  bien  tenu,  et  offre  de*  conditions  suffisantes  de  salu- 
brité. 

Quant  au  travail  en  lui-même,  îl  n'est  pas  excessif,  et  le*  ouvriers  n'ont 
guère  à  souffrir  que  de  la  température  élevée  au  milieu  de  laquelle  il*  doi- 
vent quelquefois  se  trouver.  S'ils  ne  prennent  point  de  précautions,  ils  sont 
eiposé*  à  toutes  les  maladie»  produites  par  les  transition*  brusque*  de  tem- 
pérature. 

hlILIItlItlT    B. 

On  fabrique  aussi  du  savon  dans  cet  établissement. 

On  n'y  occupe  que  cinq  ouvriers,  ton»  adulte*. 

Le  travail  continue  tonte  l'année ,  et  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

Le  travail  commence,  en  été,  à  six  heure*  du  malin,  et  finit  à  sept  heures 
du  toir.  En  hiver,  îl  ne  commence  qu'à  sept  heures  et  demie  du  matin,  et  Sait 
à  la  nuit  tombante- 
Ces  limite*  sont  quelquefois  dépassée*  dans  les  moments  de  presse. 

La  durée  du  travail  n'a  ni  augmenté,  ni  diminué. 

Il  y  •  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  une  heure  à  midi  et  une  demi- 
heurei  quatre  heure*. 

On  travaille  quelquefois  la  nuit. 

Les  reps*  se  prennent  dans  ta  fabrique. 

Il  est  rare  que  l'on  travaille  le  dimanche. 

On  ne  chôme  jamais  le  lundi. 

Depuis  trois  ans  le»  salaires  ont  subi  une  légère  augmentation. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  est,  en  moyenne,  de  3  franc*. 

La  conduite  de*  ouvrier*  est  bonne. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant;  les  ouvriers  n'ont  k  souffrir  qne  de  la  haute 
température  qui  règne  dan*  les  divers  looani  de  la  fabrique ,  M  le  chef 
déclare  que  la  diarrhée  est  la  maladie  qu'on  observe  le  plu»  souvent. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  »ur  la  liste  de*  pauvre*. 


tTilLlUIBEKT  A. 

On  y  occupe  quatorae  ouvrier*,  tous  adulte*. 

Il*  sont  employé*  toute  l'année.  Une  partie  de*  ouvrier»  travaillent  à  pièc 


jdby  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE!*.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.  453 
par  exemple,  lee  tourneur*.  Ceux  employé*  comme  manœuvre»,  travaillent  a 
la  journée. 

En  toutes  «sisons,  la  journée  commence  à  »ii  heure»  du  malin,  et  finit  a 
six  heure*  du  soir. 

Ces  limite»  «ont  quelquefois  dépassée*,  niai»  d'un  quart  seulement.  La 
durée  du  travail  n'e»t  ni  plus  ni  moins  longue  qu'elle  ne  L'était  il  y  a  quelques 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit  :  cependant,  chaque  fois  qu'on  cuit  de  la 
porcelaine,  quelques  ouvrier*  doivent  passer  la  nuit. 

Ils  ont  une  heure  et  demie  de  repos  a  midi. 

Quelque*  ouvrière  retournent  chex  eux  pour  le  dîner  ;  d'autres  le  pren- 
nent dans  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  le  chômage  n'a  lien  que  rarement 
le  lundi. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  a  diminué  de  quelques  centimes.  Le* 
ouvrier*  manoeuvre»  gagnent  actuellement  1  fr.  50  par  jour.  Le*  tourneurs 
gagnent  de  E>  a  7  fr.  par  jour. 

L'instruction  de»  ouvrier*,  les  tourneurs  excepté»,  e»t  complètement  nulle. 

Leur  conduite  est  bonne  :  ce  «ont,  pour  la  plupart,  de»  ouvrier*  de  la 
campagne. 

11  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le*  malade*. 

Eu  général,  la  santé  des  ouvrier*  est  très-bonne;  ils  sont  rarement  malade*, 
et  leur  travail  n'a  rien  d'insalubre. 

Il  n'y  a  jamai»  en  d'accident  dans  oel  établissement. 

Le  chef  ne  croit  pas  qu'aucun  de  se*  ouvrier»  soit  inscrit  sur  la  liste  de* 
pauvre». 

Il  n'y  a  pa»  de  règlement  d'ordre  on  de  discipline,  mai»  on  y  observe  lee 
dépositions  relativee  au  livret. 

Le  travail  le  plu*  fatigant  est  celui  de»  tourneur»  ;  parce  qu'il  exige  de  la 
part  de  l'ouvrier,  une  .position  asiex  gênante  et  une  attention  soutenue  qui 
fatigue  d'autant  plu»  les  yeux  qu'ils  sont  toujours  fixé*  sur  un  objet  qui 
tourne. 

Du  reste,  cet  établissement  offre  de  suffisantes  conditions  de  salubrité. 

ET1ILIMEMNT  S. 

On  n'y  (ait  que  de  la  grosse  poterie. 

Un  cheval  courant  dans  un  manège  met  en  mouvement  les  meule»  qui 
broient  les  terres. 

Ou  y  occupe  sept  ouvriers  et  trois  enfants  de  huit  à  dix  an». 

Le»  enfant»  sont  engagé»  par  le  chef,  qui  ne  se  les  procure  pas  très-faci- 
lement. Il»  sont  employé»  comme  aide*  des  ouvriers. 

Les  ouvrier»  sont  occupés  toute  l'année,  et  il»  travaillent  tons  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à.  six  henres  du  matin,  et  finit  à  sept  heure* 
du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  et  finit  avec  le  jour. 


^y  Google 


«*    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES- 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées,  et  i)  n'y  a  jamais  de  travail  de  naît. 

La  durée  du  travail  est  la  même  qu'il  y  a  quelques  années. 

it  deux  heures  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure  le  matin, 
e  et  demie  à  midi. 

il  tous  dîner  chez  eux.  ; 

0»  ne  travaille  jamais  le  dimanche.  ' 

Le  lundi  on  ne  fait  ordinairement  que  trois  ou  deux  quarts. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  n'a  ni  augmenté  ni  diminué.  I.es  ouvriers 
gagnent  1  fr.  8  c.  par  jour,  et  les  enfants  13  centimes. 

Les  enfants  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

Les  ouvriers,  tant  adultes  que  les  enfants,  sont  dépourvus  de  toute  espèce 
d'instruction. 

La  conduite  des  ouvriers  adultes  est  assez  benne  ;  cependant  quelques-uns 
«ont  adonnés  à  l'ivrognerie. 

11  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

Le  chef  déclare  qu'il  y  a  rarement  des.  ouvriers  malades  ;  il  sait  bien  que 
les  ouvriers  prétendent  que  le  métier  est  malsain,  mars- la  vérité  est  qu'ils  ne 
sont  exposés,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  diverses  antres  professions,  qu'aux 
accidents'  qui  peuvent  résulter  des  transitions  brusques  de  température. 

La  plupart  des  ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres;  ou  peut 
attribuer  leur  état  d'indigence  à  la  modicité  de  leur  salaire,  aux.  Irais  qu'en- 
traîne l'entretien  d'une  nonlbreuse  famille,  et  aussi,  pour  quelques-un»,  à 
leur  vie  peu  réglée. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  et  les  prescriptions  . 
relatives  au  livret  ne  sont  nullement  observées. 

Cet  établissement  présente  les  dispositions  les  plus  vicieuses  ; 
l'atelier  du  pétrissage  et  des  tourneurs  est  immédiatement  au-dessus 
du  four  où  se  fait  la  cuite  de  la  poterie  ;  il  est  tris-étroit ,  manque 
d'air  et  est  toujours  fortement  échauffé  ;  aussi  les  ouvriers  y  tra- 
vaillent-ils à  moitié  nus.  Les  enfants  que  nous  avoue  Vus  là,  n'avaient 
qu'un  méchant  caleçon  qui,  partant  des  reins,  allait  à  peu  près  jus- 
qu'à mi-cuisse;  dans  cet  accoutrement,  ils  descendaient  de  l'atelier, 
portant  les  objets  qui  venaient  d'être  façonnés  par  le  tourneur, 
pour  les  déposer  au  grand  air.  On  comprend  tout  ce  qu'un  travail 
fait  dans  de  semblables  conditions,  peut  avoir  de  nuisible. 

Les  ouvriers  de  cette  fabrique  sont  pales  et  maigres  ;  tout  annon- 
çait chez  eux  la  misère  et  une  santé  débile. 

Ce  que  nous  avons  dit  des  tourneurs,  en  parlant  de  l'établisse- 
ment A ,  nous  dispense  d'y  revenir  ;  ici  cependant  l'attention  est 
moins  soutenue  et  le  tact  y  supplée,  car  ce  sont  les  mains  .seules 
qui  donnent  la  forme  aux  vases-. 

Hais  ce  que  nous  ne  devons:  pas  omettre  de  signaler,  c'est  que 


DglizedOy  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!,  INDUSTRIELS  DU  BRÀBAJNT.  435 
les  ouvriers  potiers  sont  exposés  aux  coliques  métalliques.  En  effet, 
la  couche  de  Ternis  qui  couvre  les  poteries  à  l'intérieur  n'est  que 
le  résultat  d'une  application  faite  avant  la  cuite,  d'une  espèce  de 
bouillie  claire,  constituée  par  de  L'oxyde  de  plomb  bien  broyé  et  par 
de  l'eau.  Les  questions  que  nous  avons  posées  au  chef,  à  cet  égard, 
n'ont  conduit  à  aucun  renseignement  positif. 


J   I».  —Fabrique  de  g*nt>- 


Cet  établissement,  occupe  un  grand  nombre  d'ouvriers  ;  en  voici  la  u 
Coupeur».      . 19  (Tous  Français.) 


Garçon*  de  fabrique 2 

Coloristes  et  aides.  .....  4 

■égissiersetaides.   ......  11 

Couturière»  à  Bruielle 210 

à  Namur  ....  100 

à  Ninoveet  à  Anvers.  10 

à  Bruges.      ...  8 

367~ 


s  sont  o ce upéstou le  l'année,  et  très-peu  travaillent  à  la  journée. 
Lea  coupeurs  et  les  couturières  travaillent  à  la  pièce. 

En  été,  la  journée  commença  à  six  heures  et  demie  du  matin ,  et  finit  à  ■ 
■ept  heures  du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  avec  le  jour,  et  finit  à 
huit  heure*  do  soir. 

Ce*  limites  ne  sont  jamais  dépassées,  sauf  par  le*  coupeurs  qui,  en  été, 

'  commencent  leur  travail  à  cinq  heures  du  matin,  et  ne  finissent  qu'à  neuf 

heures  du  aoir.  En  hiver,  ils  travaillent  généralement  jusqu'à  dix  heures  du 

Le*  ouvrier*  ont  deux  heures  et  demie  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure 
le  malin,  une  heure  et  demie  à  midi,  et  une  demi-benreà  quatre  heures. 

Il*  retournent  dîner  chei  eux. 

Ou  travaille  ordinairement  le  dimanche  jusqu'à  midi;  les  coupeur*  tra- 
vaillent souvent  toute  la  journée. 

La  plu*  grande  partie  des  ouvriers  chôme  le  lundi.    . 


DgiizedW  GoOgle 


■136     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PÏBUQUE  DE  BBOSELLES. 
lie  gain  journalier  de*  ouvrier*  peut  être  établi  comme  suit  : 


Pour  le*  coupeurs.    .     . 

fr.     8  00 

Pour  le*  dresseurs.  -     . 

—     3  00 

Pour  le*  coloriste*.  .     . 

—    4  00 

Pour  les  aides  coloriste». 

—     2  00 

Pour  les  mégissiers. .     . 

—     2  !SQ 

Pour  les  couturières. 

—     1  00 

Les  ouvrier*  employés  dan*  la  fabrique  ont  assez  d'instruction;  chez 
quelques-uns  même  l'instruction  est  assez  avancée.  Leur  conduite  est  géné- 
ralement bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  pour  le*  malades.  Du  reste, 
le*  ouvriers  sont  rarement  malades,  et  la  profession  n'offre  rien  d'insalubre. 
Le  chef  pense  même  qu'elle  est  favorable  aux  ouvriers,  parce  qu'à  l'époque 
du  choléra,  aucun  de  ses  ouvrier*  ne  fut  atteint  de  celte  maladie. 

Aucun  ou  voter  n'est  inscrit  sur  la  liste  de*  pauvres. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mai*  les  dispositions 
relative*  au  livret  sont  rigoureusement  observée*.  Le  chef  a  l'babitude  de 
faire  des  avances  à  ses  ouvriers. 

Cette  fabrique  est  bien  tenue,  propre;  le*  ateliers  sont  spacieux  et  saint  ; 
le  local  seul  dans  lequel  travaillent  les  coloristes  ett  humide,  mal  aéré  et 
trop  étroit.  Ce  local  doit  être  d'autant  plu*  aéré,  que  les  coloristes  font  usage 
d'urine*  plus  ou  moins  corrompues  auxquelles  on  ajoute  encore  de  l'ammo- 
niaque liquide. 

Les  ouvriers  de  celte  fabrique  ont  toute*  le*  apparences  de  la  santé  et  du 
bien-être  :  leur  mise  est  propre  el  contraste  singulièrement  avec  celle  de* 
'S  de*  autres  fabriques. 


IT1IMSIMIKT    A. 

On  n'y  occupe  que  trois  ouvrier*. 

Nous  n'avons  considéré  cet  établissement  que  sous  le  point  de 
vue  hygiénique,  parce  que  la  fabrication  du  plomb  de  chasse  étant 
Irès-insalubre  ,  il  importait  de  prendre  connaissance  de  l'élat  des 
lieux  et  des  procédés  mis  en  usage. 

Ici  les  ouvriers  ne  sont  pas  seulement  exposés  aux  maladies 
ordinairement  produites  par  le  maniement  du  plomb,  mais  encore 
à  tous  les  inconvénients  et  accidents  qui  peu?ent  résulter  de  l'in- 


DglizedOy  GOOgle 


ENQUÊTE  DAMS  LES  ÉTABLISSE!*.  INDUSTRIELS  DU  BBABANT.     457 

spiration  de  vapeurs  arsenicales.  En  effet ,  pour  obtenir  la  ron- 
deur désirée  dans  les  grains  de  plomb ,  on  est  obligé  d'allier  a 
celui-ci  une  certaine  quantité  d'arsenic  ;  celte  quantité  est  sujette  à 
varier  :  cependant,  généralement,  pour  1 00  kilogrammes  de  plomb, 
on  ajoute  un  demi-kilogramme  d'arsenic.  La  combinaison  ou  l'al- 
liage ne  peut  avoir  lieu,  oomne  ou  le  conçoit,  qu'en  amenant  ces 
deux  métaux  à  l'état  de  fusion  ;  or ,  c'est  cette  opération  qui  est  la 
plus  dangereuse,  parce  qu'elle  est  accompagnée  d'un  dégagement 
aetes  abondant  de  vapeurs  arsenicales. 

Le  local  où  se  hit  cette  opération  est  un  méchant  réduit  attenant 
à  une  espèce  de  cuisine  de  cave  :  ce  réduit  est  très-étroit,  n'a  que 
2  mètres  20  centimètres  de  hauteur,  et  est  très-peu  aéré.  Le  four- 
neau est  mal  monté,  et  le  manteau  n'avance  pas  assez  au-dessus  de 
la  chaudière.  Le  chef  étant  absent,  sa  femme  ,  qui  nous  accompa- 
gnait dans  notre  visite,  nous  déclara  qu'on  courrait  toujours  cette 
chaudière  quand  le  mélange  était  au  feu.  Cependant  nos  investi- 
gations ne  nous  menèrent  point  à  ta  découverte  du  couvercle  ;  mais 
ce  qui  nom  fait  croire  surtout  que  cette  précaution  n'est  pas  prise, 
c'est  que  Je  chef  que  nous  vîmes  plus  tard ,  et  que  nous  interro- 
geâmes sur  les  précautions  qu'il  pouvait  avoir  prises  pour  préser- 
ver ses  ouvriers  de  l'influence  des  émanations  métalliques,  ne  fit 
nullement  mention  du  couvercle ,  et  répondit  seulement  que  ces 
émanations  ne  pouvaient  leur  nuire,  parce  qu'elles  étaient  entraî- 
nées dans  la  cheminée.  Il  ajouta  que  parfois  cependant  elles  étaient 
refoulées,  et  qu'alors  toute  sa  maison  était  infectée  de  l'odeur  d'aH 
propre  à  l'arsenic. 

Lors  de  notre  visite  on  ne  travaillait  pas  dans  cette  fabrique; 
mais  il  nous  parait  évident  que  lorsque  la  chaudière  avec  le  mélange 
métallique  est  sur  le  feu,  il  doit  régner,  et  dans  le  local  où  se  fait 
la  fusion,  et  dans  la  cuisine  de  cave  attenante  où  se  font  le  triage  et  ht 
pottssure  des  grains  de  plomb,  d'abondantes  vapeurs  arsénicafes. 

Le  chef  prétend  néanmoins  que  les  ouvriers  n'éprouvent  aucun 
inconvénient  de  ce  travail.  Quant  à  lai,  il  n'a  jamais  pu  s'y  faire, 
et  il  en  a  été  très-gravement  malade  au  commencement,  a  tel  point 
que  «a  vie  a  été  en  danger.  Maintenant  encore  il  ne  pourrait  rester 
dix  minutes  dans  l'atelier,  sans  se  trouver  incommodé  et  sans 
éprouver  des  douleurs  a  la  région  épi  gastrique. 

Il  déclare  d'ailleurs  que  le  raffinage  des  cendres  provenant  de  la 
fabrication,  est  une  opération  Ires-dangereuse  qui  ne  se  «lit  ordi- 
nairement qu'une  fois  par  an  et  dure  alors  huit  jours. 


^y  Google 


458     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 


Ud  seul  ouvrier  y  est  occupé  depuis  sii  heure*  du  matin  jusqu'à  sii  heures 

Nous  nous  «0011116*  encore  bornés  à  prendre  connaissance  de  l'état  des 
lieux,  pour  les  raison*  exposées  en  parlant  de  l'étabKe  sèment  A. 

En  passant  à  distance  de  cette  fabrique,  et  dans  la  rue  même, 
nous  nous  aperçûmes  déjà  qu'on  y  travaillait;  l'odeur  de  l'arsenic 
nous  avait  déjà  frappés  avant  que  nous  fussions  à  la  porte.  Le  chef 
n'y  ayant  pas  son  domicile,  et  l'ouvrier  étant  momentanément 
absent ,  nous  fûmes  reçus  par  une  petite  demoiselle  qui  nous  indi- 
qua l'atelier. 

L'atelier  est  dans  une  cave  donnant  sur  la  rue,  n'ayant  que 
deux  mètres  d'élévation  et  fort  peu  aérée.  En  y  entrant,  nous  fûmes 
saisis  d'une  odeur  alliacée  insupportable,  qui  nous  .accusait  la  pré- 
sence d'abondantes  vapeurs  arsenicales. 

L'atelier  était  tellement  infecté  de  celle  odeur,  que  l'un  de  nous 
ne  put  y  résister,  et  fut  obligé  d'en  sortir  avant  que  notre  investi- 
gation tut  terminée.  A  n'en  pas  douter,  on  venait  de  faire  peu  de 
temps  auparavant  le  mélange  par  fusion  du  plomb  et  de  l'arsenic. 
Le  fourneau  était  encore  allumé  et  portait  une  chaudière  contenant 
un  reste  dit  composé  métallique. 

Par  l'odeur  qui  régnait  dans  la  cave  au  moment  de  notre  visite, 
on  peut  juger  de  ce  que  ce  doit  être  alors  que  la  chaudière  est 
remplie  de  l'alliage  en  pleine  fusion. 

Ici,  comme  dans  l'établissement  A,  aucune  précaution  ne  semble 
avoir  été  prise  pour  mettre  les  ouvriers  à  l'abri  des  influences  délé- 
tères de  la  fabrication.  En  effet,  le  local  est  mal  choisi,  il  manque 
d'air  et  est  beaucoup  trop  petit  :  il  n'a  que  S  mètres  de  hauteur , 
4  mètres  60  centimètres  de  largeur,  et  environ  6  mètres  de  longueur. 
Le  fourneau  est  mal  monté  ;  la  chaudière  est  découverte  et  sur- 
montée d'un  manteau  beaucoup  trop  petit. 

Le  puils  où  se  fait  la  projection  du  plomb  a  attiré  aussi  notre 
attention  :  une  pompe,  placée  sur  ce  puits,  semble  indiquer  qu'on 
se  sert  pour  les  besoins  domestiques  de  l'eau  qu'il  fournit.  Nous 
avons  interrogé  à  cet  égard  la  servante  de  la  maison,  et  ses  réponses 
ambiguës  nous  ont  fait  croire  que  nos  présomptions  étaient  fondées  : 
un  voisin  nous  a  d'ailleurs  assuré  que  l'eau,  de  ce  puits  était  em 
ployée  dans  le  ménage. 


^y  Google 


ENQISÉTE  DANS  LES  ÉTABLISSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT .     459 


11  occupe  environ  quatre  cent*  ouvrière*  à  Bruxelles,  et  deux  ou  trow  cents 
à  Bincbe  :  ce  nombre  varie  d'ailleurs  suivant  le*  circonstance»  et  l'importance 
des  commandes. 

II  n'y  a  que  de»  femme*  et  des  fille*  employées  à  la  confection  de  la  den- 
telle; il  est  impossible  de  déterminer  leur  âge,  les  ouvrières  travaillant  à 
domicile,  a  l'exception  de  quinze  ou  seize  qui  sont  réunies  dans  an  atelier 
chei  le  fabricant.- 

Les  ouvrière*  sont  employées  généralement  toute  l'année  ;  il  y  eu  a  cepen- 
dant un  certain  nombre  qui,  sans  être  spécialement  attachées  à  la  fabrique, 
travaillent  alternativement  pour  elle  et  pour  les  autres  fabricants  de  la  ville. 

Toutes  les  ouvrière*,  sans  distinction,  travaillent,  et  sont  payées  à  la  pièce. 

Le»  jeunes  filles  sont  engagées  par  les  ouvrières  qu'elles  secon- 
dent dans  leurs  travaux;  plusieurs  de  ces  ouvrières  ont  des  écoles 
où  travaillent,  pour  leur  compte,  un  certain  nombre  d'enfants.  Le 
fabricant  n'exerce  aucune  surveillance  sur  ces  écoles,  dont  il 
ignore  même  souvent  l'existence.  A. plus  forte  raison,  ne  connaît-il 
pas  et  rie  peut-il  connaître  l'âge  auquel  les  apprenties  y  sont  admises. 
C'est  dans  ces  écoles,  sur  lesquelles  ne  s'exerce  aucun  contrôle, 
qu'existent  et  se  perpétuent  les  abus.  Les  jeunes  filles  y  sont  admises 
dès  la  plus  tendre  enfance,  et  pour  un  salaire  de  quelques  centimes 
par  semaine,  souvent  même  sans  salaire  pendant  les  premiers  temps 
de  l'apprentissage ,  elles  travaillent  le  plus  souvent  du  matin  à  la 
nuit.  Malgré  ces  inconvénients,  les  apprenties  ne  font  pas  défaut  : 
la  plupart  des  femmes  de  la  classe  ouvrière  à  Bruxelles  sont  den- 
tellières. 

Les  enfants  sont  employées  aux  mêmes  travail»  que  les  ouvrières 
proprement  dites.  Ces  travaux  sont  très-variés,  mais  chaque  ouvrière 
ne  fait  généralement  qu'une  opération.  Les  unes  font  le  plat  au 
fuseau  ;  les  autres  travaillent  les  fleurs  à  l'aiguille  ;  d'autres  font  le 
réseau,  mettent  les  fonds  ou  appliquent  les  fleurs  sur  le  réseau  ou 
le  tulle. 

Les  ouvrières  ont  un  grand  intérêt  à  se  Faire  aider  par  des  enfants 
qu'elles  ne  payent  pas  ou  auxquelles  elles  ne  donnent  qu'une  modique 
rétribution.  Grâce  a  l'emploi  des  enfants,  certaines  maîtresses  font 
d'honnêtes  bénéfices. 


>aiizfrdby  Google 


«60    CONSEL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Le  nombre  d'ouvrières  de  tout  Age  tend  plutôt  A  augmenter  qu'à 
diminuer  :  cette  augmentation  date  surtout  de  l'époque  où  l'on  a 
songé  A  appliquer  les  fleurs  sur  le  tulle  de  coton  ;  c'est  ce  qu'on 
appelle  la  dentelle  d'imitation.  Le  prix  en  est  beaucoup  moins 
élevé  que  celui  de  la  dentelle  proprement  dite,  qui  est  de  réseau 
de  fil  fabriqué  A  la  main. 

La  durée  des  travaux  varie  au  gré  de  l'ouvrière  ;  mais ,  comme 
celle-ci  est  payée  à  la  pièce ,  elle  est  intéressée  à  travailler  le.  plus 
possible,  surtout  quand  elle  n'a  pas  d'autres  ressources.  La  journée 
des  plus  jeunes  enfants  est  généralement  égale  en  durée  à  celle  des 
adultes  ;  elle  peut  se  prolonger  pendant  quatorze  ou  quinxe  heures. 

Les  limites  habituelles  du  travail  ne  sont  dépassées  que  dans  le 
cas  de  fortes  commandes  ;  alors  quelquefois  les  ouvrières,  stimu- 
lées par  le  gain  ,  travaillent  la  nuit  et  le  dimanche.  Par  contre,  a 
l'époque  des  fêtes  patronales,  des  kermesses,  du  carnaval,  des  fêtes 
de  septembre  et  généralement  te  lundi ,  la  plupart  chôment  com- 
plètement. Elles  dépensent  alors  en  quelques  heures  les  faibles 
économies  qu'elles  ont  pu  /aire. 

Quand  il  y  a  un  travail  extraordinaire  la  nuit  on  le  dimanche,  le*  enfant» 
doivent  y  prendre  part. 

La  durée  du  travail  n'a  paa  varié;  elle  e*t  a  peu  pria  toujours  la  même. 

Jamais  le*  naît  reste*  d'école  ou  d'atelier  n'ont  eatavé  de  faire  travailler 
les  enfant*  par  relait.  La  fabricant  D'exercé  aur  elle*  aucune  influence  : 
quelle*  que  «oient  se*  bonne*  intention*  et  la  pitié  que  lai  iaipirant  le* 
pauvre*  enfant*  que  l'on  exploite,  il  ne  peut  riea  pour  prévenir  de*  abat 
qu'il  doit  se  borner  à  déplorer. 


La  mesure  qui  fixerait ,  selon  les  Âges ,  un  maximum  de  durée 
pour  le  travail  des  enfants,  est  devenue  un  véritable  besoin.  Selon 
l'avis  d'un  des  chefs ,  la  loi  devrait  défendre  expressément  d'em- 
ployer les  enfants  jusqu'à  l'Age  de  treize  ou  quatorze  ans,  plus 
d'une  demi  -journée,  sott  avant ,  soit  après  l'heure  de  midi.  Ainsi , 
ces  mêmes  enfants,  tout  en  apprenant  un  métier  et  en  contractant 
l'habitude  du  travail,  pourraient  fréquenter  les  écoles,  recevoir 
l'éducation  morale  et  religieuse  qui  leur  fait  entièrement  défaut 
aujourd'hui ,  et  se  livrer  aux  distractions  qui  sont  nécessaire*)  à 
l'enfance.  Ce  serait  le  moyen  de  préserver  a  la  fois  la  santé  de 
l'Ame  comme  celle  du  corps. 

L'interdiction  du  travail  de  mût  pour  les  enfant*  ne  peut  tourner 
qu'A  leur  plus  grand  avantage.  Jamais  il  n'y  a  de  o 
pressées  pour  exiger  des  petites  filles  un  travail  de  nuit. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*!.  INDUSTRIELS  DL1  BBABANT.    461 

On  ignore  quels  spot  le*  intervalle*  de  repos  pendant  le  travail  de  jour  : 
cela  dépend  des  ouvrières  qui  emploient  les  enfants;  on  suppose  que  ces 
intervalles  .sont  les  même»  pour  les  entants -que  pour  le*  adulte*. 

Beaucoup  d'enfants,  en  se  rendant  à  l'école  d'apprentissage  ou  à  l'atelier, 
portent  avec  elles  leur  maigre  pitance  ;  c'est  le  plu*,  souvent  use  tartine  ou 
un  simple  morceau  de  pain. 

Beaucoup  d'ouvrières  travaillent  le  dimanche  dan*  la  matinée]  on  plus 
grand  nombre  encore  chôment  le  lundi. 

Le*  salaires  dépendent  de  l'activité  de*  ouvrière*  et  de  la  nature  du  travail 
qu'elle*  exécutent.  Celles  qni  font  journée'  entière  peuvent  gagner  de  J  k 
ï  francs  par  jour;  mais  Je  salaire  des  enfanta  est  bien  inférieur  à  celui  des 
adultes;  on  ignore  le  plus  souvent. sa  quotité;  cependant  le  chef  sait  que  de 
pauvres  enfant*  qui  travaillent  douze  heures  par  jour,  ne  rapportent  guère  à 
leurs  parents  que  40  à  50  centimes  par  .semaine. 

Les  salaires  sont  restés  à  peu  près  les  mêmes  depuis  quelques 
années.  Mai»  comme  le  nombre  des  bonnes  ouvrières  diminue, 
leurs  bénéfices  diminuent  dans  la  même  proportion.  Seulement, 
lors  des  moments  de  presse ,  la  concurrence  que  se  font  les  fabri- 
cants entre  eux  profite  aux  ouvrières  qui  travaillent  pour  le  puis 
offrant.  Mais  aussi,  lorsque  les. affaires  ralentissent,  un  grand  nom- 
bre de  petits  fabricants  abandonnent  leurs  ouvrières,  qui  alors 
tombent  dans  la  misère  et  sont  souvent  obligées  d'aller  chercher 
asile  au  dépôt  de  la  Cambre.  Quant  aux  ouvrières  de  la  fabrique 
dont  nous  parlons,' on  occupe  sans  interruption  et  toute  l'année 
celles  qui  lui  restent  fidèles  ;  quand  elles  deviennent  Agées  ou  infir- 
mes, les  chefs  les  secourent  autant  qu'ils  peuvent,  car  ils  se  regar- 
dent, en  quelque  sorte,  comme  liés  envers  elles. 

Les  ouvrière*  enfants  sont  pavées  directement  par  les  ouvrières  ou  les 
maîtresses  qui  les  emploient.  ' 

Les  enfanta  ne  fréquentent  aucune  école,  et  c'est  là  un  grave  inconvénient. 
Lorsque  te*  enfants  sont  en  âge  d'apprendre  le  métier  de  dentellière ,  leurs 
parentale*  retirent  de  l'école  et  n'hésitent  pas  à  le*  condamner  à  «ne  igno- 
rance perpétuelle,  plutôt  que  de  perdre  le  léger  bénéfice  qu'il*  espèrent  eu 
retirer.  L'indifférence  ds  l'ouvrier  à  cet  égard  doit  fixer  l'attention  de  l'au- 
torité. On  no  parviendra  à  la  vaincre  qu'en  déclarant  l'instruction  obliga- 
toire jusqu'à  un  certain  âge,  comme  cela  a  lieu  en  Allemagne,. en  Suisse  et 
dans  plusieurs  autres  pays. 

La  plupart  des. ouvrières  travaillant  pour  cette  fabrique  étant  inconnue» 
dés  chefs  ,  il  est  impossible  de  spécifier  leur  degré  d'instruction.  Cepen- 
dant, a  en  juger  par  les  rapports  habituel*  avec  celle*  qui  viennent  au 
bureau,  le  chef  peut  affirmer  que  l'ignorance  est  la  règle,  et  l'instruction  la 
plu*  élémentaire  l'exception.  Sur  cent  ouvrière*,  il  serait  difficile  d'en  trou- 

30. 


Dglizedoy  GOOgle 


461     CONSKIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
ver  nue  qui  sut  écrire  passablement  ;  la  plupart  ne  savent  pas  même  signer 
leur  nom. 

La  conduite  des  jeunes  ouvrières  est  généralement  mauvaise.  Beaucoup 
vivent  en  concubinage,  et  n'en  rougissent  pa*. 

11  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades.  Les  chefs 
désireraient  que  de  telles  institutions  fussent  créées;  ils  y  contribuer  aient 
très-volontiers  de  leur  part.  En  attendant,  ils  font  gratuitement  quelques 
modiques  avances,  sans  intérêt,  aux  plus  honnêtes  de  leurs  ouvrières,  pour 
les  soustraire  îi  la  rapacité  de»  usuriers  de  bas  étage ,  auxquels  elle»  doivent  • 
quelquefois  forcément  avoir  recourt.  On  possède  les  adresses  de  quelques- 
uns  de  ces  usuriers  qui  perçoivent  8  centimes  d'intérêt  par  semaine  pour 
chaque  franc  prêté. 

Généralement  l'état  sanitaire  des  ouvrières  n'est  pas  satisfaisant, 
ce  qu'il  faut  attribuer  bien  moins  à  la  nature  de  leur  travail,  qu'à 
leur  alimentation  malsaine  et  insuffisante  ,  aux  privations  qui  les 
assiègent ,  aux  misérables  réduits  qu'elles  sont  forcée*  d'habiter. 

A  certains  égards,  l'entassement  des  enfants  dans  quelques 
écoles  et  ateliers  d'apprentissage  est  préjudiciable  à  leur  santé,  et 
contribue,  avec  lea  longues  journées  de  travail,  à  affaiblir  leur 
constitution. 

Le  métier  de  dentellière  participe  d'ailleurs  des  inconvénients 
inhérents  aux  professions  sédentaires,  où  le  corps,  assis  et  courbé, 
s'énerve  et  s'affaiblit  faute  d'un  exercice  salutaire.  La  vue  des  den- 
tellières s'affaiblit  aussi  avant  l'âge,  et  les  expose  à  devoir  cesser  le 
métier  qui  subvient  a  leur  existence.  De  là  le  grand  nombre  de 
dentellière»  qui ,  vers  leur  cinquantième  année,  se  voient  obligées 
d'aller  frapper  à  la  porte  du  dépôt  de  mendicité ,  oe  dernier  asile 
de  la  classe  ouvrière  où  vont  s'engloutir  tant  de  souffrances  et  de 
misères  dont  les  riches  ne  soupçonnent  pas  même  l'existence. 

La  plupart  des  dentellières  appartiennent  à  la  classe  pauvre  et 
sont  inscrites  à  ce  titre  sur  les  listes  des  indigente. 

Au  nombre  des  moyens  d'améliorer  la  condition  des  jeunes 
ouvriers  et  en  général  de  la  classe  ouvrière  a  Bruxelles ,  le  chef 
cite  les  suivants  : 

1"  La  réduction  de  la  durée  du  travail  à  une  demi-journée,  jusqu'à 
ce  que  le  jeune  ouvrier  ait  atteint  l'âge  de  treize  ou  quatorze  ans; 

2*  L'interdiction  du  travail  de  nuit ,  sauf  des  cas  rares  et  excep- 
tionnels ,  jusqu'à  l'âge  de  dix-huit  ans; 

3*  L'interdiction  du  travail  les  dimanches  et  grandes  fêtes  ob- 
servées; 

4*  L'obligation  de  fréquenter  les  écoles; 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DUBRABANT.   465 

5"  Le  perfectionnement  de  l'enseignement  professionnel  et  l'or- 
ganisation de  l'apprentissage; 

6*  La  formation  d'ateliers  d'apprentissage  pour  les  jeunes  den- 
tellières ; 

7°  L'institution  de  caisses  de  prévoyance  en  faveur  des  ouvrières 
dentellières,  analogues  à  celles  qui  existent  pour  d'autres  pro- 
fessions ; 

8"  L'institution  d'une  caisse  de  prêts  gratuits,  qui  ferait  des 
avances  jusqu'à  concurrence  d'une  modique  somme,  sur  des  garan- 
ties purement  morales  ; 

9°  La  réforme  du  régime  du  mont-de-piété  ;  l'abaissement  du 
taux  de  l'intérêt,  et  sa  fusion  avec  la  caisse  de  prêts  gratuits  ; 

10"  L'établissement  d'un  fonds  et  d'une  maison  de  retraite  pour 
les  ouvrières  dentellières  infirmes  et  âgées,  incapables  de  continuer 
leur  métier,  établissement  auquel  devraient  contribuer  les  fabri- 
cants, dans  la  mesure  de  leurs  moyens  et  du  nombre  d'ouvrières 
qu'ils  emploient  d'ordinaire; 

11°  Le  rétablissement  des  livrets,  non-seulement  dans  l'intérêt 
des  fabricants ,  mais  encore  dan*  celui  des  ouvriers ,  dont  ils  ser- 
viraient à  constater  les  litres  au  bénéfice  des  institutions  prémen- 
tionnées  ; 

12°  L'amélioration  des  habitations  de  la  classe  ouvrière,  et 
l'achat  en  gros  des  denrées  de  première  nécessité,  qui  seraient 
revendues  à.  prix  coûtant  aux  ouvriers  munis  de  leurs  livrets. 

Les  chefs  forment  des  vœux  pour  que  le  gouvernement  réalise 
enfin  les  réformes  commandées  par  la  position  malheureuse  des 
ouvriers,  vœux  auxquels  n'hésiteront  pas  à  se  rallier,  pensent-ils, 
tous  les  fabricants  qui  ne  peuvent  rester  indifférents  vis-à-vis  d'in- 
fortunes auxquelles  ils  sont  malheureusement  hors  d'état  de  porter 
remède  sans  le  concours  de  l'autorité  supérieure. 

Les  précieux  renseignements  qui  précèdent  nous  ont  été  fournis 
par  écrit  par  l'un  des  chefs  de  l'établissement  A ,  dans  lequel  on 
n'aura  pas  de  peine  à  reconnaître  un  philanthrope  éclairé ,  et  un 
homme  qui  s'est  livré  à  de  longues  études  sur  le  sort  et  la  condi- 
tion de  cette  classe  si  intéressante  de  citoyens,  qui  forme  notre 
population  industrielle. 

établi  Htnn  B. 

Cette  fabrique  occupe,  dans  un  atelier, quinze  ouvrières;  en  ville,  quatre- 
vingt-seize  ttriqueuitt,  et  environ  douze  cents  ouvrières  ,  réparties  ilans  les 


^  Google 


«4    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

différent»  quartier*,  de  Bruxelles.. On  estime  que  le*  jeune*  filles  forment 
environ  les  deux  cinquième»  du  nombre  total  d'ouvrière*. 

Les  ouvrières  occupée»  dan*  la  maison  ont  da  travail  toute  l'année  ;  elle* 
travaillent  toutes  à  la  pièce,  ainsi  que  le»  ouvrières  du  dehors. 
'  La  journée  commence,  en  été,  à  sept  heure*  du  matin,  et  finit  A  huit  heure» 
dusoir;en  hiver,  on  travaille,  pour  Taire  cinq  quart*/  de  huit,  heure*  du 
matin  à  dix  heures  du.  soir.  Le*  ouvrière*  du  dehors  travaillent  i  leur  gré  ; 
mais,  en  général,  elles  prolongent  davantage  la  durée  du  travail,  surtout 
dans  tes  moments  de  presse. 

Les  ouvrières  de  la  maison  ont  une  heure  et  demie  de  repos  par  jour  :  une 
heure  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures.   . 

Les  enlaqls  »onl  employées  par  des  maîtresses  ou  /bcforeisM;  elles  aident 
les  ouvrières,  font  le  plat  au  fuseau  et  le»  fleurs  à  l'aiguille. 

Les  ouvrières  de  la  maison  gagnent  de  1  fr.ifO  ci  S  fr.  par  jour.  Celle* 
employées  en  ville  gagnent  à  peu  près  le  même  salaire,  et  les' enfant»  peuvent 
'  gagner  de  KO  à  7S  centime»  par  jour.  Lei  salaires  n'ontpas  éprouvé  de  varia- 
tion depuis  dix  an*. 

L'instruction  des  ouvrières,  enfant* comme  adultes ,  travaillant  dan»  la 
maison  ou  dehors,  doit  être  regardée  comme  tout  à  fait  nulle. 

Celles  qui  travaillent  dans  la  maison  se  conduisent  assez  bien  ;  mais ,  en 
général,  le»  ouvrières  dentellières  n'ont  aucune  moralité,  aucune  prévoyance; 
elles  vivent  dans  le  dévergondage  le  plus  complet,  et  toutes  lès  fêtes  qui  ont 
lieu,  soil  en  ville,  soit. dan»  le»  faubourg»,  sont  saisie*  avec  empressement 
pour  »è  ruer  dan»  la  débauche  et  les  orgies. 

Le  chef  ne  connaît  pas  de  maladie*  particulières  aux  dentellières,  autres 
que  celles  propres  a  toute*  les  professions  sédentaires. 

dp  grand  nombre  d'ouvrières  aont  inscrites  sur  la  liste  des  pauvres  : 
d'abord,  parce  qu'elle*  appartiennent  toute*  a  Ut  classe  indigente,  et  pais, 
-  parce  qu'elle»  a7ont  aucune  prévoyance ,  et  vivent  dan»  le  désordre. 

Il  n'y  a  pa*  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mais  les  ouvrière*  qui 
travaillent  dan*  la  maison  ont  toutes  un  livret. 

Le  Chef  n'a  pu  nou*  donner  des  renseignements  plus  complet*,  parce  qu'il 
n'a  aucune  relation  avec  le»  ouvrière»  qui  travaillent  pour  lui,  tout  se  faisant 
par  l'intermédiaire  de  factoresset.    ' 

iiiuiMtiin  C . 

Le  nombre  des  ouvrières  ne  peut  être  déterminé  ;  il  varie  selon  que  réta- 
blissement reçoit  des  commandes  plu»  ou  moin»  fortes  et.  en  général,  le  chef 
ignore  lui-même  le  nombre  d'ouvrières  qu'il  occupe ,  parce  qu'il  n'est  en 
relation  qu'avec  trois  factoressea  ou  commissionnaires  qni  se  chargent  de 
faire  fabriquer  la  dentelle  par  des  ouvrières  disséminées  dans  les  divers 
quartiers  de  la  ville. 

Il  n'y  a  que  dix*  atriqueuses  qui  travaillent  dans  l'établissement,  même. 
Elles  travaillent  toutes  à  la  tâche. 


DgfeedOy  GOOgle 


ENQUÊTA  DANS  LES  ÉTABLISSE»:  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.    465 

La  fabrication  des  dentelles  a  repris  beaucoup  d'activité  depuis  quelques  au 

:  nées:  elle  occupe,  toute  l'année,  un  grandnombre  de  femme»  et  de  jeunesfilles. 

Lea  ouvrières  à  demeura  commencent,  en  été,  leur  journée,  à  sept  heures 

du  matin,  et  la  finissent  à  huit  heures  du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence 

.   i  huit  heures  du  malin,  et  finit  à  huit  heures  du  soir. 

Il  7  a  nu  intervalle  de  repos  d'une  heure,  à  midi,  dont  les  ouvrières  pro- 
fitent pour  aller  dîner. 

Ou  travaille  quelquefois  le  dimanche,  mais  asaex  rarement. 
.  Quant  au  lundi,  les  ouvrières  font;  ce  jour,  un  chômage  complet. 
'  Le  salaire  de*  ouvrières  dentellière*  a  subi  une  légère  augmentation.  Le 
chai  estime  que  la  plupart  des  ouvrières  formées  peuvent  gagner  de  6  à  8  fr. 


L'instruction  des  ouvrières  est  à  peu  près  nulle.  ■ 

Sou*  le  rapport  des  mœurs,  leur  conduite  est  des  plus  mauvaises  I  elles 
vivent  dans  la  débauche  et  le  libertinage  ;  elles  ne  savent  pas  mime  ce  que 
c'est  que  d'avoir-  de  la  houle  ,■  et  la  plupart  sont  mères  de  bonne  heure  et  hors 
l'état  de  mariage.     *  ■ 

Le  travail  sédentaire  influe  sor  leur  santé  :  elle*  sont  presque  tontes 
pale*  et  décolorées,  et  beaucoup  perdent  la  vue  après  un  temps  plus  on  moins 
long.  Le  chef  n'a  jamais  remarqué  aine  le  blanchiment  des  fleurs  donnât  lieu 
à  quelque  accident. 

Presque  toutes  le*  ouvrières  dentellières  sont  inscrites  sur  la  liste -des 
pauvres,  car  elles  sont  toutes  de  la  classe  la  plus  indigente,  et  leur  manière 
de  vivre  n'est  guère  propre  à  les  faire  sortir  de  leur  état  d'indigence. 

L'atelier  des  striqueuses  est  beaucoup  trop  petit. 

nuuMuin  D. 

On  ;  occupe  à  domicile  sept  jeunes  ouvrières,  ayant  de  sept  a  vingt  an*. 

Ces  ouvrières  ont  de  l'ouvrage  toute  l'année. 

Biles  travaillent  toute*  à  la  pièce. 

En  été,  elle*  commencent  le  travail  à  six  heure*  du  matin,  et  ne  Je  finissent 
qu'a  dix  heure»  du. soir.  —  En  hiver,  elles  ne  commencent  qu'à  huit  heures 
du  matin,  et  finissent  à  dix  heures  du  soir. 

Il  est  asseï, rare  que  ces  limite*  soient  dépassées  ;  cependant  quand. l'ou- 
vrage presse,  on  prolonge-la  durée  du  travail. 

Dans  les  mêmes  circonstances,  on  travaille  aussi  quelquefois  la  nuit;  mais  le 
travail  n'a  alors  lieu  que  pour  quelques  ouvrières,  età  L'exclusion  des  enfanta. . 

Il  y  a  une  heure  et  demie  de  repos  à  midi,  et  une  derai-heure  à  quatre  heures. . 

Le  chef  estime ,  que  pour  ce  qui  concerne  son  industrie,  les  enfants  ègées 
de  quatorze  ans  et  au-dessus,  peuvent  travailler  toute  une  journée  ,  et  que 
celles  au-dessous  de  cet  âge  ne  peuvent  guère  supporter  qu'un  travail  de  huit 
heures.  Il  ajoute  que  c'est  le  travail  du  soir  qui  parait  être  le  plus  fatigant 
pour  le*  enfant*. 

On  travaille  quelquefois  le  dimanche. 


>aiizedby  G0OgIe 


«6    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Le  lundi,  on  ne  travaille  ordinairement  que  jusqu'à  quatre  heure*. 

Les  enfanta  au-dessous  de  l'âge  de  douze  ans  gagnent,  en  moyenne,  75  cen- 
times par  jour. 

Les  ouvrière*  âgées  de  plu*  de  douie  an*  peuvent  gagner  de  1  fr.  KO  c. 
à  2  fr.  par  jour  ;  mai*  on  doit  compter  cela  comme  le*  meilleure*  journée* 
qu'elle*  puissent  faire.      » 

Le»  enfant*  sont  toujours  payées  par  le  chef.  Celui-ci  déclare  qu'il  y  a  ,  en 
dehors  des  fabrique*,  des  mailreue*  ouvrière»  qui  ont  l'habitude  d'exploiter 
le*  autre*  ouvrière*. 

L'instruction  de*  Ouvrière*  est  complètement  nulle. 

Leur  conduite  n'est  pu  bonne;  elles  ont,  en  général,  le*  mœurs  très-facile»; 
celles  qui  travaillent  à  domicile  dan*  les  fabrique*  ont  un  peu  plus  de 
retenue. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

L'état  sanitaire  est  asseï  satisfaisant;  le*  ouvrières  sont  rarement  malade*, 
bien  qu'elles  soient  toujours  assises  et  qu'elles  soient  obligées  de  pencher  le 
corps  en  avant.  Les  maladies  qne  produit  plus  particulièrement  le  travail, 
sont  l'affaiblissement  de  la  vue  et  la  myopie. 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvrière*  inscrite*  sur  la  liste  de*  pauvre*  ; 
mai»  il  est  probable,  dit-il,  que  quelques-unes  le  sont. 

Les  ateliers  de  cet  établissement  s 


J  St.  —  Fausrlanaea  de  sMuaaesateatterle, 


ttlILISStHlTT  A. 

On  y  occupe  vingt  ouvriers,  dont  trois  femmes  et  dix-sept  hommes;  il  y  a, 
en  outre,  quinze  enfant*,  de  l'âge  de  onse  à  quinze  ans. 

Les  enfant*  sont  engagé»  par  le  chef;  on  s'en  procure  très -facilement  dan* 
la  commune.  Les  petite*  fille*  font  de»  frange*,  et  le*  garçon»  des  galons. 

Le*  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année,  et  il»  travaillent  tou*  à  la  pièce. 

En  été,  le  travail  commence  A  six  heures  du  malin ,  et  finit  A  huit  heure*  et 
demiedu*oir.  En  hiver,  il  commence  avec  le  jour  et  finit  à  huit  heures  du  soir. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées,  et  l'on  ne  travaille  jamais  la  nuit. 

La  durée  du  travail  n'a  ni  augmenté  ni  diminué. 

Les  ouvriers  ont  deux  beure»  de  repos  pendant  le  travail  de  jour  :  une 
demi-heure  le  matin,  une  heure  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Ils  retournent  tous  ctaei  eux  pour  prendre  leurs  repas. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  que  très-peu  d'oi 
chôment  le  lundi. 

Les  salaires  sont  restés  les  mêmes  qu'il  y  a  quelque*  années. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.    ÏC7 

Les  ouvriers  faits  gagnent.     .      •     fr.     2  00  par  jour. 

■  enfants  {garçons}.  •       1   00         » 

«  ouvrières .     .     .     .     •       1  00        • 

•  petites  filles.     .     .      •       1  80  par 

Le*  enfants  sont  toujours  payés  directement  par  le  chef. 

On  n'accepte  les  enfants  que  lorsqu'ils  ont  fait  leur  première  c 
de  sorte  qu'ils  savent  presque  tous  lire  et  écrire  ;  ils  fréquentent  aussi  l'école 
du  soir. 

L'instruction  des  ouvriers  adultes  est  également  assex  satisfaisante  ;  ils 
savent  presque  tous  lire  et  écrire, 

Les  hommes  et  les  femmes,  comme  aussi  les  petites  filles  et  les  garçons, 
travaillent  dans  des  ateliers  séparés. 

La  conduite  des  ouvriers  est  généralement  bonne  ;  il  en  est  de  même  de 
leur  santé.  La  profession  se  présente  aucun  inconvénient,  et  ne  nuit  pas  au 
développement  physique  des  enfants. 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  de*  pauvres;  il  ne  te 
pense  pas ,  parce  que  tous ,  ou  k  peu  près ,  jouissent  d'une  certaine  aisance 
et  vivent  avec  ordre. 

Il  n'y  a  pas  dérèglement  d'ordre  on  de  discipline;  cependant  on  est  dans 
l'habitude  d'infliger  des  amendes  à  ceux  qu^  chôment  le  lundi. 

11  n'y  a  pas  non  plus  de  caisse  d'épargne,  ni  de  fonda  de  réserve  pour  les 
malades. 

On  ne  fait  jamais  des  avance*  aux  ouvriers. 

Le*  dispositions  relatives  au  livret  sont  exécutée*. 

L'atelier  au  premier  étage  ou  travaillent  les  galonniers  est  un  peu  bai  et  ' 
étroit.  Les  autres  locaux  ne  laissent  rien  à  désirer. 

Le  travail  au  métier,  exécuté  par  des  enfants  de  douze  à  quinze 
ans,  et  pendant  douze  heures  et  demie  chaque  jour,  ne  leur  est 
certainement  pas  favorable;  non-seulement  il  est  fatigant,  mais 
encore  il  exige  que  l'enfant  prenne  et  conserve  constamment  une 
position  des  plus  gênantes,  qu'il  lui  serait  impossible  de  garder  s'il 
n'y  était  maintenu  par  l'auxiliaire  de  courroies  de  cuir.  En  effet, 
l'enfant ,  quand  il  travaille  au  métier ,  est  assis  sur  une  traverse 
étroite  et  tenu  en  place  par  une  lanière  de  cuir  passant  sur  la 
région  sacro-lombaire;  tandis  que  ses  pieds  sont  toujours  en  mou- 
vement pour  faire  jouer  les  pédales  du  métier,  la  moitié  supé- 
rieure du  tronc  est  fortement  précipitée  en  avant,  et  la  chute 
serait  infaillible  s'il  n'était  soutenu  par  deux  courroies  passant  sur 
les  parties  latérales  et  antérieures  de  la  poitrine,  qui,  par  consé- 
quent ,  éprouve  continuellement  une  forte  compression.  On  con- 
çoit que  cette  compression  longtemps  continuée  et  se  renouvelant 
tous  les  jours,  chez  les  enfants  surtout  où  le  système  osseux  n'est 


^y  Google 


468    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
pas  encore  parvenu  à  son  entier  développement  et  n'a  pas  encore 
acquis  toute  la  solidité  et  la  farce  de  résistance  qu'il  aura  plus  lard, 
peut  et  doit  même  amener  des  déformations  de  la  poitrine  et  de 
la  colonne  vertébrale. 


On. y  occupe  dix  ouvriers  et  quatre  enfants  de  l'âge  de  dix  à  quinie  ans. 
Le»  enfants  sont  engagés  par  le  cher  ;  ils  sont  employés  à  tourner  le  moulin 
otà  faire  des  bobines. 

Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année,  et  ils  travaillent  a  la  piéoe;  le» 
enfants  travaillent  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  sept  heures  du  matin,  et  fiait  à  sept  heures 
du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  avec  le  jour ,  et  se  prolonge  jusqu'à 
huit  heure»  du  soir, 

Il  est  très-rare  que  ce*  limites  soient  dépassées  :  la  durée  du  travail  est 
d'ailleurs  restée  la  même. 

Il  est  encore  plut  rare  que  l'on  travaille  la  nuit  ;  cela  n'arrive  que  lors- 
qu'il y  a  des  commande»  très-pressée  a . 

Les  ouvriers  ont  une  heure  de  repos  à  midi  ;  ils  en  profilent  pour  aller 

On  ne  travaille  que  rarement  le  dimanche ,  mai»  le  lundi  les  trois  quarts 
de*  ouvriers  chôment. 

Le  salaire  n'a  éprouvé  aucune  variation  dans  ces  dernières  années.  Les 
ouvriers  galon  ni  ers  peuvent  gagner  SB  francs  par  semaine.  Les  enfants 
gagnent,  selon  leur  âge,  1 ,  2  et  3  francs  par  semaine. 

Les  enfants  sont  toujours  pavés  directement  par  le  chef. 

L'instruction  des  ouvriers,  en  général,  est  assez  satisfaisante  :  la  moitié  à 
peu  près  sait  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  n'est  pas  des  meilleures  ;  plusieurs  se  livrent  à  l'ivrognerie. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades.  Quoi' 
que  les  maladies  soient  assez  rares,  le  chef  déclare  cependant  que  la  profes- 
sioa  fatigue  la  poitrine  et  détermine  l'incurvation  précoce  du  tronc. 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  de*  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Le*  livret*  sont  demandés,  mai*  cependant  on  y  tient  peu  la  main. 

Le*  ateliers  de  cet  établissement  laissent  quelque  chose  à  désirer  sous  le 
rapport  de  l'espace  et  de  la  propreté,  mais  le*  enfants  n'y  sont  pas  assujettis, 
comme  dans  l'établissement  précédent,  au  travail  du  métier,  le  plus  fatigant 
(  et  le  plus  nuisible. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BKABANT.    469 


J  «S Fabrique  •>  toile. 

itULIUIXEKT'-ii. 

On  y  occupe  quarante-sept  ouvriers.  Lu  trois  quarts  sont  des  femme*  et 
de*  petite»  filles  de  dix  à  quinze  ans. 

Ces  dernière*  sont  engagées  parle  chef  qui  se  les  procure  très-facilement. 
Elle»  sont  employées  à  de*  ouvrage»  peu  fatigants,  comme  raccommoder,  défi- 
ler et  apprêter  le  tutle. 

Les  ouvriers  sont  occupé»  toute  l'année,  et  tous  travaillent  a  la  journée. 

On  emploie  des  enfants,  parce  que  le  chef  y  trouve  une  grande  économie, 
et  aussi  parce  qu'ils  ont  une  aptitude  toute  particulière  pour  je  travail  qui 
leur  est  confié. 

La  journée  commence  à  ris  heures  et  demie  du  ijiatin,  et  finit  i  sept  heures 

Pour  la  très-grande  majorité  de*  ouvriers,  ces  limites  ne  sont  pas  dépassée». 

Les  ouvriers  ont  nue  heure  et  demie  de  repos  a  midi  et  une  demi-heure 
a  quatre  heure». 

La  dorée  du  travail  n'est,  eu  général,  ni  plu*  ni  moin»  longue  qu'autrefois. 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  les  enfant»  par  relais,  et  le  chef 
pense,  que  pour  ce  qui  regarde  «on  industrie,  toute  mesure  qui  serait  prise 
pour  fixer  un  maximum  de  durée  an  travail  dea  enfant» ,  deviendrait 
préjudiciable  i  ceux-ci  et  à  leur  famille  :  le  travail  exigé  des  enfants  n'est 
pas  an-dessus  de  leurs  forces  et  ne  les  fatigue  nullement. 

Pour  la  très-grande  majorité  des  ouvriers  il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 
Il  n'y  a  que  le»  métiers  à  tisser  te  tulle  qui  fonctionnent  jour  et  nuit  :  ce* 
métiers  sont  servis  par  des  homme»  qui  »e  relayent  toute»  le»  trois  heure* 
pendant  la  nuit  ;  au  reste,  le  chef  ne  t'en  mêle  pas,  le»  ouvrier»  «'arrangent 
entre  eux  pour  prendre  le  repos  dont  il»  ont  besoin. 

Le  prix  élevé  de»  mécanique»  force  le  chef  à  faire  travailler  la  nuit  :  ce 
travail  est  encore  devenu  indispensable  par  le  besoin  de  produire  beaucoup, 
afin  de  pouvoir  soutenir  la  concurrence  avec  l'Angleterre. 

Les  ouvriers  retournent  chez  eux  pour  le  dîner;  le  goûter  seul  se  fait 
dan»  l'établissement. 

On  ne  travaille  jamais  Je  dimanche ,  et  le  lundi,  on  ne  travaille  que  jusqu'à 
quatre  heures. 

Le  salaire  dea  ouvriers  a  subi  une  diminution  a»»ez  considérable,  que  l'on 
peut  évaluer  à  20  pour  cent  environ. 

Voici  quel*  sont  actuellement  les  salaires  : 

Le*  ouvrier»  employé»  aux  métier*  à  tisser     fr.     18  00  par  semaine. 

Le*  femme* de   l'r.     1   00  .i     ■  -       1   50  par  jour. 

Le»  petites  fille». —       0  80      -* 

Ce»  dernière»  sont  toujours  payée*  par  le  chef. 


-codvCooglq 


470    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Quelques  jeunes  fille*  fréquentent  te»  école»  :  en  général ,  leur  instruction 
est  presque  nulle. 

lie»  ouvriers  adulte»,  hommes  et  femmes,  ne  savent,  «n  général,  ni  lire, 

Les  ouvriers,  hommes  et  femmes,  travaillent  dans  des  atelier*  séparé*. 

Leur  conduite  est  bonne,  pour  autant  que  le  chef  peut  en  juger  d'aprè* 
celle  qu'ils  tienoeot  dans  les  ateliers. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le»  malades. 

La  sauté  de»  ouvrier»  e»t  très-bonne,  ils  sont  rarement  malade*.  La  fabri- 
cation n'a  rien  de  nuisible. 

Il  n'est  jamais  arrivé  aucun  accident  dans  cette  fabrique. 

Le  chef  ignore  s'il;  a  des  ouvrier*  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres,  mais  il 
suppose  qu'il  doit  y  en  avoir  quelques-uns  parmi  ceui  qui  ont  de  la  famille. 

Les  ateliers  de  cet  établissement  sont,  en  général,  salubrea  ;  on 
pourrait  peut-être  désirer  un  peu  plus  d'étendue  et  de  hauteur  à 
celui  où  se  trouvent  les  métiers  a,  lisser.  Tous  les  ouvriers  nous  ont 
paru  jouir  d'une  bonne  santé  :  le  travail  confié  aux  petites  filles  n'a 
rien  de  pénible ,  et  s'il  est  susceptible  d'agir  défavorablement  sur 
leur  constitution,  c'est  parce  qu'il  les  assujettit  à  une  vie  trop 
sédentaire. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 


On  y  occupe  sept  ouvriers  pendant  l'hiver,  et  quatre  seulement  pendant 
l'été. 

Régulièrement  les  ouvriers  ne  sont  occupé*  que  depuis  le  13  octobre 
juiqu'au  ISjuin. 

Quelques-un*  travaillent  à  la  journée,  d'autre»  sont  payés  par  brassin. 

Il  n'y  a  pat  d'heures  fixe*  pour  le  commencement  et  la  cessation  du  travail. 
Dans  la  saison  où  l'on  brasse,  le  travail  est  en  quelque  sorte  continu  ;  il  se 
prolonge  pendant  toute  la  durée  du  brassin,  qui  est  ordinairement  de  trente- 
six  heures.  Les  ouvriers  travaillant  au  brassin  s'arrangent  entre  eux  pour 
prendre  le  repos  dont  ils  ont  besoin. 

Généralement  ils  prennent  leurs  repas  dans  la  brasserie. 

On  travaille  fréquemment  le  dimanche;  cela  est  de  nécessité  puisqu'un 
brassin  n'est  terminé  qu'au  bout  delrente-sii  heure». 

Les  ouvriers  brasseurs  gagnent,  terme  moyen,  5  francs  par  jonr.  Depuis 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABUSSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.  471 
quelque*  année*  il  y  a  en  une  augmentation  dans  le  salaire  de  50  a  78  cen- 
time», surtout  pour  le*  porteur»  que  l'on  commence  à  «e  procurer  difficile- 
ment et  qui,  par  conséquent,  sont  devenus  plus  exigeants. 

L'instruction  des  ouvrier*  est,  pour  ainsi  dire,  nulle. 

Leur  conduite  est  bonne;  on  ne  peut  leur  reprocher  que  d'aimer  un  peu 
trop  la  boisson. 

En  général ,  la  santé  des  ouvriers  brasseurs  est  bonne  ;  cepen- 
dant le  chef  déclare  qu'il)  sont  vite  usés  et  deviennent  rarement 
vieux.  Il  faut  attribuer  ce  résultat  à  la  fatigue  inséparable  de  la 
profession,  aux  veilles  nombreuses  que  les  ouvriers  sont  obligés 
de  faire  et  a  l'habitude  qu'ils  ont  contractée  de  se  livrer  a  de 
copieuses  libations.  Mais  ce  qui  nuit  principalement  aux  ouvriers, 
et  surtout  aux  porteurs,  c'est  la  grande  capacité  qu'offrent  actuel- 
lement les  tonneaux  des  cabaretiers,  qui  ne  mesurent  pas  moins 
que  250  litres,  équivalant  a  un  poids  de  600  livres. 

Il  n'est  jamais  arrivé  aucun  accident  dans  cet  établissement. 
Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvre*. 
11  n'y  a  ni  caisse  d'épargne ,  ni  fonds  de  réserve  pour  le*  malades. 
11  n'y  a  pas  non  plus  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 


Cet  établissement  a  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  douze  chevaux. 
Il  renferme  aussi  une  distillerie.  On  y  occupe  dix-huit  ouvriers  adultes  qui 
sont  logé*  dan*  la  maison. 

Dan*  la  brasserie,  le*  ouvriers  ne  sont  occupés  qu'à  partir  du  mots  de 
septembre  jusqu'au  mois  de  juin. 

Dan*  la  distillerie,  le  travail  continue  toute  l'année. 

Les  ouvrier*  travaillent,  les  uns  à  la  journée,  et  les  autre*  à  forfait  (par 
brasiin). 

Le*  heures  de  travail  n'ont  rien  de  fixe  :  une  fois  qu'un  brassin  est  com- 
mencé, les  ouvriers  ne  peuvent  l'abandonner  avant  qu'il  ne  «oit  terminé.  En 
général,  on  peut  compter  que  sur  sept  nuits,  les  ouvriers  brasseurs  en  pas- 
sent trois  à  la  cbandîère. 

Le  travail  est  obligatoire  le  dimanche,  parce  qu'il  y  a  toujours  quelque 
brassin  en  train  :  et  par  la  même  raison,  les  ouvriers  ne  peuvent  pas  chômer 
le  lundi. 

Les  ouvriers  porteurs,  qui  ont  la  besogne  la  plus  fatigante,  font 
des  gains  assez  considérables  ;  on  peut  évaluer  leur  gain  par  année, 
de  1,000  a  1,600  francs,  non  compris  les  bénéfices  que  leur  procu- 
rent les  tonneaux  bourgeois,  qui  leur  sont  payés  à  raison  de  25  ou 
50  centimes  le  tonneau.  Ils  ont,  en  outre ,  le  logement  et  la  nour- 


^y  Google 


4»     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
rilure  ;  celle-ci  est  bonne  et  substantielle ,  et  le  chef  est  intéressé 
à  ne  faire  aucune  économie  sur  ce  point ,  car  s'ils  n'avaient  pas 
une  nourriture  fortifiante,   ils  ne  pourraient  pas  continuer  leur 
rude  métier. 

Les  porteurs  sont  maintenant  difficiles  à  trouver,  parce  que  les 
cabaretiers  ayant  peu  à  peu  donné  a  leurs  tonneaux  une  capacité 
de  plus  en  plus  grande,  il  Faut,  pour  les  porter,  des  hommes  d'une 
force  extraordinaire ,  que  l'on  ne  rencontre  pas  tous  les  jours. 
Aussi  a-t-on  dû  augmenter  le  salaire  de  ces  hommes,  qui  sont 
devenus  très-exigeants  et  auxquels  on  ose  a  peine  faire  une  obser- 
vation ,  si  fondée  qu'elle  soit ,  parce  qu'ils  n'hésitent  pas  a  aban- 
donner un  établissement ,  sachant  fort  bien  qu'ils,  seront  parfaite- 
ment accueillis  dans  un  autre. 

L'instruction  des.  ouvrier»  est  complètement  nulle. 

Leur  conduite  laisse  beaucoup  à  désirer;  il*  aiment,  «a  général,  la 
débauche  et  la  buisson  :  celte  dernière  surtout  ;  on  peut  dire  qu'il*  boivent 
du  matin  an  soir  et  du  soir  au  matin,  tantôt  de  la  bière,  tantôt  de  l'eau- 

II  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

Si  la  santé  des  ouvriers  brasseurs  est  assez  bonne  pendant  quel- 
ques années,  il  faut  l'attribuer  a  la  force  de  leur  constitution ,  car 
la  fatigue,  les  veilles,  la  boisson  et  leur  manière  de  vivre  doivent 
inévitablement  exercer  une  influence  défavorable.  Les  porteurs 
sont  ceux  qui  souffrent  le  plus;  en  général,  ils  ne  vivent  pas  long- 
temps, et,  suivant  la  force  de  leur  constitution  et  les  excès  auxquels 
ils  se  sont  livrés ,  ils  sont  usés  au  bout  de  dix  Ou  quinze  ans,  et 
incapables  de  continuer  le  métier. 

Le  chef  croit  avoir  remarqué  que  la  poussière  qui  s'élève  de  l'orge  germé, 
lorsqu'il  est  sec  et  qu'on  le  remue,  irrite  fortement  les  bronches  et  déter- 
mine des  affections  phlegmasique*  des  organes  de  la  respiration. 

Aucun  accident  n'est  jamais  arrivé  dans  cet  établissement. 

11  n'y  a  aucun  ouvrier  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres. 

Il  n'y  a  pat  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Cet  établissement  est  propre,  bien  tenu  et  conduit  avec  entente;  il  présente 
toutes  les  conditions  désirables  de  salubrité;  la  machine  à  vapeur  exécute 
tous  les  travaux  fatigants,  et  tontes  les  précautions  sont  prises  dans  la  diatil-  - 
lerie  pour  que  les  ouvriers  ne  puissent  pas  se  livrer  à  de*  dégustations  qui 
pourraient  leur  faire  contracter  une  mauvaise  habitude  et  leur  devenir  nui- 
sibles. 


,dby  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABUSSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.   473 


Il  renferme  ainsi  une  distillerie. 

Il  7  a  «ne  machine  à  vapeur  de  la  farce  de  quatorze  chevaux ,  spéciale- 
ment affectée  an  service  de  la  distillerie. 

On  y  occupe  en  tout  dil  ouvrier»  t  trois  dam  la  distillerie ,  et  sept  dans 
la  brasserie. 

Le  travail  se  continue  toute  l'année  dan*  la  distillerie  ;  mais  on  ne  travaille 
dans  la  brasserie  que  depuis  le  mois  d'octobre  jusqu'au  mois  de  juin. 

Les  ouvrier»  de  la  distillerie  sont  payés  à  la  journée  ;  ceux  de  la  brasserie 
sont  payé»  par  brassin. 

Le  travail  est  en  quelque  sorte  continu  ;  quand  un  brassin  est  fini,  on  en 
commence  un  autre  ;  les  ouvrier»  passent  généralement  trois  ou  quatre  nuits 
par  semaine  au  travail,  quelquefois  même  cinq. 

Il»  travaillent  presque  toujours  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chflrûsge  le 
lundi. 

Le  aalaïre  de»  ouvriers  brasseurs  a  augmenté  depuis  quelque»  années. 

Le»  ouvrier»  braweurs  proprement  dit»  gagnent  3  fr.  00  c.  par  brassin  ; 
les  porteurs  sont  aussi  payés  par  brassin,  a  raison  de  7  fr.  03  c.  Ou  estime 
que  ces  derniers  peuvent  gagner  1 ,100  francs  par  an ,  indépendamment  du 
logement  et  de  la  nourriture. 

L'instruction  de  ces  ouvriers  est  tout  â  fait  nulle. 

Leur  conduite  est  bonne  ;  ils  ne  se  livrent  même  pas  à  des  excès  de  bots- 
son.  Il  y  a  un  chef  chargé  de  surveiller  les  travaux  et  les  ouvriers;  ce  chef 
leur  fait  leurs  ration»  de  liquides  ;  l'ivrognerie  est  sévèrement  punie. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réterve  pour  les  malades. 

Les  maladie)  «ont  assez  rares  ;  cependant  la  propriétaire  de 
l'établissement  déclare  que  le  travail  est  fatigant ,  et  que  les  por- 
teurs ont  surtout  beaucoup  a  souffrir  du  poids  énorme  des  tonneaux 
actuels.  Les  renseignements  qu'elle  fournit,  relativement  à  l'augmen- 
tation de  capacité  de*  tonneaux,  sont,  en  tout,  conformes  à  ceux 
donnés  par  les  chef»  des  établissements  A  et  B;  mais  elle  a  tenu 
tête  aux  cabaretiers,  et  si  ceux-ci  lui  envoient  à  remplir  des  ton- 
neaux contenant  cinquante  litres  de  plus  que  les  tonneaux  '  ordi- 
naires, il  faut  qu'ils  payent  ces  cinquante  litres. 

Aucun  accident  n'est  jamais  arrivé  dans  cet  établissement. 

Il  n'y  a  aucun  ouvrier  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres. 

Dans  cet  établissement,  dirigé  par  une  femme,  il  règne  un  ordre  et  une 
discipline  vraiment  remarquables  ;  pleine  de  fermeté,  elle  a  acquis  une  grandi' 
influence  »ur  le»  ouvriers,  et  s'est  assuré  une  obéissance  que  les  autres  chai* 
de  brasserie  n'ont  jamais  pu  obtenir. 


DiglizedOy  GOOgle 


474    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

ttnitiiimsi  D. 

On  n'y  occupe  que  six  ouvriers. 

Nous  avons  parcouru  cette  brasserie,  dont  le*  disposition»  «ont  à  peu  près 
celles  que  l'on  retrouve  dans  toutes  les  brasseries  delà  ville.  Nous  avons  inter- 
rogé le  chef,  relativement  à  la  durée  du  travail ,  à  la  fatigue  que  celui-ci 
comporte,  à  la  capacité  des  tonneaux  des  cabareliers,  à  la  santé  et  à  la  durée 
de  la  vie  des  porteurs ,  aux  maladies  qui  sont  propret  i  la  profession  ;  et , 
sur  tous  ces  points,  nous  avons  obtenu  des  renseignements  parfaitement 
conformes  à  ceux  qui  noua  avaient  déjà  été  fournis  par  les  chefs  des  établis- 
sements A,  B  et  C. 

Quant  à  la  conduite  des  ouvriers ,  les  renseignement»  cadrent  mieux  avec 
ceux  recueillis  dans  rétablissements  AtA.  3,  qu'avec  ceux  de  l'é  la  bassement  C 

Le  chef  n'a  pas  remarqué  que  la  poussière  qni  s'élève  de  l'orge  germé, 
lorsqu'on  le  remue,  exerçât  quelque  influence  sur  la  santé  des  ouvriers  ;  tout 
ce  qu'il  sait,  c'est  que  les  meuniers  se  plaignent  quelquefois  de  ce  que  la 
e  de  cette  céréale  germéo  les  fait  tousser. 


trisutstatirr  S. 

Une  machine  à  vapeur  sert  exclusivement  à  la  mouture  des  grains ,  et  à 
l'exécution  de*  travaux  les  pins  fatigants. 

Dans  cette  brasserie  importante,  où  l'on  ne  fait  que  de  la  bière  blanche , 
on  occupe,  terme  moyen,  cent  ouvriers,  tous  adultes. 

Ces  ouvriers  ont  de  l'occupation  toute  l'année  :  les  uns  travaillent  a  la 
journée,  comme  les  tonneliers  et  les  meuniers;  et  les  autres,  les  brasseurs  pro- 
prement dits,  travaillent  par  brassîn. 

La  journée  ordinaire  de  travail  est  de  dix  heures;  quelquefois  les  ouvrier* 
travaillent  douze  heures  pour  faire  cinq  quart*. 

Le  travail  de  nuit  est  obligatoire  pour  le*  brasseurs,  mais  ils  s'enten- 
dent entre  eux  pour  se  relayer  ;  ils  ont,  du  reste ,  deux  ou  trois  heures  de 
repos  pendant  le  travail  de  nuit. 

Pendant  le  travail  de  jour,  il  y  a  deux  heures  et  demie  de  repos  :  une  demi- 
heure  le  mattn,  une  heure  et  demie  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre 

Quelque*  ouvriers  seulement  ne  retournent  pas  chez  eux  pour  le  dîner. 
Les  ouvriers  brasseurs  proprement  dits  sont  logés  et  nourris  dans  l'établis- 

Le  salaire  n'a  point  éprouvé  de  variations  dan*  ces  dernière*  années.  On 
peut  estimer  que  les  tonnelier*  et  les  autre*  ouvriers  employés  à  la  journée 
gagnent  de  1  fr.  28  c.  à  1  fr.  HO  c.  par  jour.  Les  brasseurs  gagnent  de  7  à 
800  fr.  par  an,  indépendamment  du  logement  et  de  la  nourriture. 

L'instruction  laisse  quelque  chose  à  désirer  ;  cependant  le  chefestime  que 
les  deux  lier*  au  moins  des  ouvriers  ont  quelque  instruction. 


^y  Google 


ENQUETE  DANS  LES  ÉTABLISSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     473 

La  conduite  des  ouvriers  brasseurs ,  qui ,  ci-devant ,  était  très- 
mauvaise,  est  aujourd'hui  plus  satisfaisante  ;  on  ne  peut  cependant 
pas  encore  dire  qu'elle  est  tout  à  fait  bonne ,  car  la  malheureuse 
habitude  de  se  livrer  a  la  boisson  n'est  pas  encore  complètement 
détruite;  on  l'a  atténuée  en  ne  permettant  plus  aux  ouvriers  de 
boire  à  discrétion,  et  en  leur  donnant  une  ration.  La  boisson  dont 
ils  abusent  de  préférence  est  le  genièvre. 

L'établissement  n'a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour 
les  malades.  Cependant  le  chef  accorde  quelquefois  une  pension 
aux  ouvriers  devenus  incapables  de  travailler  par  fige,  lorsqu'ils 
se  sont  bien  conduits,  et  qu'ils  ne  boivent  point  de  genièvre. 

En  général,  la  santé  des  ouvriers  est  bonne.  Les  brasseurs  sont 
plus  particulièrement  exposés  aux  maladies  déterminées  par  le 
refroidissement  subit ,  comme  catarrhe*,  fluxions  de  poitrine  et 
rhumatismes;  cependant,  quand  ils  sont  atteints  de  l'une  de  ces 
maladies,  ils  doivent  presque  toujours  l'attribuer  à  leur  imprudence. 
Les  excès  de  boisson  minent  souvent  aussi  la  santé  des  brasseurs, 
et  le  chef  déclare  que  ceux  qui  ont  contracté  l'habitude  de  boire 
du  genièvre  ne  vivent  guère  au  delà  de  quarante-cinq  Ans. 

Les  ouvriers  employés  à  la  chaudière  ont  le  travail  le  plus  fati- 
gant; mais,  en  menant  une  vie  réglée,  ils  peuvent  le  continuer 
pendant  de  nombreuses  années.  Ici,  les  ouvriers  ne  sont  pas  tués 
non  plus  par  le  portage  de  tonneaux  d'une  énorme  pesanteur,  vu 
que ,  dans  la  localité  ou  existe  l'établissement ,  on  est  dans  l'usage 
de  rouler  les  tonneaux. 

On  a  eu,  dans  ces  dernières  années,  un  funeste  événement  à 
déplorer  dans  cette  fabrique  :  nous  voulons  parler  d'un  garçon 
brasseur  qui  est  tombé  dans  la  chaudière,  et  qui  a  succombé  par 
suite  de  cet  accident. 

Bien  que  la  fermentation  a  laquelle  on  soumet  la  bière  blanche 
avant  de  la  mettre  en  tonneau  ,  n'ait  encore  donné  lieu  a  aucun 
accident,  selon  le  rapport  du  chef,  nous  croyons  cependant  devoir 
nous  arrêter  un  instant  sur  ce  point,  car  des  accidents  graves  peu- 
vent en  résulter.  On  laisse  ordinairement  fermenter  la  bière  dans 
des  caves  basses  et  peu  élevées  ;  la  fermentation,  étant  accompagnée 
d'un  dégagement  abondant  de  gaz  acide  carbonique,  celui-ci, 
en  vertu  de  sa  pesanteur  spécifique  plus  grande,  déplace  l'air 
atmosphérique,  et  s'y  substitue,  en  formant  dans  la  cave  une  couche 
d'autant  plus  considérable  qu'il  y  aura  eu  à  la  fois  plus  de  bière  en 
fermentation.  Il  est  vrai  de  dire  que  les  caves  ne  sont  pas  tout  à 


^y  Google 


«6  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ-  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
fait  fermées  pendant  que  cette  réaction  a  lieu;  lorsque  la  tempé- 
rature n'est  pas  trop  basse,  on  laisse  un  libre  accès  à  l'air;  nais 
cette  précaution  est ,  pour,  ainsi  dire ,  de  nul  effet ,  parce  que 
l'acide  carbonique ,  en  raison  de  sa  pesanteur  spécifique ,  ne  se 
déplace  pas  si  aisément.  Ce  qu'il  faudrait,  ce  serait  une  bonne  ven- 
tilation ;  mais  l'on  ne  peut  songer  a  employer  ce  moyen ,  car  le 
moindre  courant  .d'air  empêche  ou  trouble  la  Fermentation.  Il 
résulte  de  tout  ceci  que,  lorsque  les  ouvriers  descendent  dans  le 
local  où  s'est  accomplie  la  fermentation,  il  doit  y  exister  encore  une 
quantité  notable  d'acide  carbonique.  Nous  avons  appelé  l'attention 
du  chef  sur  ce  fait,  et  il  nous  a  assuré  qu'aucun  ouvrier  n'entrait 
jamais  dans  ce  local  sans  porter  devant  lui  une  chandelle  allumée  ; 
cette  précaution  est  bonne;  mais,  ainsi  que  nous  l'avons  fait 
remarquer  au  chef,  elle  est  insuffisante,  telle  qu'elle  est  usitée; 
car,  en  portant  la  chandelle  devant  soi  seulement ,  il  peut  arriver 
qu'elle  continuera  de  brûler,  parce  qu'elle  sera  dans  une  couche 
d'air  atmosphérique,  et  cependant  il  pourra  y  avoir  du  danger, 
parce  que,  à  quelques  centimètres  plus  bas,  peut  commencer  la 
couche  d'acide  carbonique ,  dans  laquelle  la  chandelle  se  serait 
infailliblement  éteinte ,  si  on  l'avait  portée  un  peu  moins  haut. 
Nous  avons  donc  conseillé  de  s'assurer  de  la  pureté  de  l'air ,  en 
présentant  la  chandelle  allumée  à  différentes  hauteurs.  On  con- 
çoit que  cette  précaution  est  indispensable ,  et ,  pour  le  prouver , 
nous  ne  ferons  qu'une  supposition,  qui,  malheureusement,  peut  se 
réaliser  chaque  jour  :  un  ouvrier  descend  dans  la  cave  où  la  bière 
a  fermenté;  il  porte  devant  lui  une  chandelle  allumée;  celle-ci 
brûle  et  lui  indique  qu'il  ne  court  aucun  danger;  dès  lors  il  la 
souffle  ou  la  dépose  sur  le  premier  objet  venu  ;  en  parcourant  là 
cave,  il  s'aperçoit  qu'il  y  a  quelque  travail  à  faire;  ce  travail 
exige  qu'il  s'accroupisse,  qu'il  baisse  la  tète  ;  il  se  trouve  dans  une 
couche  d'acide  carbonique  ;  il  respire  en  plein  ce  gaz  délétère ,  et 
tombe  aussitôt  pour  ne  se  relever  jamais ,  s'il  est  seul  dans  la 
cave.  Nous  avons  insisté  sur  les  dangers  que  peuvent  présenter  les 
locaux  où  a  fermenté  la  bière ,  parce  que  ces  dangers  sont  réels , 
et  que  l'acide  carbonique  est  non-seulement  un  gaz  impropre  à  la 
respiration ,  mais  encore  véritablement  toxique.  Dans  un  autre 
travail,  nous  dirons  les  mesures  qu'on  peut  prendre  pour  rendre 
la  fermentation  moins  dangereuse. 

Aucun   de»  ouvriers   de  cet  établissement   u'esL  inscrit   sur  la  liste   des 
pauvres  '. 


D.glizerfûy  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.   477 
11  n'y  a  pas  de  règlement,  d'ordre  ou  de  discipline,  et  le*  dispositions  rela- 
tive» au  livret  ne  «ont  pas  exécutées. 

Du  reste,  rétablissement  est  bien  tenu  et  bien  dirigé;  l'atelier  des  tonne- 
liers nous  a  paru  trop  peu  spacieux ,  et  la  cave  destinée  aux  bières  en  fer- 
mentation n'a  pas  asseï  de  hauteur. 

trisLisiBiaiiT  F. 

II  y  a  une  machine  à  vapeur  delà  force  de  trente  chevaux,  servant  comme 
moteur  et  exécutant  tous  les  travaux  fatigants.  En  outre,  il  y  a  deux  chau- 
dières à  vapeur,  dont  chacune  fournît  assez  de  vapenr  pour  mettre  en 
action  une  machine  de  la  force  de  quarante  chevaux. 

Cet  établissement  est  extrêmement  vaste  ,  présente  à  l'intérieur  un  aspect 
imposant,  et  a  été  monté  d'après  les  plans  des  grandes  brasseries  de  l'Angle- 

Le  travail  des  ouvriers  se  borne,  eo  quelque  sorte,  a  une  simple  surveil- 
lance; aussi,  sur  les  cinquante-cinq  ouvriers  qu'on  y  occupe,  il  n'y  en  a 
qu'un  petit  nombre  employé  dans  la  brasserie  ;  la  plupart  exercent  la  pro- 
fession de  tonnelier,  et  travaillent  à  la  journée. 

Le*  ouvriers  y  ont  de  l'occupation  pendant  toute  l'année. 

Leur  gain  journalier  peut  être  évalué  en  moyenne: 
Pour  les  ouvriers  tonneliers,    à  fr.  1   40 
■  >  brasseurs .     ■  •      1   00 

En  général,  on  ne  travaille  pas  le  dimanche,  et  l'on  ne  chôme  jamais  lelundi. 

Le*  ouvriers  possèdent  une  certaine  instruction  ;  la  plnpart  savent  lire  et 
écrire  ;  leur  conduite  est  assex  bonne. 

L'établissement  a  formé  an  fonds  de  réserve,  destiné  i  venir  su  secours  des 
veuves  d'ouvriers.  Quand  un  ouvrier  quitte  l'établissement,  on  lai  remet  le 
montant  de  sa  masse,  s'il  n'y  a  pas  de  plainte  à  sa  charge. 

Les  ouvriers  qui  arrivent  trop  tard  à  leur  ouvrage  sont  mis  à  l'amende  ; 
le*  amendes  perçues  de  ce  chef  sont  encaissées  au  béné&cede  l'établissement. 

Si  an  ouvrier  devient  malade,  la  société  qui  exploite  la  brasserie  lui  donne 
du  secours  pendant  la  durée  de  sa  maladie. 

L'état  sanitaire  des  ouvriers  est  très -satisfaisant  ;  ils  sont  rarement  malades, 
et  n'ont  rien  a  souffrir  de  leur  profession.  Les  tonneliers  seuls  ont  un  véri- 
table travail  manuel,  et  encore  est-il  peu  fatigant. 

Toute*  les  conditions  de  salubrité*  sont  réunies  dans  ce  vaste  éta- 
blissement :  le  local  destiné  à  la  fermentation  des  bières  blanches 
est  très-spacieux  et  très-élevé,  et  les  dispositions  sont  telles  qu'on 
ne  peut  rien  avoir  à  craindre  de  l'aoide  carbonique  qui  se  dégage 
pendant  la  fermentation  :  en  effet,  entre  les  diverses  rangées  de 
tonneaux  existent  des  couloirs  dans  lesquels  s'épancbe  le  jet  et  se 
réunit  l'acide  carbonique  :  ces  couloirs  ont  pour  profondeur  toute 

SI. 


xiby  Google 


478    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

la  hauteur  des  tonneaux,  el  au  niveau  de  l'extrémité  supérieure  de 
ceux-ci  règne  une  espèce  de  plancher  destiné  a  l'ouvrier  charge 
de  l'inspection  des  bières;  la  tête  de  l'ouvrier  te  trouve  donc  au- 
dessus  de  la  surface  de  la  masse  de  bière  qui  a  fermenté,  presque 
de  la  hauteur  de  tout  son  corps. 

D'excellentes  précautions  ont  été  prises  contre  les  chances  d'in- 
cendie :  dans  la  partie  la  plus  élevée  dit  bâtiment  se  trouve  un 
réservoir  contenant  900  hectolitres  d'eau,  et  un  autre  réservoir 
moins  considérable  a  été  établi  dans  le  faîtage  même  :  ce  dernier 
réservoir  est  seulement  d'une  contenance  de  50  hectolitres,  mais 
une  pompe  foulante  peut  ;  amener,  chaque  quart  d'heure,  une 
semblable  masse  d'eau.  Indépendamment  de  ces  réservoirs,  il  règne 
au-dessus  dea  toits  une  série  de  tuyaux  qui  permettent  encore 
d'effectuer  un  arroseraient  complet. 


É11SL  ISSU  EST    A. 


Aujourd'hui  «impie  filature,  cet  établissement  renfermait,  il  y  a  quelqne» 
années,  une  teinturerie  et  une  tisseranderiequi  occupaient  beaucoup  de  bras; 
mais,  par  suite  de  la  stagnation  dea  affaires  et  du  marasme  dans  lequel  se 
trouve  l'industrie  cotonnière,  le  chef,  pour  ne  pas  compromettre  se»  intérêts, 
s'est  vu  dan*  l'obligation  de  renoncer  aux  deux  dernières  branches  d'indus- 
trie.Le  manque  de  débouchés ,  la  concurrence,  mais  surtout  la  concurrence 
de  l'étranger,  «ont,  selon  le  chef,  les  principales  causes  du  malaise  qui  frappe 
lea  industriels  de  sa  catégorie. 

Le  moteur  est  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  dix  à  doute  chevaux. 

On  y  occupe  sept  hommes  (Eleurs),  neuf  femmes  (à  la  carderie),  et  vingt 
enfants,  dont  neuf  sont  employés  â  la  carderie  ,  et  onie  comme  rallacheur*. 

Les  enfants  sont  de  l'âge  de  neuf  â  treize  ans;  ils  sont  engagés  par  les 
ouvriers,  el  plusieurs  travaillent  avec  leurs  parents.  Kn  général,  ils  ne  font 
que  rattacher  les  fils  rompus,  meLtre  les  bobines  et  étendre  le  coton  sur  le* 
cardes,  occupations  qui  exigent  qu'ils  soient  toujours  debout.  On  se  procure 
très-aisément  les  enfants  dont  ou  a  besoin  ,  et  on  les  emploie  de  préférence 
à  des  adulte*,  parce  qu'ils  ont  une  aptitude  toute  spéciale  pour  l'ouvrage 
qu'un  leur  confie,  et  qu'ils  coûtent  infiniment  moins. 

Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année,  el  tous,  lesfileurs  esceptés,  tra- 
vaillent â  la  journée. 

fin  été,  la  journée  commence  à  cinq  heures  du  matin,  et  finit  à  huit  heures 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRABAXT.  479 
du  soïr.—  En  hiver,  elle  commence  à  ail  heures  du  matin,  et  finit  a  oeuf 
heure»  du  noir. 

Ce*  limite*  ne  sont  jamais  dépassée!, et  la  durée  de»  travaux  n'est  ni  plu» 
ni  moins  longue  qu'autrefois. 

On  n'a  Jamais  essayé  d'occuper  le*  enfants  par  brigade* ou  par  relais.  Le  chef 
pensequ'il  serait  difficile  de  fher,  selon  le*  âge»,  un  maximum  de  durée  pour 
le  travail  des  enfants,  sans  nuire  à  l'industrie ,  parce  que  les  ouvriers  ne 
peuvent  se  passer  de  l'aide  des  enfant». 

Jl  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Les  ouvriers  jouissent  d'une  heure  et  demie  de  repos  par  jour,  savoir  : 
un  quart  d'heure  le  matin,  une  heure  à  midi,  et  un  quart  d'heure  à  quatre 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dans  la  fabrique  ;  pour  dîner,  les  ouvriers 
retournent  chez  eui. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  l'on  ne  chôme  pas  le  lundi. 

Le  salaire  de*  ouvriers  a  subi  une  diminution  asaei  considérable  :  pour 
filer  le  numéro  40,  il*  ne  reçoivent  actuellement  que  2S  centimes  par  kilo- 
gramme, tandis  qu'il  y  a  quelques  années,  on  le  leur  payait  de  35  à  40  cen- 
times. Les  événements  de  1850  ont  porté  le  coup  le  plus  funeste  aux  ouvriers 
filenrs;  avant  cette  époque.  Us  gagnaient  aisément  4  ou  5  fr.  par  jour.  ' 

Actuellement ,  un  fileur  qui  travaille  bien  ne  gagne  guère  que  9  fr.  par 
semaine,  déduction  faite  de  ce  qu'il  doit  payer  à  son  raltacheur. 

Les  raltacbeurs  gagnent HO  centimes  par  jour. 

Les  femmes  employées  à  la  carderie  .  .     S0à7S  »  « 

Les  enfants   .         »  ■  .     .     .     36  ■  • 

Les  raltacbeurs  sont  payés  par  le*  ouvriers  qui  les  emploient  ;  les  enfant* 
travaillant  à  la  carderie  sont  payés  par  le  chef. 

L'instruction  des  enfants  est  tout  à  fait  nulle  ;  le  chef  les  exhorte  souvent 
à  fréquenter  l'école  dominicale  ;  maïs  aea  exhortations  restent  sans  effet. 

Les  ouvriers  adultes  croupissent  dan*  la  même  ignorance  que  le*  enfants. 

Le*  ouvrier»  dea  deux  aexe*  août  occupés  dan*  de»  atelier*  distincts.  Le» 
adultes  sont  mariés  pour  la  plupart,  et  ils  ont,  en  général ,  une  bonne  coo- 

II  n'y  a  ni  cai**e  d'épargne ,  ni  food*  de  réserve  pour  le*  malade». 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant,  et  il  y  a  rarement  des  ouvrier*  malade*. 
Le  chef  ne  considère  pas  le  travail  dan»  les  filature*  de  coton ,  comme 
capable  de  nuire  au  développement  physique  des  enfant*  ;  ce  travail  n'exerce 
aucune  influence  nuisible  sur  la  santé  de»  ouvrier*.  Ceux  qui  travaillent  au 
(fiait*  et  à  la  carderie  toussent  quelquefois  un  peu  dan*  le»  premiers  temps. 

Il  n'est  jamais  arrivé  que  quelque*  accidents  de  très-peu  de  gravité,  et 
toujours  il*  ont  été  du*  à  l'imprudence  des  o 


La  plu*  grande  partie  des  ouvriers  est  inscrite  sur  la  liste  des 
pauvres;  ce  sont ,  en  général ,  des  pères  de  famille  se  conduisant 
bien  et  qui  ne  doivent  leur  élat  d'indigence  qu'à  l'insuffisance  de 


^y  Google 


480    CONSEIL  CENTRAL  OE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

leur  gain  actuel.  Aussi  le  chef  est-il  souvent  obligé  de  faire  des 
avances  aux  fileurs. 

Les  habitations  des  ouvriers  sont  presque  toutes  trop  étroites , 
malsaines  et  malpropres  :  tout  y  annonce  une  grande  misère. 
Dénués  de  ressources  suffisantes,  leur  alimentation  est  mauvaise; 
ils  ne  prennent  qu'une  nourriture  grossière,  peu  réparatrice,  et 
souvent  même  trop  peu  abondante. 

Il  y  a  un  règlement  d'ordre  et  de  discipline.  Les  prescriptions  relatives 
au  livret  ne  sont  pas  exécutées  ;  le  chef  considère  la  mesure  du  livret  comme 
très- bonne;  mais,  malheureusement,  les  chefs  d'établissements  industriels 
n'y  tiennent  pas  la  main. 

Cette  fabrique,  qui  n'est  certes  pas  l'une  des  plus  mal  tenues , 
laisse  cependant  encore  a  désirer  sous  le  rapport  des  conditions 
de  salubrité.  En  entrant  dans  la  Garderie,  local  du  reste  assez 
vaste  et  assez  élevé,  nous  y  avons  observé  une  atmosphère  de  pous- 
sière'assez  considérable,  qui  provient  non-seulement  de  ce  qu'il 
n'y  a  point  une  ventilation  bien  établie,  mais  encore  de  ce  que 
les  machines  à  carder  et  le  local  ne  sont  pas  tenus  assez  propre- 
ment, et  surtout  de  ce  que  ces  machines  ne  sont  pas  convenable- 
ment recouvertes  ou  fermées.  Le  local  dans  lequel  fonctionne  le 
diable  est  beaucoup  trop  petit  et  manque  surtout  de  ventilation  : 
cette  machine,  n'étant  pas  fermée,  répand  dans  'l'air  des  flots  de 
poussière  et  de  particules  cotonneuses,  dont  une  partie  passe  dans 
la  carderie,  celle-ci,  par  une  disposition  des  plus,  vicieuses,  com- 
muniquant directement  avec  le  réduit  occupé  par  le  diable. 

Quant  à  l'atelier  des  fileurs,  occupé  par  onze  métiers mull-jenny, 
desservis  par  sept  adultes  et  onze  enfants ,  il  est  vaste,  et  nous  a 
paru  offrir  de  suffisantes  conditions  de  salubrité.  Nous  devons  faire 
observer  aussi  que  l'aiguisage  des  cardes,  opération  regardée  et 
reconnue  comme  des  plus  dangereuses ,  ne  se  fait  plus  à  la  main, 
mais  à  l'aide  d'un  tambour  garni  d'émeri  et  mis  en  mouvement 
par  la  machine. 


On  y  file  le  coton  k  l'aide  de  petits  métiers  a  la  main  dît*  miitùrrt  françuit. 

Les  ouvriers  «ont  au  nombre  de  dix,  et  ce  sont  presque  tons  des  enfants 
de  l'âgé  de  sept  à  dh-huît  ans.  [.es  métiers  à  filer  sont  desservis  par  déjeunes 
filles. 

Les  ouvriers  sont  occupés  Une  grande  partie  de  l'année  :  cependant  il  y 
a  des  moments  où  il  n'y  a  pas  d'ouvrage  pour  eux. 


D.glizedûy  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*!.  PiDU&lTUELS  DU  BRABANT.     4SI 

Les  fileuses  travaillent  a  la  pièce,  et  les  autres  à  la  journée. 

La  journée  commence  ordinairement  k  six  heures  du  malin,  et  se  prolonge 
jusqu'à  la  chute  dujour. 

Le  travail  cal  interrompu  par  trois  intervalles  de  repos,  qui  sont  d'une 
demi-heure  le  matin,  d'une  heure  à  midi  et  d'une  demi-heure  l'après-dinée. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

En  général,  les  ouvriers  retournent  cher  eu*  pour  dîner. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dan*  la  fabrique. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Le  salaire  des  ouvriers  a  diminué  assez  notablement  par  snite  de  la  crise 
dans  laquelle  se  trouve  l'industrie  cotonniere.  Le  gain  journalier  actuel  des 
ouvriers  de  cette  fabrique  peut  être  établi  comme  suit  : 
Pileuses.     .     .     Je  48  k  Si  centimes. 
Rallacheurs.    .    de  20  i  25 
Batteur.      .     .  1S4 

Les  rallacheura  sont  payés  par  le  chef. 

L'instruction  des  ouvriers  est  complètement  nulle. 

Filles  et  garçons  travaillent  dans  les  mêmes  ateliers. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,   ni  fonda  de  réserve  pour  les  malades. 

Le  chef  ne  connaît  aucune  maladie  qui  soit  propre  à  la  profession  :  celle-ci 
n'offre  rien  de  nuisible  et  ne  contrarie  en  rien  le  développement  plijsique 
des  enfants.  , 

La  plupart  des  ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres;  il  y  a  vrai- 
ment de  la  misère  chei  eux;  ils  sont  généralement  très-mal  logés  et  encore 
plus  mal  nourris. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline;  les  prescriptions  rela- 
tives au  livret  ne  sont  pas  exécutées. 

Cette  fabrique  n'offre  que  des  locaux  très-étroits  et  des  plus 
insalubres  ;  les  ouvriers  y  sont  exposé»  à  toutes  les  influences  mal- 
faisantes que  produit  le  travail  du.  coton.  Les  méties»  a  filer  sont 
établis  au  rez-de -chaussée  dans  des  places  froides  et  humides, 
beaucoup  trop  petites  et  trop  peu  élevées  de  plafond ,  et  où  la 
ventilation  est  nulle. 

A  l'étage,  une  petite  pièce  renferme  la  machine  à  carder.  Lors 
de  notre  visite,  il  y  régnait  une  poussière  considérable,  mais  qui, 
pourtant,  n'était  encore  rien  en  comparaison  de  celle  que  nous 
observâmes  un  peu  plus  tard  dans  une  espèce  de  méchant  petit 
grenier ,  où  un  jeune  homme  était  occupé  à  battre  le  coton  :  on 
peut  dire  littéralement  qu'on  ne  respirait  là  qu'une  atmosphère 
exclusivement  composée  de  poussière  et  de  duvet  cotonneux.  Si 
l'on  remarque  bien  que  c'est  toujours  le  même  ouvrier  qui ,  du 
malin  au  soir,  est  chargé  de  battre  le  coton,  dans  une  pièce 


xuvCoo^le 


482  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES!  . 
dépourvue  de  tous  moyens  de  ventilation,  on  concevra  facilement 
qu'il  est  presque  impossible  qu'un  semblable  travail  n'exerce  pas 
sur  sa  santé  une  action  des  plus  fâcheuses  :  ce  travail  est  ici  d'au- 
tant plus  dangereux ,  qu'il  a  lieu  sur  du  coton  de  Surate,  qui  est 
d'une  qualité  inférieure  et  toujours  très-impur. 


étshibsuesi  C.  —  Filature  et  fabrique  de  ouatet. 

Le  moteur  est  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  six  chevaux. 
Un   y   occupe   actuellement  quarante -quatre  ouvriers,    «avoir  :   douze 
hommes,  seize  femmes  et  seize  enfants. 

Les  enfants  employés  comme  raLlacheuri  sont,  engages  par  les  ouvriers; 
eeux  travaillant  i  la  carder îe  par  le  chef. 

Deux  ou  trois  enfants  travaillent  dans  celte  fabrique  avec  leurs  parents. 
Généralement  on  ne  prend  les  enfanta  qu'à  l'âge  de  huit  ou  neuf  ans ,  mais 
les  Sieurs  en  prennent  quelquefois  de  moins  âgés.  Un  se  les  procure  toujours 
facilement. 

Les  enfants  sout  employés  i  rattacher  les  fils  rompus,  à  étendre  le  coton 
sur  les  cardes,  etc. ,  travaux  peu  fatigan(s  Je  leur  nature  ,  mats  qui  exigent 
que  l'enfant  soit  constamment  debout. 

L'emploi  de  la  machine  à  vapeur  a  fait  diminuer  le  nombre  des  ouvriers 
adulte»,  mais  pas  celui  des  enfants. 

Le  travail  se  continue  Mute  l'année:  cependant  il  y  a  des  moments  de 
relâche  où  l'on  ne  peut  occuper  le  même  nombre  d'ouvriers. 
Tous  les  ouvriers,  les  fiteurs  exceptés,  travaillent  à  la  journée. 
La  journée  se  compose  de  quatorze  heure»  de  travail.  On  commence,  en 
été ,  à  cinq  heures  du  matin,  pour  finir  à  huit  heures  du  soir,  lin  hiver,  la 
journée  commence  i  sept  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à  dix  heures  du  soir. 
Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées ,  et  la  durée  du  travail  n'a  subi  ni 
augmentation  ni  diminution. 

Autrefois,  quand  l'industrie  cotonnière  prospérait,  on  travaillait  souvent 
la  nuit;  maintenant  on  est  déjà  fort  heureux  quand  on  peut  occuper  les 
ouvriers  tout  un  jour. 

Les  ouvriers  ont  une  heure  et  demie  de  repos  par  jour  :  une  heure  à  midi, 
et  un  quart  d'heure  le  matin  et  l'apres-dtnée.  Ils  font  leurs  repas  daos  la 
cour  ou  dans  les  ateliers. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  le  lundi  on  ne  travaille  que  jusqu'à 
quatre  heures  de  l'aprèa-dlnée. 

Le  salaire  n'a  pas  éprouvé  de  variation.  On  peut  estimer  que  le*  Rieurs, 
travaillant  à  la  tâche,  gagnent  de  i  à  3  francs  par  jour.  Sur  ce  gain  ils  doi- 
vent prélever  le  salaire  de  leurs  raltacheurs,  salaire  que  le  chef  estime  pou- 
voir Être  de  30  à  40  centimes  par  jour. 

Le*  ouvrières  employée»  i  la  carde  rie  gagnent  80  centimes  par  jour  ;  les 
enfants  gagnent  HO  centime*. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.    483 

Ce*  dernier»  sont  payé*  par  le  chef;  les  rattac  heurs  par  les  fiteurs. 

L'instruction  des  jeune»  ouvrier*  eit  nulle,  ou  peu  s'en  faut.  Il  en  est 
absolument  de  même  pour  le*  ouvriers  adultes. 

Les  ouvriers  de*  deux  sexes  travaillent  réuni*  dan*  le*  même*  atelier*. 
Leur  conduite  [ceci  s'applique  particulièrement  aux  fi  leur»)  n'est  pas  bonne; 
en  général,  il*  mènent  une  vie  désordonnée,  manquent  de  prévoyance  et  ont, 
pour  vice  capital,  l'ivrognerie. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,   ni  fonda  Je  réserve  pour  le*  malades. 

Le*  maladie*  qui  affectent  ce*  ouvrier*,  dépendent  autant  de  leur*  habi- 
tude* d'ivrognerie ,  que  de  la  nature  de  leur  travail  :  le  chef  cite  comme 
maladie*  le*  plus  fréquentes  parmi  eux,  le*  maladie*  de  poitrine,  le  rhuma- 
tisme et  l'œdème  des  extrémités  inférieures. 

Il  n'y  a  jamais  eu  d'accident  dans  celte  fabrique. 

Plusieurs  ouvriers  sont  inscrit*  sur  la  liste  de*  pauvres;  il*  appartiennent 
tous  à  ceux  qui  habitent  Bruxelles,  et  leur*  habitude*  (le  débauche  ne  con- 
tribuent pas  peu  à  leur  état  d'indigence. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline ,  et  l'on  ne  tient  que  peu 
la  main  a  la  mesure  du  livret. 

Cette  fabrique  laisse  infiniment  à  désirer  sous  le  rapport 
hygiénique  :  les  ateliers  sont  trop  petits ,  trop  bas  de  plafond  et 
malproprement  tenus  :  on  y  manque  d'air,  et  la  ventilation  y  est 
tout  à  fait  nulle,  en  sorte  que  les  ouvriers  se  trouvent  dans  une 
atmosphère  de  poussière  el  de  particules  de  coton,  ainsi  que  nous 
avons  pu  nous  en  convaincre  dans  notre  visite. 

Le  battage  du  colon  ne  se  fait  heureusement  plus  à  la  main. 

■tiiussiiht  D.  —  Filature  de  eoton,  et  teinturerie. 

Les  ouvriers  sont  répartis  dans  deux  bâtiments  distants  l'un  de  l'autre  de 
dix  minute*  environ.  Le  moteur  est  une  chute  d'eau. 

On  y  occupe  cent  ouvriers,  dont  trente-sept  hommes,  quarante-trois  jeunes 
filles  ou  femmes  de  seise  à  vingt  ans,  et  vingt  enfants. 

On  n'accepte  pas  le*  enfants  avant  l'âge  de  onze  ou  douze  ans. 

Les  ralUcheurs  sont  engagés  par  les  fileurs,  et  les  autre*  par  le  chef.  On 
ne  se  les  procure  pas  très-aisément  à  cause  du  voisinage  de  la  ville  (Bruxelles). 

Ils  sont  employés  i  rattacher  les  fils,  à  étendre  le  coton  sur  les  cardes,  et 
comme  aides  dans  la  teinturerie  ;  en  travaillant  ils  sont  toujours  debout. 

Le  travail  continue  toute  l'année.  Les  fileurs  travaillent  à  la  tache,  tous 
les  autres  ouvrier*  à  la  journée. 

.La  journée,  en  toutes  saisons,  commence  à  cinq  heures  du  malin,  et  finit  à 
huit  heures  du  soir. 

Ces  limite»  ne  sont  jamais  dépassée*.  La  durée  du  travail  est  restée  tou- 
joor*  la  même. 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  le*  enfant*  par  relais  ou  par  bri- 


^y  Google 


m    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

gaile»  ;  on  n'aurait  pu  se  procurer  un  nombre  suffisant  d'enfant*  pour  adopter 
cette  mesure. 

La  mesure  qui  fixerait  un  nuiniim  de  durée  pour  le  travail  de*  enfant*, 
selon  leur  âge,  serait  préjudiciable  aux  industriels  de  la  campagne,  parce 
que  doute  lieu res  de  travail  au  moins  sont  absolument  nécessaires  à  la  grande 
industrie,  et  qu'en  limitant  la  durée  du  travail  de*  enfants,  il  faudrait  aug- 
menter le  nombre  de  ces  dernier*,  chose  impraticable  â  la  campagne. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Le*  ouvrier*  ont  deux  heure*  de  repos  pendant  le  travail  de  jour  :  Que 
demi-heure  le  matin,  une  heure  à  midi,  et  une  demi-heure  a  quatre  heure*. 

Deux  ou  trois  ouvrier»  seulement  prennent  leurs  repas  dan*  l'atelier  : 
tous  le*  autres  retournent  pour  dîner  chei  eux. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  le  dimanche;  et,  le  lundi,  on  fait  journée  complète 
comme  le*  autres  jour*. 

Le*  salaire*  «ont  restés  à  peu  près  les  même*  depuis  plusieurs  années  ; 
celui  de*  fileurs  cependant  a  éprouvé  une  légère  diminution.  Le  gain  jour- 
nalier actuel  peut  être  établi  comme  suit  : 

Pour  le*  fileur*  et  autres  ouvrier* 

adultes  employés  dans  la  filature.  à     fr.  £  80 

Pour  le*   ouvrier*    teinturiers.     .  —  t   50 

Pour  les  enfants  à  la  carderîe.      .  —  0  32 

Pour  le*  enfant*  raltacheurs.  .     .  —  0  43 

■    Le*  raltacheurs  seul*  sont  payé*  par  les  ouvriers  qui  les  occupent. 

Très-peu  d'enfant*  savent  lire  et  écrire  ;  il  en  est  de  même  de*  ouvrier* 

On  peut  dire  qu'en  général,  les  homme*  et  le*  femmes  travaillent  dan*  de* 
atelier*  séparé*  :  la  réunion  n'a  lieu  que  pour  un  très-petit  nombre. 

Le*  ouvriers,  hommes  et  femme*,  enfants  comme  adultes,  ont  une  bonne 
conduite  :  il*  mènent  une  vie  très-réglée  et  ne  sont  enclin*  ni  â  l'intempérance, 
ni  i  la  débauche. 

L'établisse  meut  ne  possède  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour 
les  malades.  Les  maladies  sont,  du  reste,  asiei  rares.  On  a  observé  cepen- 
dant que  le*  femme*  qui  travaillaient  pendant  quelque  temps  au  diable, 
étaient  incommodées  de  la  poussière  et  finissaient  par  souffrir  de  la  poitrine  : 
aussi  a-t  -on  pris  l'habitude  de  relever  ce*  femmes  au  bout  d'un  certain  temps 
pour  les  employer  à  d'autre*  travaux.  Le  contre-maître  prétend  que  le  tra- 
vail dan*  le*  filatures  de  coLon  n'est,  du  reste,  nuisible,  ni  pour  le*  adulte*, 
ni  pour  le*  enfant». 

On  n'a  eu  qu'un  seul  accident  grave  à  déplorer  :  un  enfant  a  été  victime  de 
son  imprudence;  il  a  eu  la  main  prise  et  broyée  dan*  un  engrenage,  et  est 
mort  â  l'hôpital  du  tétanos. 

Très-peu  d'ouvriers  sont  inscrit*  sur  la  liste  de*  pauvre*  :  habitant  loua 
la  campagne,  plusieurs  ont  une  parcelle  de  terre  qu'ils  cultivent  avec  l'aide 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.  485 
de  leur*  femmes  et  de  leur»  enfanta;  on  peut  dire  qu'en  général  il*  vivent 
assez,  bien. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  on  de  discipline,  mais  le*  mesures  rela- 
tives au  livret  y  «ont  mise*  à  exécution. 

Le  contre-mai  tre  assure  que  le»  enfaiils  ne  subissent  jamais  aucun  mauvais 
traitement  de  la  part  des  ouvrier*. 

Cet  établissement  est  mil  tenu,  malpropre,  et  laisse  infiniment 
à  désirer  sous  le  rapport  des  conditions  de  salubrité.  A  l'entrée  du 
bâtiment  que  nous  avons  visité  le  premier,  il  y  a  des  lieux  d'aisance 
qui  infectent  les  corridors,  les  escaliers  et  plusieurs  ateliers.  Dans 
la  place  où  fonctionne  le  diable,  nous  avons  trouvé  deux  femmes 
travaillant  dans  des  nuages  de  poussière,  chose  peu  étonnante  si 
l'on  considère  que  le  diable  était  ouvert  et  que  le  local  manque  de 
moyens  de  ventilation.  Ces  moyens  font  défaut  presque  partout,  de 
même  aussi  que  dans  le  second  bâtiment,  où  nous  avons  vu  régner 
une  poussière  assez  considérable  dans  la  carderie.  L'encrassement  et 
la  malpropreté  des  machines  prouvent  qu'il  y  a  un  manque  d'ordre 
capital  dans  celte  filature,  car  jamais  les  machines  ne  produisent 
plus  el  mieux  qu'alors  qu'elles  sont  bien  en  ire  le  nues.  Nous  avons 
observé  aussi  que  cet  établissement  est  le  seul  de  ceux  que  nous 
avons  visités,  où  l'aiguisage  des  cardes  se  fasse  encore  à  la  main  : 
le  même  ouvrier  est  toujours  chargé  de  ce  travail  ;  celui  que  nous 
avons  vu  a  l'ouvrage  n'aiguisait  encore  que  depuis  peu  de  temps, 
mais  celui  qui  l'a  précédé  a  été  plusieurs  fois  gravement  malade, 
el  il  a  dû  finir  par  renoncer  à  ce  travail. 


Le  moteur  est  une  chute  d'eau  de  la  force  de  vingt  chevaux  environ. 

On  y  occupe  en  tout  soixante  ouvriers,  ilii  homme*  adulte*,  vingt  femme* 
ou  fille*,  et  (rente  enfant*.  Ce*  dernier»  sont  de  l'âge  de  bnît  à  treize  et 
quatorze  an*.  Le»  enfants  employés  comme  rattacbeurs  et  bobineurs  sont 
engagés  par  le»  filenr*  ;  les  autre»  sont  engage*  par  le  chef. 

Le*  enfants  font  de»  bobines,  les  mettent  sur  la  machine,  rattachent  et 
soignent  tes  cardes. 

En  été,  ou  se  procure  quelquefois  difficilement  le*  enfant*  dont  on  a  besoin; 
en  hiver,  il  s'en  présente  plus  qu'on  ne  peut  en  occuper. 

Le»  ouvrier*  travaillent  toute  l'année  sans  interruption. 

Tous  travaillent  à  la  tâche  ;  le»  enfanta  seuls  sont  occupé»  à  la  journée. 

Le  travail  commence,  en  été,  à  cinq  heures  du  matin,  et  finit  à  huit  heures 
du  soir.  —  En  hiver,  il  ne  commence  qu'avec  le  jour  pour  finir  à  huit  heures 


^y  Google 


186     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES- 

Ce*  limite*  me  «ont  jamais  dépassée*  pendant  l'été,  mai*  en  hiver  on  tra- 
vaille quelquefois  une  ou  deux  heures  de  plus. 
La  durée  du  travail  n'a  ni  augmenté  ni  diminué. 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  les  enfants  par  brigade*  ou  reluis. 
La  fixation  d'un  maximum  de  durée  au  travail  des  enfant*  peut  devenir  pré- 
judiciable à  l'industrie,  parce  que,  dan*  les  campagne*,  on  a  souvent  de  la 
peine  à  trouver  le  nombre  d'en  fan  l«  dont  on  a  rigoureusement  besoin. 
II  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Les  ouvriers  n'ont  qu'un  seul  intervalle  de  repos,  de  midi  a  une  heure. 
En  été,  ils  prennent  leurs  repa*  en  plein  air,  mais  l'hiver,  dans  les  ateliers. 
On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 
Depuis  quelques  années  le  salaire  de*  ouvriers  a  diminué  de  dO  à  23  cen- 
times environ  par  jour.  Us  gagnent  actuellement  : 

Le*  fileurs fc     2  00  par  jour. 

Les  dévideuses —     0  80- 

Les  débourreuses  de  cardes.      —     0  60 
Le*  enfant*  ratlacheurs.  —     0  80 

Les  enfants  bobineurs     .  —     0  â0 

Le*  enfants  ratlacheurs  et  bobineurs  sont  payés  par  le*  fileurs  ;  les  autre* 
par  le  chef. 

Très-peu  d'enfants  savent  lire  et  écrire  ;  chez  le*  ouvrier*  adulte*,  l'in- 
struction est  tout  à  fait  nulle. 

Les  hommes  et  les  femmes  travaillent  dan*  des  atelier»  séparé*. 
En  général,  leur  conduite  est  bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le*  malades  ;  cepen- 
dant il  y  a  une  caisse  alimentée  par  des  amende»,  à  l'aide  de  laquelle  on  vient 
au  secours  des  ouvriers  qui  se  blessent  dans  la  filature. 

L'état  sanitaire  des  ouvriers  est  assez  satisfaisant  ;  il  n'y  a  que  rarement 
des  malades  parmi  eux.  Le  directeur  déclare  que  l'industrie  n'offre  rien  de 
nuisible,  et  ne  nuit  en  aucune  façon  au  développement  physique  de*  enfant*. 
L'aiguisage  des  cardes  ne  se  fait  plu»  i  la  main. 
Un  n'a  pas  eu  d'accident  grave  à  déplorer  dans  cette  fabrique. 
Il  y  a  beaucoup  d'enfant»  dont  les  parents  sont  inscrit»  sur  la  liste  des 
pauvres.  En  général,  il  y  a  beaucoup  de  misère  chez  les  ouvriers  de  cet 
établissement  :  leur»  habitations  sont  étroites,  bisses,  malpropre*   et  insa- 
lubre* ;  leur  nourriture  est  mauvaise,  tout  au  plus  suffisante,  et  ne  se  com- 
pote guère  que  d'un  pain  grossier  et  de  quelques  légume»  mal  préparé». 
Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 
Les  enfants  n'ont  jamais  à  subir  aucun  mauvais  traitement  de  la  part  de* 


Cet  établissement,  du  reste,  comme  presque  toutes  les  filatures 
de  coton,  laisse  à  désirer  sous  le  rapport  de  la  salubrité.  On  regrette 
partout  l'absence  des  moyens  de  ventilation,  surtout  dans  la  car 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTÂBUSSEH.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.  487 
derie  où  la  poussière  ne  faisait  pas  défaut.  Nous  n'avons  pas  trouvé  là 
non  plus  cette  propreté  des  locaux  et  des  machines  qui  annonce  une 
direction  intelligente  et  prévoyante.  Le  local,  dans  lequel  fonctionne 
le  diable,  est  des  plus  vicieux  :  c'est  un  réduit  bas  et  mal  aéré  dont  les 
proportions  n'excèdent  guère  celles  rigoureusement  nécessaires 
pour  le  placement  de  la  machine  :  l'ouvrière  qui  y  travaille,  est 
constamment  dans  une  atmosphère  épaisse  de  poussière  et  de  par- 
ticules cotonneuses;  et,  ce  qu'il  y  a  de  plu»  fâcheux,  c'est  que  la 
même  ouvrière  est  toujours  chargée  de  la  surveillance  du  diable. 

ÉTitLiliSKEHT  F.  —  Filature  et  teinturerie. 

Le  moteur  est  une  machine  à  vapeur  à  deux  cylindres,  à  moyenne  près 
■ion,  et  de  la  force  de  vingt-quatre  chevaux. 

Celte  filature  importante  occupe  vent  quarante-cinq  ouvriers  (homme* 
femme»  et  enfants),  savoir  : 

A  la  carderie 37     ouvriers  et  ouvrières. 

A  la  filature  en  gros.  18  ■  et  rattacheurs. 

A  la  filature  en  fin ...     84        •         et  rattacheurs. 

A  la  relorderie.  .      18  ■ 

Au   dévidage.     ....     20    ouvrières. 

Au  bobinage 6 

A  la  forge 4 

A  la  machine  à  vapeur.  9  « 

Au  magasin t    ouvrier  et  ouvrière. 

143     ouvriers  qu'on  peut  classer  c 


A  la  carderie 

A  la  filature  en  gros 

A  la  filature  en  gros  par  les  nwll~jeitng. 

A  la  filature  en  fin 

A  la  relorderie 

An  dévidage 

Au  bobinage 

A  la  forge 

A  la  machine  à  vapeur 

'Au  magasin 


. 

7 

20 
4 

4 

4 

27 

27 

9 

9 

20 

a 

4 

2 

1 

i 

54 

SI 

4 

0 

a»,  Google 


488    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Le*  homme»  sont  Je  l'ige  de -vingt  à  cinquante  ans,  les  femme*  de  seize  à 
quarante  ans,  et  les  enfants  de  <huit  à  doute  ana. 

Dans  la  teinturerie,  on  occupe  ordinairement ,  de  vingt  à  vingt-cinq 
ouvriers,  de  l'âge  de  vingt  à  cinquante  ans,  cinq  ou  six  apprentis  de  l'âge 
de  quatorze  à  seize  ans,  et  cinq  ou  six  apprentis  de  l'âge  de  dix  à  douze  ans. 

Les  enfants  ratlacheurs  sont  engagés  par  les  ouvriers  qui  les  emploient; 
ceux  travaillant  à  la  teinturerie  sont  engagés  par  le  chef.  On  se  procure  aisé- 
ment le»  enfants  dont  on  a  besoin  à  la  teinturerie  ;  mats  il  n'en  eat  pas  de 
même  pour  la  filature,  parce  que  là  les  gains  sont  trop  minime*. 

Le  travail  des  enfants  est  peu  fatigant;  il  consiste,  dans  la  filature,  à  rat' 
tacher,  et,  dans  la  teinturerie,  à  corder  et  a  étendre  les  colons  et  les  laines. 
Beaucoup  d'enfants  travaillent  avec  leurs  parents. 

Dana  la  filature,  le  travaille  continue  toute  l'année,  sans  interruption. 
Mais  il  en  est  tout  autrement  pour  la  teinturerie  :  celle  industrie  périclite, 
parce  qu'il  manque  des  débouchés  à  «es  produits.  Pour  ne  pas  congédier  tes 
ouvriers,-  le  chef  a  été  obligé  de  les  faire  travailler  par  escouade  ,  c'est-à- 
dire,  que  la  moitié  travaille  une  semaine,  et  l'antre  moitié  la  semaine  sui- 
vante, et  encore  ne  font-ils  que  trois  quarts  de  journée,  ce  qui  leur  fait  par 
quinzaine  quatre  jours  de  travail  seulement. 

Le*  fileur*,  les  dévîdeuses,  les  bobineuses,  les  femmes  des  bancs  k  broche*, 
(fileuses  eu  gros),  travaillent  à  forfait  :  tous  lus  autres  ouvrière  sont  employés 
à  la  journée. 

On  emploie  de  préférence  les  enfants  a  certains  travaux,  à  cause  de  leur 
aptitude  particulière,  et  du  peu  de  fatigue  qu'occasionnent  ces  travaux; 
on  les  emploie  surtout  de  préférence,  parce  qu'il  y  a  une  notable  économie 
à  remplacer  les  adultes  par  des  enfants,  et  parce  que  l'industrie  n'a  que  ce 
moyen  de  former  de  bons  ouvriers. 

Le  chef  a  adopté  dan*  sa  Garderie  un  système  qu'il  appelle  de  réunion,  et 
à  l'aide  duquel  il  économise  l'emploi  d'une  dizaine  d'enfants. 

La  journée  se  compose  de  treize  heures  de  travail  pour  tous  les  ouvrier* 
de  la  filature,  et  de  douze  heures  de  travail  pour  ceux  de  la  teinturerie. 

En  été,  la  journée  commence  à  cinq  heures  du  malin,  et  finit  à  huit  heure* 
du  soir. — Eu  hiver,  elle  commence  à  six  heure*  du  matin,  et  finit  à  neuf 
heures  du  «oïr. 

11  est  rare  que  ces  limites  soient  dépassées  ;  mais  lorsque  cela  arrive ,  les 
enfants  travaillent  comme  les  adulte*. 

La  durée  du  travail  n'a  ni  augmenté  ui  diminué. 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  les  enfants  par  brigades  ou 
par  relais  :  le  chef  croit  que  cette  mesure  ne  serait  praticable  que 
pour  autant  qu'on  voudrait  travailler  nuit  et  jour.  Il  pense  aussi 
qu'un  maximum  de  durée  ne  doit  pas  être  assigné  au  travail  des 
enfants,  parce  que  leurs  occupations  ne  sont  nullement  fatigantes  : 
cette  mesure  entraverait  le  travail  des  fileurs  qui  ne  peuvent  pro- 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.    489 

duire  assez  uns  l'aide  de  raitacheurs;  elle  amènerait  une  véritable 
perte  de  produits  et  pour  les  fi  leurs  el  pour  les  chefs  d'industrie,' 
en-tous  cas,  elle  ne  pourrait  être  exécutée  qu'en  faisant  venir  les 
enfants  par  escouades  de  repas  en  repas;  mats  alors  il  faudrait  se 
procurer un  nombre  d'enfants  double  de  celui  nécessaire,  ce  qui  ne 
serait  pas  facile  dans  bien  des  circonstances  et  dans  beaucoup  de 
localités.  Le  chef  craint  encore  que  les  trois  quarts  des  enfants  ne 
voudraient  pas  venir  pour  quelques  heures  seulement,  et  qu'ainsi  ils 
feraient  manquer  le  travail  ;  ensuite  le  Sieur  serait  obligé  de  payer 
deux  raltacheurs,  au  lieu  d'un, ou  bien  le  chef  devrait  en  prendre  unà 
ses  frais,  en  sorte  que  la  mesure  tournerait  toujours  au  détriment 
de  l'industrie.  La  meilleure  mesure  à  prendre,  selon  le  chef,  ce 
serait  d'interdire  le  travail,  dans  les  filatures,  aux  enfants,  jusqu'à 
l'âge  de  dix  ou  douze  ans. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Le»  ouvriers  ont  trois  intervalles  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure  le 
matin,  une  heure  a  midi  et  une  demi-heure  à  quatre  heure*. 

Ils  font  leur  dîner  au  dehors;  pour  le  déjeuner  el  le  goûter  ils  sont  libres 
de  les  faire  où  ils  veulent.  Les  Ouvriers  teinturiers ,  étant  presque  tout  de 
la  campagne,  peuvent  dîner  dan*  les  ateliers. 

Il  n'y  ■  pas  de  travail  le  dimanche  ;  cependant  les  ouvriers  sont  tenus  de 
se  rendre  le  malin  à  la  filature  pour  nettoyer  leurs  métiers,  occupation  qui 
dure  de  deui  à  trois  heures  au  plus. 

lie  chômage  dn  lundi  est  défendu  et  puni  d'une  amende  ;  malgré  tous  ses 
efforts,  le  chef  n'a  pu  parvenir  à  leur  faire  renoncer  à  l'habitude  de  cesser 
le  travail  à  quatre  heures. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  subi  aucune  variation. 

Ce  salaire  peut  être  établi  comme  soit  : 

Pour  les  fileurs .     .     .     .  a  fr.  S  00  par  jour. 

—  ouvriers  de  la  carderie.     .     .        *  I  66 

—  femmes.  -  1   00  —  1   38 

—  enfants  de  huit  à  dix  an*.     .     .  ■  •  0  30  —  0  40 

—  enfants  plus  Agés.     .....  -  0  60  —  0  73 

—  teinturiers -  1   80  —   2  00 

—  apprenlisdequatorxeàseizeans.         •  1   00  —  1.40 

—  ceux  de  dix  a  doute  ans.  *  0  60  —  080 

Les  enfants  rattacbeurs  sont  payés  par  les  fileurs,  ceux  de  la  teinturerie 
par  le  chef. 

L'instruction  des  enfants  est  a  peu  près  nulle;  ils  ne  fréquentent  aucune 
école.  Parmi  les  ouvriers  adultes,  il  y  en  a  quelques-uns,  mais  en  très-petit 
nombre,  qui  savent  on  peu  lire  et  écrire.  _  ;.  ,• 


>91izfrdny  GOOgle 


490    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Hommes  et  frai  nies  travaillent  dan*  îles  atelier*  réparé*,  »auf  à  la  oarderie, 
où  le  travail  eiige  qu'ils  soient  réuni  s. 

Dans  la  fabrique  ,  la  conduite  des  ouvriers  est  bonne,  mais  au 
dehors  elle  est  mauvaise.  Un  grand  nombre  est  adonné  à  la  bois- 
son; les  trois  quarts  des  femmes  se  livrentà  la  prostitution,  et  les 
sept,  huitièmes  ont  des  enfants  sans  être  mariées.  Le  chef  attribue 
ce  résultat  au  manque  d'instruction  de  ces  femmes,  a  leurs  rapports 
trop  fréquents  et  trop  faciles  avec  tes  jeunes  gens  et  les  hommes, 
et  surtout  à  la  misère  qui  les  force ,  lorsqu'elles  manquent  d'ou- 
vrage, à  courir  les  rues  pour  pourvoir  à  leur  existence. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  s'applique  particulièrement  sus  ouvriers  de  la' fila- 
ture; ceux  de  la  teinturerie  se  conduisent  en  général  bien. 

Le  mauvais  exemple  des  grands  n'est  pas  sans  exercer  une 
fâcheuse  influence  sur  la  conduite  des  enfants;  il  7  a  une  diffé- 
rence énorme  ,  sous  le  rapport  de  la  conduite  ,  entre  ceux  de  la 
ville  et  ceux  de  la  campagne  :  le  chef  préfère  ces  derniers,  car  les 
premiers  sont  plus  difficiles  à  conduire ,  paresseux ,  et  veulent 
gagner  beaucoup  en  travaillant  peu. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malade*.  II  y  a 
une  caisse  qui  s'alimente  par  les  amendes  payées  pour  les  absences.  A  la  nou- 
velle année,  rencaisse  est  partagé  entre  les  ouvriers  au  marc  le  franc;  quel- 
quefois ils  disposent  de  celte  caisse  pour  donner  du  secours  à  une  veuve 
d'ouvrier  ou  à  un  malade,  et,  dans  ce  cas,  le  chef  y  ajoute  quelque  chose  du 

L'état  sanitaire  des  ouvriers  est  assez  satisfaisant  :  leurs  mala- 
dies sont  dues  bien  moins  au  travail  qu'à  leur  ivrognerie,  à  leurs 
habitudes  de  débauche,  a  la  mauvaise  nourriture,  a  la  malpropreté 
et  à  l'insalubrité  de  leurs  habi la tiotis.  Le  chef  déclare  que  les  enfanta 
employés  trop  jeunes  dans  les  filatures,  se  développent  difficile- 
ment et  ne  prennent  jamais  les  apparences  et  les  proportions  de 
l'homme-  Ce  n'est  qu'avec  beaucoup  de  peine  qu'il  empêche  les 
fileurs  de  prendre  comme  rattacheurs  des  enfants  de  sept  ou  huit 
ans.  Du  reste,  il  pense  que  dans  son  établissement  les  enfants  n'ont 
rien  à  souffrir  de  la  nature  même  de  leur  travail  :  le  seul  atelier 
où  il  y  a  réellement  quelques  influences  nuisibles,  est  la  carderie, 
et  là  on  n'emploie  pas  d'enfants. 

L'aiguisage  de*  cardes  se  fait  au  moyen  d'un  tambour  à  l'émeri,  mi*  en 
mouvement  pxr  la  machine  :  par  ce  procédé,  l'aiguisage  est  non -seulement 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.  491 
rendu  salubre,  mai»  aussi  plus  parfait,  parce  que  la  pression  est  partout  la 

Il  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  celte  fabrique. 

Parmi  les  ouvrier*  fileurs,  on  n'en  connaît  qne  deux  qui  sont  inscrit»  sur 
la  liste  des  pauvres.  Cependant  il  y  a  en  général  de  la  misère  chez  eui.  Les 
trois  quarts  des  ouvrier»  teinturiers  sont  de  la  campagne  ;  ceux-ci  mènent 
une  vie  plus  réglée,  sont  plus  heureux  :  trois  ou  quatre  reçoivent  quelques 
secours  de  la  commune  pendant  l'hiver. 

Il  y  a  un  règlement  d'ordre  et  de  discipline  dont  plusieurs  dispositions 
sont  fort  sages,  et  qu'il  serait  à  désirer  qu'on  adoptât  dans  toutes  les  fila- 
tures :  le  chef  ayant  communiqué  ce  règlement  au  gouvernement,  il  est  inu- 
tile que  nous  le  transcrivions. 

Le  dépôt  du  livret  est  exigé ,  maïs  le  chef  se  plaint  beaucoup  de  la  mau- 
vaise exécution  de  la  loi  sur  la  matière  ,  car  souvent  les  ouvriers  quittent 
l'établissement  en  abandonnant  leur  livret ,  et  sont  immédiatement  acceptes 
par  d'autres  fabricants. 

Nous  avons  visité,  avec  le  plus  grand  intérêt,  ce  remarquable 
établissement,  et  nous  éprouvons  une  véritable  satisfaction  de 
pouvoir  citer  au  moins  une  filature  où  l'on  a  fait  tout  ce  que  l'on 
a  pu  pour  rendre  l'industrie  cotonnière  moins  insalubre  :  ateliers 
vastes  et  bien  aérés  ,  propreté  remarquable  des  locaux  et  des  ma- 
chines, tout  annonce  une  direction  intelligente,  soigneuse,  de  l'in- 
térêt de  ses  ouvriers,  comme  des  siens  propres.  Cette  filature  laisse 
bien  loin  derrière  elle  toutes  les  autres  que  nous  avons  visitées  : 
il  n'y  a  même  aucune  comparaison  à  établir.  Presque  pas  de 
poussière  dans  la  cardcrie  où  se  font  les  opérations  premières  qui 
en  produisent  le  plus,  mais  aussi  toutes  les  machines  sont  couvertes 
et  entretenues  avec  un  soin  tout  particulier  :  le  chef  se  propose 
d'y  établir  un  bon  système  de  ventilation;  s'il  exécute  ce  projet,  la 
cardcrie  ne  laissera  plus  rien  a  désirer  sous  le  rapport  des  condi- 
tions hygiéniques. 

Mous  l'avons  déjà  dit  ailleurs:  la  propreté  des  locaux  et  des  machines 
annonce  une  bonne  et  intelligente  direction;  des  machines  bien 
entretenues,  bien  propres,  produisent  plus  et  mieux,  et  ne  rendent 
le  travail  que  plus  aisé  et  plus  salubre  :  nulle  part,  ces  vérités  ne 
semblent  avoir  été  mieux  comprises  qu'ici.  Tous  les  jours,  les 
ouvriers  arrêtent  leurs  métiers  cinq  minutes  avant  l'heure  du  départ 
pour  les  nettoyer  ;  quatre  fois  par  jour  les  rattacheurs  balayent  la 
place  du  métier,  et  passent  sous  celui-ci ,  pour  nettoyer  le  chariot 
et  le  porte-cylindre.  Tous  les  dimanches,  les  ouvriers  doivent  encore 
passer  deux  ou  trois  heures  au  nettoyage  des,  raétjers;  çnfin,  tous 


^y  Google 


492     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

les  deux  ou  trois  mois,  les  métiers  k  nier  sont  démontés  de  fend 
en  comble  pour  être  réparés  et  complètement  nettoyés. 

Des  précautions  ont  été  prises  contre  les  chances  d'incendie  ; 
on  a  établi  au-dessus  de  la  machine  à  vapeur,  deux  réservoirs  ali- 
mentés par  cette  machine,  et  qui  contiennent  de  soixante  et  dix  a 
quatre-vingt  mille  litres  d'eau;  de  ces  réservoirs  partent  des  con- 
duits de  plomb  avec  des  robinets  d'incendie  dans  toutes  les.  salles 
de  la  filature,  et  jusque  dans  la  teinturerie  en  rouge. 

Pour  terminer,  nous  ajouterons  encore  quelques  remarques  faites 
par  le  chef.  La  première  est  que  les  nombreuses  fêtes  patronales 
et  kermesses  qui  ont  lieu  dans  la  ville  et  dans  ses  environs ,  sont 
de  la  plus  funeste  influence  sur  la  population  ouvrière  ;  c'est  dans 
ces  fêtes  qu'elle  prend  et  fortifie  ses  habitudes  de  débauche,  de 
dérèglement  et  de  folles  dépenses  ;  c'est  là,  qu'en  s'abrutissant  dans 
de  sales  orgies ,  elle  se  prépare  peu  à  peu  la  voie  qui  doit  la  con- 
duire k  la  plus  affreuse  misère.  C'est  presque  toujours  a  la  suite  de 
ces  fêles  que  les  ouvriers  négligent  de  se  rendre  au  travail. 

Le  chef  signale  l'insalubrité  du  travail  dans  les  petites  filatures 
a  la  main  :  ces  filatures  sont  toujours  établies  dans  des  caves  très- 
humides,  parce  que  l'humidité  de  l'atmosphère  est  indispensable 
pour  travailler  le  coton  k  faille  des  machines  à  la  main  :  la  néces- 
sité de  savonner  les  cotons  répand  dans  ces  caves  une  odeur  infecte, 
qui,  jointe  k  l'humidité  qui  7  règne  et  k  la  malpropreté,  ne  contri- 
bue pas  peu  k  amener  des  maladies.  Dans  ces  petites  filatures ,  le 
battage  du  coton  se  fait  a  la  main,  et  constitue  ainsi  une  opération 
des  plus  malsaines  ;  c'est  là  aussi  qu'on  abuse  le  plus  des  enfants, 
car  il  n'est  pas  rare  qu'on  les  emploie  comme  ratlacheurs  dès  l'âge 
de  quatre  Ou  cinq  ans. 

tTlBLISSIKEMT  G. 

On  y  travaille  avec  de»  métiers  i  la  main,  et  l'on  n'y  file  qu'en  gros,  c'est- 
à-dire  du  coton  pour  pilo-tx  et  pour  mèches  de  lampe. 

On  y  occupe  ordinal  renient  >ii  ouvriers  adulte* ,  et  cinq  enfants  ratta- 
cheart. 

On  a  toujours  travaillé  toute  Tannée  ;  mais  cette  industrie  périclite  depuis 
quelque  temps,  de  sorte  qu'on  est  souvent  dans  l'obligation  de  chômer.  Lor* 
de  notre  visite,  un  chômait  depuis  trois  mois.  Le  chef  se  plaint  amèrement  de 
la  décadence  de  son  industrie,  et  failun  tableau  navrant  de  la  détresse  dans 
laquelle  se  trouvent  tous  les  industriels  de  sa  catégorie. 

Les  ouvrier*  adulte*  travaillent  a  forfait,  et  les  enfants  k  la  journée. 

La  joiicr^e-toiTiiiepici,  en  été,  à  cinq  heures  du' matin,  et  finit  àUnuittom- 


ly  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE)!.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.  *95 
bante.  En  hiver,  on  commence  avec  le  jour,  et  l'on  fiait  i  neuf  ou  dix  heure» 

Le  travail  n'est  interrompu  que  par  DU  seul  intervalle  de  repos,  qui  est 
d'une  heure,  mais  qui  n'est  souvent  aussi  que  d'une  demi-heure. 

Les  ouvriers  retournent  eheieui  pour  dîner  ;  mais  le  déjeuner  et  le  goûter 
se  prennent  dans  l'atelier,  tout  en  travaillant. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et,  le  lundi,  on  ne  travaille  que  jusqu'à 
quatre  heures  de  l'après-dînée. 

Le  salaire  a  toujours  été  en  diminuant;  avant  les  événements  de  1830,  un 
ouvrier  gagnait  aisément  4  fr.  par  jour;  aujourd'hui,  il  a  delà  peine  à 
gagner  1   franc. 

Les  enfants  gagnent  3 S  centimes  par  jour. 

L'instruction  des  enfants  et  des  adultes  est  complètement  nulle  ;  leur  con- 
duite est  généralement  bonne. 

Il  y  a  rarement  des  malades  ;  mais  le  chef  déclare  que  beaucoup  d'ouvriers 
fileurs  au  petit  métier,  sontaffectésaprèsun  certain  temps,  de  rhumatismes. 

Tous  les  ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres,  et  il  y  a  chez  eux 
la  misère  la  plus  profonde. 

L 'atelier  est  dans  une  cave  froide  et  humide,  où  l'air,  se  renou- 
velant difficilement,  est  corrompu  et  fétide.  Les  hommes  et  les 
enfants  qui  travaillent  là  du  matin  au  soir,  sont  constamment  sou- 
mis aux  causes  les  plus  puissantes  de  maladies:  air  froid  et  humide, 
corrompu  par  l'acte  respiratoire  même  de  ceux  qui  travaillent  dans 
ces  bouges  malpropres ,  et  par  l'emploi  du  savon  pour  la  prépara- 
tion du  coton;  insolation  nulle,  fatigue  corporelle,  nourriture  gros- 
sière et  insuffisante,  tout  enfin  est  là  de  nature  à  altérer  profondé- 
ment la  constitution,  et  a  disposer  l'organisme  humain  aux  plus 
cruelles  affections,  la  phthisie  pulmonaire  et  les  scrofules. 

Ce  que  nous  disons  ici  de  l'établissement  G,  on  peut  l'appliquer 
à  toutes  ces  petites  filatures  à  la  main,  si  nombreuses  à  Bruxelles. 
Suivant  la  déclaration  du  chef,  les  enfants  seraient  encore  plus 
malheureux  dans  quelques  autres  petites  filatures  ;  il  assure  qu'on 
y  emploie  des  enfants  de  cinq  a  six  ans ,  et  que  ces  petits  mal- 
heureux ,  qu'on  fait  travailler  depuis  quatre  ou  cinq  heures  du 
matin  jusqu'à  neuf  heures  du  soir,  ne  gagnent  guère  que  60  cen- 
times par  semaine. 

KMiftlaaiamn  U.  —  Filalurt  à  la  main. 

Autrefois  on  y  occupait  quatre  ouvriers  adultes  et  trois  enfants;  aujour- 
d'hui, il  n'y  s  plus  moyen  d'occuper  et  de  payer  des  ouvriers.  Père  et  mère 
travaillent  avec  leurs  trois  enfants,  depuis  cinq  heures  du  matin  jusqu'à  huit 


d;v  Cookie 


494    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
ou  neuf  heures  du  soir  ;  leur  travail  leur  procure  à  peine  de  quoi  vivre 
jour  le  jour.  Cet  industriel  peint  le  présent,  et  surtout  l'avenir,  sous  le*  ce 
leurs  les  plus  sombres. 

L'atelier  est  clans  une  cave  froide  et  humide,  mais  cependant  assez  élei 
de  voûte.  Tout  ce  que  nous  avons  dit  de  l'insalubrité  de  l'atelier  fi,  est  pi 
faîtement applicable  aussi  a  celui-ci. 

-  Filature  à  la  mai*. 


Autrefois,  le  chef  occupait  sii  ouvriers  adultes,  et  plusieurs  enfants  comme 
raltacheurs;  aujourd'hui,  son  industrie  est  tombéeà  rien,  par  suite  de  la  sta- 
gnation des  affaires,  résultant  du  manque  de  débouchés.  Il  se  plaint  beau- 
coup de  la  position  précaire  où  il  se  trouve  ainsi  que  sa  famille.  Pour  subvenir  à 
peu  prés  a  tes  besoins ,  il  est  obligé  de  travailler  sans  relâche  avec  sa  femme 
et  ses  trois  enfants. 

L'atelier  est  assez  bien  situé  au  rez-de-chaussée  ;  il  est  infiniment  plus 
salubre  que  ceux  des  établissements  G  et  H. 

ivABussEvint  J.  —  Filature  à  la  main. 

On  y  occupe  sii  ouvriers  adultes  et  trois  enfants. 

Le  chef  se  plaint  non  moins  amèrement  que  ses  confrères  des  établisse- 
ments G,  H  et  f. 

Les  ouvriers  adultes  travaillent  à  forfait,  et  les  enfants  à  la  journée. 

La  journée  commence,  en  été ,  a  cinq  ou  six  heures  du  malin ,  et  finît  à 
sept  ou  huit  heures  du  soir;  en  hiver,  elle  commence  a  sept  ou  huit  heure*  du 
matin,  et  finit  à  neuf  heures  du  soir. 

Il  v  a  une  heure  de  repos  à  midi. 

'Le  salaire  a  considérablement  diminué;  les  ouvriers  gagnent  i  peu  prés 
1  fr.  par  jour,  et  les  enfants  20  centimes. 

Les  ouvriers  et  les  enfants  sont  dépourvus  de  toute  espèce  d'instruction. 

Les  ateliers  sont  malsains  et  situés  dans  des  caves  froides  el  humides  ;  1rs 
ouvriers  sont  dans  la  misère,  et  l'habitation  du  chef  est  loin  aussi  d'annoncer 
l'aisance. 

iviiLissiMMT.  K ,  —  Filature  à  la  main. 

Il  y  a  quelques  années,  on  y  occupait  vingt-quatre  ouvriers  adultes  et  dix 
enfants;  aujourd'hui,  on  n'y  occupe  plus  que  cinq  ouvriers  et  cinq  enfants. 

Les  enfants  sont  de  Page  de  dix  a  quatorze  ans  ;  ils  travaillent  à  la  jour- 
née, et  sont  engagés  par  les  ouvriers  qui  se  les  procurent  difficilement,  à 
cause  du  taux  peu  élevé  des  salaires.  Les  plus  jeunes  sont  ratlacbeurs  ;  ceux 
de  quatorze  ans  sont  employés  aux  moulins.  On  préfère  les  enfants,  parce 
qu'on  les  paye  moins  cher  que  les  adultes. 

Les  ouvriers  adultes,  hommes  et  femmes,  travaillent  A  forfait. 

La  journée  commence,  en  été,  à  six  heures  du  malin,  el  Suit  à  sept  ou  huit 


a»,  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     49S 

heure*  du  soir;  en  hiver,  elle  commence  à  huit  heure*  du  matin,  et  dure 
jusqu'à  neuf  heure*  du  soir. 

Ces  limite!  «ont  quelquefois  dépassées  d'une  heure,  dan*  les  moment*  de 
presse  ;  le  travail  extraordinaire  est  étendu  aux  enfanta  comme  aui  adulte*. 

La  durée  du  travail  eal  main»  longue  qu'autrefois,  parée  que  l'induatrie 
est  eu  souffrance  et  que  le»  débouché*  font  défaut. 

11  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

fie*  ouvrier*  ont  une  demi-heure  de  repu»  le  matin,  une  heure  et  demie 
à  midi,  et  une  demi-heure  i  quatre  heure*. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  prennent  souvent  dan*  l'atelier  ;  le  dîner  se 
fait  au  dehors. 

Actuellement,  on  ne  travaille  jamais  le  dimanche. 

Le  lundi,  on  ne  travaille  habituellement  que  jusqu'à  quatre  heure*  de 
l'après-dinée. 

Depuis  le*  événement»  de  1830,  le  salaire  de*  ouvriers  a  diminué  de  moi- 
tié ;  ils  gagnent  maintenant  : 

Le*  homme*,   de  fr.     1  00    à    t  90  par  jour; 
Lea  femme*,  *  0  80     à     0  90  > 

Le»  enfant*,  •  0  28     a     0  30 

Ce»  dernier*  «ont  payés  par  le*  ouvrier»  qui  le»  emploient. 

L'instruction  des  enfant*  et  de»  adultes  est  tout  a  fait  nulle. 

Homme*  et  femme*  travaillent  réuni»  dan*  le*  même*  atelier». 

Lear  conduite  eet  assez  bonne.  Cependant  l'ivrognerie  est  aesea  commune 
parmi  les  ouvrier»  fileurs. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant  ;  les  ouvriers  sont  rarement  malades  ;  lechef 
ne  connaît  aucune  maladie  propre  à  la  profession. 

Sur  le*  cinq  ouvriers  de  cette  filature,  deux  «ont  inscrit*  snr  la  liste  de» 
pauvres. 


{M.—  Fabrique*  ê 


On  y  fait  de  l'huile  et  du  savon  noir. 

Le  moteur  est  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  teke  chevaux. 

On  y  occupe  trente  ouvriers,  ton*  hommes  adulte*. 

Le  travail  se  continue  toute  l'année  sans  interruption. 

Une  partie  des  ouvriers  travaille  à  la  journée,  une  autre  partie  à  forfait  : 
ce  «ont  surtout  le*  huilitn  qui  travaillent  â  forfait. 

En  toute*  saisons,  la  journée  commence  s  six  heure*  du  malin,  et  finit  â 
sept  heures  du  soir.  Ce*  limite*  sont  quelquefois  dépassées,  et  il  arrive  aussi 


^y  Google 


m    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

qu'on  travaille  la  nuit;  le  travail  de  nuit  n'a  lieu  que  pour  satisfaire  aux 
besoin*  du  commerce. 

I.e  travail  est  interrompu  par  trois  intervalles  de  repos  :  une  demi-heure 
le  matin,  une  heure  et  demie  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures  ; 
donc,  deux  heures  et  demie  de  repos  par  jour.  Une  partie  des  ouvriers 
prennent  leurs  repas  dans  la  fabrique,  et  une  partie  au  dehors. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

La  durée  du  travail  n'a  point  varié. 

II  en  est  de  même  pour  le  salaire  des  ouvriers. 

Les  huiliers  gagnent  :afr.  HO  par  jour,  et  les  savonniers  S  francs. 

La  plupart  de  ces  ouvriers  «ont  dans  l'ignorance  la  plus  complète. 

Leur  conduite  est,  en  général,  bonne;  ils  sont  habitants  de  la  campagne, 
et,  pour  la  plupart,  célibataires. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant  ;  il  y  à  rarement  des  ouvriers  malades.  Les 
savonniers  sont  exposés  aux  affection*  rhumatismales. 

II  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  cette  fabrique. 

On  ne  connaît  pas  d'ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  ;  il  n'y  a  pis 
de  misère  chez  eux  :  ils  vivent,  en  général,  assex  bien. 

H  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline.  - 

La  mesure  du  livret  n'est  qu'incomplètement  exécutée  ;  quelques  ouvriers 
ont  un  livret,  et  d'autres  n'en  ont  pas. 

Cet  établissement  est  bien  tenu  :  on  pourrait  peut-être  désirer  dans  la 
savonnerie  quelquesissues  de  plus  pour  l'échappement  des  vapeurs  aqueuses. 

B»iLissmav  B. 

■  On  n'y  fait  que  des  savons  de  toilette. 

On  y  occupait,  il  y  a  quelques  années,  neuf  ouvriers;  actuellement  seule- 
ment trois,  parce  qu'il  est  impossible  de  lutter  contre  la  concurrence  faite 
par  la  France  et  l'Angleterre,  qui  inondent  la  Belgique  de  leurs  savons,  ceux- 
ci  n'étant  soumis  qu'à  un  droit  d'entrée  très-minime.  - 

On  travaille  toute  l'année  ;  cependant,  aux  mois  de  décembre  et  de  janvier, 
un  seul  ouvrier  suffit. 

Les  ouvriers  travaillent  a  la  journée;  celle-ci  commence,  en  toutes  saisons, 
à  six  heures  du  matîn,  et  finit  i  sept  heures  du  soir. 

Le  travail  est  interrompu  par  trois  intervalles  de  repos,  d'une  demi-heure 
le  matin,  d'une  heure  à  midi  et  d'une  demi-heure  l'après-dînée.- 

Les  limites  ordinaires  du,  travail  ne  sont  jamais  dépassées,  et  la  durée  des 
travaux  n'a  subi  aucune  variation. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Il  est  très-rare  que  l'on  travaille  le  dimanche. 

Le  lundi  on  fait  journée  complète  comme  les  autres  jours. 

Il  n'y  a  pas  eu  de  variation  dans  le  salaire. 

Les  ouvriers  gagnent  1  l'r.  BO  par-jour. 


*by  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTAfiUSSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     497 

Leur  instruction  est  très-bornée,  pour  ainsi  dire  nulle. 

Leur  conduite  est  bonne;  il»  ont  une  vie  très-régulière  ;  il»  habitent  1* 
campagne  et  sont  mariés. 

En  général,  les  ouvriers  sont  rarement  malades;  cependant  la  profession 
les  prédispose  aux  affections  rhumatismales,  maladies  propre*  aux  savonniers.. 

11  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  cette  fabrique.. 

Le  chef  ne  pense  pas  qu'aucun  ouvrier  soit  inscrit  sur  la  liste  des  pau- 
vres; ils.  vivent  unes  bien  et  assez  facilement  à  la  campagne. 

Il  n'v  a  pu  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mai»  on  observe  les 
dispositions  relatives  au  livret. 


ït.bi.usimkbt    A.—   Fabrique  d'appartilt  pour  let  tucrtriei  cl  in  dùtilleriti. 

Moteur  :  machinée  vapeur  de  la  force  de  six  chevaux. 

Le  nombre  des  ouvriers  varie  de  soixante  et  dix  à  cent}  on  y  emploie  seu- 
lement deux  ou  trois  enfants  pour  faire  les  commissions. 

Le  travail  continue  toute  l'année  sans  interruption . 

Tous  les  ouvrier»  travaillent  à  la  journée. 

La  journée  commence,  eh  toutes  saisons,  a  six  heures  du  matin,  et  finit  a 
six  heures  et  demie  du  soir. 

Il  est  rare  que  ces  limites  soient  dépassées. 

La  durée  du  travail  n'a  ni  augmenté  ni  diminué. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Le»  ouvriers  ont  une  heure  et  demie  de  repos  pendant  le  travail  de  jour. 
Ils  vont  dîner  au  dehors. 

On  laisse  aux  ouvriers  la  latitude  de  travailler  ou  de  ne  pas  travailler  le 
dimanche  ;  le  quart  des  ouvriers  travaille  ordinairement  jusqu'à  midi. 
Quelque»  ouvriers  chôment  le  lundi  ;  cet  usage  est  loin  cependant  d'être 
général. 

Le  salaire  de»  ouvriers  a  augmenté  :  pour  quelques-uns,  cette  augmenta- 
tion est  de  KO  centimes  &  1  franc  par  jour. 

La  plupart  des  ouvrier»  gagnent  de  1  fr.  80  aï  fr.  par  jour.  Le»  forgerons 
et  les  tourneurs  gagnent. S  fr.  par  jour. 

Le  cinquième  des  ouvriers  environ  sait  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  est  assez  bonne  ;  cependant  il  y  a  un  bon  nombre  de  buveurs 
de  genièvre.     . 

il  j  a  une  caisse  de  secours  pour  les  ouvriers  malades  ou  blessés.  Celle 
caisse  est  formée  du  produit  des  amendes  et  dévote  retenue  de  S  centimes  par 
franc  sur  le  salaire  de*  ouvrier».  Quand  uu  ouvrier  tombe  malade,  on  lui 
accorde  la  moitié  de  son  salaire  journalier  :  tous  les  frais  de  visites  de 


>aiized&r  Google 


498  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
médecÎQ,  d'opérations  et  de  médicaments,  sont  supporté»  par  la  caisse.  On 
n'accorde  rien  pour  une  maladie  de  moins  de  trois  jours  :  l'ouvrier,  blessé 
pendant  le  travail,  eat  cependant  excepté  de  cette  mesure.  Les  ouvriers  qui 
abandonnent  rétablissement  ou  qu'on  eat  forcé  de  renvoyer,  n'ont  plu*  aucun 
droit  sur  la  caisse.  Lors  de  notre  visite,  il  y  avait  plus  de  600  fr.  en  caisse. 

La  santé  des  ouvriers  eat  bonne  ;  ils  tout  rarement  malades  ;  ce  sont  tous 
des  hommes  (arts  cl  vigoureux.  Ils  sont  part icnlièrem en t  exposés  à  f  introduc- 
tion dan*  le*  yeux  de  paillettes  de  fer  ou  de  cuivre;  mais  on  leur  fait  mettre 
des  lunettes  quand  il*  se  livrent  aux  travaux  qui  produisent  le  plus  fréquem- 
ment cet  accident. 

Du  rente,  on  n'a  pas  eu  d'accident  grave  à  déplorer  dans  ces  dernière* 

Pluaieur*  hommes  de  peine  sont  marié*  et  ont  beaucoup  d'enfant*  :  le  chef 
pense  que  quelques-uns  d'entre  eux  pourraient  bien  être  inscrits  sur  la  liste 
des  pauvres.  0,  uant  aux  autres  ouvriers,  ils  n'ont  pas  de  misère,  vivent  osset 
hien,  et  sont  logés  proprement. 

Il  y  a  un  règlement  d'ordre  intérieur  ;  on  exige  le  dépit  du  livret.  Le  chef 
croit  qu'on  délivre  trop  facilement  les  livrets  ;  il  eat  à  «a  connaissance  que 
le*  ouvrier*  peuvent  se  procurer  un  nouveau  livret,  sur  la  présentation  d'un 
certificat  d'un  chef  d'atelier. 

Afin  de  faire  perdre  aux  ouvriers  l'habitude  de  dépenser  leur  argent  le 
dimanche  et  le  lundi,  on  ne  les  paye  plus  que  tous  les  mois,  et  l'on  ne  leur 
donne  qu'un  faible  à-eompte  vers  le  milieu  du  mois. 

KTHLiBsEMïBT  B.  —  Fabrique  de  mathinei,  etc. 

Le  moteur  est  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  trente-cinq  chevaux. 

On  y  occupe  trois  cents  ouvriers,  tous  adultes. 

Le  travail  continue  toute  l'année  sans  interruption. 

Presque  tous  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

En  toutes  saison* ,  le  travail  commence  à  six  heures  du  malin ,  et  finit  à 
sept  heures  du  soir. 

Quelquefois  ces  limites  sont  dépassées,  lorsqu'on  fait  cinq  quart*  ;  on  tra- 
vaille alors  jusqu'à  neuf  heures  du  soir. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Depuis  que  l'établissement  existe,  la  durée  du  travail  n'a  pas  varié. 

Les  ouvrier*  ont  trois  intervalle*  de  repns  par  jour  :  h  matin,  de  huit  heure* 
1  huit  heures  et  demie ,  de  midi  a  une  heure ,  et  de  quatre  heures  à  quatre 
heures  et  demie. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dan*  l'établiaaement ,  le  dîner  au  dehors. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche.  Le  lundi,  on  ne  fait  ordinairement  que 
trois  quarts  de  journée. 

Le  salaire  des  ouvriers  a  diminué  de  39  centimes  par  jour. 

Le*  ouvriers  gagnent  maintenant  2  fr.  SOc.  par  jour  :  les  aide*  ne  gagnent 
que  1  fr.  BO  c. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANSLES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     499 

L'instruction  Je»  ouvriera  est  à  peu  près  nulle. 

Dana  l'établissement,  leur  conduite  est  bonne ,  mais  le  chef  ignore  s'il  en 
est  de  même  lorsqu'ils  sont  au  dehors. 

Il  y  a  Une  caisse  de  secours  pour  les  blessés  :  cette  caisse  s'alimente  par 
une  retenue  de  2  pour  cent  sur  le  salaire  des  ouvriers  :  l'ouvrier  blessé  pen-* 
dant  le  travail  a  droit  à  la  moitié  de  sa  journée  ordinaire.  Les  médicaments 
sont  fournis  gratuitement.  Un  médecin ,  aux  honoraires  de  600  francs,  est 
attaché  a  rétablissement. 

Il  y  a  toujours  un  encaisse  de  7  a  800  francs. 

Ije»  ouvrier*  sont  rarement  malades;  ils  sont  généralement  robustes. 

Les  accidents  sont  assez  fréquents:  les  fractures,  les  luxations  et  des  plaie* 
graves  sont  ceux  qu'on  observe  le  plus  souvent;  cependant  on  n'a  pas  eu 
d'accidents  morLels  à  déplorer. 

Un  petit  nombre  d'ouvriers  est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres  :  en  général, 
le*  ouvrier*  se  nourrissent  bien ,  car  leur  profession  exige  une  alimentation 
forte  et  réparatrice. 

11  y  a  un  règlement  d'ordre  intérieur. 

Les  atelier*  sont  vastes,  très-élevés,  bien  aérés,  et  satisfont  à  toutes  les 
exigences  hygiéniques. 

STASUSSMMv  (.'.  —  Fabrique  d'upjiamh,  chaudronnerie,  etc. 

On  y  occupe  quatorze  ouvriers,  tous  adultes. 

Ils  sont  employé*  toute  l'année,  sans  interruption. 

Ils  travaillent  tous  à  la  journée. 

La  journée  continence,  en  toute*  saisons,  à  six  heure*  et  demie  du  matin, 
et  finit  à  huit  heure*  du  soir; 

Ces  limite*  sont  quelquefois  dépassées  en  hiver,  mais  rarement. 

La  durée  du  travail  n' 

Jamais  on  ne  travaille  la  nuit. 

Les  ouvrier*  ont  deux  heures  de  repos  pendant  le  travail  de  jour:  une 
demi-heure  le  matin,  une  heure  à  midi  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Ils  retournent  chez  eux  pour  dîner  ;  le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dans 

On  travaille  quelquefois  le  dimanche. 

Les  ouvrier*  chôment  le  lundi  :  le  chef  n'a  pu  réussir  a  les  faire  renoncer 
à  cette  habitude. 

Il  y  a  eu  augmentation  de  salaire  dan*  ce*  dernières  années.  Les  ouvriers 
gagnent  actuellement  3  franc*  par  jour. 

L'instruction  est  à  peu  près  nulle  :  deux  ouvriers  seulement  savent  lire  et 

La  conduite  des  ouvriers  laisse  beaucoup  à  désirer  :  on  peut  dire  que 
l'ivrognerie  leur  est  habituelle. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  pour  les  malades. 


^y  Google 


500     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Le  chef  déclare  que  l'étal  sanitaire  des  ouvriers  est  assez,  satis- 
faisant; cependant  il  reconnaît  qu'ils  sont  sujets  aux  coliques 
métalliques.  L'opération  la  plus  dangereuse  est  la  refonte  du  vieux 
cuivre  ;  les  ouvriers  qui  la  font  sont  pris  presque  instantanément 
de  douleurs  d'entrailles ,  et  frappes  d'une  sorte  d'asphyxie  qui  se 
dissipe  aussitôt  qu'on  les  expose  à  l'air.  Le  chef  prétend  cependant 
que  la  durée  de  leur  vie  est  assez  longue.  L'intempérance  habituelle 
des  ouvriers  n'est  pas  pour  peu  de  chose  dans  les  maladies  qui  leur 
surviennent;  ils  sont  aussi  exposés  aux  blessures;  celles-ci  sont 
fréquentes  et  ne  peuvent  être  attribuées  qu'a  leur  maladresse.  Il 
n'y  a  jamais  eu  de  blessures  graves. 

Le  chef  ne  connaît  qu'un  sent  ouvrier  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres. 
Cependant  il  y  a,  en  générât,  de  ta  misère  chez  aes  ouvrier*  ;  leurs  demeures 
sont  malpropres  el  malsaines,  et  leur  indigence  n'est  que  le  résultat  de  leur 
imprévoyance  et  de  leur  mauvaise  conduite. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Quoique  l'atelier  où  se  fait  la  fonte  ilu  enivre  soit  vaste  et  Irès-élevé ,  il 
laisse  a  désirer  sous  le  rapport  de  la  ventilation  ;  c'est  dans.de  semblables 
établissements  qu'où  doit  regretter  le  plus  l'absence  de  fourneaux  d'appel, 
s  a  donner  un  tirage  forcé  a 


IT*  mutai  ht  D.  ■—  Fonderie  du  cuivre  et  travail  du  plomb. 

Le  moteur  est  une  machine  a  vapeur  de  la  force  de  quatre  chevaus. 

On  y  occupe  ordinairement  dix-sept  ouvriers,  tous  adultes. 

En  hiver  cependant  on  n'occupe  que  huit  ou  dix  ouvriers. 

Le  travail  continue  toute  l'année  sans  interruption. 

Tous  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  six  heures  et  demie  du  matin  ,  et  Snit  à 
huit  heures  du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  avec  le  jour  et  dure  jus- 
qu'à huit  heures  du  soir. 

H  est  très-rare  que  ces  limites  soient  dépassées. 

La  durée  du  travail  est  toujours  restée  la  meme. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Les  ouvriers  ont  deux  heures  et  demie  de  repos,  pendant  le  travail  du 

Us  vont  faire  leurs  repas  au  dehors. 

On  travaille  rarement  te  dimanche  :  les  ouvriers  chôment  le  lundi  j  quel- 
quefois cependant  ils  font  trois  quarts  de  jour. 

L'établissement  des  aLeliers  du  Renard  a  d'abord  fait  augmenter  le  salaire 
des  ouvriers  d'un  tiers  environ  ;  mais  aujourd'hui  on  revient  peu  à  peu  à 
l'ancien  prix. 


,dB,Googlc 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     SOI 

On  peut  estimer  que  les  ouvrier»  gagnent,  terme  moyen,  de  1  fr.  SOc.  s 
2  fr.  par  jour. 

Très-peu  d'ouvriers  ont  de  l'instruction. 

En  général,  leur  conduite  n'est  pas  bonne  ;  il*  »e  livrent  à  l'ivrognerie  :  ce 
vice  ett  surtout  commun  ebex  le*  ouvrier»  de  premier  ordre,  ceux  dont  ou  se 
passe  le  plus  difficilement  :  il*  se  gênent  d'autant  moin»,  qu'il»  savent  qu'on  a 
besoin  d'eux,  et  qu'on  est  disposé  à  fermer  le»  yeui  sur  leurs  défauts. 

11  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

Les  ouvriers  de  cet  établissement  sont  loin  d'offrir  les  apparences  de  la 
sauté;  ils  sont  maigres,  pâles  et  d'un  teint  terreux.  Le  chef  avoue  que  I* 
profession  exerce  une  influence  nuisible  sur  la  constitution  des  ouvriers  ;  il 
déclare  que  les  plombiers  qui  descendent  dans  les  citernes  et  les  puits , 
sont  affectés  de  rhumatismes  au  bout  de  peu  de  temps,  et  que  la  fonte  du 
cuivre  et  du  plomb  détermine  quelquefois  des  maladies,  principalement  les 
coliques  métalliques. 

Il  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  cet  établissement. 

Quelques  ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  de»  pauvres  :  on  ne  peut  attri- 
buer leur  état  d'indigence  qu'a  leur  inconduite.  H  est  pénible  d'avoir  à  noter 
que  des  ouvrier»  gagnant  jusqu'à  3  francs  par  jour,  n'ont  pas  bonté  de  res- 
treindre, par  leur  inscription  sur  la  liste  des  pauvres ,  la  part  des  véritables 
nécessiteux. 

Il  y  a  un  règlement  d'ordre  intérieur,  et  l'on  exige  le  dépôt  du  livret. 

Les  ateliers  sont  un  peu  étroits  et  insuffisamment  aérés  ;  fa  chaudière  des- 
tinée à  la  fusion  du  plomb  n'est  pas  surmontée  d'un  manteau  pour  recevoir 
et  éconduire  les  Tapeurs  métalliques. 

■Tsaussuiitr  E.  —  Fondent  Ht  clothti. 

On  y  occupe  trois  ouvriers  ;  le  nombre  des  ouvriers  varie  constamment  ; 
cependant  il  y  en  a  toujours  deux  qui  travaillent  toute  l'année. 

Les  ouvriers  sont  occupés  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  six  heures  du  matin,  et  fiait  à  sept  heure» 
du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  et  finît  avec  le  jour. 

Quand  i)y  a  des  commande*  pressantes,  ou  dépasse  les  lîmi  tes  de  la  durée  ordi: 
naîre  dn  travail;  quelquefois  même,  dans  celte  circonstance,  on  travaille  la  nuit. 

11  y  a  trois  intervalles  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure  le  malin ,  nne 
heure  et  demie  à  midi,  et  nne  demi-heure  après  dîner.  Dan*  le*  moments 
de  presse,  on  supprime  ces  intervalles  de  repos,  ou  l'on  en  diminue  la  durée. 

On  travaille  aussi  quelquefois  le  dimanche,  mais  dans  les  cas  seulement  où 
il  faut  satisfaire  i  de*  demandes  pressantes. 

On  travaille  le  lundi  comme  les  autres  jours. 

Le  salaire  des  ouvrier*  n'a  éprouvé  aucune  variation. 

Il*  gagnent  environ  1  fr.  (S2  c.  par  jour. 

L'instruction  des  ouvriers  est  à  peu  près  nulle. 

Leur  conduite  est  bonne;  le  chef  n'a  qu'à  s'en  louer. 

On  ignore  s'il  y  a  un  oit  plusieurs  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvre  s- 


^Google 


503     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES.      ' 

Leur  santé  est  généralement  bonne.  Le  chef  ne  connaît  aucune 
maladie  propre  a  la  profession  ;  l'établissement  qu'il  dirige  a  tou- 
jours été  exploité  par  sa  famille,  et  est  passé  en  ses  mains,  sans 
qu'il  y  ait  jamais  eu  quelque  maladie  due  à  la  profession,  dans  les 
diverses  générations  auxquelles  il  a  succédé.  Notons  que  l'homme 
qui  nous  tenait  ce  langage  est  petit  de  taille,  maigre,  d'une  con- 
stitution des  plus  chétives ,  d'un  teint  pale  et  blafard ,  et  que  ces 
résultats  peuvent  précisément  dépendre  de  ce  que  cette  industrie 
est' toujours  restée  dans  la  même  famille,  et  a  été  transmise  de 
père  en  fils  depuis  quelques  centaines  d'années. 

Le»  prescription»  relative»  au  livret  ne  «ont  pas  exécutée*. 
L'atelier  est  très-spacieux,  très-élevé  el  bien  ventilé  ;  le  fourneau  à  fusion 
pour  l'alliage  est  construit  dans  la  cour,  en  dehors  de  l'atelier. 

■TiiusalKEUT  F.  —  Fonderie  al  fabrique  dt  bronzei. 

On  y  occupe  trois  ouvriers  et  trois  apprentis  de  l'âge  de  quinze  â  dix-huit 
ans.  On  ne  prend  pour  apprentis  qnedes  enfants  ayant  au  moins  douxeou 
treize  ans. 

Le*  apprentis  sont  engagés  par  le  chef,  ils  servent  d'aides  aux  ouvriers, 
préparent  la  terre  destinée  aux  moule*,  font  de  la  grosse  ciselure,  etc. 

Les  ouvrier*  ont  du  travail  toute  l'année,  et  ils  travaillent  à  la  journée. 

La  journée  commence,  en  été,  à  six  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à 
huit  heures  du  soir.  En  hiver,  elle  commence  a  huit  heures  du  matin ,  et 
finit  à  huit  heure*  du  soir. 

H  est  rare  que  ces  limite»  scient  dépassée*. 

La  durée  du  travail  n'a  pas  subi  de  variation. 

Il  n'y  a  jamai*  de  travail  de  nuit. 

Les  ouvriers  ont  deux  heures  et  demie  de  repos  par  jour;  ils  prennent  le 
déjeuner  et  le  goûter  dans  l'atelier  ;  mais  pour  le  dîner,  ils  retournent  chet 
eux. 

Jamais  on  ne  travaille  le  dimanche,  et,  le  lundi,  l'on  ne  fait  d'ordinaire 
que  trois  qnsrts  de  journée. 

Le  salaire  de*  ouvriers  est  toujours  resté  le  même. 

Le*  ouvrier*  fait»  gagnent  S  franc»  par  jour ,  et  le*  apprentis  1  franc  par 

Le*  apprenti»  sont  toujours  payé*  par  le  chef. 

L'instruction  de*  apprentis  est  assez  satisfaisante  :  il*  savent  lire  et  écrire. 
Les  ouvriers  adulte*  n'ont  aucune  instruction  ;  pas  un  de*  trois  ouvrier»  ne 
■ait  lire  ou  écrire. 

La  conduite  de*  ouvriers  et  des  apprenti»  est  bonne. 

Leur  état  sanitaire  est  assez  satisfaisant;  cependant  les-  ciseleurs  et  les 


^y  Google 


-      ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     503 

limeurs  sont  assez  fréquemment  atteints  de  coliques  métallique*.  Les  fon- 
deurs, d'après  le  chef,  ne  sont  que  rarement  indisposés. 

Il  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  celte  fabrique. 

Il  se  peut  qu'il  y  ait  un  ou  deux  apprentis  dont  le*  parent*  sont  inscrits 
iur  la  liste  des  pauvres;  mais  les  ouvriers  n'ont  pat  de  misère. 

On  exige  le  dépôt  du  livret. 

Les  locaux  serrant  d'ateliers  sont  trop  petits;  la  fonderie  sur- 
tout n'est  pas  assez  vaste;  elle  manque  d'air,  de  lumière  et  de 
moyens  de  ventilation.  Ces  circonstances  sont  d'autant  plus  a 
regretter,  qu'au  moment  où  l'on  coule  le  bronze,  on  est  obligé  de 
fermer  la  porte  de  la  fonderie  pour  assurer  la  réussite  de  l'opéra- 
tion. Les  ouvriers  se  trouvent  alors  au  milieu  d'une  atmosphère  de 
vapeurs  métalliques,  si  épaisse,  qu'onade  la  peine  à  se  voir  à  quelques 
pieds  de  distance  ;  cette  atmosphère  est  suffocante ,  et  nous  avons 
pu  en  apprécier  les  effets,  car,  lors  de  notre  visite,  nous  avons 
assisté  à  une  opération  de  coulage.  En  sortant  de  la  fonderie,  nos 
habits  étaient  couverts  de  flocons  blanchâtres,  c'est-à-dire,  d'oxyde 
de  zinc  ;  or  il  nous  parait  indubitable  que  les  ouvriers  fondeurs , 
travaillant  dans  un  local  si  mal  disposé,  doivent,  au  bout  d'un  cer- 
tain temps,  d'ailleurs  difficile  à  déterminer,  éprouver  les  fâcheux 
effets  qu'on  remarque  d'ordinaire  chez  tous  ceux  qui  sont  exposés 
â  l'aspiration  de -vapeurs  ou  de  molécules  métalliques. 

stislissuimt  0.  —  Fonderie  dé  cuivre. 

On  y  occupe  quatre  ouvriers.  Le  travail  continue  toute  l'année,  et  les 
ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

La  journée  commence ,  en  été,  à  six  heures  et  demie  du  matin ,  et  finit  k 
huit  heures  du  soir.  En  hiver,  le  travail  ne  commence  qu'avec  le  jour,  et 
finit  à  huit  heures  du  soir. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées.  La  durée  du  travail  n'est  ni  plus  ni 
moins  longue  qu'elle  ne  l'était  autrefois. 

Il  n'y  a  juniais  de  travail  de  nuit. 

Les  ouvriers  n'ont  qu'un  seul  intervalle  de  reposa  midi:  il  est  d'une  heure 
et  demie. 

Deux  ouvriers  prennent  leurs  repas  dans  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et,  le  lundi,  les  ouvriers  ne  font  ordi- 
nairement que  trois  quarts  de  journée. 

Il  y  a  eu  une  légère  augmentation  de  salaire. 

I>es  ouvriers  gagnent  actuellement  t  fr.  par  jour. 

L'instruction  des  ouvriers  laisse  beaucoup  à  désirer  ;  un  ou  deux  savent 
un  peu  lire  et  écrire. 


^y  Google 


50*    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Lear  conduite  est  bonne;  ils  ne  «ont  adonne»  ni  à  l'ivrognerie,  ni  i  U 
débauche. 

La  santé  de*  ouvriers  est  ordinairement  bonne  ;  ils  sont  rarement  malades. 
Le  chef  n'a  jamais  observé  que  la  profession  exerçât  quelque  influence  nui- 
sible sur  la  santé  des  ouvriers.  Ces  renseignements  sont  peut-être  un  peu 
suspects,  car  l'on  a  montré  peu  de  bonne  volonté  pour  répondre  a  nos  ques- 
tions. 

Il  n'est  jamais  arrivé  aucun  accident  dans  cette  fabrique. 

Un  seul  ouvrier  est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres. 

Les  prescriptions  relatives  au  livret  sont  eiécutéei. 

ÉTiBuiuniHT  h.  —  Fondent  de  caracltrti. 

On  y  occupe  cinq  ouvriers  adultes  et  deux  apprentis. 

On  ne  travaille  pas  toute  l'année  ;  il  y  a  des  époques  où  l'on  chôme  forcé- 
ment, faute  d'ouvrage. 

Les  apprentis  sont  âgés  de  douze  à  quinte  ans  ;  ila  sont  engagés  par  le 
chef;  leur  occupation  est  peu  fatigante,  et  consiste  à  casser  les  rvntpuret  qui 
se  trouvent  au  bout  des  lettres. 

Les  ouvriers  et  les  apprentis  travaillent  tous  a. forfait. 

Le  travail  commence  ordinairement  à  sept  heures  du  matin,  et  finit  i  la 
nuit  tombante.  ' 

Il  est  très-rare  que  ces  limites  soient  dépassées. 

Quand  on  dépasse  ces  limites,  les  apprentis  ne  prennent  point,  part  au.  tra- 
vail extraordinaire.  .     . 

Qn  ne  travaille  jamais  la  nuit. 

Les  ouvriers  ont  deux  heures  de  repos  par  jour:  une  demi-heure  le  matin, 
une  heure  a  midi,  et  une  demi-heure  a.  quatre  heures. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dans  l'atelier  ;  le  dîner  au  dehors. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et,  le  lundi,  on  ne  Tait  qu'une  demi- 
journée. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  pas  éprouvé  de  variation. 

Un  bon  ouvrier  peut  gagner  4  (t.  par  jour. 

Les  apprentis  gagnent  de  75  centimes  à  1  fr-  par  jour. 

Ces  derniers  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

Les  ouvriers  savent  presque  tous  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  est  assez  bonne. 

Il  en  est  de  même  de  leur  santé.  Le  chef  déclare  cependant 
que  le*  ouvriers  sont  exposés  a  la  colique  de  plomb;  certains 
ouvriers  y  sont  plus  disposés  que  d'autres,  et  la  Fréquence  de  ces  acci- 
dents varie  aussi  suivant  les  diverses  Fonderies.  Eu  générât,  on  observe 
moins  fréquemment  la  colique,  parce  que  l'expérience  a  rendu  les 
ouvriers  plus  soigneux.  Les  meilleurs  moyens  préservatifs  sont  : 
d'entretenir  la  propreté  du  corps  ,  de  se  laver  les  mains  en  sortant 


D,g,ized0y  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     505 

du  travail,  et  surtout  de  ne  jamais  manger  sans  avoir  pris  celte 
précaution.  La  propreté  des  ateliers  contribue  aussi  a  prévenir 
cet  accident. 

Presque  tons  le*  ouvriers  «ont  mariés  :  aucun  n'est  inscrit  sur  la  liste  des 

Les  dispositions  relatives  au  livret  sont  observées. 
L'atelier  est  proprement  tenu,  bien  éclairé  et  aéré. 

Les  ouvriers  nous  ont  frappés  far  la  propreté  de  leur  corps  et  de  leurs. 
vËtéments,  ainsi  que  par  leur  extérieur  annonçant  la  santé. 

ttASUSSUitra  /.  —  Fabrique  de  bronzai. 

Jl  y  a,  comme  moteur,  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  deux  chevaux. 

On  y  occupe  douze  ouvriers  adultes  et  trois  apprentis. 

Ces  derniers  sont  âgés  de  quatorze  à  quinze  ans;  ils  sont  engagés  par  le 
chef,  et  aident  les  ouvriers  dans  leur  ouvrage;  on  les  occupe  aussi  à  polir, 
poncer  et  limer. 

Le  chef  se  procure  aisément  les  apprentis  dont  il  a  besoin. 

Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année  sans  interruption;  ils  travaillent 
tous  à  la  journée. 

fin  toutes  saisons  ,  la  journée  commence  a  six  heures  et  demie  du  matin , 
et  finit  à  huit  heures  du  soir. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées  dans  les  moments  de  presse;  mais 
alors  les  apprentis  ne  prennent  point  part  au  travail  extraordinaire. 

La  durée  du  travail  n'est  ni  plus  ni  moins  longue  qu'autrefois. 

H  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Il  y  a  trois  intervalles  de  repos  :  une  demi-heure  le  matin ,  une  heure  à 
midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Quelques  ouvriers  prennent  leurs  repas  dans  l'atelier. 

Il  arrive  parfois  qu'on  travaille  le  dimanche;  en  général,  on  ne  fait  que 
trois  quarts  de  journée  le  lundi. 

Les  salaires  n'ont  pas  éprouvé  de  variation. 

Les  ouvriers  gagnent  S  fr.  par  jour,  et  les  apprentis  3  fr.  par  semaine. 
Ces  derniers  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

Les  apprentis  n'ont  aucune  espèce  d'instruction. 

On  très-petit  nombre  d'ouvriers  savent  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  est  assez  bonne. 

11  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

L'élat  sanitaire  des  ouvriers  est  assez  satisfaisant  ;  ils  ne  sont  pas  souvent 
malades.  Le  chef  ne  connaît  aucune  maladie  propre  à  la  profession;  son 
expérience  ne  lui  a  rien  appris  à  cet  égard. 

Il  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres;  il  soupçonne 
cependant  qu'il  doit  y  en  avoir  quelques-uns.   . 

Les  prescriptions  relatives  au  livret  sont  exécutées. 


iaWny  Google 


906    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 


iTAiLittMMT  J.  —  'Fabrique  de  machine i  et  d'appareils. 


On  y  occupe  environ  cinquante  ouvrier»  adultes  et  t'ois  enfant!.  Cet 
derniers  ne  sont  employé»  que  comme  commissionnaires  et  aide». 

Le»  ouvrier»  «ont  occupé*  toute  l'année  ;  il»  travaillent  loua  i  la  journée  : 
cependant  parfois  il  y  en  a  qnelquea-un»  qui  travaillent  à  la  pièce. 

La  journée  se  compose  de  douie  heures  de  travail,  et  commence,  en  tontes 
«aiton»,  i  six  heure»  du  matin,  pour  finir  à  huit  heure»  du  soir.  En  ci» 
d'ouvrages  preasaul»,  ou  travailleun  peu  plus  longtemps  pour  faire  cinq  quarts. 

Il  arrive  quelquefois  aussi  que  l'on  travaille  la  unît  :  alors  huit  heures  de 
travail  comptent  pour  une  journée. 

Les  enfanta  ne  sont  jamais  employés  au  travail  de  nuit. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  te  malin,  une  heure  à  midi  et  une  demi- 
lieu  re  à  quatre  heures. 

Le*  ouvrier»  vont  prendre  leurs  repas  au  dehors. 

Le  dimanche,  on  travaille  ordinairement  un  demï-jour. 

Beaucoup  d'ouvriers  ont  l'habitude  de  chômer  le  lundi  :  quelques-un»  tra- 
vaillent, mai»  ne  font  cependant  pas  plu»  de  trois  quarts  de  journée. 

Le  salaire  des  onvriers  a  subi  une  augmentation  de  23  à  KO  centimes  par 
jour  :  cette  augmentation  de  salaire  a  été  déterminée  par  l'établissement  des 
ateliers  du  Renard, 

Les  ouvriers  gagnent  maintenant  9  fr.  75  c.  par  jour. 

Les  enfant»  gagnent  de  60  à  7H  c.  par  jour. 

L'instruction  des  enfants  est  nulle,  et  celle  des  ouvriers  adultes  .à  peu  près 
nulle  :  un  très-petit  nombre  savent  nn  peu  lire  et  écrire. 

La  conduite  des  ouvriers  laisse  beaucoup  à  désirer  ;  il  y  a  un  grand  nombre 
d'ivrognes. 

11  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

L'état  sanitaire  e»t  assez  satisfaisant,  et  les  maladies  des  ouvriers  provien- 
nent plus  de  leur  manière  de  vivre  que  de  toute  autre  cause.  La  profession 
n'offre  d'ailleurs  rien  d'insalubre. 

II  n'est  jamais  arrivé  d'accidents  graves  :  tout  se  borne  ordinairement  à 
quelques  légère»  blessures. 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres;  mai»  il 
sait  que  leur  position  n'est  guère  avantageuse,  et  qu'il  y  a  chez  eux  beaucoup 
de  misère. 

Il  y  a  un  règlement  d'ordre  affiché  dans  l'atelier,  mais  il  est  peu  observé. 

Le  dépôt  du  livret  est  eiigé,  mais  le  chef  déclare  que  les  ouvriers  ne  se 
gênent  pas  beaucoup,  qu'ils  quittent  l'atelier  en  abandonnant  leurs  livrets, 
et  qu'ils  trouvent  à  se  placer  ailleurs. 

Les  ateliers  sont  vastes  et  spacieui,  et  présentent  de  suffisantes  conditions 
de  salubrité. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSEM.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     507 


ÎTiBLiswrait  K.  —  Fonderie  de  fer et  de  cuivre;  tirage  de  tuyaux  de,  pi  omb. 


On  y  occupe  vingt-sept  ouvrier» ,  ions  adultes. 

Le  travail  continue  toute  l'année  ;  cependant  il  n'y  en  a  pas  pour  tous  les 
ouvriers  pendant  l'hiver. 

Les  ouvriers  mouleurs  et  ajusteurs  travaillent  à  forfait;  tous  tes  autres 
travaillent  i  la  journée. 

La  journée  commence  à  ail  heures  et  demie  du  matin ,  en  été,  et  finit  à 
huit  heures  du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  avec  le  jour,  et  finit  à 
huit  heure*  du  soir- 
Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées,  et  parfois  même  l'on  travaille  toute 
la  nuit,  lorsqu'il  y  a  de  fortes  commandes. 

La  durée  du  travail  n'a  subi  aucune  variation. 

Les  ouvriers  ont  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  une  heure  et  demie  â 
midi,  et  une  demi- heure  à  quatre  heures.  Pendant  l'hiver,  il  n'y  a  qu'un  senl 
intervalle  de  repos  d'une  heure  et  demie,  à  midi. 

Quelques  ouvriers  prennent  leurs  repas  dans  l'atelier  ;  quelques  autres 
retournent  chex  eux. 

On  travaille  quelquefois  le  dimanche.  Le  lundi,  on  travaille  généralement 
jusqu'à  quatre  heures  de  l'après-dinée. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  ni  augmenté  nï  diminué. 

Les  ajusteurs  gagnent  de  £  francs  à  3  francs  par  jour. 

Les  ouvriers  employés  à  la  journée  gagnent,  terme  moyen,  1  fr.  80  o.  par 
jour.  Parmi  les  mouleurs,  il  en  est  qui  gagnent  40  francs  par  semaine ,  mais 
ta  plupart  ne  gagnent  que  de  S0  â  jUf  francs. 

L'instruction  de*  ouvrier*  est  assez  satisfaisante  :  le  chef  estime  que  les 
deux  tiers  environ  savent  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  est  asseï  bonne  :  on  ne  peut  leur  reprocher  que  d'aimer 
trop  le  genièvre  :  il  est  de*  ouvriers  qui  payent  jusqu'à  2  fr.  HO  par  semaine 
pour  leur  consommation  de  genièvre. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

L'état  sanitaire  est  assez  satisfaisant.  La  fonte  du  cuivre  seule  est  malsaine  : 
chaque  fois  que  l'on  fond  du  cuivre,  opération  qui  dure  ordinairement  tout 
un  jour,  l'ouvrier  qui  en  a  été  chargé  est  incapable  de  travailler  le  lendemain. 

Il  n'est  jamais  arrivé  aucun  accident  dans  cet  établissement, 

11  n'y  a  qu'un  seul  ouvrier  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres  ;  c'est  un  vieillard. 

tl  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mais  les  prescriptions 
relative»  au  livret  sont  exécutées. 

L'atelier  des  mouleurs  est  bas,  sombre  et  humide;  il  manque 
d'air,  de  lumière  et  de  moyens  de  ventilation. 

Celui  où  se  fait  la  fonle  du  cuivre  est  beaucoup  trop  petit  et 


^y  Google 


SOS    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
■  défectueux  sous  tous  les  rapporte  ;  les  ouvriers  qui  y  travaillent 
ne  peuvent  manquer  de  devenir  malades  puisqu'ils  s'y  trouvent 
exposes  à  l'influence  de  vapeurs  métalliques,  auxquelles  on  n'a  pas 
songé  à  donner  des  issues  convenables. 

itiEiissBmwT  L.  —  Fondtriê  de  fer  et  de  cuivre. 

Le  moteur  est  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  douze  chevaux. 

Le  nombre  de*  ouvrier!  varie  selon  l'importance  des  commande*  que  reçoit 
rétablissement.  Ce  nombre  n'est  cependant  jamais  au-dessous  de  soixante, 
ni  au-dessus  de  cent. 

Il  y  a  en  outre  cinq  apprentis  âgés  de  douie  ans  environ. 

Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année  ;  une  partie  travaille  i  la  journée, 
et  une  autre  partie  à  la  pièce. 

La  journée  commencé,  en  été,  â  sii  heure*  du  matin,  et  finit  à  sept  heure* 
do  soir  ;  en  hiver,  elle  commence  a  sept  heures. dn  matin,  et  finit  à  huit 
heures  du  soir. 

On  travaille  rarement  la  nuit;  cela  n'a  jamais  lieu  que  dans  les  moments 
de  presse.  Les  apprentis  ne  sont  jamais  assujettis  &  aucun  travail  extraordi- 
naire. 

La  durée  du  travail  n'est  ni  plus  ni  moins  longue  qu'autrefois. 

Les  ouvriers  ont  trois  intervalles  de  repos  pendant  le  travail  de  jour, 
savoir  :  vingt  minutes  le  matin,  une  heure  à  midi,  et  vingt  minutes  a  quatre 
heures. 

Ils  vont  prendre  leurs  repas  au  dehors. 

Ou  travaille  quelquefois  le  dimanche. 

On  ne  chôme  pas  le  lundi,  parce  que  le  chômage  n'est  pas  permis. 

Le  salaire  des  ouvriers  est  resté  i  peu  prés  le  même;  il  y  a  plutôt  une 
légère  baisse  depuis  quelque  temps. 

Le  salaire  des  ouvriers  varie  selon  leurs  spécialités  respectives  :  ainsi,  il  en 
est,  et  c'est  le  plus  grand  nombre,  qui  ne  gagnent  que  1  fr.  KO  c.  ou  S£  fr.  par 
jour,  tandis  qu'il  en  est  d'autres  qui  gagnent  jusqu'à  i  fr.  KO  c.  par  jour. 

Les  apprentis  gagnent  de  1  à  3  franc*  par  semaine.  Ils  sont  toujours 
payés  par  le  chef. 

L'instruction  des  ouvriers  est  assez  benne. 

Il  en  est  de  même  de  leur  conduite  :  on  peut  dire  qu'en  général  il*  se 
conduisent  bien,  et  le  chef  rapporte  ce  résultat  a  la  sévérité  du  règlement 
auquel  ils  sont  soumis. 

L'établissement  possède  une  caisse  de  secours.  Les  ouvriers  blessés  pen- 
dant le  travail  reçoivent  une  indemnité  de  8  francs  par  semaine. 

Les  ouvriers  jouissent  d'une  bonne  santé;  ils  sont  généralement  forts  et 
robuste*;  ils  sont  exposés  i  de  fréquentes  blessures.  La  fonte  du  cuivre 
seule  est  dangereuse. 

Il  y  a  eu  plusieurs  accidents  à  déplorer,  presque  toujours  dus  a  l'impru- 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ËTABLISSEM.  LNDUSTR1ELS  DU  BRABANT.  509 
dence  de*  ouvrier»  :  ce*  accident*  sont  de*  blessures  aux  main*,  de*  doigts 
emporté*  et  un  homme  éborgné. 

(Quelque*  ouvrier*  sont  inscrit*  sur  la  liste  de*  pauvres  ;  on  ne  peut 
attribuer  leur  état  d'indigence  qu'aux  chargea  d'une  nombreuse  famille.  En 
général,  les  ouvrier*  de  l'établissement  ne  sont  pas  dans  le  besoin;  il*  se 
nourrissent  bien  et  vivent  asseï  à  leur  aise. 

Il  y  a  un  règlement  d'ordre  qui  est  strictement  exécuté. 

On  fait  aussi  déposer  le  livret  ;  mais  on  ne  tient  qne  faiblement  la  main  à 
l'exécution  de  cette  mesure. 

L'établissement  a  formé  une  compagnie  de  pompier*  composée  de  vingt- 
quatre  ouvrier*  chois»  que  l'on  exerce  tous  le*  samedis  au  maniement  de  la 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  donner  plu*  de  détails  sur  les  caisses 
d'amendes  et  de  secours,  et  sur  l'organisation  de  la  compagnie  de  pompier*  : 
le*  renseignements  qui  précèdent  ne  nous  ont  même  pas  été  donné*  avec 
beaucoup  de  bonne  volonté. 

Érsaui*mi<T  M.  —  Fondent  de  fer,  d»  cuivre  et  de  broute. 

On  n'y  occupe  actuellement  que  six  ouvriers  adulte*  :  quelquefois  le 
nombre  de  ce*  ouvriers  s'élève  à  dix- huit. 

Il  a  y  trois  apprentis  de  l'âge  de  treize  à  seize  ans.  On  n'en  admet  pas  au- 
dessous  de  Fâge  de  douze  ans.  Il*  sont  engagé*  par  le  chef,  et  leur  occupation 
*e  borne  à  dégrossir  et  à  nettoyer  les  pièce*. 

Le*  ouvriers  sont  occupé*  toute  l'armée,  et  ils  travaillent  tous  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  six  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à  huit 
heures  (tu  soir.  En  hiver,  elle  commence  à  sept  heures  du  matin,  et  finit 
à  huit  heure*  du  soir. 

Ce*  limites  ne  sont  jamais  dépassées. 

La  durée  du  travail  n'a  ni  augmenté  ni  diminué. 

Il  y  a  un  quart  d'heure  de  repos  le  matin,  uue  heure  et  demie  à  midi,  et  un 
quart  d'heure  à  quatre  heures. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dans  ['atelier,  et  le  dîner  au  dehors. 

On  travaille  quelquefois  le  dimanche. 

Le  lundi,  les  ouvriers  ne  font,  en  général,  que  trois  quarts  de  journée  ; 
quelques-uns  même  chôment  complètement. 

Le  salaire  des  ouvriers  a  subi  une  légère  diminution. 

Les  bous  ouvriers  gagnent  de  2  à  3  fr.  80  c.  par  jour. 

Les  apprentis  commencent  par  gagner  50  centimes  par  semaine  :  leur 
salaire  est  porté  successivement  à  3,  4  et  3  fr.  par  semaine,  &  mesure  qu'if» 
avancent  en  âge  et  qu'ils  deviennent  plus  habiles.  Ils  sent  toujours  payé*  par 
le  chef. 

Sur  les  trois  apprentis,  il  y  en  a  us  qui  «ait  lire  et  écrire. 

Sur  le*  six  ouvriers  adultes,  qnatre  savent  lire  et  écrire. 

La  conduite  de*  apprenti*  et  des  ouvriers  est  ânes  bonne. 

H  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

35. 


^y  Google 


510    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

L'état  sanitaireest  satisfaisant  :lecbef  déclare  cependant  que  la  foule  de  cer- 
tain» cuivre*  eit  nui«ible,et  qu'elle  occasionne  de*  ma  m  de  tête, des  frisson» 
et  des  nausées.  Il  prétend  que  le  mélange  du  zinc  au  cuivre  communique  à 
la  fonte  des  propriétés  plus  nuisibles.  Cette  observation  a  été  faite  par  plu- 
sieurs fondeur». 

On  n'a  jamais  eu  à  déplorer  aucun  accident. 

Un  seul  ouvrier  est  inscrit  sur'  la  liste  des  pauvres  ;  c'est  un  vieillard 
gagnant  1  fr,  23  c.  par  jour. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Les  prescriptions  relative»  au  livret  sont  exécutées. 

L'atelier  est  vaste  et  spacieux,  mais  le»  moyen»  de  ventilation  sont  insnftV 
eauis  et  il  n'y  a  pas  de  manteajix  pour  recueillir  les  vapeurs  métalliques. 

in  aussi*  sut  N.  —   Cloutent,  atelier  àt  mécanicien. 

On  y  occupe  dix  ouvriers  adultes  :  on  n'emploie  pas  d'enfants. 
Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année,  et  tous  travaillent  à  la  journée. 
En  toute»  taisons,  la  journée  commence  à  six  heures  du  matin,  et  finit  à 
sept  heures  du  soir. 

Il  est  rare  que  ces  limites  soient  dépassées,  et  l'on  ne  travaille  jamais  la 

Le»  ouvriers  ont  une  heure  de  repos  pendant  le  travail  de  jour. 

Ils  retournent  chez  eux  pour  dîner  :  les  autres  repas  se  font  dans  l'atelier. 

On  ne  travaille  que  rarement  le  dimanche,  et,  le  lundi,  on  ne  travaille 
que  jusqu'à  quatre  heures  de  l'après-dinée. 

Le  salaire  des  ouvriers  a  beaucoup  diminué  :  le  chef  estime  que  la  dimi- 
nution s'élève  à  un  quart  environ. 

Le  prix  moyen  de  la  journée  de  travail  est  de  1  fr.  HO  pour  la  plupart  des 
ouvrier»  :  quelques  uns  seulement  gagnent  3  et  4  fr.  par  jour. 

L'instruction  des  ouvriers  laisse  beaucoup  à  désirer  :  la  plupart  ne  savent 
ni  lire  ni  écrire. 

En  général,  leur  conduite  est  bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le»  malade». 

L'état  sanitaire  des  ouvrier»  est  satisfaisant  ;  ils  sont  rarement  malades  et 
n'ont  rien  à  souffrir  de  la  profession. 

Quelques  ouvriers  a  la  clouterie  avaient,  lors  de  notre  première 
vistte,  un  travail  assex  fatigant,  étant  obligés,  toute  la  journée,  de 
maintenir  la  machine  en  mouvement  à  l'aide  d'une  manivelle  ;  mais 
cet  inconvénient  a  disparu  pur  l'établissement  d'une  machine  à 
vapeur  de  la  force  de  quatre  chevaux,  qui  exécute  maintenant  les 
travaux  les  plus  fatigants. 

Depuis  l'établissement  de  la  machine  à  vapeur,  on  occupe  deux  ouvriers 
de  moins  a  la  clouterie. 


*by  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTARIJSSKM.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.  Sil 
II  n'était  jamais  arrivé  d'occident  sérieux,  lorsque  dans  te  cou- 
rant du  mois  d'octobre  1843,  le  bruit  se  répandit  qu'un  Ouvrier 
avait  été  tué  par  l'explosion  d'une  chaudière  a  Vapeur.  Nous  fîmes 
donc  une  seconde  visite  et  nous  apprîmes,  en  effet,  que,  depuis 
notre  première  inspection,  on  avait  établi  une  machine  à  vapeur, 
mais  qu'il  n'y  avait  eu  aucune  explosion.  La  mort  d'un  ouvrier, 
arrivée  trois  jours  auparavant,  était  le  résultat  d'une  chute  de  huit 
à  dix  pieds  de  hauteur,  par  suite  du  bris  dune  pièce  de  bois  sur 
laquelle  l'ouvrier  était  monté  ;  dans  sa  chute,  il  porta  de  la  tète  sur 
une  pièce  de  fer,  et  mourut  presque  aussitôt. 

Lo  chef  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  îles  pau- 
vres :  cependant  il  y  a  loin  d'y  avoir  de  l'aisance  chei  eut  ;  leurs  habitations 
sou t,  en  général,  insalubres  et  trop  étroites  j  leur  nouuiture  est  mauvaise  et 
se  compose  presque  exclusivement  de  pain,  de  graisse,  de  pommes  de  terre, 
de  café  faible  et  quelquefois  de  eharculerie. 

Nous  avons  visité  la  demeure  d'un  des  ouvriers  :  c'était  un  mau- 
vais réduit  de  quelques  pieds  carrés  où  l'on  pouvait  à  peine  se 
retourner,  humide,  bas  d'étage  et  manquant  d'air;  ce  réduit 
annonçait  là  misère  ;  deux  ou  trois  enfants  en  bas  Age  s'y  trouvaient 
seuls,  et  le  plus  jeune,  encore  au  berceau,  pleurait  amèrement  :  la 
mère  était  absente  et  probablement  assez  éloignée  de  chez  elle, 
puisqu'elle  né  nous  a  vus  ni  entrer  ni  sortir. 

L'établissement  If  n'a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  Les  pres- 
criptions relatives  au  livret  «ont  exécutées. 

Les  ateliers  sont  ssseï  spacieux,  et  nous  semblent  présenter  de  suffisantes 
conditions  de  salubrité. 

■MMlssspmt  0.  —  Fonderie  de  brunie. 

On  y  occupe  dix  ouvriers  adultes  cl  deux  apprentis  Agés  de  quatorze  à 
seize  ans. 

Les  apprentis  sont  engagés  par  le  chef  :  on  les  emploie  à  nettoyer  les 
pièces  et  comme  aides  aux  ouvriers. 

Les  ouvriers  et  les  apprentis  travaillent  a  la  journée. 

La  journée  commence,  en  été,  à  six  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à 
huit  heures  du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  avec  le  jour,  et  finit  à 
huit  heures  du  soir. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées  :  ainsi,  quand  il  y  a  dés  pièces  qui 
doivent  être  terminées,  on  travaille  jusqu'à  dix  heures  du  soir  ou  jusqu'à 
minuit,  et  quelquefois  même  toute  la  nuit. 
.    Les  apprentis  ne  prennent  jamais  part  au  travail  extraordinaire. 


DglizedOy  GOOgle 


SIS    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

La  durée  du  travail  n'est  ni  plus  ni  moins  longue  que  jadis. 

Le»  ouvriers  ont  trois  intervalles  de  repos  :  un  quart  d'heure  le  matin,  une 
heure  et  demie  à  midi  et  ua  quart  d'beure  à  quatre  heures-  H  n'y  a  pat  de 
repos  pendant  le  travail  de  nuit  :  deui  heures  de  travail  équivalent  alors  à 
un  quart  de  journée. 

Les  ouvriers  dinent  chei  eux  :  le  déjeuner  elle  goûter  se  font  dans  l'atelier. 

On  travaillequelquefois  le  dimanche.  Le  lundi,  on  ne  fait  ordinairement 
que  trois  quarts  de  journée. 

Le  salaire  de*  ouvriers  a  diminué  dans  la  proportion  d'un  quart  environ. 

Les  ouvrier*  gagnent  actuellement  5  fr.  par  jour. 

Les  apprentis  gagnent  de  1  *  4  IV.  par  semaine. 

Ci-devant,  les  apprentis  fréquentaient  le*  école*  et  l'académie  de  dessin  : 
le*  apprentis  maintenant  ne  fréquentent  pas  d'école  et  ne  savent  ni  lire  ni 

Très-peu  d'ouvrier*  ont  quelque  instruction  :  les  vieux  surtout  «ont  dans 
l'ignorance  la  prus  complète. 

lia  conduite  des  ouvriers  est  bonne.  - 

H  n'y  a  pas  de  caisse  d'épargne  ou  de  fond*  de  réserve  pour  le»  malades . 
L'étal  sanitaire  est  satisfaisant  :  le  chef  déclare  cependant  que  les  vapeurs 
du  cuivre  influent  défavorablement  sur  le*  organe*  de  la  respiration. 

Il  ignore  s'il  y  a  de*  ouvriers  in scriu  sur  la  liste  de»  pauvres  :  la  plupart 
sont  marié*  et  ont  de*  enfant*  i  il  y  a  de  La  misère  chez  eux. 

Le  dépôt  du  livret  est  exigé:  la  mesure  du  livret  est  bonne;  mais  malheu- 
reusement quelques  chefs  d'industrie  donnent  des  signature*  de  comptai 

Les  ateliers  sont  mal  disposés  et  laissent  beaucoup  à  désirer  sous  le  rap- 
port de  leur»  conditions  de  salubrité. 

■TitLisseaui  P.  —  Fondent  de  carattim. 

On  y  occupe  soixante  ouvrier».  Sur  ce  nombre  il  y  a  environ  un  cinquième 
d'enfants  au-dessous  de  Tige  de  douze  an».  Il  y  a  mime  des  enfants  de  six  » 
sept  ans.  Il  y  a  aussi  un  cinquième  environ  de  femmes  et  de  filles. 

On  occupe  le»  enfants  a  de*  travaux  trop  insignifiant*  pour  le*  confiera 
des  adulte*  :  on  prend  auui  le*  enfant»  pour  en  former  de*  ouvrier*. 

Les  ouvrier*  «ont  occupe*  toute  l'année. 

Les  un»  travaillent  à  la  journée  et  les  antre*  à  forfait. 

En  été,  la  journée  commence  i  six  heure*  du  matin,  et  finit  à  huit  heures 
du  soir.  Eu  hiver,  elle  commence  à  sept  heures  et  demie,  et  finit  à  huit  heure* 
duaoir. 

Ces  limite*  ne  sont  dépassées  que  dans  les  moments  de  presse  ;  alors  le 
travail  continue  jusqu'à  dix  ou  onze  heures  du  soir. 

Le*  enfant*  doivent  prendre  part  au  travail  estrasttUnaire. 

La  durée  du  travail  n'est  ni  plu*  ni  moin*  longue  qu'autrefois. 

On  ne  travaille  jamais  toute  unenuil. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRUANT.    513 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  une  heure  et  demie  a  midi  et  une 
demi-heure  ('après -dînée. 

Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dan*  l'atelier,  et  le  dîner  au  dehors; 
cependant  quelques  ouvriers  dont  le  domicile  est  très-éloignâ,  apportent  leur 
nourriture  et  dînent  alors  dans  l'atelier. 

On  ne  travaille  le  dimanche  que  dans  les  moments  de  presse. 

Le  chômage  du  lundi  n'est  pas  permis;  mail  les  ouvriers  travaillent  alors 
d'une  manière  continue  depuis  le  matin  jusqu'à  trois  heures  de  ['après-  dînée. 
Ils  vont  alors  dîner  et  ne  reviennent  plus. 

Le*  bons  ouvriers  fondeur*  gagnent  de  4  à  S  francs  par  jour. 

Les  femmes  gagnent  ordinairement  1  ir.  7S  c-  par  jour. 

Les  enfants  des  deux  sexes  gagnent  de  2  à  3  francs  par  semaine. 

Ces  derniers  sont  payés  toutes  les  semaines  par  le  chef. 

L'instruction  des  enfants  est  nulle  :  ils  ne  fréquentent,  aucune  école. 

La  plupart  des  fondeurs  ne  savent  ni  lire  ni  écrire  :  cependant  ils  finis- 
sent par  connaître  les  caractères  qu'ils  fondent. 

La  conduite  des  uns  et  des  autres  est,  en  général,  bonne. 

L'état  sanitaire  des  ouvriers  se  ressent  de  l'insalubrité  de  la  pro- 
fession. La  plupart  des  ouvriers  ont  le  teint  hâve,  la  peati  décolorée; 
ils  sont  généralement  maigres  et  sujets  à  des  tics,  à  des  mouvements 
automatiques  qui  résultent  des  secousses  qu'ils  sont  obligés  d'im- 
primer aux  moules  pour  répartir  également  la  matière  en  fusion. 
Ils  sont  souvent  pris  de  coliques  métalliques,  mais  ces  coliques  ne 
sont  que  passagères  et  cèdent  facilement  a  un  mélange,  à  parties 
égales,  d'huile  d'olive  et  à'ahsinthe,  qu'ils  prennent  à  la  dose  d'une 
once  et  demie.  Les  émanations  métalliques  au  milieu  desquelles  ils 
travaillent  constamment,  exercent  une  influence  si  défavorable  sur 
leur  santé,  qu'on  peut  dire,  en  général,  que  les  fondeurs  en  carac- 
tères, employés  d'une  manière  continue,  ne  dépassent  jamais  les 
soixante  ans,  et  que  même  ils  arrivent  rarement  à  cet  âge. 

S'ils  se  livrent  à  la  débauche  ou  à  des  excès  de  boisson,  ils  meu- 
rent généralement  dans  un  âge  peu  avancé. 

II  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

Il  y  a  cinq  ans,  il  existait  une  association  de  secours  mutuels  :  chaque 
ouvrier  versait  à  la  caisse  1  franc  par  mois  ;  mais  l'association  a  élé  dissoute 
par  le  départ  précipité  de  plusieurs  des  associés. 

Aujourd'hui,  lorsqu'un  ouvrier  devient  malade,  les  autres  se  cotisent  à  rai- 
son de  BO  centimes  par  mois. 

Sans  être  positivement  pauvres,  les  ouvriers  ne  jouissent  cependant  d'au- 
cune aisance ,  parce  qu'ils  sont  imprévoyants  et  ne  connaissent  pas'  ce  que 
c'est  de  faire  des  économies  ou  de  placer  de  l'argent. 


^y  Google 


SU    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

'  L'atelier  est  vaste;  il  y  règne  une  température  constante  de  38  a  28*  cen- 
tigrade». En  raison  de  la  spécial ilf;  du  travail,  des  émanations  dangereuses 
qui  en  résultent,  on  pourrait  désirer  encore  plus  d'étendue  à  l'atelier. et  de 
bons  moyens  de  ventilation. 

'   iriUitsniftt  Q-  —  Revicificatian  du  plomb  et  atelier  de  $errurerie. 

On  n'y  occupe  que quatre  ouvriers  adultes,  dont  trois  sont  employés»  la 
revivificalion  du  plomb. 

Ces  derniers  ne  sont  occupés  que  pendant  ail  on  sept  mois  de  l'innée. 

Les  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

La  journée  commence  à  six  heures  dn  matin,  et  finit  a  six  heures  du  soir. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées. 

Il  y  a  une  heure  de  repos  a.  midi." 

Les  repas  se  prennent  dans  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Les  ouvriers  gagnent  1  fr.  86  c.  par  jour. 

Leur  instruction  est  tout  à  fait  nulle. 

Le  chef  prétend  que  la  revivificalion  du  plomb  n'exerce  aucune 
influence  fâcheuse  sur  la  santé,. et  que  plusieurs  ouvriers  ont  tra- 
vaillé chez  lui  trois  et  quatre  ans,  sans  avoir  jamais  été  indisposes. 
Nous  ne  pouvons  regarder  cette  assertion  comme  vraie ,  d'adord 
parce  que  plusieurs  habitants  de  la  commune  nous  ont  déclaré  que 
les  ouvriers  qui  allaient  travailler  la,  étaient  obligés  de  quitter 
l'atelier  au  bout  de  peu  de  mois,  et  que  la  plupart  mouraient  d'une 
maladie  de  langueur  ;  ensuile  parce  que  les  deux  ouvriers  que 
nous  avons  vus  nous  oui  offert  des  symptômes  d'une  cachexie 
profonde  et  qu'il  est  d'ailleurs  impossible  qu'un  travail  aussi  insa- 
lubre ne  détruise  pas  la  santé,  surtout  lorsqu'il  a  lieu,  comme  ici, 
dans  les  circonstances  les  plus  défavorables  pour  l'ouvrier.  En 
effet,  l'atelier  où  se  fait  la  revivificalion  est  un  mauvais  hangar, 
n'ayant  que  2  mètres.  20  c.  de  hauteur ,  S  mètres  de  largeur 
et  5  mètres  environ  de  longueur,  et  n'offrant  pour  tous  moyens 
d'aérage  et  de  ventilation  qu'une  -seule  ouverture,  celle  de  la  porte 
d'entrée,  mesurant  1  mètre  65  c.  de  hauteur  sur  0  mètre  72  cen- 
timètres de  largeur. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.    51 S 


f.- 


On  y  occupe  ordinairement  de  quarante  à  cinquante  ouvriers  adultes  et 
huit. ou  dix  apprentis  de  lage  <ledii  à  dix-buit  an». 

Le»  ouvriers  y  trouvent  du  travail  toute  l'année. 

Tout  le»  ouvriers  sont  occupés  à  la  journée. 

Les  apprentis  sont  engagés  par  le  chef  :  leur  occupation  consiste  à  scier 
de*  petits  morceau*  de  marbre,  à  polir  et  à  faire  de  la  grosse  sculpture. 

En  été ,  la  journée  commence  à  cinq  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à 
sept  heures  du  soir.  En  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  Luit  heures  du  malin, 
et  finit  à  sept  heures  du  soir. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées  d'une  couple  d'heures.  Dans  ce  cas, 
les  apprentis  ne  prennent  point  part  au  travail  extraordinaire. 

'  Eu  général,  la  durée  du  travail  est  plut  longue  qu'il  y  a  quelque»  années  : 
autrefois  on  ne  faisait  que  quatre  quarts,  tandis  que  maintenant  on  en  (ait 
régulièrement  cinq. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin ,  une  heure  à  midi ,  et  une  demi- 
heure  l'après-dinée. 

Le»  ouvrier»  vont  prendre  leurs  repas  au  dehors. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Le  salaire  de»  ouvriers  a  augmenté  d'un  cinquième  environ.  Les  ouvriers 
tailleurs  de  pierre  gagnent  i'i  centimes  par  quart  :  comme  leur  journée  se 
compose  de  ciuq  quarts,  ils  gagnent  donc  '•!  fr.  2S  c.  par  jour. 

Les  ouvriers  marbriers  gagnent  72  centimes  par  quart,'  donc  pour  les 
cinq  qu'arts  composant  leur  journée  3  fr.  ttO  c. 

Les  ouvriers  marbriers  sculpteurs  gagnent  de  90  centimes  à  1  franc  par 
quart,  soit  donc  de  4  fr.  50  c.  à  il  francs  par  jour. 

Le»  apprenti»  gagnent  65  centimes  par  jour. 

Cet  dernier»  sont  toujours  payés  par  le  chrf. 

Tout  le»  apprentis  savent  lire  et  écrire  :  plusieurs  même  fréquentent  l'aca- 
démie de  dessin,  ce  à  quoi  le  chef  les  encourage  en  le»  laissant  partir  une 
demi-heure  plus  l6l  que  les  autres. 

La  moitié  environ  des  ouvriers  adultes  sait  lire  et  écrire  :  c'est  surtout 
parmi  les  bons  ouvriers  que  l'instruction  est  le  plus  avancée. 

La  conduite  des  ouvriers  et  des  apprentis  est  bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades.  L'état 
sanitaire  est  du  reste  satisfaisant:  il  y  a  rarement  des  malades,  et  il  n'est  pa» 
à  la  connaissance  du  chef  que  la  profession  eipose  à  quelque  maladie  :  seu 
lement  il  déclare  que  les  tailleurs  de  pierre  se  courbent  de  bonne  heure. 


xibV  Google 


516     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Il  n'est  jamais  arrivé  d'accidents  grave»  :  tout  s'est  borné  jusqu'à  ce  jour 
à  quelques  contusion*  et  à  quelques  doigts  plus  ou  moins  écrasés. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres  :  la  plupart  sont  des 
habitants  de  la  campagne. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  on  de  discipline. 

Les  ouvriers  sont  astreints  à  faire  le  dépôt  de  leur  livret. 


Les  ateliers  sont  vastes  et  salubre 


quelques  apprentis  travaillaient  dans  une  cave  froide. 


s  remarque,  a  regret,  que 


ÉTKLIB5EMBBI    A. 

On  n'y  occupe  qu'un  seul  ouvrier  adulte  qui  exerce  la  profession  depuis  un 
grand  nombre  d'années. 

t]  est  employé  en  même  temps  aux  divers  travaux  de  la  maison ,  et  gagne 
3  fr.  90  c.  par  jour. 

Cet  homme  est  robuste,  et  nous  a  offert  toutes  les  apparences  de  la  santé 
la  pin*  florissante  ;  il  n'a  jamais  été  atteint  du  tremblement  mercuriel. 

Cet  Accident  est  fréquent,  nous  a-l-il  dit,  dans  certains  ateliers 
de  Paris.  Il  etl  des  ouvriers  qui,  au  bout  de  deux  ou  trois  ans  de 
pratique,  sont  pris  du  tremblement,  et  doivent  bientôt  abandonner 
la  profession.  Le  tremblement  arrive  d'autant  plus  vite  et  plus  sûre- 
ment, que  les  ouvriers  négligent  plus  les  soins  de  propreté,  et  s'adon- 
nent à  la  boisson,  particulièrement  à  celle  des  liqueurs  alcooliques. 
Les  ouvriers  propres,  sobres  et  menant  une  vie  régulière,  peuvent 
étamer  pendant  de  longues  années,  sans  ressentir  la  moindre 
influence  du  mercure,  tandis  que  ceux  qui  vivent  dans  ta  débauche 
sont  bientôt  des  hommes  perdus. 

Les  ouvriers  chargés  de  la  distillation  des  cendres  pour  en 
extraire  le  mercure,  sont  plus  spécialement  sujets  au  tremblement  ; 
cette  opération  demande  a  être  conduite  avec  prudence ,  et  à  être 
exécutée  avec  des  appareils  bien  montés. 

L'atelier  pourrait  avoir  un  aérage  mienx  enutnda;  l'habitude  contractée 
d'y  briller  du  obarbou  de  bois  pour  sécher  la  flanelle  ou  l'étoffe  de  laine  à 
l'aide  de  laquelle  on  frotte  les  filaces,  etl  pernicieuse ,  et  ne  peat  qu'altérer 
la  compétition  de  fair. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTÀBUSSEM.  INDUSTRIELS  BU  BRABÀNT.     547 

iTULISSialltT    B. 

Il  n'y  a  pas  d'ouvriers  é  ta  meurs. 

Le  chef  étame  toujours  lui-même  ;  il  y  a  vingt-cinq  ans  qu'il  fait 
ce  métier,  et  jamais  il  n'a  éprouvé  le  moindre  inconvénient. 
Il  attribue  ce  résultat  aux  précautions  qu'il  a  toujours  prises,  pré- 
cautions consistant  surtout  dans  de  très-grands  soins  de  propreté, 
et  dans  l'adoption  d'un  bon  système  d'aérage.  Nous  avons,  en 
effet,  remarqué  que  des  courants  d'air  sont  établis  de  bas  en  haut 
tout  autour  de  la  table  de  marbre  sur  laquelle  se  fait  rétamage. 

Le  chef  signale  aussi  la  distillation  des  cendres  comme  une  opéra- 
tion des  plus  nuisibles,  et  donne,  sur  l'insalubrité  de  la  profession, 
des  explications  en  tout  conformes  a  celles  que  nous  avons  obtenues 
de  l'ouvrier  employé  dans  l'établissement.  A. 


ttisiMiaaNi  A. 

Ou  y  occupe  cinq  ouvrier*  adultes,  et  trente  à  trente-quatre  enfants  de 
Tige  de  »*pt  à  qualone  an». 

Le  travail  continue  toute  l'année  «ans  interruption. 

Les  enfanta  sont  engagé»  par  le  chef  d'industrie  et  par  le  chef  d'atelier. 
On  In*  occupe  à  coudre,  a  aatembler,  à  plier  et  à  coller. 

On  te  procure,  en  général,  difficilement,  les  enfanta  dont  on  a  besoin. 

Les  ouvriers  adulte»  et  la  plupart  des  enfant*  travaillent  à  la  journée;  les 
plieurt  seul*  travaillent  à  la  tache. 

Enété,  la  journée  commence  à  sii  heures  et  demie  du  malin,  et  finit  à  aept 
heures  du  soir.  Kn  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  aept  heures  du  malin,  et  se 
prolonge  jusqu'à  neuf  heures  do  soir. 

Ce»  limites  sont  assez  fréquemment  dépassées  d'une  heure  et  demie,  c'est- 
à-dire  que  le  travail  eontiooe  jusqu'à  dix  heure*  et  demie  dn  soir.  Tous  les 
enfant*  prennent  part  i  ce  travail  extraordinaire. 

Il  v  a  une  heure  et  demie  de  repos  à  midi  :  le»  ouvriers  vont  dîner  chez 
eux  ;  il»  font  leur  déjeuner  et  leur  goûter  tout  en  travaillant. 

Le  dimanche,  on  travaille  souvent  jusqu'à  midi. 

Le  lundi,  on  travaille  jusqu'à  midi,  et  l'on  chôme  toute  l'aprèe-dînée. 

Le»  salaire*  varient  selon  l'habileté  des  ouvriers  et  la  nature  de  leura  tra- 


^y  Google 


318     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXKLLES. 

vaux:  le*  meilleurs  ouvriers  gagnent  3  fr.  par  jour;  leaplieurt  environ  1  fr., 
et  lei  enfant»  gagnent  de  1  fr.  SO  c.  à  2  fr.  par  semaine. 

lia  «ont  toujours  payé»  par  le  chef. 

Très-peu  d'enfant*  aaveat  lire  et  écrire. 

Sur  les  cinq  ouvriers  adultes,  il  y  en  a  trois  qui  savent  lire  et  écrire. 

Il' n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonda  de  réserve  pour  lea  malades. 

L'état  sanitaire  est  très-satisfaisant;  il  est  rare  qu'on  ail  à  constater  des 
maladie!  parmi  les  jeunes  ouvrier». 

La  conduite  des  ouvriers,  en  général,  est  asseï  bonne. 

Les  parents  d'un  grand  nombre  de  jeunes  ouvriers  sont  inscrits  sur  la 
liate  des  pauvres. 

It  n'y  a  pas  dérèglement  d'ordre  ou  de  discipline;  mais  le  dépôt  du.  livret 
est  obligatoire. 

Cette  industrie  n'a  rien  d'insalubre  en  elle-même;  mais  elle  peut  nuire  au 
développement  physique  des  enfant»  ,  parce  qu'elle  le»  astreint  à  un  travail 
sédentaire,  dont  ta  durée,  d'ailleurs,  est  beaucoup  trop  longue  pour  les  plus 
jeunes  d'entre  eux. 

BTlItlSSEMEHT  B. 

On  y  occupe  en  tout  vingt  ouvrier»;  sur  ce  nombre,  il  y  a  douxe  ou 
quatorze  enfant»,  de  l'âge  de  sept  à  quatorze  ans. 

Ce»  enfants  sont  engagés  par  le  chef,  qui  se  les  procure  facilement  :  on  le* 
emploie  à  plier  et  à  coudre,  ouvrage  peu  fatigant ,  à  la  vérité ,  mai»  qui  le» 
contraint  à  une  inaction  nuisible  à  leur  développement  physique. 

Tous  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée.  La  journée  »e  compose  toujours 
de  dix  heures  de  travail. 

H  y  a  un  repos  d'une  heure  et  demie  à  midi,  et  d'une  demi-heure  à  quatre 

Dans  les  moment»  de  preste,  on  travaille  doute  heute»  par  jour. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit- 
On  ne  travaille  jamais  non  plu»  le  dimanche. 

Le  lundi,  on  ne  travaille  que  jusqu'à  midi. 

Les  ouvrier»  retourneot  chex  eux  pour  le  dîner. 

Le  salaire  de»  ouvrier»  n'a  aubi  aucuoe  variation. 

Les  ouvrier»  adultes  gagnent  de  3  fr.  à  3  fr.  00  c.  par  jour. 

Le*  plus  jeunes  enfants  gagnent  de  30  à  7B  centime*  par  jour,  et  les  plu» 
âgés,  de  1  fr.  à  1  fr.  S0  c. 

Le»  jeunes  ouvriers  sont  toujours  payé*  par  le  chef. 

L'instruction  des  ouvriers,  jeune»  et  adulte»,  est,  en  général,  très-bornée  ; 
très-peu  savent  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  est  bonne.  Il  en  est  de  même  de  leur  santé,  qui  n'a  rien  à 
souffrir  de  la  profession. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le*  malade». 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvre*;  mats 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANSI.ES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  BU  BRADANT.  M  9 
il  pense  que  le»  parent»  li'aa  usez  bon  nombre  de  jeune*  ouvrier*  doivcut 
-y  âlre^  inscrit*. 

Il  n'y  a  pa*  dérèglement  d'ordre  ou  de  discipline. 

L'atelier  est  au  premier  élage;  il  est  vaste  et  salubre. 


Od  D'y  occupe  que  trois  ouvriers  âgé*  de  setie  à  vingt-deux  ans. 

Ces  ouvriers  sont  occupe*  toute  l'année  ;  ils  travaillent  à  la  journée. 

En  été ,  la  journée  commence  »  six  heure*  et  demie  du  malin ,  et  finit  à 
liait  heure»  du  soir.  En  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  sept  heures  du  matin, 
et  finit  à  huit  heure*  du  soir. 

Le  travail  n'est  pas  fatigant;  il  est  facile,  agréable,  et -nécessite  des  post- 
lion* variée*. 

On  ne  dépasse jamai*  les  limite*  que  nous  venons  de  mentionner;  il  n'j  a 
non  plus  jamais  de  travail  de  nuit. 

Le*  ouvriers  ont  une  heure  de  repos  à  midi  ;.  il*  retournent  alors  chez 
eux  pour  dîner.  Le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dan*  l'atelier. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  est  de  1  fr.  50  0.  par  jour. 

Les  ouvriers  savent  lire  et  écrire. 

Aucun  n'est  inscrit  sur  la  liste  de*  pauvres. 

On  n'a  pas  à  se  plaindre  de  la  conduite  de*  ouvrier*  ;  elle  est,  en  général, 

On  ne  travaille  pa*  le  dimanche;  le  lundi ,  on  ne  fait  ordinairement  que 
trois  quarts. 

Le*  ouvriers  nous  ont  paru  bien  portants  ;  la  profession  n'a  rien  de  nuisible. 
Les  ateliers  sont  au  troisième  étage;  ils  sont  propres  et  bien  aéré*. 


tTISLISS EMEUT  A. 

Celte  fabrique  n'occupe  que  cinq. ou  «il.  enfants,  de  l'Age  de  huit  à  douie 

Le  travail  ne  continue  pa*  toute  l'année  ;  la  vente  décide  du  travail  et  du 

chômage  ;mais,  en  général,  il  n'y  a  guère  de  l'ouvrage  que.  pour  aix  mois  environ. 

Le*  enfants  travaillent  a  forfait;  le  chef  «e  le*  procure  très- facilement. 

Leur  ouvrage  consiste  à  placer  les  petites  allumettes  dans  des 
cadres  ;  cet  ouvrage  n'est  nullement  fatigant;  il  se  fait  debout  ou 
assis.  Une  jeune  fille  dedouze  ans  est  chargée  de  metlre  les  allumettes 


DglizedOy  GOOgle 


520  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
préparées  dans  le*  bottes ,  opération  qui  l'expose  i  se  brûler,  par 
l'inflammation,  toujours  très-facile,  de  ces  allumettes.  L'opération 
la  plus  dangereuse  est  la  préparation  du  mélange  dont  on  enduit 
le  bout  des  allumettes;  vient  ensuite  celle  de  la  trempe  des  allu- 
mettes dans  le  mélange  ;  ces  deux  opérations  sont  toujours  faite» 
par  le  chef. 

En  été,  le*  enfant»  commencent  le  travail  à  six  heures  du  matin,  et  ne  le 
cessent  qu'à  huit  heures  du  soir.  En  hiver,  la  journée  commence  à  sept 
heures  du  malin,  et  finit  à  sept  heures  du  soir. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin ,  une  heure  à  midi,  et  une  demi 
heure  i  quatre  heures. 

Les  entants  retournent  chez  eux  pour  prendre  leara  repas. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Les  jeunes  ouvriers  gagnent  environ  3-  fr.  par  semaine. 

Aucun  ne  sait  lire  ou  écrire,  et  aucun  ne  fréquente  une  école. 

Cette  fabrique  est  détestable;  les  enfant*  y  travaillent  dan»  un  mauvais 
hangar,  froid,  humide,  malpropre,  ouvert  à  tous  vent* ,  car  les  fenêtres,  en 
face  desquelles  ces  malheureux  petits  être*  accomplissent  leur  rude  tache, 
se  font  remarquer  par  l'absence  d'un  bon  nombre  de  carreaux. 

itiitissBasBt  fi. 

On  y  occupe  soixante  ouvriers  :  snr  ce  nombre  il  y  a  sept  hommes  adulte*, 
treize  garçons  de  l'âge  de  neuf  à  treixe  ans,  et  quarante  jeunes  filles  ayant 
presque  toutes  de  quatorze  à  vingt  ans  :  cinq  jeune»  fille*  seulement  ne  sont 
âgée»  que  de  neuf  à  treize  an». 

Les  ouvrier*  ont  de  l'ouvrage  tonte  l'année. 

Presque  touS  travaillent  à  forfait  :  le*  hommes  seuls  travaillent  à  la 
journée  ;  ce*  derniers  ne  font  que  couper  le  bois. 

Les  jeunes  ouvriers  sont  engagé»  par  le  chef  qui  se  les  procure  quelquefois 
difficilement:  leur  occupation  est  peu  ou  point  fatigante,  et  consiste  a  arranger 
les  allumette*  dans  les  cadres  ou  presses  :  cet  ouvrage  se  fait  astis. 

En  été,  le  travail  commence  a  six  heures  du  malin,  et  finit  à  six  heure» 
du  soir.  En  hiver,  il  ne  commence  qu'à  sept  heures  du  matin,  pour  finir  à 
huit  heure»  du  soir. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassée». 

Ordinairement  il  n'y  a  qu'un  seul  intervalle  de  repos  pendant  le  travail  : 
il  est  d'une  heure,  et  a  lieu  a  midi.  En  hiver,  on  accorde  une  deati-beare  de 
repos  i  quatre  heures. 

Le»  ouvriers  retournent  efaex  eux  pour  dîner. 

Quelques  ouvriers  travaillent  le  dimanche.  On  ne  chôme  jamais  le  lundi. 
Le*  hommes  adulte*  gagnent,     fr.      t   50  par  jour. 

Le*  femme» —     0  79 

Le*  enfants —     0  50 


^y  Google 


ENQUÈTGDAieLGSÉTiBUSSEU.INDUSTRIELSDUBRABANT.    3Sf 

L'instruction  de»  enfanta  est  tout  à  fait  nulle. 

Il  en  est  de  mémo  de  celle  des  ouvriers  adultes. 

Les  garçon*  et  le»  filles  travaillent  dan»  le*  mêmes  ateliers. 

Le*  homme»  adultes  travaillent  dans  des  ateliers  distinct». 

La  conduite  de»  ouvrier»  de»  deux  seies,  jeunes  et  adulte»,  est  générale' 
ment  bonne. 

H  n'y  a  pa»  de  caisse  d'épargne  ou  de  fonda  de  réserve  pour  le»  malade». 

L'état  sanitaire  e»t  assez  satisfaisant  :  la  profession  n'a  rien  d'insalubre,  et 
les  maladies  que  présentent  quelquefois  certain»  ouvriers  provieune»l  plutôt 
de  leur  mauvaise  nourriture  et  de  l'ineajubrité  de  leur»  habitation»  que  de 
la  nature  de  leur  travail. 

Il  y  a  trois  ans  une  explosion  a  eu  lieu  dans  cet  établissement ,  et  un 
ouvrier  a  été  grièvement  blessé  à  la  main. 

Vingt  dem  ouvrier»  aont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres. 

Il  y  a  un  règlement  d'ordre  et  de  discipline,  dont  copie  a  été  envoyée  à 
l'administration  communale. 

Cette  fabrique  eit  bien  tenue  et  il  y  règne  beaucoup  d'ordre. 

Le  chef  tient  un  registre  où  se  trouvent  inscrits  avec  soin  des 
renseignements  très-utiles,  tels  que  le  gain  journalier  des  ouvriers, 
leur  degré  d'instruction ,  leur  conduite,  leur  âge,  leur  domicile, 
s'ils  sont  ou  non  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres,  etc.  Nous  n'avons 
rencontré  nulle  part  un  registre  aussi  bien  tenu  et  avec  autant  de 
développement.  Il  serait  à  désirer  que  chaque  chef  d'industrie  éta- 
blît un  semblable  registre  ;  ce  serait  le  moyen  d'arriver  à  des 
données  plus  certaines  sur  les  condition»  physiques,  morale*  et 
intellectuelles  de  la  classe  ouvrière. 

Les  locaux  sont  un  peu  petits  et  trop  bas,  retatrveo»»»  au 
nombre  d'ouvriers  qui  y  travaillent.  Pour  prévenir  les  accidents, 
il  serait  bon  que  l'atelier  où  se  font  la  préparation  de  la  pâte  et  la 
trempe  des  allumettes  fut  isolé  et  placé  à  une  certaine  distance 
des  autres  ateliers. 


•  *V«w  e««YawfM*t. 


tTAH-ISSEIINf    A. 


Une  pièce  au  rez-de-chaussée  compose  l'atelier  ;  c'est  un  mau- 
vais chenil,  sale,  infect,  où  la  poussière  et   les  ordures  de  toutes 


^y  Google 

à 


332    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  L^  BRUXELLES, 
espèces  sont  en  excès.  Un  mauvais  fourneau  et  une  marmite  en  fer 
sont  les  instruments  qui  servent  aux  opérations  du  raffinage. 

Un  nnfant  de  dix  à  douze  ans ,  pâle ,  blême  et  étiolé ,  travaille , 
pour  quelques  sous,  du  malin  au  soir  dans  le  chenil  précité,  où 
l'air  et  la  lumière  font  également  défaut. 

On  ne  peut  que  gémir  sur  te  sort  du  petit  malheureux  con- 
damné à  vivre  dans  une  atmosphère,  aussi  nuisible,  car  sa  santé  et 
sa  constitution  ne  peuvent  qu'en  recevoir  de  fâcheuses  atteintes. 

Nous  le  répétons ,  on  ne  saurait  rien  imaginer  de  plus  sale ,  de 
plus  misérable  et  de  plus  dégoûtant  que  l'atelier  de  ce  laveur  de 
cendres  d'or  et  d'argent. 


■TtSUMtailIT  A. 

Il  y  a  une  preste  mécanique,  dont  le  moteur  est  Une  machine  à  vapeur  de 
la  force  de  quatre  chevaux. 

On  y  occupe  de  soixante  el  dix  à  quatre- vingts  ouvriers,  et  six  enfants  de 
l'Âge  de  douze  i  quinze  ans. 

Le»  enfants  sont  engagés  par  le  chef  ;  leur  occupation  consiste  à  poser  et 
à  ô  1er  les  feuilles  à  la  presse  mécanique. 

On  travaille  toute  l'année  sans  interruption. 

La  plupart  de*  ouvriers  travaillent  a  forfait;  les  mécaniciens  sont  employés 
à  la  journée. 

Eu  été,  la  journée  commence  à  six  heures  du  malin,  et  finit  à  iîi  heure* 
du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  avec  le  jour,  et  finit  à  sept  heures  du 
«.ir  (11. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées  ;  cependant  il  est  rare  que  l'on  tra- 
vaille pendant  la  nuit.  Les  jeunes  ouvriers  prennent  part  au  travail  extra- 
ordinaire. 

Il  y  a  deux  intervalles  île  repos  par  jour  :  le  premier  de  midi  à  une  heure 
et  demie,  et  le  second  de  quatre  heures  à  quatre  heures  et  demie. 

Fresque  tous  les  ouvriers  retournent  dîner  chez  eux  j  deux  ou  trois  seule- 
ment dînent  dans  l'atelier. 


(1)  La  règlement  port«  ;  ■  Les  ateliers  toron t  ouverts ,  depuis  le  I"  avril  jusqu'au 
30  septembre,  de  6  heures  du  matin  a  8  heures  du  soir;  et  depuii  le  I1'  octobre 
jui<|u>u  I  "  avril,  de  7  heures  du  matin  à  8  heures  du  toir.  • 


ïonzodur  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     525 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et,  le  lundi,  on  ne  travaille  que  jusqu'à 
quatre  heures  de  l'aprèa-dînée. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  subi  aucune  variation. 

Les  presniers  gagnent  de  3  a  4  fr.  par  jour. 

Les  compositeurs  sont  payéa  à  raison  de  30  centimes  par  heure,  ce  qui 
équivaut  à  ud  salaire  de  3  fr.  par  jour. 

Le»  metteurs  en  page  gagnent  de  S  a  6  fr.  par  jour. 

Le  conducteur  de  la' mécanique  gagne  S  fr.  par  jour. 

Les  jeunes  ouvriers  gagnent  de  50  centimes  à  1  fr.  par  jour. 

Tous  les  ouvriers,  jeunes  et  adultes,  «avent  lire  et  écrire. 

Leur  conduite  est  assex  bonne  ;  ils  sont  infiniment  moins  débauchés  qu'au- 

L'établissement  possède  une  caisse  qui  est  alimentée  par  les  amendes  stipu- 
lées dans  le  règlement;  cette  caisse  est  destinée  a  soulager  les  ouvriers, 
blessés  ou  malades  (t). 

La  plupart  des  ouvriers  font  partie  de  la  société  formée  par  les  typo- 
graphes, société  qui  possède  un  encaisse  assez  considérable. 

L'état  sanitaire  des  ouvriers  est  satisfaisant  ;  Ils  sont  rarement  malades. 

Le  chef,  sans  assurer  cependant  que  ce  résultat  puisse  être  attribué  à  la 
profession,  a  remarqué  qu'un  grand  nombre  de  compositeurs  devenaient 
phthisiques  ;  mais  ce  que  la  profession  produit,  ce  sont  des  tics  nerveux  , 
qui  font  faire  aux  compositeurs  les  grimaces  tes  plus  singulières. 

Il  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  celle  imprimerie. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres. 

Pour  être  admis  dans  les  ateliers,  il  faut  être  porteur  d'une  carte  ou  d'un 
livret  (art.  I™  du  règlement). 

L'établissement  est  dépourvu  d'une  pompe  à  incendie. 

■•es  ateliers  sont  spacieux,  bien  tenus,  et  offrent  de  suffisante*  conditions 
de  salubrité. 

ITtlLISSUtST  B. 

On  ;  occupe  vingt  ouvriers  ;  sur  ce  nombre,  il  va  trois  ou  quatre  apprentis 
de  neuf  à  douie  ans,  qui  sont  directement  engagés  par  le  chef  et  que  l'on 
occupe  à  coudre,  à  plier  et  à  trier  les  caractères. 

Le  travail  continue  toute  Tannée  sans  interruption. 

Tous  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée  ;  mais  afin  de  les  empêcher,  de 
dépenser  leur  argent  le  dimanche  et  te  lundi,  on  ne  les  paye  qlte  par  décade. 
Le  chef  se  loue  beaucoup  d'avoir  adopté  cette  mesure. 

La  journée  commence, en  été,  à  sept  heures  du  malin,  et  finît  à  sept  heure* 
du  soir.  En  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  huit  heure*  du  matin  et  finît  à  huit 
heure*  du  soir. 

(1)  La  destination  de  1*  caisse  des  amende!  n'eit  pas  précisée  dans  le  règlement; 
l'art.  22  dit  seulement  :  ■  Une  commission  de  huit  compagnons,  présidée  parle  direc- 
teur dos  ateliers,  décide  de  l'emploi  du  produit  des  amendes,  ■ 


a»,  Google 


r,U      CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Ce»  limitée  «ont  fréquemment  dépassées,  surtout  en  hiver;  en  général,  à 
partir  du  mois  d'octobre  on  travaille  jusqu'à  onie  heure»  du  soir  et  même 
jusqu'à  minuit  après  le  l"  novembre. 

Le»  jeune»  ouvriers  sont  quelquefois  obligés  de  prendre  part  an  travail 
extraordinaire. 

Il  y  a  deux  intervalle»  de  repos  par  jour  :  l'on  de  midi  à  deux  h  caret,  et 
l'antre  de  quatre  heure»  à  quatre  heure»  et  demie. 

Les  ouvrier»  prennent  leurs  repas  chez  eux. 

On  travaille  souvent  le  dimanche  jusqu'à  midi. 

Le  lundi,  on  ne  travaille  d'ordinaire  que  jusqu'à  quatre  heures. 

Le  salaire  dea  ouvriers  est  resté  le  ntéao*. 

Les   pressier»  gagnent.     .     .     .     fr.     3  50   par  jour. 
Le»  pressier»  demi 'compagnon».     —     2  00 
Les  compositeurs.    .     .     ...     —     3  B0 

Les  relieurs —     3  00 

Lessjeunes  ouvriers,  de  40  à  KO  c. 

Ces  dernier»  sont  payé»  par  le  chef. 

Il»  fréquentent  l'école  de  midi  à  une  heure  :  un  seul  sait  lire  el  écrire. 

Presque  tous  les  ouvriers  adultes  savent  lire  et  écrire. 

La  conduite  des  uns  et  des  autres  est  très-bonne. 

Il  n'y  a  pas  de  caisse  d'épargne  ou  de  fonds  de  réserve  pour  le»  malade»; 
mai»  les  ouvriers  font  partie  de  l'association  des  typographes,  et  lorsqu'il» 
•ont  malades  ils  reçoivent  gratuitement  le»  soin»  d'un  médecin  et  les  médi- 
caments, plut  un  secours  eu  argent  de  2  fr,  S0  par  jour  pendant  les  trois 
premiers  moi»,  de  1  fr.  50  pendant  les  trots  mois  suivants  et  enfin  de  1  fr.  83 
pendant  les  trois  autre»  moi». 

L'état  sanitaire  de»  ouvriers  est  satisfaisant  ;  le  chef  n'a  pas  observé  que 
la  profession  exposât  le*  ouvriers  à  quelque  maladie  particulière. 

Il  ne  pense  pas  qu'il  ail  y  de»  ouvrier»  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres. 

11  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mais  on  exige  le  dépôt 
du  livret. 

Il  n'y  a  pas  de  pompe  à  incendie  dan»  l'établissement. 

Les  atelier»  sont,  en  général,  trop  petits  (1). 

BTlBLlSMMtaT  C. 

On  y  occupe  trente-huit  ouvriers  adulte». 

Ces  ouvriers  y  trouvent  du  travail  toute  l'année. 

Il»  travaillent  tous  à  forfait. 

En  été,  les  travaux  commencent  à  quatre  heures  et  demie  du  malin,  et 
finissent  à  huit  heures  et  demie  du  soir. 

En  hiver,  ils  commencent  à  huit  heures  et  demie  du  matin,  et  finissent 
à  neuf  heures  du  soir. 

Ces  limite»  sont  souvent  dépassées,  et  il  arrive  fréquemment  qu'on  tra- 
vaille une  partie  de  la  nuit,  c'est-à-dire  jusqu'à  once  heure*  ou  minait. 

(I)  Ils  sont  actuellement  très-beaux,  trfci-vattes  et  Irts-anlubre*. 

Digilizedby  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     526 
Il  n'y  a  qu'un  seul  intervalle  de  repos,  de  midi  *  une  heure. 
Les  ouvrier»  retournent  diner  chei  eux. 
Ou  travaille  quelquefois  le  dimanche. 

Le  chômage  du  lundi  est  assez  habituel  ;  le*  ouvrier*  travaillent  tout  au 
plus  jusqu'à  midi  :  cependant,  lorsqu'il  y  ■  de*  travaux  pressants,  ils  travail- 
lent toute  la  journée. 

Le  salaire  de*  ouvrier*  n'a  pas  éprouvé  de  variation. 

Les  compositeur*  gagnent  de.    13  à  20  francs  par  semaine. 

Le*  premiers 85   à   30  — 

Le*   demi-compagnons.  «     1H  environ. 

On  certain  degré  d'instruction  est  indispensable  aux  ouvriers  imprimeur*  : 
le*  compositeurs  sont,  en  général,  assez  instruit*;  les  pressiers  le  sont  moins, 
mai*  tous  cependant  savent  lire. 

La  conduite  des  ouvriers  est  bonne ,  si  le  chef  doit  en  juger  d'après  celle 
qu'ils  tiennent  dan*  l'atelier. 

Il  n'y  a  pas  de  caisse  d'épargne ,  ni  de  fonds  de  réserve  pour 
les  malades.  Mais  les  ouvriers  typographes  de  Bruxelles  ont  formé 
deux  caisses  de  prévoyance,  qui  sont  alimentées  par  des  versements 
mensuels  de  1  fr.  50  c.  par  mois  pour  chaque  ouvrier.  Lorsqu'ils 
tombent  malades ,  ils  reçoivent  gratuitement  les  soins  médicaux 
et  les  médicaments  nécessaires,  plus  une  indemnité  de  2  fr.  50  o. 
par  jour. 

L'état  sanitaire  est  assez  satisfaisant  :  en  général ,  l'été  est  plus 
nuisible  aux  ouvriers  que  l'hiver  ;  ils  sont  sujets,  en  été,  a  de  fré- 
quents maux  de  tête ,  mais  le  chef  suppose  que  cela  tient  à  ce  que 
dans  cette  saison,  ils  ont  plus  souvent  l'occasion  de  se  livrer  à  des 
excès,  par  tuile  des  nombreuses  fêtes  qu'offrent  Bruxelles  et  les 
environs.  Du  reste,  il  ne  pense  pas  que  la  profession  expose  1 
quelque  maladie  particulière;  autrefois  quelques  compositeurs 
étaient  atteints  de  colique  métallique  parce  qu'ils  avaient  l'habitude 
de  tenir  des  caractères  en  bouche;  mais  aujourd'hui  ce  mal  a  dis- 
paru avec  l'habitude  qui  le  faisait  naître. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres.  Beaucoup 
sont  mariés  :  leur  logement  est,  en  général,  propre  et  sain. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline  ;  cependant  ou  y  tient  la 
main  à  l'exécution  de*  prescriptions  relative*  au  livret.  Cette  mesure  est 
bonne,  mai*  l'autorité  délivre  de*  livrets  avec  une  trop  grande  facilité. 

L'atelier  est  vaste  et  salubre. 


Digilizedby  GOOgle 


526     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 


[  SI.  —  Atelier  «e  coloriage. 


fTlIllMUEST   A. 

On  y  occupe  cinquante  deux  ouvriers  :  sur  ce  nombre  il  y  a  dix  hommes 
adulte* ,  trente  enfant*  au-dessous  de  l'âge  de  quinze  an*,  et  douze  jeunes 
ouvrières. 

Le»  enfants  sont  engagés  par  les  ouvriers:  chaque  ouvrier  engage  on  cer- 
tain nombre  d'enfant*  qui  travaillent  sous  se*  ordre*  et  *a  direction,  et  dont 
il  est  le  véritable  chef.  On  peut  employer  le*  enfants  dès  l'âge  de  huit  an*. 

Le  travail  continue  toute  l'année,  sans  interruption. 

Tout  les  ouvriers  travaillent  à  la  pièce. 

En  été,  le  travail  commence  i  sept  heures  du  matin,  et  ne  finit  qu'à  hait 
ou  neuf  heures  du  soir.  En  hiver,  il  ne  commence  qu'à  huit  heure*  du  malin, 
et  finit  a  la  nuit  tombante. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassée*  et  il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Il  y  a  une  heure  et  demie  de  repos  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre 

Les  ouvrier*  retournent  ehe;  eux  pour  dîner:  le  goûter  se  fait  dans  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Les  ouvriers  chefs  gagnent  d'assez  bonnes  journée*,  mais  qu'il  est  impos- 
sible d'évaluer. 

On  estime  que  le*  enfants,  qui  sont  payés  par  les  ouvriers  chefs,  peuvent 
gagner  de  23  à  HO  centimes  par  jour. 

L'instruction  de*  enfant*  est  tout  h  fait  nulle. 

Les  ouvriers  chefs  ont  quelque  instruction. 

Les  jeunes  filles  travaillent  dans  un  atelier  distinct,  qu'il  ne  nous  a  pas  été 
permis  de  visiter:  le  chef  semble  les  tenir  dans  nne  espèce  de  charlre  privée... 

La  conduite  des  ouvriers  en  général  est  bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

L'état  sanitaire  des  ouvriers  est  satisfaisant.  Le  chef  ne  connaît  aucune 
maladie  particulière  à  la  profession,  et  estime  que  celle-ci  n'a  aucune  influence 
défavorable  sur  le  développement  physique  des  enfanta. 

Ceux-ci,  â  la  vérité,  ne  sont  soumis  à  aucun  travail  fatigant;  mais  la  durée 
de  leur  travail  (onze  ou  douze  heures),  la  position  assise,  l'inaction  du  corps, 
la  respiration  d'un  air  plus  ou  moin*  vicié,  la  privation  de  jeux  et  d'exer- 
cice en  plein  air,  constituent  certes  autant  de  causes  nuisibles  au  parfait 
développement  des  diverses  parties  de  l'organisme. 

Le*  parents  d'un  grand  nombre  d'enfants  sont  inscrit*  sur  la  liste  de* 
pauvres.  • 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mais  le*  ouvrier*  doi- 
vent être  munis  d'un  livret,  et  le»  enfant*  d'une  carte. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     527 
L'atelier  que  nous  avoua  vitïLé  est  sont  le  toit  :  il  est  beaucoup  trop  bis, 
trop  petit  et  trop  étroit  eu  égard  au  nombre  d'ouvrier»  et  d'enfant*  qui  ;  tra- 
vaillent ;  l'air  y  manque  et  l'on  y  respire  à  peine.  Le  séjour  dans  cet  atelier 
doit  être  insupportable  pendant  l'été. 


ÉTSKIMUSKT  -*■ 

L'atelier  comprend  dix-huit  métiers  à  tisser,  et  le  chef  en  occupe  encore 
environ  soiiante,  disséminés  de  droite  et  de  gauche  dans  la  campagne. 

Il  occupe  chez  lui  seize  ouvriers  tisserands  et  deux  enfants  qui  sont  enga- 
gés par  les  ouvriers,  et  que  l'on  emploie  à  faire  la  trame. 

Le  travail  continue  tonte  Tannée. 

Les  ouvriers  et  les  «niants  travaillent  a  la  pièce, 

Eu  été,  le  travail  commence  à  cinq  heure*  du  matin,  et  ne  finit  qu'a  la 
chute  du  jour  ;  en  hiver,  il  commence  aveu  le  jour ,  et  finit  à  huit  heure*  du 

Ce*  limites  ne  sont  jamais  dépassées,  et  il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

La  durée  du  travail  est  la  même  qu'autrefois. 

Les  ouvriers  ont  une  demi-heure  de  repos  le  malin,  une  heure  à  midi,  et 
une  demi-heure  a  quatre  heure*. 

Ceux  dont  le  domicile  est  éloigné  prennent  leurs  repas  dan*  l'atelier;  les 
autres  retournent  chei  eui. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche. 

Le  lundi,  on  ne  fait  que  trois  quarts  de  journée. 

Le  salaire  des  ouvrier*  a  considérablement  diminué  ;  les  ouvriers  gagnent 
actuellement  1  fr.  90  c.  de  moins ,  par  pièce ,  qu'il  y  a  sis  an*  ;  et ,  si  l'on 
se  reporte  i  l'année  1 850,  on  peut  dire  que  leur  salaire  a  diminué  de  moitié. 

Un  tisserand  doit  maintenant  travailler  sans  relâche  pour  gagner  1  fr.  par 
jour  ;  il  en  est  même  qui  ne  gagnent  pas  50  centimes  par  jour. 

Le*  entants  de  onze  à  douie  ans,  employé*  comme  tpoititurt,  et  garnis- 
sant de*  navettes  pour  trois  tisserands,  gagnent  1  fr.  63  c.  par  semaine, 
encore  i»ul-il  qu'il*  soient  bons  travailleurs. 

lia  sont  toujours  payé*  par  les  ouvriers  qui  te*  emploient. 

L'instruction  de*  enfant*  ett  à  peu  près  nulle;  celle  des  tisserands  est 
tout  à  fait  nulle. 

Leur  conduite  est  assez  bonne. 

L'état  sanitaire  est  généralement  satisfaisant  ;  la  profession,  par  elle-même, 
n'est  pas  nuisible  ;  quand  elle  le  devient ,  il  faut  en  chercher  la  cause  dans 
les  ateliers  :  ainsi,  dit  le  chef,  tons  ceux  qui  travaillent  dans  des  ateliers 
bas  et  humides,  sont  bientôt  rhumalisé*  et  perclus. 


^y  Google 


SS8     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DR  BRUXELLES. 

Beaucoup  d'ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  ;  leur 
état  d'indigence  ne  peut  être  attribué  qu'à  la  diminution  des  salai- 
res et  aux  charges  qui  résultent  de  l'entretien  d'une  nombreuse 
famille;  On  ne  peut  se  Faire  une  idée  de  la  misère  qui  existe  chez 
les  ouvriers  tisserands  :  leurs  habitations  sont  mauvaises,  étroites, 
malpropres  et  humides,  et  leur  nourriture  grossière,  se  composant 
de  soupe  et  de  mauvais  pain  de  seigle ,  est  souvent  insuffisante  : 
ils  mangent  tout  au  plus  de  la  viande  une  fois  par  an,  le  jour  de  la 
kermesse.  Le  chef  est  souvent  obligé  de  leur  faire  des  avances 
d'argent,  afin  de  les  mettre  A  même  de  se  procurer  au  moins  les 
choses  les  plus  nécessaires ,  telles  que  du  pain  et  des  pommes  de 
terre. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 
Le»  prescriptions  relatives  an  livret  ne  sont  pas  observée*. 
L'atelier  nous  a  paru  un  peu  bas  ;  il  n'est  pas  exempt  d'humidité ,  et  nous 
avons  remarqué,  avec  regret,  que  le  sol  est  en  terre  battue. 

ÊT1BLISS1BSHT    B. 

On  y  occupe-  neuf  -cent  cinquante-deux  ouvriers,  que  Ton  peut  classer 
comme  suit  : 

De  uèuf  à  douie  ans.  ...  4 
■»  douze  à  seize  ■  .  '.  ;  10 
s  .seize  à  vingt  et  un  ..  90 
■      vingt  et  un,  et  au-dessus.     03 

.97  hommes. 
.     .     .  888 


Le  travail  ne  commence  qu'au  mois  d'octobre,  et  finit  au  mois  de  mars  ; 
quatre  ou  cinq  ouvriers  seulement  travaillent  tonte  l'année. 

Tous  les  ouvriers  travaillent  A  forfait.  Les  enlànt»  sont  engagés  par  le  chef; 
six  d'entre  eus  travaillent  avec  leurs  parents. 

On  se  procure  très-facilement  les  jenbes  ouvriers;  ceui-ci  viennent  se 
présenter  d'eux-mêmes ,  et,  comme  l'établis  sèment  a  été  institué  pour  donner 
de  l'ouvrage  A  ceux  qui  en  manquent,  on  reçoit  les  enfants  qui  se  trouvent   . 

Les  enfants  de  neuf  à  douze  an»  sont  employés  à  61er  et  a  éplucher  la  laine; 

ceux  de  doute  â  seixe  ans  ejw «lent  (garnissent  la  navette)  et  filent  la  laine. 

Depuis  quelques  années ,  il  y  a  eu  une  diminution  notable  dans  le  nombre 

des  jeunes  ouvriers,  parce  que  peu  d'enfants  sa  sont  présentés  pour  demander 

de  l'ouvrage. 


DglizedOy  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ETABLfSSEM.  LNDtfS'fRIfcLS  DU  BRABANT.      539 

-     En  automne ,  le  travail  commence  à  sept  heure*  du  matin ,  et ,  en  hiver ,  à 
huit  heures.  On  ne  travaille  jamais  que  jusqu'à  sept  heure*  du  soir. 

La  dnrëe  du  travail  est  restée  la  même;  mai»,  il  y  u  quelques  années, 
l'atelier  a  été  en  vert,  pendant  l'été,  et  l'on  travaillait  alors  une  heure  4e 
plu.. 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  les  eufanti  par  relais;  cette  mesure 
est  jugée  inutile,  parce  que  le  travail  n'est  pas  pénible,  ui  au-dessus  de* 
force*  de*  enfants. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  naît. 

Le*  ouvrier*  ont  ane  demi-heure  de  repos  le  matin,  une  heure  à  midi,  et 
une  demi-heure  à  quatre  henreâ. 

Il*  vont  prendre  leur*  repas  shei  an. 

On  ne  travaille  jamai*  le  dimanche. 

La  plupart  de*  ouvrier*  sont  enclins  à  ebAmer  le  Inndi,  on,  au  moins,  à 
travailler  moins  qtie  le*  autre*  jours. 

Le  salaire  de*  ouvrier*  n'a  pas  éprouvé  de  variation. 

Le*  tisserand*  peuvent  gagner  de  9  à  10  fr.  par  semaine. 

Le*  enfants  employé*  conjaie  épmUtun  «ont  payé*  par' le*  ouvrier*. 

Le*  enfant*  actuellement  employé*  ne  fréquentent  aucune  école,  parce 
qu'il*  n'en  ont  pas  le  temps;  leur  instruction,  comme  celle  des  ouvrier* 
adultes,  se  réduit  a  très-peu  de  chose. 

Lerir  conduite  est  bonne. 

11  n'y  a  pas  de  caisse  d'épargne,  ou  de  fonds  de  réserve  pour  le»  malades. 
Les  ouvriers  malade*  sont  reçu*  à  l'hôpital  civil.  L'état  sanitaire  est,  du  reste, 
satisfaisant  ;  il  y  a  rarement  de*  malades,  et  le  directeur  n'a  pas  observé  que    - 
Je  travail  exerçât  quelque  influence  nuisiblesur  lé  développement  de»  enfants, 
on  sur  la  santé  des  ouvrier*. 

Tons  les  ouvrier*  sont  inscrit*  sur  la  liste  des  pauvres;  leur  inscription 
sur  cette  liste  est  même  la  condition  imposée  a  leur  admission  dans  l'atelier. 

Il  y  a  un  règlement  d'ordre.  L'établissement  est  bien  tenu,  salubre  et  bien 
dirigé.  Il  serait  a  désirer  qu'on  en  élevai  de  semblables  dan*  toute*  le*  ville* 
populeuses. 

ÉTiai.injtniRT  C.  —  Fabrique  tTttoffei  de  crin  et  de  litige  da-matté. 

On  y  occupe  ordinairement  de  soixante  à  quatre-vingts  ouvrier*  adultes; 
cinq  ou  six  jeune*  filles  et  quinze  à  vingt  enfants  de  l'âge  de  huit  à  neuf  ans. 

Le  travail  continue  toute  Tannée  san*  interruption. 

Presque  tous  le*  ouvriers  travaillent  i  la  pièce. 

La  moitié  environ  des  enfants  est  engagée  par  le  chef;  l'autre  moitié  est 
engagée  par  les  tisserands.  La  plupart  des  tisserands  emploient  leurs  enfants 
aussitôt  que  leur  âge  le  permet.  . 

lies  enfants  sont  employé*  comme  bobineurs,  comme  peîgneur*  de  crin  et 
comme  donneur*.  Ou  appelle  donneur  l'enfant  qui  aide  le  tisserand  en  crin  : 
c'est  un  véritable  automate,  assis  sur  une  traverse  de  bois  faisant  corps  avec 


^y  Google 


530    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

le  métier,  et  qui  n'a  d'antre  occupation  que  de  présenter  des  fil*  de  crin, 
que  l'ouvrier  saisit  avec  un  crochet. 

L»  journée  commence,  en  été,  à  cinq  heure»  du  matin,  et  finit  à  huit  licurei 
du  soir.  En  hiver,  elle  ne  commence  qui  six  heures  du  matin,  et  finit  à 
huit  heures  du  soir. 

Ces  limites  ne  sont  dépassées  que  dans  des  circonstances  rares,  alors  que  des 
commandes  pressantes  exigent  qu'on  travaille  la  nuit  ;  le  travail  de  nuit  n'a 
ordinairement  lieu  que  pour  les  tisserands  en  crin  :  les  enfants  employés 
comme  donneurs  doivent  alors  forcément  prendra  paît  au  travail  extraor- 

La  durée  du  travail  est  la  même  qu'autrefois. 

Les  ouvriers  ont  déni  heures  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure  le  matin, 
une  heure  s  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Ils  prennent  tous  leurs  repas  au  dehors. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  le  lundi,  on  ne  travaille  que  jusqu'à 
quatre  heures  et  demie. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  pas  éprouvé  de  variation. 

Les  tisserands  en  crin  gagnent  de  12  à  15  fr.  par  semaine;  les  tisserands 
en  tïnge  damassé  {au  métier  à  la  Jacquarl}  gagnent  de  10a  M  fr.  par  semaine, 
et  les  enfants  gagnent  à  peu  prés  t  fr.  HO  c.  dans  le  même  espace  de  temps. 

Les  tisserands  en  crin  et  en  linge  doivent  prélever  le  salaire  de  leurs  hobi- 
neurs  et  donneurs  sur  le*  sommes  que  nous  venons  d'indiquer.  Le*  enfants 
employés  comme  peigneurs  de  crin  sont  seuls  payés  par  le  chef. 

L'instruction  des  enfants  est  très-bornée  ;  elle  est  presque  nulle. 

Une  dizaine  d'adultes,  tout  au  plus,  savent  lire  et  écrire. 

Il  est  des  ateliers  où  travaillent  en  commun  des  ouvriers  de*  deux  sexes. 

La  conduite  des  ouvriers  est  en  général  bonne. 

L'établissement  possède  une  caisse  d'amendes  dont  le  produit  est  destiné 
à  venir  en  aide  aux  ouvriers  malades.  Celte  caisse  est  quelquefois  riche  de 
300  à  600  fr.  Lorsqu'un  tisserand  tombe  malade,  on  lui  accorde  un  secours 
de  5  fr.  par  semaine  :  le  peigneur  n'a  droit  qu'à  un  secours  de  3  fr.  Dans 
tons  les  cas,  l'indemnité  n'est  accordée  qu'après  quinxc  jour*  de  maladie- 

L'état  sanitaire  de*  ouvriers  est  satisfaisant. 

Le  chef  n'a  pas  remarqué  que  la  profession  disposât  les  ouvriers  k  quelque 
maladie  particulière,  ou  qu'elle  exerçât  quelque  influence  défavorable  sur  le 
développement  des  enfants. 

It  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  ;  il  ne  le  pense 
pas,  car  tous  lui  paraissent  jouir  d'une  certaine  aisance. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline  :  des  amendes  de  33  cen- 
times à  I  franc  sont  appliquées  aux  ouvriers  qui  arrivent  trop  lard  à  l'atelier. 

lies  prescriptions  relatives  au  livret  ne  sont  pas  exécutées. 

Les  ouvriers  n'exercent  jamais  de  voies  de  fait  sur  les  enfants. 

L'atelier  où  sont  les  métiers  à  la  Jacquarl  pour  le  linge  damassé  est 
spacieux  et  salubre  :  celui  des  tisserands  en  crin  laisse  quelque  chose  à 


^y  Google 


EKQIÊIE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.  5X1 
désirer  sou*  le  rapport  de  l'espace  et  de  l'air;  celui  des  peigneura  est  mau- 
vais, il  est  situé  «on*  le  toit  et  manque  d'aérage  :  le  peignage  du  crin  consti- 
tuant l'opération  la  plus  taie,  l'atelier  devrait  offrir  de  pin*  nombreuses  con- 
ditions de  salubrité. 

iTsaLiMiaiRt  D.  —  Fabrique  d'e'taffet  de  loin»,  drapt  moyen  et  mnmiin, 

On  y  occupe  douze  ouvriers  ;  sur  ce  nombre  il  y  a  cinq  adultes  ;  tes  autres 
•ont  des  enfants  d'une  dizaine  d'années. 

Le  travail  était  ordinairement  continu  tonte  l'année  ;  actuellement  l'indus- 
trie est  tombée  à  rien,  et  l'on  chôme  quelquefois. 

Tons  les  ouvriers  travaillent  à  la  pièce. 

Les  enfants  sont  engagés  par  les  ouvriers  :  ils  sont  employé*  à  faire  des 
bobines  et  à  arranger  les  chaîne*. 

En  été,  le  travail  commence  à  cinq  heure*  et  demie  du  matin,  et  finit  a 
sept  heure*  du  soir.  En  hiver,  il  commence  et  finit  avec  le  jour. 

Il  y  a  un  intervalle  de  repos  de  midi  a  nne  heure.  Travaillant  à  la  pièce, 
les  ouvrier*  peuvent  encore  prendre  du  repos  quand  cela  lenr  convient. 

Ils  retournent  chez  eux  pour  le  dîner. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche. 

Quelque*  ouvriers  chôment  le  lundi. 

Le  salaire  de*  ouvriers  n'a  pas  éprouvé  de  variation. 

Un  bon  ouvrier,  travaillant  bien,  peut  gagner  il  fr.  par  jour.  Sur  ce  gain, 
il  doit  prélever  le  salaire  de  son  t'pouleur  (bobineur),  qui  est  de  28  centime* 

L'instruction  des  enfant*  est  nulle  on  presque  nulle,  et  cela  n'a  rien 
d'étonnant,  attendu  qu'on  les  accepte  dès  l'âge  de  sept  ou  huit  ans. 

L'instruction  des  adulte*  est  à  peu  près  nulle  aussi. 

La  conduite  des  un*  et  des  autres  est  assez  bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malade*. 

L'état  sanitaire  ne  laisse  rien  à  désirer  :  la  profession  n'a  rien  d'insalubre 
et  n'ezerce  aucune  influence  nuisible  sur  le  développement  de*  enfant*. 

Le  chef  ignore  s'il  j  a  des  ouvriers  inscrit*  *ur  la  liste  des  pauvre*. 

Il  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  cette  fabrique. 

Il  n'y  a  pa*  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mais  les  livrets  «ont 
demandé*. 

Le*  ateliers  sont  vastes  et  (alubres,  mais  ils  sont  malpropre*  et  peu  «oigne*  : 
tout  annonce  que  cet  établissement  est  en  pleine  décadence. 

ZTlILlMZazST  S. 

Fabrique  d'étoffes  de  laine ,  qui  occupe  cent  soixante-deux  ouvriers  :  sur 
ce  nombre  il  y  a  quarante  homme* ,  quarante-quatre  femme*  et  soixante- 
huit  enfants. 

Les  enfants  sont  engagés  par  les  ouvriers  :  un  grand  nombre  travaillent 
dans  la  fabrique  avec  leurs  parenla. 


^y  Google 


552    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

On  Ici  prend  dé»  Fige  de  huit  et  même  de  sept  ans.  Dé*  Tige  de  quatorze 
an»,  ils  aent  employé*  comme  ouvriers  tisserands. 

Les  jeune*  enfante  sont  employés  à  faire  de*  bobine*. 

Le  travail  continue  toute  l'année,  «ans  interruption. 

lie*  tisserand»  trayaillent  i  la  pièce,  les  épluebense*  et  le*  bobinenr*  an 
poids,  et  quelques  jeunes  filles  à  la  journée. 

La  journée  commence  à  six  heures  du  matin,  et  finit  i  sept  heures  du  soir. 
Les  enfant*  ne  travaillent  que  de  six  heure*  du  matin  à  dix  ou  onae  heures, 
et  l'après-dînée  de  une  à  cinq  heure*. 

En  été,  le*  ouvrier*  font  toujours  un  quart  de  journée  de  plu*. 

Ces  limite*  ordinaire*  ne  tout  jamais  dépassées,  et  il  n'y  a  jamais  de  travail 

La  mesure  qui  fixerait,  selon  le*  Ages,  nu  maximum  de  durée  pour  le  tra- 
vail de*  enfant»,  serait  préjudiciable  à  l'industrie. 

Les  ouvrier!  ont  trois  intervalles  de  repos  par  jour  :  une  demi-heure  le 
matin ,  une  heure  et  demie  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Tou*  retournent  dîner  chec  eux;  le  déjeuner  et  le  goûter  se  font  dan* 
l'établitte  ment. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche. 

Le  lundi ,  les  ouvrier*  ne  font  ordinairement  que  trois  quarts  de  journée. 
I<e  salaire  dei  ouvrier»  est  resté  a  peu  près  le  même  ;  cependant  il  a  plu- 
tôt augmenté  que  diminué. 

En  été,  le*  tisserands  peuvent  gagner,  tou*  frai*  déduite,  environ  lit  francs 
par  semaine. 
Le*  homme*  employés  à  la  journée  gagnent  1  fr.  45  c.  par  jour. 
Le»  femmes  gagnent  82  centimes  par  jour. 

On  estime  néanmoins  que  le*  enfants  de  dix  ans,  aidant  le*  tisserand»,  peu- 
vent  gagner  de  3  à  4  franc*  par  semaine. 

Tous  les  enfant*  étant  payé*  par  les  ouvriers ,  on  ne  saurait  dire  combien 
ils  gagnent  par  jour. 

L'instruction  des  enfants  est  en  général  très- négligée  ;  quelques-uns 
cependant  fréquentent  le»  école*. 

Un  quart  des  tisserand*  A  peu  près  savent  lire  j  ce  sont  surtout  les  jeunes 
tisserands  qui  ont  quelque  instruction.  - 
Les  ouvriers  des  deux  sexes  travaillent  dans  des  ateliers  séparé*. 
La  conduite  des  tisserands  est  mauvaise  i  une  bonne  moitié  mène  une  vie 
déréglée  et  se  livre  à  l'ivrognerie.  Malgré  une  surveillance  active,  beaucoup 
de  tisserand*  apportent  du  genièvre  dans  les  ateliers,  le  genièvre  étant  leur 
boisson  favorite. 

H  n'y  a  ni  caisse  d'épargne ,  ni  fond»  de  réserve  pour  les  malades.  Plu- 
sieurs fois  on  a  tenté  de  créer  de  semblable*  caisses,  mais  on  n'a  pu  vaincre 
l'obstination  de  l'ouvrier. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant  ;  les  ouvrier*  (ont  rarement  malades,  et  la 
profession  n'expose  à  aucune  maladie  particulière. 
Le  travail  n'est  {ta*  nuisible  non  plus  aux  enfants  :  on  a  même  remarqué 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE!!.  IMHJSTBJELS  DU  BRABANT.  555 
que  ceux  qui  arrivaient  malingres  à  l'atelier,  acquéraient  bientôt  de»  condi- 
tions de  tante  beaucoup  plui  avantageux». 

Il   n'est  jamais'arrivé  aucun  accident  dans  celte  fabrique. 

Presque  tous  les  tisserands  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres  ;  on  ne 
peut  attribuer  leur  état  d'indigence  qu'à  leurs  dérèglements  et  à  l'ivro- 
gnerie. 

Les  ateliers  des  tisserands  sont  vastes ,  mais  on  y  a  placé  trop  de  métiers  ; 
il  y  a  là  un  véritable  encombrement  qui,  joint  au  peu  d'élévation  des  plafonds, 
et  aux  émanations  provenant  des  laines  et  des  huiles  employées,  rend  ces 
ateliers  d'autant  plus  insalubres  qu'il  y  a  peu  ou  point  de  moyens  de  venti- 
lation. 


ÎT11UBSEBUBT    F.     , 


On  y  occupe  cinqpante  tisserands,  et  environ  autant  d'enfants  de  sept, 
huit  et  neuf  ans. 

Ces  enfants  sont  engagés  par  les  ouvriers ,  qui  se  les  procurent  très-aisé- 
ment. Beaucoup  d'enfants  travaillent  avec  leurs  parents.  On  les  occupe  à  . 
faire  des  bobines  et  i  dévider  le  coton. 

Tous  les  ouvriers  travaillent  à  la  pièce. 

Le  travail  commence  aussitôt  qu'il  fait  jour,  et  ne  finit  qu'à  la  nuit  tom 

II  est  très-rare  que  l'on  travaille  la  nuit,  mais  lorsque  cela  arrive,  les 
enfants  doivent  y  prendre  part  et  aider  les  ouvriers. 

Il  y  a  deux  heures  de  repos  par  jour:  une  demi -heure  le  malin,  une  heure 
à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Les  repas  ont  toujours  lieu  au  dehors. 

On  travaille  quelquefois  le  dimanche. 

Très-peu  d'ouvriers  chôment  le  lundi. 

lie  salaire  des  ouvriers  a  considérablement  diminué  :  celle  diminution  est 
de  moitié. 

Les  tisserands  peuvent  gagner  actuellement  tout  au  plus  1  fr.  413  c.  par 
jour,  en  travaillant  depuis  le  lever  jusqu'au  coucher  du  soleil. 

Les  enfants  ne  gagnent  guère  que  30  centimes  par  jour. 

Ils  sont  payés  parles  ouvriers  qui  les  emploient. 

Les  enfants,  comme  les  adultes,  sont  de  l'ignorance  la  pins  déplorable  : 
leur  instruction  est  à  peu  près  nulle. 

Leur  conduite  est  assez  bortue. 

La  profession  exerce  une  influence  défavorable  sur  la  santé  des  ouvriers 
et  des  enfants;  beaucoup  deviennent  poitrinaires. 

Plusieurs  ouvriers  sont  inscrits  sur'  la  liste  des  pauvres  ;  leur  condition 
est  des  plus  malheureuses,  car  leur  rude  travail  leur  procure  à  peine  les 
moyens  de  pourvoir  à  leur  subsistance  par  une  alimentation  grossière  et  peu 
rép.r.tricc. 


3,,  i,.dB,  Google 


53*    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 


On  y  occupe  quarante -deux  ouvriers  adulte»  et  vingt-deux  enfant». 

Le*  Ouvriers  sont  occupé»  toute  l'année. 

Les  ouvriers  et  les  enfant»  travaillent  à  la  pièce. 

Les  enfants  sont  engagés  par  le  chef. 

On  ne  ae  procure  pas  trop  facilement  le»  enfant»,  surtout  à  l'époque  de  la 


Les  enfant*  tout  occupe»  à  faire  de»  fuseaux. 

En  été,  le  travail  commence  à  cinq  heure*  du  matin,  et  finit  a  huit  heure» 
du  soir  ;  en  hiver,  il  ne  commence  qu'à  six  heures  du  matin,  et  finit  a  huit 
heure»  du  *oir. 

Ces  limite»  ne  sont  jamais  dépassées. 

La  durée  du  travail  n'a  pas  varié. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  malin,  une  beure  à  midi,  et  une  demi- 
heure  à  quatre  heures. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche. 

On  ne  chôme  pas  le  lundi  ;  mais ,  en  général,  on  ne  travaille  que  depuis 
huit  heure»  du  matin  jusqu'à  quatre  heure»  de  l'après-diuée. 

Le»  ouvrier»  ne  prennent  pa»  leur*  repa»  dans  l'atelier. 

II  y  a  eu  une  diminution,  dan*  le*  salaire»,  d'environ  un  quart. 

Le»  ouvrier»  adultes  gagnent  Je  1  fr.  à  I  fr.  50  c.  par  jour. 

Le  salaire  des  enfants  varie  selon  qu'il*  font  des  fuseaux  pour  un  ou  deux 
tisserands. 

L'instruction  de»  enfants  est  à  peu  près  nulle;  quelques-un»  fréquentent 
l'école  dominicale,  le  dimanche. 

Plus  de  la  moitié  des  ouvriers  adultes  ne  savent  ni  lire  ni  écrire. 

La  conduite  des  ouvriers  est  asseï  bonne  ;  il  y  a  quelque»  buveurs  :  cepen- 
dant ils  «ont  en  petit  nombre. 

1)  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le»  malades. 

La  santé  des  ouvrier*  est  a*»ez  bonne  ;  cependant  le  chef  convient  qu'elle 
est  parfois  délabrée  par  te  travail ,  et  que  quelque»  ouvrier*  deviennent 
pbtbi»iquet. 

Quelques  ouvriers  sont  inscrits  «ur  la  liste  des  pauvre*  ;  le  chef  attribue 
leur  état  d'indigence  aux  charges  qu'ils  ont  à  supporter  du  fait  de  leur  nom- 
breuse famille,  et  aux  maladie*  qui  le*  forcent  quelquefois  d'interrompre  le 

On  demande  le  dépôt  du  livret;  mais  cette  mesure  eal  eu  général  peu 
exécutée. 

Les  ateliers  «ont  malsains,  froid»  et  humides;  construit»  sur  un  terrain 
marécageux,  il»  sont  trop  bas  de  plafond  et  mal  aérés. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ETABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BKABANT.     555 

tTlSLIMMlST  H. 

Atelier  mesurant  environ  trois  mètrei  et  demi  de  hauteur ,  quatre  et  demi 
de  largeur,  et  sept  de  longueur,  dans  lequel  ae  trouvent  huit  métier»  à 
Iraser  :  aix  de  ce*  métiers  sont  occupés;  deux  chôment. 

Il  y  a  aîi  ouvriers,  et  quatre  enfants  qui  font  de*  trame*. 


Les  ouvriers  sont  en  demi-pension  chez  le  chef,  c'est-à-dire  qu'ils 
donnent  9  Centimes  pour  leur  coucher  (par  nuit),  et  3  fr.  15  c. 
par  semaine  pour  leur  nourriture.  On  leur  fournit  pour  ce  prix 
deux  fois  du  café  ,  et  deux  fois  de  la  soupe  par  jour  ;  trois  fois 
par  semaine  ils  ont  de  la  viande  bouillie,  et  le  vendredi  ils  ont  du 
stoltvisch  ;  ils  doivent  acheter  le  pain  a  leurs  frais.  Les  objets  de 
couchage  se  composent  d'une  paillasse  pour  deux  ouvriers ,  d'une 
paire  de  draps  et  d'une  couverture. 

Ces  ouvriers  peuvent  gagner  environ  9  francs  par  semaine,  bien 
entendu  quand  ils  ont  le  bonheur  d'avoir  de  l'ouvrage;  mais,  pour 
gagner  9  francs ,  ils  doivent  travailler  dès  le  point  du  jour,  et  ne 
cesser  qu'a  onze  ou  douze  heures  de  la  nuit. 

Les  enfants,  travaillant  depuis  le  point  du  jour  jusqu'à  neuf 
heures  du  soir,  peuvent  gagner*2  francs  par  semaine.  Ces  enfants 
sont  payés  par  le  chef  d'industrie ,  qui ,  tant  pour  le  prêt  de  ses 
métiers,  que  pour  les  courses  qu'il  a  à  faire  et  les  peines  qu'il  doit 
se  donner  pour  trouver  du  travail ,  que  pour  s'indemniser  des 
salaires  qu'il  paye  aux  enfants,  prélève  toujours  un  franc  sur  6  fr. 
gagnés  par  les  ouvriers. 

Ainsi,  supposons  l'ouvrier  gagnant  9  francs  par  semaine,  et 
déduisons  de  ce  gain  3  fr.  15  c.  pour  la  nourriture,  63  centimes 
pour  le  coucher,  et  1  fr.  80  c.  pour  la  redevance  qu'il  a  à  payer 
à  celui  qui  lui  prête  les  métiers  et  lui  procure  du  travail ,  il  lui 
restera  en  tout  3  fr.  93  c,  sur  lesquels  il  doit  encore  acheter  son 
pain,  le  beurre  et  le  fromage  s'il  veut  en  manger,  et  les  chandelles 
on  l'huile  qui  doivent  lui  permettre  de  travailler  la  nuit. 

Ces  ouvriers  n'ont  ni  feu  ni  lieu  ;  l'atelier  où  ils  travaillent  est 
temporairement  leur  domicile  ;  la  plupart  vont  à  la  Cambre  aussi- 
tôt que  l'hiver  arrive. 

Le  chef  d'atelier  se  plaint  amèrement  de  sa  position  ;  les  prix 
ont  en  général  diminué  de  moitié  ou  des  deux  tiers;  une  pelote 
de  coton,  composée  de  cinq  écheveaux  ayant  chacun  500  tours,  ne 
produit  actuellement,  lorsqu'elle  est  tissée,  que  20  ou  25  centimes, 


^y  Google 


536      CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PWBLIQUEiDF.  BRUXELLES. 

tandis  qu'il  y  a  quelques  années,  elle  se  payait  63  centimes.  Les 
prix  sont  encore  tombés  plus  bas  pour  le  coton  plus  gros  :  une 
portée,  c'est-à-dire  6  écheveaux  de  coton  ayant  chacun  200  tours, 
ne  produit  aujourd'hui,  quand  elle  est  tissée,  que  13  ou  15  centimes, 
tandis  qu'auparavant  elle  produisait  à  peu  près  trois  fois  autant. 

La  plupart  des  détails  qui  précèdent  nous  ont  été  confirmés  par 
d'autres  tisserands  de  la  même  localité;  tous  se  plaignent  du  man- 
que d'ouvrage  et  de  l'exiguïté  des  salaires. 

Un  maître  tisserand  tenant  en  pension  quatre  ouvriers  et  occu- 
pant cinq  enfants,  nous  a  déclaré  que  les  ouvriers,  quand  ils  ont 
de  l'ouvrage  et  qu'ils  travaillent  du  matin  au  soir,  peuvent  gagner 
tout  au  plus  7  francs  par  semaine. 

Un  autre,  ayant  quatre  métiers  dont  deux  seulement  sont  occu- 
pés, a  déclaré  qu'il  n'y  avait  plus  moyen  de  tenir  des  ouvriers, 
parce  qu'il  n'y  avait  pas  d'ouvrage  à  leur  donner;  que.  le  peu 
qu'il  y  avait  à  faire,  il  le  faisait  avec  l'aide  de  sa  femme  et  de  trois 
de  ses  enfants,  et  qu'alors  il  pouvait  gagner  de  81  9  francs  par 
semaine.  Avec  ce  gain ,  il  devait  subvenir  à  tous  les  besoins  du 
ménage,  composé  du  père,  de  la  mère  et  de  cinq  enfants,  chose 
qui  lui  serait  très-facile  si  toutes  les  semaines  il  pouvait  compter 
sur  cette  ressource;  mais  malheureusement  deux  et  trois  semaines 
se  passent  quelquefois  sans  qu'il  y  ait  de  l'ouvrage,  et  alors  la  famille 
est  aux  abois  et  ne  vit  que  de  privations  si  elle  n'a  pas  pu  écono- 
miser quelques  francs  dans  les  bons  jonrs. 

Nous  n'avons  vu  que  de  la  misère  cbez  ces  tisserands,  et  des  ate- 
liers sales,  bas,  humides,  sans  carrelage,  où  l'air  est  vicié  et  tient 
en  suspension  une  poussière  abondante. 

ftlSLIMEMERT  /.      . 

On  y  occupe  vingt-cinq  ouvriers,  une  femme  el  cinq  ou  «ut  enfant*. 

Le  travail  continue  toute  l'année. 

Tous  le*  ouvrier*  travaillent  a  la  pièce. 

1*»  enfanta  sont  engagés  par  le*  tisserands;  la  plupart  travaillent  avec 
leurs  père*.  On  les  occupe  à  faire  des  bobines. 

En  été,  le  travail  commence  à  sil  heures  du  matin ,  el  finit  à  sept  heures 
du  soir;  en  hiver,  il  ne  commence  qu'à  huit  heures  du  matin,  et  finit  à  huit 
heures  du  soir. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

I.a  dnrée  du  travail  n'a  pas  varie. 


*by  Google 


ENQUÊTE  DANS  LKS  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRÀBANT.    637 

Il  n'y  ■  pas  d'intervalles  fixe»  de  repos  i  ie»  ouvrier»  travaillant  à  la  pièce, 
il»  peuvent  prendre  du  repos  quand  bon  leur  semble. 

Le»  ouvrier»  prennent  leur*  repas  dan*  l'atelier. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et,  le  lundi,  on  De  travaille,  en  géné- 
ral, que  jusqu'à  quatre  heure»  de  l'aprèi-dioée. 

Le»  tisserand»  peuvent  gagner  de  0  à  10  fr.  par  semaine,  et  les  enfant* 
de  1  fr.  à  1  fr.  30  a.  par  semaine,  quand  il»  bobinent  pour  deux  tisserands. 

Les  enfants  sont  payé»  par  les  tisserands  qui  les  occupent. 

Ils  ne  fréquentent  aucune  école;  leur  instruction  est  complètement  nulle. 

L'instruction  des  ouvrier»  adultes  est  à  peu  prè»  nulle. 

Là  conduite  des  tisserands  n'est  pas  trop  bonne  ;  beaucoup  «ont  buveurs. 

La  santé  des  ouvriers  est  assez  bonne,  on  ne  connaît  pas  de  maladies 
propre»  â  la  profession. 

Beaucoup  d'ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres. 

II  n'y  a  paa  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Le  dépôt  dn  livret  est  exigé. 

Les  ateliers  de  cette  fabrique  laissent  considérablement  à  désirer  sou»  le 
rapport  de  la  salubrité  ;  ils  sont  trop  petits,  trop  bas,  mal  aérés  et  malpro- 
prement tenus. 


On  y  occupe  environ  trois  cents  ouvrier*  des  deux  »eies  el  de  tout  âge. 
Les  enfants  employé*  dan*  cette  fabrique  sont  de  l'âge  de  sept  à  quinie 

On  ne  les  occupe  qu'à  nn  travail  très-léger,  comme  enrouler  le  fil  sur  les 
bobines.  Ils  nous  ont  paru  jouir  d'une  bonne  santé. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

La  santé  des  ouvriers  est  bonne,  et  le  chef  n'a  pas  observé  que  la  profession 
disposât  à  quelque  maladie  particulière. 

11  y  a  une  caisse  de  réserve  pour  secourir  les  ouvriers  malade». 

Il  n'est  jamais  arrivé  ancun  accident  dan»  l'établissement. 

Le*  ateliers  sont  en  général  spacieux  et  bien  aéré*  ;  quelques-uns  pour- 
raient cependant  être  mieux  tous  le  rapport  des  conditions  hygiéniques. 

Le  chef  a  apporté  de  remarquables  perfectionnements  aux 
métier»  a  tisser.  Avec  le  métier  de  l'invention  du  chef,  la  profession 
de  tisserand  perd  tout  à  fait  ce  qu'elle  offrait  de  pénible  et  de 
nuisible  à  la  santé  ;  l'ouvrier  n'est  plus  obligé  d'être  courbé  sur  le 
métier  et  de  mettre  tous  ses  muscles  en  mouvement  ;  debout  près 
de  son  métier,  il  n'a  plus  qu'a  faire  tourner  une  barre  de  bois, 
qui  imprime  le  mouTement  au  mécanisme  de  la  machine,  et  le  jeu 
de  cette  barre  est  si  facile  qu'il  suffit  d'une  seule  main  ;  pour  la 
mouvoir. 


^y  Google 


358    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

L'invention  de  ce  métier  est  un  véritable  bienfait,  et  est  destinée 
à  opérer  une  révolution  importante  dans  l'industrie  du  lissage. 

Nous  regrettons  de  ne  pas  être  A  même  de  donner  d'autres 
détails  sur  cet  établissement  dont  le  chef  nous  avait  promis  une 
réponse  et  des  renseignements  par  écrit,  promesse  qui  n'a  pas  été 
tenue. 

fTAKISSMUrt  K. 

Sur  cent  métiers  k  la  Jacquart  que  renferme  cet  établissement,  il  n'y  en 
a  que  quarante  qui  sont  occupés. 

On  y  emploie  quarante-quatre  ouvrier*,  dont  quarante  travaillent  à  la 
pièce  et  quatre  à  la  journée. 

Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année. 

Les  enfants  chargés  de  confectionner  les  bobines  ne  travaillent  pas  dans 
l'atelier,  mai*  chez  eux. 

La  journée  commence  à  cinq  heures  du  malin,  et  finit  à  sept  heure*  du 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées,  et  il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Il  n'y  a  qu'une  heure  de  repos,  de  midi  à  une  heure.  Le*  ouvrier*  prennent, 
quand  ils  le  veulent,  le  temps  nécessaire  pour  déjeuner  et  pour  goûter. 

Les  ouvriers  vont  prendre  leur  repas  principal  chez  eux. 

On  ne  travaille  pas  le  dimanche,  et  le  lundi  on  ne  travaille  que  jusqu'à 
midi. 

Les  ouvriers  gagnent  8  fr.  par  semaine. 

Les  salaires  ont  diminué  d'un  cinquième  environ. 

Un  tiers  environ  de*  ouvriers  savent  lire  et  écrire. 

La  conduite  des  ouvriers  n'est  que  passable. 

II  n'y  a  pas  de  caisse  d'épargne,  ni  de  fond*  de  réserve  pour  le*  malades. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant,  et  l'on  n'a  pas  observé  que  la  profession 
donnât  lieu  à  quelque  maladie  particulière. 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvrier*  inscrits  sur  la  liste  des  pauvre*. 

Il  y  a  un  règlement  d'ordre,  mai*  il  est  tombé  en  désuétude. 

On  exige  le  dépôt  du  livret,  mais  cette  mesure  devient  illusoire  par  la 
grande  facilité  qu'ont  les  ouvrier*  de  s'en  procurer  de  nouveaux. 

Les  ateliers  sont  vaste*,  et  les  métier»  à  la  Jacquart  occupant  beaucoup 
d'espace,  on  conçoit  que  les  ouvriers  jouissent  d'un  volume  d'air  plut  que 
suffisant.  Il  serait  à  désirer  cependant  que  les  ateliers  fussent  mieux  ventilés 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.    539 


■tiblisiiuir  A.  —  Ttinttirtrù  en  rouge  d'jindrinople. 

On  y  occupe  vingt-cinq  ouvrier*  adultes,  et  iroia  ou  quatre  enfanta  de  l'âge 
de  huit  à  quatorze  ans. 

Le  travail  continue  loule  l'année  sans  interruption. 

Tous  les  ouvrier»  sont  occupés  à  la  journée  :  il  en  est  de  marne  des  enfants 
qui  sont  engagés  par  le  chef,  et  que  l'on  emploie  à  étendre  le  coton,  à  l'éplu- 
cher, et  à  arranger  les  fourneau i. 

En  été ,  la  journée  commence  à  cinq  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à 
sept  henre*  du  soir.  En  hiver,  elle  commence  k  six  heures  et  demie  du  matin, 
et  finit  à  huit  heure*  du  soir. 

Ce*  limite*  ne  sont  que  rarement  dépassées  :  lorsque  cela  arrive,  on  ne 
travaille  cependant  qu'une  heure  de  plus. 

La  durée  du  travail  n'a  ni  augmenté  ni  diminué. 

11  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

H  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  malin,  et  une  heure  à  midi.  La  plupart 
des  ouvrier*  prennent  leurs  repas  chez  eux  :  quelques-uns  dînent  dan*  l'ate- 
lier, ce  sont  ceux  qui  demeurent  à  une  grande  distance  de  l'établissement. 

On  travaille  quelquefois  le  dimanche  ;  mais  la  durée  du  travail  n'est  alors 
que  de  trois  heures  tout  au  plus. 

11  n'y  a  jamais  de  chômage  le  lundi. 

Le  salaire  des  ouvrier*  n'a  éprouvé  aucune  variation. 

Les  ouvriers  gagnent  1  b>,  62  c.  par  jour  (ISious  deBrabant). 

Le*  enfants,  selon  leur  âge,  gagnent  de  4H  centime*  â  1   fr.  8  c.  par  jour. 

Ces  derniers  «ont  toujours  payé*  par  le  chef. 

Les  enfants  n'ont  aucune  espèce  d'instruction. 

Les  adulte*  croupissent  également  dans  l'ignorance  la  plus  complète. 

La  conduite  des  uns  et  des  autres  est  bonne  :  ils  sont  tous  habitants  de  la 
campagne  et  beaucoup  d'ouvrier*  «ont  mariés. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne ,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades.  Lors- 
qu'un ouvrier  devient  malade ,  le*  autres  se  cotisent  à  raison  de  9  centimes 
par  semaine,  et  le  chef  donne  une  somme  égale  â  celle  produite  par  cette 
cotisation. 

Le*  ouvriers  teinturiers,  k  raison  de  leur  profession  qui  les  expose  con- 
stamment k  l'humidilé,  sont  fréquemment  atteints  de  fièvres  intermittentes  et 
de  rhumatismes. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  de*  pauvres. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  mais  on  observe  les 
dispositions  relatives  au  livret. 


xuvCoo^le 


540    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

L'atelier  du  rinçage  est  bien  disposé  :  tout  a  été  prévu  pour  préserver, 
autant  que  cela  est  possible,  les  ouvrier*  contre  l'humidité  el  les  intempéries 
de  l'atmosphère.  Les  rinceurs  sont  placés  jusqu'à  mi-corps  dans  un  tonneau 
qui  plonge  dans  le  ruisseau,  et  te  ruisseau  lui  même  coule  à  travers  un  han- 
gar bien  clôturé. 

tTIBLIBSiaMT  fi. 

On  y  occupe  vingt  ouvriers  adultes  (hommes),  quatre  ou  cinq  enfant»  de 
l'âge  de  douze  à  quinte  ans,  et  deux  femmes  qui  n'ont  d'autre  occupation  que 
de  corder  le  coton. 

Les  enfanls  sont  engagés  par  le  chef  qui  se  les  procure  facilement  :  la 
plupart  des  enfants  travaillent  avec  leurs  pères. 

On  les  emploie  à  éplucher  le  coton  el  comme  aides  aux  ouvriers. 

Le  travail  continue  toute  l'année  sans  interruption  :  cependant  en  hiver 
les  ouvriers  ne  font  que  trois  quarts. 

Tous  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  cinq  heures  et  demie  du  matin ,  et  finit  à 
huit  heures  du  soir. —  En  hiver,  elle  commence  à  sept  heures  du  matin, 
et  fiait  à  huit  heures  du  soir. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées,  el  Un'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 
Un  seul  ouvrier ,  le  veilleur ,  passe  la  nuit  ;  il  est  chargé  de  l'entretien  dea 
fourneaux  depuis  six  heures  du  soir  jusqu'à  six  heures  du  malin.  II  se 
repose  pendant  le  jour. 

La  durée  du  travail  est  toujours  restée  la  même. 

Les  ouvriers  ont  une  demi- heure  de  repos  le  matin,  une  heure  à  midi, 
et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Ils  retournent  dîner  cher  eux. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche.  Il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi  :  on 
travaillé  toute  la  journée. 

Le  salaire  des  ouvriers  a  notablement  diminué  depuis  les  événements 
de  1 830,  par  suite  du  manque  de  débouchés  pour  l'exportation. 

Les  meilleurs  ouvriers  gagnent  1  fr.  80  c.  par  jour  ;  mais  le  salaire  moyen 
pour  la  plus  grande  parité  des  ouvriers  ne  dépasse  pas  1  fr.  30  c.  par  jour. 

Le  veilleur  gagne  1  fr.  80  c.  par  nuit, 

L'insiruction  des  enfants  et  des  adultes  laisse  beaucoup  à  désirer  :  elle  est, 
en  général,  très-bornée. 

La  conduite  des  uns  et  des  autres  est  bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le*  malades. 

L'état  sanitaire  des  ouvriers  est  satisfaisant  :  ils  sont  rarement  malade*,  et 
le  chef  ne  connaît  aucune  maladie  propre  à  ta  profession  :  il  regarde  plutôt 
celle-ci  comme  trèn-sa labre  et  il  élaye  son  opinion  sur  ce  que,  lors  de  l'épi- 
démie cholérique,  aucun  de  ses  ouvriers  n'a  été  atteint  du  fléau. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres  :  lous  ses  o 
jouissent  d'une  certaine  aisance. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Les  prescriptions  relatives  au  livret  sont  e 


DglizedOy  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     541 


<  folBLISSUSKT  C. 

Teinturerie  en  bleu,  ayant  pour  moteurs  deux  machines  à  Tapeur,  chacune 
de  la  force  de  cinq  chevaux. 

On  y  occupe  quarante-deux  ouvriers,  tous  adultes. 

Le  travail  coolinae  toute  l'année  sans  interruption. 

Tons  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  six  heures  et  demie  du  matin,  elfinit  à  six 
heure*  et  demie  du  soir.  En  hiver,  le  travail  commence  et  finit  avec  le  jour. 

Ces  limites  ne  sont  jamais  dépassées. 

On  ne  travaille  jamais  la  nuit  dans  la  teinturerie  ;  les  ouvriers  employés  âla    ' 
calandre  travaillent  seuls,  la  nuit ,  trois  ou  quatre  fois  au  plus  par  an. 

La  durée  du  travail  n'est  ni  plus  ni  moins  longue  qu'autrefois. 

Il  n'y  a  qu'un  seul  intervalle  de  repos,  de  midi  a  une  heure  et  demie. 

Le*  ouvriers  retournent  chex  euS  pour  dîner.  ' 

On  ne  travaille  que  rarement  le  dimanche. 

On  ne  chôme  jamais  te  lundi. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  subi  aucune  variation. 

Le*  ouvrier*  teinturiers  gagnent  1  fr.  80  c.  par  jour. 

Le*  ouvriers  aides  gagnent  1  fr.  38  c.  par  jour. 

Lé  chef  estime  qu'un  tiers  de  tes  ouvriers  savent  lire  et  écrire)  leur  conduite 
est  très-bonne;  ils  sont  presque  tous  mariés  et  mènent  une  vie  très-réglée. 

Il  n'y  a  ni. caisse  d'épargne,  lii  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

La  santé  des  ouvrier*  est  bonne;  ils  sont  rarement  malades,  et  le  chef 
déclare  qu'ils  ne  «ont  sujet*  à  aucune  affection  particulière. 

11  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  cet  établissement. 

Trois  ou  quatre  ouvriers  seulement  sont  inscrit*  *ur  la  liste  des  pauvres  ; 
ils  sont  tous  chefs  d'une  nombreuse  famille. 

Les  autre*  ouvriers  vivent,  en  général,  assez  bien,  et  n'ont  pas  de  misère. 

Il  n'y  a  pa»  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline  ;  mai*  le*  prescription* 
relatives  au  livret  «ont  exécutées. 

L'établissement  est  très-vaste  et  bien  dirigé;  nn  «eul  et  immense  local 
renferme  cent  cuves  au  bleu.  On  pourrait  désirer  un  peu  plus  de  hauteur 
â   ce  local ,  et  un  système  d'aérage  plus  large  que  celui  qui  y  existe. 


I*  moteur  est  un  cheval,  courant  dan*  un  manège. 

On  y  occupe  neuf  ouvriers  :  sur  ce  nombre,  il  y  a  trois  apprentis  de  l'âge 
de  quatorze  à  dix-sept  ans.  On  n'accepte  pour  apprenti*  que  des  enfants  de 
douie  à  treixe  ans  ;  ils  sont  toujours  engagés  par  le  chef,  et  ont  pour  occu- 
pation de  conduire  le  cheval  dans  le  manège  et  de  plier  les  pièces. 

Le  travail  continue  tonte  l'année  sans  interruption. 

Tous  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  «ix  heure*  du  malin,  et  finit  à  sept  heures 

55. 


DglizedOy  GOOgle 


543    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

du  aoir;  en  hiver,  elle  De  commence  qu'à  six  heures  et  demie  du  malin,  el 
dure  jusqu'à  sept  heures  du  soir. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées  :  dans  les  moment»  de  presse,  on 
fait  généralement  un  quart  de  journée  de  plus. 

Les  apprentis  prennent  part  à  ce  travail  extraordinaire. 

La  durée  du  travail  est  la  même  qu'autrefois.  ' 

On  ne  travaille  jamais  la  nuit. 

Les  ouvriers  n'ont  qu'un  intervalle  de  repos,  de  midi  à  une  heure,  dont  ils 
profilent  pour  aller  dîner  chez  eux. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche.  On  chôme  une  partie  du  lundi  ;  car  on 
ne  fait,  ce  jour,  que  la  moitié  ou  le*  trois  quarts  d'une  journée. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  subi  aucune  variation. 

Les  ouvriers  adultes  gagnent  de  I  fr.  26  centimes  à  1  fr.  GS  c.  par  jour. 

Les  apprentis  gagnent  de  34  à  90  centimes  par  jour. 

Ce»  derniers  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

Il»  savent  un  peu  lire  et  écrire.  Chez  les  ouvriers  adultes,  l'instruction  est 
presque  nulle. 

La  conduite  des  ouvriers  serait  bonne,  s'il»  n'étaient  généralement  adon- 
nés à  l'ivrognerie. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  le»  malades.  L'état 
sanitaire  est  assez  satisfaisant  ;  cependant  la  profession  dispose  aux  affec- 
tions rhumatismales,  et  le  chef  déclare  que  les  ouvrier»,  lorsqu'ils  avancent 
en  âge,  échappent  rarement  à  ces  maladie». 

Plusieurs  ouvrier»  sont  inscrits  sur  la  liste  de»  indigents. 

En  général,  ils  «ont  assex  pauvres,  mal  logé»  et  mal  nourri». 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Le  dépôt  du  livret  est  exigé.  Le  chef  considère  comme  bonne  la  mesure  du 
livret  ;  mais  les  ouvriers  aiment  à  s'y  soustraire. 

XTASLlSSEMSItt    E. 

Il  y  a  une  machine  à  vapenr  de  la  force  de  seize  chevaux. 

On  y  occupe  vingt-cinq  ouvrier*  ;  sur  ce  nombre,  il  y  a  quatre  enfants  de 
l'âge  de  douxe  ans. 

Les  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année. 

Ils  travaillent  lou»  a  la  journée. 

Les  enfanta  sont  engagés  par  le  chef,  et  ils  ne  sont  employé»  qu'à  des 
travaux  peu  fatigants,  comme  lier  et  plier  les  pièces. 

En  toutes  saisons,  le  travail  commence  à  six  heure»  du  matin,  et  finît  à 
sept  heures  du  soir. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées  :  ainsi,  dans  les  moments  de  presse, 
on  travaille  depuis  quatre  heures  et  demie  du  malin  jusqu'à  huit  heures  du 

La  durée  du  travail  est  restée  la  même. 
Il  est  très-rare  que  l'on  travaille  la  nuit. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     513 

II  y  *  une  demi-heure  Je  repos  le  matin,  une  heure  à  midi,  et  nn  quart 
d'heure  dans  l'aprè*-dlnée. 

La  plupart  de*  ouvrier»  prennent  leur*  repas  dans  l'atelier. 

Généralement,  on  ne  travaille  pas  le  dimanche;  il  arrive  cependant  qu'un 
ou  deux  ouvrier!  adultes  «oient  obligé»  de  travailler. 

Fort  peu  d'ouvrier*  chôment,  le  lundi. 

Lei  salaire»  n'ont  su bi  aucune  variation. 

Les  adulte»  gagnent  1  fr.  Ï3  c.  par  jour,  et  les  enfanta  50  centime». 

Ces  dernier»  sont  toujours  payé*  par  le  chef. 

Très-peu  d'ouvriers  savent  lire  et  écrire. 

La  conduite  des  ouvrier*  est  passable. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond»  de  réserve  pour  let  malade*. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant,  et  le  chef  ne  connaît  aucune  maladie 
propre  à  la  profession. 

Il  ignore  s'il  y  a  de*  ouvrier»  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres. 

Le*  disposition*  relative*  au  livret  sont  observées. 

Le*  ateliers  sont  a»sei  spacieux. 

inM.!5Sr.«Ki!T  F. 

On  y  occupe  de  soixante  à  soixante  et  dix  ouvriers.  Sur  ce  nombre,  il  y  a 
cinq  ou  six  femmes  et  six  enfants. 

Le*  ouvriers  sont  occupé*  toute  l'année.  Tous  travaillent  A  la  journée. 

Les  enfants  sont  engagés  par  le  chef,  qui  te  les  procure  facilement.  Ils  ne 
sont  employés  qu'à  de*  travaux  légers,  comme  nettoyer  le  coton,  enlever  le 
coton  de*  bâtons  dans  le  séchoir. 

Quelques  enfants  travaillent  avec  leurs  parent». 

En  été,  le  travail  commence  à  cinq  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  a  sept 
heure*  et  demie  du  soir.  En  hiver,  il  commence  à  six  heure»  du  matin,  et  finit 
à  sept  heures  du  soir. 

Ces  limite*  sont  rarement  dépassées. 

It  n'y  a  pas  de  travail  ds  nuit  pour  les  ouvrier*  eu  général  ;  les  garanceurs 
seuls,  quatre  homme*  an  plus,  sont  obligés  de  travailler  la  nuit. 

La  durée  du  travail  est  restée  la  même  qu'autrefois. 

II  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  une  heure  à  midi,  et  un  quart 
d'heure  à  quatre  heure*. 

Quelques  ouvrier*  dînent  dan*  l'atelier  ;  le*  antre»  retournent  cher  eux. 

Il  e*t  asacx  rare  que  l'on  travaille  le  dimanche,  et,  lorsque  cela  arrive,  ce 
n'est  guère  que  pendant  deux  ou  trois  heure*. 

Les  ouvriers  de  eh  ornent  jamais  le  lundi. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  pas  éprouvé  de  variation. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  est  de  1  fr.  60  c.  k  1  fr.  80  c.  pour  les 
hommes,  et  de  4îï  a  AS  c.  pour  le*  enfants. 

Le  chef  paye  lui-même  le*  enfant*. 


^y  Google 


544     CONSEIL  CENTRAL  DR  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
L'éducation  de»  enfanti  e*t  peu  soignée,  el  .leur  instruction  est  comptéle- 

L'inttrnclion  est  nulle  au»»i  pour  la  plu*  grande  parité  de*  ouvrier*  ;  -s'il 

y  a  de*  exception»,  elle»  sont  peu  nombreuses. 

La  conduite  des  ouvrier*  est,  en  général,  bonne.  ' 

Il  n'y  a  pa*  de  caiue  d'épargne  ni  de  fond*  de  prévoyance  pour  le*  malades; 

mai*  le*  ouvriers  s'ent  raillent  souvent. 

La  santé  des  ouvriers  est  assez  bonne;  les  maladies  dont  ils 
souffrent  le  plus  souvent  sont  les  fièvres  intermittentes  et  lès  affec- 
tions de  poitrine;  le  chef  attribue  ces  dernières  a  l'imprudence 
des  ouvriers  qui  ne  se  precautionnent  pas  assez  contre  tes  transi- 
tions de  température  qu'ils  ont  à  supporter  en  entrant  dans  le 
séchoir  et  en  en  sortant. 

La  profession  est  funeste  à  une  certaine  catégorie  de  teinturiers, 
aux*  garanceur»,  que  le  chef  déclare  être  usés  et  cassés  au  bout  de 
vingt  ans  de  travail. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvre». 

Il  n'y  a  pa»  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Le  dépôt  du  livret  est  exigé  ;  c'est  une  bonne  mesure  à  laquelle  on  lient  la 


tiiittnnuiiT  fi. 

On  y  occupe  de  soixante  à  aoiiante  et  dix  ouvriers.  Sur  ce  nombre,  il  y  a 
si*  femmes  et  tix  enfant». 

Les  ouvrier*  ont  de  l'ouvrage  toute  l'année. 

Presque  tous  travaillent  à  la  journée;  quelques-uns  seulement  travaillent 
à  la  pièce. 

Les  enfants  sont  engagé*  par  le  chef,  qui  *e  les  procure  facilement.  Leur* 
principales  occupations  «ont  de  (aire  de»  bobine»,  d'étiqueter  et  de  nettoyer 
les  piloux. 

Plusieurs  enfant*  travaillent  avec  leur*  parent*. 

En i toutes  Misons,  le  travail  commence  à  six  heures  du  matin,  et  finit  à  sept 
heures  du  soir. 

Ce*  limite*  sont  quelquefois  dépassées  par  quelques  ouvriers,  telon  le» 
besoins;  les  garanceura  font,  en  général, cinq  quart*. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit; 

Il  y  a  deux  heures  de  repo*  par  jour  :  vue  demi-heure  te  malin,  une  heure 
à  midi  et  une  demi-heure  a  quatre  heures. 

Quelques  ouvrier*  dînent  dans  le*  atelier*  ;  d'autre*  retournent  chei  eux . 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  el  il  n'y  a  pa*  de  chômage  le  lundi. 

Les  salaire*  n'ont  ni  augmenté  ni  diminué. 


DiglizedOy  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABAINT.     545 

Les  teinturier*  flaranceurs  gagnent  d«     i'r.     11   à  12  par  semaine  ; 

—  «n  couleur»  diverse»  de     —     10  à  11 

—  bleu.  ......     —     .■      10 

Le»,  femme*,  de.       .  —      719 

Le»  enfants  de  84  à  63  centime»  par  jour. 

Ce»  dernier»  travaillent  à  la  pièce  et  sont  toujours  payé»  par  le  chef. 

Le»  enfant»  sont  reçu»  à  l'âge  de six,  sept  et  huit  ans. 

L'instruction  de»  enfanta  e«t  (ont  à  fuit  nulle.   . 

Celle  de»  ouvrière  adulte»  est  nulle  aussi,  ou  i  peu  pré». 

Le*  ouvrier*  de*  deux  scies  ne  travaillent  point,  réuni*  dan»  le*  m  émet 
atelier». 

La  conduite  des  ouvrier*  eit  bonne. 

Il  y  a  un  fond»  de  prévoyance  pour  les  malade».'  L'ouvrier  malade  reçoit 
la  moitié  de  son  salaire  de  l'établissement ;  une  autre-moitié  est  prélevée  *ur 
.   le  salaire  des  autres  ouvrier»  jusqu'à  sa  rentrée  à  l'atelier. 

La  santé  de*  ouvriers  est  bonne  ;  le  chef  déclare  cependant  que  le*  tein- 
turiers »ont  ei posés  aux  engelures,   aux  rhumatismes  et  à  des  gonflement* 
de*  doigt*. 
.  Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvret. 

Il  T  a  un  règlement  d'ordre. 

La  mesure  du  livret  est  ponctuellement  observée. 

La  plupart  des  ateliers  de  cet  établissement  sont  ipacieut  et  laissent  peu 
à  désirer  sous  le  rapport  de*  conditions  hygiéniques.  ; 


iTiiussniRT  A, 

Le  moteur  est  une;  chute  d'eau  de  la  force  de  trente  chevaux. 

On  y  occupe  cinquante  ouvriers  adultes  et  cinquante  enfants.  Ce*  dernier* 
aontadmi*  dès  l'âgede  hait  ans.  Les  enfant»  employés  comme  rattacheurs  sont 
engagés  par  lus  ouvriers  ;ceux  qui  travaillent  à  la  Garderie  le  sont  par  lechef. 
Très-peu"  de  ces  enfant*  travaillent  avec  leurs  parent*. 

Leur  occupation  consiste  à  rattacher,  et  à  étendre  la  laine  sur  lea  machines 
à  carder. 

On  emploie  le*  enfants  par  économie,'  et  a  cause  de  leur  aptitude  plus 
grande  aux  travaux  qu'on  leur  confie. 

Il  n'y  a  eu  ni  augmentation  ni  diminution  du  nombre  des  jeunes  ouvriers. 

Le*  ouvrier»  sont  occupé*  toute  l'année. 
-  La  plupart  des  ouvrier»  travaillent  à  la  journée  :  série  fileur*  travaillent 

En  été,  la  journée  commence»  cinq  heures  du  malin,  et  finit  à  huit  heure» 


îglizedoy  GOOglé 


U6    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

du  toir.  En  hiver,  le  travail  commence  avec  le  jour,  et  finit  à  sept  heure» 

Ces  limite*  ne  sont  dépassées  que  dana  le»  moments  de  preste,  et  encore 
le  travail  extraordinaire  n'a-t-il  lieu  que  pour  certaines  catégories  d'ouvriers 
qui  n'ont  pas  besoin  de  l'assistance  des  enfant*. 

La  durée  du  travail  n'est  ni  plu*  ni  moins  longue  que  jadis. 

On  travaille  rarement  la  nuit.  Les  enfants  ue  prennent  jamais  part  au 
travail  de  nuit. 

Ily  a  toujours  doux  foulon  niera  qui  travaillent  vingt-quatre  heures  de  suite. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  malin ,  une  heure  à  midi,  et  une  demi- 
heure  à  quatre  heures. 

Le»  ouvriers  prennent  leurs  repas  dan*  l'atelier  ou  au  dehors ,  salon  le 
temps  et  les  saison*. 

Généralement  on  ne  travaille  pas  le  dimanche  :  cependant  les  foulonniers 
sont  obligés,  de  travailler,  ainsi  que  quelques  ouvriers  employés  an  séchage 
des  étoffes. 

En  général,  on  ue  chôme  pas  le  lundi  :  les  ouvriers  qni  chôment  le  plus 
souvent,  sont  les  Sieurs. 

Le  salaire  de*  ouvriers  n'a  subi  aucune  variation. 

Les  ouvriers  employés  à  la  journée  gagnent  de  1  fr.  SS  c.  à  1  fr.  80  c. 
par  jour. 

Les  fileurs  gagnent  environ  30  fr.  pur  semaine. 
.  Les  enfanta  gagnent  de  33  à  ISO  c.  par  jour. 

Ces  derniers  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

L'instruction  des  enfants  est  nulle  :  on  peut  considérer  comme  nulle  aussi 
celle  de*  ouvriers  adultes. 

La  conduite  des  un*  .et  des  autre*  est  assez  bonne. 

11  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 

L'élat  sanitaire  est  satisfaisant  :  les  ouvrier*  et  les  enfants  sont  rarement 
malades,  et  le  chef  ne  connaît  aucune  maladie  propre  à  la  profession. 

Le  travail  dans  la  foulerie  doit  cependant  être  préjudiciable  à  la  tante, 
car  il  y  régne  constamment  une  grande  humidité  :  le  froid  et  l'humidité 
doivent  exercer  d'autant  plus  sûrement  leur  fâcheuse  influence  sur  la  Muté 
des  ouvriers,  que  ceux-ci  sont  assujettis  à  un  travail  continu  de  vingt-quatre 
heures.  Nous  devons  considérer  le  travail  dans  la  foulerie  comme  propre  à 
produire  des  affections  de  poitrine,  des  fièvres  intermittentes  et  des  rhnma- 

II  arrive  rarement  des  accidents  dans  cette  fabrique;  on  n'en  a,  eu  général, 
observé  qu'alors  que  les  enfants  sont  encore  au  défaut  de  leur  éducation 
industrielle. 

Les  ouvriers  de  cette  fabrique  habitent  presque  tous  la  campagne  et  vivent 
assex  aisément  :  aussi  n'en  connaît-on  point  qui  soient  inscrits  sur  la  liste  des 
pauvres  ;  un  ou  deux  fileurs  de  la  ville  sont  peut-être  inscrits  sur  celte  liste. 

H  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  on  de  discipline,  mais  on  exige  le  dépôt 
du  livret. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ETABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     8*7 

Le  chef  assure  qu'il  n'arrive  que  très-rarement  que  le»  ouvriers  exercent 
de*  voies  de  fait  sur  les  enfants. 

Le*  différents  ateliers  de  cette  fabrique  présentent  de  suffisante*  condi- 
tion» de  salubrité  ';  la  foulerie  fait  exception  :  elle  est  froide  et  très-humide , 
mais  cet  conditions  défavorables  sont  inséparable*  du  travail  qui  s'y  fait. 

Noue  ne  terminerons  pas  sans  mentionner  une  punition  qu'on 
infiige  aux  ouvriers  qui  se  permettent  de  remplir  leurs  poche*  de 
laine,  parce  que  la  vue  de  l'instrument  du  supplice  a  éveillé  en 
nous  des  sentiments  trop  pénibles.  Nous  avons  vu  dans  la  cour  de 
l'établissement,  et,  scellée  dans  un  mur,  une  chaîne  de  fer,  ter- 
minée par  un  solide  carcan,  auquel  on  attache  celui  qui  est  pris 
sur  le  fait  d'un  vol  de  laine  :  le  coupable  reste  exposé  aux  regards 
de  ses  compagnons  de  travail  pendant  un  laps  de  temps  plus  ou 
moins  long,  et  qui  varie  selon  qu'il  témoigne  plus  ou  moins  de  honte 
et  de  repentir.  Cette  exposition  est  suivie  de  l'expulsion  immédiate 
de  la  fabrique. 

La  vue  de  ce  carcan  a  fait  naître  en  nous  une  foule  de  réflexions 
que  nous  n'avons  pas  besoin  de  consigner  ici ,  parce  qu'elles 
viendront  infailliblement  à  tous  ceux  qui  auront  connaissance 
de  ce  fait. 

ETinisttaïKT  B. 

Il  présente,  indépendamment  de  la  filature,  des  ateliers  pour  la  construc- 
tion des  machines. 
On  y  occupe  quatre-vingt-dix-sept  ouvriers,  tous  hommes. 

Il  y  a  trois  enfants  de  l'âge  de  neuf  à  douze  ans,  quinze  de  l'Age  de  douze 
à  seiie  ans,  et  trente  et  un  adolescents  de  l'âge  deseize  â  vingt  et  un  ans. 

Tous  les  autres  sont  plus  âgés. 

Les  ouvrier*  sont  occupés  toute  l'année. 

Les  enfants  travaillent  à  la  journée,  et  les  adultes  à  la  pièce. 

Les  enfants  sont  engagés  par  le  chef,  qui  ne  se  les  procure  que  difficile- 
ment. Neuf  enfant*  y  travaillent  avec  leur*  père*. 

On  ne  le*  occupe  qu'à  des  travaux  légers,  comme  carder  et  attacher  la  laine. 

Le  travail  commence,  en  été,  à  cinq  heures  du  malin,  et  finit  à  sept  heures 
du  soir.  En  hiver,  il  commence  à  six  heures  du  matin,  et  finit  à  huit  heures 

Il  y  a  nue  demi -heure  de  repos  le  matin,  une  heure  à  midi  et  une  demi- 
heure  à  quatre  heures. 

On  travaille  quelquefois  un  demi-quart  en  au»;  quelquefois  on  travaille 
la  nuit:  alor*  dix  heures  de  travail  comptent  pour  une  journée. 

Les  enfants  prennent  part  au  travail  de  naît. 

N'ayant  aucun  ouvrage  fatigant  à  faire,  le  chef  pense  que  douze  heures 


*by  Google 


548    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

de  travail  ne  sont  pat  de  trop  pour  les  enfants,  et  qu'ils  peuvent  «apporter 

cela  avec  la  plus  grande  facilité. 

Les  ouvriers  prennent  leurs  repas  au  dehors. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche. 

Le  lundi,  on  ne  fait  ordinairement  que  trois  quarts,  et  il  arrive  parfois  que 
les  ouvriers  de  la  filature  ue  travaillent  pat  du  tout. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  pas  varié. 

Les  ouvriers  adultes  gagnent  14  francs  par  semaine  eL  les  enfant»  4  francs 
par  semaine. 

Le*  enfants  sent  payés  directement  par  le  chef. 

Ht  ne  fréquentent  aucune  école. 

Quarante-six  ne  savent  ni  lire  ni  écrire  ;  trente-trois  savent  un  peu  lire  et 
écrire;  quinze  savent  bien  lire,  écrire  et  compter,  et  trois  ont  quelques  notions 
dedettiu. 

On  a  essayé  de  former  une  caisse  de  réserve ,  mais  les  ouvriers  de  la  fila- 
ture n'en  ont  pas  voulu. 

On  a  réussi  à  en  former  une  pour  les  ouvriers  de  l'atelier  de  construction, 
en  prélevant  un  centième  sur  leurt  salaires. 

Quand  ces  ouvriers  sont  blesses,  on  paye  le  chirurgien  et  on  leur  accorde 
la  moitié  de  leur  journée. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant  ;  il  y  a  rarement  des  malades. 

Il  est  arrivé  plusieurs  accidents  dans  l'atelier  de  construction  ,  mais  tou- 
jours de  peu  d'importance. 

Tout  les  ouvriers  Je  la  filature  et  quelques  autre»  de  l'atelier  de  construc 
lion' sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvret. 

Les  ouvriers  de  cette  fabrique,  quoique,  en  général,  de  petite  taille,  nous 
ont  paru  jouir  d'une  bonne  santé. 


■tlBLlSSIIEST     A. 

On  n'y  occupe  que  sept  ouvriers. 

Ils  travaillent  tonte  l'année. 

Les  ouvriers  platineurs  proprement  dits  travaillent  à  la  pièce  :  les  limeurs, 
fondeurs  et  forgeron*  travaillent  à  la  journée. 

En  été,  ta  journée  commence  à  six  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à  huit 
heures  du  soir.  Bu  hiver ,  elle  commence  à  sept  heures  du  matin,  et  finît  à 
sept  heures  du  soir; 

Cet  I  imites  ne  sont  guère  dépassées  qu'en  été  :  dans  celte  saison  ,  on  ira-  ' 
vaille  souvent  depuis  cinq  heures  du  matin  jusqu'à  huit  heures  du  soir,  pour 
faire  cinq  quarts. 

On  ne  travaille  jamais  la  nuit. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANSLESÉTÀBLISSKM.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     549 

Le»  ouvriers  ont  une  demi-heure  do  repos  te  malin  ,  une  heure  et  demie 
à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heure». 

Kii  hiver,  il  n'y  a  qu'un  aeul  intervalle  de  repos  à  midi  ;  il  est  d'une  heure. 

Le*  ouvrier»  vont  prendre  leur*  repai  chez  cul. 

0»  travaille  quelquefois  le  dimanche;  niai»  cela  arrive  assez  rarement. 

Le  lundi  on  ne  travaille  que  jusqu'à  quatre  heures. 

Le  salaire  des  ouvriers  a  diminué  dans  ces  dernières  années.  Les  platï 
neurs  gagnent  3  francs  par  jour.  ... 

Les  autres  ouvriers  gagnent  de  S  fr.  à  2  fr.  50  c.  par  jour. 

Deui  ouvriers  savent  un  peu  lire  et  écrire. 

La  conduite  des  ouvriers  laisse  beaucoup  à  désirer  ;  ils  sont  difficile*  à  con- 
duire, et  l'ivrognerie  est  leur  vice  capital.  Trois  ouvriers  sont  morts  dans  ces 
dernières  années,  et  le  cher  présume  que  c'est  par  suite  d'eicès  de  boisson. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne ,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades.  Quand 
un  ouvrier  est  malade,  lé*  autre»  se  cotisent  entre  eut  pour  venir  a  sou 
secours. 

Le  chef  n'a  pas  observé  que  la  profession  donnSt  lieu  à  quelque  maladie 
particulière;  il  avoue  cependant  qu'il  règne  souvent  dan*  l'atelier  des  vapenrs 
très-inco  mm  odes- 
Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres  ;  ils  vivent  avec  quelque 
aisance,  se  nourrissent  asseï  bien  et  mangent  souvent  de  la  viande. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  .d'ordre  ou  de  discipline,  mai*  les  livret*  sont 
exigés. 

L'atelier  est  mauvais,  trop  petit,  et  manque  de  moyeu»  de  ventilation. 

Ctaslisshesv  S: 

On  y  occupe  six  ouvriers,  dont  deui  sont  Agés  de  moin*  de  teîie  an*. 
Le*  ouvriers  sont  occupés  toute  l'année,  lia  travaillent  tous  à  la  journée. 
La  journée  commence,  eu  été,  k  quatre  heures  d  demie  du  matin,  et  finit 
à  huit  heure*  du  soir.    Eu  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  sept  heures  du 
.   matin,  et  finit  à  huit  heures  du  soir. 

Il  est  très-rare  que  ces  limites  soient  dépassées. 
Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 
On  n'accorde  qu'une  heure  et  demie  de  repos  à  midi. 
Le*  ouvriers  prennent  Leur  déjeuner  et  leur  goûter  tont  en  travaillant. 
Ils  retournent  chez  eus  pour  dîner. 

Un  seul  ouvrier  travaille  le  dimanche.  Le  lundi,  on  ne  travaille  que  jus- 
qu'à quatre  heures  de  l'après-dînée. 

Les  salaires  ont  diminué  à  peu  près  de  moitié. 
Le*  ouvriers  gagnent  I  fr.  80  à  2  fr.  par  jour. 
Les  enfants  gagnent  ï  francs  par  » 
L'instruction  des  enfanta  est  nulle. 
Un  seul  adulte  sait  lire  et  écrire. 
La  conduite  des  ouvriers  est  bonne. 


ly  Google 


550     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

L'état  sanitaire  est  satiafaisant  ;  le*  ouvrier!  sont  rarement  malades,  et  le 
chef  ne  connaît,  aucune  maladie  qu'on  puisse  rapporter  à  la  profession. 
Un  seul  ouvrier  est  inscrit  sur  la  lista  des  pauvres;  c'est  un  veuf  ayant 

e  famille. 


Cet  établissement ,  destiné  seulement  au  raffinage  dn  sucre ,  possède  pour 
moteurs  deux  machines  à  vapeur,  l'une  de  la  force  de  ail  chevaui,  et  l'autre 
de  la  force  de  huit. 

On  y  occupe  cent  ouvriers,  tous  hommes  adulte*. 

Le  travail  continue  toute  l'année  sans  interruption. 

Tous  le*  ouvriers  sont  occupés  à  la  journée. 

En  toutes  saisons,  la  journée  commence  à  six  heures  du  matin,  et  finit  à 
sept  heures  du  soir.  Ces  limites  sont  parfois  dépassées  :  ainsi,  dan*  certains 
moments  de  besoin,  on  travaille  deux  ou  trois  heures  de  plu* ,  et  quelque- 
fois même  une  partie  de  la  nuit. 

Le*  ouvriers  ont  deux  heure*  de  repoa  par  jour  :  une  demi,  heure  le  matin, 
une  heure  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Une  partie  des  ouvriers  prend  ses  repas  dans  la  fabrique;  mie  autre  partie 
les  prend  au  dehors. 

On  travaille  quelquefois  le  dimanche. 

Il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi;  le*  ouvriers  font  toujours  journée 
complète. 

Le  prix  de  la  journée  de  travail  n'a  pas  varié. 

On  peut  estimer  que  le*  ouvriers  gagnent,  terme  moyen,  1  fr.  76  c.  par 
jour. 

L'instruction  de*  ouvrier*  est  trèa-viégligée  et  presque  nulle  ;  très-peu 
savent  lire  et  écrire.  , 

Leur  conduite  est  assez  bonne  ;  la  plupart  sont  de*  habitants  de  la  cam- 
pagne, et  mènent  une  vie  régulière. 

L'établissement  ne  possède  qu'une  caisse  d'amende*,  à  l'aide  de  laquelle 
on  vient  au  secours  de*  ouvrier*  malades  ;  mai*  cette  caisse  est  toujours 
in  suffisante. 

L'étal  sanitaire  est  satisfaisant,  et  la  profession  ne  présente  rien  de  nui- 
sible. Le  directeur  assure  que  le*  ouvrier»  raffineur*  atteignent  aisément  un 
âge  avancé.  Le  travail  est,  en  effet,  peu  fatigant;  mais  la  haute  température 
à  laquelle  ils  sont  soumis  toute  la  journée,  et  qui  les  force  à  travailler  le 
corps  nu  jusqu'à  la  ceinture,  doit  cependant  affaiblir  leur  constitution ,  et 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.     531 

les  exposer  fréquemment  à  toutes  le*  maladies  qui  résultent,  de  la  suppression 
brusque  de  la  transpiration. 

Il  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  cette  fabrique. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres. 

11  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline  ;  mais  les  disposition* 
relative*  au  livret  «ont  observée*. 

Cet  établisse  ment  est -vaste  et  n'offre  rien  d'insalubre,  si  ce  n'est  la  baule 
température  qui  y  règne,  et  qui  est  indispensable  pour  le  travail,  Lesmachine* 
exécutent  tous  les  ouvrages  les  plu*  fatigant*. 

iTiiLisisaïKT  S.  —  Fabrique  de  sucre,  et  tiiitillerie. 

Les  moteurs  «ont  un  moulin  à  vent  et  deux  machines  à  vapeur  à  haute 
pression,  de  la  force  de  douze  chevaux  chacune. 

On  ;  occupe  cent  trente-trois  ouvriers  ;  sur  ce  nombre ,  il  y  a  cinquante 
hommes  et  vingt  femme*  ayant  plu*  de  vingt  et  un  ans,  dix-huit  hommes  et 
trente  femmes  de  l'âge  de  seize  à  vingt  et  un  ans,  et  quinze  jeunes  ouvriers 
de  douze  à  seize  au*. 

Le*  jeunes  ouvrier»  au-dessous  de  l'âge  de  seize  ans  ne  travaillent  que  le 
jour,  et  sont  seulement  occupés  depuis  le  mois  d'octobre  jusqu'au  mois  de  mars. 

Lus  ouvriers  de  seize  à  vingt  et  un  an*  ont  de  l'ouvrage  presque  toute 

Tous  les  ouvriers  travaillent  a  la  journée. 

i  «ont  engagés  par  le  chef,  qui  se  les  procure  toujours 


Le*  plus  jeunes  ne  sont  guère  employés  qu'à  décharger  les  betteraves,  et 
à  quelque*  autres  travaux  léger». 

L'ouvrage  qu'ils  font  est  trop  facile  pour  y  employer  des  hommes. 

La  durée  habituelle  de»  travaux  journaliers  eat  de  dix  heures. 

En  toutes  saisons,  la  journée  commence  à  six  heures  du  matin,  et  finit  à 
■ix  heure*  du  *oir.  Pendant  la  fabrication  du  sucre,  le  travail  est  non  inter- 
rompu, et  lea  ouvrier»  doivent  travailler  la  nuit;  alors  on  relaye  à  six  heure» 
du  soir  ceux  qui  ont  travaillé  pendant  le  jour,  par  d'autres  ouvriers  qui  tra- 
vaillent jusqu'à  six  heures  du  matin.  Les  ouvriers  font  alternativement  une 
semaine  de  travail  de  nuit  et  une  semaine  de  travail  de  jour. 

Hors  la  saison  où  se  fabrique  le  sucre,  le»  limite»  ordinaire»,  de  «ix  heure» 
du  matin  à  six  heure»  du  soir,  ne  sont  jamais  dépassées. 

Le*  jeune*  ouvrier»  de  seize  à  vingt  et  un  an»   prennent  part  au  travail 

l.n  travail  de  nuit  eat  une  nécessité  inhérente  à  la  fabrication,  telle 
qu'elle  se  fait  aujourd'hui.  Pour  prévenir  de  grandes  pertes,  le  fabricant 
est  obligé  d'utiliser  immédiatement  lea  betteraves  récoltée»,  et  surtout  le 
suc  de  ce*  racines,  dont  la  fermentation  s'emparerait  bientôt  et  ferait 
disparaître  toute  la  matière  sucrée. 

Pendant  le  travail  de  nuit,  les  ouvriers  se  reposent  de  minuit  à  une  heure  j 


^y  Google 


332    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

pendant  le  travail. de  jour,  ils  ont  nue  demi-heure  de  repos  le  matin  ,  une 
heure  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Le*   ouvrier*   prennent   leurs  repas  dans   ou  hors  l'atelier,  suivant  le 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Le  salaire  des  ouvriers  n'a  éprouvé  aucune  variation. 

Les.  hommes  gagnent'  1  fr.  par  jour;  les  femmes  et  le*  jeunes  gens  de  seiae 
à  vingt  et  un  ans,  80  centimes;  les  enfants  de  douze  a  seixe  ans,  «4  centimes. 

Le*  jeunes  ouvriers  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

Les  enfants  fréquentent  l'école  primaire,  et  quelques-uns  l'école  dominicale. 

La  moitiédes  ouvriers  adultes  savent  lire  et  écrire;  un  quart  environ  savent 
lire ,  écrire  et  compter  ;  trois  ou  quatre  ont  quelques  notions  de  dessin. 

On  sépare,  autant  que  possible,  les  sexe*  différents;  Cependant  les 
hommes  et  le*  femmes  se  trouvent  réunis  dans  la  sucrerie. 

La  conduite  des  jeunes  ouvriers  est  bonne;   peu  s'adonnent  k  là  boisson. 

Il  n'y  a  pas  de  caisse  d'épargne ,  ni  de  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 
Ceux-ci  sont  soignés  et  entretenus  aux  frais  du  chef. 

La  santé  des  ouvriers  et  des  enfants  est,  en  généra),  bonne  ;  ils  sont  rare- 
ment malades.  Le  chef  assure  que  le  travail  exerce  une  influence  favorable 
.  snr  le  développement  des  enfants. 

Il  n'est  jamais  arrivé  aucun  accident  grave  dans  cette  fabrique. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 
-Deux  ouvriers  (étrangers  à  la  commune)  sont  munis  d'un  livret. 

Cet  établissement  est  très-bien  tenu;  les  locaux  «ont  vastes,  spacieOx,  et 
offrent  de 'suffisante*  conditions  de  salubrité. 

îtiblissfuebt  C.  —  Fabrique  de  tvere. 

Le  moteur  est  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  quatorze  chevaux. 

On  y  occupe  ordinairement  de  soixante  à  soixante  et  dix  ouvriers.  Les  pins 
jeunes,  au  nombre  de  six  ou  sept,  sont  de  l'âge  de  doilie  à  quinte  an*.  Il  y 
a  de  vingt  à  vingt-cinq  femme*. 

Les  enfants  sont  engagés  par  le  directeur. 

Tous  les  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

Les  enfants  ont  une  occupation  peu  fatigante;  ils  secouent  les  sacs  et  ren- 
dent quelques  autres  petits  service*. 

Le  travail  est  continu,  et  le*  ouvriers  travaillent  par.  brigades  ;  les  un*  de 
sept  heures  du  matin  à  sept  heures  du  soir,  et  les  autre*  de  sept  heure*:du 
soir  à  sept  heures  du  matin. 

Le*  enfantssout  soumis  au  travail  de  nuit  comme  le*  adulte*. 

Le  travail  de  nuit  est  indispensable  pour  mettre  à  profit  toute  la  force  du 
moteur,  pour  économiser  le  combustible,  et  surtout  pour  ne  pas  perdre  le 
principe  sucrant  des  betteraves. 

Pendant  le  travail  de  jour,  le*  ouvriers  ont  un  intervalle  de  repos  d'une 


>91izedby  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE*!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     555 

heure  et  demie,  à  midi  :  pendant  le  travail  de  nuit,  il*  ont  ud  intervalle  de 
repos  de  minuit  à  une  heurs. 

Ils  ne  mangent  jamais  dan»  la  fabrique  même  :  l'établissement  possède  un 
local' deatin£  à  servir  de  réfectoire  aux  ouvrier*. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

I.e  salaire  des  ouvriers  n'a  pas  éprouvé  de  variation. 

Les  preneurs,  le»  déféqueurs  et  tes  ouvrier*  employés  ans  filtres  gagnent 
de  1  fr.  9Sc.il  fr.  30  c.  par  jour. 

Le*  laveuses  et  les  enfants  gagnent  de  60  à  75  centime*. 

Les  enfant*  sont  payés  tout  le*  samedis  par  le  directeur. 

L'instruction  de*  enfants  est  presque  nulle  ;  celle  des  ouvriers  adulte*  ê»t 
tout  à  fait  nulle- 

Les  hommes  et  les  femme*  sont  réunis  dans  les  mêmes  locaux. 

Leur  conduite  est  assez  bonne  :  la  plu*  grande,  réserve  est  imposée  aux 
ouvriers,  et  le  silence  est  observé  dans  le*  ateliers. 

H  n'y  a  pas  de  caisse  d'épargne.  Il  y  a  une  caisse  d'amende*  dont  le*  fond» 
sont  appliqués  au  soulagement  de*  malade*  et  de*  blessé*. 

L'état  sanitaire  est  très-satisfaisant.  La  profession  n'expose  à  aucune  mala- 
die el  n'exerce  aucune  influence  nuisible  sur  le  développement  de*  enfant*. 

Le  seul  accident  un  peu  grave,  arrivé  dans  celte  fabrique,  date  de  deux  ans; 
l'ouvrier  employé  à  la  pompe  hydraulique  a  eu  alors  un  œil  brûlé. 

Très-peu  d'ouvriers  «ont  inscrit*  sur  la  liste  de*  pauvre*. 

Il  .n'y  a  pns  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline,  et  le»  prescription* 
relatives  au  livret  ne  sont  pas  observées. 

Ce  magnifique  établissement  offre  toutes  les  conditions  désirables  de  salu- 
brité. 

■TlSUSSUIEItT  n, 

On  y  occupe  deux  cent  cinquante  ouvriers;  une  trentaine  sont  âgés  de 
plus  de  vingt  ans;  tous  les  autres  sont  âgé»  de  plu»  de  qualorxe  an». 

Le  travail  continue  toute  l'année. 

Le*  ouvrier*  travaillent  à  la  journée. 

Le*  enfant*  sont  engagé*  par  les  ouvrier*,  qui  se  les  procurent  facilement. 
On  ne  les  emploie  qu'à  des  travaux  légers,  comme  secouer  le*  sac*. 

Plusieurs  enfant*  travaillent  avec  leurs  parent*. 

Le  travail  est  Continu;  une  partie  des  ouvriers  travaille  de  six  heure*  du 
matin  à  six  heure*  du  soir;  et  une  autre  de  six  heures  du  soir  a  six  heure* 
du  matin.  Les  ouvriers  fout  alternativement  une  semaine  de  travail  de  jour 
et  une  semaine  de  travail  de  nuit.  Le  travail  est  le  même  pour  Ions  le* 
ouvriers  indistinctement.  Pendant  le  travail  de  jour ,  il  y  a  une  demi-heure 
de  repos,  le  matin,  une  heure  à  midi,  et  une  demi-heure  à  quatre  heures. 

Pendant  le  travail  de  nuit  le»  ouvrier»  s'entendent  entre  eux  pour  prendre 
leurs  moments  de  repos. 

On  n'a  jamais  essayé  de  (aire  travailler  le*  enfant»  par  escouades  ou  relais. 


DgïzeWGoOgle 


554     CONSEIL  CENTRAI.  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Les  ouvîers  prennent  leurs  repas  dans  l'atelier  ou  a  a  dehors,  comme  ils  le 
veulent;  la  plupart  demeurent  à  une  trop  grande  distance  de  h  fabrique, 
pour  retourner  chez  eux. 

On  travaille  ordinairement  le  dimanche. 

Il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Il  n'y  a  pas  eu  de  variation  dans  le  salaire  des  ouvriers. 

Les  ouvrier*  adultes  gagnent  1  fr.  40  c.  par  jour. 

Les  enfants  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

La  conduite  des  ouvriers  est  bonne. 

Il  n'y  a  pas  de  caisse  d'épargne,  ou  de  fonds  de  réserve  pour  les  n 
La  direction  soigne  pour  les  infirmes  et  leur  paye  journée  entière. 

La  santé  des  ouvriers  est  banne;  le  travail  n'a  rien  de  nuisible.  Les  oi 
sont  seulement  eiposés  à  des  brûlures. 

Jamais  aucun  accident  n'est  arrivé  dans  cette  fabrique. 

Quelques  ouvriers  sont  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres;  leur  état  d'indi- 
gence ne  doit  être  attribué  qu'aux  chargea  résultant  de  l'entretien  d'une  nom- 
breuse famille. 


tTASLISSMKKT    A. 

ht  moteur  est  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  vingt-sept  chevaux. 

On  y  occupe  ordinairement  vingt  ouvriers-  Sur  ce  nombre ,  il  y  a  huit 
enfants  de  douze  à  seize  ans,  et  quatre  femmes. 

Le  travail  continue  toute  l'année  :  les  fortes  gelées  seules  forcent  quelque- 
fois à  une  interruption  qui  n'est  jamais  de  longue  durée. 

Tous  tes  ouvriers  travaillent  à  la  journée. 

Les  enfants  sont  engagé»  par  le  chef  qui  se  les  procure  aisément. 

On  ne  les  emploie  qu'à  destravaux  peu  fatigants,  comme  plier  et  attacher 
les  pièces  de  coton. 

En  toutes  saisons,  la  journée  commence  à  six  heures  du  matin,  et  finit  à 
six  heures  du  soir. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées  d'une  couple  d'heures. 

La  durée  du  travail  est  aujourd'hui  ce  qu'elle  était  jadis. 

Il  n'y  a  jamais  de  travail  de  nuit. 

Quelques  ouvriers  prennent  leurs  repas  dans  la  fabrique  ;  mais  le  plus 
grand  nombre  retournent  chez  eux  pour  dîner. 

H  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  et  nue  heure  et  demie  a  midi. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche. 

s  ne  chôment  jamais  le  lundi. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTÀBUSSEU.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     555 

Le  prix  delà  journée  Je  travail  n'a  pas  varié. 
Le»  ouvrier*  adultes  gagnent  1  fr.  23  c.  par  jour. 
Les  enfants  gagnent  de  KO  à  72  c,  par  jour. 
Ces  derniers  sont  toujours  payés  par  le  chef. 

L'instruction  des  ouvriers,  jeune*  el   adultes,  est  complètement  nulle. 
Leur  conduite  est  bonne. 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fonds  de  réserve  pour  les  malades. 
L'état  sanitaire  est  satisfaisant.  Le  chef  déclare  que  ses  ouvriers  sont  rare, 
ment  malades,  et  que  la  profession  ne  les  expose  à  aucune  maladie. 

Il  est  difficile  d'admettre  cependant  qu'un  travail  continu  dans 
un  atelier  froid  et  humide  et  au  milieu  d'une  atmosphère  chargée 
de  chlore,  n'exerce  aucune  influence  défavorable  sur  la  tante  des 
ouvriers . 

Le  chef  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres. 
Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 


ÉTiuLiH.irïBiT  i.  —  Atelier  de  menuiserie. 

On  y  occupe  trois  ouvriers  âgés  de  plut  de  vingt  et  un  ans. 

Ils  sont  occupés  tonte  l'année  et  travaillent  à  la  journée. 

En  été,  la  journée  commence  à  cinq  heures  du  matin,  et  finit  a  huit  heures 
du  soir.  En  hiver,  elle  ne  commence  qu'à  sept  heures  du  matin,  et  finit  k 
huit  heures  du  soir. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  et  une  heure  à  midi. 

Les  ouvriers  retournent  dîner  chez  eux. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  le  lundi,  on  ne  fait  que  trois  quarts. 

Le  salaire  moyen  de*  ouvrier*  est  de  2  fr.  KO  c.  par  jour. 

Dons  ouvrier*  savent  lire  et  écrire. 

Leur  coud  ni  te  est  norme. 

L'état  sanitaire  est  tret-salis faisant  ;  les  ouvriers  sont  très-rarement  malades 
et  la  profession  ne  prédispose  à  aucune  maladie;  elle  paraît,  au  contraire, 
exercer  une  influence  favorable  sur  la  santé,  par  l'exercice  auquel  elle  soumet 
toute*  les  parties  du  corps. 

Les  ouvrière  que  nous  avons  vu*  étaient  robustes  et  bien  portants. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres  ;  la  profession  de 
menuisier  procure  une  certaine  aisance  à  ceux  qui  l'exercent,  à  moins  qu'ils 
ne  soient  buveurs  et  débauché*. 

L'atelier  est  assez  vaste,  mai*  peu  aéré. 


a»,  Google 


5o6     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DEMUSELLES. 

.      «TlBtUSBHINT  B.  —  ÂttUtT  4*  ehOTronnagt. 

On  y  occupe  douie  ouvriers  et  deux  apprenais. 

Les  ouvriers  sont  occupé*  toute  l'année. 

Ils  travaillent  tous  à  la  journée. 

La  journée  commence,  en  toutes  saisons,  à  six  heure*  el  demie  du  malin, 
«l  finit  a  sept  heure»  et  demie  du  soir. 

Ces  limite!  sont  rarement  dépassées.  Il  n'y  a  pas  de  travail  de  nuit. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  et  une  heure  à  midi.  Le*  ouvrier* 
retournent  chez  eux  pour  dîner. 

Le  goûter  se  fait  dan*  l'atelier  et  tout  en  travaillant. 
■    Les  ouvrier»  gagnent  environ  2  fr.  par  jour. 

Les.  apprentis  gagnent  de  1  l'r.  à  1  fr.  33  c.  par  jour. 
'     Ces  derniers  fréquentent  une  école. 

L'instruction  des  ouvriers  adultes  laisse  à  désirer  ;  quelques-uns  savent 
on  peu  lire  et  écrire  ;  deux  savent  dessiner. 

Leur  conduite  est,  eh  général,  bonne. 

L'état  sanitaire  e»t  satisfaisant  ;  on  observe  rarement  des  maladies,  el  la 
profession  n'exerce  aucune  influence  nuisible  sur  la  santé  de*  ouvriers. 
.  Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  »ur  la  liste  de*  pauvres  ;  il*  vivent  générale- 
ment aasex  bien  et  il  n'y  a  pas  de  misère  chez  eux. 

Le  dépôt  du  livret  est  exigé. 

Le»  ouvrier*  nous  ont  paru  propres  et  bien  portant*.  Le*  ateliers  sont 
spacieux,  bien  aéré*  et  salubres. 


•  *c  H»  *  U  ■ 


tTiBLISSmiNT  A. 

Les  moteur*  «ont-deux  machines  à  vapeur  de  la  force  de  quarante  chevaux 
chacune.  ■ 

On  y  occupe  cent  quatre-vingt-dix  ouvrier*  des  deux  sexea.  Sur  ce  nombre, 
il  y  a  quatre-vingts  enfants  âgés  de  six,  sept  et  huit  ans.  Le*  petite*  fille*  et 
le*  femmes  sont  en  majorité. 

Les  ouvrier*  sont  occupés  toute  l'année. 

Ils  travaillent  tous  à  la  journée. 

Les  enfants  sont  engagé*  par  le  directeur  qui  te  les-  procure  facilement. 
On  ne  les  emploie  qu'à  des  travaux  légers,  comme  a  rattacher  les  fils,  etc. 
Plusieurs  enfants  travaillent  avec  leur*  parents. 

On  emploie  de  préférence  le*  enfant*,  parce  qu'on  y  trouve  de  l'économie, 
et  k  cause  de  leur  aptitude  toute  spéciale  au  travail  qu'on  leur  confie  d'or- 
dinaire. 


D.glizedûy  GOOgle 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSE».  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     5S7 

Le  travail  continue  naît  «t  jour,  et  le*  ouvriers  travaillent  alternative- 
ment le  jour  el  la  nuit. 

Le  travail  de  nuit  est  nécessaire  pour  se  mettre  en  mesure  Je  satisfaire 
aux  commandes  ;  d'un  autre  côté,  il  y  a  de  l'économie  à  utiliser  toute  la  force 
motrice  de»  machines. 

Le*  enfants  sont  obligés  de  prendre  part  aux  travaux  de  nuit,  mais  alors 
île  ne  travaillent  que  dix  heures,  et  ceux  qui  ont  travaillé  la  nuit  ne  sont  pas 
occupé*  pendant  le  jour- 
Pendant  le  travail  de  jour,  il  y  a  une  heure  et  demie  de  repos  ;  pendant  le 
travail  de  nuit,  il  n'y  a  qu'une  demi-heure  de  repos. 

Pendant  le  jour,  le*  ouvrier*  vont  preodre  leurs  repas  au  dehors  ;  pendant 
la  nuit,  il*  restent  dans  les  atelier*. 

Les  ouvrier*  «ont  occupés  la  dimanche  jusqu'à  dix  ou  doute  heures,  mais 
uniquement  au  nettoyage  des  machine*. 
11  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 
Le  salaire  de*  ouvriers  a  augmenté. 

Il  y  a  des  ouvriers  qui  peuvent  gagner  33  fr.  par  semaine. 
Beaucoup  de  femmes  gagnent  de  6  à  9  fr.  par  semaine. 
Les  enfant*  gagnent  de  40  à  45  c.  par  jour. 
Le»  fileuses  gagnent  HO  c.  par  jour. 
Les  enfants  sont  toujours  payés  par  le  directeur. 

Ils  n'ont  pas  le  temps  de  fréquenter  les  écoles  ;  leur  instruction  est  tout  â 
fait  nulle. 

L'instruction  des  ouvriers  adultes  est  à  peu  près  nulle. 
Les  ouvrier*  des  deux  sexes  travaillent  réunis  dans  les  mêmes  atelier*. 
La  conduite  de*  ouvrier*  est  bonne  dan*  l'établissement;  le  directeur 
ignore  comment  ils  *e  conduisent  au  dehors. 

.  11  y  a  un  fond»  de  réserve  pour  le*  malades;  ce  fonds  a  été  formé  par  la 
perception  de*  amendes. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant;  le»  ouvriers  sont  rarement  malades,  et  le 
directeur  ne  pense  pas  que  le  travail  exerce  quelque  influence  fâcheuse  sur 
la  aanté  des  ouvriers,  ou  sur  le  développement  physique  des  enfanta.  Ce  que 
l'on  observe  le  plus  fréquemment,  ce  sont  des  accidenta,  rarement  graves,  et 
presque  toujours  du*  i  l'imprudence  des  victimes. 

On  ignore  s'il  y  a  des  ouvriers  inscrit»  sur  la  liste  de*  pauvre*. 
Il  y  a  nn  règlement  d'ordre. 

On  n'a  jamais  essayé  de  faire  travailler  le*  unfants  par  relais  ou  escouades. 
Le  directeur  regarde  comme  préjudiciable  à  son  industrie,  la  mesure  qui 
fixerait  un  maximum  de  durée  pour  le  travail  de*  enfanta;  cette  mesure 
l'obligerait  à  renvoyer  immédiatement  tous  les  enfanta  auxquels  elle  serait 
applicable.  D'ailleurs,  il  trouve  cette  mesure  inutile,  parce  que  le*  enfants 
n'ont  qu'un  travail  léger  et  proportionné  à  leur*  force*  ;  ce  travail  ne  peut 
donc  leur  être  nuisible. 

Il  n'y  a  pas  de  doute  que  les  enfants  n'aient  beaucoup  à  souffrir,  dan*  cette 
fabrique,  du  travail  de  nuit,  et  d'autant  plus  qu'il»  sont  fort  jeune*  el  presque 


^y  Google 


568  CONSEIL  CENTRAL  DE  SAHIBBfTÉ  PCBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
ton*  âgés  de  six,  sept  et  huit  an*  seulement.  A  part  cela,  l'établi  «sèment  est 
bien  tenu,  lei  ateliers  sont  bien  disputés,  bien  aérés  et  bien  ventilés,  et  satis- 
font au»  exigence*  de  l'hygiène.  Nom»  devon*  dire  cependant  qu'il  ne  nous  » 
pai  été  permis  de  toît  le*  première*  opération*  qu'on  fait  subir  an  tin,  chose 
que  nous  regrettons  d'autant  plus  que  ce  sont  précisément  celle*  qui  exercent 
la  plu*  fnneale  influence  sur  la  santé  de*  travailleur*, 


ÉT»ÏMUSt*t1T  A. 

Il  y  a  une  machine  à  vapeur  de  ta  force  de  quatre  à  si»  chevaux. 

On  y  occupe  ordinairement  quarante  ouvriers  adnltea,  quelquefois  cin- 
quante. 

Les  ouvrier*  ont  du  travail  toute  l'année. 

lia  travaillent  tous  à  la  journée. 

La  journée  commence  à  sept  heure*  du  matin,  ei.  finit  à  sept  heure*  du 
toir.  Une  partie  des  ouvrier*  devant  travailler  la  nuit,  ils  font  alternative- 
ment une  semaine  dn  travail  de  jour,  et  une  semaine  de  travail  de  nuit. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  une  heure  à  midi  et  une  demi- 
heure  l'après-dînée.  Le*  ouvriers  travaillant  aux  fourneaux  n'ont  pas 
d'intervalles  fixes  de  repos  ;  ils  prennent  leur  repos  quand  ih  ont  alimenté 
le*  fourneaux. 

La  plupart  de*  ouvriers  vont  prendre  leurs  repas  chex  eux,  dn  Moins  le 
dîner. 

Une  trentaine  d'ouvrier*  doivent  toujours  travailler  le  dimanche. 

II  n'y  a  jamais  de  chômage  le  hindi. 

Les  salaires  n'ont  subi  aucune  variation. 

Les  ouvrier*  employé*  aux  fourneaux  gagnent  3  fr.  par  jour;  les  ouvriers 
manœuvres,  1  fr.  80  c.  ;  et  quelque*  ouvrier*  spéciaux,  S  fr. 

L'instruction  de*  ouvrier*  laisse  beaucoup  à  délirer;  peu  savent  lire  et 
écrire  ;  ils  sont  presque  tous  de  la  campagne. 

Leur  conduite  est  assez  bonne. 

L'établissement  n'a  ni  caisse  d'épargne,  ni  fond*  de  réserve  pour  le* 
malades. 

L'état  sanitaire  est  satisfaisant;  il  y  a  rarement  des  ouvriers  muhdes.  Le 
directeur  ne  peut  pa*  émettre  d'avis  sur  l'inflnanee  que  le  travail  exerce 
sur  la  santé  de*  ouvriers. 

Il  ignore  aussi  s'il  y  a  des  'on  Triera  inscrits  sur  la  liste  des  pauvre*. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  on  de  discipline. 

Le*  dispositions  relatives  au  livret  ne  sont  qu'incomplètement  exécutées  ; 
huit  ouvrier*  seulement  ont  des  livrets. 


;?by  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRABANT.     559 

Bien  que  le  local  où  se  trouvent  les  fourneaux  soit  vaste  et  bien 
aéré,  il  y  règne  cependant  presque  toujours  une  fumée  épaisse  et 
suffocante  qui  doit  irriter  assex  vivement  les  organes  respiratoires; 
aussi,  le  travail  bit  dans  une  semblable  circonstance,  doit  nuire 
aux  ouvriers  à  poitrine  faible  et  délicate.  En  outre,  la  forte  chaleur 
qu'ils  ont  à  subir  doit  les  énerver,  les  affaiblir,  et  les  exposer  A 
des  affections  rhumatismales  et  catarrhales,  s'ils  n'évitent  pat  avec 
soin  les  transitions  brusques  de  température. 

,    «ItHlMtlUl    B. 

On  y  fait  du  ga*  dit  portatif,  que  Ton  obtient  eu  distillant  un  mélange 
de  houille,  de  graisse  et  de  résine  liquéfiées.   ■ 

Cet  établissement  n'occupe  à  la  fabrication  qu'as  seuleayrier,  qui  travaille 
depuis  six  heures  du  matin  jusqu'à  neuf  heures  du  soir. 

Cet  ouvrier  gagne 3  fr.  par  jour. 

Il  représente  le  travail  comme  très  fatigant,  et  assure  qu'A  faut  avoir  une 
bonne  poitrine  pour  y  résister. 

Nous  avons  été  présents  à  diverses  opérations,  et  nous  ayons  pu  nous 
convaincre  qu'il  faut  une  grande  habitude  pour  supporter  la  chaleur  et  la 
famée  produites  par  les  fourneaux. 

Cette  usine  pourrait  être  mieux  ventilée;  te*  ouverture*  pratiquées  dans 
la  toiture  sont  insuffisantes  pour  donner  une  prompte  issue  à  la  fumée. 

Les  réflexions  que  nous  avons  faites  relativement  à  la  salubrité  du  travail, 
en  parlant  de  l'établissement  A,  sont  encore  applicables  ici. 


tTiiLissmiXT  d.  —  Fabrique  de  plâtre. 

Les  fabriques  4e  plâtre  u'oocapedt,  en  général,  qu'on  trè*. petit  nombre 
d'ouvriers  ;  aussi  présentent-elles  peu  d'intérêt  peur  ceux  qui  s'occupent  des 
conditions  physique,  morale  et  intellectuelle,  de  la.  classe  ouvrière.  C'est  donc 
sous  le  rapport  hygiénique  que  nous  considérons  ce*  établissements. 

L'établissement  A  n'emploie  qu'un  seul  eu* rier.  C'est  un  homme  robuste 
et  bien  portant  qui  exerce  la  profession  de  plâtrier  depuis  vingl-ciuq  au. 

Le*  ateliers  sont  asseï  vaste*  et  suffisamment  aéréa;la  pulvérisation  du 
plâtre  produit  peu  de  poussière,  parce  qu'il  contient  encore  l'eau  «fui  entre 
naturellement  dans  m  coasposiùon.  Le  plâtre  se  cuit  ensuite  dan*  une  chau- 
dière en  fer,  recouverte  d'un  manteau  i 
au  dehors. 

Le  blutage  seul  donne  un  peu  de  poussière. 


^y  Google 


560     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 


On  n'y  occupe  qu'un  seul  ouvrier. 

Ici  l'ou  commence  par  calciner  le  plaire  en  morceaux  ilana  un  four  sem- 
blable à  celui  de»  boulangers;  la  voûte  du  four  présente  un  tube  par  lequel 
■'échappe  la  vapeur  d'eau  provenant  du  plâtre  ;  cette  vapeur  condensée  va 
se  rendre  dans  une  cuvette  disposée  aâ  lut. 

Le  chef  n'a  jamais  observé   que  le  travail  du  plâtre  produisît  quelque 

Nous  croyons  devoir  faire  remarquer  cependant  que,  par  le  procédé  de 
fabrication  adopté  ici,  les  ouvrier*  sont  exposés  à  une  poussière  plus  abon- 
dante. 

iruuMainnT  C.  —  Mouleur  est  plâtre. 

Le  père  travaille  avec  ses  enfants;  ils  sont  bien  portants. 

L'atelier,  quoique  petit,  est  salubre;  il  y  règne  peu  ou  point  de  poussière. 

Le  chef  assure  que  la  profession  n'a  rien  d'insalubre. 


ETABLUSMIR*  A. 

Le  moteur  est  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  trente  chevaux. 
On  y  tire  des  tuyaux  de  plomb  ;  il  y  a,  en  outre,  un  tordoir  à  l'huile  el 


On  y  occupe  dix-sept  ouvrier*  adultes,  neuf  au  tirage  du  plomb,  trois  au 
tordoir,  et  cinq  à  la  meunerie.  Du  reste,  le  nombre  des  ouvriers  varie;  il  aug- 
mente ordinairement  en  hiver. 

Le*  ouvrier*  sont  occupé*  toute  Tannée. 

Ils  travaillent  à  la  journée,  sauf  ceux  employés  au  tordoir. 

En  toutes  saisons,  la  journée  commence  à  six  heure*  du  matin,  et  finit  à 
sept  heures  du  soir. 

Ces  limite*  sont  rarement  dépassées. 

On  travaille  quelquefois  la  nuit;  en  hiver,  le  travail  de  nuit  est  fréquent  à 
la  meunerie. 

Pendant  le  travail  de  jour,  il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  matin,  et  une 
heure  a  midi.  Pour  le  travail  de  nuit,  le*  ouvrier*  *e  relayent  à  minuit. 

Le*  ouvrier*  habitant  tons  la  campagne,  prennent  leur*  repas  dîna  l'éta- 
blissement, mai*  dan*  un  local  à  ce  destiné. 

On  ne  travaille  jamais  le  dimanche,  et  il  n'y  a  pas  de  chômage  le  lundi. 

Les  salaire*  n'ont  ni  augmenté  ni  diminué. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES  INDUSTRIELS  DU  BRÀBÀNT.    561 

Le*  ouvrier!  plombier*  gagnent  ï  francs  par  jour. 

Le»  ouvrier»  huilier»  sont  payés  à  l'aime,  et  gagnent  18  fr.  par  semaine. 

Les  meuniers  gagnent  2  franc*  par  jour,  et  1  fr.de  plus  pour  chaque  demî- 
nuit  de  travail. 

L'instruction  des  ouvriers  est  i  peu  près  nulle  ;  deux  ou  trois  savent  lire 
et  écrire.  Leur  conduite  est  bonne.  ' 

Il  n'y  a  ni  caisse  d'épargne,  ni  Tonds  de  réserve  pour  les  malades. 

La  santé  des  ouvriers  est  bonne  ;  ils  sont  rarement  malades,  et  le  cbef  n'a 
pas  observé  qu'ils  fussent  sujets  à  quelque  maladie  particulière. 

Il  n'est  jamais  arrivé  d'accident  dans  cet  établissement. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  des  pauvres  ;  les  ouvriers  vivent 
bien  et  facilement;  ce  sont  des  campagnards,  petits  cultivateurs. 

Il  n'y  a  pas  de  règlement  d'ordre  ou  de  discipline. 

Le  dépôt  du  livret  est  exigé. 

L'établissement  possède  deux  pompes  à  incendie. 

Les  ateliers  sont  vestes,  spacieux,  bien  disposés  et  présentent  de  suffisantes 
garanties  de  salubrité.  Le  local  ou  se  fait  la  fonte  du  plomb  est  petit,  mai» 
bien  aéré  ;  il  nerait  à  désirer  cependant  que  la  chaudière  qui  contient  envi- 
ron 7,000  kilogrammes  de  plomb,  fût  placée  sous  un  large  manteau  sur- 
monté d'une  cheminée  d'appel. 

Enfin  les  travaux  les  plus  fatigants  dans  la  meunerie  sont  exécutés  par  la 
machine  à  vapeur. 

ETIHISSMINT  B. 

Il  y  a  dans  l'établissement  de  vingt  à  vingt-cinq  ouvriers  ou  apprentis. 
La  plupart  sont  âgés  de  douze  à  seiie  ans  ;  le»  autres  ont  de  seize  à  qua- 
rante ans. 

Le  travail  est  irrégulier,  de  sorte  que  tous  les  ouvriers  ne  sont  pas  occupés 

Le*  ouvriers  travaillent  à  la  pièce. 

Les  enfanta  sont  engagés  par  le  chef,  qui  se  les  procure  facilement  en 
s'adreuant  aux  frères  de  la  doctrine  chrétienne.  On  ne  les  emploie  qu'A  des 
occupations  peu  fatigantes,  comme  le  dessin,  la  gravure,  le  coloriage  ;  une 
partie  de  la  journée  est  employée  aussi  à  leur  donner  de  l'instruction. 

Le  travail  commence  à  sept  heures  et  demie  du  matin,  et  finit  à  quatre 
'  heures  de  l'a  près- dinée. 

Ces  limites  ne  sont  dépassée*  que  dans  les  moments  de  presse,  chose  qui 
arrive  très-rarement. 

Les  enfant*  ont  une  heure  et  demie  de  repos  pendant  le  travail;  les  adultes 
n'ont  qu'une  demi-heure  de  repos. 

Le  chef  ne  peut  qu'approuver  la  mesure  qui  fixerait  un  maximum  de 
durée  pour  le  travail  des  enfant*. 

Il  pense  que  pour  le»  enfant»  au-dessous  de  l'âge  de  douxe  ans,  il  ne  fau- 
drait permettre  que  huit  heures  de  travail,  tout  en  leur  a**urant  une  heure 


^y  Google 


5»      CONSEIL  CENTRAL  DE  SÀLUUR1TÉ  (TOUQUE  DE  BRUXELLES. 

et  demie  de  repos  ;  que  pour  cem  âgés  de  doute  a  selie  ans ,  on  pourrait 
tolérer  dix  heures  de  travail,  «t  que  pour  cari  âgés  de  plus  de  «eiie  an»  oit 
pourrait  permettre  douie  heures  de  travail,  y  comprit  les  intervalles    de 

Il  eut  eicessivemett  rare  que  l'on  travaille  la  nuit,  et,  dans  ce  eis,  le» 
enfants  ne  prennent  point  part  au  travail. 

Les  ouvriers  ne  prennent  que  le  déjeuner  dada  les  ateliers. 

On  ae  travaille  pas  le  dimanche ,  et  le  chantage  du  lundi  n'est  pas  permis. 

L'établissement  faisant  des  sacrifices  en  faveur  des  jeune»  gêna  qui  «ont 
y  faire  leur  apprentissage,  cens-ci  ne  reçoivent  de  rétribution  que  lorsqu'ils 
savent  déjà  faire  de»  ouvrages  de  quelque  valeur. 

L'instruction  des  enfants  est  assez  satisfaisante;  ils  doivent  déjà  avoir  quel- 
que instruction  au  moment  de  leur  admission ,  et  cette  instruction  ae  com- 
plète dans  rétablissement. 

L'instruction  des  adultes  est  satisfaisante  aussi  ;  les  plusjennes  sont  surtout 
les  plus  instruits.  Il  n'y  a  que  deux  ouvriers  qui  ne  savent  ni  lire  ni  écrire. 

Tnns  ont  des  notions  de  dessin. 

Les  ouvriers  des  deux  setes  travaillent  séparément  dans  des  locaux  dis- 
tincts. 

Leur  conduite  est  très-bonne. 

L'état  sanitaire  né  laiase  rien  i  désirer;  lea  ouvriers  sont  très-rarement 
malades,  et  leurs  occupations  n'exercent  aucune  influence  défavorable  sur  la 
santé. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  listé  des  pauvres. 

Cet  établissement  est  bien  tenu  ;  les  ateliers  sont  spacieux ,  propres,  bien 
aérés  et  calubresj  les  ouvriers  que  nous  y  avons  vus  étaient  bien  portants. 
Cependant  il  y  a  beaucoup  à  rabattre  de  l'assertion  du  chef  relativement  àl'in- 
nocutté  du  travail;  une-personne,  qui  depuis  de  longues  années  a  des  relations 
suivies  avec  rétablissement,  nous  a  déclaré  que  presque  tous  les  lithographes 
qui  y  sont  employés  succombent  à  la  phthisie  pulmonaire. 


ï  4» Seleriet)  mécoolqa- 


ÏTisussiani  A. 

On  y  occupe  trois  cents  ouvriers.  Sur  te  nombre  il  y  a  cinq  enfanta  Agés 
de  moins  de  neuf  ans,  dix  ayant  de  neuf  à  dôme  ans,  et  dix  autres  ayant  de 
donae  a  sejse  aos.  Tous  lea  autres  ouvrier»  OU  plus  de  srite  ans. 

Le  travail  continue  toute  l'année. 

Tous  les  enfants  et  une  partie  dea  ouvriers  travaillent  a  la  journée  ;  nue 
entra  partie  (la  moitié  environ)  travaille  à  forfait. 


^y  Google 


ENQUÊTE  DANS  LES  ÉTABLISSES!.  INDUSTRIELS  DU  BRADANT.    665 

Le*  enfante  âgé*  de  moins  de  douie  an»  ne  «ont  admis  qu'avec  leur* 
parent*;  il*  «ont  seulement  employas  comme  aide*.  Ceux  âgés  de  pin*  de 
do luf  an»  «ont  employa*  mine  ouvriers. 

On  se  procure  facilement  le*  enfant*  dont  on  a  besoin. 

Le*  enfant*  rendent  autant  de  service*  que  le*  ouvriers  adnltea;  on  les 
emploie  par  mesure  d'économie. 

En  été  on  occupe  ordinairement  un  plus  grand  nombre  de  jeunes  ouvrier* 
que  pendant  l'hiver;  la  différence  est  d'un  cinquième  environ. 

Le  travail  commence,  en  été,  à  six  heures  du  matin,  et  finit  à  sept  heures  du 
soir.  En  hiver,  il  ne  commence  qu'à  sept  heure*  et  demie  du  matin,  et  finit  i 
quatre  heures  et  demie  du  noir. 

Les  menuisiers  et  le*  ouvriers  employé*  à  forfait  travaillent  toujours  jus- 
qu'à huit  heures  du  *oir. 

Ces  limites  sont  quelquefois  dépassées,  mais  le  travail  extraordinaire  n'a 
lien  que  pour  quelques  ouvriers,  car  les  machines  cessent  de  fonctionner  à 
huit  heures  du  soir. 

Il  y  a  une  demi-heure  de  repos  le  malin,  une  heure  à  midi,  et  un  quart 
d'heure  à  quatre  heures. 

Le  chef  approuve  la  mesure  qui  fixerait  un  maximum  de  durée  pour  le 
travail  des  enfant*  ;  i)  croit  qu'il  ne  faudrait  faire  travailler  les  enfant*  que 
pendant  huit  heures,  y  compris  deux  intervalles  de  repos  de  trois  quart* 
d'heure  chacun,  et  encore  le  travail  ne  devrail-il  exiger  aucune  position  fati- 
gante. 

Les  enfants  ne  travaillent  jamais  la  nuit. 

Les  ouvriers  vont  prendre  leur*  repas  an  dehors. 

On  ne  travaille  jamai*  le  dimanche.  Le  lundi,  on  ne  travaille,  en  toutes  sai- 
sons, que  jusqu'à  quatre  heures  de  l'après-dinée. 

Le*  salaires  n'ont  ni  augmenté  ni  diminué. 

Les  enfants  gagnent  73  centime*  par  jour.  Parmi  les  adultes,  il  en  est  qui 
gagnent  1  franc,  d'autre*  1  fr.  50  c. 

Les  enfants  sont  payé*  directement  par  le  chef. 

L'emploi  donné  aux  enfant*  ne  leur  permet  pa*  de  fréquenter  le»  écoles  ; 
ils  ne  fréquentent  que  le  cour*  de  dessin  qui  est  donné  dans  l'établissement 
par  un  contre-maître. 

La  moitié  environ  des  onviers  adultes  ne  savent  ni  lire  ni  écrire.  Fresque 
tons  les  menuisiers  ont  des  notions  de  dessin. 

La  conduite  des  ouvriers  en  général  est  bonne. 

L'établissement  a  formé  un  fond*  de  réserve  pour  le*  malade»;  en  cas  de 
maladie,  l'ouvrier  est  soigné  gratuitement  et  touche  la  moitié  de  sa  solde 
ordinaire. 

La  santé  des  ouvrier»  est  bonne  ;  ils  sont  rarement  malades,  et  le  chef  n'a 


^y  Google 


564    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

pas  observé  que  le  travail  eiposàt  à  quelque  maladie  particulière,  lia  tout 
seulement  expoaé*  à  m  biewer  eu  travaillant. 

Aucun  ouvrier  n'est  inscrit  sur  la  liste  de*  panne*,  du  moins  au  an  du 
chef. 

Lea  atelier*  de  cet  établissement  sont  vastes,  bien  disposés  et  présentent 
de  suffisantes  garantie*  de  salubrité. 


^y  Google 


Séponsfa  ani  questions.  —  Résumé  et  conclusions  de  la  Commission 
du  Conseil  eeolral  de  salubrité  publique  de  Bruxelles. 


BgyxlICratE    P&BTIK. 


1™  QCESTioir.  —  Indiquer  d'une  manière  générale  la  conililution 
physique  et  l'état  sanitaire  de  la  population  ouvrière  de  la  province. 
Existe-t-il,  a  cet  égard,  des  différences  entre  les  ouvriers  occupés 
aux  travaux  agricoles  et  ceux  que  l'on  emploie  dans  l'industrie,  et 
parmi  ces  derniers  entre  ceux  qui  travaillent  sédentai rement  dans 
la  petite  industrie  ou  dans  les  grands  établissements  industriels  ? 

réponse.  —  Pour  répondre  convenablement  à  celte  question , 
il  faudrait  établir  une  foule  de  distinctions  et  entrer  dans  un  grand 
nombre  de  détails  qui  ne  peuvent  trouver  leur  place  ici ,  et  qui , 
d'ailleurs,  ont  été  exposés  dans  la  partie  de  notre  travail,  résumant 
les  renseignements  que  nous  avons  pris  dans  le»  différents  établis- 
sements industriels  de  la* province.  En  effet,  l'on  conçoit  que  la 
constitution  physique  et  l'état  sanitaire  de  la  population  ouvrière 
doivent  éprouver  de  nombreuses  modifications ,  suivant  que  celte 
population  vit  dans  les  grandes  villes  ou  dans  les  communes  rurales  ; 
suivant,  que  la  commune  qu'elle  habile  est  dans  une  situation  topo- 
graphique plus  ou  moins  avantageuse;  suivant  que  les  habitations 
elles-mêmes  sont  plus  ou  moins  bien  situées  ,  qu'elles  sont  plus  ou 
moins  spacieuses,  plus  ou  moins  propres,  plus  ou  moins  bien  aérées  ; 
suivant  que  les  ouvriers  trouvent  dans  leur  travail  les  moyens  d'une 
existence  plus  ou  moins  aisée  ;  suivant  que  le  travail  est  plus  ou 
moins  pénible  et  fatigant ,  ou  plus  ou  moins  nuisible  par  lui- 
même  ,  etc.  A  part  la  difficulté  résultant  de  ce  grand  nombre  de 


*by  Google 


506  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
causes  susceptibles  de  modifier,  et  qui  modifient  toujours,  en  effet, 
la  constitution  physique  et  l'état  sanitaire  de  la  population  ouvrière, 
il  en  est  une  autre  qui  tient  &  notre  position  particulière  :  habitante 
de  la  capitale,  les  membres  du  Conseil  central  de  salubrité  publique 
ont  plus  d'une  fois  donné  des  preuves  de  leur  sollicitude  envers  la 
classe  ouvrière ,  mais  presque  toujours  leur»  observations  se  sont 
bornées  à  celle  qui  vivait  sous  leurs  yeux ,  et  abstraction  faite  de 
cette  masse  d'ouvriers  répartie  entre  les  diverses  localités  de  la 
province.  Mais  la  difficulté  inhérente  à  notre  position  même  a  été 
levée,  grâce  à  la  mesure  que  nous  avons  adoptée;  nous  voulons 
parler  des  visites  que  nous  avons  faite»  par  nous-mêmes  dans  les 
principaux  établissements  industriels  du  Brabant.  Ayant  consacré 
plus  de  quatre  mois  à  ces  visites,  ayant  parcouru  la  province  à  peu 
près  en  tous  sens ,  ayant  vu  de  près  les  populations  ouvrières  des 
villes  et  des  campagnes ,  nous  pouvons  esquisser  à  grands  traits, 
c'est-à-dire  d'une  manière  générale ,  la  constitution  physique  et 
l'état  sanitaire  de  la  classe  laborieuse. 

La  constitution  physique  des  ouvriers  est ,  en  général ,  bonne  ; 
à  part  les  ouvriers  de  quelques  établissements  plus  ou  moins  insa- 
lubres, à  part  ceux  qui  étaient  déjà  d'une  constitution  plus  ou 
moins  molle  et  chélive  en  commençant  leur  carrière  industrielle , 
on  peut  dire  qu'ils  offrent  presque  tous  des  apparences  de  santé  et 
de  force.  Voilà  ce  qui  est  vrai ,  quand  on  considère  la  population 
ouvrière  en  masse;  mais  si  l'on  descend  aux  détails,  si  l'on  examine 
cette  population  dans  quelques  travaux  spéciaux ,  dans  quelques 
industries  particulières ,  le  tableau  devient  plus  affligeant  ;  alors 
disparaissent  les  apparences  de  la  santé  et  de  la  vigueur ,  alors  se 
présentent  à  l'observateur  des  teints  hâves  et  décolorés,  des  con- 
stitution» débiles,  épuisées,  rabougries,  etc. 

Relativement  à  la  masse ,  ce  sont  des  exceptions ,  nous  le  répé- 
tons ;  mais  ces  exceptions  sont  nombreuses,  très-nombreuses,  et  il 
importe  de  les  signaler  à  l'attention  et  à  la  sollicitude  du  gouver- 
nement. 

L'état  sanitaire  de  la  population  ouvrière  est ,  en  général ,  «nés 
satisfaisant.  Il  résulte  des  renseignements  que  nous  avons  recueillis, 
que ,  pour  une  foute  d'industries ,  et  toutes  choses  étant  égales 
d'ailleurs,  (es  ouvrière  ne  sont  pas  plus  souvent  atteints  de  maladies 
que  les  autres  citoyens.  Les  maladies  tes  plus  fréquentes  ehez  ta 
classe  ouvrière  sont  le  rhumatisme ,  les  scrofules ,  les  fièvres  inter- 
mittentes, le  catarrhe  et  la  pntbîsie  pulmonaire  :  les  causes  de  ces 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RfcS.  ET  CONCL.  DELACOKM.  567 
maladies  ae  trouvent  soit  dam  l'état  du  loi ,  soit  dans  la  mauvaise 
disposition  dès  habitations,  soit  dans  la  nature  du  travail,  toit  dans 
des  prédispositions  individuelles.  Certaines  industrie»,  comme  non 
l'établirons  plus  loin,  peuvent  occasionner  ces  maladies  ou  en  hâter 
le  développement;  mais,  en  général,  on  peut  dire  qu'elles  ne  dot- 
vent  pa»  leur  naissance  au  travail  seul ,  et  qu'il  y  a  toujours  bon 
nombre  d'autre*  causes  qui  agissent  concurremment  avec  lui ,  et 
peut-être  plus  puissamment  que  lui. 

Beaucoup  de  jeunes  ouvriers  sont  tcrofaleux.  Si  la  fréquence 
des  scrofules  ne  peut  pas  être  attribuée  au  travail  dans  les  («briquée, 
il  faut  convenir  cependant  que  celui-ci  peut  en  favoriser  le  déve- 
loppement et  en  prolonger  la  durée  :  ainsi  l'emploi  trop  précoce 
ou  immodéré  des  forces  de  l'enfant,  les  occupations  trop  séden- 
taires ,  le  séjour  dans  des  ateliers ,  souvent  froids  et  humides  ,  où 
l'an*  vicié  n'est  pas  facilement  remplacé  par  un  air  plus  pur  et 
plus  salubre  ,  etc. ,  sont  autant  de  conditions  propres  à  détériorer 
la  constitution  et  a  faire  naître  les  affections  strunieuses  ;  placez 
dans  les  mêmes  conditions  des  enfants  déjà  scrofuleux,  vous  aggra- 
verez et  perpétuerez  évidemment  leur  mal,  et  vous  entraverez  leur 
développement  physique.  : 

Ce  que  nous  avons  dît  jusqu'ici  «'applique  a  la  population  ou- 
vrière proprement  dite,  c'est-à-dire  a  celle  occupée  par  les  éta- 
blissements industriels.  Si  l'on  compare  cette  population  a  la  classe 
si  nombreuse  aussi  des  ouvriers  employés  aux  travaux  agricoles , 
la  comparaison,  sans  aucun  doute,  doit  tourner  toute  à  l'avantage 
de  ces  derniers.  Un  teint  souvent  fleuri ,  une  peau  plus  colorée, 
annoncent  chez  l'homme  des  champs  une  circulation  plus  active , 
un  sang  plus  riebe  en  hématosine;  sa  constitution  est  ordinairement 
robuste  et  se  traduit  a  nos  yeux  par  un  système  musculaire  plus 
fortement  et  surtout  plus  harmonique  ment  développé  que  chez  les 
ouvriers  des  fabriques.  Sa  santé  florissante ,  sa  constitution  phy- 
sique plus  avantageuse,  l'homme  des  champ*  tes  doit  à  l'influence 
bienfaisante  de  l'air  pur  au  milieu  duquel  il  exécute  presque  tous 
ses  travaux  ;  il  les  doit  à  la  nature  même  dé  ses  travaux  qui  exigent 
le  concours  de  tous  ses  membres,  une  activité  dans  laquelle  inter- 
vient presque  tout  le  système  musculaire,  en  sorte  qu'une  partie  , 
ne  ae  développe  pas  au  détriment  d'une  autre  ;  il  les  doit  a  une  vie 
réglée,  et,  disons-le,  a  l'ignorance  de  la  plupart  des  vices  dont  les 
ouvriers  font  l'apprentissage  dans  les  ateliers. 

Certainement,  tous  ceux  qui  travaillent  aux  champs  ne  presen- 


Digilizedby  GOOgle 


568    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

tent  pas  de»  constitutions  fortes  et  des  apparences  de  santé.  Il  faut 
encore  ici  faire  la  part  des  influences  auxquelles  ils  sont  soumis , 
tenir  compte  des  localités ,  de  la  nature  du  sol ,  de  l'état  des  habi- 
tations, des  ressources  fournies  par  le  travail ,  de  la  nourriture,  etc. 
Ainsi,  par  exemple,  il  ne  faut  pas  s'attendre  à  rencontrer  un  teint 
fleuri  et  une  peau  colorée  chez  celui  qui  vit  dans  une  localité  basse 
et  humide ,  ou  dans  le  voisinage  d'eaux  stagnantes  et  de  terrains 
marécageux  ;  ni  chez  celui  qui  habite  une  masure  froide  et  humide, 
où  il  n'est  qu'imparfaitement  à  l'abri  des  intempéries  de  l'air  ;  ni 
chez  le  malheureux,  enfin,  qui  ne  trouvant  à  s'occuper  qu'une 
partie  de  l'année,  souffre  souvent  de  la  misère  et  ne  se  nourrit  que 
des  aliments  les  plus  grossiers,  etc. 

Si  le  travail  en  plein  air  procure  la  santé,  s'il  aide  au  développe- 
ment physique  de  l'homme,  s'il  offre  des  avantages  incontestables, 
il  faut  dire  aussi  qu'il  peut,  dans  certaines  circonstances,  devenir 
cause  de  maladies  :  c'est,  on  le  comprendra  aisément,  lorsqu'il  a 
lieu  par  une  forte  chaleur,  par  un  soleil  ardent,  ou  dans  des  con- 
ditions opposées ,  c'est-à-dire  par  un  temps  froid  et  humide. 

Mais  les  causes  que  nous  signalons  ici  ne  sont  que  fugaces,  tem- 
poraires ;  elles  ne  minent  pas  sourdement  l'économie.  Lorsqu'elles 
déterminent  des  maladies,  ce  sont  presque  toujours  des  affections 
aiguës  que  le  médecin  peut  combattre  avec  des  chances  plus  ou 
moins  nombreuses  de  succès.  Chez  les  ouvriers  occupés  par  l'in- 
dustrie, les  causes  morbifiques  agissent,  au  contraire,  d'une  ma- 
nière continue  ;  elles  détériorent  insensiblement  la  constitution  et 
finissent  par  amener  des  états  morbides  qui  résistent  le  plus  sou- 
vent a  tous  les  secours  de  l'art. 

En  résumé,  il  résulte  des  considérations  auxquelles  nous  venons 
de  nous  livrer ,  que  l'ouvrier  employé  aux  travaux  agricoles  est 
en  général  d'une  santé  plus  robuste,  d'une  constitution  plus  forte 
que  l'ouvrier  des  fabriques ,  et  que ,  si  le  travail  les  expose  tous 
deux  a  des  causes  assez  multiples  de  maladies,  l'avantage  reste 
toujours  au  premier. 

Non-seulement  il  y  a,  sous  le  rapport  de  la  constitution  physique 
et  de  l'étal  sanitaire,  une  notable  différence  entre  les  ouvriers 
employés  aux  travaux  agricoles  et  ceux  occupés  par  l'industrie , 
mais  encore  entre  les  ouvriers  des  fabriques  des  villes  et  ceux  des 
fabriques  établies  dans  les  communes  rurales.  Cette  différence  n'est 
peut-être  pas  aussi  sensible,  mais  elle  n'en  est  cependant  pas  moins 
réelle  :  pour  la  saisir,  il  ne  faut  pas  comparer  la  population  iodus- 


xuvCoo^le 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RËS.  ET  CONCL.  DE  LA  COHH.     569 

trielle  des  campagnes  à  celle  des  petites  villes,  parce  que  l'une  et 
l'autre  sont  soumises  a  des  conditions  à  peu  près  similaires,  mais  il 
faut  mettre  la  population  industrielle  des  campagnes  en  opposition 
avec  celle  des  grandes  villes  ;  alors  vous  verrez,  pour  des  industries 
semblables,  les  ouvriers  offrir  des  santés  plus  ou  moins  florissantes, 
selon  qu'ils  appartiennent  a  la  campagne  ou  a  la  ville. 

Bien  que  la  question  posée  n'ait  pas  fait  mention  de  cette  dis- 
tinction ,  nous  avons  cru  devoir  l'établir ,  par  la  raison  que  nous 
avons  été  à  même  de  constater  la  différence  que  nous  venons  de 
signaler,  et  qu'elle  pourra  jeter  quelque  lumière  sur  plusieurs  des 
points  que  nous  aurons  à  traiter  ultérieurement. 

Pour  résoudre  la  dernière  partie  de  la  question,  il  faut  d'abord 
déterminer  ce  qu'on  doit  entendre  par  petite  et  grande  industrie. 
La  grande  industrie  est  celle  qui  exige  l'emploi  de  forces  motrices 
puissantes,  telles  que  la  vapeur  ou  les  chutes  d'eau,  ou  encore  celle 
qui,  sans  exiger  l'emploi  de  ces  forces,  occupe,  sous  un  même  toit, 
un  grand  nombre  d'ouvriers.  La  petite  industrie,  au  contraire,  est 
celle  qui  n'a  pour  moteur  que  le  bras  de  l'homme,  ou  qui  n'emploie, 
du  moins,  que  des  moteurs  peu  puissants  ,  ou  bien  qui  ne  s'exerce 
qu'en  petite  réunion.  Ces  définitions,  quoique  peu  rigoureusement 
exactes,  suffisent  cependant  pour  l'objet  que  nous  avons  en  vue,  et 
permettent  d'établir  à  priori  que  les  ouvriers  doivent,  en  général, 
moins  souffrir  dans  la  grande  industrie  que  dans  la  petite.  La  pre- 
mière ,  en  effet ,  exige  des  locaux  vastes  et  spacieux ,  une  dépense 
moins  considérable  de  force,  le  travail  se  bornant  souvent  a  la 
surveillance  ou  a  la  conduite  des  machines;  le  travail  lui-même  a 
des  limites  plus  fixes,  et  est  interrompu  par  des  intervalles  de  repos 
plus  longs  ;  la  surveillance  qu'on  exerce  dans  les  grands  ateliers  y 
rend  l'apprentissage  des  vices  plus  difficile  et  prévient  la  plupart 
des  abus. 

Dans  la  petite  industrie,  le  travail  est  plus  pénible;  il  exige  une 
dépense  plus  considérable  de  force  ;  les  ateliers  sont ,  en  général , 
plus  petits ,  moins  aérés ,  plus  insalubres  ;  la  durée  du  travail  est 
plus  longue,  les  intervalles  de  repos  sont  moins  nombreux  et  plus 
courts ,  les  abus  plus  fréquents ,  et  les  vices  s'y  perpétuent  plus 
aisément  parce  que  la  surveillance  est  nulle  ou  peu  active. 

Si  donc  les  ouvriers  des  grandes  fabriques  travaillent  dans  des 
conditions  généralement  plus  favorables  que  ne  le  font  ceux  de 
la  petite  industrie,  il  en  résulte  nécessairement  que,  toutes  choses 
demeurant  égales,  le  travail  sédentaire  dans  la  petite  industrie  est 


^y  Google 


570  CQNSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
plut  nuisible  que  dans  la  grande.  Pour  se  convaincre  de  cette  vérité, 
il  suffit  d'examiner  comparativement  quelque*  ouvriers  occupes 
sédentaire  ment  dans  la  grande  industrie,  et  quelques  autres  travail 
lant  sédentairemeul  dans  les  petits  ateliers.  Celte  vérité  deviendra 
surtout  évidente  si  l'on  choisit  de.  préférence  pour  celte  comparai- 
son, déjeunes  ouvriers;  car,  hâtons-nous  de  le  dire,  c'est  principale- 
ment aux  enfants  que  le  travail  sédentaire  devient  préjudiciable, 
par  l'inaction  forcée  à  laquelle  il  les  condamne. 

2"  question.  —  Quelles  sont  les  maladies,  les  infirmités  et  les 
difformités  que  les  ouvriers  de  tout  Age  et  de  chaque  seie  con- 
tractent dans  l'eiercice  de  certaines  professions  ?   , 

KEPORSB.  —  On  ne  peut  répondre  à  cette  question  que  pour 
autant  que  Ton  passe  en  revue  les  diverses  professions  ou  indus* 
tries.  Nous  devons  donc  mentionner  ici  toutes  les  professions  ou 
industries  que  nous  avons  eu  occasion  d'examiner,  et  nous  rappor- 
terons les  renseignements  que  nous  avons  recueillis.  A  défaut  de 
renseignements  concluants,  nous  exprimerons  noire  opinion  sur 
les  maladies  que  chaque  industrie  peut  produire ,  en  ayant  soin 
d'éviter  toute  confusion,  afin  que  l'on  ne  prenne  pas  notre  opinion 
personnelle  pour  le  résultat  de  l'observation. 

§1.—  Batteur»  d'or. 

Us  ne  sont  exposés  à  aucune  maladie  particulière.  La  profession 
exigeant  une  dépense  considérable  de  forces  et  une  activité  con- 
tinuelle de  la  part  des  membres  supérieurs,  ceux-ci,  et  les  muscles 
qui  tes  meuvent,  prennent  un  développement  plus  fort  que  les 
parties  inférieures  condamnées  à  l'immobilité-  Les  efforts  exécutés 
par  les  membres  supérieurs  sembleraient  devoir  favoriser  la  for- 
mation des  hernies  ;  cependant  l'observation  a  appris  que  cet 
accident  n'est  pas  plus  fréquent  chez  les  batteurs  d'or  que  cbez 
les  autres  ouvriers.  Les  accidents  les  plue  ordinaires  sont  des  con- 
tusions ,  des  meurtrissures  ou  des  écrasements  plus  ou  moins  forts 
des  doigts,  déterminés  par  le  maillet. 

L'industrie  du  batteur  d'or  demande  encore  l'intervention  d'au- 
tres ouvriers  pour  placer  dans  des  livrets  l'or  réduit  en  feuilles.  Ce 
travail,  tout  A  fait  sédentaire,  est  ordinairement  confié  A  des  femmes 
ou  A  des  jeunes  filles  ;  il  nous  semble  de  nature  A  nuire  à  la  consti- 
tution des  ouvrières,  d'abord  parce  qu'il  est  sédentaire,  et  ensuite 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.—  RÉS.  ET  COEKL.  DE  LACOHM.  571 
parce  qu'il 'doif  régner  dana  l'atelier  où  H  s'exécute  une  tempéra- 
ture toujours  assez  élevée  ;  ajoutons  enfin  que  le  travail  ne  permet 
pas  l'emploi  des  moyens' de  ventilation,  et  l'on  comprendra  que 
la  constitution  des  fesmes  doit  s'amollir,  et  présenter  bientôt  les 
conditions  les  plus  favorables  au  développement  des  flueurs  blan- 
ches et  des  affections  chloroliques. 

§  2.  —  Tireur»  d'or. 

Ce  travail  n'a  rien  d'insalubre.  Les  ouvriers  fondeurs  sont 
exposés  aux  maladies  résultant  d'une  suppression  brusque  de.  la 
transpiration ,  le  catarrhe ,  la  pneumonie,  les  rhumatismes  ;  quel 
ques  précautions  suffisent  pour  prévenir  ce  résultat  ;  on  observe 
rarement  l'une  ou  l'autre  de  ces  maladies. 

Le  tirage  proprement  dit  est  un  ouvrage  sédentaire  que  l'on 
confie  a  des  femmes  ou  à  des  enfants.  Il  a  tous  les  inconvénients 
des  travaux  sédentaires,  mais  il  est  moins  nuisible  que  dans  l'in- 
dustrie précédente,  parce  qu'il  n'exige  pas  une  température  élevée 
et  la  fermeture  constante  des  fenêtres. 

Les  tireurs  d'or  deviennent  quelquefois  myopes ,  et  l'on  remar- 
que chez  ceux  qui  ont  longtemps  exercé  la  profession,  un  affaiblis- 
sement notable  de  la  vue. 

§  3.  —  Doreurs  sur  métaux. 

Celte  profession  est  des  plus  insalubres ,  de  l'aveu  même  des 
industriels  que  nous  avons  consultés  a  cet  égard.  Elle,  comporte 
un  nombre  d'opérations  plus  ou  moins  grand,  suivant  que  l'in- 
dustriel fond  lui-même  le  bronze  ou  le  reçoit  coulé  et  travaillé  : 
toutes  ces  opérations  sont  essentiellement  nuisibles.  Pour  le  doreur 
proprement  dit,  elles  consistent  :  1"  a  recuire  le  bronze  qui  doit 
être  doré;  2"  a  enlever  de  sa  surface  l'oxyde  qui  s'est  formé  pendant 
le  recuit ,  ce  qui  s'appelle  décaper  ou  dérocher,  et  ce  qui  se  fait 
d'ordinaire  aveo  l'acide  nitrique  ;  S"  à  préparer  l'amalgame  d'or 
et  de  mercure  ;  4*  à  appliquer  et  à  étendre  l'amalgame  sur  le 
métal  à  l'aide  d'un  pinceau  de  fil  de  laiton ,  qu'on  trempe  dans 
de  l'acide  nitrique;  0°  a  passer  au  feu  la  pièce  recouverte  de 
l'amalgame  pour  en  dégager  le  mercure. 

Les  maladies  produites  par  ces  opérations  sont  les  coliques 
métalliques ,  diverses  affections  de  poitrine  et  le  tremblement  dit 
mercuriel.  Cette  dernière  maladie  est  de  beaucoup  la  plus  fié-  . 
quente,  parce  que  c'est  principalement  a  l'inspiration  de  vapeurs 


^y  Google 


572     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

roercurielles  que  les  doreurs  sont  le  plus  exposés.  Lorsque  les 
ateliers  des  doreurs  sont  mal  disposés,  lorsque  les  ouvriers  vivent 
dans  l'intempérance  et  la  débauche,  leur  santéest  bientôt  ruinée, 
et  l'on  constate  sur  leur  figure  les  signes  d'une  cachexie  profonde. 

§  4.  —  Fabriques  de  produits  chimiques. 

Sous  ce  litre ,  nous  comprenons  plusieurs  espèces  d'établisse- 
ments :  les  uns  sont  toujours  insalubres  à  un  certain  degré ,  les 
autres  ne  le  sont  pas  ou  ne  le  deviennent  que  par  une  mauvaise 
disposition  des  ateliers  et  des  appareils. 

Parmi  les  établissements  toujours  insalubres  à  un  certain  degré, 
il  faut  ranger  les  fabriques  d'acides  minéraux,  et  celles  ou  l'on  pré- 
pare les  chlorures  de  chaux  sec  ou  liquide.  Les  déclarations  des 
chefs  varient  relativement  à  l'influence  nuisible  de  la  fabrication 
sur  la  santé  des  ouvriers  :  les  uns  prétendent  que  la  fabrication  ne 
nuit  en  rien  à  la  santé  des  ouvriers ,  tandis  que  les  autres  recon- 
naissent qu'elle  offre  des  inconvénients  graves.  Nous  avons  remar- 
Iqué  qu'en  général  les  ouvriers  de  ces  fabriques  sont  maigres, 
pâles,  et  d'un  teint  jaunâtre  assez  prononcé;  nous  n'en  avons  vu 
qu'un  petit  nombre  qui  présentaient  les  apparences  de  la  santé. 
Les  maladies  produites  par  le  travail  sont  des  toux,  des  oppres- 
sions, des  irritations  de  poitrine,  des  asphyxies  incomplètes,  des 
hémoptysie»,  la  phthîsie  pulmonaire,  la  diarrhée  et  des  affections 
quelquefois  incurables  du  tube  intestinal.  Ces  maladies  se  déclarent 
plus  ou  moins  promptement ,  sont  plus  ou  moins  intenses ,  persis- 
tent plus  ou  moins  longtemps ,  selon  la  constitution  des  individus, 
leur  manière  de  vivre,  leur  régime  alimentaire ,  U  situation  et  les 
conditions  hygiéniques  de  leurs  habitations ,  etc. 

§  5.  —  Fabriques  de  papier. 

Les  conditions  du  travail  sont  bien  différentes ,  suivant  que  la 
fabrication  a  lieu  à  la  main ,  ou  a  la  mécanique.  Cependant,  il  est 
quelques  opérations  préalables  qui  sont  les  mêmes  dans  l'un  et 
l'autre  procédé  de  fabrication  :  nous  ne  mentionnerons  ici  que 
celles  qui  peuvent  exercer  quelque  influence  défavorable  sur  la 
santé  des  ouvriers  ;  ces  opérations  sont  :  le  triage,  le  coupage  et 
la  mouture  des  chiffons,  et  le  blanchiment  de  la  pâte  au  moyen  du 
chlore  gazeux. 

Le  triage  et  le  coupage  produisent  une  poussière  abondante  qui, 
pénétrant  dans  les  organes  respiratoires ,  provoque  une  toux  de» 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  Rfô.  ET  CONCL.  DE  LA.  COUM.  573 
plus  incommodes.  Les  femmes  chargées  de  ce  travail  payent 
presque  toutes  ce  tribut  lorsqu'elles  en  sont  à  leur  apprentissage; 
peu  a  peu  elles  s'habituent  à  la  poussière  et  finissent  par  ne  plus 
tousser.  Les  divers  industriels  que  nous  avons  interrogés  a  cet 
égard,  nous  ont  affirmé  que  l'expérience  leur  a  appris  que  les 
trieuses  et  les  coupeuses  n'étaient  pas  plus  sujettes  aux  maladies 
de  poitrine  que  d'autres  ouvriers,  Dn  industriel  cependant  nous 
a  déclaré  qu'il  y  avait  des  ouvrières. qui  ne  pouvaient  pas  supporter 
le  travail  du  triage  et  du  coupage,  et  qu'il  avait  pris  la  mesure  de 
renvoyer  immédiatement  celles  qui  commençaient  a  tousser.  Ceci 
nous  porte  k  croire  qu'on  a  du  reconnaître  à  ce  travail  une  fâcheuse 
influence  sur  les  organes  de  la  respiration,  et,  dans  notre  opinion, 
il  peut  prédisposer  aux  affections  de  poitrine  et  même  en  hâter  le 
développement. 

Maniant  des  chiffons  souillés  de  toute»  espèces  d'ordures,  on 
serait  porté  a  admettre  que  les  trieuses  et  les  coupeuses  doivent 
fréquemment  être  affectées  de  maladies  de  la  peau;  mats  l'obser- 
vation a  prouvé  que  ces  maladies  sont  peu  communes  chez  elles. 
Les  coupeuses,  qui  n'en  sont  qu'à  leur  apprentissage,  se  font 
Souvent  des  coupures  plus  ou  moins  graves. 

Lès  ouvriers  meuniers  et  feutrîers,  travaillant  dans  des  locaux 
toujours  froide  et  humides,  sont  exposés  aux  rhumatismes;  ['inT 
fluence  du  froid  et  de  l'humidité  a  d'autant  plus  de  prise  sur  ces 
ouvriers,  qu'ils  sont  obligés  de  travailler  la  nuit,  et  que,  dans 
beaucoup  de  fabriques,  ils  travaillent  même  vingt-quatre  heures 
de  suite. 

Le  blanchiment  de  la  pâte ,  à  l'aide  du  chlore  gazeux ,  est  une 
opération  dangereuse  qui  peut  produire  des  maladies  de  poitrine 
très-graves ,  et  même  la  mort,  comme  cela  est  arrivé  dans  une 
fabrique  pour  deux  ouvriers.  Cependant  il  est  juste  de  dire  que 
cette  opération  peut  se  faire  sans  aucun  danger  pour  les  ouvriers, 
lorsque  ceux-ci  prennent  les  précautions  convenables,  et  que  les 
appareils  et  les  chambres  à  blanchiment  sont  d'ailleurs  bien  établis. 
La  fabrication  en  elle-même,  et  à  l'aide  de  la  mécanique,  ne  nous 
parait  guère  susceptible  de  détériorer  la  santé  des  ouvriers;  l'hu- 
midité d'une  partie  du  sol  et  les  vapeurs  aqueuses  résultant  de  la 
dessiccation  instantanée  du  papier  sur  des  cylindres  chauffés, 
peuvent  peut-être  a  la  longue,  et  lorsque  les  ateliers  sont  mal  dis- 
posés, exercer  quelque  influence  défavorable,  mais  nous  n'avons 
acquis  aucun  renseignement  positif  à  cet  égard. 


,dBy  Google 


5J*    CONSE&  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Il  n'en  est  plus  de  même  de  la  fabrication  à  la  main;  celle-ci  est, 
de  toute  évidence,  préjudiciable  et  à  la  santé  et  à  ta  constitution 
des  ouvriers.  Travaillant  dans  l'humidité,  debout,  et  le  corps  pres- 
que constamment  à  moitié  fléchi,  ces  ouvriers,  après  quelque 
temps  de  travail  à  la  cuve,  se  roulent,  sont  atteints  d'affections 
rhumatismales,  d'cedème  aux  extrémités  inférieures,  et  présentent 
un  teint  pâle  et  décoloré.  Ces  observations  se  rapportent  également 
aux  formeurs ,  aux  coucheurs  et  aux  leveurs  ;  les  coucheurs,  en 
outre,  d'après  la  déclaration  d'un  fabricant,  finissent  presque  tou- 
jours par  souffrir  de  la  poitrine. 

Ce  sont  ordinairement  des  enfants  que  l'on  emploie  comme 
ieveurs.  C'est  particulièrement  aux  enfants  que  le  travail  est  nui- 
sible ;  ils  s'étiolent ,  palissent  et  se  rabougrissent ,  et,  s'ils  ne  sont 
déjà  pas  scrofuleux  à  leur  entrée  à  l'atelier,  ils  ne  tardent  pas  à 
le  devenir. 

S  6-  —  Fabriques  d'indiennes. 

î>our  déterminer  l'influence  que  la  fabrication  des  indiennes 
exerce  sur  la  santé  des  ouvriers ,  il  faut  entrer  dans  les  diverses 
spécialités  qu'elle  embrasse  et  examiner  les  ouvriers  par  catégories. 
Nous  nous  occuperons  donc  successivement  :  1"  des  blanchisseurs 
et  des  teinturiers  ;  2*  des  graveurs  ;  3°  des  imprimeurs ,  que  nous 
distinguerons  en  imprimeurs  à  la  main  et  en  imprimeurs  au  rouleau; 
4"  des  tireurs  ;  et  5"  des  enfants  employés  dans  la  course. 

1°  Blanchisseurs  et  teinturiers.  —  Toujours  dans  l'humidité, 
debout ,  plus  ou  moins  courbés,  les  jambes  presque  toujours  nues 
jusqu'à  mi-cuisse,  ces  ouvriers  se  trouvent  dans  des  conditions  qui 
les  prédisposent  aux  affections  rhumatismales  et  de  poitrine,  et  sont 
sujets  à  gagner  des  œdèmes  et  des  varices  aux  membres  abdominaux. 
Si  l'on  doit  ajouter  foi  aux  déclarations  des  industriels,  ces  maladies, 
pourtant,  seraient  fort  rares  ;  un  seul  industriel,  en  effet,  a  reconnu 
que  le  rhumatisme  et  tes  varices  étaient  des  affections  propres  aux 
teinturiers;  dans  un  autre  établissement  où  l'on  n'emploie  comme 
blanchisseurs  et  teinturiers  que  de  jeunes  ouvriers ,  le  chef  nous 
a  répondu  qu'il  était  impossible  de  juger  quels  étaient  les  effets 
produits  par  le  travail,  attendu  que  les  jeunes  ouvriers  ne  restaient 
jamais  longtemps  dans  l'établissement. 

2°  Graveurs.  —  Ils  se  courbent  à  la  longue  et  voient  souvent 
leur  vue  s'affaiblir  de  bonne  heure. 

3"  Imprimeurs.  —  J.  mpsinuas  a  la  haiit,  lis  sont  toujours 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONÇU  DE  LA  COMM.      57,"; 

debout ,  la  partie  supérieure  du  corps  plus  ou  moins  fléchie  sur  la 
table ,  et  ne  sont  exposée  qu'aux  accidents  résultant  ordinairement 
de  la  station  prolongée  :  œdème  des  membres  inférieurs, varices,  etc. 
Ce  que  nous  disons  ici  relativement  aux  imprimeurs  a  la  main 
est  applicable  aussi  aux  ouvriers  appelés  rentreurs,  qui  ne  sont, 
en  définitive,  que  de  véritables  imprimeurs  à  la  main  chargés  de 
l'application ,  sur  le  coton  qui  a  déjà  reçu  une  impression ,  d'un 
autre  dessin  ou  d'une  autre  couleur.  B.  imprimeurs  ac  ctummib 
ou  au  rouleau.  —  Quoique  toujours  debout  comme  les  précédents, 
la  locomotion  à  laquelle  ils  se  livrent  plus  ou  moins ,  atténue  les 
inconvénients  de  la  station  prolongée.  Ils  sont  exposés  k  te  blesser, 
s'ils  ne  conduisent  pas  leur  machine  avec  prudence. 

4"  Tireurs.  —  On  appelle  ainsi  les  enfants  qui  aident  les  impri- 
meurs à  la  main  ;  leur  occupation  consiste  à  étendre  les  couleurs 
sur  le  tamis ,  et  elle  exige  qu'ils  soient  toujours  debout.  Ce  travail 
n'est  ni  fatigant,  ni  insalubre,  mais  il  peut  favoriser  le  dévelop- 
pement des  varices. 

5"  Ouvriers  employés  dans  la  course.  —  On  désigne  sous  le 
nom  de  course  un  local  ordinairement  très-petit  et  bien  clos,  dans 
lequel  règne  toujours  une  température  très-élevée,  variant  de  35* 
a  50"  cenligr.,  et  qui  a  pour  destination  de  sécher  instantanément 
le  coton  qui  vient  de  recevoir  l'impression  sous  le  rouleau.  Pour 
tirer  la  pièce  de  coton  dans  la  course ,  on  emploie  presque  exclu- 
sivement des  enfants.  On  conçoit  que  passant  une  partie  de  la 
journée  dans  un  local  resserré,  fortement  chauffé  et  peu  aéré,  leur 
constitution  doit  nécessairement  se  débiliter,  et  qu'ils  sont  d'ailleurs 
exposés  à  chaque  instant  aux  maladies  qui  résultent  des  transitions 
brusques  de  température.  De  tous  les  travaux  que  comporte  la 
fabrication  des  indiennes ,  celui  de  la  course  est ,  sans  contredit , 
le  plus  nuisible. 

S  7.  —  Fabriques  de  papiers  peints. 

Les  différentes  catégories  d'ouvriers  sont  :  les  graveurs ,  les 
fonceurs,  les  imprimeurs,  les  satineurs  et  les  pressîers.  Selon  la 
déclaration  des  industriels,  ces  ouvriers  ne  sont  exposés  à  aucune 
maladie  ou  à  aucune  infirmité  du  fait  même  de  leur  profession. 
Cependant  les  graveurs,  les  fonceurs,  les  imprimeurs  et  les  sati- 
neurs se  trouvant  dans  des  conditions  de  travail  à  peu  près  sem- 
blables à   celles   dans  lesquelles  se  trouvent  les  graveurs  et  les 


^y  Google 


576    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
imprimeurs  des  fabriques  d'indiennes ,  nous  pouvons  dire  qu'ils 
sont  exposés  aux  mêmes  infirmités  et  aux  mêmes  accidents. 

Le  travail  le  plus  fatigant,  et  qui  nous  semble  présenter  le  plus 
d'inconvénients ,  c'est  celui  des  pressiers.  Ce  travail  est  ordinaire- 
ment confié  à  des  enfouis,  qui  rendent  encore  k  l'imprimeur  d'au- 
tres services,  comme  d'étendre'  les  couleurs  sur  le  tamis,  de  tirer 
le  papier  imprimé,  de  l'accrocher,  etc.  On  comprend,  d'après  cela, 
que  s'ils  sont  toujours  debout,  ils  ne  sont  du  moins  pas  condamnés 
a  une  inaction  presque  absolue  des  extrémités  inférieures,  comme 
cela  a  lieu  chez  les  tireurs  des  imprimeurs  sur  coton.  Aussi  n'est-ce 
pas  là  ce  qui  peut  nuire  le  plus  aux  enfants ,  mais  bien  les  efforts 
auxquels  ils  se  livrent  à  chaque  instant  pour  agir  de  toute  leur 
force  et  de  tout  leur  poids  sur  le  bras  du  levier  usité  chez  les 
imprimeurs  sur  papier  :  à  cet  effet,  l'enfant  saule  et  se  courbe  de 
manière  à  venir  appuyer  sur  le  bras  du  levier  par  la  région  épigts- 
•Jique  ;  la  compression  qu'éprouve  alors  cette  partie  doit  avoir 
pour  résultat  un  refoulement  des  organes  abdominaux ,  refoule- 
ment qui,  se  répétant  sans  cesse,  ne  peut  que  provoquer  la  forma- 
tion des  hernies.  D'un  autre  côté,  nous  pensons  que  les  secousses 
vives  que  les  organes  inlra-abdominaux  ont  continuellement  à 
supporter,  peuvent  susciter  des  affections  plus  ou  moins  sérieuses 
de  ces  organes. 

Parmi  les  couleurs  employées  dans  les  fabriques  de  papiers  peints, 
il  en  est  quelques-unes  qui  demandent  à  être  maniées  avec  précau- 
tion et  qui  sont  susceptibles  de  déterminer  des  accidents.  Bien  que 
nos  interrogations  aient  aussi  porté  sur  ce  point,  nous  n'avons  pas 
appris  qu'on  ait  jamais  observé  quelque  maladie  qu'on  put  attribuer 
à  l'usage  de  ces  couleurs.  Cependant  le  3  mars  1 845,  H.  leI)TBlandet 
a  présenté  à  l'Académie  royale  des  sciences  de  Paris,  un  travail 
intitulé  :  Mémoire  sur  l empoisonnement  externe ,  produit  par  le 
vert  de  Schwbihfurt  (vert  arsenical),  ou  de  l'œdème  et  de  l'éruption 
professionnels  des  ouvriers  en  papiers  peints.  L'empoisonnement 
externe  se  manifeste  ordinairement  par  un  besoin  continuel  de 
moucher  et  de  cracher,  par  un  gonflement  œdémateux  des  diverses 
régions  de  la  face,  principalement  du  nez  et  des  lèvres,  des  bourses 
chez  l'homme  et  des  grandes  lèvres  chez  la  femme.  Les  parties 
œdémalices  deviennent  bientôt  le  siège  d'une  éruption  de  boutons 
à  forme  le  plus  souvent  pustuleuse,  mais  d'autres  fois  aussi,  pa pil- 
leuse ou  vésiculeuse  ;  ces  trois  formes  peuvent  même  exister  à  la 
fois.  Quand  le  composé  arsenical  a  été  absorbé,  on  voit  à  ces 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  — RÉS.  ET  CONÇU  DE  UCOMM.    577 

symptômes  se  joindre  ceux  de  l'empoisonnement  interne ,  comme 
coliques,  céphalalgie,  prostration  des  forces,  etc.  Quelques-uns 
des  symptômes  produits  par  l'empoisonnement  externe  ont  aussi 
été  remarqués  déjà  dans  l'intoxication  interne;  it  n'y  a  que  l'en- 
gorgement ,  la  douleur ,  l'éruption  des  bourses  et  des  grandes 
lèvres  qui  n'aient  pas  encore  été  observés,  et  qui  constituent  les 
symptômes  spéciaux  de  la  maladie  professionnelle  ;  ces  symptômes 
spéciaux  paraissent  dus  aux  attouchements  exercés  par  des  mains 
chargées  de  vert  de  SchweinruH. 

A  la  connaissance  du  D'  Blandet,  les  accidents  décrits  ci-dessus 
n'ont  jamais  causé  la  mort  de  personne  ;  ils  durent  environ  deux 
semaines. 

§8.  —  Fabriques  de  tabac  et  de  cigare». 

Les  ouvriers  travaillant  te  tabac  ne  sont  exposés  a  aucune  mala- 
die particulière,  s'il  faut  en  croire  les  chefs  de  fabriques  ;  tout  ce 
qu'on  a  dit  de  l'influence  pernicieuse  de  ce  genre  de  travail  serait 
fort  exagéré,  d'après  eux.  Un  fabricant  a  cependant  déclaré  que  les 
ouvriers  spécialement  employés  à  la  confection  des  carottes ,  ne 
pouvaient  guère  continuer  ce  travail  que  pendant  doux»  à  quinze 
ans,  et  qu'alors  ils  étaient  des  hommes  usés.  Un  notre  a  observé 
que  les  ouvriers  en  tabac  jouissaient  d'une  espèce  d'immunité 
dans  les  temps  d'épidémies.  Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  rap- 
peler ici  que  le  célèbre  Fourcroy  avait  déjà  remarqué  que  les 
ouvriers  de  la  ferme  de  Cette  étaient  moins  fréquemment  atteints 
de  la  fièvre  putride  qui  régnait  ordinairement  dans  cette  localité  à 
la  fin  de  l'été,  que  les  autres  habitants. 

Les  ouvriers  oigaiiers  sont  souvent-  atteints  de  maladies  véné- 
riennes qu'ils  ne  doivent  qu'à  leurs  habitudes  de  débauche. 

Pour  juger  de  l'influence  que  le  ubac  peut  exercer  sur  la  santé, 
il  faut  rappeler  brièvement  les  diverses  opérations  qu'on  lui  fait 
subir ,  soit  qu'il  doive  être  réduit  eu  poudre ,  soit  qu'on  le  destine 
à  être  fumé  ou  mâché.  Ces  opérations  sont  au  nombre  de  quatre , 
dont  trois,  Xépoulardage,  le  triage  et  ïècétage  (déedtement  en  termes 
de  fabrique)  sont  confiées  à  des  enfants;  la  quatrième ,  le  mouil- 
lage, est  faite  par  des  adultes. 

L'époulardage  consiste  à  séparer  les  feuilles  qui  sont  accolées 
les  unes  aux  autres;  le  triage,  à  faire  un  choix  des  feuilles  offrant 
la  même  teinte  ;  l'écôtage ,  à  enlever  la  grosse  côte  (nervure  mé- 
diane) des  feuilles.  Ces  opérations  ne  produisent  que  peu  ou  point 


^y  Google 


576     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

de  poussière,  et  ne  peuvent  pas  être  considérées  comme  essentiel- 
lement nuisibles. 

Le  mouillage  consiste  à  humecter  les  feuilles  avec  une  dissolution 
saline  plus  ou  moins  compliquée  et  qui  varie  selon  les  diverses 
fabriques;  c'est  là  la  sauce  qui  donne  le  bouquet.  Ces  Feuilles 
sont  en  même  temps  foulées  et  entassées  dans  des  cuves  de  bois. 
Cette  opération  pourrait  devenir  nuisible  si  l'on  permettait  à  la 
fermentation  de  s'emparer  de  la  niasse,  mais  c'est  ce  qui  n'a  jamais 
lieu  dans  nos  fabriques ,  c'est  même  ce  que  l'on  a  soin  d'éviter , 
car  le  tabac  ne  pourrait  qu'y  perdre  toutes  ses  qualités.  C'est  pour 
le  tabac  à  priser  que  l'on  confectionne  les  carotte»;  nous  avons 
déjà  vu  que  ce  travail  est  insalubre,  puisque  les  ouvriers  chargés 
de  cette  opération  sont  usés  au  bout  de  peu  d'années.  Nous  devons 
ajouter  que  les  carottes  étant  faites,  on  les  place  dans  un  local 
obscur,  où  on  les  laisse  pendant  plusieurs  années,  afin  qu'une 
fermentation  intestine  s'y  établisse.  Un  séjour  tant  soit  peu  pro- 
longé dans  ce  local  pourrait  avoir  des  inconvénients  assez  graves; 
là  seul  on  serait  exposé  à  un  narcotisme  véritable,  là  seul  règne 
une  odeur  ammoniacale,  forte  et  pénétrante,  quelque  chose  qui 
vous  prend  à  la  gorge,  qui  provoque  la  toux  ,  porte  à  la  tète  et 
détermine  des  vertiges. 

Le  tamisage  du  tabac  en  poudre,  s'il  n'est  pas  fait  avec  les  pré- 
cautions nécessaires,  est  susceptible,  par  la  poussière  Acre  que  cette 
opération  répand  dans  l'atmosphère,  de  produire  des  irritations 
bronchiques  ou  pulmonaires. 

En  résumé,  nous  pensons  que,  sauf  l'exception  établie  pour-  les 
confectionneurs  de  carottes,  la  fabrication  du  tabac  et  des  cigares 
n'est  pas  essentiellement  nuisible  à  la  santé  des  ouvriers;  que 
ceux-ci  peuvent  bien,  dans  les  premiers  temps,  être  affectés  dés- 
agréablement par  l'odeur  sut  generi»  qui  existe  dans  les  fabriques 
de  tabac,  qu'ils  peuvent  même  éprouver  des  céphalalgies,  des 
vertiges ,  des  envies  de  vomir ,  des  vomissements ,  des  flux  de 
ventre,  etc.,  mais  que  ces  dérangements  ne  sont  que  passagers  et 
ne  constituent  qu'un  tribut  qu'il  faut  payer  à  l'apprentissage. 

Dans  la  séance  du  22  avril  1845,  M.  le  Dr  Mélier  a  fait  à  l'Aca- 
démie royale  de  médecine  de  Paris ,  un  rapport  sur  un  Document 
officiel  adressé  à  cette  Académie  par  le  Ministre  de  l'agriculture  et 
du  commerce ,  touchant  la  santé  des  ouvriers  employés  dans  tes 
manufactures  de  tabac.  Ce  document  est  le  résumé  des  observa- 
tions faites  pendant  l'année  1842,  par  les  médecins  des  dix  mami' 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  GONCL.  DE  LA  COMM.  579 
factures  de  tabac  j  selon  ce  document ,  le  tabac  ne  produirait  que 
rarement  des  effets  sensibles  sur  les  ouvriers  ;  deux  ateliers  seule- 
ment, celui  où  l'on  fait  fermenter  le  tabac  à  priser  et  celui  destiné 
à  la  dessiccation  du  tabac  à  fumer,  auraient  sur  les  ouvriers  une 
certaine  influence.  Mais  si  le  tabac  a  quelquefois  des  inconvénients, 
il  paraîtrait  aussi,  d'après  le  même  document,  que  sa  fabrication 
aurait  l'avantage  d'être  un  préservatif  contre  certaines  maladies , 
voire  même  un  moyen  curatif,  comme  dans  les  affections  rhuma- 
tismales, les  fièvres  intermittentes,  la  gale ,  et  la  pbthisie  pulmo- 
naire en  particulier. 

Pour  M.  Métier,  qui  a  fait  de  fréquentes  visites  à  la  manufacture 
de  tabac  de  Paris,  la  fabrication  du  tabac  est  loin  d'être  complète- 
ment exempte  de  toute  action. sur  les  ouvriers  :  •  Quand  on  songe, 
dit-il ,  a  la  composition  de  la  plante  et  au  principe  si  énergique 
qu'elle  contient  (la  nicotine),  on  ne  peut  guère  concevoir  que  cette 
fabrication  puisse  être  sans  inconvénient.  Beaucoup  d'ouvriers  en 
ressentent  les  effets  :  effets  primitifs,  caractérisés  par  une  cépha- 
lalgie plus  ou  moins  intense ,  accompagnée  de  mal  de  cœur  et  de 
nausées,  perte  de  l'appétit  et  du  sommeil,  diarrhée  ;  ils  durent  de 
huit  à  quinze  jours ,  et  disparaissent  ordinairement;  effets  consé- 
cutifs, se  révélant  par  une  altération  particulière  du  teint  qui  prend 
une  nuance  grise.  Ce  dernier  effet  ne  s'observe  que  sur  un  petit 
nombre  d'ouvriers,  après  un  temps  assez  long  et  seulement  dans 
quelques  ateliers.  ■  M.  Mélier  ajoute  enfin  que  les  inconvénients  du 
tabac  sont  beaucoup  moins  graves  qu'on  ne  le  croyait  autrefois, 
et  que  l'action  de  cette  plante,  quoique  réelle,  n'est  pas  telle  qu'il 
faille  voir  dans  sa  fabrication  une  chose  éminemment  nuisible  et 
dangereuse. 

On  voit  donc  que  les  observations  faites  en  France,  relativement 
à  l'influence  du  tabac  sur  la  santé  des  ouvriers,  sont  à  peu  près  les 
mêmes  que  celles  que  nous  avons  été  à  même  de  faire  de  notre 
côté  ;  seulement  nous  ferons  remarquer  que  les  conditions  du  tra- 
vail étant  bien  différentes  en  France  de  ce  qu'elles  sont  en  Belgique, 
par  suite  du  monopole  que  le  gouvernement  français  s'est  réservé 
sur  le  tabac ,  les  inconvénients  doivent  être  là  plus  nombreux  et 
plus  sensibles  que  dans  notre  pays ,  où  la  fabrication ,  «'exerçant 
dans  un  très-grand  nombre  d'ateliers,  se  fait  naturellement  sur  une 
moins  grande  échelle.  Si  tout  le  tabac  travaillé  dans  les  nombreuses 
fabrique»  de  la  Belgique,  devait  recevoir  sa  préparation  dans  une 
disaine  de  grandes  manufactures  seulement,  il  est  évident  que  les 


^y  Google 


580    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

conditions  du  travail  ne  seraient  plus  les  mêmes,  et  que  les  ouvriers 
en  seraient  bien  plus  vivement  incommodés. 

Ajoutons  enfin  que  les  fabriques  de  cigares  emploient  un  grand 
nombre  d'enfants,  et  que  presque  tous  ces  enfants  sont  occupés  à 
des  travaux  sédentaires. 

§  9.  —  Fabriquée  de  chapeaux. 

Les  opérations  variant  suivant  qu'on  fabrique  les  chapeaux  de 
feutre  ou  de  soie ,  on  comprend  que  les  conditions  de  travail  ne 
peuvent  être  les  mêmes; 

On  peut  dire ,  en  général ,  que  la  fabrication  des  chapeaux  de 
soie  ne  présente  rien  de  nuisible.  La  chaleur  qu'entretiennent  dans 
les  ateliers  les  fourneaux  destinés  au  cbauffement  des  fers ,  peut 
seule  avoir  quelque  influence  sur  la  santé  des  ouvriers,  et  les  expo- 
ser, aux  affections  rhumatismales  et  calarrhales.  L'usage  de  fers 
très-chauds  les  expose  aussi  à  des  brûlures,  et  rend  leurs,  mains 
calleuses. 

La  fabrication  des  chapeaux  de  feutre  comprend  plusieurs  opé- 
rations que  nous  devons  passer  rapidement  en  revue  pour  mieux 
pouvoir  apprécier  si  cette  industrie  est  insalubre,  ou  bien  si  elle 
ne  peut  pas  nuire  à  la  santé  dès  ouvriers,  ainsi  que  le  prétendent 
la  plupart  des  fabricants. 

Sécrëtage.  — Celte  opération  est  destinée  Adonner  ou  à  augmen- 
ter la  propriété  feutrante  de»  poilu  ;  elle  consiste  à  imbiber  les  peaux 
d'une  solution  de  nitrate  de  mercure  dans  l'acide  nitrique  étendu 
d'eau.  A  cette  fin,  la  peau  étant  étendue  à  l'aide  d'un  morceau  de 
bois  tenu  de  la  main  gauche,  la  solution  mercurielle  est  appliquée 
sur  le  poil  à  l'aide  d'une  brosse  garnie  d'un  manche  de  bois.  Les 
peaux  étant  sécrétées ,  elles  doivent  être  séchées  ;  cette  opération 
exige  que  les  ouvriers  entrent  dans  l'étuve,  tant  pour  y  placer  que 
pour  y  reprendre  les  peaux.  On  peut  donc  la  considérer  comme 
essentiellement  préjudiciable  a  la  santé  des  ouvriers,  puisque  ceux- 
ci  ont  à  subir  l'influence  d'une  haute  température^  et  celle  beau- 
coup pi  us  nuisible  résultant  de  l'inspiration  du  gaz  nltreux,  influences 
susceptibles  de  déterminer  des  affections  graves  des  poumons.  Bien 
que  l'application  du  sécrétage  ,  telle  qu'elle  se  fait,  et  la  dessicca- 
tion des  peaux  ne  paraissent  pas  devoir  permettre  l'émanation  de 
vapeurs  mercurielles ,  si  nous  examinons  ces  opérations  au  point 
de  vue  de  la  théorie  chimique  ,  il  faut  dire  cependant  que  l'expé- 
rience a  appris  que  les  ouvriers  sécréteurs  étaient  souvent  atteints 


DglizedOy  GOOgle 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  EUES.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.  581 
du  tremblement  mercuriel,  et  que  celui-ci  se  manifestait  presque 
inévitablement  chez  ceux  qui  font  un  fréquent  usage  de  liqueurs 
alcoolique».  Les  sécréteurs  que  nous  avons  tus  étaient  maigres , 
pâles  et  étiolés.  Indépendamment  du  tremblement  roercuriel ,  dû 
à  l'influence  du  mercure ,  des  affections  de  poitrine  dues  à  la  tem- 
pérature élevée  des  élu  Tes  et  à  l'inspiration  de  gaz-irritants,  ces 
mêmes  ouvriers  sont  encore  exposés  à  des  brûlures  plus  ou  moins 
graves,  en  maniant  la  liqueur  très-caustique  qui  forme  le  sécretage. 

Coupeur».  —  Ce  sont  les  ouvriers  qui  détachent  les  poils  de  la 
peau,  après  que  celle-ci  a  été  desséchée  dans  l'étuve.  Leur  travail 
est  sédentaire  et  exige  une  inclinaison  assez  prononcée  de  la  par- 
tie supérieure  du  corps.  L'ouvrier  est  constamment  dans  une 
atmosphère  où  l'on  respire  à  peine  et  où  l'on  ne  peut  rester  quand 
on  n'en  a  pas  l'habitude.  Nous  voulons  bien  que  l'habitude  Fasse 
paraître  moins  incommodes  ce  duvet  et  ces  poils  venant  assaillir 
toutes  les  ouvertures  naturelles,  mais  elle  ne  peut  pas  faire  qu'ils 
ne  pénètrent  pas  dans  tes  voies  respiratoires  et  qu'ils  ne  disposent 
les  organes  de  la  respiration  à  des  maladies  graves.  Aussi  notre 
avis  est-il  que  les  coupeurs  de  poils  sont  particulièrement  exposés 
à  la  toux ,  aux  crachements  de  sang  et  la  phlhisie  pulmonaire. 
Nous  rappellerons ,  seulement  pour  mémoire,  que  le  DT  Pâtissier 
a  déjà  établi  que  la  plupart  des  coupeuses  de  poils  devenaient 
asthmatiques  à  l'âge  de  quarante  à  cinquante  ans. 

Les  coupeurs  de  poils  étant  en  même  temps  chargés  du  sécré- 
tage,  on  voit  que  ces  ouvriers  sont  soumis  â  toutes  les  influences 
les  plus  nuisibles.  Cependant  il  est  des  établissements  où  les  cou- 
peurs ne  font  que  couper  le  poil,  et  l'expérience  a  prouvé  que  ces 
ouvriers  ne  sont  pas  exempts  du  tremblement  mercuriel ,  sans 
doute  parce  que  les  peaux,  au  sortir  de  l'étuve ,  sont  toujours  plus 
ou  moins  chargées  de  nitrate  de  mercure. 

jàrçonneurs.  —  Ces  ouvriers  travaillent  debout  devant  une 
table  et  opèrent  le  mélange  des  poils  en  les  battant  a  l'aide  d'un 
long  archet,  appelé  arçon.  Cette  opération  nous  parait  peu  nui- 
sible; les  ouvriers  qui  en  sont  chargés  nous  ont  paru  jouir  d'une 
bonne  santé  ;  ta  station  prolongée  peut  les  prédisposer  aux  varices 
et  à  l'œdème  des  extrémités  inférieures. 

Baatiâteurê. — Battir,  c'est  former  le  chapeau,  ou  plutôt  c'est 
former  avec  les  poils  mélangés  une  espèce  de  cône  creux  de  feutre. 
Cette  opération  se  fait  debout ,  et  tout  ce  que  nous  avons  dit  des 
arçon  ne  urs  est  applicable  aussi  aux  bâatisseurs. 


^Google 


582    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Fauteurs.  —  Le  feutre  sortant  des  main*  du  bastisseur  passe 
dans  un  bain  composé  d'eau  bouillante  et  de  lie  de  vin  ,  qui  le 
resserre  et  le  rend  plus  épais  ;  mars  les  ouvriers  secondent  puis- 
samment l'action  du  bain  en  foulant  fortement  le  Feutre  avec  les 
main*.  Ce  travail  est  fatigant  et  exige  une  action  forte  et  continue 
de  la  part  des  membres  tboraciques  ;  il  exige  encore  que  l'ouvrier 
soit  debout  devant  une  cuve  pleine  d'un  liquide  bouillant,  les  pieds 
portant  sur  un  sol  plus  ou  moins  humide.  Si  à  ces  conditions,  insé- 
parables de  la  nature  du  travail,  se  rattachent  peu  de  causes  de 
maladies,  il  n'en  est  plus  de  même  de  l'habitude  ou  sont  les  ouvriers 
fouleurs  de  travailler  les  bras  et  la  poitrine  nus  jusqu'à  la  cein- 
ture et  sous  des  hangars  ouverlsà  tous  vents.  Aussi  pensons-nous 
qu'indépendamment  des  inconvénients  auxquels  les  expose  une 
station  prolongée  ,  les  maladies  de  poitrine  et  les  affections  rhu- 
matismales ne  doivent  pas  être  rares  chez  les  ouvriers  qui  opèrent 
le  foulage  du  feutre. 

Nous  devons  dire  néanmoins  que  tous  ceux  que  nous  avons  vus 
nous  ont  paru  être  bien  portants ,  et  qu'un  chef  nous  a  déclaré 
qu'on  avait  observé  que  les  fouleurs  vivaient  assez  longtemps  et 
conservaient  une  santé  robuste,  résultat  dont  on  rapporte  tout 
l'honneur  à  la  lie  de  vin  qui  entre  dans  la  composition  du  bain. 

Éjarreuses.  —  Les  éjarreuses  sont  des  femmes  qui ,  à  l'aide  de 
pinces,  tirent  les  poils  longs  des  chapeaux.  Étant  exposées  à  inspi- 
rer un  duvet  très-fin  et  des  poils  déliés,  elles  sont  sujettes,  ainsi  que 
les  coupeurs  de  poils,  mais  à  un  degré  bien  moindre  ,  aux  affec- 
tions de  poitrine. 

Nous  ne  parlons  pas  ici  des  teinturiers,  des  approprieurs  et  des 
garntsseuses,  parce  que  ces  catégories  d'ouvriers  ne  sont  pas  sou- 
mises à  des  influences  aussi  défavorables  que  celles  qu'ont  à  sup- 
porter les  catégories  que  nous  venons  de  mentionner. 

§  10.  —  Couperie  de  poils  et  préparation  de  peaux. 

Nous  retrouvons  ici  les  coupeurs,  les  sécréteurs  et  les  éjarreuses; 
ce  que  nous  en  avons  dit  ci-dessus,  nous  dispense  d'y  revenir  ;  seu- 
lement nous  devons  ajouter  que  le  sécrétage  est  ici  d'autant  plus 
nuisible  qu'il  est  toujours  fait  par  les  mêmes  ouvriers,  et  que  ces 
ouvriers  n'ont  pas  d'autre  occupation.  Les  coupeurs,  quoique  ne 
sécrétant  pas,  sont  cependant  quelquefois  Atteints  du  tremblement 
mercuriel.  Un  ouvrier  coupeur  nous  a  paru  surtout  travailler  dans 
les  conditions  les  plus  désavantageuses;  c'est  celui  qui  a  pour  attrî- 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RES.  ET  CONCL.  DE  LA  COHM.     583 

bution  de  présenter  toujours  les  peaux  a  une  machine  à  couper 
mue  par  la  Tapeur  :  celte  machine,  se  mourant  avec  une  grande 
rapidité,  rate  la  peau  comme  un  éclair  et  précipite  dans  l'atmo- 
sphère des  nuages  de  poils  et  de  duvet.  L'ouvrier  employé  à  celte 
machine  ne  peut  manquer  d'être  atteint  tôt  ou  tard  d'irritation 
grave  des  bronches  ou  des  poumons;  il  est  en  outre  exposé  a  se 
blesser  souvent. 

S  11.  — Fabriques  d 'agrafes. 

Celte  fabrication  est  exclusivement  confiée  à  des  enfants  ;  elle 
exige  peu  de  Force,  n'a  rien  d'insalubre  par  elle-même  et  ne  peut 
être  considérée  comme  nuisible  que  parce  qu'elle  soumet  les  enfants 
à  un  travail  sédentaire. 

§  12.  —  Fabriques  de  chus-épingles  et  de  pointes  de  Paris. 

Celle  fabrication  est  peu  fatigante,  et  ne  présente  rien  de  nui- 
sible pour  la  santé. 

§  15.  —  Fabriques  de  toiles  cirées. 

Les  ponceurset  les  metteurs  en  couche  travaillent  presque  tou- 
jours en  plein  air;  leur  travail  n'a  rien  d'insalubre;  travaillant 
debout,  ils  sont  exposés  aux  maladies  qui  résultent  ordinairement 
de  la  station  prolongée  ;  les  chefs  déclarent  cependant  n'avoir  pas 
observé  que  les  varices,  les  ulcères  et  l'œdème  des  extrémités 
inférieures  fussent  fréquents  chez  ces  ouvriers.  Quelques-uns  de 
ces  ouvriers,  ceux  qui  pénètrent  dans  les  séchoirs  où  il  règne  une 
température  élevée,  sont  exposés  aux  maladies  qui  proviennent  de 
la  suspension  brusque  de  la  transpiration. 

Quant  aux  imprimeurs  et  aux  enfants  employés  comme  tireurs, 
on  peut  leur  appliquer  ce  que  nous  avons  dit  des  imprimeurs  et 
des  tireurs  des  fabriques  de  papiers  peints,  car  les  conditions  du 
travail  sont  absolument  les  mêmes  pour  les  uns  et  les  autres. 

§  14.  —  Fabriques  de  bougies. 

La  fabrication  des  bougies  diaphanes  consiste  à  fondre  \esperma 
ceti  et  a  le  couler  ensuite  dans  des  moules.  Ces  opérations  ne  pré- 
sentent rien  de  nuisible. 

La  fabrication  des  bougies  dites  de  V Étoile ,  quoique  beaucoup 
plus  compliquée,  n'offre  non  plus  rien  de  préjudiciable  à  la  santé 


^y  Google 


584    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

des  ouvriers.  La  fonte  des  suifs  seule,  si  elle  se  faisait  comme 
anciennement ,  pourrait  exercer  une  influence  défavorable  sur  la 
santé  des  ouvriers;  mais,  par  les  procédés  actuellement  employés, 
cette  opération  a  perdu  lou te  sa  nocuité,  et  ne  produit  plus  qu'une 
très-faible  odeur. 

§  15.  —  Tourneurs  en  bois. 

Ils  ne  sont  sujets  qu'aux  maladies  qui  résultent  de  la  station 
prolongée,  et  à  une  fatigue  plus  ou  moins  grande  de  la  vue,  déter- 
minée par  le  mouvement  continu  du  tour. 

§  16.  —  Tanneurs  et  corroyeurt. 

Les  tanneurs  travaillent  presque  toujours  a  l'air;  se  trouvant 
presque  constamment  dans  l'humidité,  ils  gagnent  assez  fréquem- 
ment des  affections  rhumatismales.  Quant  au  travail,  il  n'a  rien 
d'insalubre  par  lui-même;  cependant  les  ouvriers  peuvent  con- 
tracter la  pustule  maligne  en  préparant  des  peaux  d'animaux 
morts  de  cette  maladie.  Cet  accident  est  heureusement  fort  rare. 
Les  ouvriers  que  nous  avons  vus ,  jouissaient  tous  d'une  bonne 
santé. 

Le*  corroyeurs  ont  un  travail  plus  pénible  .'pour  polir  les  peaux, 
il*  sont  obligés  de  se  livrer  à  de  grands  efforts  musculaires  et  de 
fléchir  assez  fortement  ta  poitrine.  Ce  travail,  longtemps  con- 
tinué, nous  parait  susceptible  de  produire  la  déformation  de  la 
poitrine,  la  déviation  de  la  colonne  vertébrale,  et  même  des 
maladies  des  organes  thoraciques.  Ces  maladies  nous  paraissent 
devoir  se  déclarer  d'autant  plus  facilement,  que  les  corroyeurs 
travaillent  dans  une  atmosphère  toujours  infecte. 

§  17-  —  Fabriques  d'instruments  de  musique. 

Nous  ne  parlerons  ici  que  des  ouvriers  travaillant  le  cuivre.  Ces 
ouvriers  portent  sur  la  figure  un  cachet  tout  particulier,  qui  ne 
permet  pas  de  douter  de  l'insalubrité  de  leur  travail.  Celui-ci,  en 
effet,  mine  lentement  leur  constitution  ;  aussi  les  ouvriers  qui  ont 
travaillé  pendant  quelque  temps  le  cuivre,  sont-ils  maigres,  pâles, 
ou  d'un  jaune  verdatre  assez  prononcé.  Indépendamment  de  cette 
action  lente  sur  l'économie,  le  travail  du  cuivre  en  présente  une 
autre  qui  s'exerce  particulièrement  sur  le  tube  intestinal ,  et  qui 
détermine  des  coliques  métalliques,  analogues  à  celles  dites  de 
plomb. 


xuvCoo^le 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  ■  -  BÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.  M5 
Nous  disons  !  de*  coliques  métallique»  analogues  à  celles  dites  de 
plomb,  parce -que  nous  ne  voulons  pas  confondre  les  coliques 
qui  affectent  les  ouvriers  en  cuivre,  arec  celles  auxquelles  sont 
sujets  les.  ouvriers  qui  travaillent  le  plomb.  De  même  que  ces 
derniers,  les  ouvriers  travaillant  le  cuivre  ont  une  colique  qui  leur 
est  particulière,  et  que  l'on  a  nommée  colique  de  cuivre.  Cette 
colique  n'est  pas  encore  généralement  admise  par'  tous  les  méde- 
cins ;  un  grand  nombre  n'y  voient  encore  qu'une  colique  de  plomb, 
et  attribuent  cette  affection,  non  pas  tant  au  cuivre,  qu'au  plomb 
avec  lequel  ils  le  supposent  allié.  C'est  la  évidemment  une  erreur 
qu'il  est  facile  de  redresser,  en  visitant  la  première  chaudron- 
nerie venue.  Au  reste,  ootre  opinion  vient  d'être  tout  récemment 
corroborée  par  un  important  travail  sur  la  colique  de  cuivre,  que 
M.  le  Br  Blandet  a  présenté  a  l'Académie  des  sciences  de  Paris, 
dans  sa  séance  du  17  février  1845.  Les  faits  recueillis  par  M.  le 
D'  Blandet  ne  permettent  pas  de  douter  que  le  travail  du  cuivre 
expose  les  ouvriers  à  une  colique  qui  est  tout  à  fait  propre  a  ce 
travail,  et  qui  se  développe  même  alors  que  les  ouvriers  n'ont  pas 
manié  un  seul  atome  de  plomb.  Il  y  a,  entre  la  colique  de  plomb 
et  celle  de  cuivre,  des  différences  très- notables,  dont  il  importe 
de  tenir  compte  dans  l'intérêt  des  travailleurs  ;  ainsi ,  on  observe 
(Blandet)  :     ■ 


Dans  la  colique  de  cuivre  ; 

Data  la  colique  de  plomb  : 

Diarrhée  ploa  fréquemment. 

Ventre  douloureux  a  la  preuion,  le  plus 

Constipation. 

Matière»  séro-nluqueuies- 

Veutre  indolent  :  la  preuion  soulage. 

Vomissements  aisex  fréquents. 

Dures  de  quarante -buit  heures. 

Pai  d'accident»  du  cô té  du  système  nerveux. 

On  le  Fait  au  travail  du  cuivre,  qui  devient 

avec  le  teuipi  laui  danger. 
Le  lait  et  l'albumine  nicrée  préviennent 

et  combattent  l'affection  cuivTeuie. 

Durée  de  plusieurs  semaines. 

Accident*  redouUbletdusvitème  nerveux. 

On  meurt  misérablement  ai  l'on  persiste  a 
travailler  le  plomb . 

L'acide  ralfurique  et  quelques-uni  de  sus 
composés  paraissent  efficaces  contre 
l'invasion  et  le  développement  de  l'af- 

L'opium  est   indiqué   contre  la  diarrhée 

Let  purgatifs  le  sout  contre  la  constipation 
saturnine. 

Nous  convenons  volontiers  que  le  travail  du  cuivre  est  moins 
nuisible  que  celui  du  plomb,  qu'il  conduit  moins  d'ouvriers  a  l'hô- 
pital, et  détermine  des  accidents  bien  moins  redoutables;  mais 
nous  ne  saurions  admettre  avec  H.  le  D*  Blandet,  du  moins  sans 
restriction ,  qu'il  devient  avec  le  temps  sans  danger.  S'il  ne  tue 


^y  Google 


386    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

pas  aussi  vite  et  aussi  sûrement  les  ouvriers  que  le  travail  du  plomb, 
il  n'en  est  pas  moins  certain  qu'il  imprime  une  modification  pro- 
fonde à  leur  économie,  qu'il  détériore  leur  constitution  et  produit 
une  véritable  cachexie.  Or,  en  présence  de  semblables  résultats, 
en  présence  de  celle  influence  si  profonde  et  si  manifeste ,  n'y 
a-t-il  pas  quelque  témérité  à  avancer  qu'à  la  longue  le  travail  du 
cuivre  devient  sans  danger?  Nous  le  pensons;  aussi  ne  voulons- 
nous  assumer  en  aucune  manière  la  responsabilité  d'une  telle 
assertion. 

Maintenant,  pour  être  justes  envers  lout  le  monde,  nous  devons 
dire  que  M.  Blandet  n'est  pas  le  premier  qui  ait  établi  l'existence 
d'une  colique  propre  aux  ouvriers  travaillant  le  cuivre,  et  que  les 
caractères  distinctife  de  la  colique  de  plomb  et  de  la  colique  de 
cuivre  ont  été  fort  bien  exposés  déjà  par  MM.  Chôme!  et  Blacbe 
(art.  colique,  du  Dictionnaire  de  Médecine,  ou  Répertoire  générât 
de»  science»  médicales ,  t.  VIII,  Paris,  1834);  et  par  M.  Tanquerel 
des  Planches,  dans  son  excellent  Traité  des  maladies  saturnines 
(t.  I",  Paris,  1839). 

§  18.   —  Sauneries. 

Les  ouvriers  sauniers  n'ont  guère  à  souffrir  que  de  la  tempéra- 
ture élevée  au  milieu  de  laquelle  ils  doivent  travailler  par  moments; 
de  ce  chef,  ils  sont  exposés,  s'ils  n'usent  pas  de  précautions,  à 
toutes  les  maladies  que  peuvent  déterminer  les  transitions  brusques 
de  température. 

§   19,  —  Fabriques  de  porcelaines,  de  faïence  et  de  poteries. 

Les  ouvriers  chargés  de  la  préparation  et  du  pétrissage  des 
terres,  sont  presque  tous  pâles,  et  présentent  une  apparence  mala- 
dive qui  dénote  assez  que  ce  genre  de  travail  agît  défavorablement 
sur  leur  constitution. 

Les  tourneurs  sont  sujets  à  l'affaiblissement  de  la  vue  ;  et  les 
ouvriers  employés  aux  fours ,  fréquemment  soumis  à  des  change- 
ments de  température ,  sont  exposés  aux  affections  catarrhales  et 
rhumatismales. 

Les  ouvriers  potiers,  maniant  des  préparations  de  plomb  pour 
vernir  l'intérieur  des  poteries,  peuvent  être  atteints  de  la  colique 
de  plomb;  mais  les  renseignements  que  nous  avons  pris  à  cet  égard 
nous  permettent  d'avancer  que  cette  maladie  doit  se  rencontrer 
bien  rarement  chez  ces  ouvriers. 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÊS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.  587 
§  20.  —  Fabriques  de  gants. 

Les  coupeurs  et  les  dresseurs  travaillent  sédentaîrement ,  mais 
leur  travail  n'offre  rien  d'insalubre. 

Les  coloristes  travaillent  debout  et  dans  des  locaux  toujours  plus 
ou  moins  humides;  de  là,  prédisposition  aux  varices,  à  |" oedème 
des  extrémités  inférieures ,  aux  affections  rhumatismales.  L'atmo- 
sphère au  milieu  de  laquelle  ils  se  trouvent  est  infectée  par  les 
urines  corrompues  dont  ils  se  servent,  et  auxquelles  ils  ajoutent 
encore  de  l'ammoniaque  liquide.  Nous  n'avons  pu  nous  assurer  si 
l'inspiration  de  cet  air  chargé  d'ammoniaque  avait  ou  non' quelque 
influence  nuisible  sur  la  santé  ;  cependant  nous  sommes  portés  a 
croire  qu'elle  peut  produire  des  irritations  pulmonaires. 

%  21 .  —  Fabriques  de  plomb  de  chasse. 

La  fabrication  du  plomb  de  chasse  est  une  industrie  des  plus 
dangereuses.  Non-seulement  elle  expose  lesouvriers  aux  maladies  qui 
sont  particulières  a  ceux  qui  travaillent  le  plomb,  comme  coliques, 
paralysies  saturnines,  mais  encore  à  celles  qui  peuvent  être  déter- 
minées par  l'inspiration  de  vapeurs  arsenicales.  On  sait  que  le 
plomb,  pour  fournir  des  grains  bien  arrondis,  a  besoin  d'être  allié 
à  une  certaine  quantité  d'arsenic,  quantité  qui  peut  être  évaluée 
à  un  demi -kilogramme  pour  cent  kilogrammes  de  plomb.  Pendant 
qu'on  opère  la  fusion  des  deux  métaux ,  il  s'échappe  des  vapeurs 
arsenicales  qui  doivent  exercer  l'influence  la  plus  fâcheuse  sur  la 
santé  des  ouvriers,  et  miner  peu  à  peu  leur  constitution.  Cette 
opération  est  tellement  nuisible,  qu'un  chef  nous  a  déclaré  qu'elle 
avait  mis  sa  vie  en  danger,  et  que,  maintenant  encore,  il  ne 
pourrait  rester  dix  minutes  dans  son  atelier  sans  se  trouver  très- 
incommodé,  et  sans  ressentir  des  douleurs  à  l'épigastre.  Nous 
avons  pénétré  dans  un  atelier  où  l'on  venait  de  fondre  le  plomb 
et  l'arsenic  ;  il  y  régnait  une  très-forte  odeur  alliacée  ,  caractéris- 
tique, dont  nous  éprouvâmes  bientôt  du  malaise  ;  l'un  de  nous  ne 
put  même  y  rester ,  et  fut  obligé  de  prendre  l'air  pendant  que 
nous  poursuivions  nos  investigations.  Il  est  inutile  d'ajouter,  sans 
doute,  que  les  ouvriers  chargés  du  triage  des  grains  de  plomb,  sont 
exposés  à  contracter  la  colique  de  plomb. 

§  22.    —  Fabriques  de  dentelles. 

La  fabrication  des  dentelles  n'a  rien  de  nuisible  en  elle-même  ; 

mais,  exigeant  un  travail  sédentaire,  elle  exerce  une  influence 


^y  Google 


388     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

d'autant  plus  défavorable  sur  la  santé  et  la  constitution  des 
ouvrières,  que  celles-ci  sont,  pour  le  plus  grand  nombre,  de  très- 
jeunes  filles  auxquelles  il  faudrait  de  l'air  et  de-  l'exercice  pour 
atteindre  à  leur  parfait  développement.  Le  travail  sédentaire  et 
l'altitude  courbée  qu'elles  sont  obligées  de  prendre ,  constituent , 
en  grande  partie,  les  causes  des  dysménorrhées,  des  Sueurs  blanches 
et  des  affections  chlorotiquee,  si  fréquentes  chez  elles;  mais  ces 
deux  conditions  de  la  fabrication  peuvent  produire  des  résultats 
plus  funestes  :  nous  voulons  parler  des  déviations  osseuses  et  des 
incurvations  du  tronc,  qu'elles  sont  susceptibles  de  faire  naître 
chez  les  petites  filles  à  constitution  sorofuleuse,  ou  prédisposées  au 
rachitisme. 

Les  ouvrières  dentellières  sont,  en  outre,  exposées  à  perdre  la 
vue  de  bonne  heure. 

Les  fleurs  sortant  plus  ou  moins  souillées  des  mains  des  ouvrières, 
on  leur  fait  subir  une  espèce  de  blanchiment. qui  se  fait  au  moyen 
du  sous-carbonate  de  plomb.  Cette  opération  compromet  la  santé 
des  ouvrières  qui  sont  chargées  de  l'exécuter,  et  les  expose  aux 
maladies  produites  par  l'absorption  du  plomb.  Quelques  fabricants 
prétendent  que  cette  fabrication  n'offre  rien  de  dangereux  ;  d'au- 
tres, qui  nous  inspirent  plus  de  confiance,  conviennent  de  sa 
nocuité;  l'un  des  principaux  fabricants  de  cette  ville,  convaincu 
des  inconvénients  graves  inhérents  à  l'emploi  du  sous-carbonate 
de  plomb,  a  remplacé  celui-ci  par  une  poudre  inerte  qu'il  fait 
venir  de  la  Campinc,  et  dont  il  a  soumis  un  échantillon  à  notre 
analyse. 

Cette  poudre,  comme  on  le  verra  par  le  rapport  ci-dessous  { 1),  est , 

(I)     Rapport  fait  au  Ctmteilde  salubrité,  mr  une  poudre  driKnce  à  blanchir 
i>I  dent  files. 
Messieurs  > 

Dan*  Il  dernière  séance  du  Conseil ,  notre  collègue  M.  Bieudonné,  en  vous  sou- 
mettant quelques-unes  des  conclusions  de  son  intéressant  rapport  sur  l'état  de  la 
cluse  ouvrière  dons  les  établissement!  industriels ,  a  eu  occasion  de  tous  parler  des 
fabriques  de  dentelles  et  principalement  de  celles  où  se  confectionne  la  dentelle 
dite  de  BruMtUt: 

Notre  infatigable  rapporteur,  à  l'investi  Ration  duquel  rien  n'échappe,  tous  a  signalé 
l'usage  que  l'an  y  fait  d'une  substance  qui  porte  le  nom  de  blanc  fin ,  et  qui  sert  a 
blanchir  la  dentelle.     . 

Il  a  surtout  appelé  votre  attention  sur  loi  dangers  auxquels  les  ouvriers  et 
ouvrières  chargés  de  cette  opération,  sont  exposés  1  accidenta  qui  ne  sont  rien  moins 
que  les  terribles  affections  dont  viennent  ordinairement  ■  être  atteint*  ceux  qui  sont 


Depuis  plusieurs  années,  soij  pour  soustraire  les  ouvriers  aux  funestes  effet*  pro- 


a»,  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  GOMM.  589 
par  sa  nature,  d'une  innocuité  parfaite  ;  mais  elle  présente  un 
grave  inconvénient  pour  le  fabricant,  c'est  de  ne  pas  adhérer  assez 
aux  tissus  sur  lesquels  on  l'applique.  Ce  défaut,  ainsi  que  le  prix  assez 
élevé  de  cette  poudre,  ont,  jusqu'à  ce  jour,  porté  obstacle  à  la 
généralisation  de  son  emploi. 

La  question  à  résoudre  restait  donc  toujours  œlle-ci  :  Trouver 
nue  substance  aussi  propre  au  blanchiment  des  fleurs,  que  le  sous- 
carbonate  de  plomb ,  et  capable  de  mettre  les  ouvrières  à  l'abri 
des  inconvénients  attachés  à  l'usage  du  sel  plombique. 

L'un  de  nous  (M .  Leroy)  a  entrepris  la  solution  de  ce  problème. 
Après  bien  des  recherches  chimiques  et  des  essaie  nombreux,  il 
est  parvenu  à  trouver  une  substance  qui ,  convenablement  pré- 
parée, était  d'un  blanc  très-pur,  et  paraissait  devoir  remplacer 
très-avantageusement  le  sous- carbonate  de  plomb.  Elle  fut  mise  à 
l'épreuve  par  plusieurs  fabricants  qui  en  témoignèrent  toute  leur 
satisfaction  à  noire  collègue.  On  ne  tarda  pas  cependant  à  recon- 
naître qu'on  s'était  trop  hâté  de  conclure  à  un  succès  complet  :  des 
dentelles,  expédiées  parfaitement  blanches  de  Bruxelles,  étaient 
arrivées  jaunes  à  Paris  ;  le  nouveau  blanc  n'adhérait  pas  suffiiam- 

duittparle  liant-,  fin,  soit  pour  obtenir  une  matière  d'un  prix  mu  incire  (car  ce  blanc 
fin,  dont  on  fait  un  secret,  le  Tend  10  francs  le  kil.),  les  industriels  sont  à  la  recherche 
d'une  Snbl  tan  ce  capable  de  le  remplacer,  avec  tous  ses  avantage»,  sans  en  avoir  les 

C'ait  une  de  ces  matières ,  dont  on  Tait  «gaiement  un  secret,  qui  a  été  soumise  à 
l'eiamen  do  la  commission,  pour  en  connaître  la  nature. 

C'est  nne  poudre  blanche,  sèche,  un  peu  rude  au  toucher;  examinée  à  un  fort 
grossissement,  chaque  molécule  présenta  la  forme  cubique;  soumise  à  l'action  du 
chalumeau,  elle  dégage  de  l'acide  carbonique  et  laisse  un  résidu  blanc;  elle  est 
insoluble  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther:soIuble,  avec  dégagement  d'acide  carbonique 
et  sans  laisser  de  résidu,  dans  l'acide  aiotiquc  dilué.  Cette  solution  récente,  traitée 
par  une  solution  d'oialate  d'ammoniaque,  donne  lieu  i  un  précipité  blanc  abondant. 

Elle  est  soluble ,  arec  une  vive  effervescence*  ,  dam  l'acide  clil  or-hydrique,  et  le 
produit  qui  en  résulte,  desséché,  ne  larde  pas  il  prendre  l'état  liquide  par  l'humidité 

Traitée  par  l'acide  snlfurique,  celte  poudre  a  également  donné  lieu  à  un  lif  déga- 
gement d'acide  carbonique ,  et  la  réaction  a  donné  un  produit  qui  est  peu  soluble 
dans  l'eau  et  niant  une  grande  quantité  de  cette  dernière. 

Il  résulte  des  recherches  auxquelles  nous  nous  sommes  livré,  que  la  poudre  soumise 
à  notre  examen  protient  de  la  pulvérisation  d'une  variété  de  carbonate  de  chaux, 
dénommée, par  les  minéralogiste),  chaux  carbonates  taccKarodh. 

■al heureusement  cette  poudre,  comme  toutes  celles  qui  l'ont  précédée,  n'a  pas 
répondu  a  l'attente  des  fabricants ,  à  cause  de  son  défaut  d'adhésion  avec  le  tissu. 

Force  est  donc  aux  fabricant*  de  dentelles  rie  Bruxelles ,  de  revenir  au  blanc  fin 
qui  est  si  préjudiciable  à  la  santé  des  ouvrières. 


F.-G.  Laso- 


^y  Google 


590    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

ment  aux  fleurs,  et  il  était  menacé  de  subir  le  sort  dont  avaient 
déjà  élé  frappées  toutes  les  substances  proposées  pour  remplacer 
le  bous -carbonate  de  plomb.  M.  Leroy  ne  se  découragea  pas  : 
étonné  de  ce  que,  en  suivant  toujours  le  même  mode  de  prépara- 
lion,  il  obtenait  tantôt  un  blanc  qui  adhérait  très-bien ,  et  tantôt 
un  blanc  qui  n'adhérait  presque  pas,  il  voulut  en  pénétrer  la  cause. 
Il  se  mit  donc  à  étudier  sa  substance,  à  la  travailler  de  toutes  les 
façons,  et  parvint,  après  plusieurs  mois  de  laborieuses  manipula- 
tions, à  obtenir  un  produit  qui  ne  laissait  plus  rien  à  désirer,  ni 
sous  le  rapport  de  la  blancheur,  ni  sous  celui  de  ses  propriétés 
adhésives  :  ce  produit ,  d'un  pris  bien  inférieur  a  celui  du  blanc 
fin,  est  actuellement  employé  par  un  assez  bon  nombre  de  fabri- 
cants et  d'ouvrières  de  la  ville,  qui  ont  apprécié  le  nouveau  blanc 
à  sa  juste  valeur.  Plusieurs  ouvrières  même,  qui,  autrefois,  étaient 
malades  à  chaque  instant,  ont  déclaré  se  porter  infiniment  mieux 
depuis  qu'elles  faisaient  usage  du  nouveau  blanc.  Puisse  l'usage  de 
ce  blanc  se  généraliser,  et  H.  Leroy  aura  bien  mérité  de  l'hu- 
manité, en  soustrayant  un  grand  nombre  d'ouvrières  aux  terribles 
maladies  produites  par  l'intoxication  saturnine  ! 

%  25.  —  Fabriques  de  passementeries. 

Les  différentes  opérations  que  comporte  l'industrie  du  passe- 
mentier, peuvent  être  regardées  comme  n'exerçant  aucune  influence 
nuisible  sur  la  santé  des  ouvriers.  Les  galonniers  ont  le  travail  le 
plus  Fatigant,  et  ce  sont  les  seuls  qui  ont  peut-être  quelque  chose 
a  souffrir  de  la  profession.  Voyez  le  galonnier  a  son  métier  :  sa 
position  est  gênante ,  impossible  même  sans  les  courroies  de  cuir 
qui  le  maintiennent  en  place  ;  A  peine  assis  sur  une  traverse  étroite, 
il  ne  peut  travailler  qu'en  précipitant  fortement  en  avant  la  partie 
supérieure  du  corps  ;  sa  chute  sur  le  métier  serait  infaillible ,  s'il 
n'était  soutenu  par  deux  courroies  passant  sur  les  parties  latérales 
et  antérieures  de  la  poitrine,  qui  éprouve  ainsi  une  compression 
considérable.  La  fatigue  que  l'ouvrier  ressent  de  celte  position 
gênante,  est  augmentée  encore  par  l'obligation  où  il  se  trouve  de 
mouvoir  sans  cesse  les  pieds  pour  faire  jouer  les  pédales  du  métier. 
Pour  des  hommes  d'une  forte  constitution,  ce  travail  ne  présente 
peut-être  pas  de  grands  inconvénients;  il  est  possible,  en  effet, 
qu'ils  résistent  longtemps  à  ce  que  la  position  que  nous  avons 
décrite  a  de  pénible  et  de  fatigant  ;  maïs,  de  ce  que  quelques  orga- 
nisations privilégiées  supportent  impunément  un  semblable  travail, 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS—  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LÀ  COMM.  591 
on  ne  peut  inférer  qu'il  doive  en  être  dé  même  pour  la  généralité 
des  ouvriers.  Aussi,  un  chef  nous  a-l-il  déclaré*  que  la  profession 
de  galonnier  fatiguait  beaucoup  la  poitrine,  et  déterminait  l'incur- 
vation précoce  du  tronc.  Ce  que  nous  venons  de  dire  s'applique 
spécialement  aux  adultes  :  que  l'on  se  figure  maintenant  le  même 
travail  exécuté  par  des  enfants  de  l'âge  de  douze  à  quinze  ans,  et  cela 
pendant  douze  heures  et  demie  tous  les  jours,  ainsi  que  cela  a  lieu 
dans  l'un  des  établissements  que  nous  avons  visités  ;  que  l'on  se  figure 
ces  malheureux,  penchés  sur  le  métier,  et  la  poitrine  comprimée 
par  des  courroies,,  alors  on  comprendra  combien  durement  et  à 
quelles  conditions  ces  enfants  gagnent  leur  vie.  N'est-il  pas  évident 
que  cette  compression  de  la  poitrine,  longtemps  continuée  et  se 
renouvelant  tous  les  jours  chez  des  êtres  dont  le  système  osseux 
n'est  pas  encore  parvenu  à  son  entier  développement,  et  n'a  pas 
encore  acquis  toute  la  solidité  et  la  force  de  résistance  qu'il  aura 
plus  tard  ;  n'est-il  pas  évident,  disons-nous ,  que  cette  compres- 
sion, agissant  concurremment  avec  l'attitude  courbée,  doit  amener 
des  déformations  de  la  colonne  vertébrale  et  de  la  poitrine,  et 
prédisposer  les  poumons  à  des  maladies  de  la  dernière  gravité? 

§  24.  —  Fabriques  de  tulle. 
Les  métiers  à  tisser  sont  desservis  par  des  adultes  ;  l'occupation 
de  ces  ouvriers  n'est  qu'une  espèce  de  surveillance  à  exercer  sur 
les  métiers  ;  ils  ne  fatiguent  que  parce  qu'ils  sont  toujours  debout 
et  qu'ils  passent  souvent  une  partie  de  la  nuit  au  travail.  Les 
ouvriers  que  nous  avons  vus  jouissaient  de  la  meilleure  santé.  Les 
fabriques  de  tulle  emploient  un  grand  nombre  d'enfants  ;  ceux-ci 
ne  font  que  raccommoder,  défiler  et  apprêter  le  tulle ,  opérations 
peu  fatigantes,  qui  n'ont  d'autre  inconvénient  que  d'être  sédentaires. 

§  25.  —  Brasseries. 

Les  ouvriers  travaillant  à  la  cuve  jouissent  généralement  d'une 
assez  bonne  santé ,  au  moins  pendant  quelques  années  ;  mais ,  si 
robuste  que  soit  leur  constitution,  elle  ne  résiste  pas  longtemps  à 
la  fatigue  qui  accompagne  le  travail,  aux  veilles  nombreuses,  aux 
libations  copieuses,  et  à  une  vie  généralement  assez  déréglée. 
Aussi  ces  ouvriers  sont-ils  vite  usés  et  parviennent-ils  rarement  à 
un  âge  avancé  ;  le  chef  d'une  des  plus  importantes  brasseries  de 
la  province  nous  a  même  déclaré  que  ceux  qui  buvaient  habituel- 
lement du  genièvre  ne  vivaient  guère  au  delà  de  quarante-cinq  ans. 


^y  Google 


S»    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Les  maladies  les  plus  fréquentes  chez  les  brasseurs,  sont  celles  qui 
doivent  leur  origine  &  un  refroidissement  subit,  comme  les  catar- 
rhes, les  Sucions  de  poitrine  et  les  affections  rhumatismales. 

Dans  les  établissements  où  l'on  brasse  de  la  bière  blanche ,  (es 
ouvriers  sont  exposés  à  l'asphyxie  par  l'acide  carbonique,  s'ils  ne 
prennent  point  les  précautions  convenables  en  entrant  dans  les 
locaux  où  l'on  a  abandonné  la  bière  à  la  fermentation.  Bien  que 
nous  n'ayons  paaappris  que  de  semblables  malheurs  fussent  déjà  arri- 
vés, nous  avons  cru  cependant  en  devoir  mentionner  la  possibilité*. 

Dans  certaines  brasseries,  il  est  une  autre  catégorie  d'ouvriers, 
qui  mérite  de  fixer  notre  attention  :  nous  voulons  parler  des  por- 
teurs. On  prend  ordinairement  pour  porteurs,  des  hommes  forte- 
ment constitués  et  dans  la  fleur  de  l'âge  ;  ces  ouvriers  sont ,  en 
général,  encore  beaucoup  plus  vite  usés  que  les  brasseurs,  et  vivent 
moins  longtemps  que  ces  derniers.  On  peut  attribuer  ce  triste 
résultat,  d'une  part,  a  la  fatigue  extrême  qu'ils  ont  à  supporter 
tous  les  jours,  et,  de  l'autre,  aux  abus  de  tout  genre  auxquels  ils 
se  livrent  sans  cesse.  Ce  qui  tue  surtout  les  porteurs,  c'est  le  poids 
énorme  qu'ont  actuellement  les  tonneaux ,  par  suite  de  l'habitude 
qu'ont  prise  les  cabareliers  de  fournir  eux-mêmes  les  tonneaux  et 
d'en  augmenter  toujours  la  capacité.  Aussi  peut-on  dire  que  les 
porteurs,  suivant  que  leur  constitution  est  plus  ou  moins  forte,  sui- 
vant qu'ils  se  sont  livrés  plus  ou  moins  à  des  excès,  sont  usés  au  bout 
de  dix  ou  quinze  ans,  et  incapables  de  continuer  leur  métier  :  un 
grand  nombre  de  ces  ouvriers  meurent  de  la  phthisie  pulmonaire. 

§  26.   —  Filatures  de  coton. 

Aucune  question  n'a  peut-être  été  plus  controversée,  que  celle  de 
savoir  si  le  travail,  dans  les  filatures  de  coton,  est  insalubre  ou 
non.  Parmi  les  hygiénistes  qui  ont  traité  cette  question,  il  en  est, 
sans  doute,  qui  ont  exagéré  l'influence  funeste  de  ce  travail,  comme 
il  en  est  d'autres  qui  en  ont  trop  atténué  les  inconvénients.  Pour 
arriver  à  connaître  la  vérité ,  il  ne  faut  rien  exagérer ,  ni  rien 
atténuer,  maïs  dire  ce  que  l'observation  générale  a  appris,  et 
établir  des  catégories  d'ouvriers  ;  on  peut,  en  effet,  arriver  a  des 
conclusions  fort  différentes ,  selon  que  l'on  considère  les  ouvriers 
des  filatures  en  masse,  ou  qu'on  les  prend  dans  leurs  spécialités 
respectives  de  travail. 

Pour  être  filé,  le  coton  doit  subir,  au  sortir  de  la  balle,  plusieurs 
opérations  qu'il  est  important  de  connaître,  parce  que,  de  tous 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.     593 

temps,  ce»  opérations  ont  été  regardées,  et  à  juste  raison,  comme 
constituant  le  travail  le  plus  nuisible. 

La  première  opération  est  le  battage  :  celui-ci  se  fait  à  l'aide  de 
la  main,  armée  d'une  baguette,  ou  à  l'aide  d'un  batteur  méca- 
nique. Que  le  coton  soit  battu  a  la  main  ou  par  une  machine,  cette 
opération  donne  toujours  lieu  à  un  dégagement  abondant  d'une 
poussière  irritante  ,  et  de  particules  cotonneuses  que  les  ouvriers 
respirent  avec  l'air,  et,  certes,  pas  impunément.  Toutefois,  le  bat- 
tage à  la  main  produisant  beaucoup  plus  de  poussière,  et  lançant 
dans  l'atmosphère  un  nombre  plus  considérable  de  particules  coton- 
neuses, est  infiniment  plus  dangereux  que  celui  qui  se  fait  à  l'aide 
d'un  batteur  mécanique.  Nous  avons  rencontré  cette  machine  dans 
toutes  les  grandes  filatures  que  nous  avons  visitées,  et,  bien  qu'elle 
ne  fasse  pas  disparaître  tous  les  inconvénients  attachés  au  battage 
du  coton,  son  introduction  dans  l'industrie  est  un  véritable  bien- 
fait pour  l'humanité,  puisqu'elle  dispense  d'employer  un  grand 
nombre  d'ouvriers  aux  opérations  les  plus  nuisibles  :  le  battage  et 
l'éplucbage.  Ce  n'est  que  dans  les  petites  filatures  que  l'on  bat  le 
coton  à  la  main ,  et  là ,  cette  opération  est  d'autant  plus  nuisible , 
qu'ony  travaille  ordinairement  un  colon  plus  grossier  et  plusimpur, 
tel  que  celui  de  Surate. 

Le  battage  du  coton  provoque  la  toux  et  produit  plus  ou  moins 
rapidement  des  maladies,  graves  de  la  poitrine,  surtout  la  phthisie 
pulmonaire  :  la  plupart  des  chefs  d'industrie  confessent  cette 
influence  pernicieuse  du  battage  à  la  main  ;  ils  sont  moins  positifs 
en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  employés  au  batteur  mécanique  ; 
cependant  plusieurs  reconnaissent  que  ces  ouvriers  sont  également 
exposés  aux  maladies  de  poitrine,  et  ce  qui  prouve  qu'ilsont  constaté 
la  fâcheuse  influence  de  ce  travail,  c'est  qu'ils  ont  soin  de  relayer 
les  ouvriers  qui  en  sont  chargés.  Du  reste,  les  graves  inconvénients 
du  battage  ont  été  reconnus  depuis  longtemps  et  partout  où  l'on 
travaille  le  coton,  à  tel  point  que  les  médecins  ont  créé  les  expres- 
sions de  phthisie  cotonneuse  et  de  pneumonie  cotonneuse,  pour  dési- 
gner la  maladie  à  laquelle  succombent  presque  toujours  les  ouvriers 
employés  au  battage,  s'ils  n'abandonnent  pas  à  temps  ce  travail. 
En  résumé,  le  battage  à  la  baguette  est  et  restera  toujours  une 
opération  des  plus  insalubres,  tandis  que  celui  à  l'aide  du  batteur 
mécanique  est  susceptible  de  perdre  presque  tous  ses  inconvénients 
par  l'adoption  de  quelques  sages  précautions. 

Quand  le  coton  a  été  suffisamment  battu  et  épluché  par  le  diable, 


^y  Google 


594     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

il  passe  à  ia  carderie.  Là  il  est  repris  successivement  par  diverses 
machines  qui  retendent  d'abord  en  ouate,  piiis  qui  le  cardent, 
c'est-à-dire  qui  en  démêlent  les  filaments  et  leur  impriment  une 
direction  parallèle,  puis  enfin  qui  ('étirent  sous  forme  d'un  ruban 
ou  d'une  corde.  On  conçoit  que  ces  diverses  opérations  ne  peu- 
vent se  faire  sans  que  l'atmosphère  se  charge  plus  ou  moins  de 
poussière  et  de  particules  cotonneuses  ;  les  ouvriers  employés  dans 
les  carderies  sont  donc  exposés  aux  mêmes  maladies  que  ceux  qui 
battent  te  coton,  mais  aun  degré  incomparablement  moindre.  Plu- 
sieurs chefs  nous  ont,  en  effet,  signalé  le  travail  à  la  carderie 
comme  insalubre. 

Avant  de  sortir  de  la  carderie,  disons  un  mot  des  débourreurs 
ou  débourreutes  de  cardes  et  des  aiguiieurs  de  cardes.  On  appelle 
débourreurs  de  cardes ,  les  ouvriers  chargés  du  nettoiement  des 
cardes;  ces  ouvriers,  comme  les  batteurs,  respirent  un  air  chargé 
de  poussière  et  de  particules  cotonneuses  ;  bien  que  nous  n'avons 
appris  rien  de  positif  à  cet  égard,  il  nous  semble  indubitable  qu'ils 
doivent  contracter  les  mêmes  maladies  que  les  batteurs.  Les 
aiguiseurs  de  cardes  sont  des  ouvriers  spécialement  chargés  d'ai- 
guiser les  pointes  des  cardes  ;  pendant  cette  opération ,  de  nom- 
breuses particules  métalliques  sont  lancées  dans  l'air,  et  comme  il 
en  pénètre  plus  ou  moins  dans  les  voies  aériennes,  les  aiguiseurs 
finissent  par  présenter  des  affections  de  poitrine,  et  notamment  la 
phtfaisîe  pulmonaire.  Heureusement  l'aiguisage  à  la  main  a  été 
généralement  supprimé  et  se  fait  actuellement  au  moyen  d'un 
tambour  garni  d'émerl  et  mis  en  mouvement  par  la  force  motrice 
commune.  Nous  n'avons  rencontré  qu'un  seul  établissement  où 
l'aiguisage  se  fait  encore  a  la  main,  et  là  nous  avons  acquis  la  cer- 
titude que  ce  travail  était  des  plus  préjudiciables  à  la  santé. 

Dans  la  filature  proprement  dite  nous  n'avons  à  considérer  que  les 
fîleurs,  les  raltacheurs  et  les  bobineurs.  Ces  ouvriers  ne  nous 
paraissent  pas  devoir  souffrir  en  quoi  que  ce  soit  du  travail  du 
coton  ;  une  cause  de  maladie  peut  cependant  se  trouver  pour  eux 
dans  la  température  assez  élevée  des  ateliers,  température  qui  est 
toujours  en  rapport  direct  avec  la  finesse  du  fil  que  l'on  fait  ;  de 
ce  chef  les  ouvriers  peuvent  contracter  toutes  les  maladies  qu'un 
changement  subit  de  température  peut  produire ,  mais  aussi  ils 
peuvent  les  éviter  par  quelques  légères  précautions. 

Les  rattacheurs  et  les  bobineurs  sont  des  enfants  Agés  générale- 
ment de  sept  à  douze  ans  ;  comme  les  fileurs ,  ils  travaillent  tou- 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RES.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.  59s 
jours  debout  et  sont  soumis,  comme  eux,  aux  mêmes  influences; 
cependant  l'âge  en  général  très-précoce  auquel  on  les  envoie  dans 
les  filatures ,  nous  oblige  de  leur  donner  toute  notre  attention,  et 
d'examiner  si  le  travail  ne  nuit  pas  à  leur  développement  physique. 
Sur  ce  point,  il  est  assez  difficile  de  connaître  ta  vérité  et  de  dis- 
cerner la  part  d'influence  du  travail,  et  celte  que  peuvent  revendi- 
quer la  misère,  les  privations  et  les  conditions  hygiéniques  défa- 
vorables dans  lesquelles  naît  et  grandît  l'enfant  du  pauvre.  Nous 
avons  vu  beaucoup  d'enfants  pâles  et  chélifs  ;  mais  aussi  nous  en 
avons  vu  d'autres,  en  petit  nombre  il  est  vrai,  qui  offraient  toutes 
les  apparences  de  la  santé. 

En  général,  les  industriels  prétendent  que  les  enfants  n'ont 
rien  à  souffrir  du  travail  dans  les  filatures  de  coton,  et  que  ce  tra- 
vail ne  nuit  en  rien  à  leur  développement  physique.  Un  seul, 
homme  d'expérience  et  fabricant  intelligent,  assure  néanmoins 
que  les  enfants  employés  trop  jeunes  dans  tes  filatures  (et  il  con- 
sidère comme  trop  jeunes  les  enfants  de  sept  à  huit  ans),  se  déve- 
loppent difficilement  et  ne  prennent  jamais  les  apparences  et  les 
proportions  de  l'homme.  Ce  sont  là  ses  propres  paroles,  et ,  si  l'on 
a  égard  à  l'âge  auquel  les  enfants  sont  ordinairement  reçus  dans 
les  filatures,  à  la  température  élevée  des  ateliers,  à  l'obligation  de 
travailler  debout,  à  la  trop  longue  durée  du  travail  et  à  la  fatigue 
qui  en  est  la  suite;  si  l'on  considère  surtout  que  ces  enfants,  ton* 
jours  mal  nourris ,  sont  encore  privés  des  influences  si  heureuses 
de  l'insolation  et  de  l'exercice  au  grand  air,  on  peut  admettre  ces 
paroles  comme  l'expression  de  la  vérité.  Ces  considérations  sont 
aussi  applicables  aux  enfants  employés  dans  quelques  Garderies; 
mais  pour  ces  derniers,  le  travail  est  bien  plus  préjudiciable,  puis- 
qu'ils l'exécutent  au  milieu  d'une  atmosphère  chargée  de  duvet 
cotonneux  et  avec  la  chance  de  contracter  de  graves  affections 
pulmonaires. 

Abandonnons  maintenant  les  grandes  filatures,  et  pénétrons  dans 
ces  ateliers  où  l'on  file  du  coton  pour  les  mèches  de  lampes  et  pour 
les  pîloux,  et  où  l'on  travaille  a  l'aide  de  métiers  à  la  main,  ou  de 
métiers  français.  Presque  toujours  ces  ateliers  sont  des  caves 
froides  et  humides,  plus  ou  moins  bien  aérées  et  éclairées,  géné- 
ralement malpropres  et  exhalant  une  odeur  des  plus  désagréa- 
bles ,  due  surtout  au  savon  dont  on  enduit  le  coton.  C'est  dans 
ces  ateliers  qu'on  emploie  des  enfants  de  cinq  à  six  ans ,  c'est  la 
qu'on  abuse  le  plus  de  leurs  forces,  c'est  là  qu'ils  deviennent  lob- 


^y  Google 


596    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

jet  d'une  véritable  exploitation,  c'est  là  enfin  que  leur  constitution 
s'altère  et  dépérit,  qu'ils  deviennent  se  ro  fui  eux  et  contractent  le 
germe  de  la  phthisie  pulmonaire.  Les  ouvriers  adultes  résistent 
mieux  aux  influences  nuisibles  de  ces  ateliers,  mais  cependant  au 
bout  de  quelque  temps ,  beaucoup  d'ouvriers  fileurs  sont  atteints 
d'affections  rhumatismales  et  quelquefois  de  phtbisie  pulmonaire. 

§  27.  —  Fabrique*  d'huiles  et  de  savons. 

Les  ouvriers  huiliers  n'ont  rien  à  souffrir  de  leur  travail. 

Les  savonniers,  soit  qu'ils  fabriquent  du  savon  vert  ou  du  savon 
de  toilette  ,  sont  exposés  à  une  chaleur  assez  vive,  et  se  trouvent 
constamment  dans  une  atmosphère  chargée  de  vapeurs  aqueuses. 
S'ils  n'évitent  pas  soigneusement  les  transitions  subites  de  tempé- 
rature ,  ils  peuvent  contracter  des  bronchites ,  des  pleurésies  ou 
des  pneumonies;  ils  ne  sont  donc  qu'accidentellement  exposé*  à 
ces  maladies.  Mais  la  profession  de  savonnier  conduit  assez  sûre- 
ment à  un  autre  ordre  de  maladies  ,  nous  voulons  dire  aux  affec- 
tions rhumatismales,  qui,  d'après  la  déclaration  de  plusieurs  fabri- 
cants, sont  propres  aux  ouvriers  savonniers. 

JJ  28.  —  Établissements  métallurgiques. 

II  faut  ici  examiner  à  part  les  établissements  où  l'on  ne  travaille 
que  le  fer,  et  ceux  où  l'on  ne  travaille  que  le  cuivre,  le  zinc  et  le 
plomb. 

Quoique  le  travail  du  fer  ne  soit  nullement  insalubre  et  semble 
plutôt  agir  favorablement  sur  la  constitution  des  ouvriers  ,  ceux-ci 
ont  cependant  quelque  chose  à  souffrir  de  leur  profession  et  des 
efforts  qu'elle  exige.  Ainsi,  par  exemple,  des  contusions,  des  plaies 
plus  ou  moins  graves,  des  luxations ,  des  fractures,  sont  des  acci- 
dents qui  sont  loin  d'être  rares  dans  les  grands  établissements; 
d'un  autre  côté,  les  efforts  auxquels  les  ouvriers  se  livrent  pour 
manier  des  pièces  de  fer  ou  des  outils  fort  pesants  favorisent  la  for- 
mation des  hernies,  et  amènent  un  développement  considérable 
des  muscles  des  bras  et  de  la  poitrine.  Il  paraîtrait  même,  d'après 
l'assertion  de  plusieurs  médecins  dignes  de  foi ,  que  les  organes 
înlra-thoraciques  se  ressentent  aussi  de  ces  efforts,  et  que  ceux-ci 
peuvent  contribuer  puissamment  à  faire  naître  des  hypertrophie* 
du  cœur.  Nous  n'avons  aucun  renseignement  précis  à  cet  égard, 
et  nous  nous  bornons  à  dire  que,  dans  notre  opinion,  la  chose  est 
non  seulement  possible,  mais  même  très- probable.  Toujours  debout, 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RES.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.  597 
dans  des  ateliers  chauds  ou  devant  des  feux  ardents,  les  ouvrier* 
travaillant  le  fer  sont,  en  outre,  exposés  aux  varices  et  aux  ulcères 
des  extrémités  inférieures  ainsi  qu'aux  diverses  maladies  résultant 
d'une  suppression  brusque  de  la  transpiration. 

Ceux  qui  travaillent  à  la  forge ,  aux  fourneaux ,  ou  qui  battent 
le  fer  rouge,  sont  sujets  à  des  affections  oculaires  qui  révèlent 
bientôt  la  forme  chronique  ;  enfin  ceux  qui  battent  le  fer  rouge  et 
ceux  qui  liment  ce  métal  sont  exposés  à  recevoir  des  paillettes  dans 
les  yeux. 

La  profession  la  plus  dangereuse  dans  l'industrie  du  fer  est  celle 
de  polisseur,  parce  que,  en  polissant,  l'ouvrier  projette  dans  l'air 
des  particules  métalliques  fort  ténues,  qui  pénètrent  dans  les  voies 
respiratoires  et  déterminent  des  maladies  des  poumons,  principa- 
lement la  nhthisie.  C'est  là  du  moins  ce  qui  nous  a  été  affirmé  par 
quelques  industriels  et  ce  que  l'observation  a  d'ailleurs  démontré 
depuis  longtemps. 

Le  travail  du  cuivre  seul,  ou  du  cuivre  allié  au  zinc,  est  essen- 
tiellement nuisible  par  lui-même  ;  nous  avons  déjà  touché  ce  point 
en  parlant  des  fabriques  d'inêtruments  de  musique;  nous  renver- 
rons donc  à  ce  paragraphe  pour  les  généralités,  afin  de  ne  con- 
signer ici  que  quelques  détails  tout  spéciaux.  {f^oir%  17,  p.  S84). 

Bien  que  la  fonte  du  cuivre,  ou  du  bronze,  ne  paraisse  pas 
susceptible  de  nuire  à  la  santé  des  ouvriers,  quand  elle  se  fait  dans 
des  fourneaux  bien  disposés  et  avec  les  précautions  convenables, 
plusieurs  chefs  d'industrie  déclarent  cependant  que  celte  opération 
est  nuisible.  Ainsi,  l'un  assure  qu'elle  détermine  des  coliques  métal- 
liques; un  autre,  que  les  fondeurs  et  tous  les  ouvriers  travaillant  te 
cuivre  sont  sujets  à  ces  coliques,  mais  que  la  refonte  du  vieux 
cuivre  est  surtout  dangereuse,  et  que  les  ouvriers  qui  en  sont 
chargés  sont  pris  presque  instantanément  de  douleurs  d'entrailles 
et  frappés  d'une  espèce  d'asphyxie  qui  se  dissipe  aussitôt  qu'on  les 
porte  a  l'air  ;  un  troisième  prétend  que  la  fonte  du  cuivre  est  seule 
dangereuse,  et  que  l'ouvrier  qui  a  fondu  toute  une  journée  est 
incapable  de  travailler  le  lendemain  ;  un  quatrième  signale  encore 
la  fonte  du  cuivre  comme  seule  dangereuse;  un  cinquième  dit  que 
la  fonte  de  certains  cuivres  est  nuisible  et  qu'elle  produit  des  maux 
de  tète,  des  frissons  et  des  nausées;  un  sixième  enfin  déclare  que 
les  vapeurs  du  cuivre  influent  défavorablement  sur  les  organes  de 
la  respiration.  De  tous  ces  témoignages  et  de  beaucoup  d'autres 
que  nous  ne  rappellerons  pas  ici,  résulte  pour  nous  cette  convic- 


^y  Google 


598      CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DÉ  BRUXELLES. 

lion  que  la  fonte  du  cuivre1  est  dangereuse  pour  les  ouvriers,  qu'elle 
peut  occasionner  diverses  affections  morbides  et  qu'elle  donne  sou- 
vent lieu  à  des  coliques  métalliques  ;  toutefois  noua  croyons  devoir 
ajouter  que  les  effets  attribués  a  l'opération  de  la  fonte  doivent  plutôt 
être  rapportés  a  celle  du  coulage,  parce  que  les  ouvriers  qui  fondent 
sont  aussi  ceux  qui  coulent  ou  qui  assistent  au  coulage,  et  qu'alors 
ils  respirent  forcément  un  air  chargé  de  vapeurs  métalliques. 

Il  est  une  remarque  qui  nous  a  été  faite  par  plusieurs  industriels: 
c'est  que  la  fonte  du  cuivre  rouge  n'exerce  aucune  influence 
fâcheuse  sur  la  santé  des  ouvriers,  tandis  que  cette  opération  devient 
nuisible  lorsqu'elle  se  fait  sur  du  cuivre  allié  au  zinc;  cela  tient 
assurément  à  ce  que  l'oxyde  de  zinc,  en  se  volatilisant,  entraîne  avec 
lui  des  particules  cuivreuses. 

Est-ce  ici  l'oxyde  de  zinc  qui  incommode  les  ouvriers,  comme 
c'est  l'opinion  commune  dans  les  ateliers,  ou  bien  sont-ce  les  par- 
ticules cuivreuses  que  cet  oxyde  peut  entraîner  dans  sa  sublimation  ? 
La  question  n'est  pas  facile  à  résoudre.  H.  leD'Blandet  cependant, 
dans  le  travail  qu'il  a  soumis  à  l'Institut  de  France,  croit  pouvoir 
rapporter  à  l'influence  de  l'oxyde  de  zinc  les  phénomènes  morbides 
que  présentent  les  ouvriers  les  jours  de  fonte.  Quoi  qu'il  en  soit, 
voici  l'ensemble  de  symptômes  que  tous  les  fondeurs  en  Cuivre 
interrogés  par  ce  médecin  ont  retracé  d'une  voix  à  peu  près  una- 
nime :  nous  laissons  parler  l'auteur  :  *  Voici  ce  que  tout  ouvrier 
fondeur  en  cuivre  vous  répondra  à  cette  question  :  ■  Qu'éprouves- 
-  vous,  les  jours  de  fonte  ou  le  lendemain,  lorsque,  dans  la  mau 

■  vaise  saison,  l'atelier  étant  clos  contre  le  froid,  le  vent  rabat  la 

■  vapeur  de  la  fonte  dans  l'atelier? —  Réponse  ;  Ces  jours-là, 
■  »  quand  vient  le  soir,  on  a  perdu  l'appétit  ;  on  sent  un  poids  sur 

■  l'estomac  qui  est  douloureux  ;  on  a  envie  de  vomir,  et  l'on  vomit 
u  quelquefois;  la  poitrine  est  oppressée,  et  l'on  tousse  ;  il  y  a  mal 
u  de  tête  fixe  entre  les  tempes  ;  parfois  des  bourdonnement* 
«  d'oreilles  qui  vous  poursuivent  dans  la  nuit  ;  on  ressent  une  fai- 
«  blesse  générale  et  des  douleurs  contuses  dans  les  membres  supé- 
•t  rieurs  et  inférieurs,  comme  si  l'on  avait  été  roué  de  coups  ;  on 

■  ne  mange  pas  ;  si  l'on  mangeait,  on  vomirait  ou  on  serait  plus 

■  malade  ;  on  ressent  des  frissons  entre  les  épaules  ;  on  tremble 
«  de  tous  ses  membres  ;  on  se  couche,  mais  le  tremblement  redouble 
*  dans  le  lit;  le  frisson  dure  une,  deux,  trois  heures  et  plus;  on 
»  s'agite  en  tous  sens  ;  puis  viennent  des  sueurs  froides  ;  le  plus 

■  souvent,  les  sueurs  sont  précédées  de  bouffées  de  chaleur;  une 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.     509 

«  fièvre  ardente  survient;  la  figure  vous  brûle.  Au  réveil,  tout  cet 
«  ensemble  de  symptômes  alarmants  a  disparu,  et  l'on  ne  ressent 
■  plus  que  de  la  lassitude.  »  C'est  cet  ensemble  de  phénomènes 
morbides  que  M.  Blandet  nomme  courbature  métallique,  et  que, 
dans  les  ateliers,  on  appelle  effets  du  zinc. 

Si  le  tableau  «ymptomatologique  esquissé  par  notre  confrère  de 
Paris,  diffère  du  nôtre ,  on  s'apercevra  cependant  facilement  qu'il 
y  a  concordance  quant  aux  symptômes  principaux,  qui  sont  ;  la 
douleur  de  tête,  les  envies  de  vomir,  les  frissons,  et  la  lassitude 
qui  empêche  les  ouvriers  de  travailler  le  lendemain  d'un  jour  de 
fonte.  On  conçoit,  du  reste,  que  les  symptômes  décrits  doivent 
varier  en  intensité  et  en  durée,  et  que  les  circonstances  qui  déter- 
minent ces  variations  dépendent  de  l'étendue  des  ateliers,  de  leur 
bonne  ou  mauvaise  disposition,  et  surtout  de  la  quantité  de 
matière  métallique  sur  laquelle  on  opère. 

■  La  courbature  métallique,  pour  n'être  pas  dangereuse  par 
elle-même,  dit  M.  Blandet,  finit  par  laisser,  a  la  longue,  des  traces 
profondes  dans  l'économie  :  les  fondeurs  et  mouleurs  deviennent 
généralement  asthmatiques,  et  de  bonne  heure,  entre  trente-cinq 
et  quarante  ans.  J'ai  entendu  bien  des  ouvriers  rapporter  la  cause 
de  l'asthme  à  ces  courbatures  répétées  avec  oppression,  toux  et 
sentiment  de  constriction  à  la  gorge.  ■ 'Ce  serait  là,  sans  doute,  un 
très-grave  inconvénient  attaché  à  la  profession  de  fondeur  en 
cuivre  j  heureusement,  nous  n'avons  pas  eu  à  le  Constater  dans  les 
ateliers  que  nous  avons  visités. 

Parmi  les  autres  ouvriers  travaillant  le  cuivre,  nous  devons 
mentionner  les  ciseleurs  et  (es  limeurs  comme  étant  assez  fréquem- 
ment atteints  de  coliques  métalliques. 

Il  est  donc  suffisamment  établi  que  le  travail  du  cuivre  est  nui- 
sible ;  mais,  en  admettant  qu'il  ne  produisit  pas  les  accidents  que 
nous  avons  rapportés  plus  haut,  on  ne  devrait  pas  moins  le  regar- 
der comme  très-insalubre,  puisqu'il  exerce  lentement,  mais  sûre- 
ment, une  influencé  funeste  sur  la  constitution  des  ouvriers.  Pour 
juger  de  cette  influence,  il  suffit  de  pénétrer  dans  quelques  ateliers  : 
voyez  la  maigreur  de  la  plupart  des  ouvriers ,  la  décoloration  de 
la  peau,  la  teinte  verdàlre ,  sale,  des  yeux  et  de  tout  le  tégument 
externe  (1),  l'air  de  décrépitude  que  présentent  déjà  des  hommes 

(1)11  y  ■  longtempt  déjà  que  l'an  ■  remarqué  cette  teinte  verditre  particulière  nui 
ouvrier!  travaillant  le  cuivra.  Le  D*  Patinier  la  lignais  pour  lea  yeui,  la  langue,  le» 
cheveux,  lei  excrêmcnti,  lei  urine»,  le»  crachat!  ;  il  ait  même  qu'elle  le 


^y  Google 


600  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
encore  dans  la  fleur  de  l'âge;...  tout  cela  n'indique-t-il  pas  une 
action  sourdement  désorganisatrice ?  tout  cela  ne  prouve-t-i)  pas 
que  le  travail  du  cuivre  est  des  plus  insalubres,  et,  peut-être, 
celui  qui  ruine  le  plus  sûrement  la  santé  et  la  constitution  de 
l'homme? 

Les  ouvriers  qui  travaillent  le  cuivre  peuvent  être  assimilés  à 
ceux  qui  travaillent  le  fer,  en  ce  qui  concerne  la  plupart  des  autres 
conditions  du  travail  :  ainsi,  station  prolongée,  exercice  continuel 
des  membres  supérieurs,  exposition  a  des  températures  plus  ou 
moins  élevées,  chances  nombreuses  de  contusions  et  de  blessures  ; 
il  est  inutile  d'ajouter  ici  comment  ces  conditions  peuvent  devenir 
causes  de  maladies. 

Les  plombiers  sont  assez  fréquemment  atteints  de  la  colique  dite 
de  plomb.  La  plupart  de  ces  ouvriers  sont  maigres,  pâles  et  d'un 
teint  terreux-;  le  travail  exerce  une  influence  nuisible  sur  leur 
constitution  ;  les  chefs  d'ateliers  sont  d'accord  pour  reconnaître 
cette  influence.  La  colique  de  plomb  n'est  pas  la  maladie  la  plus 
grave  qu'aient  a  craindre  les  ouvriers  dont  nous  nous  occupons  i 
un  médecin  distingué,  M.  le  D"  Tanquerel  des  Planches,  qui  a 
poursuivi  pendant  plus  de  huit  ans  ses  éludes  sur  les  maladies  pro- 
duites par  le  plomb ,  range  ces  maladies ,  eu  égard  a  leur  fré- 
quence', dans  l'ordre  suivant  :  colique,  arthralgie  ,  paralysie, 
encéphalopatbie.  En  effet,  il  a  annoté  douze  cent  dix-sept  cas  de 
colique,  sept  cent  cinquante-cinq  d'arthralgie,  cent  vingt-sept  de 
paralysie,  et  soixante  et  douze  d'encéphalopathie,  ce  qui  indique- 
rait donc  que  les  affections  les  plus  graves  sont  heureusement  les 
plus  rares.  Comme  l'arthralgie ,  la  paralysie  et  l'encéphalopatbie 
saturnines  sont  généralement  moins  bien  connues  que  la  colique, 
nous  avons  pensé  qu'il  n'était  pas  déplacé  d'en  dire  ici  quelques 
mots. 

L'arthralgie  saturnine  est  une  maladie  de  nature  névralgique, 
consistant  en  des  douleurs  vives  dans  les  membres ,  sans  rougeur 
ni  gonflement  ;  ces  douleurs  sont  continues,  mais  deviennent  plus 
aiguës  par  accès  ;  la  compression  les  diminue ,  le  mouvement  les 
augmente;   des   mouvements   involontaires,  spasnodiques ,    des 

•m  lubiti  pur  In  truipiratian.  On  ancien  mtjdeoin  de  Bruxelles ,  le  D*  Cittli,  rfcmnt 
en  1781  :  <  Artifice»  caprum  fréquenter  tractante!  capillos  non  rarà  viridet  Auteur, 
vertirjini,  nauitd,  eomilu,  tutti ticcà,  ulctribuique  puiinonUm  laborant,  et  etcrt- 
mtnta  tiridia  nannunquam  ul.ro  reddunt.  •  (Ratio  occiirrendi  morbie  à  minttratiam 
«huit  produei  tolitU.  Amutelodanri,  1781  ■) 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.      601 

crampes  les  accompagnent ,  et  les  parties  malades  sont  souvent 
dures  et  tendues.  L'arlhralgie  atteint  le  plus  souvent  les  membres 
inférieurs,  puis,  dans  l'ordre  de  fréquence,  les  membres  supérieurs, 
les  lombes,  etc.  ;  enfin  toutes  les  parties  du  tronc  et  de  la  tète 
peuvent  en  devenir  le  siège.  Elle  peut  exister  isolément  ou  asso- 
ciée soit  a  la  colique,  à  la  paralysie  ou  à  l'encéphalopalhie  ;  isolée, 
elle  ne  présente  pas  la  moindre  gravité;  mais  elle  doit  toujours 
faire  craindre  que  la  cause  qui  l'a  produite  ne  donne  tôt  ou  tard 
naissance  à  l'une  ou  à  l'autre  des  deux  dernières  maladies. 

La  paralysie  saturnine  est  ordinairement  précédée  de  coliques; 
cependant  elle  peut  se  montrer  sans  avoir  été  précédée  de  cette 
affection;  elle  attaque  ou  le  mouvement  ou  le  sentiment,  quelque- 
fois l'un  et  l'autre;  mais  ces  derniers  cas  semblent  être  plus  rares; 
elle  affecte  ou  tout  un  membre  ou  quelques  muscles  seulement.  En 
général,  cette  maladie  est  longue  à  guérir;  les  récidives  sont  fré 
quentes ,  et  encore  beaucoup  plus  difficiles  à  guérir  qu'une  pre- 
mière atteinte. 

L'encéphalopalhie  est  l'affection  la  plus  grave  que  détermine 
l'empoisonnement  par  le  plomb  ;  elle  se  traduit  à  l'observation  du 
médecin  par  le  délire  ,  le  coma  ,  des  convulsions,  ou  par  la  perte 
d'un  ou  de  plusieurs  sens;  elle  apparaît  quelquefois  Bans  qu'aucune 
autre  maladie  saturnine  ait  précédé ,  mais  le  plus  souvent  après 
l'une  des  maladies  que  nous  avons  mentionnées  tout  à  l'heure  ; 
elle  peut  aussi  se  montrer  seule ,  ou  concurremment  avec  l'une  de 
ces  maladies.  L'encéphalopalhie  est  plus  ou  moins  grave  selon  la 
forme  qu'elle  revêt.  Il  résulte  des  recherches  de  M.  Tanquerel  des 
Planches  que  la  forme  délirante  est  la  moins  grave;  puis  vient  la 
forme  comateuse ,  et  enfin  la  forme  convulsive  ou  plutôt  épileptique, 
qui  est  la  plus  grave.  Quand  les  trois  formes  se  présentent  réu- 
nies, la  maladie  est  le  plus  souvent  funeste,  et  la  mort  arrive  géné- 
ralement dans  les  trois  premiers  jours  qui  suivent  l'invasion. 

Bien  que  nous  n'ayons  rien  observé  par  nous-mêmes,  relative- 
ment a  l'arthralgie,  à  la  paralysie  et  à  l'encéphalopalhie  saturnines, 
nous  avons  jugé  utile  d'exposer  ici  brièvement  quelques-unes  des 
données  que  la  science  possède  à  leur  égard,  parce  que,  pour  bien 
apprécier  l'insalubrité  d'une  profession,  il  ne  suffit  pas  de  con- 
naître les  maladies  dont  les  ouvriers  sont  le  plus  souvent  atteints , 
mais  aussi  celles  auxquelles  ils  sont  encore  exposés;  ce  n'est,  en 
effet ,  qu'en  connaissant  tous  (es  dangers  d'une  profession ,  qu'on 
peut  prescrire  des  mesures  hygiéniques  complètes  et  réellement 
efficaces. 


^y  Google 


603    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITE  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Parmi  les  ouvriers  plombiers,  ît  en  est  quelques-uns  qui  sont 
souvent  atteints  de  rhumatismes  :  ce  sont  ceux  qui  descendent  dans 
les  puits  et  dans  les  citernes;  ces  ouvriers,  d'après  les  renseigne- 
ments que  nous  avons  recueillis,  sont  atteints  de  rhumatisme  au  bout 
de  peu  de  temps. 

Ces  mêmes  ouvriers  sont  encore  exposés  a  l'asphyxie,  par  les 
gaz  délétères  ou  non  respirables  qui  existent  quelquefois  dans  les 
puits  et  dans  les  citernes;  quoique  cet  accident  soit  excessivement 
rare,  nous  en  notons  ici  la  possibilité. 

Les  fondeur*  en  caractères  typographiques,  travaillant  un  alliage 
d'antimoine  et  de  plomb,  sont  exposés  aux  mêmes  maladies  que 
les  ouvriers  dont  nous  venons  de  parler.  La  maladie  dont  ils 
souffrent  le  plus  souvent  est  la  colique  de  plomb.  Un  chef  uous  a 
déclaré  toutefois  qu'on  l'observait  moins  fréquemment  que  ci- 
devant  ,  parce  que ,  instruits  par  l'expérience,  de  l'insalubrité  de 
leur  travail,  les  ouvriers  sont  devenus  plus  soigneux ,  et  observent 
mieux  les  précautions  hygiéniques  dont  on  leur  recommande 
l'usage;  ses  ouvriers  se  distinguent,  en  effet,  par  la  propreté  du 
corps  et  des  vêtements,  ainsi  que  par  leur  extérieur  annonçant  la 
santé.  Dans  une  autre  fonderie,  les  ouvriers  nous  ont  présenté  un 
teint  hâve,  une  peau  décolorée  et  une  maigreur  assez  générale  ; 
le  chef  reconnaît  positivement  l'insalubrité  de  la  profession ,  et 
assure  que  ses  ouvriers  sont  souvent  pris  de  coliques  métalliques , 
mais  que  ces  coliques  ne  sont  que  passagères,  el  cèdent  assez 
facilement  à  un  mélange  usité  parmi  les  ouvriers,  et  qui  se  com- 
pose de  parties  égales  d'huile  d'olive  et  A' absinthe;  la  dose  qu'on 
prend  habituellement  de  ce  mélange  est  d'environ  une  once  et 
demie.  L'influence  que  le  travail  exerce  sur  la  santé  est  tellement 
défavorable,  dit  cet  industriel,  qui  depuis  longtemps  exerce  la 
profession  et  y  emploie  un  grand  nombre  d'ouvriers,  qu'on  peut 
affirmer,  en  général,  que  les  fondeurs  en  caractères,  occupés  d'une 
manière  continue,  ne  dépassent  jamais  l'âge  de  soixante  ans,  et  que 
même  ils  arrivent  rarement  a.  cet  Age  ;  quant  à  ceux  qui  se  livrent 
à  la  débauche  ou  à  des  excès  de  boisson,  ils  meurent  généralement 
dans  un  âge  peu  avancé. 

Les  fondeurs  en  caractères  sont  encore  sujets  à  des  tics ,  à  des 
mouvements  automatiques  des  bras  et  du  tronc ,  qui  résultent  de 
l'obligation  d'exercer  continuellement  certains  mouvements  pour 
imprimer  aux  moules  les  secousses  nécessaires  pour  la  répartition 
égale  de  la  matière  en  fusion. 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  — RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.     605 
§  29.  —  Marbriers  et  tailleurs  de  pierre. 

Les  ouvriers  qui  travaillent  les  pierres  ou  le  marbre  ne  sont 
exposés  a  aucune  maladie  particulière,  s'il  faut  s'en  rapportera  la 
déclaration  d'un  de  nos  principaux  marbriers ,  qui  avoue  cepen- 
dant que  les  tailleurs  de  pierre  se  courbent  de  bonne  heure.  Nous 
pensons  qu'on  ne  peut  admettre  sans  restriction  une  semblable 
assertion  ;  en  taillant  le  marbre  ou  la  pierre ,  l'ouvrier  lance 
autour  de  lui  des  parcelles  plus  ou  moins  ténues,  plus  ou  moins 
anguleuses ,  et  une  poussière  minérale  assez  abondante ,  dont 
quelques  parties  pénètrent  toujours  dans  les  voies  respiratoires 
pendant  que  la  respiration  s'accomplit.  L'introduction  de  ces  corps 
étrangers  irrite  mécaniquement  les  muqueuses,  provoque  d'abord 
la  toux,  et  finit,  à  la  longue,  par  déterminer  des  maladies  graves 
de  la  poitrine,  entre  autres  l'asthme  et  la  phthisie.  Tous  les 
tailleurs  de  pierres  ne  sont  pas  également  exposés  à  contracter  ces 
maladies  :  l'observation  a  appris  depuis  longtemps  que  les  affec- 
tions pulmonaires,  notamment  la  phthisie,  se  déclarent  bien  plus 
fréquemment  chez  les  ouvriers  taillant  le  grès,  que  chez  ceux  tail- 
lant toute  autre  pierre,  et  cela  au  point  que  ces  ouvriers  ont  donné 
eux-mêmes,  du  moins  dans  certaines  localités,  à  l'espèce  de  phthisie 
qui  les  atteint  tôt  ou  tard,  les  noms  de  maladie  du  grès,  ou  mala- 
die de  Saint-Rock.  Un  de  nos  collègues,  H.  le  Dr  Biver,  qui  a 
longtemps  exercé  la  médecine  dans  une  localité  ou  l'on  taille  surtout 
le  grès,  affirme  qu'il  a  vu  mourir  de  phthisie  pulmonaire  tous  le» 
tailleurs  de  grès  qu'il  a  connus,  et  que  son  père,  qui  a  élé  médecin 
durant  de  longues  années  dans  le  même  lieu ,  lui  avait  également 
rapporté  que  presque  tous  ces  ouvriers  succombaient  a  la  phthisie 
pulmonaire. 

Les  marbriers  et  les  tailleurs  de  pierre  sont  exposés  à  des  con- 
tusions, à  des  blessures  plus  ou  moins  graves  et  a  des  affections 
oculaires ,  par  les  éclats  de  pierre  qu'ils  reçoivent  assez  souvent 
dans  les  yeux. 

§  30.  —  Êtameurs  de  glaces. 

Les  êtameurs  de  glaces,  comme  tous  les  ouvriers  maniant  le 
mercure,  sont  exposés  au  tremblement  mercuriel.  Cependant  cet 
accident  ne  s'observe  que  très-rarement  chez  nos  metteurs  au  tain, 
parce  qu'ils  n'étament  pas  tous  les  jours,  mais  seulement  de  temps 
à  autre.  Les  ouvriers  qui  négligent  les  soins  de  propreté ,  et  ceux 
qui  s'adonnent  à  la  boisson,  particulièrement  à  celle  des  liqueurs 


^y  Google 


604  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
alcooliques,  «ont  beaucoup  plus  vile  atteints  de  tremblement  mer- 
curiel  que  les  autres.  Des  deux  clameurs  que  nous  avons  tus,  l'un 
exerçait  la  profession  depuis  dix-huit  ans,  et  l'autre  depuis  vingt- 
cinq  ;  le  premier  était  un  homme  fort  et  robuste ,  jouissant  de  la 
santé  la  plus  florissante  ;  le  second,  d'un  Age  déjà  avancé  et  d'une 
faible  complexion,  se  portait  cependant  bien.  Tous  deux  nous  ont 
affirmé  n'avoir  jamais  éprouvé  aucune  incommodité  de  leur  tra- 
vail, et  que  les  ouvriers  propres,  sobres,  menant  une  vie  régulière, 
pouvaient  mettre  au  tain ,  pendant  de  longues  années ,  sans  res- 
sentir la  moindre  influence  du  mercure,  tandis  que  ceux  qui  vivaient 
dans  la  débauche  étaient  bientôt  des  hommes  perdus. 

La  salivation  parait  être  un  accident  beaucoup  plus  rare  que  le 
tremblement,  car,  dans  les  deux  établissements  que  nous  avons 
visités,  on  ne  l'avait  jamais  observée.  Ramazzini  et  Pâtissier  n'en 
font  pas  mention  non  plue.  Quoi  qu'il  en  soit  du  silence  de  ces 
auteurs,  la  salivation  doit  être  mise  au  nombre  des  maladies  qui 
peuvent  atteindre  les  étameurs  de  glaces. 

On  a  signalé  aussi  les  céphalalgies  comme  assez  fréquentes  chex 
ces  ouvriers  ;  nous  n'avons  rien  appris  de  positif  à  cet  égard,  mais 
nous  admettons  que  le  charbon  de  bois  que  l'on  brûle  dans  un 
réchaud  au  milieu  de  l'atelier,  pour  sécher  l'étoffe  de  laine  avec 
laquelle  on  frotte  la  glace,  peut  effectivement  déterminer  des 
douleurs  de  tête. 

Se  temps  à  autre,  les  étameurs  exécutent  une  opération  qui  les 
expose  surtout  à  gagner  le  tremblement  :  nous  voulons  parler  de 
la  distillation  des  cendres  provenant  de  la  table  de  pierre  sur 
laquelle  se  fait  rétamage  ;  ces  cendres  forment  une  poussière  gri- 
sâtre, composée  en  grande  partie  de  mercure  oxydé  ,  d'un  peu 
d'étain  et  de  quelques  matières  étrangères;  en  les  soumettant  à  la 
distillation  pour  en  extraire  le  mercure,  l'ouvrier  chargé  de  la 
conduite  de  l'opération  ne  saurait  prendre  assez  de  précautions 
pour  éviter  les  vapeurs  mercurielles. 

§  51.  —  Brocheurs  de  livres. 

Cette  profession  n'a  rien  d'insalubre  en  elle-même,  mais  elle 
peut  nuire  au  développement  physique  des  enfants ,  parce  qu'elle 
les  astreint  &  tiu  travail  trop  sédentaire  dont  la  durée  est,  d'ailleurs, 
beaucoup  trop  longue  pour  les  puis  jeunes  d'entre  eux ,  qui  n'ont 
que  sept  ou  huit  ans. 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RËS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.     §03 
§  32.  —  Fabriques  d'allumettes  chimiques. 

La  fabrication  des  allumettes  chimiques,  dites  photphoriques , 
ne  présente  aucune  cause  d'insalubrité.  Les  garçons  et  les  jeunes 
filles  employés  dans  ces  fabriques  n'ont  à  supporter  aucune  fatigue  ; 
leur  travail  est  très-facile  et  se  fait  assis;  nous  pouvons  donc  nous 
borner  à  dire  que  les  uns  et  les  autres  sont  exposes  à  tous  les 
inconvénients  inhérents  aux  professions  sédentaires. 

En  maniant  les  allumettes  phosphoriques  pour  les  mettre  en 
boite ,  les  enfants  sont  encore  exposés  à  se  brûler.  Les  ouvriers 
adultes,  chargés  de  la  préparation  de  la  pâte  et  de  la  trempe  des 
allumettes,  sont  exposés  à  des  blessures  plus  ou  moins  graves  par 
l'explosion  de  la  matière  qu'ils  emploient;  cet  accident  est  heureu- 
sement fort  rare,  mais  il  s'est  présenté  il  y  a  trois  ans  dans  l'une 
des  fabriques  que  nous  avons  visitées,  et  un  ouvrier  a  été  griève- 
ment btcssé  a  la  main. 

Postérieurement  à  la  rédaction  des  lignes  précédentes,  il  a  été 
reconnu  et  constaté  par  plusieurs  médecins  que  le  travail  dans 
les  fabriques  d'allumettes  phosphoriques  est  des  plus  dangereux 
et  occasionne  assez  fréquemment  une  maladie  très-grave,  extrême- 
ment douloureuse,  et  qui  se  termine  le  plus  souvent  par  la  mort  ; 
nous  voulons  parler  de  la  nécrose  des  os  constituant  les  mâchoires. 
C'est  M.  le  Dr  Lorinser,  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  Wieden 
a  Vienne  ,  qui ,  &  notre  connaissance,  a  le  premier  fait  connaître 
cette  funeste  influence  des  vapeurs  de  phosphore.  Voici  comment 
il  a  tracé  dans  le  cahier  de  mars  1 845  du  MediciruscAe  Jahrbûcker 
de»  K.  K.  Oetterr.  Staates,  le  début,  la  marche  et  les  symptômes 
de  la  nécrose' deB  os  maxillaires.  «  En  général,  la  maladie  se  déclare 
par  des  névralgies  dentaires,  affectant  tantôt  une  dent,  tantôt  plu- 
sieurs dents  de  la  mâchoire  supérieure  ou  de  la  mâchoire  infé- 
rieure ;  un  peu  plus  tard,  les  parties  molles,  particulièrement  les 
gencives  et  les  joues  se  Tuméfient;  ces  dernières  deviennent  le 
siège  d'une  inflammation  érésipélateuse  envahissant  toute  une 
moitié  de  la  face  cl  souvent  même  le  cou  ;  une  fièvre  légère 
se  développe  ;  la  peau  prend  partout ,  mais  principalement  k 
la  face,  une  teinte  jaune  livide;  l'appétit  diminue,  la  soif  augmente, 
la  défécation  devient  irrégulière;  lesdouleurs,  d'abord  bornées  aux 
dents  et  à  la  mâchoire,  s'étendent  aux  régions  auriculaire  et  tem- 
porale, et  il  s'établit  une  véritable  salivation.  Les  dents  commen- 
cent alors  &  vaciller,  un  pus  fétide  s'écoule  des  alvéoles  et  s'amasse 


^y  Google 


606  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
bous  les  gencives,  d'où  il  se  fraye  un  passage  au  dehors  ou  dans 
la  cavité  buccale,  en  formant  de  nombreux  trajets  fistuleux.  Une 
sonde  introduite  dans  ces  trajets  fistuleux,  fait  reconnaître  que  l'os 
maxillaire  est  rugueux  et  dénudé.  Les  dents  tombent,  les  parties 
moites  de  la  bouche  se  détachent,  et  l'os  nécrosé  se  montre  a  décou- 
vert dans  une  étendue  plus  ou  moins  considérable  ;  la  suppuration 
devient  abondante  et  d'une  fétidité  insupportable. 

■  Dans  les  cas  les  plus  heureux,  c'est-à-dire  quand  le  sujet  est  bien 
portant  et  d'une  bonne  constitution,  et  quand  la  nécrose  d'ailleurs 
n'affecte  qu'une  petite  portion  de  l'os ,  on  voit  l'exfoliation  de  la 
partie  nécrosée  se  faire  et  la  cicatrisation  s'opérer  ;  mais  dans  le 
cas  contraire,  surtout  chez  les  sujets  d'une  constitution  scrofuleuse, 
la  maladie  poursuit  ses  ravages ,  une  fièvre  hectique  se  déclare, 
les  poumons  se  tuberculiscnt,  et  les  malades  succombent  au  milieu 
d'intolérables  et  d'atroces  douleurs  qu'aucun  narcotique  n'est 
capable  de  calmer.  » 

Tel  est,  en  résumé,  le  triste  tableau  que  H.  Lorinser  a  tracé  de 
l'affection  toute  particulière  qu'il  a  eu  plusieurs  fois  l'occasion 
d'observer  chez  des  ouvrières  employées  dans  les  fabriques  d'allu- 
mettes phosphoriques.  Plusieurs  de  ces  fabriques  existant  en 
Belgique,  il  devenait  important  de  répandre  la  connaissance  des 
influences  nuisibles  du  phosphore,  afin  d'appeler  sur  ces  influences 
l'attention  toute  spéciale  des  médecins  qui  peuvent  se  trouver  en 
rapport  avec  les  ouvriers  travaillant  au  milieu  des  vapeurs  phos- 
phoriques ;  c'est  ce  que  l'un  de  nous  (H.  le  Dr  Dieudonné)  s'est 
empressé. de  faire  en  entreprenant  la  traduction  du  Mémoire  du 
docteur  Lorinser  (1). 

L'éveil  avant  été  donné  par  le  travail  de  ce  médecin,  de  nou- 
veaux faits  ne  tardèrent  pas  à  être  recueillis  dans  différents  services 
de  chirurgie  ;  ces  faits  vinrent  tous  confirmer  l'observation  du 
Df  Lorinser. 

Nous  rappellerons  d'abord  ici  ceux  observés  par  M.  le  D*  Hey- 
felder,  professeur  à  l'université  de  Erlangen ,  qui  après  avoir  lu 
"d'abord  un  mémoire  à  la  Société  médicale  de  Erlangen  sur  la  mala- 
die qui  nous  occupe,  a  ensuite  entretenu  de  ce  sujet  le  congrès 
scientifique  qui  s'est  réuni  en  1845  a  Nuremberg.  A  cette  occa- 
sion, H.  le  D'  Rose  et  M.   le  Dr  Blumhardt  (de  Slultgard)  ont 

(I)  Voyax  Journal  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Pharmacologie,  publié  par  la 
Société1  dn  •ciance»  médical ei  et  naturelle  de  Bruxellei;  année  1845, p. 703  etinir- 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  -  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COHH.  607 
déclaré  avoir  également  rencontré  la  nécrose  des  mâchoires,  le 
premier  sur  des  hommes ,  et  le  dernier  principalement  chez  des 
enfants. 

Dans  la  séance  du  7  août  1845  de  la  Société  de  médecine  de 
Strasbourg,  le  D1  Strobl  a  encore  lu  un  mémoire  sur  la  même 
affection  ;  il  en  avait  observé  lui-même  quatre  cas,  el  trois  autres 
cas  lui  ayaicnt  été  communiqués.  Sa  relation  coïncide,  du  reste, 
parfaitement  avec  celles  de  MM.  Lorlnser  et  Heyfelder. 

Enfin ,  il  faut  joindre  à  ces  faits  deux  autres  cas  de  nécroses 
très-étendues  des  maxillaires,  observés  en  1845  à  Paris,  dans  le 
service  delH.  le  professeur  A.  Bérard,  à  la  Pitié,  sur  deux  sœurs  tra- 
vaillant toutes  deux  dans  une  fabrique  d'allumettes  phosphoriques. 

Au  moment  même  où  noire  travail  allait  être  livré  à  l'im- 
pression, il  est  encore  venu  à  notre  connaissance  deux  nouveaux 
travaux  sur  la  nécrose  des  mâchoires.  M.  le  BF  T.  Roussel  vient 
d'adresser  à  l'Académie  royale  des  sciences  de  Paris  (séance  du 
16  février  1846),  un  mémoire  relatif  aux  maladies  des  ouvriers 
employés  à  la  fabrication  des  allumettes  chimiques,  dans  lequel  il 
vient  à  son  tour,  et  après  avoir  étudié  toutes  les  opérations  de  la 
fabrication  et  leur  influence  sur  l'économie  humaine ,  proclamer 
l'insalubrité  de  quelques-unes  de  ces  opérations  et  confirmer  tout 
ce  qui  a  été  dit  sur  l'action  si  funeste  exercée  par  les  vapeurs  pbos- 
pboriques. 

Dans  sa  séance  du  9  mars,  la  même  Académie  a  encore  reçu  de 
M.  le  D'Sédillot,  de  Strasbourg,  un  mémoire  concernant  plu- 
sieurs cas  de  nécrose  des  maxillaires,  observés  dans  son  service  sur 
des  ouvrières  employées  à  la  fabrication  des  allumettes  phospho- 
riques. Chez  l'une  de  ses  malades,  M.  Sédillot  a  pu  extraire  avec 
de  fortes  pinces  tout  le  maxillaire  supérieur  gauche  avec  les  cornets 
inférieur  et  moyeu,  l'entrée  du  canal  nasal,  le  rebord  orbitaire, 
Tinter  maxillaire  et  la  presque  totalité  de  l'apophyse  palatine  du 
maxillaire  droit,  les  apophyses  horizontales  des  deux  palatins  avec 
la  partie  montante  de  celui  du  côté  gauche,  c'est-à-dire  la  plus 
grande  portion  du  squelette  de  la  face. 

Assez  de  témoignages,  assez  de  faits  sont  donc  acquis  à  la  science 
pour  reconnaître  tout  le  danger  que  courent  certains  ouvriers  des 
fabriques  d'allumettes  phosphoriques.  Hais  ici  il  y  a  lieu  de  sou- 
lever cette  question  :  est-ce  bien  au  phosphore  seul  qu'il  faut  attri- 
buer cette  affreuse  et  si  grave  altération  des  mâchoires,  et  ne  se 
pourrait-il  pas  que  cette  altération  fût  provoquée  par  l'arsenic 


^y  Google 


608     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

que  le  phosphore  renferme  presque  toujours?  M.  le  professeur 
Martius  semble  incliner  vers  celte  dernière  opinion,  parce  qu'il  a 
rencontré  de  l'arsenic  dans  le  phosphore  employé  dans  les  fabri- 
ques de  Nuremberg.  H.  le  D*  Dira ,  cité  dans  le  mémoire  de 
M.  Heyfelder ,  se  prononce  plus  positivement  :  il  fait  remarquer 
que  depuis  qu'on  a  cessé  de  faire  Tenir  le  phosphore  de  Tienne, 
phosphore  qui  contenait  de  l'arsenic,  et  qu'on  se  sert  de  phosphore 
privé  de  ce  métal,  les  cas  de  nécrose  sont  devenus  plus  rares. 

Nous  ne  pouvons  adopter  l'opinion  de  ces  savants  qu'avec  une 
extrême  réserve,  car  si  les  vapeurs  arsenicales  étaient  capables 
d'exercer  une  action  élective  sur  les  mâchoires  et  de  déterminer 
leur  mortification,  la  maladie  qui  s'observe  dans  les  fabriques  d'al- 
lumettes phosphoriques  devrait,  a  plus  forte  raison,  s'observer  dans 
celles  où  l'on  prépare  le  plomb  de  chasse  et  où  les  ouvriers  respi- 
rent, ainsi  que  nous  nous  en  sommes  assurés ,  une  véritable  atmo- 
sphère arsenicale.  D'un  autre  côté  ,  nous  ferons  remarquer  avec 
M.  Fuchs  que  rien  de  semblable  n'a  jamais  été  observé  dans  l'ex- 
ploitation des  minerais  du  Hartz. 

En  définitive,  que  la  nécrose  des  mâchoires  soil  le  résultat  de  l'in- 
fluence du  phosphore  ou  de  l'arsenic,  elle  n'en  constitue  pas  moins 
une  des  affections  les  plus  graves  et  les  plus  terribles  que  l'on 
puisse  contracter  dans  la  carrière  industrielle;  c'est  là  un  fait  dont 
il  n'est  malheureusement  plus  permis  de  douter. 

Le  mal  étant  presque  toujours  au-dessus  des  ressources  de  l'art, 
et  ne  pouvant  quelquefois  guérir  qu'au  prix  d'une  horrible  muti- 
lation ,  la  résection  de  la  mâchoire  nécrosée,  il  importe  d'aviser  aux 
moyens'de  le  prévenir.  Ces  moyens,  disons- le  de  suite,  ne  sont 
autres  que  quelques  mesures  hygiéniques  â  prescrire  par  l'auto- 
rité compétente,  et  qui  consistent  principalement,  d'après  le  D*  Rous- 
sel (mémoire  présenté  k  l'Académie  des  sciences)  :  1°  dans  la  sépa- 
ration complète  des  ateliers,  afin  de  soustraire  le  nombre  le  plus 
considérable  d'ouvriers  aux  émanations  phosphoréeg;  2"  dans  l'éta- 
blissement de  moyens  convenables  de  ventilation  dans  les  ateliers 
qui  ne  peuvent  être  débarrassés  complètement  de  ces  émanations. 
Ces  mesures,  nous  les  avions  déjà  très-explicitement  indiquées,  il 
y  a  deui  ans ,  lorsque  nous  ne  connaissions  pas  encore  tous  les 
dangers  attachés  à  la  fabrication  des  allumettes  phosphoriques. 
[Voyez  la  première  partie  de  ce  travail,  page  521.)  Aujourd'hui 
que  ces  dangers  nous  sont  connus,  nous  ne  ferons  qu'insister  davan- 
tage sur  la  nécessité  d'adopter  les  mesures  indiquées  par  nous  et 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COM4!.  609 
par  H.  Roussel.  —  Indépendamment  de  la  nécrose  des  mâchoires, 
celte  affection  si  grave  dont  noua  venons  de  donner  une  idée,  les 
vapeurs  phosphorîques  peuvent  encore  déterminer  et  déterminent 
souvent  des  maladies  graves  des  organes  respiratoires ,  capables  de 
compromettre  l'existence  des  ouvriers.  M.leD'Gendrin  a  déjà  appelé 
l'attention  des  médecins  sur.  la  gravité  des  bronchites  qui- affectent 
les  ouvriers  des  fabriques  d'allumettes  chimiques.  MM.  Roussel  et 
Sédillot  ont,  de  leur  côté ,  constaté  également  l'existence  d'affec- 
tions pulmonaires  graves.  Le  travail  dans  les  fabriques  d'allumettes 
phosphoriques  n'exposât-il  les  ouvriers  qu'à  ces  seules  maladies , 
il  y  aurait  déjà  des  raisons  plus  que  suffisantes  pour  ordonner  l'exé- 
cution des  mesures  que  nous  avons  signalées  comme  propres  à 
faire  disparaître  les  principales  causes  de  danger. 
%  33.  —  Imprimeries, 

Trois  catégories  principales  d'ouvriers  sont  à  considérer  dans  les 
établissements  typographiques  :  les  compositeurs,  les  pressiers  et 
les  demi-compagnons. 

Les  compositeurs,  travaillant  presque  toujours  debout,  sont  expo- 
sés aux  maladies  que  produit  une  station  prolongée.  Nous  n'avons 
rien  appris  de  positif  relativement  à  la  myopie  et  aux  autres  affections 
oculaires  qu'on  dît  être  très-fréquentes  chez  les  compositeurs;  nous 
pensons  que  leur  travail  peut,  à  la  longue,  amener  un  affaiblisse- 
ment notable  de  la  vue,  surtout  chez  ceux  qui  travaillent  le  soir, 
en  s'aidant  d'une  chandelle  ou  de  quelque  autre  mauvaise  lumière, 
ainsi  que  cela  se  passe  dans  quelques  imprimeries.  Le  chef  d'un 
de  nos  principaux  établissements  typographiques  a  remarqué  qu'un 
grand  nombre  de  compositeurs  devenaient  phlhisiques;  mais  il 
n'oserait  assurer  que  ce  résultat  doit  être  attribué  à  la  profession  ; 
ce  que  celle-ci  produit  plus  sûrement,  ce  sont  certains  tics  ner- 
veux qui  Font  faire  aux  compositeurs  les  grimaces  les  plus  singu- 
lières ;  nous  en  avons  vu ,  en  effet ,  un  échantillon  des  plus 
curieux. 

Autrefois,  les  compositeurs  étaient  assez  sujets  à  la  colique  de 
plomb  ;  depuis  qu'ils  ont  renoncé  à  l'habitude  de  tenir  les  caractères 
dans  la  bouche,  cette  maladie  a  disparu,  et  il  faut  actuellement 
considérer  comme  une  chose  très-rare  le  développement  de  celte 
colique  chez  un  ouvrier  compositeur. 

Les  pressiers  travaillent  debout  et  se  fatiguent  beaucoup  pour 
tirer  le  barreau  de  la  presse  ;  arec  les  anciennes  presses  en  bois,  ils 


xuvCoo^le 


610  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBEUTÊ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
devaient  se  livrer  à  des  effort*  beaucoup  plus  considérables,  et  ces 
efforts  produisaient  assez  fréquemment  des  hernies.  On  nous  a  assuré 
qu'avec  les  presses  en  fer,  qui  fonctionnent  beaucoup  plus  aisément, 
les  pressiers  ne  sont  pas  plus  exposés  aux  bernies  que  les  autres 
ouvriers.  Il  y  a  peut-être  ici  quelque  exagération  dans  les  avan- 
tages reconnus  aux  presses  en  fer  ;  nous  croyons  qu'elles  rendent 
un  immense  service  aux  pressiers,  en  diminuant  pour  eux  les 
chances  qu'ils  couraient  ci-devant  de  gagner  des  hernies;  mais  nous 
croyons  aussi  que  le  travail  continu  à  la  presse  est  encore  assez  fati- 
gant pour  disposer  les  ouvriers  aux  hernies.  Les  efforts  qu'exécute 
sans  cesse  le  bras  droit ,  donnent  au  système  musculaire  de  ce 
membre,  et  à  celui  de  la  partie  thoracique  qui  lui  correspond,  un 
développement  extranormal,  et  la  répétition  de  ces  efforts,  jointe 
a  l'attitude  que  prennent  les  pressiers  en  tirant  sur  le  barreau  de 
la  presse,  finit  par  produire,  chez  quelques  ouvriers,  une  diffor- 
mité assez  choquante  consistant  eii  une  différence  de  niveau  des 
épaules. 

Les  demi-compagnons  sont  des  ouvriers  qui  aident  les  pressiers, 
et  qui  ont  pour  attribution  principale  de  passer  sur  les  formes  le 
rouleau  à  encrer.  Comme  ce  travail  est  presque  toujours  confié  à 
des  adultes,  nous  ne  pouvons  pas  le  considérer  comme  très-fati- 
gant. Il  n'y  a  dans  le  travail  que  font  ces  ouvriers  que  la  stalîon 
prolongée  qui  puisse  donner  lieu  à  quelque  maladie. 

Il  est  une  observation  que  nous  devons  mentionner  ici  :  elle 
concerne  les  ouvriers  typographes  en  général ,  et  a  été  faite  par  le 
chef  d'une  de  nos  grandes  imprimeries  :  c'est  que,  l'été,  ces  ouvriers 
sont  moins  bien  portants  que  l'hiver ,  et  qu'ils  sont  alors  sujets  à 
de  fréquents  maux  de  tète  ;  sans  pouvoir  indiquer  positivement  la 
raison  de  cette  différence,  le  chef  présume  cependant  qu'elle  tient 
à  ce  que  dans  la  saison  d'été,  les  ouvriers  trouvent  des  occasions 
plus  fréquentes  de  se  livrer  à  des  excès,  par  suite  des  nombreuses 
fêtes  et  kermesses  que  présentent  Bruxelles  et  les  environs. 

%  34.  —  Ateliers  de  coloriage. 
Le  coloriage  et  Venluminage  constituent  des  occupations  peu 
fatigantes,  auxquelles  on  emploie  presque  exclusivement  des  petits 
garçons  et  des  petites  filles.  Ces  occupations  n'ont  rien  d'insalubre 
par  elles-mêmes ,  en  tant  que  les  enfants  ne  portent  pas  les  cou- 
leurs à  la  bouche,-  cependant  la  longue  durée  du  travail  (onm  ou 
douze  heures) ,  la  position  assise ,  l'inaction  du  corps ,  la  privation 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS RÉS.  ET  CONCL.  DE  LÀ  COMM     6  i  1 

de  jeux  et  d'exercices  en  plein  air,  sont  autant  de  causes  nuisibles 
au  développe  ment  parfait  des  diverses  parties  de  l'organisme  ,  et 
qui  doivent  agir  défavorablement  sur  la  santé  et  la  constitution 
des  enfants. 

§  35.  —  Tisserands. 

Le  travail  du  tisserand  est  très-fatigant,  non-seulement  par  les 
efforts  qu'il  exige,  mais  aussi  par  l'attitude  gênante  que  doivent 
garder  les  ouvriers.  Assis  toute  la  journée,  la  poitrine  courbée  et 
portant  sur  le  métier,  le  tisserand  meut  continuellement  ses  bras 
et  ses  jambes,  et  exécute  des  mouvements  en  sens  opposés  qui  fati- 
guent beaucoup.  Les  perfectionnements  apportés  aux  métiers  à  tisser 
et  surtout  l'introduction  de  la  navette  volante,  ont,  à  la  vérité,  fait 
disparaître  bien  des  inconvénients  et  rendu  la  profession  moins 
fatigante;  mais  ces  améliorations  n'ont  pu  faire  disparaître  tous 
les  inconvénients  et  ne  sont  d'ailleurs  pas  encore  généralement 
adoptées.  La  profession  n'est  pas  insalubre  par  elle-même,  mais 
elle  le  devient  par  les  conditions  désavantageuses  que  présentent 
la  plupart  des  ateliers,  pour  lesquels  on  choisit  d'ordinaire  des 
locaux  bas  et  humides;  souvent  même  le  sol  des  ateliers  est  de 
terre  battue,  ce  qui  constitue  une  cause  permanente  et  puissante 
d'insalubrité,  parce  que  celte  terre  recevant  et  retenant  toutes  les 
ordures  tombant  sur  le  sol,  ne  peut  que  produire  des  émanations 
nuisibles  à  la  santé  des  ouvriers.  Mais  ce  n'est  pas  seulement  dans  les 
ateliers  auxquels  nous  faisons  ici  allusion  que  l'ouvrier  a  le  plus  à 
souffrir,  car  ces  ateliers,  contenant  un  grand  nombre  de  métiers, 
mesurent  un  grand  espace  et  laissent  par  conséquent  pour  chaque 
tisserand  un  volume  d'air  plus  que  suffisant  ;  pour  se  faire  une 
idée  de  la  condition  malheureuse  de  la  plupart  de  ces  ouvriers, 
ainsi  que  des  causes  d'insalubrité  auxquelles  ils  sont  soumis,  il  faut 
les  examiner  chez  eux,  dans  leurs  misérables  masures  :  alors  le 
cœur  se  serre  et  est  navré  de  douleur  ;  alors  on  ne  comprend  que 
trop  la  pâleur  du  teint,  l'aspect  de  faiblesse  et  d'élioleraent  que 
vous  présentent  ces  hommes  auxquels  un  pénible  labeur  fournit  à 
peine  de  quoi  entretenir  leur  cbélive  et  douloureuse  existence. 

De  tous  les  chefs  d'industrie  que  nous  avons  interrogés ,  trois 
seulement  ont  reconnu  que  la  profession  de  tisserand  exposaità  des 
maladies  particulières;  ainsi,  l'un  nous  a  déclaré  que  ceux  qui  tra- 
vaillaient dans  des  ateliers  humides,  étaient  bientôt  atteints  de  rhu- 
matisme et  perclus  ;  un  aulre  nous  a  dit  que  la  profession  exerçait 


^y  Google 


612     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
une  influence  défavorable  sur  la  santé  des  ouvriers  et  des  enfants, 
et  que  beaucoup  d'ouvriers  devenaient  poitrinaires  ;  un  troisième 
enfin  reconnaît  que   quelques  tisserands  se  ressentent  de  leur 
travail  et  que  la  pblhisie  pulmonaire  n'est  pas  rare  parmi  eus. 

Ces  déclarations  sont  d'accord  avec  ce  que  l'observation  nous  a 
appris  depuis  longtemps,  à  savoir  que  le  rhumatisme  est  fréquent 
chez  les  tisserands,  et  que  ces  ouvriers  succombent  en  assez  grand 
nombre  à  des  affections  de  poitrine. 

Les  enfants  employés  par  les  tisserands  ne  font  qu'un  ouvrage 
peu  fatigant,  comme  préparer  les  fils,  garnir  les  navettes,  etc. 
Exécutant  un  travail  sédentaire,  ils  ont  a  en  subir  toutes  les 
influences  défavorables. 

§  36.  —  Teinturiers. 

Nous  pourrions  renvoyer  aun*lndu§6  (2*  partie),  où  il  est  ques- 
tion des  blanchisseurs  et  des  teinturiers  employés  dans  les  fabriques 
d'indiennes.  Cependant,  comme  nous  avons  visité  plusieurs  grands 
établissements  spécialement  consacrés  a  la  teinture,  nous  avons 
recueilli,  sur  les  maladies  propres  aux  teinturiers,  quelques  ren- 
seignements plus  complets  que  nous  devons  exposer  ici.  Ainsi,  par 
exemple ,  si  les  fabricants  d'indiennes  ont  déclaré  que  les  teintu- 
riers étaient  sujets  aux  affections  rhumatismales  et  de  poitrine ,  à 
l'œdème  et  aux  varices  des  membres  abdominaux,  ils  nous  ont 
cependant  représenté  ces  maladies  comme  fort  rares.  Les  chefs  de 
teinturerie,  au  contraire,  les  signalent  comme  fréquentes,  surtout 
le  rhumatisme  et  les  affections  de  poitrine.  D'après  la  déclaration 
d'un  de  ces  chefs,  il  serait  même  fort  rare  que  les  ouvriers,  en  avan- 
çant en  âge,  échappassent  aux  affections  rhumatismales.  Enfin ,  il 
est  encore  quelques  autres  maladies  qui  se  rencontrent  assez  fré- 
quemment chez  les  teinturiers  :  ce  sont  les  fièvres  intermittentes, 
les  engelures  et  le  gonflement  des  doigts. 

On  compte  parmi  les  teinturiers  une  classe  particulière  d'ouvriers 
appelés  garanceurs;  ces  ouvriers  ont  un  travail  plus  fatigant  que 
les  autres,  et  ils  sont  ordinairement  usés  et  cassés  au  bout  d'une 
vingtaine  d'années. 

§  37.  —  Filatures  de  laine. 

Nous  noua  occuperons  ici  non-seulement  des  ouvriers  employés 
au  filage,  mais  aussi  de  ceux  occupés  au  tissage  de  la  laine. 
La  première  opération  de  l'industrie  lainière  est  le  triage;  cette 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.— RÉS.  ET  CONCL.DE  LA  COMH.     613 

opération  est  sale  et  dégoûtante,  parce  que  le*  lames  «ont  surget  ou 
grasses,  et  répandent  une  odeur  désagréable;  toutefois,  elle  ne 
peut  pas  être  considérée  comme  insalubre ,  et  si  les  ouvriers  qui 
la  font  ont  quelque  chose  a  souffrir,  ce  ne  peut  être  que  de  la 
station  prolongée. 

Comme  le  coton,  la  laine  est  soumise  a  un  battage  qui  se  fait  a 
l'aide  d'une  machine  appelée  diable;  lorsque  le  diable  est  en  mou- 
vement, il  se  dégage  une  poussière  peu  abondante,  qui  ne  nous 
parait  pas  susceptible  de  nuire  à  la  santé  des  ouvriers  ;  peut-être 
ceux-ci  en  éprouvent-ils,  dans  les  premiers  temps,  quelque  incom- 
modité, comme  de  la  toux;  mais  nous  n'avons  rien  appris  de  positif 
à  cet  égard. 

Quant  aux  femmes  qui,  après  le  battage,  sont  chargées  de  l'éplu- 
cbage  de  la  laine ,  elles  sont  soumises  à  toutes  les  causes  d'insalu- 
brité attachées  aux  professions  sédentaires. 

Les  ouvriers  employés  a  la  carderîe  n'ont  rien  a  souffrir  de  la 
nature  de  leur  travail  ;  il  en  est  de  même  des  fileurs  :  ces  ouvriers, 
comme  tous  ceux  qui  travaillent  debout,  sont  exposés  aux  varices 
et  a  l'œdème  des  extrémités  inférieures;  cependant  nous  devons 
dire  que,  d'après  tes  renseignements  que  nous  avons  recueillis,  ces 
affections  ne  se  montrent  que  très-rarement. 

Les  filatures  de  laine  emploient  un  certain  nombre  d'enfants , 
soit  comme  ptoqueur»,  soit  comme  raltacheurs.  Nous  pouvons  leur 
appliquer  une  partie  des  réflexions  que  nous  avons  faites  plus 
haut,  relativement  aux  enfants  employés  dans  les  filatures  de 
coton  ;  toutefois ,  les  enfants  employés  dans  l'industrie  lainière 
ont  moins  à  souffrir  que  ces  derniers ,  et  nous  pouvons  assurer 
que  tous  ceux  que  nous  avons  vus  jouissaient  de  la  meilleure  santé. 

Pour  les  tisserands  en  laine ,  nous  renverrons  à  ce  que  nous 
avons  dît  des  tisserands  en  général;  seulement  les  tisserands  en 
laine  paraissent  mieux  se  porter  :  ils  sont  moins  pales,  moins  ché- 
tifs  que  les  tisserands  en  coton  ;  si  leurs  ateliers  exhalent  une 
odeur  d'huile,  désagréable  pour  celui  qui  n'y  est  pas  habitué, 
eux,  du  moins,  ne  paraissent  pas  en  être  incommodé*. 

Les  enfants,  bobioeurs  de  ces  tisserands,  sont  soumis  à  toutes 
les  influences  défavorables  d'un  travail  sédentaire  ;  cependant, 
leur  étal  sanitaire  est  en  général  meilleur  que  celui  des  bobineurs 
de  coton.  Un  chef  nous  a  même  assuré  que  les  enfants ,  chétifs  et 
malingres  en  entrant  à  la  fabrique,  ne  tardaient  pas  à  présenter 
un  meilleur  aspect  et  a  se  fortifier. 


^y  Google 


6U    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Si  les  diverses  opérations  dont  nous  venons  de  nous  occuper  ne 
comportent  avec  elles  aucune  cause  réelle  d'insalubrité,  il  n'en  est 
plus  de  même  de  celles  qui  ont  pour  objet  le  dégraissage  et  le 
-foulage.  Bien  que  les  industriels  ne  regardent  pas  ces  opérations 
comme  insalubres  et  malfaisantes,  et  qu'ils  déclarent  même  que 
les  dégraisseurs  et  les  fou  Ion  mers  ne  sont  pas  plus  souvent  malades 
que  les  autres  ouvriers,  il  nous  parait  indubitable  que  le  genre  de 
travail  auquel  ils  sont  assujettis,  et  qui  s'exerce  toujours  dans  des 
ateliers  froids  et  très-humides ,  doit  leur  être  préjudiciable;  les 
fbulonniers  surtout  doivent  se  ressentir  d'autant  plus  sûrement 
des  influences  Fâcheuses  du  froid  et  de  l'humidité,  qu'ils  sont 
astreints  a  un  travail  continu  de  vingt-quatre  heures.  Il  faut  donc 
considérer  le  travail  dans  les  Fouleries  comme  susceptible  de  pro- 
duire des  affections  de  poitrine,  des  fièvres  intermittentes  et  des 
rhumatismes. 

Après  le  Foulage,  il  est  encore  deux  autres  opérations  dont  nous 
devons  dire  un  mot,  ce  sont  le  blanchiment  &  l'acide  sulfureux, 
et  le  lainage  ou  garnissage.  Le  blanchiment  a  l'acide  sulfureux  se 
fait  dans  des  espèces  d'étuves  dites  soufroirs  ;  quand  on  y  a  disposé 
les  couvertures  de  laine  de  façon  qu'elles  puissent  partout  recevoir 
l'impression  de  l'acide  sulfureux,  on  allume  le  soufre  et  l'on  ferme 
hermétiquement  l'éluve  en  lutant  toutes  les  jointures  par  lesquelles 
l'acide  sulfureux  pourrait  se  dégager.  Les  ouvriers  n'ont  rien  a 
craindre  de  cetie  opération  ;  ce  n'est  qu'en  ouvrant  les  soufroirs,  à 
la  fin  de  l'opération,  qu'ils  pourraient  courir  quelque  danger; 
mais  ce  danger  n'existe  pas  même  par  la  précaution  que  l'on  prend 
ordinairement  défaire  ouvrir  les  soufroirs  en  dehors  et  à  l'air  libre. 

Le  lainage  ou  garnissage  a  pour  objet  de  garnir  de  poils  la 
surface  des  couvertures,  et  se  fait  au  moyen  d'un  gros  tambour 
garni  de  têtes  de  chardons  à  foulon  [diptactu  fullonum),  sur  lequel 
on  fait  passer  la  couverture ,  avec  la  précaution  de  faire  marcher 
celle-ci  en  sens  inverse  du  mouvement  imprimé  au  tambour.  Celte 
opération  semblerait  devoir  répandre,  dans  l'atelier  où  elle  se 
pratique,  beaucoup  de  poussière  et  de  poils  ou  duvets  laineux  ; 
cependant  il  n'en  est  rien ,  et  si  les  ouvriers  ont  quelque  chose  à 
souffrir  de  la  nature  de  leur  travail ,  ce  ne  peut  être  que  de  la 
station  permanente  à  laquelle  il  les  oblige. 

Somme  toute ,  les  ouvriers  occupés  dans  l'industrie  lainière  ont 
infiniment  moins  à  souffrir  de  leur  travail,  que  ceux  employés  dans 
l'industrie  cotonnière. 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COHH.    615 

§  38.  —  Platineurs. 

Les  chefs  d'industrie  que  nous  avons  interrogés  ont  déclaré*  que 
la  profession  n'avait  rien  de  nuisible ,  et  que  les  ouvriers  n'étaient 
exposés  à  aucune  maladie  particulière.  Les  considérations  que  nous 
avons  émises  au  §  28  (2'  partie),  en  parlant  des  ouvriers  employé» 
aux  travaux  métallurgiques,  sont,  en  partie,  applicables  aux 
diverses  catégories  d'ouvriers  que  l'on  rencontre  dans  les  ateliers 
des  platineurs,  comme  fondeurs,  forgerons,  limeurs,  etc.  Une 
cause  particulière  d'insalubrité  doit  cependant  être  mentionnée  ici  : 
c'est  que  l'ouvrier  platineur  ne  peut  travailler  sans  avoir  à  côté  de 
lui  un  réchaud  allumé  ;  la  combustion  du  charbon  de  bois  dont  on 
fait  généralement  usage,  donne  lieu  à  la  formation  du  gaz  acide 
carbonique ,  lequel  se  répand  dans  l'atelier,  parce  qu'on  n'a  pas 
le  soin  d'établir  ces  réchauds  au-dessous  d'un  manteau  surmonté 
d'un  tuyau  pour  conduire  l'acide  carbonique  au  dehors.  L'omis- 
sion de  cette  mesure  de  précaution  nous  parait  de  nature  à  exposer 
les  platineurs  à  des  céphalalgies  et  à  des  vertiges. 

§  59.   —  Fabriques  et  raffineries  de  sucre. 

Dans  la  fabrication  du  sucre,  aucun  travail  ne  nous  paraît  sus- 
ceptible de  nuire  à  la  santé  des  ouvriers.  Les  ouvriers  des  deux 
fabriques  que  nous  avons  visitées  jouissaient  tous  de  la  meilleure 
santé,  et  ît  doit  en  être  presque  toujours  ainsi,  par  la  raison  qu'ils 
travaillent  aux  champs  de  betteraves  une  grande  partie  de  l'année, 
et  qu'ils  ne  sont  occupés  que  pendant  peu  de  mois  dans  les  fabri- 
ques mêmes.  Le  travail  est,  en  général,  peu  fatigant,  et  il  n'y  a 
que  celui  de  nuit  qui  est  réellement  pénible;  encore  n'influe-t-M 
que  peu  ou  point  défavorablement  sur  la  constitution  robuste  des 
ouvriers  campagnards. 

Dans  les  raffineries  de  sucre,  le  travail  est  également  peu  fati- 
gant; mais  il  y  règne  constamment  une  haute  température  qui ,  dans 
les  étuves,  s'élève  jusqu'à  40*  Réaumur,  et  qui  oblige  les  ouvriers  à 
travailler  le  corps  nu  jusqu'à  la  ceinture.  Cette  chaleur  excessive 
doit  affaiblir  la  constitution  et  exposer  fréquemment  les  ouvriers  à 
toutes  les  maladies  qui  résultent  des  transitions  brusques  de  tem- 
pérature. Il  résulte  des  informations  que  nous  avons  prises  à  cet 
égard ,  que  ces  maladies  sont  cependant  assez  rares ,  grâce  à  la 
surveillance  qu'on  exerce  sur  les  ouvriers  pour  les  empêcher  de 
commettre  des  imprudences. 


^y  Google 


(HO      CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

§  40.  —  Blanchiment  à  la  minute  des  étoffes  de  colon. 

Ce  blanchiment  t'opère  au  moyen  de  l'eau  chlorurée.  Le»  ou- 
vriers travaillent  constamment  dans  des  ateliers  froids  et  très- 
humides.  Ces  circonstances  nous  paraissent  propres  a  favoriser  le 
développement  du  rhumatisme,  des  catarrhes  et  des  affections  de 
poitrine.  Nous  ajouterons  que  le  chlore  dont  l'atmosphère  de  l'ate- 
lier est  toujours  chargée  est  susceptible,  à  lui  seul,  de  produire 
des  irritations  bronchiques  et  pulmonaires,  lesquelles  sont  de  nature 
a  dégénérer  en  des  affections  très-graves,  si  l'ouvrier  ne  renonce 
pas  au  travail  qui  les  a  produites. 

§  41 .  —  .Ateliers  de  dessin  et  de  gravure. 

Mous  n'avons  ici  en  vue  que  les  ateliers  dans  lesquels  on  réunit 
un  certain  nombre  d'enfants,  dans  le  but  d'en  faire  des  dessina- 
teurs et  des  graveurs.  Le  travail  auquel  on  assujettit  ces  enfants 
n'a  rien  d'insalubre ,  mais  comme  il  rentre  dans  la  catégorie  des 
travaux  sédentaires ,  il  peut  cependant  nuire  au  développement 
physique  des  enfants,  s'il  est  d'une  longue  durée,  et  s'il  n'est  pas 
interrompu  par  des  intervalles  de  repos,  assez  longs  pour  permettre 
aux  enfants  non-seulement  de  prendre  leurs  repas,  mais  encore  de 
se  livrer  a  quelques  exercices  en  plein  air. 

L'apprentissage  de  l'art  du  graveur  fatigue  beaucoup  la  vue  et 
nous  parait  susceptible  de  produire  la  myopie. 

%  42.  —  Bevieification  du  plomb. 

Il  existe  plusieurs  établissements  où  l'on  s'occupe  spécialement 
de  la  revivilication  du  plomb.  Nous  en  «lisons  ici  une  mention 
toute  particulière,  parce  que  ce  travail  nous  parait  des  plus  insa- 
lubres cl  bien  autrement  dangereux  que  la  fonte  et  la  manipula- 
tion du  plomb.  Les  ouvriers  employés  à  ce  travail  sont  exposés  à 
tous  les  accidents  que  détermine  l'intoxication  saturnine  et  que 
nous  avons  exposés  plus  haut.  Ceux  que  nous  avons  vus  étaient 
maigres,  d'un  teint  jaunâtre,  livide,  d'une  santé  misérable  et  tour- 
mentés d'une  toux  continuelle.  Il  est  vrai  de  dire  qu'ils  opéraient 
dans  les  conditions  les  plus  désavantageuses ,  c'est-à-dire  dans  un 
mauvais  hangar  n'ayant  que  S  mètres  20  centimètres  d'élévation, 
3  mètres  de  largeur  et  4  mètres  50  centimètres  de  longueur  et 
ne  présentant  d'autre  ouverture  que  la  porte  d'entrée. 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RES.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.    61 7 
§  43.  —  Filatures  de  lin  à  la  mécanique. 

Il  ne  nous  a  pas  été  permis  de  voir  les  premières  opérations  du 
sérançage  et  du  cardage,  qui,  de  tout  temps,  ont  été  signalées 
comme  exerçant  une  influence  nuisible  sur  la  santé  des  ouvriers. 
Autrefois,  quand  elles  se  faisaient  généralement  à  la  main,  les 
ouvriers  se  trouvaient  toujours  entourés  de  nuages  d'une  poussière 
fine  et  irritante ,  dont  l'action  se  portait  principalement  sur  les 
muqueuses  des  voies  digestives  et  respiratoires;  aussi  rencontrait- 
on  souvent  alors  parmi  les  ouvriers  séranceurs  et  cardeurs,  des 
dyspepsies ,  des  vomissements  et  diverses  autres  perversions  des, 
fonctions  de  l'estomac ,  ainsi  que  des  irritations  chroniques  des 
bronches  et  des  poumons ,  et  même  la  phthisie  pulmonaire.  Les 
machines  dont  on  se  sert  assez  généralement  aujourd'hui  pour 
opérer  le  sérançage  et  le  cardage  ont  obvié  jusqu'à  un  certain 
point  au  principal  inconvénient  dont  ces  opérations  étaient  enta- 
chées, c'est-à-dire  à  la  dispersion  d'une  poussière  abondante  dans 
les  ateliers;  toutefois  nous  nous  hâtons  d'ajouter  que  ces  machines 
laissent  encore  dégager  une  quantité  assez  considérable  de  pous- 
sière et  qu'elles  ne  peuvent  mettre  les  ouvriers  complètement  à 
l'abri  des  maladies  dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  Nous  pen- 
sons donc  pouvoir  établir  que  ces  maladies,  quoique  beaucoup 
moins  fréquentes  qu'autrefois,  doivent  encore  s'observer  chez  les 
séranceurs  et  les  cardeurs  de  lin. 

Le  travail  dans  la  filature  proprement  dite ,  ne  peut  pas  être 
considéré  comme  insalubre;  la  station  prolongée  et  le  travail  de 
nuit  sont  seuls  susceptibles  d'exercer  quelque  influence  défavo- 
rable sur  la  santé  des  ouvriers. 

Les  enfants  n'ont  aucun  travail  fatigant  pendant  le  jour;  mais 
les  veilles  qu'exige  le  travail  de  nuit,  la  durée  trop  longue  du  tra- 
vail (douze  heures  pendant  le  jour  ou  dix  heures  pendant  la 
nuit),  l'obligation  d'être  toujours  debout,  et  Cage  trop  tendre 
auquel  on  admet  les  enfants  (six,  sept  et  huit  ans),  sont  autant  de 
circonstances  défavorables  a  leur  développement  physique  et  dont 
l'action  sur  leur  économie  ne  peut  être  que  funeste. 


j  44.  —  Fabrique»  de  céruse 


3    ■»■»■  — mwijiwiwwnw. 

Les  ouvriers  de  ces  fabriques  sont  exposés  à  la  colique  de  plomb  ; 
ais  cette  maladie  s'observe  moins  fréquemment  qu'autrefois , 
iree  qu'on  oblige  tes  ouvriers  à  quelques  précautions  hygiéniques 


mais 
parce  qu'on 


^y  Google 


618     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

consistant  presque  exclusivement  en  soins  de  propreté.  Nous  avons 
examiné  plusieurs  ouvriers,  et  chez  aucun  nous  n'avons  rencontré 
le  premier  symptôme  de  l'intoxication  saturnine  ,  c'est-à-dire  la 
coloration  bleuâtre  des  gencives. 

Tout  ce  que  nous  avons  iiit  au  §28  (2*  partie),  des  autres  maladies 
produites  par  le  travail  du  plomb,  est  aussi  applicable  aux  ouvriers 
des  fabriques  de  céruse;  nous  ne  nous  répéterons  donc  pas. 

§  45.  — ■  Fabriques  de  colle. 

Dans  le»  fabriques  de  colle,  Il  n'y  a  aucune  opération  que  l'on 
puisse  considérer  comme  nuisible  a  la  santé  des  ouvriers  ;  ceux-ci 
peuvent  être  incommodés  dans  les  premiers  temps  de  l'odeur  fade 
et  nauséabonde,  qui  accompagne  la  fabrication  de  la  colle,  mais 
ils  s'y  font  bientôt  et  n'en  éprouvent  aucun  inconvénient.  Quant 
a  l'eau  aiguisée  d'acide  chlorhydrîque  dans  laquelle  on  fait  macé- 
rer les  os,  elle  ne  nous  parait  pas  susceptible  de  produire  des  irri- 
tations des  voies  respiratoires,  parce  que  l'acide  y  est  en  trop  petite 
quantité,  et  que  les  cuves  à  macération  sont  d'ailleurs  couvertes  ou 
exposées  au  grand  air. 

§  46.  —  Usines  de  gaz. 

L'usine  qui  fournit  le  gaz  pour  l'éclairage  de  la  ville  occupe  un 
assez  grand  nombre  d'ouvriers ,  de  quarante  a  cinquante  ;  on  y 
extrait  le  gaz  de  la  houille.  L'établissement  du  gaz  portatif  ne 
compte  qu'un  seul  ouvrier  travaillant  aux  fourneaux;  la  distillation 
s'opère  ici  sur  un  mélange  de  bouille ,  de  résine  liquéfiée  et  de 
graisse.  La  distillation  se  faisant  dans  des  fourneaux  ou  cylindres 
parfaitement  clos  et  lulés ,  il  n'y  a  point  de  déperdition  de  gaz,  et 
les  ouvriers  n'ont  rien  à  souffrir  de  ce  chef;  mais  ayant  a  supporter 
uAe  chaleur  considérable,  ils  sont  exposés  a  contracter  des  affec- 
tions catarrhales,  des  rhumatismes ,  des  pleurésies  et  des  fluxions 
de  poitrine,  s'ils  n'évitent  pas  avec  soin  les  transitions  brusques  de 
température.  La  fumée  épaisse  qui  règne  souvent  dans  les  usines 
de  gaz  provoque  la  toux  et  peut  devenir  nuisible  aux  ouvriers  à 
poitrine  délicate  et  irritable.  Les  ouvriers  que  nous  avons  vus  tra- 
vaillant aux  fourneaux ,  étaient  des  hommes  forts  et  vigoureux,  et 
jouissant  d'une  bonne  santé. 

§  47.  —  Fabriques  déplâtre. 

Toute  la  fabrication  du  plâtre  consiste,  comme  on  sait,  a  pulvé- 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÊS.  ET  CONCL.  DE  LA  COHM.    61 9 

riser  et  à  calciner  le  gypse  ou  sulfate  de  chaux.  Ces  opérations 
n'exercent  aucune  influence  nuisible  sur  la  santé  des  ouvriers,  si 
l'on  n'a  égard  qu'aux  déclarations  des  chefs  de  fabrique.  Cepen- 
dant nous  devons  rappeler  ici  que  plusieurs  médecins  ont  signalé 
l'insalubrité  de  la  profession  de  plâtrier,  et  prétendu  qu'elle  déter- 
minait des  affections  de  poitrine  graves ,  comme  l'asthme  et  la 
phthisie  pulmonaire. 

Tout  en  supposant  qu'on  a  peut-être  exagéré  un  peu  les  incon- 
vénients attachés  au  travail  du  plaire ,  nous  pensons  que  les 
ouvriers  plâtriers  travaillant  au  milieu  d'une  atmosphère  conte- 
nant en  suspension  de  nombreuses  .particules  plâtreuses,  doivent 
à  la  longue  se  trouver  incommodés  par  la  poussière  minérale  qu'ils 
ont  inspirée,  et  que  celle-ci,  en  s'accumulant  dans  les  radicules 
bronchiques,  peut  apporter  de  la  gène  dans  la  respiration  et  pro- 
voquer enfin  ,  chez  quelques  individus,  des  affections  de  la  poi- 
trine plus  ou  moins  sérieuses.  Les  inconvénients  que  présente  le 
travail  du  plaire  ne  se  rencontrent  pas  dans  toutes  les  fabriques 
au  même  degré  ;  ils  varient  nécessairement  suivant  le  procédé  de 
fabrication  mis  en  usage.  Ainsi,  par  exemple,  dans  les  établisse- 
ments où  l'on  commence  par  calciner  le  gypse  avant  de  le  réduire 
en  fragmente  et  de  le  pulvériser ,  le  travail  doit  être  considéré 
comme  plus  nuisible,  parce  qu'il  est  accompagné  d'un  dégagement 
de  poussière  plus  abondant ,  que  celui  qui  a  lieu  par  l'ancien  pro- 
cédé, dans  lequel  la  pulvérisation  s'opère  sur  le  sulfate  de  chaux 
naturel,  c'est-à-dire  contenant  encore  l'eau  qui  entre  dans  sa  com- 
position. 

§  48.  —  jételiers  de  modeleurs  ou  de  fabricants  de  statues. 

Les  réflexions  que  nous  venons  d'émettre  au  sujet  des  fabricants 
de  plâtre,  sont  applicables  aussi  a  ceux  qui  travaillent  cette  sub- 
stance pouren  faire  des  statues,  des  ornements, etc. Si,  parla  nature 
de  leur  travail,  ils  ne  soulèvent  pas  autant  de  poussière  plâtreuse 
que  les  ouvriers  des  fabriques  de  plâtre,  nous  devons  faire  remar- 
quer cependant  qu'ils  subissent  d'autant  plus  sûrement  l'influence 
de  la  poussière  qui  se  répand  dans  leurs  ateliers,  que  ceux-ci  sont 
ordinairement  fort  petits  et  dépourvus  de  tout  moyen  de  venti- 
lation. 

S  49.  —  Fabriques  de  bleu  d'azur: 

Mous  n'avons  visité  qu'une  seule  fabrique  de  ce  genre;  elle  chô- 
mait' déjà  depuis  quelque  temps  lors  de  notre  visite ,  en  sorte  que 


^y  Google 


620    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

nous  n'a  vons  rien  pu  observer  sur  les  lieux.  Toutefois  nous  dirons 
que  nous  considérons  cette  fabrication  comme  insalubre,  car  bien 
que  la  amaltine  ou  cobalt  arsenical ,  qui  sert  a  préparer  le  bleu 
d'azur,  ait  subi  un  grillage  pour  en  chasser  l'arsenic,  nous  croyons 
que  celui-ci  n'est  pas  expulsé  complètement  et  qu'il  en  reste  une 
partie  qui  se  transforme  en  acide  arsénique  pour  constituer  avec 
l'oxyde  de  cobalt  un  arséniate  de  ce  métal,  ainsi  que  l'un  de  nous 
(M.  le  D1  Dieudonné)  a  déjà  cherché  a  l'établir  dans  un  autre 
travail  présenté  au  Conseil  de  salubrité  (1  ). 

§  50.  —  Ateliers  de  charronmige. 

La  profession  de  charron  ne  présente  rien  de  nuisible;  si  elle 
est  fatigante,  elle  a  du  moins  l'avantage  d'exercer  a  peu  prés  éga- 
lement toutes  les  parties  du  corps  et  de  ne  jamais  astreindre  les 
ouvriers  a  une  durée  de  travail  trop  longue.  Quelques  ouvriers 
que  la  nature  de  leur  travail  force  à  rester  debout,  peuvent  avoir 
quelque  chose  à  souffrir  de  la  station  prolongée. 
§  51 .  —  Blanchiment  de  la  cire. 

La  cire  se  blanchissant  par  l'exposition  a  l'air,  tout  l'ouvrage 
des  ouvriers  consiste  à  l'étendre  et  à  la  retourner  de  temps  en 
temps.  Quand  la  cire  a  été  suffisamment  blanchie  a  l'air,  on  la 
fond  et  on  la  coule  dans  des  moules.  Ces  deux  opérations  n'ont 
donc  rien  de  nuisible,  et  la  dernière  seule  peut  exposer  les  ouvriers 
maladroits  à  des  brûlures. 

§  52,  —  Fabriques  d'étoffe»  de  crin. 

Les  ouvriers  chargés  du  peignage,  de  l'éplucbage  et  du  battage    . 
du  crin,  respirant  continuellement  un  air  chargé  d'une  poussière 
subtile,  sont  exposés  à  des  irritations  fréquentes  de  la  muqueuse 
bronchique  et  pulmonaire  (2).  Ceux  qui  tissent  le  crin  rentrent 

(1)  Voycs  Compte  rendu  des  travaux  du  Conseil  central  de  salubrité  publique  de 
Bruxelles,  pendant  l'année  1840,  par  le  D»  Dieudonné ,  pis-  uni. 

(2)  D'après  un  travail  publié  dam  les  Annales-  d'kggiine  publique,  etc.,  par  te 
Dr  Ibreliale,  tur  les  danger»  auxquels  sont  exposés  le)  ouvrier!  Occupé!  à  tirer, 
éplucher  et  battre  le  crin,  il  parait  qu'outre  let  inconvénient»  qui  résultent  de 
l'inspiration  d'un  air  chargé  d'une  poussière  ténue  qui  provoque  la  toux  et  irrite  la 
mu queuie  bronchique,  lea  crini  de  qualité  inférieure,  venant  de  paya  étrangère, 
ayant  appartenu  à  dos  animaux  mort*  de  maladies  contagieuses,  déterminent  souvent 
la  formation  de  furoncle)  ou  d'anthrax  plus  ou  moini  grave».  Le  IV  Ibrelitle  fait 
remarquer  cependant  que  cei  accident*  n'ont  été  obaervéi  que  dam  lea  ateliers  des 
pritoni  de  Selt,  et  que  les  divan  ateliers  de  la  ville  n'en  ont  fourni  aucun  exemple. 

D'après  cela ,  nous  sommes  portés  à  croire  que  cette  manifestation  de  furoncles  et 
d'anthrax,  doit  le  trouver  ioui  l'influence  de  conditions  hygiéniques  toutes  parti- 
culières, propres  aux  prisons  de  ïeti,  a.  moins  d'admettre  que  celles-ci  seules  reçoi- 
vent et  travaillent  des  crins  de  mauvaise  qualité. 


a»,  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.  611 
dans  ta  classe  des  tisserands  dont  nous  avons  déjà  parlé.  Les  enfants 
employés  comme  donneurs  se  trouvent  dans  les  mêmes  conditions 
que  les  enfants  employés  comme  bobineurs  par  les  tisserands;  le 
travail  est  cependant  encore  plus  sédentaire  chez  les  donneurs, 
véritables  automates  conservant,  toute  la  journée,  la  même  posi- 
tion, et  exécutant  toujours  le  même  mouvement. 

3"  question.  —  Dans  quelle  proportion  ces  accidents  s'obser- 
vent-ils? A  quelles  causes  doit-on  les  attribuer  et  au  bout  de  quel 
temps  commencent-ils  le  plus  ordinairement  à  se  manifester? 

répoksk.  —  Nous  ne  possédons  pas  les  données  suffisantes  pour 
répondre  à  ta  première  partie  de  cette  question.  Ces  données,  nous 
n'avons  pu  les  acquérir,  parce  qu'elles  ne  peuvent  être  fournies  . 
que  par  une  observation  continuée  pendant  plusieurs  années  sur 
chaque  industrie  en  particulier.  Il  y  a  ici  des  recherches  statis- 
tiques importantes  a  faire ,  et  nous  nous  faisons  un  devoir  de  les 
signaler  à  l'attention  du  gouvernement.  Quant  aux  causes  aux- 
quelles on  peut  attribuer  les  maladies  qui  affectent  plus  particu- 
lièrement la  classe  ouvrière,  nous  les  avons  assez  longuement 
exposées  en  cherchant  à  apprécier,  pour  répondre  à  la  deuxième 
question ,  l'influence  que  chaque  profession  était  susceptible 
d'exercer  sur  la  santé  et  la  constitution  des  ouvriers.  Il  suffira 
donc  de  rappeler  ici  que  ces  causes  sont  fort  diverses  de  leur 
nature,  qu'elles  n'agissent  pas  toutes  avec  la  même  intensité,  la 
même  promptitude  et  la  même  infaillibilité,  et  qu'elles  peuvent 
résider,  soit  dans  la  nature  même  des  substances  que  l'ouvrier  est 
appelé  à  travailler,  soit  dans  les  circonstances  atmosphériques  et 
hygrométriques  au  milieu  desquelles  se  fait  le  travail,  soit  dans 
les  altitudes  forcées  auxquelles  celui-ci  condamne  l'ouvrier,  soit 
enfin  dans  la  mauvaise  alimentation  et  les  privations  dans  lesquelles 
vit  une  partie  de  la  classe  laborieuse,  par  suite  de  l'extrême  modi- 
cité de  son  salaire.  Si  l'on  se  reporte  aux  détails  que  nous  avons 
donnés  sur  chaque  industrie  en  particulier,  on  s'aperçoit  bientôt 
qu'il  est  des  industries  qui  sont  essentiellement  insalubres  par 
elles-mêmes,  et  que  ce  sont  surtout  celles  où  la  cause  d'insalubrité 
gil  dans  la  matière  même  que  l'on  travaille  ou  que  l'on  fabrique.  A 
cette  catégorie  d'industries  appartiennent  les  doreurs  sur  métaux, 
les  étameurs  de  glaces,  les  sécréteurs  de  peaux,  les  plombiers,  les 
cérusiers,  tous  les  ouvriers  qui  travaillent  le  cuivre,  les  fabricants  de 
plomb  de  chasse,  et  tous  ceux  qui  traitent  des  minerais  arsenicaux, 


^y  Google 


622    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

les  fondeurs  en  caractères  typographiques,  les  fabricants  d'acides 
minéraux ,  etc.  D'autres  fois  les  matières  qu'on  travaille,  sans  pos- 
séder positivement  des  qualités  ou  des  propriétés  nuisibles ,  sont 
encore  susceptibles  de  produire  des  maladies  par  la  poussière  ou 
par  les  particules  qu'elles  cèdent  à  l'atmosphère  pendant  qu'elles 
subissent  l'action  des  machines  ou  de  la  main  des  ouvriers  ;  c'est 
ce  que  l'on  remarque,  par  exemple,  pour  les  trieuses  et  coupeuses 
de  chiffons,  pour  les  coupeurs  de  poils,  les  batteurs  et  cardeurs  de 
coton,  les  aiguiseurs  cl  le»  débourreurs  de  cardes,  les  polisseurs 
de  métaux ,  les  tailleurs  de  pierre ,  les  plâtriers  et  les  modeleurs 
en  plâtre ,  etc.  Certaines  industries  exigent  une  température 
assez  élevée  ;  d'autres  ne  peuvent  s'exercer  sans  que  les  ouvriers 
soient  constamment  exposés  au  froid  et  à  l'humidité  ;  il  est  évident 
que  dans  ces  deux  cas  les  causes  de  maladies  ne  procèdent  que 
de  certaines  conditions  indispensables  pour  le  travail.  Ainsi ,  pour 
les  enfants  ou  les  femmes  occupés  dans  la  course  des  fabriques 
d'indiennes ,  pour  certains  fileurs  de  coton ,  pour  les  sauniers , 
pour  les  ouvriers  employés  aux  fours  à  porcelaine,  pour  les  savon- 
niers, les  fondeurs  en  métaux,  les  forgerons,  les  raffineurs  de 
sucre,  les  ouvriers  travaillant  aux  fourneaux  dans  les  usines  de 
gaz,  etc.,  les  causes  de  maladies  se  trouvent  presque  exclusivement 
dans  la  haute  température  qu'ils  ont  à  supporter;  ces  causes 
siègent,  au  contraire,  dans  le  froid  et  dans  l'humidité,  pour  les 
fabricants  de  papier  à  la  cuve,  pour  les  meuniers  dans  les  pape- 
teries, pour  les  foulonniers,  les  blanchisseurs  de  coton,  les  tein- 
turiers, les  tanneur»,  etc.  Il  est  des  professions  dans  lesquelles 
la  durée  du  travail  est  d'une  longueur  excessive ,  dans  lesquelles 
l'ouvrier  est  obligé,  ou  de  se  livrer  a  de  grands  efforts,  ou  de  s'im- 
poser des  attitudes  fatigantes;  il  en  est  où  certaines  parties  du 
corps  sont  condamnées  à  un  repos  et  a  une  activité  trop  prolongés, 
il  en  est  d'autres  enfin  où  le  travail  est  tout  à  fait  sédentaire.  Toutes 
ces  circonstances  peuvent  devenir,  et  deviennent  souvent,  en  effet, 
des  causes  de  maladies. 

Nous  venons  de  rappeler  brièvement  et  rapidement  les  diverses 
causes  auxquelles  on  peut  attribuer  les  diverses  maladies  qu'on 
observe  le  plus  fréquemment  parmi  la  classe  ouvrière;  il  résulte 
de  cet  examen,  que  l'industrie  comporte  avec  elle  un  nombre  assez 
considérable  de  causes  propres  à  produire  des  états  morbides. 
Cependant ,  disons-le  bien  haut ,  la  plupart  de  ces  causes  exerce- 
raient une  action  bien  moins  funeste ,  si  leur  influence  n'était  pas 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LÀ  COMM.  623 
puissamment  secondée  par  une  autre  cause  qui  prépare,  en  quelque 
sorte,  l'économie  a  recevoir  avec  plus  de  facilité  l'impression  de 
toutes  les  circonstances  défavorables  au  milieu  desquelles  s'exécute 
le  travail  ;  nous  voulons  parler  de  la  misère  et  des  privations  de 
toute  nature  qui  forment  le  trisle  partage  d'une  bonne  partie  de  la 
classe  ouvrière.  Sans  doute,  et  il  est  malheureux  d'avoir  a  le  consi- 
gner, l'ouvrier  souffre  souvent  de  la  misère,  parce  qu'il  est  impré- 
voyant ou  parce  qu'il  a  contracté  des  habitudes  de  débauche  et 
d'ivrognerie,  mais  ce  n'est  pas  toujours  à  son  inconduile  qu'il  doit 
sa  misère  ;  il  est  évident  pour  nous,  que  dans  plusieurs  professions , 
la  misère  de  l'ouvrier  ne  provient  que  de  l'insuffisance  des  salaires; 
ainsi  en  est-il,  par  exemple,  pour  un  grand  nombre  de  tisserands 
et  pour  certains  fileurs  de  coton,  etc.  Si  l'on  pouvait  créer  &  la  classe 
laborieuse  des  conditions  physiques  meilleures,  si  l'on  pouvait  la 
soustraire  a  la  misère,  cette  première  cause  prédisposante  des 
maladies ,  elle  acquerrait  une  force  de  résistance  plus  grande ,  et 
se  ressentirait  infiniment  moins  de  l'influence  des  autres  causes 
morbides  que  nous  avons  dit  accompagner  le  travail.  Notre  con- 
viction à  cet  égard  est  si  profonde,  que  non-seulement  nous 
voudrions  la  faire  partager  au  gouvernement ,  mais  que  nous  ne 
concevons  pas  même  la  possibilité  de  prendre  des  mesures  réelle- 
ment avantageuses  pour  l'ouvrier,  si  l'on  ne  commence  pas  par 
s'occuper  de  sa  condition  physique,  et  si  l'on  n'avise  pas  aux  moyens 
d'améliorer  celle-ci. 

Notons  encore  ici  le  manque  de  travail  et  les  chômages  forcés 
à  certaines  époques  de  l'année  comme  des  causes  réelles  de  la 
misère  qui  accable  si  souvent  la  classe  ouvrière.  Quelque  rangé, 
quelque  laborieux  que  soit  l'ouvrier,  il  doit  nécessairement  tomber 
dans  un  état  de  dénument  plus  ou  moins  complet,  si  on  lui  retire 
tout  à  coup  le  travail  qui  le  faisait  vivre,  lui  et  sa  famille;  or, 
c'est  ce  qui  arrive  assez  fréquemment,  et  malheureusement  presque 
toujours  dans  la  saison  la  plus  dure  et  la  plus  pénible,  où,  au  lieu 
de  diminuer,  ses  ressources  devraient  plutôt  augmenter.  Signaler 
ces  causes,  n'est-ce  pas  aussi  indiquer  les  moyens  d'aller  au-devant 
du  mal  qu'elles  produisent?  n'est-ce  pas  faire  comprendre  qu'il  faut 
absolument  songer  à  organiser  le  travail,  afin  que  l'ouvrier  puisse, 
en  toutes  saisons,  trouver  de  l'ouvrage  et  du  pain?  Nous  ne  sau- 
rions trop  recommander  ce  point  à  l'attention  du  gouvernement. 

La  troisième  partie  de  la  question,  celle  qui  est  relative  à  l'époque 
à  laquelle  commencent  le  plus  ordinairement  à  se  manifester  les 


^y  Google 


624    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

maladies,  les  infirmités  et  les  difformités  qui  résultent  de  l'exercice 
de  certaines  professions,  doit  être  considérée  comme  insoluble 
quant  à  présent  ;  pour  obtenir  des  renseignements  satisfaisants  sur 
ce  point,  il  faudrait  suivre  la  marche  que  nous  avons  indiquée 
plus  haut  pour  arriver  à  la  solution  de  ta  première  partie  de  la 
question  ;  en  l'absence  de  ces  renseignements ,  nous  ne  pourrions 
nous  livrer  qu'à  des  considérations  très-vagues  qui,  outre  l'incon- 
vénient de  ne  rien  préciser  et  de  ne  rien  apprendre,  pourraient 
encore  avoir  celui  beaucoup  plus  grand  de  mener  k  des  déduc- 
tions erronées  :  nous  aimons  donc  mieux  ne  tenter  aucune  espèce 
de  réponse. 

4°  questiou.  —  Quels  sont ,  dans  chaque  industrie,  les  travaux 
qui  nuisent  plus  spécialement  au  développement  physique  et  à  la 
santé  des  enfants  et  des  adolescente  9  Décrivez-en  les  effets. 

képohbe.  —  Il  est  évident  que  chaque  industrie  comporte  avec 
elle  plusieurs  genres  de  travaux  dont  les  uns  sont  plus  nuisibles 
que  les  autres.  Aussi ,  en  examinant  chaque  industrie  en  particu- 
lier, avons-nous  eu  le  soin  d'entrer  dans  quelques  détails  techno- 
logiques et  de  considérer  à  part  chaque  catégorie  d'ouvriers,  pour 
autant  toutefois  que  leur  travail  fût  de  nature  à  exercer  quelque 
influence  défavorable.  En  suivant  cette  marche,  nous  avons  do 
nécessairement  faire  connaître,  et  faire  connaître  d'une  manière 
toute  spéciale,  les  travaux  les  plus  nuisibles.  Reproduire  ici  toutes 
les  observations  que  nous  avons  déjà  faites,  ce  serait  nous  con- 
damner à  une  répétition  fatigante  et  tout  à  fait  inutile.  Cependant, 
comme  la  question  se  rapporte  exclusivement  aux  enfants  et  aux 
adolescents,  nous  rappellerons  encore  brièvement  quels  sont  les 
travaux  qui  nuisent  le  plus  à  leur  développement  physique  et  à 
leur  santé. 

A.  —  Doreurs  sur  métaux.  —  Celte  profession  est  l'une  des 
plus  nuisibles  ;  heureusement  elle  n'occupe  que  quelques  adoles- 
cents comme  apprentis. 

B.  ■ —  Fabriques  de  papier.  —  Le  travail  à  la  cuve  ;  ce  travail 
occupe  des  enfants  et  des  adolescents  comme  coucheurs  et  leoeurs. 

C.  —  Teintureries.  —  Le-  travail  dans  les  ateliers  de  blanchis- 
sage et  de  teinture,  exécuté  par  des  adolescents. 

D.  —  Fabriques  d'indiennes.  —  Le  travail  dans  les  ateliers  de 
blanchissage  et  de  icinture;  le  travail  dans  la  course. 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RES.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.     625 

E.  —  Fabriques  de  papiers  peints.  —  Le  travail  des  enfanta 
employés  comme  prestiers. 

F.  —  Fabriquée  de  chapeaux  de  feutre.  —  Le  travail  du  coupage 
des  poils  par  des  enfants  et  des  adolescents  employés  comme 
apprentis. 

G.  —  Fabriques  de  faïence  et  de  poterie.  —  Le  pétrissage  des 
terres  et  le  travail  au  four. 

H.  —  Fabriques  de  passementeries.  —  Le  travail  au  métier, 
exécuté  par  des  adolescents. 

I.  —  Filatures  de  coton.  —  Le  travail  au  diable  et  à  la  carderïe  ; 
te  travail  dans  les  petites  filatures  A  la  main. 

J.  —  Établissements  métallurgiques.  —  Le  travail  du  cuivre  et 
du  plomb  ;  le  travail  dans  les  ateliers  où  l'on  fond  le  cuivre  et  le 
bronze.  On  n'emploie  pas  d'enfants  a  ces  travaux,  mais  seulement 
quelques  adolescents. 

Si  nous  bornons  ici  l'énumération  des  travaux  les  plus  nuisibles 
à  la  santé  des  enfants  et  des  adolescents ,  c'est  qu'il  nous  a  paru 
inutile  de  citer  toutes  les  industries  où  le  travail  ne  devient  nuisible 
que  par  l'une  des  circonstances  suivantes  :  1"  ou  parce  qu'il  est 
sédentaire;  S*  ou  parce  qu'il  est  d'une  trop  longue  durée;  S"  ou 
parce  qu'il  a  lieu  la  nuit  ;  car  nous  ferons  remarquer  que,  pour  les 
enfants  et  les  adolescents,  les  causes  qui  agissent  défavorablement 
sur  leur  constitution  et  sur  leur  santé,  dérivent  presque  toutes  de 
la  fatigue  qu'occasionnent  le  travail  trop  longtemps  prolongé  et  le 
travail  de  nuit,  de  la  sidentaréité  et  de  la  privation  de  jeux  et 
d'exercices  en  plein  air,  de  l'obligation  de  conserver  longtemps  cer- 
taines altitudes,  etc. 

Nous  pensons  pouvoir  nous  dispenser  de  décrire  les  effets  pro- 
duits par  les  travaux  que  nous  venons  de  signaler  comme  les  plus 
nuisibles,  parce  que  nous  nous  sommes  déjà  suffisamment  livrés  à 
l'apprécia  lion  de  ces  effets  ;  nous  renverrons  donc  à  la  réponse 
que  nous  avons  faite  A  la  deuxième  question. 

5*  question.  —  Depuis  quel  Age  les  enfants  peuvent-ils  être 
reçus  dans  les  établissements  industriels,  sans  que  l'on  ait  A  craindre 
que  le  travail  nuise  trop  A  leur  développement  physique?  Y  aurait-il 
quelques  distinctions  A  établir ,  A  cet  égard ,  entre  les  différentes 
industries  ? 

néponsH.  —  Cette  question  est  toute  palpitante  d'intérêt,  et  comme 


^y  Google 


626     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
la -solution  qu'on  en  donnera  doit  être  d'une  immense  portée  pour 
le  sort  futur  de  notre  jeune  population  industrielle ,  on  ne  saurait 
l'examiner  avec  assezde  soin,  et  y  répondre  arec  trop  de  précision. 

Il  faut  d'abord  bien  se  convaincre  qu'il  y  a  impossibilité  d'arriver 
a  une  bonne  réforme,  si  l'on  se  contente  de  formuler  des  disposi- 
tions qui  puissent  laisser  quelque  chose  à  l'arbitraire  ;  ainsi  en 
serait-il,  par  exemple,  si,  au  lieu  de  déterminer  d'une  manière 
positive  l'âge  au-dessous  duquel  aucun  enfant  ne  pourra  être  reçu 
dans  les  établissements  industriels,  on  admettait  en  principe  l'ad- 
mission des  enfants  à  divers  âges,  en  avant  égard  soit  à  leur  degré 
de  développement  et  à  leur  constitution  plus  ou  moins  robuste, 
soit  à  l'adresse  ou  à  la  dépense  de  forces  que  peut  réclamer  le 
travail.  On  pourrait  être  tenté  d'établir  des  distinctions  et  des 
exceptions  pour  certaines  industries,  et  de  permettre  l'admission 
dans  telle  industrie  a  un  tel  âge,  et  dans  telle  autre  à  tel  autre 
âge  ;  cette  manière  de  faire,  tout  en  laissant  peu  de  chose  à  l'ar- 
bitraire, puisque  au  moyen  d'une  étude  attentive  des  diverses 
industries,  il  serait  facile  d'apprécier  quelles  sont  celles  pour  les- 
quelles le  législateur  pourrait  se  montrer  moins  sévère  et  stipuler 
des  tolérances  particulières;  cette  manière  de  faire,  disons-nous, 
n'en  serait  pas  moins  vicieuse,  car  elle  créerait  de  grands  embar- 
ras à  l'administration,  dont  elle  rendrait  la  surveillance  et  le 
contrôle  presque  impossibles ,  et  deviendrait  préjudiciable  aux 
intérêts  de  ces  mêmes  enfants  dont  on  Veut  améliorer  les  condi- 
tions physique,  morale  et  intellectuelle.  Pour  atteindre  ce  but,  il 
n'est  qu'un  moyen  :  c'est  de  soumettre  la  nouvelle  génération  de 
travailleurs  à  un  même  nivellement,  c'est  de  faire  dire  à  la  loi  : 
Aucun  enfant,  quelque  avancé  que  soit  son  développement,  quelle 
que  soit  la  force  de  sa  constitution,  et  si  minimes  que  puissent  être 
les  efforts  et  l'adresse  qu'exige  le  travail,  ne  pourra  être  reçu 
dans  un  établissement  industriel,  avant  qu'il  n'ait  atteint  tel  dffe. 

Mais  quel  est  l'Age  que  la  loi  doit  fixer  comme  condition  sine  quà 
non  de  l'admission  des  enfants  dans  les  manufactures  et  fabriques  ? 
C'est  là  une  question  importante  et  difficile ,  qui  n'a  pas  été 
résolue  de  la  même  manière  par  tous  les  hygiénistes ,  tant  s'en 
faut ,  et  sur  laquelle  nous  allons  lâcher  de  formuler  nettement 
noire  opinion. 

II  est  d'abord  évident  qu'à  l'Age  de  six  ou  sept  ans,  les  enfants 
sont  encore  trop  peu  développés ,  d'une  constitution  trop  délicate 
et  trop  frêle ,  pour  qu'on  puisse  songer  à  leur  permettre  l'entrée 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS .  ET  CONCL.  DE  LÀ  COMM.     637 

de  la  carrière  industrielle;  l'exploitation  de  leurs  forces,  à  cet 
âge  si  tendre,  constituerait  un  véritable  crime  de  lèse-humanité, 
dont  ni  les  parents  ni  l'industrie  ne  peuvent  d'ailleurs  retirer 
aucun  avantage  réel.  A  cet  égard,  toute  dissidence  d'opinion  est 
impossible. 

Mais  il  n'en  est  plus  de  même  pour  l'âge  de  huit  ans  :  ici,  nous 
nous  trouvons  en  face  de  deux  opinions  différentes,  dont  l'une,  et 
c'est  celle  qui  est  la  plus  générale,  tend  à  interdire  de  la  manière 
la  plus  absolue  le  travail  aux  enfants  âgés  de  huit  ans  seulement, 
et  dont  l'autre  tend,  au  contraire,  à  permettre  l'emploi  de  ces 
mêmes  enfants  à  des  travaux  légers  :  inutile  de  dire  que  celte  der- 
nière opinion  compte  le  moins  de  partisans,  et  que  nous  ta  rejetons 
complètement.  En  effet,  nous  ne  voyons  pas  Irop  pourquoi  l'on 
permettrait  aux  enfants  de  huit  ans  ce  que  l'on  refuse  à  ceux  de 
sept  ;  y  a-t-il  entre  ces  deux  âges  une  distance  si  considérable,  un 
développement  du  corps  si  prompt  et  si  prononcé,  un  accroisse- 
ment de  forces  si  marqué,  que  ce  qui  a  été  jugé  nuisible  pour 
l'un,  puisse  cesser  de  l'être  pour  l'autre?  Nous  ne  le  pensons  pas, 
ou  plutôt,  nous  affirmons  positivement  que,  de  sept  a  huit  ans,  la 
constitution  des  enfants  ne  se  fortifie  pas  assez,  pour  qu'il  n'y  ait 
pas  nécessité  d'étendre  aux  enfants  de  huit  ans  la  protection  dont 
on  a  jugé  convenable  de  faire  jouir  ceux  de  sis  et  de  sept  ans. 

Nous  excluons  donc  des  ateliers  tous  les  enfants  âgés  de  huit  ans, 
et  pour  les  mêmes  motifs  que  nous  en  avons  exclu  les  enfants  de  six 
et  de  sept  ans.  Dans  nos  contrées,  les  enfants  ne  sont  pas  assez 
forts  et  assez  développés  à  huit  ans,  pour  que  le  travail  dans  les 
fabriques,  les  manufactures  et  les  usines,  ne  nuise  pas  à  leur  santé 
et  a  leur  constitution.  Les  déclarations  de  plusieurs  chefs  d'indus- 
trie ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard  ;  plusieurs  d'entre  qui- 
déplorent  hautement  l'habitude  qu'ont  les  ouvriers  d'employer 
comme  aides  des  enfants  de  huit  ans,  non-seulement  parce  que  le 
travail  prématuré  entrave  leur  développement  physique ,  mais 
encore  parce  que  ces  enfants  ne  sont  pas  aptes  à  remplir  les  ser- 
vices qu'on  attend  d'eux. 

Comme  nous  ne  voulons  pas  condamner  à  la  légère  l'opinion, 
de  ceux  qui  pensent  qu'on  peut  permettre  aux  enfants  de  huit  ans, 
certains  travaux  peu  fatigants,  il  ne  sera  pas  déplacé  d'examiner 
rapidement  les  raisons,  plus  ou  moins  spécieuses,  dont  on  étaye 
celte  opinion. 

On  craint,  pour  l'enfant  non  occupé  par  l'industrie,  l'inactivité, 


^y  Google 


6Ï8    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

l'oisiveté,  beaucoup  plut  préjudiciables  qu'un  travail  léger,  espèce 
de  {gymnastique  forcée,  dont  l'influence  ne  peut  être  que  salutaire. 
L'oisiveté  et  l'inactivité  ne  sont  pas  le  propre  de  l'enfonce ,  et  on 
ne  les  rencontre  ordinairement  chez  l'enfant  que  lorsqu'il  est 
malingre  ou  atteint  de  quelque  affection  morbide.  Il  ne  nous 
répugne  nullement  de  considérer  le  travail  comme  une  sorte  de 
gymnastique,  mail  nous  croyons  que,  dans  l'espèce,  cette  gymnas- 
tique est  loin  d'avoir  les  avantages  qu'on  veut  lui  reconnaître.  La 
gymnastique- travail  serait  avantageuse  à  l'enfant  de  huit  ans, 
si  elle  ne  durait  pas  trop  longtemps,  trois  ou  quatre  heures  au 
plus,  par  exemple,  si  elle  pouvait  exercer  à  la  fois  et  harmonique - 
ment  tous  les  membres,  toutes  les  parties  du  corps,  si  surtout  elle 
pouvait  avoir  lieu  dans  des  conditions  hygiéniques  favorables; 
maïs  il  s'en  faut  de  beaucoup  qu'il  en  soit  ainsi.  L'industriel  qui 
engage  un  enfant,  ne  voit  en  lui  qu'un  instrument,  une  machine 
de  plus,  propre  à  faciliter  et  à  multiplier  la  production;  si  c'est 
l'ouvrier  qui  engage  l'enfant,  il  ne  voit  en  lui  qu'un  aide  qu'il  fait 
travailler  le  plus  qu'il  peut,  pour  le  salaire  le  moins  fort  possible; 
l'un  et  l'autre  ne  connaissent  que  le  travail  assidu  et  non  inter- 
rompu, et,  si  tant  est  qu'ils  regardent  celui-ci  comme  une  gymnas- 
tique, ils  veulent  au  moins  que  cette  gymnastique  dure  du  malin 
au  soir.  Ainsi,  trop  longue  durée  du  travail,  séjour  prolongé  dans 
des  ateliers  où  l'air  est  plus  ou  moins  vicié,  où  la  température  est 
ou  très-élevee  ou  très-basse,  dans  des  ateliers  humides,  ou  au  milieu 
d'une  atmosphère  chargée  de  poussière  et  de  particules  irritantes; 
exercice  continu  de  certaines  parties  du  corps,  au  détriment  de 
certaines  autres,  condamnées  à  l'inactivité  la  plus  absolue  ;  atti- 
tudes forcées,  difficiles  et  fatigantes  ;  position  assise  ou  station 
longtemps  prolongée,  etc. ,  etc.  ,  telles  sont  les  circonstances  qui 
accompagnent  forcément  la  gymnastique-travail ,  et  qui  nous 
portent  à  nier  l'utilité  qu'on  a  cherché  a  lui  attribuer. 

Hais,  a-t-on  dit  aussi,  empêcher  les  enfants  de  travailler,  c'est 
s'exposer  à  les  voir  tomber  dans  une  démoralisation  complète,  à 
les  voir  se  livrer  au  vagabondage,  à  la  mendicité,  au  vol  1  Oh  !  certes, 
cette  crainte  serait  légitime,  si  les  choses  devaient  en  rester  au 
point  où  elles  sont  ;  si  le  gouvernement  devait  ne  rien  tenter  pour 
améliorer  la  condition  de  l'ouvrier,  et  s'il  pouvait  entrer  dans  set 
vues  de  ne  pas  rendre  l'instruction  obligatoire  pour  tout  le-monde. 
Quant  à  nous,  cette  crainte  ne  peut  nous  loucher,  parce  que  nous 
avons  foi  dans  la  sollicitude  éclairée  du  gouvernement,  et  parce 


*by  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS. — RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM .  629 
que  nous  avons  la  conviction  qu'il  ne  faut  pas  rapporter  la  cause 
de  la  mendicité,  du  vagabondage  et  du  vol,  à  l'inoccupation,  mais 
à  une  source  beaucoup  plus  éloignée  :  au  défaut  d'instruction , 
d'éducation  morale,  et  à  la  position  si  misérable  et  si  précaire  de 
la  classe  ouvrière,  que  nous  venons  de  rappeler. 

Il  est,  enfin,  un  dernier  argument  que  nous  avons  baie  d'aborder  : 
c'est  qu'en  apportant  du  retard  à  l'admission  des  enfants  dans  les 
fabriques,  on  lèse  gravement  les  intérêts  des  parenla  dont  on 
diminue  les  ressources  pécuniaires  et  auxquels  on  prépare  une 
misère  plus  grande.  Cet  argument  semble  être,  au  premier  abord, 
d'un  grand  poids,  et  se  présente  avec  une  apparence  de  vérité 
incontestable  ;  toutefois,  il  ne  doit  pas  nous  éblouir  et  nous  empêcher 
de  voir  au  fond  des  choses.  Pour  nous,  qui  avons  tu  de  près  la 
classe  ouvrière,  qui  avons  visité  un  grand  nombre  d'ateliers  et 
tenu  un  compte  exact  des  salaires  des  ouvriers  adultes  et  des 
enfants,  nous  pouvons  assurer  que,  dans  un  très-grand  nombre 
d'industries,  le  gain  hebdomadaire  des  enfants  de  l'âge  de  buit  à 
neuf  ans  est  tellement  minime,  qu'on  ne  peut  pas  le  considérer 
comme  une  ressource  de  quelque  importance  pour  la  famille.  Mais 
en  admettant  que  ces  enfants  gagnassent  un  salaire  double  de  celui 
qu'ils  reçoivent  actuellement,  et  que  leur  gain  journalier  contribuât 
réellement  à  donner  un  peu  plus  d'aisance  à  la  famille,  nous  aurions 
encore  toujours,  a  résoudre  cette  question  :  Le  père  de  famille 
peut-il,  en  vue  de  se  créer  quelques  nouvelles  ressources,  disposer 
en  toute  liberté  de  son  enfant,  le  condamner  au  travail,  exploiter 
ses  forces,  sans  aucun  souci  ni  de  son  instruction,  ni  de  son  édu- 
cation morale?  Peut-il  trafiquer  de  sa  santé  et  de  sa  vie?  peut-il, 
en  un  mot,  escompter  l'avenir  par  le  présent?  Non,  mille  fois  non  ; 
car  si  le  père  a  ses  droits,  l'ordre  social  a  aussi  les  siens,  savoir  : 
ceux  de  protéger  l'enfance,  de  veiller  à  ce  que  le  père  n'abuse 
pas  des  forces  de  ses  enfants,  à  ce  qu'il  ne  fasse  rien  qui  puisse 
nuire  soit  à  leur  développement  soit  a  leur  santé,  à  ce  qu'il  prenne 
soin  du  perfectionnement  de  leur  intelligence  et  de  leur  moral. 
Ainsi,  à  côté  des  droits  du  père,  la  loi  a  inscrit  ceux  de  la  société 
par  une  sage  prévision  dans  l'avenir.  Ces  courtes  observations 
suffiront  pour  mire  comprendre  notre  pensée,  à  laquelle  se  rallie- 
ront, nous  aimons  a  le  croire,  tous  les  cœurs  généreux,  tous  les 
hommes  amis  de  l'humanité,  tous  ceux  enfin  qui  comprennent  bien 
les  véritables  intérêts  de  la  société. 

Au  demeurant,  il  y  a  un  fait  qu'on  semble  tout  à  fait  perdre 


^y  Google 


«30  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
de  vue  :  c'est  que  le  travail  des  enfants  n'a  pas  améliore  la  position 
de  la  classe  ouvrière ,  c'est  que  celle-ci  n'en  a  pas  acquis  une 
aisance  plus  grande,  et  cela  par  une  raison  fort  simple,  c'est  que 
du  moment  où  l'emploi  des  machines  a  permis  aux  enfants  de  faire 
irruption  dans  l'industrie,  les  salaires  des  ouvriers  adultes  ont  subi 
une  diminution  proportionnelle  aux  salaires  accordés  aux  enfants. 
Les  économistes  les  plus  distingués  ont  établi  ce  fait  dans  toute  son 
évidence,  et  quelle  que  soit  la  réserve  que  nous  nous  sommes 
imposée  en  matière  de  citations,  il  nous  est  impossible  de  ne  pas 
corroborer  notre  opinion  par  les  lignes  suivantes  de  M.  de 
Sismondi  :  «  Depuis  que  les  enfants  gagnent  une  partie  de  leur  vie, 
le  salaire  des  pères  a  pu  être  réduit.  Il  n'est  point  résulté  de  leur 
activité  une  augmentation  de  revenu  pour  la  classe  pauvre,  mais 
seulement  une  augmentation  de  travail,  qui  s'échange  toujours  pour 
la  même  somme,  ou  une  diminution  dans  le  prix  des  journées, 
tandis  que  le  prix  total  du  travail  national  est  resté  le  même.  C'est 
donc  sans  profit  pour  la  nation  que  les  enfants  des  pauvres  ont  été 
privés  du  seul  bonheur  de  leur  vie,  la  jouissance  de  l'âge  où  les 
forces  de  leur  corps  et  de  leur  esprit  se  développaient  dans  la  gaieté 
et  la  liberté.  C'est  sans  profit  pour  la  richesse  ou  l'industrie  qu'on 
les  a  fait  entrer,  dès  six  ou  huit  ans,  dans  les  moulins  de  coton, 
où  ils  travaillent  douze  et  quatorze  heures,  au  milieu  d'une  atmo- 
sphère constamment  chargée  de  poils  et  de  poussière,  et  où  ils 
périssent  successivement  de  consomption  avant  d'avoir  atteint  vingt 
ans.  On  aurait  honte  de  calculer  la  somme  qui  pourrait  mériter  le 
sacrifice  de  tant  de  victimes  humaines  ;  mais  ce  crime  journalier  se 
commet  gratuitement.»  {Nouv.  Principes  d'économie politique,  1. 1".) 
Voyons  maintenant  s'il  convient  davantage  de  fixer  l'âge  de  neuf 
ans  pour  l'admission  des  enfants  dans  la  carrière  industrielle.  S'il 
ne  s'agissait  que  de  suivre  plus  ou  moins  servilement'  l'exemple 
donné  par  les  divers  gouvernements  qui,  avant  nous,  se  sont 
occupés  de  l'amélioration  du  sort  des  jeunes  travailleurs,  nous 
pourrions  adopter  l'âge  de  neuf  ans,  puisque  c'est  celui  auquel  se 
sont  arrêtées  l'Angleterre,  l'Autriche,  la  Prusse  et  la  Bavière. 
Mais  à  cet  âge  le  travail  nous  paraît  encore  prématuré;  l'enfant 
de  neuf  ans  présente  certes,  et  en  général,  un  développement  plus 
prononcé,  et  a  plus  de  force  qu'un  enfant  de  huit  ans;  cependant 
son  développement  et  ses  forces  ne  sont  pas  tels  qu'on  puisse  déjà 
le  considérer  comme  apte  au  travail  j  il  y  a  plus,  c'est  que,  de  huit 
à  neuf  ans,  le  changement  qui  s'opère  dans  la  constitution  de 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.  631 
l'enfant,  est  souvent  presque  inappréciable,  tandis  qu'il  est,  au 
contraire,  très-marqué  dans  la  période  de  huit  à  dix  ans.  C'est  ta  une 
observation  dont  la  vérité  peut  être  démontrée  tous  les  jours.  Ainsi, 
en  fixant  à  neuf  ans,  l'époque  à  laquelle  il  serait  permis  de  recevoir 
les  enfants  dans  les  manufactures,  fabriques  ou  usines,  on  choisirait 
précisément  le  moment  où,  pour  la  plupart  d'entre  eux,  la  nature 
travaille  le  plus  a  fortifier  l'organisme  et  à  développer  toutes  les 
parties  du  corps.  Or  qui  ne  comprend  pas  Pinfluence  pernicieuse 
du  travail  dans  cette  circonstance?  qui  ne  comprend  pas  que  le 
travail  peut  alors  entraver  la  nature  dans  son  couvre,  paralyser  ses 
efforts  et  devenir  des  plus  préjudiciables  a  l'enfant  ? 

Indépendamment  des  craintes  que  nous  manifestons  ici,  il  est 
une  autre  considération  qui  doit  nous  faire  rejeter  l'admission  des 
enfants  de  neuf  ans  dans  l'industrie.  En  effet,  nous  ne  pouvons  pas 
nous  borner  a  envisager  l'enfant  sous  le  rapport  de  sa  condition 
physique  seulement  ;  son  intelligence ,  ■  son  éducation  morale  et 
religieuse  sont  encore  des  points  importants  qui  méritent  toute 
notre  attention.  A  neuf  ans  donc,  l'enfant  ne  sera  pas  assez  instruit, 
son  éducation  morale  et  religieuse  ne  sera  pas  assez  avancée, 
pour  qu'on  puisse  lui  ouvrir  les  portes  des  ateliers  ;  nous  disons  ; 
ne  se/h  pas,  parce  que  nous  faisons  allusion  à  l'avenir,  parce  que 
nous  espérons  que  l'instruction  sera  rendue  obligatoire,  et  parce 
que  nous  ne  pourrions  parler  qu'avec  bonté  et  dégoût  de  l'état 
dans  lequel  se  trouve  actuellement  la  classe  ouvrière  relativement 
à  l'instruction. 

Mous  avons  dît  plus  haut  que  c'est  généralement  de  buît  a  dix 
ans  que  les  enfants  se  développent  le  plus,  qu'ils  acquièrent  de  la 
force  et  que  leur  constitution  devient  plus  robuste.  C'est  indiquer 
assez  que  ce  dernier  âge,  celui  de  dix  ans,  est  le  seul,  selon  nous, 
auquel  on  puisse  commencer  à  permettre  quelques  travaux  légers 
aux  enfants.  A  cet  âge,  l'enfant  a  déjà  quelque  force,  son  intelli- 
gence est  plus  ou  moins  ouverte  ;  il  a  eu  plusieurs  années  pour  fré- 
quenter les  écoles  et  s'initier  aux  premières  connaissances  indispen- 
sables j  on  a  pu  s'occuper  de  son  éducation  morale,  lui  inculquer 
des  principes  religieux  ;  souvent  même  îl  a  fait  sa  première  commu- 
nion :  cet  âge  nous  parait,  par  conséquent,  le  plus  favorable  pour 
débuter  dans  la  carrière  industrielle.  Que  l'accès  des  ateliers  soit 
donc  permis  aux  enfants  ayant  atteint  leur  dixième  année,  mais 
qu'ils  n'v  entrent  pas  sans  restriction,  que  la  protection  du  gouverne- 
ment les  y  suive  et  stipule  des  conditions  à  leur  travail. 


^y  Google 


63»     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

En  traitant  les  sixième  et  septième  questions,  nous  aurons  l'oc- 
casion de  signaler  quelques-unes  des  conditions  restrictives  les  plus 
importantes  à  établir  pour  le  travail  des  enfants,  et  nous  dirons 
alors  comment  ces  conditions  pourront  être  modifiées  selon  les 
âges.  Qu'il  nous  suffise,  en  attendant,  de  déclarer  que  nous  ne 
proposons  pas  d'une  manière  absolue  l'admission,  dans  les  ateliers, 
des  enfants  qui  ont  accompli  leur  dixième  année,  mais  que  nous  vou- 
drions, au  contraire,  qu'on  l'interdit  pour  tous  ceux  qui  sont  d'une 
constitution  faible  et  chétive,  ou  atteints  d'affections  strumeuses 
graves. 

Pour  ce  qui  regarde  ta  deuxième  partie  de  la  question,  il  n'est 
pas  douteux  qu'il  faut,  quant  a  l'Age  d'admission,  établir  une  dis- 
tinction entre  les  différentes  industries.  Si,  dès  l'Age  de  dix  ans, 
on  peut  permettre  aux  enfants  de  se  livrer  à  quelques  travaux 
légers,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'il  faille  leur  ouvrir  tous  les  ateliers, 
et  tolérer  qu'on  les  emploie  A  des  travaux  fatigants,  insalubres,  ou 
dangereux.  Nous  traiterons  au  long  ce  point  important  quand  nous 
aborderons  l'examen  de  la  neuvième  question. 

6'  question.  —  Quelles  sont  les  limites  qu'il  convient  d'établir, 
selon  les  âges  et  la  nature  des  travaux,  à  la  durée  du  travail  jour- 
nalier des  enfants?  Indiquez  les  intervalles  de  repos  que  vous 
regardes  comme  nécessaires. 

«épo.isE.  —  La  fixation  de  la  durée  du  travail ,  selon  la  nature 
de  celui-ci,  nous  paraît  une  chose  impraticable.  Il  faudrait  établir 
tant  de  distinctions,  que  cela  deviendrait  un  véritable  dédale  pour 
l'administration,  dont  on  rendrait  la  surveillance  pour  ainsi  dire 
impossible ,  ou  tout  au  moins  illusoire.  Pour  arriver  au  but  que 
l'on  se  propose  d'atteindre,  il  faut  s'arrêter  A  des  mesures  simples 
et  d'une  exécution  facile.  La  mesure  la  plus  simple ,  selon  nous , 
et  en  même  temps  la  plus  efficace ,  parce  qu'elle  prête  le  moins  A 
la  fraude,  c'est  de  limiter  la  durée  du  travail  d'après  l'Age  des 
jeunes  ouvriers.  Ainsi,  pour  nous,  la  première  question  A  résoudre 
est  de  savoir  combien  d'heures  de  travail  on  doit  permettre  aux 
enfants  de  dix  ans.  Si  l'on  n'avait  égard  qu'A  la  force  des  enfants 
et  aux  travaux  peu  fatigants  auxquels  on  pourra  les  occuper,  nous 
trouverions  peut-être  que  huit  heures  de  travail,  divisées  en  deux 
périodes  de  quatre  heures,  entre  lesquelles  il  y  aurait  un  intervalle 
de  repos  suffisamment  long ,  pourraient  leur  être  permises  sans 
que  l'on  eût  trop  A  craindre  pour  leur  santé  ou  pour  leur  consti- 


^y  Google 


RÉPONSES  ÀUÏ  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COUHL     633 

union.  Hais,  comme  nous  ne  devons  pas  perdre  de  vue  qu'à  dix 
ans ,  l'œuvre  de  l'éducation  n'est  pas  finie ,  que  l'enfant  n'a  pas 
encore  acquis  le  degré  d'instruction  qu'il  doit  posséder,  que  l'in- 
dustrie elle-même  a  des  besoins  et  certaines  exigences  qu'il  faut 
ménager  autant  que  possible,  force  nous  est  bien  de  reconnaître 
qu'en  accordant  huit  heures  de  travail  nous  poserions  un  acte 
essentiellement  défavorable  aux  enfants  et  dont  l'industrie  ne 
pourrait  tirer  aucun  avantage.  En  effet,  en  permettant  huit  heures 
de  travail  par  jour,  il  faudrait  des  deux  choses  l'une  ;  ou  exiger  la 
division  du  travail  en  deux  périodes  d'égale  durée  ,  séparées  par 
un  temps  de  repos,  ou  laisser  aux  chefs  d'ateliers  la  latitude  d'uti- 
liser ces  huit  heures  de  travail  comme  ils  le  jugeront  le  plus  con- 
forme à  leurs  intérêts.  Dans  le  premier  cas ,  il  faut  renoncer  à 
développer  l'intelligence  de  l'enfant  et  à  former  son  éducation 
morale,  car  s'il  est  occupé  quatre  heures  le  matin  et  autant  l'après- 
dinée,  il  sera  fatigué ,  aura  peu  d'aptitude  au  travail  intellectuel, 
et  sera  même,  la  plupart  du  temps,  dans  l'impossibilité  de  jouir  du 
bénéfice  de  l'instruction,  parce  que  les  heures  de  travail  coïncide- 
ront avec  celles  consacrées  à  l'enseignement  ;  en  outre,  l'industriel 
n'a  que  faire  d'un  enfant  qu'il  ne  peut  faire  travailler  que  pendant 
quatre  heures  de  suite,  car  celte  période  est  incompatible  avec  la 
division  du  travail  dans  ta  plupart  des  manufactures  et  fabriques, 
où  généralement  on  ne  compte  que  par  périodes  de  travail  de  six 
heures  au  moins.  Dans  le  second  cas,  les  inconvénients  sont  encore 
plus  graves,  car  si  l'industriel  peut  disposer  à  discrétion  des  huit 
heures  de  travail  accordées  a  l'enfant,  la  protection  qu'on  a  voulu 
assurer  a  celui-ci  devient  complètement  illusoire  et  tout  contrôle 
impossible  ;  alors  rien  ne  peut  nous  garantir  que  les  prescriptions 
de  la  loi  ne  sont  pas  transgressées,  et  que  les  forces  de  l'enfant  ne 
sont  pas  l'objet  d'une  exploitation  illicite  ;  alors,  nous  n'avons  pas 
moins  à  craindre,  que  dans  le  premier  cas,  pour  son  éducation  et 
pour  son  instruction.  Au  reste,  l'expérience  acquise  par  une  nation 
voisine,  par  l'Angleterre,  qui  depuis  nombre  d'années  s'occupe  de 
la  position  de  la  classe  ouvrière,  est  pour  nous  d'un  haut  enseigne- 
ment. Dire  qu'on  a  reconnu  dans  ce  pays,  que  le  bit!  de  1855,  qui 
limitait  à  huit  heures  la  durée  du  travail  pour  les  enfants  de  neuf 
à  treize  ans,  était  d'une  exécution  pleine  de  difficultés  insurmon- 
tables et  ouvrait  une  vaste  carrière  à  la  fraude,  n'est-ce  pas  prou- 
ver surabondamment  que  nous  avons  raison  de  rejeter  la  limite  de 
huit  heures  de  travail? 


^y  Google 


654     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Autant  la  disposition  qui  permettrait  huit  heures  de  travail  nous 
parait  malencontreuse  et  préjudiciable  aux  intérêts  de  l'enfant 
comme  à  ceux  de  l'industrie,  autant  celle  qui  réduirait  ta  durée  du 
travail  à  six  heures ,  nous  semble  convenable  et  de  nature  à  con- 
cilier tous  les  intérêts.  Si  l'enfant  ne  peut  être  occupé  que  six 
heures  dans  les  ateliers,  soit  la  moitié  d'une  journée,  il  lui  restera 
l'autre  moitié,  qu'il  consacrera  utilement,  partie  au  développe- 
ment de  son  intelligence  et  A  son  éducation  ,  partie  au  développe- 
ment de  son  corps  par  des  exercices  et  des  jeux  en  plein  air.  Cette 
disposition  satisfait  en  outre  aux  exigences  de  l'industrie,  elle 
n'entrave  en  rien  le  travail  des  ouvriers  adultes,  elle  laisse  au 
contraire  à  la  disposition  de  ceux-ci,  et  pendant  toute  la  durée  du 
travail,  les  enfanta  dont  ils  ont  besoin  comme  aides.  La  limite  que 
nous  proposons  de  mettre  A  la  durée  du  travail  pour  les  enfants  de 
dix  ans,  est  en  harmonie  avec  la  division  du  travail  dans  la  plupart 
des  fabriques  et  manufactures;  ainsi,  les  enfants  qui  commenceront 
à  travailler  à  cinq  heures  et  demie  du  matin  pourront  continuer 
leur  tache  jusqu'à  midi ,  en  supposant  une  demi-heure  de  repos 
pour  le  déjeuner.  A  midi,  il  y  a  ordinairement  un  intervalle  de 
repos  qui  varie  de  une  heure  A  une  heure  et  demie  ;  quand  les 
ouvriers  rentreront  à  l'atelier ,  ils  trouveront  pour  aides  non  plus 
des  enfants  déjà  fatigués  par  six  heures  de  travail,  mais  des  enfants 
allègres  et  dispos  qui  ne  feront  que  plus  et  de  meilleur  ouvrage. 
Cette  mesure  ,  comme  on  le  voit ,  ne  tend  A  rien  moin*  qu'A  faire 
travailler  les  enfants  par  relais  ou  par  escouades;  elle  est  simple, 
d'une  mise  en  pratique  facile  et  ne  permet  aucune  espèce  de  fraude; 
elle  nous  offre  des  garanties  précieuses  pour  l'enfance ,  en  ce  qui 
concerne  sa  santé,  le  développement  de  son  corps  et  de  son  intelli- 
gence ,  et  son  éducation  ;  elle  ne  peut  nuire  aux  ouvriers  adultes , 
ni  jeter  aucun  trouble  dans  l'industrie;  en  un  mot,  elle  ne  nous 
parait  pas  susceptible  d'aucune  objection  sérieuse. 

Ainsi,  limiter  A  six  heures  la  durée  du  travail,  est  la  première  et 
l'une  des  plus  importantes  conditions  restrictives  qu'il  faut  mettre 
A  l'occupation  des  enfants  de  dix  ans  dans  les  ateliers.  Hais  en 
formulant  cette  condition,  la  loi  doit  être  claire  et  précise,  et  bien 
déterminer  que,  sous  le  nom  de  travail,  elle  comprend  aussi  le  net- 
toyage des  métiers  ou  machines;  car  si  elle  omettait  celle  précau- 
tion, l'industriel  trouverait  de  nouveau  le  moyen  d'éluder  l'une 
des  principales  dispositions  légales,  et  de  soumettre  l'enfant  A  un 
travail  de  plus  de  six  heure». 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  -  RËS.  ET  CONCL.  DE  LÀ  COHH.    035 

Gela  posé,  une  nouvelle  question  se  présente  :  Jusqu'à  quel  âge 
les  enfants  ne  pourront-ils  travailler  que  six  heures  par  jour?  Au 
premier  abord ,  la  réponse  parait  devoir  être  embarrassante  ; 
cependant,  en  se  reportant  aux  considérations  que  nous  avons  fait 
valoir  pour  établir  que  la  mesure  qui  accorderait  huit  heures  de 
travail  serait  presque  impraticable  et  ne  répondrait  pas  aux  besoins 
de  l'industrie,  on  ne  tarde  pas  à  se  convaincre  que  la  limite  que 
nous  avons  posée  pour  les  enfants  de  dix  ans  doit  être  maintenue 
jusqu'à  ce  qu'ils  puissent  faire  une  journée  complète,  c'est-à-dire  tra- 
vailler douze  heures ,  parce  que  quel  que  soit  le  nombre  d'heures 
que  l'on  fixe  entre  ces  deux  extrêmes,  six  et  douze,  on  rencontrera 
les  mêmes  inconvénients  et  les  mêmes  difficultés  que  pour  le  nombre 
huit.  Tout  se  réduit  donc  à  savoir  à  quel  âge  on  pourra  permettre 
douze  heures  de  travail  par  jour.  Or ,  si  l'on  a  égard  au  degré  de 
développement  des  enfants,  à  la  force  de  leur  constitution  et  aux 
soins  que  réclament  leur  instruction  et  leur  éducation,  il  sera 
évident  pour  tout  le  monde  que  les  enfants  devront  avoir  atteint 
leur  quatorzième  ou  leur  quinzième  année,  avant  qu'il  leur  soit 
accordé  de  travailler  douze  "heures  par  jour.  Quant  à  nous,  nous 
pensons  que  la  limite  de  six  heures  de  travail  doit  être  maintenue 
pour  tous  les  enfants  jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans ,  parce  que  ce 
n'est  qu'alors  qu'on  peut  leur  permettre,  sans  danger,  un  travail  de 
douze  heures;  si  l'on  nous  objectait  que  nous  exigeons  plus  qu'on 
a  exigé  en  France  et  en  Angleterre,  nous  répondrions  à  cette 
objection  en  citant  l'Autriche  et  la  Prusse  qui  ne  permettent 
qu'après  l'accomplissement  de  la  seizième  année ,  ce  que  nous 
permettons  aux  enfants  de  quinze  ans. 

Nous  admettons  donc  deux  catégories  de  jeunes  travailleurs  : 
l'une  se  composant  d'enfants  de  dix  à  quinze  ans,  ne  pouvant  tra- 
vailler que  six  heures  par  jour,  ou  une  demi-journée;  l'autre,  se 
composant  d'adolescents,  ayant  quinze  ans  accomplis,  et  pouvant 
travailler  douze  heures  par  jour.  Plus  loin  nous  chercherons  à 
établir  jusqu'à  quel  âge  on  ne  doit  permettre  que  douze  heures 
de  travail  pour  les  adolescents. 

Il  nous  reste  à  examiner  quels  sont  les  intervalles  de  repos 
nécessaires.  Et  d'abord,  quant  aux  enfants  de  dix  à  quinze  ans, 
six  heures  d'un  travail  continu  les  lasseraient  et  épuiseraient,  leurs 
forces  ;  un  intervalle  de  repos  d'une  demi-heure  est  strictement 
nécessaire  ;  celle  demi-heure  de  repos  pourra  être  donnée  à  huit 
heures  ou  à  huit  heures  et  demie,  à  ceux  qui  commencent  la 


^y  Google 


6S6      CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 
journée,  et  a  quatre  heures  ou  à  quatre  beures  et  demie  de  Kaprès- 
dînée,  a  ceux  qui  la  terminent. 

Pour  les  adolescents  de  quinze  ans ,  travaillant  douze  heures 
par  jour,  il  faut  stipuler  trois  intervalles  de  repos  :  l'un  d'une  demi- 
heure  le  matin  ,  pour  déjeuner,'  l'autre,  d'une  heure  au  moins  à 
midi,  pour  dîner;  et  le  troisième,  d'une  demi-heure  dans  l'après- 
dlnée,  pour  goûter. 

7°  question.  —  Les  veilles  et  les  travaux  de  nuit  doivent-ils  être 
interdits  aux  enfants  et  aux  adolescents,  et  jusqu'à  quel  âge  V 

kepoitse.  —  Oui,  il  faut  interdire  aux  enfants  et  aux  adolescents 
les  veilles  et  les  travaux  de  nuit  ;  cette  interdiction  doit  être 
absolue ,  parce  que  rien  n'épuise  autant  les  forces  et  n'agit  plus 
défavorablement  sur  la  constitution  que  les  veilles  et  le  travail 
pendant  les  heures  qui  devraient  être  consacrées  au  sommeil. 
On  a  beau  dire  que  les  enfants  qui  travaillent  la  nuit,  se  reposent 
pendant  le  jour  ;  cette  interversion  des  lois  de  la  nature  n'a  jamais 
Heu  impunément.  D'ailleurs  le  repos,  pris  pendant  le  jour,  est  tou- 
jours moins  complet,  moins  réparateur;  il  est  souvent  ou  troublé 
et  interrompu  par  le  bruit  qui  se  fait  dans  le  ménage,  ou  d'une 
durée  trop  courte  parce  que  les  parents,  non  contents  d'avoir  fait 
travailler  leur  enfant  toute  la  nuit,  veulent  encore  qu'il  rende 
quelques  petits  services  à  la  famille  pendant  le  jour;  ils  croiraient 
encourager  la  paresse  s'ils  en  agissaient  autrement.  Aussi  les  mal- 
heureux enfants  qui  ont  travaillé  la  nuit  ne  résistent  qu'avec  la 
plus  grande  peine  au  besoin  de  dormir  ;  ils  tombent  de  sommeil 
et,  quoique  occupés,  ils  sont  vaincus  par  l'irrésistible  besoin  qu'ils 
cherchent  à  combattre  pour  échapper  aux  réprimandes,  et  souvent 
aux  mauvais  traitements  des  parents;  cette  lutte  se  [prolonge  jus- 
qu'au soir ,  et  alors ,  au  lieu  de  pouvoir  se  livrer  au  repos ,  il  faut 
qu'ils  rentrent  à  l'atelier,  encore  fatigués  des  travaux  de  la  nuit 
précédente. 

Indépendamment  de  la  fatigue  que  produisent  les  veilles  et  les 
travaux  de  nuit,  ces  derniers  ont  encore  l'inconvénient  de  tenir  les 
entants  dans  une  atmosphère  viciée  par  les  émanations  provenant 
soit  du  gaz,  soit  des  lampes  ou  quinquets  servant  à  l'éclairage  des 
ateliers. 

N'oublions  pas  non  plus  que  pendant  le  travail  de  nuit  la  sur- 
veillance des  chefs  est  peu  active  ou  complètement  nulle,  que 
c'est  alors  généralement  que  la  moralité  des  enfants  court  les  plus 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.     637 

grande  dangers  ,  que  c'est  pendant  ces  réunions  nocturnes  qu'ils 
font  l'apprentissage  des  vices  qui  les  énervent  et  détériorent  le 
plus  leur  constitution. 

Si  le  travail  de  nuit  est  nuisible  à  la  santé  et  à  la  constitution 
des  enfanls,  s'il  leur  est  préjudiciable  sous  le  rapport  des  mœurs, 
on  peut  dire  aussi  qu'il  est  compromettant  et  pour  leur  instruction 
et  pour  leur  éducation.  En  effet ,  de  quelle  portée  seront  vos  ten- 
tatives d'éducation  en  présence  de  cette  autre  éducation  que  les 
enfants  reçoivent  nuitamment  dans  les  ateliers?  de  cette  éducation 
qu'on  peut  résumer  en  quelques  mots  :  mauvais  exemples,  paroles 
obscènes,  conversations  graveleuses,  blasphèmes,  et  initiation  aux 
vices  les  plus  déplorables? 

Hélas  !  disons-le  franchement,  vos  tentatives  échoueront ,  vous 
sèmerez  sans  récoller ,  non  pas  que  le  terrain  soit  ingrat ,  mais 
parce  qu'il  reçoit  en  même  temps  d'autres  semences  qui  lèvent  plus 
vite' que  les  vôtres,  de»,  semences  qui  se  développent  avec  tant  de 
force,  qu'elles  étouffent  les  germes  précieux  que  vous  lui  confiez. 
Arrachez  donc  ce  terrain  aux  mains  qui  y  sèment  l'ivraie,  si  vous 
voulez  y  voir  prospérer  le  bon  grain  et  être  payé  de  vos  peines  et 
de  vos  sacrifices. 

Le  travail  de  nuit  est  compromettant  aussi  pour  l'instruction, 
avons-nous  dit  ;  cette  proposition  a-l-elle  besoin  de  développe- 
ment? Qui  ne  comprend  de  reste  que  l'enfant  qui  a  veillé  toute  la 
nuit,  accablé  de  lassitude  et  à  moitié  endormi,  ne  peut  se  trouver 
dans  des  dispositions  convenables  pour  profiler  de  l'enseignement, 
et  que  le  temps  consacré  à  l'instruire  serait  du  temps  complète- 
ment perdu? 

Tout  milite  donc  pour  interdire  d'une  manière  absolue  le  travail 
de  nuit  aux  enfants,  et  les  considérations  que  nous  avons  fait  valoir 
pour  ceux-ci  peuvent  et  doivent  aussi  être  invoquées  pour  les  ado- 
lescents. Mais  les  adolescents,  et  nous  appelons  ainsi  les  enfants 
qui  ont  accompli  leur  quinzième  année  au  moins,  ne  peuvent  pas 
toujours  rester  soumis  à  cette  interdiction  ;  il  s'agit  donc  de  savoir 
a  quel  Age  on  pourra  la  lever  pour  eux.' 

Si  l'on  consulte  ce  qui  a  été  fait  à  cet  égard  dans  d'autres  pays, 
on  verra  que  la  France,  qui  a  été  la  moins  exigeante  en  cette  ma- 
tière ,  interdit  absolument  le  travail  de  nuit  aux  enfants  âgés  de 
moins  de  treize  ans  et  le  permet  exceptionnellement,  dans  certains 
cas  prévus  par  la  loi,  aux  enfants  Agés  de  treize  A  seize  ans;  que 
l'Autriche  et  la  Prusse  le  défendent  jusqu'à  l'Age  de  seize  ans,  et 

41. 

Digilizedby  GOOgle 


638    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

que  l'Angleterre  ne  le  tolère  qu'à  partir  de  la  dis-huitième  année. 

Daus  notre  opinon,  c'est  l'Angleterre  qui  a  agi  avec  le  plus  de 
discernement  en  reculant  autant  que  possible  l'époque  à  laquelle 
il  devait  être  permis  aux  adolescents  de  prendre  part  aux  travaux 
de  nuit.  Cest  son  exemple  que  nous  proposerons  de  suivre,  parce 
que,  dans  notre  pays,  ce  n'est  guère  qu'à  dix-huit  ans  que  le  déve- 
loppement de  l'homme  est  assez  avancé  et  sa  constitution  assez 
forte  pour  supporter ,  sans  trop  d'inconvénients ,  la  Fatigue  que 
déterminent  les  veilles  et  les  travaux  de  nuit.  Nous  n'avançons  ceci 
que  d'une  manière  générale,  car  il  est  de  nombreuses  exceptions  a 
cette  règle ,  car  il  y  a  une  foule  d'individus  dont,  à  dix-huit  ans, 
la  constitution  eat  encore  si  frêle,  le  développement  si  en  retard, 
qu'on  devrait  réellement  leur  interdire  le  travail  de  nuit  ;  nous  ne 
sommes  donc  pas  trop  sévères  en  ne  levant  l'interdiction  qu'à  dix- 
huit  ans.  Nous  craignons  même  qu'on  nous  reproche  de  n'avoir 
pas  assez  prolongé  la  durée  de  l'interdiction;  mais  nous  avons 
pensé  que  si  la  loi  reconnaît  au  jeune  homme  de  dix-buit  ans  un 
degré  suffisant  de  développement  et  de  force  pour  qu'il  puisse  con- 
courir à  la  défense  de  la  patrie;  que  si  elle  croit  pouvoir,  dès  cet 
âge,  l'appeler  sous  les  drapeaux  et  lui  imposer  un  service  qui  com- 
porte des  fatigues  de  toute  nature,  elle  devait  aussi  lui  reconnaître 
la  même  aptitude  à  supporter  les  fatigues  tant  du  travail  de  nuit 
que  de  celui  de  jour,  et  lui  laisser  disposer  librement  et  à  son  béné- 
fice des  forces  et  des  moyens  qu'elle  l'oblige  à  utiliser  au  profit  du 
pays.  De  même  donc  que  la  loi  déclare  l'homme  de  dix-huit  ans 
propre  au  service  militaire,  de  même  qu'elle  ie  déclare  implicite- 
ment assez  fort  et  assez  développé  pour  pouvoir  contracter  ma- 
riage, de  même  elle  doit  le  déclarer  apte  aux  travaux  de  nuit. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  la  loi  française  (22  mars  1841) 
permettait,  dans  certains  cas,  le  travail  de  nuit  aux  enfants  de  l'âge 
de  treize  à  seize  ans.  Cette  licence,  qui  n'est  ordinairement  accor- 
dée que  lorsque  l'industriel  s'est  vu  contraint  à  un  chômage  forcé 
pendant  quelques  jours,  soit  par  trop  grande  abondance  ou  man- 
que d'eau,  soit  par  quelque  accident  survenu  à  la  machine  à  vapeur, 
a  pour  but  de  mettre  le  fabricant  à  même  de  réparer  les  pertes 
que  l'une  ou  l'autre  de  ces  circonstances  lui  a  fait  éprouver.  Cela 
est  juste;  mais,  tout  en  épousant  les  intérêts  du  fabricant,  il  ne  faut 
jamais  perdre  de  vue  ceux  des  jeunes  ouvriers,  et  malheureusement 
les  dispositions  exceptionnelles  auxquelles  nous  faisons  allusion  sem- 
blent avoir  méconnu  ces  derniers.  Selon  nous ,  le  législateur  ne 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ETGONCL.  DELACOMM.    639 

doit  tolérer  aucune  dérogation  au  principe  de  l'interdiction  absolue 
du  travail  de  nuit  jusqu'à  la  dis-huitième  année  révolue.  Si,  par 
une  cause  quelconque,  le  fabricant  s'est  tu  forcé  de  chômer,  il  y  a 
justice  à  lui  fournir  les  moyens  de  récupérer  le  temps  perdu  et  de 
se  dédommager  de  ses  pertes ,  mais  il  ne  faut  pas  que  ce  soit  au 
détriment  du  repos  et  de  la  santé  des  enfants;  dans  ce  cas,  au  lieu 
d'imiter  la  France,  il  vaudrait  mieux  permettre  d'augmenter  d'une 
heure  la  durée  du  travail  de  chaque  jour  pendant  un  certain  laps 
de  temps  qui  varierait  selon  la  durée  plus  ou  moins  longue  du 
chômage.  Encore  ne  recommandons-nous  cette  mesure  qu'avec 
une  certaine  réserve,  parce  qu'elle  ouvre  un  vaste  champ  d'exploi- 
tation à  la  fraude  et  qu'elle  implique,  en  quelque  sorte,  la  nécessité 
de  soumettre  les  industriels  à  l'obligation  de  faire  constater  l'inca- 
pacité dans  laquelle  ils  se  trouvent  de  travailler, 

8*  qg&btioh.  —  Si  le  travail  de  nuit  devait  être  toléré  dans 
certains  établissements  ,  quelles  devraient  être  les  limites  et  les 
conditions? 

HKPOH8E.  —  En  examinant  la  question  précédente ,  nous  avons 
dit  que  l'interdiction  du  travail  de  nuit  devait  être  absolue  et  ne 
pouvait  souffrir  aucune  exception  pour  les  enfants  au-dessous  de 
dix-huit  ans.  Nous  pourrions  donc  nous  abstenir  de  répondre  à 
cette  question ,  et  renvoyer  aux  considérations  que  nous  avons 
émises  plus  haut;  mais,  tout  en  étant  sévères,  nous  ne  voulons 
rien  proposer  qui  puisse  porter  préjudice  à  l'industrie,  ou  l'entra- 
ver inutilement,  et  c'est  ce  qui  noua  engage  a  examiner  s'il  y  a 
réellement  nécessité,  pour  certains  établissements,  de  travailler  la 
nuit.  On  conçoit  que  nous  ne  pouvons  avoir  en  vue  que  les  établis- 
sements qui  occupent,  la  nuit,  un  grand  nombre  d'ouvriers,  et 
surtout  des  enfanta,  et  que  nous  faisons  abstraction  de  celte  foule 
d'industries  qui  ne  réclament  le  travail  de  nuit  que  d'un  petit 
nombre  d'ouvriers  adultes  ;  telles  sont,  par  exemple,  les  fabriques 
de  produits  chimiques,  où  un  ou  deux  ouvriers  entretiennent  les 
fourneaux  et  surveillent  les  appareils;  les  brasseries,  où  quelques 
ouvriers  travaillent  à  la  cuve;  les  papeteries,  qui  exigent  la  pré- 
sence d'un  ou  de  deux  meuniers;  les  fabriques  de  laine  (filatures), 
où  deux  ou  trois  ouvriers  doivent  rester  au  moulin  et  dans  la  fou- 
lonnerie;  les  teintureries,  où  la  cuve  à  garancer  réclame  aussi  un 
homme;  telles  sont  enfin  diverses  autres  industries  qui  occupent, 
la  nuit,  un  veilleur  ou  un  chauffeur.  Ces  cas  exceptés,  nous  avons 


^y  Google 


640     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

consisté  que  le  travail  de  nuit  n'a  lieu,  dans  notre  province,  que 
dam  quelques  rares  établissements,  et  que,  parmi  ces  derniers,  il 
n'en  est  que  quelques-uns  qui  ont  besoin  du  concours  des  enfants. 
Les  raisons  alléguées  par  la  plupart  des  industriels  pour  justifier 
le  travail  de  nuit ,  peuvent  se  résumer  ainsi  :  besoin  de  produire  beau- 
coup pour  être  à  même  de  soutenir  la  concurrence,  et  pour  retirer  les 
intérêts  du  capital  engagé  dans  l'achat  de  certaines  machines;  désir 
d'utiliser  toute  la  force  motrice  des  machines  à  vapeur  et  de  pré- 
venir les  pertes  en  combustible;  quelquefois,  mais  très-rarement, 
nécessité  de  produire  beaucoup  pour  satisfaire  aux  demandes; 
enfin,  obligation  de  continuer  le  travail  pour  utiliser  immédiate- 
ment certains  produits  sujets  à  de  promptes  réactions  intestines, 
qui  y  diminuent  ou  en  font  disparaître  le  principe  que  le  fabricant 
se  propose  d'extraire.  Parmi  ces  diverses  raisons,  les  deux  dernières 
seules  ont  une  valeur  réelle ,  et  nous  devons  nous  y  arrêter  un 
moment,  parce  qu'elles  sont  mises  en  avant  précisément  par  des 
établissements  qui  emploient  des  enfants  au  travail  de  nuit. 

La  nécessité  de  produire  beaucoup  pour  satisfaire  aux  demandes 
rend,  dit-on,  le  travail  de  nuit  obligatoire.  Soit;  mais  un  établis- 
sement qui  travaille  d'une  manière  continue,  nuit  et  jour,  pour 
satisfaire  à  des  commandes,  est  évidemment  un  établissement  en 
voie  de  prospérité,  réalisant  de  bons  et  gros  bénéfices,  et  pouvant 
s'imposer  quelques  légers  sacrifices,  sans  trop  léser  ses  intérêts.  Il 
n'y  a  donc  rien  de  déraisonnable  a  exiger  du  chef  d'un  semblable 
établissement,  s'il  veut  continuer  à  travailler  la  nuit  dans  un  but 
de  lucre,  de  substituer  aux  jeunes  enfants,  qu'il  n'emploie  de  pré- 
férence que  parce  qu'il  les  paye  moins ,  des  jeunes  gens  ayant 
dix-huit  ans,  qu'il  payera  un  peu  plus  cher.  L'aptitude  plus  grande 
des  enfants  pour  certains  travaux  est  une  objection  plus  spécieuse 
que  solide ,  et  il  n'est  pas  douteux  pour  nous  que  ces  travaux  ne 
puissent  être  tout  aussi  bien  faits  par  des  jeunes  gens  de  dix-huit 
ans  que  par  des  enfants. 

Quant  à  l'autre  classe  d'établissements  où  le  travail  de  nuit  est 
rigoureusement  nécessaire,  elle  comprend  les  fabriques  de  sucre 
de  betteraves.  Ces  fabriques  étant  toutes  établies  dans  des  com- 
munes rurales,  par  conséquent  dans  des  localités  où  les  salaires 
sont  en  général  peu  élevés,  elles  pourraient,  sans  un  surcroît  de 
dépense  bien  considérable,  remplacer  les  enfants  par  des  jeunes 
gens  ayant  atteint  leur  dix-huitième  année. 

Nous  nous  en  tiendrons  à  ces  simples  considérations,  parce 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COHH.    641 

qu'elle*  suffisent  pour  faire  comprendre  que,  pour  ce  qui  concerne 
les  établissements  que  nous  avons  visités,  nous  ne  connaissons  pas 
de  motifs  assez  plausibles  pour  permettre  exceptionnellement  a 
certaines  fabriques  d'occuper  des  enfanta  pendant  la  nuit. 

Mais  si  nous  ne  reconnaissons  pas  la  nécessité  de  tolérer  le  tra- 
vail de  nuit  dans  certains  établissements,  nous  ne  devons  toutefois 
pas.  oublier  que  cette  nécessité  pourrait  être  reconnue  par  le  gou- 
vernement, et  que,  dès  lors,  il  nous  resterait  un  devoir  a  remplir  : 
celui  d'indiquer  les  conditions  auxquelles  il  faut  soumettre'le  tra- 
vail de  nuit  toléré  exceptionnellement. 

Admettant  donc  qu'on  vienne  a  reconnaître  la  nécessité  d'établir 
quelques  exceptions,  nous  disons  :  1°  que,  dans  aucun  cas,  on 
ne  doit  permettre  au  fabricant  d'employer  aux  travaux  de  nuit  des 
enfants  au-dessous  de  l'âge  de  quinze  ans;  2"  que  la  durée  du 
travail  effectif,  pendant  la  nuit,  ne  peut  jamais  excéder  huit  heures; 
3"  que  deux  heures  de  travail  de  nuit  doivent  compter  pour  trois, 
en  sorte  que  huit  heures  de  travail  seront  considérées  comme 
équivalant  à  douze  heures  de  travail,  et  rétribuées  comme  telles  ; 
4"  que  les  mêmes  enfants  ne  peuvent  être  employés  qu'une  nuit 
sur  trois  ;  5"  que  le  travail  de  nuit  doit  être  interrompu,  vers  le 
milieu  de  la  nuit,  par  un  intervalle  de  repos  d'une  demi-heure  au 
moins. 

Telles  sont  les  conditions  qu'il  nous  parait  rigoureusement  néces- 
saire d'imposer  aux  établissements  en  faveur  desquels  le  gouver-   - 
nement  croirait  devoir  déroger  au  principe  de  l'interdiction  absolue 
du  travail  de  nuit,  jusqu'à  l'accomplissement  de  la  dix-huitième 


9*  question.  —  Devrail-ou  interdire  aux  enfants  certains  éta- 
blissements dangereux  ou  insalubres,  et  jusqu'à  quel  âge?  Désignez 
ces  établissements. 

&BPOR8E.  —  Évidemment  la  solution  de  cette  question  ne  peut 
être  qu'affirmative.  Lorsque  nous  avons  examiné  la  cinquième  ques- 
tion, nous  avons  déjà  déclaré  qu'en  permettant  aux  enfants  de  dix 
ans  d'entrer  dans  la  carrière  industrielle,  nous  ne  voulions  cepen- 
dant pas  que  tous  les  ateliers  leur  fussent  accessibles.  Nous  avons 
aussi  alors  établi  des  réserves  quant  à  -la  deuxième  partie  de  cette 
même  question ,  parce  qu'il  nous  a  paru  plus  méthodique  de  la 
rapprocher  de  la  neuvième  question,  et  de  rechercher  dans  un  même 
paragraphe  quels  sont  les  travaux  qu'on  peut  confier  a  des  enfants  de 


^y  Google 


642    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

l'âge  de  dix  A  quinze  ans,  quels  «ont  ceux  auxquels  on  peut 
employer  les  adolescents  de  quinze  à  dix-huit  ans,  enfin  quels  sont 
les  travaux  qu'il  faut  défendre  aux  uns  et  aux  autres.  Cette  manière 
de  procéder  ne  pouvait  pas  être  la  plus  courte,  parce  qu'elle  nous 
imposait  l'obligation  de  faire  une  nouvelle  revue  des  diverses 
industries  dont  nous  avons  fait  mention  ;  mais  elle  devait  être 
nécessairement  la  plus  utile,  puisqu'elle  nous  mettait  dans  la  pos- 
sibilité de  donner  au  gouvernement  des  indications  précises  ;  aussi 
n'avons-nous  pas  hésité  A  entreprendre  ce  nouvel  examen  qui 
nous  a  conduits  aux  trois  grandes  divisions  suivantes  :  1*  travaux 
auxquels  on  peut  employer  les  enfants  de  l'Age  de  dix  A  quinze 
ans;  2"  travaux  qu'on  peut  permettre  aux  adolescents  de  quinze 
à  dix-buit  ans  ;  3°  travaux  qu'on  doit  interdire  aux  enfants  et  aux 
adolescents. 

Nous  croyons  devoir  faire  remarquer  que,  pour  établir  cette 
division,  nous  n'avons  pas  pu  avoir  égard  A  [a  nature  des  établis- 
sements industriels,  parce  que,  si  tel  établissement  est  générale- 
ment dangereux  ou  insalubre,  il  en  est  d'autres  aussi  où  il  n'y  a 
que  certains  ateliers,  ou  même  certains  travaux  qui  puissent  être 
considérés  comme  nuisibles. 


Chez  les  batteurs  d'or,  &  placer  l'or  réduiten  feuilles  dans  des  livrets  ; 

Chez  les  tireurs  d'or,  à  tirer  le  fil  d'or  ou  d'argent  à  la  filière; 

Dans  les  fabriques  de  noir  animal,  à  casser  et  à  trier  les  os  ; 

Dans  Les  fabriques  de  papier,  comme  aides  colleurs  et  salineurs ,  a  recevoir 
le  papier  au  sortir  de  la  machine,  à  arranger  le  papier  ; 

Dans  les  fabriques  d'indiennes,  comme  tireurs,  comme  aides  des  impri- 
meurs au  rouleau  ; 

Dans  les  fabriques  de  papiers  peints ,  a  tirer  et  à  accrocher  le  papier,  à  éten- 
dre les  couleurs  sur  le  tamis  (tireurs  )  ; 

Dans  les  fabriques  de  tabac  et  de  cigares,  à  décoter  le  tabac,  à  trier  les  feuilles 
et  les  cigares ,  h  confectionner  des  poupées  ; 

Dans  les  fabriques  de  chapeaux  de  soie,  comme  colleurs  et  aides; 

La  fabrication  des  agrafes  ; 

Dans  les  fabriques  de  clous-épingles  et  de  pointes  de  Paris,  comme  aides  ; 

Dans  les  fabriques  de  toiles  cirées ,  comme  tireurs  ; 

Dans  les  fabriques  de  bougies  diaphanes  et  stéariques,  h  faire  des  mèches  cl 
à  les  placer  dans  les  moules  ; 

La  fabrication  des  dentelles  ; 

Dans  les  fabriques  de  passementerie,  à  faire  des  franges  et  des  bobines: 

Dans  les  fabriques  de  tulle,  à  raccommoder,  défiler  et  apprêter  le  tulle  : 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÊS.  ET  CONCL.  DE  LA  COHH.  043 

Dans  les  filatures  de  coton ,  comme  rattacheurs ,  bobineurs  et  metteurs  de 
liobincs  ; 

Dans  les  ateliers  de  brochage  et  de  reliure  ; 

Dans  les  fabriques  d'allumettes  chimiques,  à  arranger  les  allumettes  dans 
les  cadres  ou  presses! 

Dans  les  imprimeries  (typographies),  à  trier  les  caractères,  à  présenter  les 
feuilles  a  la  presse  mécanique  et  à  les  prendre  lorsqu'elles  en  sortent; 

Dans  les  ateliers  de  coloriage; 

Dans  les  tisseranderies,  a  faire  des  bobines,  à  arranger  les  chaînes,  à  dévider; 

Dans  les  teintureries ,  a  étendre  et  à  éplucher  le  coton,  à  plier  les  pièces  de 

Dans  les  fabriques  d'étoffes  de  crin ,  comme  donneurs  ; 
Dans  les  filatures  et  fabriques  d'étoffes  de  laine,  comme  éplucheurs,  bobi- 
neurs et  rattacheurs; 
Dans  les  fabriques  de  sucre; 
Dans  les  ateliers  de  dessin  et  de  gravure; 
Dans  les  filatures  de  lin,  comme  bobineurs  et  rattacheurs. 


Dans  les  fabriques  d'huile  de  pied  de  bœuf; 

Dans  les  fabriques  de  colle  ; 

Dans  les  fabriques  de  papier  à  la  main ,  comme  coucheurs  elleveurs; 

Dans  les  fabriques  d'indiennes ,  comme  imprimeurs  à  la  main  ou  au  maillet; 

Dans  les  fabriques  de  papiers  peints ,  comme  pressiers  ; 

Dans  les  fabriques  de  chapeaux  de  feutre ,  à  éjarrer,  et  comme  apprentis 
arçonneurs  et  bastisseurs  ; 

Dans  les  fabriques  de  toiles  cirées,  a  monter  les  toiles  sur  les  châssis,  et 
comme  pressiers  ; 

Dans  les  fabriques  de  porcelaine ,  de  faïence  ou  de  poterie  ; 

Dans  les  fabriques  d'huiles  et  de  savons  ; 

Dans  les  établissements  métallurgiques  où  l'on  ne  travaille  que  le  fer  ; 

Dans  les  fonderies  de  caractères  typographiques,  a  casser  les  rompures, 
pourvu  que  ce  travail  se  fasse  dans  un  local  distinct  de  la  fonderie  proprement 
dite; 

Comme  apprentis  marbriers  et  tailleurs  de  pierre  ; 

Dans  les  fabriques  d'allumettes  chimiques ,  à  mettre  les  allumettes  dans  les 
boites; 

Dans  les  typographies,  comme  apprentis  compositeurs  et  demi-compagnons 
pressiers  ; 

Dans  les  fabriques  d'étoffes  de  crin,  a  peigner  le  crin  ; 

Dans  les  filatures  de  laine,  à  étendre  la  laine  sur  les  cardes  ; 

Dans  les  ateliers  des  platineurs ,  comme  apprentis  et  aides  ; 

Dans  les  ateliers  des  modeleurs  en  plâtre. 


^y  Google 


644     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 


Chez  les  batteurs  d'or,  le  battage  proprement  dit; 

Les  ateliers  de  doreurs  sur  métaux  ; 

Les  fabriques  d'acides  minéraux; 

Les  fabriques  de  chlorure  de  chaux  sec  ou  liquide  ; 

Les  fabriques  de  chlorhydrate  d'étain  ; 

Les  fabriques  de  soude  artificielle  ; 

Les  fabriques  de  sulfate  de  soude  ; 

Les  fabriques  de  couleurs  minérales  vénéneuses  ; 

Les  fabriques  de  céruse  ; 

Dans  les  fabriques  de  papier,  le  coupage ,  le  triage  et  la  moulure  des  chiffons, 
le  blanchiment  de  la  pâle  ; 

Le  travail  dans  la  courte  des  fabriques  d'indiennes; 

Le  travail  dans  les  ateliers  de  blanchiment  et  de  teinture,  des  mêmes 
fabriques  ; 

Dans  les  fabriques  de  tabac ,  la  confection  des  carottes ,  le  tamisage  du  tabac 
à  priser; 

Dans  les  fabriques  de  chapeaux  de  feutre,  le  coupage  du  poil,  le  sécrétage, 
le  foulage  ; 

Les  corroyeries  et  les  tanneries  ; 

Les  sauneries; 

Les  fabriques  de  plomb  de  chasse  ; 

Dans  les  fabriques  de  dentelles ,  le  blanchiment  des  fleurs; 

Dans  les  fabriques  de  passementerie,  la  fabrication  des  galons  au  métier; 

Dans  les  brasseries ,  le  travail  à  la  cuve  et  le  portage; 

Dans  les  filatures  de  coton,  le  travail  au  diable,  celui  dans  la  carderie,  le 
battage  du  coton  à  la  main ,  le  débourrage  et  l'aiguisage  des  cardes  ; 

Les  établissements  métallurgiques  où  l'on  travaille  le  plomb,  le  sine,  le  cuivre 
et  le  bronze  ; 

Le  polissage  du  fer  ; 

Les  fonderies  en  caractères  typographiques; 

L'étamage  des  glaces  ; 

Dans  les  fabriques  d'allumettes  chimiques,  la  préparation  de  la  pile  et  la 
trempe  des  allumettes  ; 

Dans  les  imprimeries  (typographies),  le  maniement  de  la  presse; 

Dans  les  tisscranderies,  le  travail  au  métier; 

Le  travail  dans  les  teintureries  ; 

Dans  les  filatures  de  laine  elles  fabriques  d'étoffes  de  laine,  le  battage  de  la 
laine,  le  travail  au  diable,  le  dégraissage  elle  foulage; 
Le  travail  dans  les  raffineries  de  sucre; 
Le  sérançage  et  le  cardage  du  lin  ; 
Les  usines  de  gaz; 
Les  fabriques  de  plâtre  ; 
Les  fabriques  de  bleu  d'azur  ; 
Les  ateliers  pour  la  ré  vinification  du  plomb, 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RES.  ET  CONCL.  DE  LÀ  COMH.     645 

Dana  les  trois  divisions  que  nous  venons  d'établir,  nous, n'avons 
pu  signaler  les  variétés  infinies  de  travaux  que  présente  l'industrie; 
nous  n'avons  mentionné  que  celles  de  ces  variétés  avec  lesquelles 
nous  avons  eu  l'occasion  de  faire  connaissance.  Noire  cadre  n'est 
donc  pas  complet,  mais  les  jalons  que  nous  y  avons  placés  sont 
assez  nombreux  pour  qu'ils  puissent  servir  sûrement  de  points  de 
repère  et  permettre  de  juger,  par  analogie,  quels  sont  les  travaux 
qu'on  peut  autoriser,  quels  sont  ceux  qu'il  Faut  défendre. 

Il  est  sans  doute  inutile  de  dire  qu'en  déclarant  les  enfants  et 
les  adolescents  aptes  aux  travaux  désignés  dans  les  deux  premières 
divisions ,  nous  entendons  toujours  que  ces  travaux  n'auront  lieu 
qu'avec  les  conditions  restrictives  dont  nous  nous  sommes  efforcés 
de  démontrer  précédemment  la  nécessité. 

Pour  ce  qui  concerne  les  travaux,  ateliers  et  fabriques,  rangés 
dans  notre  troisième  division,  il  convient  de  les  interdire  non-seu- 
lement aux  enfants,  mais  encore  aux  adolescents;  or,  comme  nous 
avons  appliqué  la  dénomination  d'adolescents  aux  jeunes  ouvriers 
âgés  de  plus  de  quinze  ans ,  et  n'ayant  pas  encore  atteint  la  dix- 
huitième  année ,  il  s'ensuit  que  l'interdiction  que  nous  avons  for- 
mulée ne  pourra  être  levée  que  pour  les  jeunes  gens  ayant  dix-  huit 
ans  révolus. 

Userait  peut-être  désirable  de  frapper  d'une  interdiction  plus 
prolongée  certaines  professions  évidemment  dangereuses  ou  insa- 
lubres; mais,  autant  que  possible,  il  faut  éviter  d'établir  des  excep- 
tions, et  les  motifs  sur  lesquels  nous  nous  sommes  fondés,  en  trai- 
tant ia  septième  question,  pour  tolérer  les  travaux  de  nuitjdès  l'âge 
de  dix-buit  ans,  nous  imposent  l'obligation  de  faire  fléchir  notre 
sévérité  devant  certaines  bornes  qu'on  ne  peut  outrepasser  sans 
susciter  des  embarras  à  l'industrie  et  sans  compromettre  les  inté- 
rêts de  la  classe  ouvrière.  Nous  voudrions  donc  qu'à  dix-huit  ans 
révolus ,  les  jeunes  travailleurs  pussent  être  employés  aux  travaux, 
ou  dans  les  ateliers  et  fabriques  que  mentionne  notre  troisième 
division. 

10°  question.  —  A  quel  Âge  peut-on  laisser  l'ouvrier  adolescent 
libre  de  s'engager  dans  les  fabriques  sans  qu'aucune  restriction 
soit  apportée  à  la  durée  de  son  travail  ? 

ksporse.  —  Comme  on  ne  s'est  pas  expliqué  sur  ce  qu'il  fallait 
entendre  par  ouvrier  adolescent  la  solution  de  cette  question  est 
a  ssez  emba  r  rassa  n  te . 


^y  Google 


646     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

Cependant,  en  examinant  la  question  du  point  de  vue  où  nous 
nous  sommes  placés,  et  en  restant  dans  les  termes  de  la  définition 
que  nous  avons  donnée  de  l'ouvrier  adolescent,  il  deviendra  pos- 
sible de  répondre  d'une  manière  catégorique.  Ainsi,  pour  nous  qui 
considérons  comme  adolescent»  les  jeunes  travailleurs  ayant  plus 
de  quinze  et  moins  de  dix-huit  ans,  classe  pour  laquelle  nous  avons 
stipulé  d'importantes  et  capitales  restrictions,  tant  en  ce  qui  con- 
cerne la  nature  et  la  durée  du  travail,  qu'en  ce  qui  regarde  les 
travaux  de  nuit,  nous  ne  pouvons  que  rester  conséquents  avec  les 
principes  que  nous  avons  posés  antérieurement,  et  répondre  que  la 
liberté  à  laquelle  fait  allusion  la  dixième  question  ne  peut  jamais 
être  reconnue  à  l'ouvrier  adolescent.  Hais,  de  toute  évidenoe,  une 
semblable  réponse  ne  cadre  pas  avec  l'esprit  de  la  question  ;  celle-ci 
nous  semble  devoir  être  interprétée  comme  suit  :  ■  A  quel  âge  doit- 
on  cesser  de  considérer  les  jeunes  ouvriers  comme  des  adolescents, 
et  leur  laisser  la  liberté  de  s'engager  dans  les  fabriques  sans  qu'au- 
cune restriction  soit  apportée  à  la  durée  de  leur  travail  7  ■  Posée 
de  celte  manière,  la  question  est  d'une  solution  facile,  car  cette 
solution  découle  naturellement  des  diverses  considérations  aux- 
quelles nous  nous  sommes  livrés  quand  nous  avons  cherché  a  déter- 
miner à  quel  Age  on  pouvait  autoriser  le  travail  de  nuit,  et  a  quel 
âge  devait  cesser  l'Interdiction ,  pour  les  jeunes  ouvriers,  de  cer- 
tains travaux  nuisibles  et  de  certains  ateliers  insalubres.  Les  rai- 
sons qui  nous  ont  portés  A  fixer  à  dix-huit  ans  révolus  l'époque  à 
laquelle  les  travaux  de  nuit  et  tous  les  ateliers  sans  distinction 
devaient  être  accessibles  aux  jeunes  ouvriers,  ces  mêmes  raisons, 
disons-nous,  nous  décident  A  établir  que  l'ouvrier  qui  a  atteint  sa 
dix-huitième  année  doit  être  rangé  dans  la  catégorie  des  ouvriers 
adultes,  et,  par  conséquent ,  qu'il  faut  le  laisser  libre  d'utiliser  ses 
forces  comme  i]  l'entendra. 

11"  question.  — Quel  est  le  régime  alimentaire  ordinaire  et 
l'état  des  habitations  des  ouvriers  de  la  province?  Jusqu'à  quel 
point  ces  circonstances  et  d'autres  semblables  peuvent-elles  influer 
sur  leur  état  sanitaire  f 

réponse.  —  Le  régime  alimentaire  des  ouvriers  varie  beaucoup, 
et  en  raison  des  lieux  où  ils  vivent,  et  en  raison  des  salaires  plus 
ou  moins  élevés  qu'ils  reçoivent.  En  général,  on  peut  dire  cepen- 
dant que  leur  régime  alimentaire  est  mauvais  et  peu  réparateur  ; 
le  plus  souvent  il  se  compose  de  pain  de  seigle  pur,  ou  de  seigle 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  -  KÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.  6iT 
mêlé  a  des  proportion*  plus  ou  moins  fortes  de  froment ,  ou  de 
seigle  et  de  fécule  de  pommes  de  terre,  de  légumes,  parmi  lesquels 
figurent  au  premier  rang  les  pommes  de  terre,  puis  les  carottes,  les 
haricots ,  les  navets,  etc.  Ces  légumes  sont  presque  toujours  mal  pré- 
parés, assaisonnés  avec  de  mauvaises  graisses  et  avec  des  condiments 
avariés,  acbetésà  bon  marché.  Enfin  une  infusion  ou  décoction  de 
café  et  de  chicorée  de  qualité  inférieure  est  le  nectar  qu'ils  savou- 
rent avec  le  plus  de  délices ,  et  qui  leur  fait  oublier ,  du  moins 
pour  le  moment,  les  privations  et  les  peines  de  leur  précaire  exis- 
tence. Voilà  ce  qui  constitue,  à  quelques  légères  modifications 
près,  la  nourriture  la  plus  habituelle  du  plus  grand  nombre  d'ou- 
vriers. Nous  n'avons  mentionné  aucune  substance  animale  ,  telle 
que  la  viande  et  le  poisson,  parce  que  la  classe  ouvrière,  en  géné- 
ral, n'en  mange  que  très-rarement  ;  il  ne  sera  pas  inutile  d'entrer 
dans  quelques  détails  à  cet  égard,  et  de  signaler  rapidement  les 
distinctions  que  nous  avons  été  à  même  de  faire.  Ainsi,  on  pense 
assez  communément  que  les  ouvriers  des  campagnes,  par  cela  seul 
que  celles-ci  offrent  moins  de  ressources  que  les  villes  en  fait  de 
comestibles,  se  nourrissent  moins  bien  que  les  ouvriers  des  villes  ; 
il  n'en  est  rien  cependant  :  au  contraire ,  la  population  ouvrière 
prise  en  masse,  il  est  certain  que  celle  des  campagnes  se  nourrit 
généralement  beaucoup  mieux  que  celle  des  villes,  non  pas  que 
ses  aliments  soient  plus  recherchés ,  mais  parce  que  ceux-ci  sont 
d'ordinaire  de  meilleure  qualité ,  mieux  préparés  et  mieux  assai- 
sonnés, et  que  les  ouvriers  peuvent  d'ailleurs  se  les  procurer  en 
quantité  assez  abondante  pour  se  restaurer  convenablement  et 
maintenir  dans  leur  économie  l'équilibre  que  tendent  toujours  à 
y  rompre  les  pertes  qu'occasionne  le  travail.  Toutes  choses  égales, 
leur  alimentation  est  donc  meilleure,  plus  saine  et  plus  abondante; 
mais  l'ouvrier  des  campagnes,  quoique  ses  salaires  soient  plus  mo- 
diques ,  peut  se  permettre  l'usage  de  la  viande  plusieurs  fois ,  ou 
tout  au  moins  une  ou  deux  fois  par  semaine ,  parce  qu'il  a  moins 
de  besoins  factice*  que  l'ouvrier  des  villes,  parce  qu'il  est  plus 
sobre,  plus  rangé ,  parce  que  l'ivrognerie  et  la  débauche  lui  sont 
à  peu  près  inconnues,  parce  qu'il  possède  presque  toujours  quel- 
que jardinet  ou  quelque  parcelle  de  terre  qui  augmentent  ses  res- 
sources, enfin  parce  que  les  loyers  et  tous  les  objets  de  consomma- 
tion journalière  sont  moins  chers  que  dans  les  grands  centres  de 
population.  Il  résulte,  en  effet,  des  renseignements  que  nous  avons 
pris  sur  les  lieux,  qu'un  assez  bon  nombre  de  ces  ouvriers  mangent 


^y  Google 


648  CONSEIL  CEN1RÀLDF  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
de  la  viande  plusieurs  fois  par  semaine ,  qu'il  en  est  même  qui 
mangent  assez  souvent  encore  de  la  viande  froide  à  leur  goûter, 
qu'il  en  est  d'autres  qui  n'en  mangent  que  deux  fois  par  semaine, 
et  que  le  plus  grand  nombre  n'en  font  usage  qu'une  seule  fois,  le 
dimanche  ou  le  lundi.  Sans  doute,  loua  les  ouvriers  de  la  campagne 
n'ont  pas  la  même  facilité  à  pourvoir  aux  besoins  de  leur  existence; 
nous  n'avons,  hélas!  rencontré  que  trop  d'exceptions,  que  trop  de 
malheureux  tisserands  et  fileurs  travaillant  dès  le  lever  du  soleil 
jusqu'à  dix  et  onze  heures  de  la  nuit,  réduits  toute  L'année  À  une 
alimentation  des  plus  grossières,  qu'ils  n'ont  pas  même  toujours  en 
quantité  suffisante  pour  réparer  leurs  forces,  et  ne  mangeant  guère 
de  la  viande  qu'une  fois  par  an,  le  jour  de  la  kermesse  ! 

L'ouvrier  des  villes,  avec  des  salaires  plus  forls,  est  moins  heu- 
reux et  a  moins  de  bien-être  que  celui  de  la  campagne  ;  quels  que 
soient  les  avantages  que  présentent  les  villes  populeuses  en  ce  qui 
regarde  la  facilité  de  se  procurer  les  aliments  les  plus  substantiels, 
la  viande  et  le  poisson,  la  classe  ouvrière  ne  peut  guère  en  jouir, 
parce  que  ces  aliments,  par  leur  prix  élevé,  sont  inabordables 
pour  elle  :  aussi  la  plus  grande  partie  des  ouvriers  n'a  d'autre  ali- 
mentation que  celle  que  nous  avons  indiquée  au  commencement 
de  ce  paragraphe,  alimentation  grossière  et  exclusivement  végétale, 
qu'elle  relève  de  temps  en  temps  une  fois  par  semaine  par  l'usage  d'une 
maigre  portion  de  viande  ou  de  poisson,  et  encore  la  viande  qu'elle  se 
permet  n'est  souvent  que  de  qualité  fort  inférieure  ou  déjà  en  voie 
de  décomposition,  ou  ne  se  compose  que  de  ce  qu'on  appelle  vul- 
gairement lesmwe*,  comme  foie,  poumons,  cœur,  etc.;  le  plus 
souvent  même  ce  sont  les  issues  tlu  porc,  de  la  tripaille,  ou  quel- 
que autre  cochonnade  qui  forment  la  base  de  sa  nourriture  daus 
les  bons  jours.  Ce  que  nous  disons  de  la  viande  est  vrai  aussi  pour 
le  poisson;  l'ouvrier  n'achète  que  celui  qui  est  le  moins  cher,  et 
qui,  par  conséquent,  n'est  que  le  rebut  du  marché,  ou  du  poisson 
déjà  corrompu,  et  le  plus  souvent  il  se  rejette  sur  les  moules,  parce 
que  ces  mollusques  sont  plus  à  la  portée  de  sa  bourse. 

Il  est  cependant  quelques  catégories  d'ouvriers  qui  se  trouvent 
dans  des  conditions  plus  prospères  et  qui  mangent  de  la  viande  à 
peu  près  tous  les  jours,  ou  du  moins  qui  gagnent  des  salaires  assez 
élevés  pour  qu'il  leur  soit  permis  d'en  manger  tous  les  jours;  nous 
ne  citerons  ici  que  les  batteurs  et  les  tireurs  d'or,  les  ouvriers  des 
établissements  métallurgiques,  les  brasseurs,  les  cigariers,  les  gan- 
tiers, les  chapeliers,  les  typographes,  les  platineurs  ,  etc.  Malheu- 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RES.  ET  CONCL.  DE  LA  COHU.  649 
reusemenl  l'imprévoyance,  ta  boisson,  les  habitudes  de  débauche, 
défauts  si  communs  chez  la  plupart  de  ces  ouvriers,  les  plongent 
souvent  dans  le  malaise  et  les  empêchent  de  se  nourrir  aussi  con- 
venablement qu'ils  pourraient  le  faire  s'ils  avaient  plus  d'ordre  et 
une  vie  moins  désordonnée.  Aussi  peut-on  affirmer  en  définitive, 
que  parmi  les  ouvriers  que  nous  venons  de  désigner,  il  n'y  a  guère 
que  ceux  adonnés  a  des  travaux  Fatigants  et  sentant  le  besoin  de 
soutenir  leurs  forces  par  une  alimentation  saine  et  fortifiante,  qui 
fassent  un  usage  assez  fréquent  de  la  viande. 

En  avançant  qu'un  grand  nombre  d'ouvriers  se  livrent  à  la  boisson, 
nous  n'entendons  pas  seulement  parler  de  ces  libations  plus  ou 
moins  copieuses  qu'ils  font  hebdomadairement  le  dimanche  et  le 
lundi,  et  dont  la  bière  et  l'eau-de-vie,  ou  le  genièvre,  font  surtout 
les  frais,  mais  encore  de  la  funeste  habitude  de  boire  journalière- 
ment  quelques  petits  verres  de  genièvre,  liquide  qui  flatte  le  plus 
leur  palais,  et  que  malheureusement  ils  peuvent  se  procurer  le  plus 
aisément,  vu  l'extrême  modicité  du  prix  auquel  il  se  vend.  Certains 
ouvriers,  il  est  vrai,  en  usent  avec  modération,  et  dépassent  rare- 
ment le  petit  verre;  mais  pour  quelques-uns  qui  en  usent  ainsi, 
combien  n'en  est-il  pas  qui  en  font  abus,  et  contribuent  de  la  sorte 
a  détruire  leur  santé  et  à  précipiter  leur  famille  dans  la  misère? 
Car,  de  même  que  les  dettes  de  jeu  sont  le  plus  sacrées  pour  le 
joueur,  de  même  l'ouvrier  ne  connaît  pas  de  dettes  plus  sacrées 
que  celles  qu'il  a  contractées  du  chef  de  la  boisson  ;  aussi  sont-ce 
celles  qu'il  paye  le  plus  vite  et  avec  le  plus  de  conscience,  parce 
que  le  crédit  qu'on  lui  a  fait,  il  veut  le  soutenir  et  se  ménager  les 
moyens  de  satisfaire  en  toutes  occasions  le  pernicieux  besoin  qu'il 
s'est  créé.  Ainsi,  quand  ces  ouvriers  reçoivent,  le  samedi,  leur  salaire 
de  la  semaine,  ils  prélèvent  d'abord  sur  celui-ci  la  somme  néces- 
saire à  l'amortissement  de  la  dette  que.  le  genièvre  leur  a  fait  con- 
tracter pendant  la  même  période  de  temps ,  et  cela  en  attendant 
que  le  lendemain  et  le  surlendemain  leur  permettent  d'ébrécher 
davantage,  par  de  nouvelles  libations,  leur  gain  hebdomadaire  ■ 
dont,  en  dernier  résultat,  la  plus  faible  partie  est  utilisée  au  profit 
de  la  famille.  Qu'on  ne  croie  pas  que  nous  exagérions  ;  nous  ne 
parlons  que  d'après  les  renseignements  qui  nous  ont  été  fournis 
par  des  personnes  très  à  même  de  savoir  comment  vit  et  se  con- 
duit, en  général,  l'ouvrier;  et,  pour  donner  une  idée  du  degré 
auquel  est  portée  la  consommation  du  genièvre,  nous  ajouterons 
qu'il  y  a  des  ouvriers  qui  payent  le  samedi  jusqu'à  deux  fraiws 


*by  Google 


650    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

cinquante  centime»  pour  leur  consommation  de  la  semaine,  ce  qui 
fait,  en  estimant  le  petit  verre  à  cinq  centimes,  cinquante  petits 
verres  dans  les  sept  jours,  ou  sept  petits  verres  par  jour  I 

Il  en  est  des  habitations  de  la  classe  ouvrière  comme  de  leur 
régime  alimentaire  ;  considérées  par  rapport  a  l'espace  dont  jouit 
la  famille,  a  leur  état  de  propreté  et  à  leurs  conditions  de  salu- 
brité, elles  offrent  de  nombreuses  différences  qu'il  est  impossible 
de  signaler  en  détail.  Nous  nous  bornerons  donc  aux  généralités 
suivantes. 

L'ouvrier  des  villes,  cherchant  toujours  à  se  loger  su  plus  bas 
prix  possible,  choisit  ordinairement  sa  demeure  dans  les  rues  les 
plus  étroites,  ou  dans  des  ruelles,  ou  dans  des  impasses,  que  le 
soleil  ne  favorise  jamais,  ou  presque  jamais,  de  ses  rayons, -où  l'air 
est  corrompu  et  ne  se  renouvelle  pas  facilement,  où  la  malpropreté 
du  sol  et  les  immondices  que  les  habitants  accumulent  autour  d'eux 
donnent  lieu  à  des  émanations  de  toute  nature, émanations  qui  consti- 
tuent de  puissantes  et  permanentes  causes  d'insalubrité,  etc. ,  etc.  On 
conçoit  que  les  habitations  construites  dans  de  semblables  localités  ne 
peuvent  être  que  malsaines,  et  cependant  nous  n'avons  pas  encore 
énuméré  toutes  les  causes  d'insalubrité.  En  effet,  indépendamment 
de  ces  causes,  dont  l'origine  se  trouve  dans  le  quartier  habité  par 
la  classe  laborieuse,  il  y  a  encore  d'autres  causes  d'insalubrité  dont 
il  faut  chercher  la  source  dans  l'état  même  des  habitations.  Ainsi, 
le  plus  souvent,  l'ouvrier  ne  possède  pour  lui  et  sa  famille  qu'une 
seule  pièce  qui  sert  à  tous  les  besoins  du  ménage;  cette  pièce, 
fréquemment  trop  exiguë  pour  le  nombre  de  personnes  dont  se 
compose  la  famille,  se  trouve  a  l'étage  ou  au  rez-de-chaussée  ;  au 
rez-de-chaussée,  elle  est  presque  toujours  carrelée,  froide,  et  pré- 
sente souvent  des  murs  ruisselants  d'humidité  ;  à  l'étage,  elle  est 
ordinairement  planchéiée,  plus  chaude  et  plus  sèche;  mais  dans 
l'un  et  l'autre  cas,  on  n'y  respire  qu'un  air  profondément  altéré 
dans  sa  composition,  et  par  les  diverses  opérations  qui  s'exécutent 
dans  le  ménage,  et  par  la  présence  même  des  personnes  qui  y 
vivent,  et  par  l'emploi  de  lampes  fumantes,  et  par  l'usage  d'appa- 
reils ou  de  moyens  défectueux  de  chauffage,  et,  disons-le,  par  la 
malpropreté  dans  laquelle  croupit  un  grand  nombre  de  familles  de 
la  classe  ouvrière.  C'est  surtout  pendant  l'hiver  que  la  viciation  de 
l'air  est  portée  au  plus  haut  degré,  parce  qu'alors  pour  ne  pai 
perdre  le  peu  de  chaleur  produit  par  quelques  tisons  fumants, 
ou  par  une  mince  pellée  de  houille,  ou  même  par  quelques  rares 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  1>E  LÀ  COMM.  651 
charbons  de  bois,  on  se  garde  bien  d'ouvrir  la  porte  ou  la  fenêtre 
qu'on  calfeutre,  au  contraire,  avec  soin.  Pendant  l'été,  l'air  se 
corrompt  moins  dans  la  demeure  étroite  de  l'ouvrier,  car  pour  ne 
pas  y  étouffer,  il  sent  le  besoin  d'y  appeler  l'air  extérieur  et  par 
la  porte  et  par  la  fenêtre,  et  d'établir  une  large  ventilation  qui  lui 
apporte  la  fraîcheur  et  la  vie;  pendant  l'époque  des  chaleurs,  le 
séjour  dans  beaucoup  d'habitations  de  la  classe  ouvrière  ne  serait 
pas  totérable  durant  la  nuit,  si  l'on  ne  prenait  pas  la  précaution 
de  laisser  une  fenêtre  ouverte,  précaution  qui,  en  obviant  à  un 
inconvénient  grave,  ne  fait  que  courir  de  nouvelles  chances  de 
maladie  à  la  famille. 

Nous  avons  vu,  tant  dans  les  villes  que  dans  les  campagnes,  un 
assez  bon  nombre  d'ouvriers  qui  se  faisaient  remarquer  par  la 
propreté  de  leur  corps  et  de  leurs  vêtements;  malheureusement, 
eu  égard  à  la  masse  d'ouvrière  que  nous  avons  vue,  ils  ne  consti- 
tuent encore  que  de  rares  exceptions.  La  malpropreté  est  un 
défaut  qu'on  rencontre  très-communément  parmi  la  classe  labo- 
rieuse ;  il  faut  déplorer  amèrement  son  insouciance  et  son  apathie 
en  ce  qui  regarde  les  soins  de  propreté,  car  ici  elle  ne  peut  plus 
alléguer  l'insuffisance  de  ses  salaires,  le  besoin  de  pourvoir  a  la 
subsistance  de  la  famille,  puisque  ces  soins,  elle  peut  se  les  donner 
sans  qu'il  lui  en  coûte  quelque  chose,  l'eau  étant  toujours  à  sa 
disposition.  Sa  négligence  en  cela  est  coupable,  parce  que  la  mal- 
propreté dans  laquelle  elle  vit  ne  peut  que  contribuer  à  augmenter 
pour  elle  les  chances  de  maladie.  Mais  pourquoi  ne  dirions-nous 
pas  toute  notre  pensée?  pourquoi  ne  déclarerions-nous  pas  qu'une 
bonne  part  dans  cette  culpabilité  doit  être  attribuée  aux  chefs 
d'industrie,  qui  par  leur  position,  par  leur  influence,  par  leur 
autorité  même,  pourraient  considérablement  atténuer  le  mal  que 
nous  signalons?  Mais  leur  sollicitude  ne  va  pas  si  loin.  Que  leur 
importe  que  l'ouvrier  soit  propre  ou  non,  qu'il  se  nourrisse  bien 
ou  mal ,  que  son  habitation  soit  saine  ou  insalubre ,  qu'il  meure 
un  peu  plus  vite  ou  un  peu  plue  tard?  que  leur  importe  tout  cela? 
Pourvu  que  l'ouvrier  ait  les  bras  forts,  les  mains  agiles,  qu'il  tra- 
vaille et  qu'il  produise  beaucoup,  y  a-l-îl  autre  chose  qui  puisse  les 
intéresser  ? 

Nous  disions  donc  tout  a  l'heure  que  la  malpropreté  était  très- 
commune  parmi  la  classe  ouvrière  ;  cette  malpropreté  se  remarque 
partout,  et  dans  leurs  demeures,  et  dans  les  objets  de  couchage, 
et  dans  les  vêtements,  et  sur  le  corps.  Voilà  pour  l'ouvrier  des  villes. 


^y  Google 


652    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

L'ouvrier  des  campagnes  ayant,  en  général,  plus  d'aisance  et 
plus  d'ordre,  soigne  mieux  son  intérieur,  entretient  mieux  la  pro- 
preté de  son  corps  et  de  ses  vêtements.  Son  habitation,  quoiqu'elle 
ne  se  trouve  pas,  comme  celle  de  l'ouvrier  des  villes,  au  milieu  d'un 
foyer  permanent  d'infection,  n'est  pas  toujours  exempte  de  graves 
inconvénients  sous  le  rapport  hygiénique;  ainsi,  elle  est  souvent 
située  dans  des  endroits  bas  et  humides,  ou  à  proximité  de  terrains 
marécageux  ;  d'autres  fois,  la  situation  de  l'habitation  est  meilleure, 
mais  l'air  ambiant  est  chargé  d'émanations  provenant  des  immon- 
dices, du  fumier  ou  des  fosses  d'aisances  à  ciel  ouvert  qui  se  trou- 
vent dans  le  voisinage  de  l'habitation;  d'autres  fois,  enfin,  la 
demeure  de  l'ouvrier  n'est  qu'une  misérable  cahute  à  parois  d'ar- 
gile, et  recouverte  d'une  mauvaise  toiture  de  chaume,  dans  laquelle 
il  n'est  qu'incomplètement  abrité.  En  général ,  les  habitations  de 
ta  classe  laborieuse  des  campagnes  sont  peu  élevées,  ne  se  compo- 
sent que  d'un  rez-de-chaussée  et  manquent  presque  toujours  de 
cave  ;  le  logement  de  la  famille  ne  comporte,  dans  la  plupart  des 
cas,  que  quelques  pieds  carrés  ;  aussi  l'air  s'y  vicie-t-il  promptemeul 
et  par  les  mêmes  causes  que  dans  les  demeures  des  ouvriers  des 
villes  ;  cependant  la  propreté  qu'on  observe  plus  généralement 
dans  les  habitations  des  ouvriers  de  la  campagne  doit  atténuer 
considérablement  l'influence  de  ces  causes. 

Ne  sortons  pas  de  la  demeure  de  l'ouvrier  sans  jeter  un  coup 
d'oeil  sur  son  lit  et  sur  les  objets  de  couchage  ;  car,  pour  lui  porter 
efficacement  secours,  il  faut  toucher  du  doigt  toutes  ses  misères. 

L'ouvrier  est  plus  ou  moins  bien -couché,  selon  qu'il  a  des  salaires 
plus  ou  moins  forts ,  et  qu'il  est  chargé  d'une  famille  plus  ou 
moins  nombreuse.  Il  est  quelques  ouvriers  possédant  pour  eux  et 
leur  famille  des  lits  et  de  la  literie  en  quantité  et  de  qualité  con- 
venables ;  avons-nous  besoin  d'ajouter  que  ce  sont  encore  là  des 
exceptions  qu'on  ne  rencontre  qu'en  petit  nombre ,  et  que,  dans 
la  plupart  des  familles  d'ouvriers,  une  couple  de  lits  garnis  d'un 
mauvais  matelas  servent  au  couchage  de  tous  les  membres  de  la 
famille,  composée  quelquefois  de  cinq  ou  six  personnes  de  tout 
âge  et  de  tout  sexe.  Et  cependant  ces  familles-là  ne  sont  pas  encore 
les  plus  pauvres ,  les  plus  misérables!  C'est  du  sybaritisme,  en 
comparaison  de  ce  qui  existe  chez  un  grand  nombre  de  familles 
ouvrières ,  qui  n'ont ,  pour  reposer  leurs  membres  fatigués  par  le 
travail,  qu'un  affreux  grabat,  qu'une  espèce  de  large  bac  conte- 
nant une  méchante  paillasse,  sur  laquelle  s'étendent,   pêle-mêle, 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.  053 
père  et  mère,  garçons  et  filles,  qui  la  léte  au  chevet,  qui  la  télé 
au  pied  du  lit,  et  n'ayant,  pour  se  garantir  du  froid,  qu'une  sale  et 
grossière  couverture,  souvent  en  lambeaux  !  Certes,  nous  ne  pou- 
vons pas  nous  arrêter  à  faire  le  triste  tableau  de  ce  que  nous  avons 
vu  dans  ce  genre  ;  mais  nous  voulons ,  au  moins,  en  donner  un 
échantillon  qui  résume  assez  bien  la  condition  d'une  infinité  de 
familles  ouvrières.  Dans  une  commune  voisine  de  la  ville  de 
Bruxelles,  vit  une  famille  composée  du  père,  de  (a  mère  et  de  sept 
enfants,  dont  l'habitation  est  sise  en  pleine  campagne  ;  le  père,  la 
mère  et  deux  filles  de  l'âge  de  douze  à  quatorze  ans  environ, 
exercent  la  profession  de  tisserands  en  coton.  Leur  logement  est 
au  rez-de-chaussée,  et  se  compose  d'une  petite  pièce  carrée  dans 
laquelle  se  trouvent  deux  métiers  à  tisser  qui  en  remplissent  tout 
l'espace,  puis  d'une  espèce  de  réduit  attenant  à  cette  pièce,  et 
juste  assez  grand  pour  contenir  un  métier;  c'est  dans  ce  ré- 
duit que  la  famille  a  trouvé  moyen  de  se  loger  la  nuit,  en  fixant 
au-dessus  du  métier,  et  a  80  centimètres  environ  de  distance  du 
plafond,  un  immense  bac  garni  d'une  mauvaise  paillasse;  c'est  dans 
ce  réduit  encore  que  nous  avons  rencontré  les  provisions  de 
ménage,  consistant  en  quelques  légumes,  plus  quelques  lapins 
vivants,  partageant  et  corrompant ,  avec  la  famille,  l'air  déjà  si 
peu  salubre  de  cette  pièce.  Le  pauvre  ménage  dont  nous  nous 
occupons  ne  mange  jamais  de  viande  :  sa  nourriture  se  compose 
exclusivement  de  pain ,  de  pommes  de  terre  et  de  faible  café  au 
lait.  La  mère,  en  travaillant  depuis  cinq  heures  du  matin  jusqu'à 
dix  heures  du  soir,  estime  qu'elle  peut  gagner  environ  1  franc  ; 
une  de  ses  filles,  habile  travailleuse,  peut  gagner  a  peu  près  autant; 
le  père,  occupé  dans  une  fabrique  des  plus  insalubres,  gagne 
1  franc  par  jour  ;  quant  au  travail  des  autres  enfants,  il  est  impro- 
ductif, par  la  raison  qu'ils  ne  font  que  garnir  les  navettes.  Voila 
donc  quelles  sont  les  ressources  de  celte  famille,  ressources  fort 
éventuelles,  car  l'ouvrage  manque  souvent,  et  alors  la  journée  du 
père  et  l'exploitation  d'un  petit  coin  de  terre  doivent  subvenir  a 
tous  les  besoins  du  ménage.  Une  fille  était  bossue  et  racbitique; 
la  mère  et  une  autre  fille  étaient  pâles  et  étiolées,  et  plusieurs 
autres  enfants  étaient  scrofuleux.  Notre  cœur  était  navré  en  quit- 
tant cet  intérieur,  d'ailleurs  assez  propre ,  où  nous  avions  vu  tant 
de  misère,  tant  de  courage  et  de  résignation  ! 

Après  avoir  esquissé  a  grands  traits  le  régime  alimentaire  et 
l'état  des  habitations  de  la  classe  ouvrière,  il  ne  nous  reste  plus 


^y  Google 


654  CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES, 
qu'à  apprécier  la  part  d'influence  qu'ils  peuvent  revendiquer  dam 
la  production  des  diverses  maladies  qui  affligent  le  plus  souvent 
l'ouvrier.  Déjà  plus  d'une  rois,  dans  le  cours  de  ce  travail,  nous 
nous  sommes  expliqués  à  ce  sujet,  et  tout  en  reconnaissant  que  l'in- 
dustrie comportait  avec  elle  des  causes  multiples  de  maladies,  des 
causes,  pour  ainsi  dire,  inséparables  de  son  exercice  ,  nous  avons 
établi  que  ces  causes  puisaient  fréquemment  un  surcroît  d'activité 
ou  d'influence  dans  la  manière  de  vivre  des  ouvriers ,  dans  leur 
régime  alimentaire ,  dans  la  situation  et  l'état  intérieur  de  leurs 
habitations  ;  nous  avens  -surtout  établi  que  la  misère ,  par  les  pri- 
vations qu'elle  impose,  par  l'affaiblissement  dont  elle  frappe  l'éco- 
nomie, était  souvent  la  première  et  la  principale  cause  prédisposante 
des  maladies.  Peu  de  lignes  suffiront  donc  pour  formuler  plus 
1  complètement  notre  opinion  à  cet  égard. 

II  est  un  fait  incontestable  et  d'accord  avec  les  principes  de  la 
saine  physiologie,  c'est  que,  tandis  que  l'homme  vivant  dans  les 
contrées  méridionales,  peut  se  contenter  et  se  trouve  même  mieux 
d'user  d'une  nourriture  presque  exclusivement  végétale ,  celui 
qui  vit  sous  les  latitudes  septentrionales  éprouve  le  besoin  d'une 
alimentation  plus  excitante,  plus  fortifiante,  d'une  alimentation,  en 
un  mot,  dans  laquelle  les  substances  animales  réclament  une  large 
part.  Si  une  semblable  alimentation  convient  et  est  nécessaire  à 
tous  ceux  qui  vivent  sous  un  climat  froid  et  humide,  à  plus  forte 
raison  faut-il  la  considérer  comme  indispensable  pour  celui  qui , 
travaillant  du  malin  au  soir,  fait  une  dépense  considérable  de 
forces,  et  éprouve  des  pertes  qu'il  lui  importe  de  réparer  aussitôt, 
pour  que  la  continuation  du  travail  n'épuise  point  son  économie. 
Or,  si  l'ouvrier  ne  peut  disposer  que  d'une  nourriture  grossière, 
que  d'une  nourriture  purement  végétale,  même  en  abondance,  il 
est  évident  qu'il  ne  peut  convenablement  réparer  ses  forces,  parce 
que,  pour  que  la  nutrition  ait  lieu,  il  ne  suffit  pas  qu'on  remplisse 
l'estomac,  mais  il  faut  lui  confier  des  aliments  plus  riches  en  prin- 
cipes assimilables  que  ne  le  sont  les  végétaux  :  ces  aliments  sont 
ceux  que  fournit  le  règne  animal.  La  privation  habituelle  de  ces 
aliments  réparateurs  est  donc  préjudiciable  à  l'ouvrier,  car  la 
nutrition  ne  s'exerce  qu'imparfaitement ,  car  le  sang  que  reçoivent 
les  organes  manque  de  propriétés  excitantes,  vivifiantes,  car  la 
fibre  s'amollit,  les  tissus  perdent  de  leur  tonicité,  l'économie  s'affai- 
blit, offre  moins  de  résistance  aux  causes  morbifiques,  et  a  moins 
de  force  pour  réagir  contre  elles.  Sous  l'empire  de  ces  conditions 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÊS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMJJ.     655 

défavorable* ,  l'organisme  contracte  une  aptitude  plus  grande  à 
recevoir  l'impression  des  causes  morbides,  et,  telle  cause  qui  serait 
restée  sans  effet  sur  l'ouvrier  habituellement  bien  nourri,  n'exerce 
bien  souvent  sa  funeste  influence  que  par  cela  seul  que  les  pri- 
vations ou  un  mauvais  régime  alimentaire  lui  ont  préparé,  de 
longue  main,  des  chances  plus  nombreuses  de  succès. 

Le  régime  alimentaire  influe,  par  conséquent,  beaucoup  sur 
l'état  sanitaire  des  ouvriers;  plu*  il  sera  abondant,  fortifiant,  répa- 
rateur, annualisé,  plus  la  constitution  de  l'ouvrier  s'améliorera, 
plus  elle  opposera  de  résistance  à  l'action  de*  causes  de  maladies 
qui  surgissent  du  travail  ;  plus,  au  contraire,  l'alimentation  sera 
mauvaise,  sous  le  rapport  de  la  quantité  et  de  la  qualité,  plus 
«'affaiblira  la  constitution,  et -augmentera  la  susceptibilité  morbide. 

Ce  que  nous  disons  des  aliments  solides  s'applique  aussi  aux 
boissons  ;  nul  doute  que  l'ouvrier  ne  se  trouvât  beaucoup  mieux , 
s'il  pouvait  substituer  à  sa  boisson  la  plus  habituelle,  le  petit  café, 
un  verre  de  bonne  bière.  Le  genièvre  même ,  s'il  était  pris  avec 
modération  et  en  petite  quantité,  ne  pourrait  imprimer  à  l'éco- 
nomie qu'une  excitation  salutaire,  et  donner  un  peu  plus  de  ton 
aux  organes;  mais,  malheureusement,  il  est  peu  d'ouvriers  qui 
sachent  s'imposer  une  «âge  réserve,  et  bientôt  l'usage  dégénère  en 
abus,  chose  des  plus  déplorables,  car  l'excès  des  boisson*  alcoo- 
liques ne  tarde  pas  à  les  abrutir,  a  détruire  leur  santé  et  a  miner 
leur  constitution. 

A  l'influence  fâcheuse  qu'exercent  une  nourriture  grossière  et 
peu  substantielle,  et  l'abus  du  genièvre,  il  faut  encore  ajouter  celles 
qui  résultent  de  la  situation  topographique  des  habitations  et  de 
l'état  que  celles-ci  présentent  à  l'intérieur.  Ainsi,  atmosphère  froide 
et  humide,  émanations  marécageuses,  immondices,  fumier  et 
fosses  d'aisances  corrompant  l'air,  abritement  imparfait  contre  les 
intempéries  des  saisons ,  entassement  de  la  famille  dans  un  espace 
trop  restreint,  renouvellement  difficile  de  l'air,  vicialion  de  celui-ci 
par  les  exhalaisons  de  la  famille,  par  la  malpropreté  des  lieux,  par 
les  appareils  d'éclairage  et  de  chauffage ,  etc. ,  etc.  ;  voila  autant 
de  circonstances  qu'il  suffît  de  mentionner  pour  faire  comprendre 
le  rôle  important  qu'elles  doivent  jouer  dans  la  production  des 
maladies  parmi  la  classe  ouvrière. 

Pour  résumer  ce  paragraphe,  nous  disons  :  L'ouvrier  qui  cherche 
ta  vie  dans  le  travail,  y  rencontre  de  nombreuses  chances  demaladies 
et  de  mort  ;  mais  ces  chances  ne  proviennent  pas  exclusivement 


^y  Google 


656    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

du  travail,  ou,  du  moins,  n'eu  proviennent  pas  directement.  Il 
serait  injuste  d'attribuer  au  travail  seul,  les  maladies  si  fréquentes 
et  la  mortalité  si  grande  parmi  la  classe  laborieuse  ;  il  faut  lui 
reconnaître  sa  part  d'influence  et  d'intervention  dans  ces  tristes 
résultats  ;  mais  it  faut  tenir  compte  aussi  de  la  condition  des  tra- 
vailleurs, en  général  si  misérable  et  si  malheureuse,  de  l'abandon 
dans  lequel  on  les  a  toujours  laissés,  de  l'impossibilité  où  ils  se 
trouvent  de  se  nourrir  convenablement ,  de  leurs  habitudes  de 
débauche,  d'ivrognerie  et  de  malpropreté,  de  l'insalubrité  de  leurs 
habitations;  il  faut  tenir  compte,  disons-nous,  de  tout  cela,  et 
convenir  que  ces  diverses  circonstances  exercent  une  influence  bien 
plus  funeste  que  le  travail ,  et  qu'elles  contribuent  puissamment  à 
augmenter  la  mortalité  parmi  les  ouvriers. 

12'  question.  —  Quelles  précautions  y  aurail-il  a  prendre  dans 
les  fabriques,  manufactures ,  mines  et  usines  de  la  province  ,  dans 
l'intérêt  de  la  santé  des  ouvriers  ? 

réponse.  —  Nous  sentons  toute  l'importance  qui  se  rattache  à  la 
solution  de  cette  question,  mais  celle  solution  ne  peut  être  donnée 
que  dans  un  travail  de  longue  haleine ,  embrassant  dans  tous  ses 
détails  chaque  industrie  ou  chaque  profession  en  particulier  ,  tra- 
vail que  nous  devons  laisser  de  côté  pour  le  moment,  et  que  nous 
pourrons  aborder  un  jour  ,  si  nous  sommes  à  même  de  continuer 
nos  investigations  et  nos  éludes  sur  les  établissements  industriels. 
Dans  la  première  partie  de  notre  travail,  c'est-à-dire  dans  celle  qui 
résume  l'enquête  que  nous  avons  faite ,  nous  avons  fréquemment 
signalé  les  dispositions  vicieuses  des  ateliers  et  de  certains  appa- 
reils, l'omission  de  certaines  précautions  et  les  mesures  qui  nous 
paraissaient  devoir  être  adoptées  dans  l'intérêt  des  ouvriers.  Tous 
ces  renseignements  constituent  des  matériaux  précieux  qui  pour- 
ront être  utilisés  pour  arriver  à  la  solution  de  la  question  qui  nous 
occupe,  matériaux  qui ,  pour  avoir  toute  leur  valeur,  ne  deman- 
dent qu'à  être  coordonnés  et  complétés.  Mais  en  attendant  que 
cette  oeuvre  puisse  s'accomplir ,  nous  considérerons  l'industrie  en 
général,  et  nous  établirons  quelques  principes  généraux,  dont  l'ap- 
plication nous  parait  susceptible  d'exercer  une  bienfaisante  in- 
fluence sur  la  santé  des  travailleurs.  Ces  principes  sont  : 

4°  De  pourvoir  les  ateliers  de  moyens  suffisants  d'aérage  et  de  ventilation  ; 
2"  De  veiller  à  ce  que  la  lumière  solaire  s'y  répande  à  profusion  ; 
3"  De  leur  donner  une  élévation  suffisante  et  de  mettre  leur  étendue  en  rap- 
port avec  le  nombre  d'ouvriers  qui  doivent  y  travailler; 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉ  S.  ET  CONGL.  DE  LA  COMM.     657 
i"  D'assurer  à  chaque  travailleur  la  jouissance  de  15  à  18  mètres  cubes 

5u  D'exiger  la  construction  d'une  cheminée  à  fourneau  d'appel  dans  tous 
les  ateliers  où  l'on  exécute  des  travaux  dangereux  ou  insalubres; 

6°  De  prescrire  que  le  sol  des  fabriques  devra  toujours  être  carrelé  ou  plan- 
cbéié ,  et  qu'il  ne  pourra  jamais  être  de  terre  battue  ; 

7°  D'entretenir  la  plus  grande  propreté  dans  les  ateliers,  et  d'en  faire  blanchir 
les  murs  intérieurs  au  moins  deux  fois  par  année ,  avec  un  lait  de  chaux  ; 

8»  De  ne  pas  permettre  aux  ouvriers  de  prendre  leurs  repas  dans  les  ate- 
liers ,  de  les  contraindre  a  aller  dehors  ou  dans  un  local  largement  aéré  et 
destiné  ad  hoc; 

9*  D'exhorter  les  chefs  à  exiger,  de  la  part  des  ouvriers,  des  habitudes 
d'ordre  et  de  propreté  ; 

10"  De  défendre  sévèrement  qu'aucun  ouvrier  soit  employé  vingt-quatre 
heures  de  suite  dans  une  fabrique  ; 

H"  De  prévenir,  autant  que  possible,  les  blessures  produites  parle  jeu  des 
machines,  en  couvrant  les  engrenages  et  en  défendant,  par  des  barres  ou  autre- 
ment, l'approche  des  parties  les  plus  dangereuses. 

Ces  précautions  sont  les  plus  urgentes,  les  plus  indispensables , 
et  si  elles  étaient  généralement  adoptées,  il  en  résulterait  déjà  un 
grand  avantage  pour  les  ouvriers.  Nous  insisterons  d'autant  plus 
sur  la  nécessité  de  les  adopter,  que,  dans  le  cours  de  noire  enquête, 
nous  avons  pu  nous  convaincre  que  la  plupart  des  établissements 
industriels  laissaient  considérablement  à  désirer  sous  le  rapport 
des  précautions  hygiéniques.  Les  fabriques  dans  lesquelles  on  a 
donné  quelque  attention  aux  conditions  de  salubrité,  sont  extrê- 
mement rares  ;  presque  toutes  sont  établies  dans  d'anciens  bâti- 
ments qu'on  a  arrangés  tant  bien  que  mal  el  accommodés  comme 
on  a  pu  &  leur  nouvelle  destination ,  en  tenant  compte  seulement 
des  besoins  de  l'industrie  et  en  oubliant  complètement  qu'il  y  avait 
aussi  quelque  chose  a  faire  dans  l'intérêt  de  la  santé  des  ouvriers. 
Ce  que  nous  avons  tu  et  constaté  presque  partout,  relativement  à 
l'omission  des  précautions  hygiéniques  les  plus  simples,  nous  a 
prouvé  qu'il  était  urgent  de  prendre  des  mesures  pour  qu'à  l'avenir 
il  en  fût  tout  autrement.  Mais  quelles  sont  ces  mesures?  Nous 
croyons  qu'il  n'en  est  qu'une  seule  qui  puisse  offrir  quelque  ga- 
rantie et  que  celle-là  peut  suffire.  Essayons  de  développer  notre 
opinion. 

Un  des  premiers  et  des  plus  importants  devoirs  de  tout  gouverne- 
ment, est  de  veiller  à  la  conservation  delà  santéet  delà  viedescitoyensj 
c'est  un  devoir  qui ,  en  général ,  est  rempli ,  nous  le  savons ,  avec 


^y  Google 


658     CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

une  sollicitude  des  plus  louables  ;  mai*  pourquoi  faul-il  que  celte 
sollicitude  dont  on  entoure  partout  les  citoyens,  s'arrête  à  la  porte 
des  établissements  industriels  et  ne  pénètre  pas  la  où  le  besoin  s'en 
fait  le  plus  vivement  sentir?  Comme  c'est  dans  les  fabriques  qu'une 
classe  de  citoyens  a  le  plus  a  souffrir,  comme  c'est  là  que  se  ren- 
contrent le  plus  de  causes  de  maladies,  comme  c'est  là  qu'un  grand 
nombre  de  citoyens  trouvent  une  mort  précoce,  le  gouvernement 
n'a-t-il  pas  le  droit  d'intervenir  et  d'imposer  aux  chefs  d'industrie 
telles  obligations  et- telles  conditions  qu'il  juge  nécessaires  dans 
l'intérêt  de  la  vie  et  de  la  santé  des  ouvriers?  Évidemment,  oui. 
Eh  bien  !  en  vertu  de  ce  droit  qu'on  ne  peut  lui  contester ,  nous 
■voudrions  que  le  gouvernement  exerçât  sa  haute  surveillance  sur 
tous  les  établissements  industriels ,  qu'il  adoptât  en  principe  de 
n'autoriser  l'établissement  d'aucune  fabrique  ,  d'aucune  manufac- 
ture ou  usine,  sans  la  présentation  préalable  d'un  plan  indiquant 
toutes  les  pièces  qui  doivent  servir  d'ateliers ,  et  mentionnant  la 
capacité  cubique  de  chaque  atelier ,  le  genre  de  travail  auquel  il 
est  destiné,  le  nombre  d'ouvriers  qu'on  veut  y  taire  travailler)  les 
précautions  hygiéniques  prises  dans  l'intérêt  des  travailleurs,  etc. 
Ce  n'est  qu'après  que  ce  plan  aurait  été  étudié  par  des  hommes 
spéciaux ,  qu'après  que  ceux-ci  se  seraient  assurés ,  même  par  la 
visite  des  lieux ,  qu'il  a  été  satisfait  à  toutes  les  conditions  dési- 
rables de  salubrité,  que  le  gouvernement  devrait  accorder  l'auto- 
risation demandée. 

Nous  avons  la  conviction  que  c'est  là  la  première  mesure  à 
prendre  pour  faire  disparaître  l'état  actuel  des  choses  et  pour 
arriver  à  l'assainissement  des  fabriques  ;  si  le  gouvernement  recule 
devant  cette  mesure  ,  on  continuera  à  faire  ce  qu'on  a  fait  jusqu'à 
ce  jour  :  on  fera  des  ateliers  tels  quels ,  sans  se  soucier  des  règles 
de  l'hygiène,  sans  songer  à  la  santé  des  ouvriers  ;  on  continuera  à 
entasser  ceux-ci  dans  des  locaux  étroits  et  mal  aérés,  etc.;  et  alors 
toutes  les  autres  mesures  prises  dans  l'intérêt  de  la  classe  ouvrière 
seraient  frappées  de  stérilité  et  ne  constitueraient  plus  que  de  vains 
palliatifs. 

Il  est  encore  une  autre  mesure  sur  laquelle  nous  devons  appeler 
toute  l'attention  du  gouvernement ,  car  elle  est ,  selon  nous ,  de 
nature  à  produire  de  bons  résultats,  nous  voulons  parler  de  la 
relégation  des  établissements  industriels  dans  les  communes  rura- 
les;, nous  n'ignorons  pas  qu'il  y  a  une  foule  d'industries  que  le 
gouvernement  n'a  pas  te  pouvoir  d'éloigner  des  grands  centres  dt 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS RËS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMH.     669 

population  ;  mai*  ce  qu'on  n'a  pas  le  droit  d'exiger,  on  peut  l'ob- 
tenir indirectement,  par  exemple,  en  faisant  certaines  concessions 
et  en  accordant  certain»  avantages  aux  chefs  qui  transporteraient 
leur  industrie  dans  les  campagnes.  L'état  sanitaire  plus  aaiisfai- 
sant,  la  constitution  plus  forte  ,  la  moralité  plus  grande,  les  con- 
ditions d'existence  plus  heureuses ,  que  nous  avons  reconnus  à  la 
population  industrielle  des  campagnes ,  sont  autant  de  faits  qui 
plaident  en  faveur  de  la  relégation ,  et  qui  méritent  bien  qu'on 
examine  sérieusement  la  question  que  nous  soulevons  ici. 

Faire  contracter  aux  ouvriers  des  habitudes  de  propreté,  c'est 
déjà  quelque  chose;  mais  on  peut  faire  plus  :  on  peut  leur  procu- 
rer gratuitement  des  bains.  La  plupart  des  grands  établissements 
industriels,  ceux,  par  conséquent,  qui  occupent  un  grand  nombre 
d'ouvriers,  ont  pour  moteur  une  machine  à  vapeur  qu'on  ne  peut 
établir  sans  une  autorisation  préalable.  Celte  autorisation  ne  pour-  ' 
rait-elle  pas  être  accordée  à  la  condition  de  faire  construire  un 
réservoir  dans  lequel  seraient  reçues  les  eaux  provenant  de  la 
machine,  eaux  qu'on  utiliserait  pour  fournir  des  bains  aux  ouvriers 
tous  les  huit  ou  tous  les  quinze  jours?  Cette  mesure  hygiénique 
exercerait  indubitablement  la  plus  heureuse  influence  sur  la  santé 
des  travailleurs. 

13*  QUBSTion.  —  Y  auraît-il  lieu  d'étendre  les  mesures  protec- 
trices de  l'enfance,  aux  enfants  occupés  dans  la  petite  industrie, 
travaillant  isolément  ou  en  petite  réunion? 

aàpoirsB.  —  Gomme  le  gouvernement  ne  peut  pas  avoir  pour 
but  de  faire  cesser  un  abus  pour  le  remplacer  par  un  autre ,  H  est 
de  toute  évidence  que  les  mesures  de  protection  formulées  en  faveur 
des  enfants  occupés  dans  la  grande  industrie  ,  doivent  s'étendre 
aussi  aux  enfants  travaillant  isolément  ou  en  petite  réunion  dans  la 
petite  industrie.  Nous  ajouterons  que  cela  est  même  urgent  et  indis- 
pensable, car  si  la  sévérité  du  législateur  n'atteint  que  la  grande 
industrie,  les  enfante  que  celle-ci  ne  pourra  pas  occuper  reflue- 
ront dans  la  petite  industrie,  et  ainsi,  en  voulant  prévenir  un  mal, 
on  en  aura  préparé  un  autre  beaucoup  plus  grand ,  puisque  c'est 
dans  la  petite  industrie  que  les  enfants  ont  le  plus  à  souffrir  sous 
tous  les  rapports ,  puisque  c'est  la  surtout  qu'on  les  emploie  trop 
prématurément  et  qu'on  exploite  le  plus  impitoyablement  leurs 
forces.  L'utilité  de  la  mesure  n'est  donc  pas  contestable,  mais  il  y 
a  une  objection  qui  se  présente  quant  a.  son  exécution.  Comment 


*by  Google- 


660    CONSEIL  CENTRAL  DE  SALUBRITÉ  PUBLIQUE  DE  BRUXELLES. 

voulez-vous,  nous  dirat-on,  exercer  une  surveillance,  un  contrôle 
quelconques  sur  ta  petite  industrie?  Ne  reculerez -vous  pas  devant 
l'immensité  des  spécialités  professionnelles  ?  Mettrez- vous  en  cam- 
pagne une  armée  d'inspecteurs,  pour  examiner  ce  qui  se  passe 
dans  les  petits  ateliers?  Pénétrerez- vous  dans  l'échoppe  du  savetier? 
inspecterez-vous  l'établi  du  tailleur?  irez-  vous  voir  ce  que  l'ourrier, 
travaillant  chez  lui,  fait  de  ses  enfants,  etc.,  etc.?  Non,  nous  ne 
ferons  rien  de  tout  cela,  parce  que  nous  ne  nous  dissimulons  pas 
que  s'il  n'y  avait  que  de  semblables  moyens  pour  atteindre  le  but 
qu'on  se  propose  il  n'y  aurait  rien  de  bon  à  attendre  de  la  mesure 
dont  nous  préconisons  l'adoption.  Nous  comprenons  fort  bien  que 
toutes  les  dispositions  réglementaires  au  moyen  desquelles  on  ten- 
tera de  protéger  les  enfants  occupés  dans  la  petite  industrie,  seront 
continuellement  transgressées  eu  éludées,  et  que  ta  surveillance  la 
plus  active  sera  toujours  ici  en  défaut.  Mais  s'il  est  impossible 
d'exercer  un  contrôle  direct  sur  la  petite  industrie ,  faut-il,  pour 
cela,  laisser  se  perpétuer  les  abus  existants  et  renoncer  à  toute  idée 
d'amélioration?  Certainement  non,  car  il  y  a  moyen  de  tourner 
les  obstacles  et  d'arriver  au  but  par  une  autre  voie,  par  une  voie 
bien  simple  même,  et  qui  rendra  presque  tout  a  fait  inutile  la  plu- 
part des  dispositions  réglementaires  que  réclamerait  un  contrôle 
direct  :  ce  moyen,  c'est  de  déclarer  l'instruction  obligatoire  pour 
tout  te  monde.  Une  bonne  toi  sur  l'instruction  nous  paraît,  en 
effet ,  le  véritable  remède  ,  non  pas  seulement  aux  maux  que  les 
enfants  ont  a  souffrir  dans  la  petite  industrie ,  mais  encore  à  la 
plupart  de  ceux  que  l'industrie  en  général  fait  peser  sur  la  jeune 
population  ouvrière  ;  une  bonne  loi  sur  l'instruction  peut  à  elle 
seule  prévenir  la  plupart  des  abus  et  faire  un  bien  immense;  et 
cela  est  si  vrai  que  les  Étals  qui  sont  entrés  dans  cette  voie  de 
progrès  et  d'humanité ,  n'ont  eu  qu'un  très-petit  nombre  de  me- 
sures à  prescrire  pour  assurer  aux  jeunes  travailleurs  le  bien-être 
et  la  protection  auxquels  ils  ont  droit.  Que  le  gouvernement  rende 
donc  l'instruction  obligatoire,  qu'il  ouvre  des  écoles  gratuites,  qu'il 
contraigne  les  parents  à  y  envoyer  leurs  enfants,  dès  l'Age  de  six 
ans  par  exemple,  qu'il  défende  sévèrement  de  recevoir  dans  les  ate- 
liers des  enfants  ne  sachant  ni  lire  ni  écrire,  et,  tout  en  restant  fidèle 
à  sa  mission  civilisatrice ,  il  fera  disparaître  une  bonne  partie  des 
abus  déplorables  existants  aujourd'hui.  Ainsi,  pour  protéger  effi- 
cacement les  enfants  occupés  dans  la  petite  industrie,  il  n'est  pas  de 
meilleur  et  de  plus  simple  moyen  que  d'obliger  les  parents  A  faire 


^y  Google 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS.  —  RÉS.  ET  CONCL.  DE  LA  COMM.     661 

instruire  leurs  enfants;  en  adoptant  le  système  de  l'instruction 
obligatoire,  on  laisse  peu  de  prise  à  la  fraude  et  l'on  s'assure  des 
moyens  suffisants  de  contrôle.  Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à 
démontrer  que  le  gouvernement  peut  rendre  l'instruction  obliga- 
toire pour  tout  le  monde,  parce  que  ce  droit  n'est  pas  douteux, 
parce  que  l'intérêt  individuel  doit  toujours  s'effacer  devant  l'intérêt 
de  la  généralité  des  individus,  désignée  oo Hective nient  par  les  mots 
société,  corps  social;  parce  que  enfin,  en  imposant  cette  obligation, 
il  ne  fait  que  multiplier  les  garanties  de  moralité  publique.  Faut-il 
.  maintenant  démontrer  que  le  gouvernement  doit  prendre  cette 
mesure?  A  quoi  bon,  puisque  nous  venons  de  faire  comprendre 
que  c'est  un  devoir  qu'il  a  à  remplir  envers  la  société,  et  que  l'ordre 
public  y  est  intéressé?  Il  n'y  a  donc  aucune  nécessité  de  prouver 
une  chose  évidente  pour  tout  le  monde;  seulement,  nous  ajouterons, 
en  terminant,  que  si  l'on  pouvait  ne  pas  tenir  compte  des  considé- 
rations de  haute  et  de  sage  politique  que  nous  venons  de  rappeler 
rapidement ,  il  faudrait  toujours  encore  en  revenir  à  la  mesure 
que  nous  cherchons  à  faire  prévaloir,  parce  qu'on  ne  peut  abréger 
ta  durée  du  travail  des  enfants  sans  qu'on  ne  songe  aussi  à  les 
occuper  utilement  durant  les  heures  que  la  loi  ne  leur  permettra 
pas  de  consacrer  au  travail  manuel. 

Une  loi,  qui  rendrait  l'instruction  obligatoire,  est  par  conséquent 
une  loi  désirable  sous  tous  tes  rapports  ;  c'est  une  loi  nécessaire, 
urgente,  et  nous  l'appelons  de  tous  nos  vœux.  Puissent  ces  vœux 
s'accomplir,  et,  si  faible  que  soit  notre  voix,  nous  nous  féliciterons 
de  l'avoir  élevée  en  faveur  d'une  mesure  que  nous  considérerons 
toujours  comme  un  véritable  et  immense  bienfait  ! 
Brmellei,  le  22  aorambre  1844. 

Ltt  Co mmi—airta,  L*  Rapporteur, 

Dr  jotT  D'  Dmmarii 


Lu  et  approuvé  en  séance  du  25  novembre  1844. 

Le  Sécrétait»,  Le  Prêtaient, 

Dr  Jolt.  B*  A.-J.  Divnau. 


Digilizedby  GOOgle 


idB,  Google 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


RÉPONSES  ET  RAPPORTS  DES  CHAMBRES  DE  COMMERCE. 

I.  —  Chambre  de  commerce  et  des  fabriques  de  Bruxelles.   -     ■     .  1 

II.  —  Chambre  de  commerce  de  Luuvain 33 

III.  —  Chambre  de  commerce  de  Gand 38 

IV.  —  Chambre  de  commerce  de  Saint-Nicolas 46 

V.  —  Chambre  de  commerce  d'AlosI 52 

VI.  —  Chambre  de  commerce  de  Termonde  : 

{.  —  Réponse*  de  M.   Delwartl.andas,  président  de  la 

chambre  de  commerce  de  Termonde 58 

2.  —  Réponse»  de  H.  C.  Vermeire,  membre  de  la  cham- 

bre de  commerce  de  Termonde 79 

3.  —   Réponses  de  M.  J.  d'Hollauder,  de  Hoeneke,  mem- 

bre de  la  chambre  de  commerce  de  Termonde.       90 

4.  —  Réponses  de  M.  C.  Vanden  Sleen,  membre  de  la 

chambre  de  commerce  de  Termonde.        ...        96 

Vil.  —  Chambre  de  commerce  de  Hons 103 

VIII.  —  Chambre  de  commerce  de  Charleroy 131 

IX.  —  Chambre  de  commerce  de  Tournay .     134 

Annexe  à  la  letLre  de  la  chambre  de  commerce  de  Tournay. 

—  Question»  adressées  par  le  gouvernement.       .  .      137 

R  épouses  des  membres  de  la  chambre  ; 
I.  —  Réponses  faites  par  MM.  DaluinelVanderborgtfils, 
en  ce  qui  concerne  la  fabrication  de  bonneterie 

à  Tournay lit 

î.  —  Réponses  faites  par  H.  Overman,  en  ce  qui  concerne 

la  fabrication  des  tapis  à  Tournay 144 

3.  —  Réponses  faites  par  H.  Victor  Chercquefosse,  en  ce 

e  les  tanneries  et  les  corroyeries.     ,      145 


Digitizedby  GOOgle 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

■  Réponses  faites  par  H.  Adolphe  Tonnelier,  en  ce 

qui  concerne  la  filerie  et  la  rnbanerie.   .     ,     . 

-  Réponses  faites  par  H.  Henri  Descy,  fabricant,  a 

Ath,  en  ce  qui  concerne  lea  diverse»  industrie* 
de  son  canton 

■  Réponses  faites  par  H.  Nicolas  Delannoy,  en  ce  qui 

concerne  la  fabrication  du  chocolat  et  le  com- 
merce d'épiceries 

-  Réponses  faites  par  H.  Sacqueleu  père,  en  ce  qui 
's  pierre*  de  Baaècle» 


162 


-  Réponse*  faites  par  H.  Peterinck-AUard ,  en  ce  qui 
concerne  la  fabrication  de  la  porcelaine.       .     .  163 

.  —  Réponses  faites  par  H.  Dnmon-Du mortier,  en  ce 
qui  concerne  la  fabrication  de  la  chaux  et  l'ex- 
traction des  pierres. 164 

-  Filature  et  tissage  du  coton 166 

X.  —  Chambre  de  commeree  de  Liège 169 

XI.  —  Chambre  de  commerce  de  Namur 182 

XII.  —  Chambre  de  commerce  d'Anvers 194 

Lettre  de  M.  le  Gouverneur  de  la  Flandre  occidentale.      .     .  207 

XIII.  —  Chambre  de  commerce  d'Ypres.  —  Annexe  à  une  lettre  du 

Gouverneur  de  la  Flandre  occidentale,  en  date  du  9  avril  1 845.  208 

XIV.  —  Chambre  de  commerce  de  Courlrai 215 

XV.  —  Chambre  de  commerce  de  Bruges.      .     .' 222 


RÉPONSES  DU  IMOtNICUM  DU  MIMES. 


-  Réponses  de  M.  l'Ingénieur  en  chef  de  la  première  division  des 

mines,  (llainaut.) 225 

-  Réponses  de  H.  l'Ingénieur  du  premier  district  des  mines.  (Pre- 

mière division.) 235 

-  Réponses  de  H.  l'Ingénieur  do  deuxième  district  des  mines.  (Pre- 

mière division.)  —   Du  travail  des   femmes  et   des  enfant* 
dan*  les  mines  de  houille  de  l'arrondissement  de  Cbarleroy.     251 

-  Réponses  de  M.  l'Ingénieur  en  chef  de  la  deuxième  division  des 

mines.  (Namur  et  Luxembourg.) 395 


^y  Google 


TABLE  DES  MATIERES.  605 

-  Réponses  de  M.  l'Ingénieur  en  chef  de  la  troisième  division  des 

minés.  (Liège.) 300 

-  Réponses  de  H.  l'Ingénieur  du  cinquième  district  de  la  troisième 

division  des  mines.  (Liège  etLimbourg  [rivegauche  de  la  Meute].)     503 

-  Réponses  de  M.  l'Ingénieur  du  sixième  district  de  la  troisième 

division  des  mines.  (Liège.) 308 

-  Réponses  de  H.  l'Ingénieur  du  septième  district  de  la  troisième 

division  des  mines.  (Liège.) 317 

-  Renseignements  additionnels  communiqués  par  M.  l'Ingénieur  eu 

chef  de  la  troisième  division  des  mines 323 


RÉPONSES  AUX  QUESTIONS 


il  Ceissils  i*  Silnhil*. 


-  Académie  royale  de  médecine  de  Belgique  : 

Rapport  fait  à  l'Académie  sur  l'état  physique  et  moral  des 
enfanta  employés  dans  les  manufactures,  usines  et  mines 
de  la  Belgique,  par  une  commission  composée  de  MM.Burg- 
graeve,  Frankinet,  Guislain  ,  Raikem  et  Van  Coetaem. 
(M.  Burggraeve,  rapporteur.) 325 

-  Commission  médicale  du  Brabant 355 

•  Conseil  central  de  salubrité  publique  de  Bruxelles  : 

Mémoire  présenté  à  «.  le  Ministre  de  l'intérieur 385 


-  Batteur*  et  tireurs  d'or 

-  Doreurs  sur  métaux,  etc 

-  Fabrique*  de  produits  chimiques 

-  Fabriques  de  papier.. 

-  Fabriques  d'indiennes,  etc 

-  Fabriques  de  papiers  peints 

-  Fabriques  de  tabac  et  de  cigare* 

-  Fabriques  de  chapeaux  de  feutre  et  de  soie. 

-  Couperie  de  poil*  et  préparation  de  peaux. 

-  Fabrique  d'agrafe» 

-  Fab.  de  clous-épingles  et  de  pointes  de  Paris. 


S  et  577 
j  et  580 
9  et  582 


^y  Google 


idB,  Google